A Million Reasons To Let You Go. [PV Amy S. Adler & Harry J. Downcry.][Fini]



 
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A Million Reasons To Let You Go. [PV Amy S. Adler & Harry J. Downcry.][Fini]

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Felix J. Adler
Felix J. Adler

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Âge : 37
Emploi : Horloger Royal.
Informations : Souffre d'un autisme d'Asperger • Dyslexique • Est obsédé par son métier • Rêve de travailler sur l'horloge de Big Ben. • Insomniaque. • Parle peu • Se sent mal à l'aise dans une foule • A quelques bases d'Allemand et de Français • A le corps glacé et est d'une pâleur à faire peur • Origines Juives • Possède une Pamphobeteus Platyomma mâle pour animal de compagnie • Est le mari d'Amy S. Adler.
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MessageSujet: A Million Reasons To Let You Go. [PV Amy S. Adler & Harry J. Downcry.][Fini] A Million Reasons To Let You Go. [PV Amy S. Adler & Harry J. Downcry.][Fini] Icon_minitimeSam 22 Oct - 10:29



A Million Reasons To Let You Go.

« BUT BABY I JUST NEED ONE GOOD ONE TO STAY. »

Whitechapel, 1885.

Felix l’avait regardé partir, impuissant, perdu. Il venait de se rendre compte de l’agressivité dont il avait fait preuve, le contenu du seau en était l’illustration et les conséquences parfaites. Il l’avait laissé fuir, tête baissée, n’osant la regarder. Lui aussi avait honte d’avoir autant perdu le contrôle de lui-même. Mais il n’y avait rien à faire. Une fois que la porte fût fermée, il s’affala dans son canapé et regarda la cheminée avec un air vide. Et il resta comme ceci toute la nuit, ne pouvant laisser ses enfants seuls. Il se demanda d’ailleurs si leur violente dispute les avait réveillés. Il préféra ne pas y penser. Il soupira profondément et quand le jour se leva, il reprit sa routine, amenant les enfants à l’école/garderie. Mais il ne partit pas travailler. Il ne pourrait pas continuer comme ceci. C’était son devoir de retrouver son épouse. De la protéger. Il avait échoué à la rendre heureuse, peut-être lui donnerait-elle une seconde chance ? S’il essayait de parler un minimum… Elle ne devait pas être bien loin, elle n’avait pris que son châle pour partir. Ni valises, ni argent. Elle était sûrement chez David. Enfin, il nourrissait le vague espoir qu’elle y soit, comme d’habitude. Mais ce n’était pas comme d’habitude.

Il se rendit donc chez le chirurgien et ne trouva personne. Il partit en direction de l’hôpital où David devait y travailler. Il attendit patiemment que le médecin finissait son opération avant de le recevoir. La réponse fut négative. Il ne l’avait pas vue. Et Felix avait suscité l’inquiétude de David à son tour par conséquent. Il remercia le parrain de ses enfants et repartit dans son périple. Il réfléchit encore à qui pouvait l’héberger, il pensa alors à Jonathan. Ils étaient plutôt en froid, Amy et lui, mais sait-on jamais. Et puis l’église n’était pas bien loin. Nouvelle réponse négative. Mr Carter lui vint ensuite en mémoire et il s’insulta mentalement d’avoir été assez couillon pour l’oublier. Il ne prit même pas un fiacre, il courut chez son beau-père. Elle devait être ici, c’était obligé. Elle n’avait pas pu partir plus loin. Mais là encore, aucun résultat. Hormis le courroux du père de son épouse à son égard, lui qui avait fait fuir sa précieuse fille unique. Felix ne répliqua même pas. Il lui lança juste un regard avant de fuir en courant de nouveau. La fin de journée approchait et il n’avait plus aucune idée de là où elle pourrait se trouver. Et il n’avait pas osé demander à Erwan Carter qui se serait bien foutu de lui. Il restait alors une personne.

Courageusement, il se rendit vers Whitechapel, de nouveau. Là où résidait un vétérinaire que les Adler connaissaient bien. Cela faisait des années qu’il n’avait pas adressé la parole à Harry. Il l’avait bien croisé une fois par hasard mais la conversation avait été aussi brève qu’inexistante. Il soupira et avança entre ses murs noirâtres. Il enjamba un sans-abri avachi sur le sol, le contenu de sa bouteille presque vide se déversant au compte-gouttes sur les pavés crasseux du quartier. Comment quelqu’un comme Harry faisait-il pour vivre ici…? Quoiqu’il en soit, il arriva en face de la clinique, où le panneau était tourné encore sur ouvert. Il devait être proche de la fermeture, mais pas tout à fait encore. Quant à lui, il devait se dépêcher pour aller chercher ses enfants. Il rentra donc, la petite clochette sonnant afin d’annoncer l’arrivée d’un client au vétérinaire. Mais il savait que l’horloger était bien le dernier client qu’il voulait voir. L’endroit n’avait pas changé. Il y avait toujours une foule d’animaux bien sages qui vagabondaient dans la clinique. Mais ce n’était pas eux qui attiraient son regard pour l’empêcher de se tourner vers le comptoir. C’était le vétérinaire qui s’y trouvait qui l’obligeait à baisser les yeux.

- Bonjour Harry.

Sans plus attendre une réponse dont il se moquait de toute façon, il enchaîna :

- J’ai besoin de ton aide. Amy est partie, elle n’est ni chez David, ni chez son père. Et je n’ai plus aucune idée de là où elle a pu partir.

D’une traite, sans hésitation. Peut-être un brusque mais à quoi bon. Il serait prêt à remuer tout l’Europe pour la retrouver. Il affronta alors bravement le regard d’Harry qui allait lui lancer pas mal de railleries à la figure.

- S’il te plait.

S’empressa-t-il de rajouter.
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Harry J. Downcry
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MessageSujet: Re: A Million Reasons To Let You Go. [PV Amy S. Adler & Harry J. Downcry.][Fini] A Million Reasons To Let You Go. [PV Amy S. Adler & Harry J. Downcry.][Fini] Icon_minitimeSam 22 Oct - 20:27



A Million Reasons To Let You Go.

« But That’s None of My Business. »

Whitechapel, 1885.

Sa boutique était aussi glacée que son cœur. Voilà cinq années qu'Harry Downcry trainait en son âme cette insupportable langueur. Il aurait tellement aimé rencontré quelqu'un, lui aussi. Mais toutes ses tentatives s'étaient vouées d'un lamentable échec. Personne ne voulait d'un associal comme lui. Il n'y avait qu'un seul joyaux dans l'univers entier, et il lui était tombé des mains. Après avoir nourri les animaux, il ne restait plus au vétérinaire qu'à fermer la boutique pour la nuit. Jusqu'à l'aube où tel le coq, il se relèverait pour rouvrir sa porte, et ainsi de suite comme le furent chaque jour de sa misérable existence. Le passage à l'âge adulte vous change un homme. Rarement dans le bon sens du terme. Oh, la solitude n'était pas ce qui troublait notre pauvre garçon, il y était habitué. Rapidement, il avait compris qu'il ne faisait pas parti des autres. Enfant, il n'avait aucun ami, seulement les animaux. Un coup d'oeil sur sa vie actuelle prouvait que rien n'avait véritablement changer. Comment pouvait-il rencontrer l'amour de sa vie quand il était incapable de tenir ne serait-ce qu'une simple relation d'amitié ? Les jours étaient longs et sombres, l'on regardait le passé en se disant que le plus dur est passé, et l'on regarde le futur en se disant que le plus dur reste à  venir. Au milieu, il y a l'attente. La furieuse et immobile attente du temps qui ne passe pas. S'il existait un véritable être au monde qui gâchait actuellement sa vie, c'était Harry. Ce soir là, toute la réalité du pauvre monde lui sautait au visage. Mais il restait digne, le visage sombre et le cœur bat.

Quand la cloche sonna sans répit à la porte d'entrée, Harry ne s'attendait qu'à un simple client. Mais l'apparition soudaine de son ex dans l'entre-baillement de la porte lui porta un coup au cœur. Un simple bonjour, quelques pas dans le hall pour aller dans sa direction. Harry cacha un baillement dans sa main et passa celle-ci le long de son visage, se grattant une barbe de trois jours. Il était fatigué d'exister.

- Dis-moi que tu es un fantôme et que je suis en train de devenir fou...

L'individu ne lui donna cependant aucune réponse. Non, rien, absolument rien. Juste une supplication. Après cinq années d'abandon, où la dernière véritable parole qu'il lui eut dit fut « je ne t'aime pas ». Cet assassinnat au cœur de tout son être. Même Amy n'avait pas été aussi cruelle. Son dialogue avait été plus fin, certainement plus pernicieux et plus mensonger. Mais elle avait eu la décence de conserver son âme. Qui aurait cru que c'était celui qu'il comptait quitter qui termina de lui asséner le coup fatal ? Poussant un long soupir, il dut se rendre à l'évidence. Felix Adler était aussi présentement devant ses yeux que n'importe quel être vivant de cette pièce.

- Ah...tu as besoin de mon aide maintenant ? COMMENT OSES-TU ?!

Finit-il par hurler à travers la pièce, si bien que les animaux partirent dans les coins de la pièce, la gueue entre les jambes. Mais Harry était aveugle à eux, le cœur et les yeux surrénées de souffrance. Que pouvait-il dire de plus ? Lui qui était toujours avide de raconter sa vie à tort et à travers, aussi inintéressante soit-elle, lui qui parlait aussi bien à ses chiens qu'à lui-même, ne trouvait plus rien à dire à cette seconde. Tout sa question était rempli de haine et de tous les ressentiments que sa trop longue solitude lui avait procuré. Il n'existait plus qu'à travers ses animaux, pas comme la merveilleuse famille Adler, avec leurs enfants. Le fantastique Felix, toujours sobre, toujours froid, translucide, comme une ombre, comme une fantaisie qu'il restait à écrire. Harry avait conservé une intense fascination pour cet homme. Mais à cette seconde précise, il n'avait qu'une envie, c'était le vomir, le plus loin possible de sa vie.

- Elle a fini par te quitter, comme elle l'a fait pour moi ? Comme tu l'as fait pour moi ?! Alors...ça fait quoi de se retrouver de l'autre côté de la barrière ? Vous, les gens en couple, vous êtes tellement trop cons...Vous...vous avez l'un et l'autre, vous êtes deux pour affronter la vie...vous avez une maison...des enfants...et vous arrivez quand même à vous foutre sur la gueule ! Ça me dégoûte...c'est bien fait pour toi...Je sais pas ce que t'as foiré, mais c'est bien fait pour toi...

Son front tomba sur sa main. Il peinait à retenir ses larmes par fierté. L'insolent horloger s'en moquerait très certainement. Tout ce qu'il voulait c'était sa pute de femme. Tandis qu'Harry voulait juste ne plus être seul, un jour.

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Felix J. Adler
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MessageSujet: Re: A Million Reasons To Let You Go. [PV Amy S. Adler & Harry J. Downcry.][Fini] A Million Reasons To Let You Go. [PV Amy S. Adler & Harry J. Downcry.][Fini] Icon_minitimeSam 22 Oct - 22:57



A Million Reasons To Let You Go.

« BUT BABY I JUST NEED ONE GOOD ONE TO STAY. »

Whitechapel, 1885.

Comme Felix s’y était attendu, Harry n’attendit pas longtemps pour commencer à déverser son venin. Rien que connaître ses traits pâles l’avait mis hors de lui, son hurlement étant la simple illustration de ce qu’avaient rendu cinq ans de solitude morne sur le vétérinaire. Ce dernier était la triste représentation de ce qu’était les regrets et le passé ressassé. Harry avait perdu beaucoup de choses, Felix n’en doutait pas une seconde. Mais là n’était pas sa priorité. Il n’était pas venu s’excuser auprès d’Harry, bien au contraire. Il avait déjà suffisamment de problèmes avec sa femme, il n’allait se prendre la tête avec son ex. C’était rare, mais il essayait enfin de faire quelque chose de lui-même, d’avancer dans la vie et d’arrêter de subir. Contrairement au vétérinaire qui partit dans un monologue qui visait sûrement à lui transmettre sa peine afin de le faire culpabiliser. Mais cela eut tout l’effet inverse. Il frissonna de rage, le peu de poils qu’il avait se dressant sur son échine sous l’effet grandissant de cette colère de plus en plus présente. Felix était un volcan. Endormi pendant plus de 25 ans et qui se réveillait enfin, libérant toute sa lave coléreuse sur ses interlocuteurs.

- TA GUEULE. FERME TA GUEULE.

Il en avait déjà marre de ses pleurnicheries d’enfant gâté. Parce qu’il était seul, il pensait que tout le monde avait une meilleure vie que lui ? Qu’Amy et lui vivaient le plus grand des bonheurs ? Ses cernes immenses pouvaient traduire qu’il ne dormait pas la nuit, Harry pouvait le voir. Et ce n’était sûrement pas parce que les époux Adler s’envoyaient en l’air toute la nuit. Non, même mariés, ils devaient être aussi du bonheur que Mr Downcry. Il s’approcha du comptoir d’un pas vif et lourd avant de se saisir à son tour Harry par le col avant de le ramener vers lui, le forçant à se pencher sur le comptoir. Le gris-blanc, sans couleur, sans teinte, de Felix vint croiser l’or noir humide d’Harry. Deux paires d’yeux qui se livraient un duel silencieux. L’horloger se moquait bien de savoir si le vétérinaire comptait se battre avec lui ou pas. Après tout, il en avait presque envie, histoire de défouler toute cette rage accumulée depuis cinq ans. Un silence s’installa, les yeux de Felix fixant successivement chaque œil d’Harry, ne sachant pas pour où commencer. Le regard était agressif, menaçant, presque dément. Mais il n’avait rien à avoir avec celui qu’il avait offert à Amy. Néanmoins, il empoigna de son deuxième poing le col du vétérinaire avant de reprendre :

- Je me moque de savoir si c’est bien fait pour moi ou pas. Continue de penser comme cela et tu resteras séquestré ici, prisonnier de toi-même avec pour seuls compagnons de cellule, tes rancœurs et ta haine. C’est peut-être bien fait pour moi, mais je ne compte pas finir comme toi alors DIS-MOI OÙ ELLE EST.

Il perdait son calme. Savoir Amy loin de lui, physiologiquement ou physiquement, le rendait fou. Il perdait le contrôle sans trop savoir pourquoi. Il entendit quelques couinements inquiets et tourna la tête pour voir les animaux d’Harry. Certains apeurés, d’autres méfiants, et certains individus semblaient même agressifs. Felix regarda ces derniers et fit une sorte de sifflement strident, le regard toujours aussi glaçant, les intimant au calme, ce qui firent docilement les plus rebelles d’entre eux. Felix reporta son attention sur Harry qu’il tenait toujours dans ses poings tout en le fixant dans les yeux. Il n’avait pas peur de lui et de sa meute. Jamais un animal ne lui avait fait de mal. Et cela n’allait pas changer.

- Tu me dis où elle est et je te fous la paix. Ou du moins, une piste, quelque chose pour commencer. Mais crois-moi tu refais un seul commentaire, je t’en colle une.

Il n’avait plus aucune honte désormais à menacer son ex. Tout était bon pour retrouver Amy. Sa détermination était sans faille.
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Harry J. Downcry
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Whitechapel, 1885.

L'ombre que semblait devenir Felix n'était pas l'immobile sacre de l'ennui tel Harry, non, elle était mouvante, se dédoublait. L'obscurité de la soirée rampante rendait son apparence encore plus terrifiante. Mais le vétérinaire n'avait pas peur de lui. Ce qui était beau avec une dépression aussi mortifère qu'aveuglante, c'est que l'on a plus jamais peur du noir après cela. Pas avant que l'on retrouve le bonheur, cela dit. Cependant, Harry était loin d'avoir retrouver la joie de vivre, et revoir son ex à ce moment l'en éloigner toujours davantage. Si seulement, Felix traînait ses pieds jusqu'ici pour apporter une certaine compréhension, éclairé son chemin. Mais il n'en était rien, sa rage explosa d'une manière si forte et si bruyante qu'Harry en tressaillit sur son siège. Redressant la tête avec une sincère incompréhension sur son visage, il ne put que voir son ex s'approcher de lui comme un fantôme pour le saisir au col. Il se moqua de sa douleur. Cracha littéralement sur toute la souffrance et la solitude qu'il avait rencontré pendant ces cinq années. Comme si tout se résumait à la haine. Mais c'est alors qu'il fit le pas de trop. Le sifflement eut dans ses oreilles comme un écho d'ultrason qui saigna à blanc ses tympans. Son regard tourna au noir,tandis que ses mains plantèrent leurs ongles mal entrenus dans la chair de l'horloger.

- Pas. Eux. Attaque toi donc à quelqu'un de ta taille, LÂCHE !!

Serrant au plus fort de sa puissance, ses griffes pénétrèrent un peu plus dans la poigne de l'homme cadavérique,jusqu'à ce qu'il le força à le lâcher. Aussi rapidement qu'il put, Harry descendit alors de son siège et passa de l'autre côté du comptoir, invitant tous les animaux à rester cacher derrière celui-ci. Passé la surprise d'une telle haine de la part de cet homme d'ordinaire si calme,  Harry reprit ses esprits du mieux qu'il put, ravalant ses larmes. Si c'était ainsi qu'Amy  l'avait transformé, il valait certes mieux qu'il ne la retrouve jamais. Dieu seul savait ce que pouvait faire un déréglé amoureux ou tout simplement habitué.

- Vas-y, frappe moi...tu ne me tueras pas, mais tu peux m’amocher, t'en meurs d'envie. Je sais où se cache ta petite femme. Mais tu ne me donnes sérieusement pas envie de te faire confiance...Surtout dans l'état où tu la mises. Tu me fais pitié...je ne pensais pas qu'il y avait autant d'arrogance et de violence en toi...elle a certainement bien fait de fuir ! Tu ne te rends pas compte...tu ne te rends jamais compte de rien ! Tes mots ont un poids ! Tes mots...sont horribles...

Harry sentit une nouvelle fois les larmes lui venir aux yeux. Plus étrange encore, le noir de leur iris s'était évaporé. Il regardait ses propres mains. Oh oui, ceux là même qui n'avaient aucun courage. Rien que des espoirs. Le vétérinaire les observait avant de pitoyablement les faire tomber sur ses cuisses. Ils savaient tout deux ce que cela faisait d'être considéré comme des parias, des monstres excentriques, et même si Harry semblait bien mieux mentalement s'en sortir que Felix, les mots restaient là, les regards et les étiquettes aussi. Mais il n'y avait qu'une seule femme qui les voulaient vraiment, qui les avaient probablement vraiment aimé. Et cette femme était depuis hier dans une calèche, après être venu annoncé sa destination à Harry. Son parfum pouvait peut-être encore se sentir dans la pièce, il n'avait pas beaucoup eu de clients ce jour-ci. Il n'avait rien fait pour la retenir, il l'avait juste laisser partir. La pauvre était désespérée, et n'avait eu que pleure et disgrâce à offrir aux yeux du vétérinaire. Il lui avait donné un peu d'argent et quelques affaires dont il ne se servait plus. Après un simple baiser sur le front, il l'a regardait partir dans les rues de Whitechapel. Se maudissant à cette simple seconde de ne pas juste, au moins, l'avoir raccompagné à un taxi. Mais aucun taxi ne passait dans cette ruelle, il lui faudrait rejoindre la grande route. Toute seule, avec pour seule protection, sa réputation.  

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A Million Reasons To Let You Go.

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Whitechapel, 1885.

Felix grimaça de douleur quand il sentit les ongles d’Harry dans sa main pale et décharnée. Celui-ci y mit tellement de force que l’horloger dut lâcher sa prise. Le vétérinaire n’attendit pas plus longtemps pour aller se mettre entre son ex et ses animaux. Felix n’était pas cruel ni violent par nature même si, la veille et ce jour-là, tout semblait prouver le contraire. Il n’avait jamais eu l’intention de faire du mal aux chiots et autres chatons. S’en prendre aux animaux était une bêtise sans nom. Et les animaux, quoiqu’il se passe, l’étaient toujours. Harry aurait dû le savoir. Ou alors il le connaissait vraiment très mal. Mais peut-être que même lui se connaissait très mal. Tout le monde semblait surpris de le voir ainsi en colère. Il devait avouer que c’était une grande première. Il avait pourtant eu l’occasion de s’énerver dans sa vie. Mais il s’était toujours écrasé sans rien dire, baissant la tête ou disparaissant dans cette ombre qu’il chérissait tellement. Cependant, malgré Harry à l’autre bout de la pièce, il ne bougea pas, sa tête légèrement baissée, ses épaules ramenées vers l’avant, mais le regard braqué sur son opposant tel un loup en position de défense et de méfiance.

Harry s’embarqua dans un monologue qu’il écouta religieusement. Il faisait cela au moins avec respect. On lui avait toujours appris de se taire quand quelqu’un parlait. Puis on lui a appris à fermer sa gueule tout court. Mais cela ne lui avait jamais posé de problèmes, il n’avait jamais été un grand bavard. Alors pourquoi le vétérinaire disait-il que ses mots avaient un poids lui qui ne s’exprimait qu’avec des silences qu’il trouvait suffisamment équivoque pour exprimer ce qu’il voulait dire. Pourquoi semblait-il être le seul à sentir les différentes atmosphères d’une pièce et de la relation entre deux personnes ? Et pourquoi, si c’était vraiment le cas, n’avait-il rien fait pour améliorer les silences nocifs qu’il y avait eu entre Amy et lui ? Pourquoi se réveillait-il maintenant ? Pourquoi avait-il eu besoin de déranger Harry dont il avait bien vu l’humidité dans ses yeux jaunes. Ses mots étaient horribles… Cela faisait-il de lui une horrible personne ? Felix ne comprenait pas qui il était. Il ne comprenait pas ce qu’il fallait dire ou faire. Il regarda Harry, l’incompréhension, la perdition dans son regard gris. Il avait l’impression que les murs bien fragiles autour de lui s’effondraient.

- Je…

C’était tout ce qu’il avait réussi à bafouiller jusqu’à présent. Alors il baissa la tête, fermant fort les yeux comme si cela pouvait le protéger de ce monde autour de lui qui semblait l’agresser sans cesse. Il baissa la tête et se mordit la lèvre. Il baissa la tête et eut envie de frapper, crier, évacuer. Mais il ne pouvait pas le faire sans se montrer agressif envers qui que ce soit. D’un geste nerveux et parfaitement incontrôlé, il se frappa le front, légèrement au-dessus de l’œil droit, avec le bas de sa paume. Un coup sec, brusque, imprévisible. Un surplus de frustration. Comme si sa main voulait le punir elle-même. Mais il ne pleurait pas. Ses yeux étaient toujours secs. Et Harry qui lui avait dit où elle était… Repenser à ceci lui fissurait un peu plus son cœur de glace. Il était tout seul, dans le noir, sans personne pour le guider. Aveugle et abandonné de toute affection. Il ne s’était jamais considéré comme quelqu’un de méchant, il n’avait jamais souhaité le malheur de qui que ce soit, pas même de ses parents. Alors pourquoi faisait-il toujours pour être une personne détestable ? Une personne horrible ?

- Je… Je n’ai jamais voulu heurter personne…

Il regarda ses paumes un instant avant de cacher son visage dedans, comme si cela pouvait le protéger. À cet instant précis, il aurait beaucoup donné pour un câlin. Quelque chose de rassurant, de protecteur. Quelqu’un qui le sortirait de ce monde de fantômes, ce monde de fourmis, ce monde d’hommes où la différence ne semblait pas y avoir sa place. Il poussa un profond soupir las. Harry ne parlerait sûrement pas. Qui sait… Peut-être était-elle ici et qu’elle et le vétérinaire allaient se remettre ensemble. Felix avait l’odorat fin mais il essayait pourtant de nier le parfum de son épouse qui régnait dans la pièce et qui lui donnait envie de s’effondrer sur le sol. Ses mains retombèrent le long de ses jambes. Il n’y avait plus à rien dire, ni à faire. C’était fini. Personne n’allait l’aider à essayer de réparer ce qu’il avait tenté de construire. Et ils avaient raison. Il était horrible. Car les mots font une personne. Il allait errer à Londres, jusqu’à ce que quelqu’un lui dise un jour qu’il l’a aperçue sur les bords de la Tamise… Il allait hanter les rues de Londres tel le fantôme qu’il était. Il se dirigea vers la porte de sortie mais s’arrêta à mi-chemin. Il dit alors assez distinctement :

- Je suis désolé.

Quiconque connaissait un minimum Felix savait qu’il était incapable de mentir. Que ce qu’il disait n’était que la vérité. Que l’horrible vérité.
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Harry J. Downcry
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A Million Reasons To Let You Go.

« But That’s None of My Business. »

Whitechapel, 1885.

Harry  s'attendait à des coups. A un déchaînement de violence animal sur tout son corps. Recevoir la haine et la rage d'un homme en évidente perdition. Que ses poings pleuvent et qu'il finisse à genoux, prêt à tout pour  au moins protéger ses petits bébés qui se cachaient, terrifiés, derrière le comptoir. Aucun mal ne leur serait fait, il pouvait le jurer. Dans cet atmosphère soudainement glaciale, où chaque respiration dégageait un fumée pâle, la tenson descendait d'un cran. Chaque seconde qu'attendait l'horloger pour prendre son élan promettait des souffrances supplémentaires pour le vétérinaire. Mais s'il fallait cela pour que soit aussi protéger la destination de la pauvre Amy, il était aussi prêt à signer pour tous les risques. L'éclat blanc de Felix se ternit lentement, laissant place à une sourde incompréhension. Harry connaissait ce regard, il ne le voyait que trop souvent dans son propre miroir. Ne plus savoir où l'on en était, être promis à un sombre avenir. Il passait une main dans ses cheveux en pagailles, pesant le pour  et le contre. Après tout, la couturière ne lui avait jamais dit de ne dévoiler sous aucun prétexte le lieu de son exil. Il prenait juste l'initiative de la protéger du rempart de son corps et de son esprit. Par amour, peut-être, l'espoir qu'elle revienne à lui comme éttant la dernière personne à avoir voulu de lui.

Néanmoins, ces pensées furent stoppées par un accès de violence, non plus dirigé vers lui, mais vers l'horloger lui-même. Harry eut un pas en arrière, la surprise l'emportant sur son courage. L'incompréhension crée la peur. La peur enjoint à la violence. Il soupira un peu plus, se mordillant les ongles de la main droite dans un geste presque convulsif. Son idée de départ n'était qu'un peu plus confirmé. Son ex n'était que l'ombre de lui-même. Ses deux amants s'étaient tellement anéanti le cœur l'un dans l'autre qu'ils n'existaient plus en dehors de cette relation. Les mots finirent par sortir de la bouche de Felix. Qu'il était désolé. Qu'il n'avait voulu heurter personne. En lui-même, Harry eut la pensée fugace qu'il ressemblait à un enfant. Se grattant l'arrière de la tête, réfléchissant aussi vite que son esprit pouvait lui permettre, il se mordit les lèvres. Puis laissa tomber le combat. A quoi bon. A quel récompense s'attendait-il pour avoir fait sembant de jouer au preux protecteur ? C'était parfaitement inutile. Amy utilisait les hommes pour parvenir à ses fins, pour se changer les idées ou pour se venger. Elle avait utilisé des idiots de son école pour se venger du refus de son premier amour, de Jonathan pour combler le vide affectif de l'abandon de son meilleur ami. Et il venait très certainement d'être utilisé pour permettre sa fuite jusqu'en France. Le seul qu'elle n'avait pas utilisé, c'était l'homme en face de lui qui semblait prêt à mourir pour la retrouver. Echec et mat.

- Attends.

Aussi vite que possible, il revint en arrière, derrière son comptoir et lança en route quelque chose que Felix ne pouvait pas voir. A genoux, il caressa la tête des bébés qui étaient les plus effrayés. Quelques uns avaient fait un petit pipi, mais ce n'était pas grave. Harry comprenait, les pauvres choux, ils n'avaient rien à voir avec tout cela. Se relevant de tout son long, il revint pour sortir d'une de ses étagères une chaude couverture qui servait parfait de matelas pour chien et vint la placer autour des épaules de Felix qu'il ramena s'asseoir sur un tabouret qu'il avait ramené devant le comptoir. Sa poigne puissante empêchait l'horloger de se démener face à cet acte de bonté. Cherchant alors ce qu'il avait trafiqué en cachette, le vétérinaire finit par mettre une bonne grosse tasse de chocolat chaud entre les mains de Felix avant de lui tapoter l'épaule.

- Tu n'arriveras à rien dans un pareil état, tu as une mine affreuse. Il faut que tu te calmes, même juste un tout petit peu, rien n'est encore perdu...

Il eut un petit rire qui se voulait sympathique. Ravalant sa  salive pour mieux ravaler sa tristesse, Harry regarda ailleurs l'espace de quelques secondes, juste assez pour essuyer ses yeux humides. Ce qui était venu en lui comme de la colère à le voir demander son aide avait laisser place à un immense vide dans son cœur. Pour changer. S'agenouillant alors devant l'horloger, il tapota son genoux tout en plongeant son intense regard ensoleillé dans celui de Felix, presque mort.

- J'accepte de te dire où elle est...mais j'ai besoin de savoir. Est-ce que tu es prêt à tout faire pour que ça s'arrange...? Tu ne lui feras aucun mal et vous recommencerez tout à zéro...?

Sa voix peinait à tenir le cap, tant la boule qui prenait place dans sa gorge lui rendait la tâche difficile.

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MessageSujet: Re: A Million Reasons To Let You Go. [PV Amy S. Adler & Harry J. Downcry.][Fini] A Million Reasons To Let You Go. [PV Amy S. Adler & Harry J. Downcry.][Fini] Icon_minitimeDim 23 Oct - 12:50



A Million Reasons To Let You Go.

« BUT BABY I JUST NEED ONE GOOD ONE TO STAY. »

Whitechapel, 1885.

Felix avait l’impression de saigner de l’intérieur, d’être meurtri au milieu de son cœur écorché. Il allait sortir de chez Harry et confier les enfants à Mr Carter ou à David. Le beau-père serait sûrement un meilleur choix, il aurait plus de temps libre et déjà de l’expérience avec les enfants. L’horloger se sentait mal en repensant à sa progéniture qu’il n’avait pas l’impression de gérer si bien que cela… La preuve, il allait les abandonner pour courir après leur mère qu’il avait fait fuir. Sa vie familiale était un échec cuisant sur toute la ligne. Un enchaînement de ratures, de bévues qui les avaient conduits dans cette situation de crise où Felix, qui n’avait déjà pas les épaules pour une vie de famille normale, ne possédait pas l’esprit pour prendre des décisions sensées, logiques et diplomates. La vie de l’horloger était réglée comme ses horloges, à la seconde près, laissant les minutes filer mécaniquement. Mais dès qu’un engrenage rencontrait un problème, dès qu’une poussière venait s’immiscer dans le mécanisme, dans les rouages, tout devenait beaucoup trop difficile à gérer. Felix avait sûrement besoin d’aide mais ses relations étaient limitées et pas toujours dans de bons termes pour se permettre de demander une bouée de secours.

Néanmoins, il fit bien docilement ce que lui dit de faire Harry. Il attendit. Devant la porte, planté comme un piquet, les bras le long du corps, la tête basse. Il se sentait vide. Vide de toute émotion, de toute envie, de toute joie. Il ne sut ce qu’était en train de faire le vétérinaire, il ne le regardait pas, préférant fixer ses pieds comme s’il était condamné à ne pouvoir plus regarder que ça de toute sa vie. Il sentit alors quelque chose de chaud être posé sur ses épaules. Une couverture. Une épaisse. Instinctivement, il prit chaque bord pour la refermer sur lui, tel un cocon protecteur. Comme si la chaleur que lui prodiguait l’épais morceau de tissu remplaçait la chaleur du câlin dont il avait besoin. Il sentit les grandes mains osseuses d’Harry se poser sur lui. Mais contrairement à toutes les autres fois, ses muscles ne se raidirent pas. Il resta plus ou moins détendu. Surtout dû à une grosse fatigue, peut-être. Ou parce qu’il était las et désespéré. Et protégé par la couverture. Il s’installa docilement sur le tabouret se recroquevilla dessus jusqu’à ce qu’Harry ne revienne avec une tasse de chocolat chaud. Poli, Felix prit la tasse et dit sur un ton doux :

- Merci…

Harry tenta alors de lui redonner courage, que rien n’était encore perdu et qu’il fallait juste qu’il garde la tête froide un minimum. Mais Felix n’était pas sûr d’y arriver. Il avait échoué encore une fois, pour changer. Le calme légendaire de l’horloger était difficile pour ce dernier de le recouvrer une fois égaré. Amy s’en était rendu compte la veille, c’était au tour d’Harry. La colère l’a mené à la panique puis à la dépression. Pourtant, Felix était conscient que son ex n’avait pas eu une vie heureuse jusque-là et c’était en partie sa faute. Mais il n’y avait rien à faire. Il ne savait pas comment ni quoi prononcer comme excuses tout simplement parce qu’il n’avait jamais trop compris ce qu’il disait de mal, sans pour autant vouloir faire le mal. Harry lui demanda alors s’il était à prêt à tout pour retrouver Amy et de ne pas lui faire du mal. Felix fronça doucement les sourcils et regarda le vétérinaire avec un air outré, choqué. Comment pouvait-il penser une chose pareille ? Il ne pouvait vivre sans son épouse, pourquoi lui ferait-il du mal ?

- Je… Bien sûr que… Harry… Enfin… C’est mon épouse… Je n’ai jamais voulu lui faire du mal et je n’en ai toujours pas l’intention… Je n’ai toujours voulu que son bonheur… Je ne veux pas lui faire du mal…

Il baissa de nouveau la tête et soupira, regardant son chocolat. Ses yeux devinrent humides à son tour mais il les ferma, comme pour les empêcher de le devenir davantage. Il reprit alors doucement :

- Tu aurais dû l’épouser… Tu aurais su quoi faire… Tu l’aurais rendue heureuse, toi. Je ne suis pas fait pour être au milieu de la société… Je ne suis pas fait pour vivre avec des gens.

Il marqua une pause avant de reprendre :

- Mais je vais essayer de la retrouver… Dussè-je y laisser ma vie inutile. Peut-être qu’elle comprendra qu’elle lui était dédiée…

Il eut un demi-sourire triste et résigné tout en regardant Harry, avant de boire une gorgée de chocolat chaud.
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MessageSujet: Re: A Million Reasons To Let You Go. [PV Amy S. Adler & Harry J. Downcry.][Fini] A Million Reasons To Let You Go. [PV Amy S. Adler & Harry J. Downcry.][Fini] Icon_minitimeDim 23 Oct - 15:49



A Million Reasons To Let You Go.

« But That’s None of My Business. »

Whitechapel, 1885.

Qu'est-ce qui le rendait aussi gentil envers l'homme qui avait participé à détruire sa vie, bien qu'il ne fut que l'une des causes minimes  de sa détresse profonde ? Harry ne savait pas lui-même. Peut-être était-il juste fatigué de se battre sans but. A quoi bon ne pas l'aider, est-ce que le fait de jeter son ennemi dans la rue le ferait se sentir mieux ? Visiblement, il n'avait pas besoin de son aide pour être plus bas que terre, c'était ridicule. Le vétérinaire se redressa après avoir tapoter le genoux de Felix, songeur. Jamais auparavant il n'avait vu l'horloger faire preuve d'autant d'émotions. En face de lui, ce n'était plus un homme mais un mur brisé.

Allant chercher dans un coin de la pièce un seau d'eau et une serpillière, il se mit un point d'honneur à rapidement essuyer le désastre liquide qu'avait provoqué Felix. Les petits animaux se poussèrent, laissant libre champ à Harry, le tout avec une bonne volonté indéniable. Ils ne se doutaient pas qu'Harry les poursuivrait pour éponger les traces d'urines qu'ils laisseraient après avoir marcher dedans. Le spectacle pouvait être comique de l'extérieur. Mais cela ne dura pas bien longtemps, car après avoir rapidement nettoyer ce qu'il fallait pour ne pas laisser de mauvaises odeurs, le vétérinaire en revint à Felix. S'asseyant sur le sol, à côté de lui, dos au comptoir, il l'écouta très silencieusement. Juste avant, il lui disait à quel point il ne voulait faire de mal à personne.  Harry n'avait rien eu à répondre à cela et avait donc occupé ses mains de la seule manière qu'il pouvait à cette seconde. Mais ce qu'il rajouta, à présent qu'il était à nouveau assis à ses côtés, lui donna une nouvelle fois envie de pleurer. Comme s'il avait envie de se rappeler de tous ses anciens rêves auprès d'Amy, de cette enveloppe de vie que les Adler possédaient mais dont ils ne savaient pas se servir. Oui, très certainement, il aurait pu rendre heureuse la jeune femme. En tout  cas, il était certain qu'il ne l'aurait jamais fait fuir.  Il aurait attendu autant de temps qu'il aurait fallu pour avoir des enfants, c'était tout ce qu'il lui aurait demandé au bon Dieu. Mais l'erreur était délicate à reprocher, après tout: jamais Amy n'était tombée enceinte d'Harry, quand bien même. Felix, cela n'avait été qu'un coup de malchance.

- Merci de me le rappeler...(silence) Hum, c'était ironique, au fait...    

Il préférait préciser, bien que marmonant dans sa barbe naissante, histoire que l'horloger ne crut pas réellement avoir fait quelque chose de bien pour le vétérinaire. Bien au contraire. Mais certainement n'avait-il rien entendu. Harry n'avait qu'une envie, c'était de disparaître. De revenir à son existence morne et solitaire. Car en réalité, il ne s'était jamais senti aussi seul que ce soir là, en compagnie de Felix Adler. Sa présence lui rappelait tout ce qui avait été et ne pourrait plus jamais être. Il était comme un fantôme qui le hantait. Calmement, il porta sa tête en arrière, histoire de prendre une longue respiration. Felix lui fit un étrange sourire, auquel Harry n'eut aucune réponse. Il n'avait pas envie de sourire, sur son visage traînait tout simplement la tristesse à sa forme la plus simple. Finalement, après que l'horloger ait pris quelques gorgées, Harry se lança dans son ultime monologue.

- Tu sais qu'Amy est à demi-française...(soupir) Sa mère est morte, mais toute sa branche maternelle est restée en France. Ils  possèdent un village à leur nom, les Bessac.

Regardant Felix avec une petite moue, il se mit à songer à toute la route qu'il allait faire et surtout, au fait qu'un pauvre petit horloger autiste allait devoir se balader dans un pays dont il ne connaissait à peine la langue. Déjà qu'il lui était difficile de parler dans sa langue maternelle...

- Ecoute...déjà ne pars pas sans avoir fini ta tasse...deuxièmement...le village se trouve en Charente, dans le sud de la France. La route va être très longue, je veux que tu tentes de dormir cette nuit, ne pars pas avant demain matin. Rien que pour ta propre sécurité...

Il toussota un peu, s'en voulant d'avoir beaucoup trop parler. Prenant un papier et un crayon, il nota l'adresse et le lui tendit sans préambule.

- Bonne chance...

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MessageSujet: Re: A Million Reasons To Let You Go. [PV Amy S. Adler & Harry J. Downcry.][Fini] A Million Reasons To Let You Go. [PV Amy S. Adler & Harry J. Downcry.][Fini] Icon_minitimeDim 23 Oct - 17:54



A Million Reasons To Let You Go.

« BUT BABY I JUST NEED ONE GOOD ONE TO STAY. »

Whitechapel, 1885.

Felix resta sagement assis sur son tabouret, écoutant la petite phrase d’Harry, rapidement affublée d’une précision qui disait que son remerciement était en fait ironique. Évidemment. L’horloger n’aurait jamais pu dire quelque chose de bien, une fois dans sa vie. Il semblait être un véritable danger pour le vétérinaire, cela ne servait à rien qu’il reste plus longtemps. Un silence s’ensuivit où Felix but tranquillement son chocolat chaud. La chaleur de la couverture et du chocolat le calma légèrement mais cela ne dérogea pas l’idée de sa tête qu’il retrouverait Amy le plus rapidement possible. La voix d’Harry le fit tourner la tête vers lui et écouta ce qu’il avait à lui dire. Le vétérinaire ranima l’espoir en lui. Il était en train de lui dire où se trouvait son épouse. Et chez qui. Felix se leva rapidement et attendit que son interlocuteur finisse sa tirade. L’horloger, docile s’empressa donc rapidement de finir sa tasse avant de prendre le papier que lui tendait Harry. Ce dernier lui conseilla de ne partir qu’au matin mais Felix n’en tint pas compte. Il lui serait impossible de dormir de toute façon. Autant gagner le plus de temps possible. Ses yeux retrouvant un minimum d’éclat, il sourit à Harry et lui prit une main qu’il serra entre les siennes.

- Merci énormément. Je te revaudrai cela.

Il lui fit un dernier sourire reconnaissant et sortit dans Londres. Il fit comme il avait prévu : il partit chercher ses enfants, les apporta à leur grand-père qui était toujours ravi de les garder. Et actuellement, de les tenir loin de leur père. Felix essaya une nouvelle fois de ne pas tenir compte des regards courroucés de Mr Carter et embrassa ses enfants, leur promettant qu’il ferait le plus vite possible. Il refit rapidement un tour chez lui et emporta le nécessaire à ses yeux, c’est-à-dire, de l’argent et c’était tout. Ni nourriture, ni vêtements de rechange. Il n’en aurait pas besoin. Il devait voyager léger pour être efficace. Il partir donc en direction du centre-ville, la nuit commençant à être bien avancée. Mais il n’avait pas le temps d’attendre. Il devait rejoindre les côtes anglaises le plus possible. Une calèche commune, une sorte de transports en commun ferait largement l’affaire. Il regarda alors les derniers horaires et se sentit incroyablement chanceux de voir qu’il restait deux voyages jusqu’à Douvres, lieu où il pourrait trouver un ferry pour Calais, et donc la France, merci les cartes.

Lorsqu’il grimpa dans la calèche, il ne réalisa pas tout de suite dans quoi il s’embarquait. Qu’une certaine odyssée l’attendait et qui le changerait sûrement à jamais. Même si cette dispute avec Amy avait eu sans nul doute des conséquences irréversibles. Mais peut-être plus en bien que mal. Le fiacre avança enfin. Trois autres personnes étaient avec lui, dont un ancien client qui s’endormit à mi-chemin du trajet tandis que les deux autres discutaient à mi-voix. À l’aube, ils arrivèrent au port de la petite ville dominée par un magnifique château datant probablement du Moyen-Âge. Une fine brume humide recouvrait les habitations mais Felix n’attendit pas plus longtemps pour se diriger vers l’embarcadère à destination du continent européen. Déjà autour de lui, il pouvait entendre parler français. Ils sentaient déjà les regards se poser sur lui, sûrement par son air nerveux et son manque de bagages. Mais là n’était pas sa priorité. Il était animé par une détermination sans nom et il ne s’arrêterait pas tant qu’il ne serait pas à Bessac. Peu importe le nombre de kilomètres qui le séparait d’Amy, il les parcourrait sans se laisser une seconde de répit. Le temps n’était plus son allié désormais.

La traversée se fit sans problème notoire. Felix eut un peu du mal à régler son billet sans bégayer mais il y était finalement parvenu. Pour l’instant, tout semblait bien se passer. Ils arrivèrent en France en milieu d’après-midi, dans la ville de Calais. La question désormais était de savoir comment se rendre en Charente. Il doutait que des trains ou fiacres y aillent. Il ne connaissait même pas le nom de ce genre de transport en Français. Le jeune horloger fit face donc à sa première complication. Se faire comprendre, aller vers les autres, demander et pas forcément en anglais. Il soupira et regarda le ciel couvert du nord de la France. Il essaya alors de fouiller dans ses souvenirs. Il était déjà venu à Calais pour se rendre à Paris avec Amy, lors de leur lune de miel. Ils avaient emprunté un train qu’Amy leur avait trouvé. Enfin, elle avait surtout trouvé la gare, acheté les billets, bref tout. La question était de trouver la gare en question. Fort heureusement il n’avait pas un mauvais sens de l’orientation et se permit de ratisser la ville, bien moins grande que celle de Londres.

Il finit par trouver la gare et y entra. Il y avait peu de monde pour peu de voies de trains après tout. Il trouva une carte de la France et reconnut comme il put le mot Charente. Il avait toujours eu de grosses difficultés à lire et le fait d’être dans un pays qui n’était pas anglophone ne l’aidait absolument pas. Après avoir passé au moins cinq minutes devant la carte, il finit par établir une sorte d’itinéraire logique. Prendre le train ici et se rendre à une ville appelée Nantes. Il aviserait à ce moment-là. Il se rendit au guichet et après avoir expliqué difficilement qu’il ne parlait pas français avec un accent anglais à couper au couteau, il finit par réécrire maladroitement le mot “Nantes“ sur un bout de papier, ce que le monsieur au guichet finit par comprendre. Il lui donna un billet et avec une seconde petite feuille en indiquait l’horaire du train. Felix le remercia poliment et attendit donc les trois heures et treize minutes pour le prochain train. Lequel arriva avec deux minutes de retard, ce qui le perturba grandement. Mais qu’importe, il embarqua et partit pour Nantes, se reposant un minimum au passage. On apporta même aux passagers de quoi se rassasier un minimum.

Ils arrivèrent à destination à l’aube et Felix se dépêcha de descendre, regardant la carte de la gare une nouvelle fois. Angoulême était la ville la plus grande de Charente mais il ne semblait pas y avoir de gare. Peut-être y avait-il un fiacre ? Il se dit alors que l’information serait beaucoup trop difficile à obtenir alors il prit une nouvelle feuille et marqua toutes les villes par lesquelles il devait faire étape pour trouver Bessac. Une fois cela fait, il sortit dehors et passa quelques heures à chercher une indication pour la première ville, Nantes était déjà une plus grande ville que Calais. Vers midi, il finit par trouver et son véritable périple débuta enfin. Il marcha. De villes en villes. Et la chance finit par tourner en début de soirée, après six heures de marche déjà. La pluie tomba, drue, entravant un peu son trajet. Il gardait ses papiers dans sa poche, à l’abri, espérant qu’ils n’allaient pas s’imbiber avec l’humidité de ses vêtements trempés. Mais il poursuivit, toute la nuit. Toute la matinée suivante aussi, continuant inlassablement de mettre un pied devant l’autre.

Il ne s’arrêta même pas pour manger, boire, se reposer. Il ne pouvait pas se le permettre, Amy l’attendait. Cela faisait plusieurs heures que ses pieds lui faisaient déjà mal, lui donnant l’impression que chaque pas les écorchait un peu plus. La pluie ne cessa pas non plus. Et Felix eut froid, ce qui était une chose assez rare pour le noter. Mais il ne prit toujours pas le temps de s’arrêter. La force de son mental obsessionnel, la force de son amour étant plus fort que son état physique. Il suivait toujours son petit itinéraire en tête, qu’il se répétait sans cesse pour s’en souvenir, évitant de sortir son papier sous la pluie. Quelques charrettes passaient bien, mais il était trop concentré pour demander de faire une partie du voyage avec les passants. Alors il continuait de marcher, toujours, seul Anglais perdu dans la campagne Française. En revanche, il sentit petit à petit son corps de moins en moins lui répondre. Après près plus de 48 heures de marche interrompue, l’effort surhumain qu’il était en train de fournir commençait à se faire ressentir. Sa vue devenait trouble, il avait des vertiges et sa cadence de marche était bien évidemment diminuée.

Mais jamais un panneau pour un lieu-dit ne lui avait semblé si beau. Après 61 heures de marche, à 23h42 du matin, il arriva à Bessac. Sa nuque semblait paralysée, il ne parvenait plus à la bouger. Il était presque sûr d’avoir de la fièvre aussi, ayant l’impression de transpirer malgré ses cheveux et ses vêtements trempés par la pluie. Il n’osait pas non plus imaginer l’état de ses pieds mais absolument tout son corps lui faisait mal. Sauf son cœur qui était soulagé. Mais il ne fallait pas se relâcher maintenant. Amy n’était pas encore trouvée. Par réflexe, il se dirigea vers la maison la plus grande. Peut-être y avait-il encore des gens réveillés à cette heure-là ? Au pire, il allait les réveiller… C’était ça ou s’effondrer sur les marches. Il tira la sonnette et il put entendre un lointain carillon résonner dans la bâtisse. On lui ouvrit et il fut ébloui par la lumière, pourtant douce, qui s’échappa de l’encadrement de la porte. Il entendit un homme lui parler en Français. Sûrement voulait-il savoir son identité et la raison de sa venue ici, ce qui était d’ailleurs tout à fait logique. Felix rassembla alors dans ses dernières ressources pour bégayer :

- Je cherche… Je cherche Amy… Je suis son mari…

Il s’était rattrapé au dernier moment et avait parlé dans un Français hésitant pour la deuxième partie de sa phrase. Il entendit un « Amy, un homme qui se prétend ton mari est à la porte » mais ne sut ce que cela voulait dire. Il parvint à rester sur ses jambes une ou deux minutes supplémentaires, le cou toujours baissé vers l’avant, bloqué. Puis, tout tangua devant lui à lui en donner le vertige avant que tout ne bascule dans le noir. Un noir total. Il ne sut sur quoi ou qui il tomba. Il se sentit juste tomber. Dans le noir.
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Amy est très douée dans son domaine, la couture. ⊹ Ressentais une profonde frustration envers son mari durant les cinq précédentes années, ce qui l'incitait à accepter plus facilement les avances d'autrui. ⊹ A des tendances névrosées et borderline. ⊹ Ne supporte pas/ou difficilement les enfants en bas âge. ⊹ Apprécie la compagnie de l'alcool et du tabac bon marché. ⊹ Est d'une grande immaturité. ⊹ Très facilement morte de jalousie en compagnie d'autres femmes. ⊹ Manque de confiance en elle-même et a souvent besoin qu'on la rassure sur son apparence. ⊹ Passe beaucoup trop de temps devant le miroir à peigner ses très longs cheveux noirs. ⊹ Femme de Felix J. Adler. ⊹ A ouvert récemment un bordel de luxe dans un vieil hôtel rénové de Whitechapel.
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A Million Reasons To Let You Go.

« What have I done ? »

Bessac - France, 1885.

Pourquoi s'était-elle dirigé vers le vétérinaire comme seul échappatoire, Amy Adler n'aurait sur le dire. Son coeur s'était misérablement brisé tandis qu'elle avait tapé à sa porte comme une désespéré. Elle ne pouvait pas allée voir David, se doutant qu'il n'avait pas le temps de s'occuper d'une pareille histoire. Surtout pour quoi ? La convaincre de revenir avec lui alors que c'était clairement la plus mauvaise des idées ? Il lui restait bien entendu son père, mais c'était encore pire. Dieu seul savait ce qu'il aurait pu faire à Felix, et lui faire du mal était la dernière des choses qu'elle souhaitait. Non, il ne restait plus qu'une personne, proche et éloignée à la fois. Elle était entrée dans sa boutique et fondit en larmes dans ses bras comme une enfant qui avait fait une grave erreur. Il émanait de son parfum d'ordinaire splendide de grâce, une certaine odeur de vomi et de sel dans ses larmes. Un chocolat chaud entre ses mains, de cette même tasse et de cette même couverture qui soigna un peu l'esprit de l'horloger, elle avait regardé les bébés animaux faire des galipettes devant elle pour lui remonter le moral. La couturière raconta tout ce qu'il s'était passé ce soir là à Harry. Ses tromperies, leur lente descente aux enfers. Elle montra une telle décadence dans sa pitoyable plaidoirie qu'Harry n'eut absolument aucun reproche à lui faire; elle s'en faisait déjà tellement. Partir restait la dernière solution. Rien d'autre n'était possible, revoir le ciel de Londres une seule fois envoyait une multitude de poignards dans le cœur de la demoiselle. Mais Harry refusa qu'elle parte seule dans l'obscurité de la nuit qui déjà s'était lourdement avancer dans le temps. Une jeune femme aussi belle n'avait pas le droit de risquer ainsi sa vie. Elle rougit et l'écouta, n'ayant de toute façon pas la force mentalement de fuir sur les grandes routes. L'alcool descendait et avec lui revenait la réalité. Dans le bain qu'Harry fit couler pour elle, la couturière songea à la France, à la famille qu'elle y retrouverait. A la potentielle nouvelle vie. Cette idée agrémenta son bain de nouvelles larmes.

Quand Harry vint lui offrir son lit et un pyjama à lui dans lequel elle nageait, alors qu'il repartait pour dormir sur le canapé, Amy le stoppa. Elle refusait de rester seule, pas cette nuit. Dormirent-ils pour autant ? Ils discutèrent, jusqu'à ce qu'Amy plonge lentement dans un tendre sommeil. Le vétérinaire n'eut-il pas envie de profiter de cette présence féminine depuis trop longtemps loin de son corps. Oh, ce n'était pas l'envie qui lui en manquait. Amy le lui avait même proposé, après tout quelle importance à présent ? Un péché de plus ou de moins dans son sale et immonde corps. « C'est juste ça ? Tu ne veux pas de moi comme mari, tu veux juste me soulager...? Tu crois que mon aide est à vendre ? ...Amy, tu sais que je ne suis pas comme ça...» dit-il en caressant ses cheveux noirs, le nez dans son cou. Elle avait demandé à ce qu'il la serre contre lui, pour avoir une dernière fois le type présence dont elle allait peut-être devoir se passer pendant un trop longtemps. Son étreinte était agréable. Mais son odeur n'était pas celle de Felix. Son refus lui donna presque les larmes aux yeux à nouveau, ayant davantage l'impression que cela l'insultait plus qu'autre chose. Et cette vision des choses la déchirait un peu plus, lui remémorant à chaque seconde l'absolu catin qu'elle avait pu devenir. Oh oui, elle pouvait sentir le corps d'Harry qui bouillonnait de sa simple présence. Ce qu'elle ne pouvait pas sentir, c'était la force mentale qu'il lui fallut déployer pour refuser. Et les multiples regrets que cela lui engendreraient pour les cinq années à venir. Peut-être ratait-il une chance de la prendre, de la subjuger par son amour et la faire rester près de lui. Peut-être même auraient-ils pu fuir tous les deux en France ? Mais Harry n'était pas dupe et sentait -certainement une intuition- que cette histoire n'en finirait pas là, et qu'il ne serait qu'un catalyseur, un passeur. Ce qu'il avait peut-être été toute sa vie.

Au lendemain matin, après un simple baiser sur son front et un tendre regard, mais aussi un sac empli d'affaires et de quelques argents, Amy repartit en quête d'une calèche qui l'emmena jusqu'à Douvre. L'air maritime sur son front lui faisait encore prendre conscience de son choix. La dernière fois qu'elle était venue là, c'était avec Felix pour leur lune de miel. Serrant les poings, elle arriva à Calais dans toutes les meilleures conditions du monde. La couturière, dans un français parfait, enjoigna une lettre à la poste la plus proche afin que sa famille soit au courant de son arrivée et vienne la récupérer à Nantes. Là où n'importe qui aurait eu un long trajet à parcourir, la demoiselle n'eut qu'un train à prendre pour ensuite tomber dans les bras de ses grands-parents. Tant de larmes avaient coulé depuis qu'elle n'était plus capable d'en fournir. Le trajet jusqu'à Bessac en calèche lui fit découvrir des lieux qui n'avaient été que des souvenirs de vacances. Le village de Bessac n'était composé que de la famille des Bessac, une richissime famille mais auquel l'argent ne profitait qu'à ceux qui restaient. Ainsi, quand Angélique Bessac décida de suivre ce touriste anglais jusqu'à la campagne de Grande-Bretagne, elle perdit bien sûr les avantages. Mais une règle était d'or dans la famille. N'importe quel Bessac, de quelques lignés que ce fut, devaot accueilli bras ouvert au village. Ainsi Amélia Adler, née Carter, fille de Bessac, fut acclamée à son arrivée comme une enfant prodige. On s'évertua à vanter sa beauté et la questionna sur ses talents de couture, valaient-ils ceux de sa mère ? Un grand repas de famille fut organisé au milieu de la place du village, Amy reprenait petit à petit des couleurs. Elle retrouvait la joie de vivre, loin des responsabilités, loin d'enfants non-voulus et d'un mari transparent. Quelque part, la jeune femme retombait dans l'enfance qu'elle avait toujours voulu.

Qui savait ce qui se passait désormais à Londres ? Tout ceci était si lointain pour elle. La couturière était persuadée qu'à cette seconde là, elle n'était déjà plus une Adler, mais une simple Carter. Après sa dernière incartade, Felix avait du se jeter au petit matin vers le premier notaire. C'était en tout cas ce que quelqu'un de normal aurait fait. Quelqu'un de normal.

Au petit soir, la demoiselle partit manger chez ses grands-parents, eux-même vivant dans le plus grand manoir du village. L'heure n'avait plus aucune importance, et le repas se poursuivit d'entrée en dessert avec la même joie de vivre. Aussi, Amy aurait été incapable de dire l'heure qu'il était quand son grand-père fut appelé à la porte par des coups aussi bruyant que disparate. Ce n'est que par ses paroles, quelques minutes plus tard, qu'Amy fit tomber sa fourchette sur le sol. Bien entendu, elle n'avait rien raconté à la grande majorité de sa famille. Seule sa grand-mère avait eu droit à sa confidence, et encore, seulement dans les grandes lignes. Amy trembla en arrivant sur la porte d'entrée, et le spectacle fut d'autant terrifiant qu'incroyable: ressemblant plus que jamais à un cadavre, son mari se tenait en face d'elle, yeux mi-clos et tanguant. Elle ne put rien faire quand il lui tomba dessus, certainement sans même la reconnaître. Retombant en arrière, le corps de Felix dans les bras, sa première réaction fut de le serrer contre elle. Il était brûlant et humide, jamais elle ne l'avait senti comme cela. Sa peau n'avait jamais été aussi chaude. Sa deuxième réaction, elle l'eut en remarquant que la dernière expression du visage de son mari, fut un splendide et merveilleux sourire de bien-être. Là et seulement là, elle se remit à pleurer. De bonheur, de désespoir ? Qui aurait pu le reconnaître, car les émotions se boursculaient dans sa tête, tous plus puissants les uns que les autres. Ce fut un gémissement se transformant en hurlement, qui amena les Bessac à sortir de table pour venir jusqu'à eux. Tout d'abord, ils l'aidèrent à porter le corps jusqu'à la maison qu'ils avaient prêté à Amy pour son séjour. Elle dut ensuite se confesser à tous sur la véritable raison de sa venue ici. On appela un docteur.

Celui-ci vint au plus vite qu'il put, ce n'était pas évident de se déplacer avec cette tempétueuse pluie. Mais ses paroles furent sans appel, l'homme qui se disait être le mari d'Amy, était en train de mourir et n'en avait plus pour longtemps. Il fallut quatre Bessac pour empêcher la couturière de se jeter sur le docteur pour lui arracher le visage de ses ongles. Après de simples condoléances, le médecin partit, les cousins lachèrent Amy qui retomba sur le torse d'un Felix inconscient. Ses pleures durèrent pendant plusieurs heures. Aucune fois dans sa vie, son cœur lui sembla se déchirait autant qu'en cette seconde là. Plus horrible que le fait qu'être écartée de sa vie par lui, le véritable fait accompli était qu'il l'avait suivi jusqu'ici, pour être avec elle...et qu'à présent, c'était la stupidité et l'immaturité de la jeune femme qui l'emporterait dans la tombe. La couturière devint alors infirmière, et à chaque heure, elle demandait à ce qu'on lui apporte un nouveau bol d'eau pour laver ses pieds abimées, son corps couvert de sueur et son visage proche de l'allégorie mortuaire. Toutes les nuits alors que les Bessac dormaient, l'oreille tranquille, Amy pleurait sur le torse de son mari. Cela faisait peut-être une semaine qu'elle ne s'était pas allongée, son unique oreiller étant un Felix brûlant. Elle se moquait que cela put être contagieux, au contraire. Elle ne voulait qu'une chose, que la maladie l'emporte. Cela serait une conclusion tellement parfaite, les amants qui se retrouvent et meurent ensemble de la même maladie qui les aura réunit  dans la mort.

Une nuit, alors que le sommeil commençait à l'emporter, ses mains glissèrent jusqu'à la joue de Felix qu'elle caressa avec amour. Pouvait-il l'entendre de là où il se trouvait ? La seule chose qui prouvait qu'il était encore vivant, c'était son ventre qui imperceptiblement se surélever au rythme d'une respiration aléatoire. Ses doigts remontèrent jusqu'à ses longs cheveux dont elle prit une mèche, la faisant jouer entre eux.

- Felix...j'aimerai tellement que tu m'entendes...je suis tellement désolée...pourquoi tu es revenu jusqu'ici ? Tu aurais pu être heureux, sans moi, avoir une vraie vie de famille avec une femme honnête et intelligente, comme toi...Felix, tu es tellement parfait, quand je t'ai rencontré, j'ai cru voir un ange...et c'est ce que tu  es, la parfaite incarnation de l'innocence, de la beauté, du talent...j'ai été tellement stupide pour tout gâcher, pour te gâcher...j'ai  eu la chance d'une vie: rencontrer mon âme-soeur, et je l'ai détruite...j'ai été tellement immature, à me venger de tout ce qui te faisait naturellement être toi, avec tous ces hommes...ils ne représentaient rien pour rien, juste des outils...tu  es le seul qui n'ait jamais véritablement compté au fin fond de mon cœur et de mon âme...Oh Felix...je donnerai tout ce que j'ai au monde pour revenir en arrière, je t'aime Felix...je t'aime plus que tout au monde...ma vie n'a pas de sens sans toi, pas si tu m'aimes encore, si on a encore une chance...

Rien. Pas une seule réaction. Les larmes montèrent aux yeux de la belle. Depuis combien de temps racontait-elle en boucle toutes les nuits le même monologue qui semblait ne plus avoir de sens.

- J'ai été horrible, immonde...je ne mérite pas un prince comme toi...et pourtant tu es là...oh Felix, si tu pouvais juste me dire...pourquoi je suis la femme la plus chanceuse du monde...? Cela peut paraître tellement cliché...mais j'aime tes yeux...j'aime tellement leur couleur. Alors s'il te plait...ouvre les pour moi.......pardon...je sais que j'en demande beaucoup trop...

Un sanglot la parcourut alors qu'une petite main frappa à la porte. Amy se leva nonchalament et s'essuya les yeux pour ouvrir. C'était une petite nièce d'une lointaine cousine qui lui tendait le bol d'eau. Elle s'en saisit en remerciant la petite et revint vers Felix, changeant la serviette humide qui seillait son front. Puis un petit bisou sur ses lèvres froides. C'était un rituel qu'elle s'organisait toujours pour la nuit, chacune d'entre elle pouvant être la dernière. La couturière caressa alors tendrement les cheveux de son mari, les yeux remplis d'étoiles amoureuses. Il n'y avait pas de mots pour dire à quel point elle rêvait qu'il entende tout ce qu'elle dit. Tout ce qu'elle n'avait jamais osé dire.

- ...j'aime te voir concentrer sur tes horloges, ta petite moue quand tu travailles, ton regard sur les enfants quand ils te sourient...tu nous fais vivre...tu es un véritable homme...je suis juste l'aveugle petite gamine égoïste qui ne s'en est pas encore rendu compte...je..je...Felix...je souhaiterais que l'on retourne à Londres...qu'on élève nos enfants tous les deux, comme de vrais parents, qu'on refasse l'amour aussi bien qu'avant, comme un vrai couple...je pourrai même apprendre à vraiment bien faire à manger, comme l'on dit que les bonnes épouses doivent faire...

Ce fut dans un sanglot étouffé de rire qu'elle se força à se taire, pour ne pas s'occasionner de nouvelles souffrances.

© plumyts 2016
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