Sujet: Re: EVENT HORS-SUJET N°1 ▬ REMAINS OF THE DAY Sam 4 Nov - 10:51
Event hors-sujet n°1 - Remains of the Day.
« Suddenly Out of breath What is this ? Is this death ? »
... - 31.10.1891
Comment pouvait-elle bien réagir ? Tout ceci n’avait aucun sens. Ces morts, ces vivants, ces infernales illusions qui remuent de doux souvenirs déjà bien enterrés, ils effrayaient, ils fascinaient, et surtout, ils défiaient toutes les lois du bon sens. Comment cela se pouvait-il ? Certains étaient d’une blancheur cadavérique à vous faire pâlir, d’autres n’avaient plus toute leur tête -littéralement. Et pourtant, tous ces gens semblaient encore plus en vie que Léonie elle-même, sans doute pétrifiée par l’incompréhension. Mais là où les doutes étaient inexpliqués, la curiosité, elle, ne faisait que s’éveiller. Ce qui la faisait frissonner, ce n’est pas le vent froid des campagnes britanniques où elle semblait s’être aventurée, mais bien ce qu’elle avait sous les yeux. Celui qu’elle avait sous les yeux, elle savait pleinement qui il était. Depuis les années, elle ne l’avait pas oublié ; elle n’aurait pas su. En grandissant, cet homme, bien que de plus en plus éloigné d’elle, n’avait fait que prendre de la valeur à ses yeux. Il avait fallu qu’elle se retrouve à pourrir chez O’Farrell pour réaliser qu’à Paris, la gloire lui avait été servie sur un coussin de velours, dans une paire de chaussons -un iconique étau de soie. À qui le devait-elle ? Pas à sa mère. Sûrement pas à son père, non plus. Tout ce qu’elle avait jamais appris, tout ce qu’elle avait pu accomplir et toutes ces merveilles auxquelles elle était vouée, elle ne les devait qu’à Majorel et le simple fait qu’il était aussi bon humainement que professionnellement. Et que lui était-t-il arrivé ? Elle pouvait le constater, maintenant. Elle avait appris son décès dans les journaux -l’accident ayant fait la une des presses. Le bruit avait atteint Bruxelles -ville où Léonie se trouvait à l’époque-, et elle n’avait pu qu’imaginer la vérité en lisant le drame tel qu’il avait été relaté par les journalistes. La petite danseuse n’aurait probablement jamais pu s’imaginer le massacre sans l’avoir vu en face -à présent, c’était chose faite. Il faut croire qu’une image aussi légendaire que celle de Louis Majorel pouvait également tomber. Il a fallu qu’il sombre pour pouvoir enfin s’élever dans l’esprit d’une jeune fille pleine de remords, et peut-être de regrets aussi.
« — J’espère que tu es la meilleure désormais, et que tu as su corriger ton saut de chat.
Lorsque la main du maître de ballet se posa sur son épaule, Léonie ne put retenir un sursaut, surprise par la température glacée de cette-dernière. Pourtant, elle resta bien en place, et plus calme que ce que l’on aurai pu le croire. Son regard était devenu un brillant témoin du rêve qu’elle vivait, sans pouvoir discerner le vrai du faux. Elle finit même par esquisser un brin de sourire -quelque chose d’incertain, de mal à l’aise, de crispé, mais qui dissimulait une touchante sincérité que l’on ne pouvait nier.
— Si l’on trouve plus de place, je peux assurément vous le montrer. »
Elle lui avait répondu dans un français excellent, comme si depuis son départ, elle n’avait cessé de pratiquer sa langue maternelle. Voilà ce qu’est un enseignement bien fait ; le même qui lui assure de n’avoir rien perdu de ses sauts de chat. Au contraire ; elle ne s’était qu’améliorée, même si son travail actuel ne dépendait plus énormément de ses connaissances en matière de ballet.
« — Mais viens, on va en discuter un peu plus loin, à l’écart de capharnaüm.
Et elle le suivit. Léonie ne demandait que cela ; il y avait d’innombrables questions qui lui brûlaient la langue ; entre celles qu’elle avait toujours voulu poser à Majorel et celles qui venaient de germer dans son esprit aussi euphorique qu’inconscient, il n’y avait que trop de choses à dire, et trop peu de temps. — Mais que faites-vous ici, Monsieur ? J’ai entendu les nouvelles de Paris, enfin, je les ai lues… Mais c’était il y a longtemps, je crois. Je ne sais plus. Comment vous êtes-vous retrouvé ici ? Moi, c’est une autre histoire, mais vous ? »
La jeune fille avait parlé bien plus vite que ce qu’elle ne croyait. Avec l’adrénaline et l’excitation montantes, elle s’était mise à dire tout ce qui lui passait par la tête, chose qu’elle faisait souvent (surtout depuis son arrivée au cirque) et souvent, à ses propres périls. Mais pour le moment, elle pouvait penser à tout, sauf à l’inconfort qu’elle pouvait causer, même si, dans le cas de Majorel, ça avait plus de quoi être de l’amusement.
Sujet: Re: EVENT HORS-SUJET N°1 ▬ REMAINS OF THE DAY Dim 5 Nov - 21:26
Event hors-sujet n°1 - Remains of the Day.
« For no mere mortal can resist the evil of the thriller. »
31 Octobre 1891.
L'ambiance paraît festive. La lumière verdâtre ne change absolument rien à votre perception de l'environnement, et le brouillard alentour n'occasionne absolument aucune fraicheur sur votre peau. La boisson des tavernes est gratuite et de bonne qualité. La plupart des morts ne fait déjà plus attention à votre présence. Qu'importe, car l'on doit bien tous mourir un jour n'est-ce pas ? Que certains veuillent en découdre plus tôt avec la responsabilité de leurs actes, cela n'a aucune importance. Beaucoup haussent le peu de membres qu'il leur reste et s'attèlent à leurs occupations. Cela aurait pu durer encore longtemps comme ça. Vous croyez en effet qu'ils vous tournent à présent le dos et que rien de grave ne peut se produire. Pourtant, lentement, un picotement grandit dans votre épine dorsale. Vous ne semblez pas vous être décidé à respecter les limites. Quelles limites, me diriez-vous ? Mais voilà qui est beau, dans un rêve, quand rien ne semble avoir de sens. L'air se fait paradoxalement plus chaud, et peut-être sentez-vous déjà la sueur qui coule dans votre dos -si celle-ci n'est pas du à la peur.
Dans la taverne à l'éclairage blanchâtre, rendant les découpes de l'ombre et de la lumière quasi irréelles, le barman n'attendit pas une seule seconde pour tendre les boissons. La petite des rues ne serait pas la première gosse morte à s'noyer le gosier dans l'alcool. Il sait qu'elle est vivante, mais dans son orbite vide, il voit déjà un cadavre. Le nounours regarda le shot, souvenir cassant de la bouteille brisée en son sein. Sa tête commençait à tourner comme celle d'un ivrogne tandis que sa patte cherchait à atteindre le verre.
- Je veux pas boire, ma fourrure s'rappelle du verre qui fait mal, d'l'alcool qui noie... d'l'intérieur.
Sa voix est grave, presque caverneuse, comme fantasmé dans un excès de tout ce qui pourrait rappeler la peur paternelle dans l'esprit d'une enfant. Mais elle parait également lointaine et souffrante. Les ampoules blanches se mirent à clignoter, et les squelettes les fixèrent sans regard.
A l'extérieur, les choses ne sont guères moins anxiogènes. Le brouillard gagne en puissance malgré la température qui ne baisse pas. Un homme approchant aux alentours de la soixantaine, une tignasse noire et hirsute, parsemée d'épais cheveux blancs; se rapprocha de l'horloger, le pointant du doigt. Sa gorge était marquée par une grande estafilade.
- Toi... tu m'ignores, tu n'oses pas m'adresser la parole, moi qui ait été ton mécène... tu m'ignores tout comme tu as ignoré ma famille, quand je suis mort !
Il lui saisit l'épaule et le retourna en sa direction, le détachant de ce qui semblait être sa femme. Mais son regard bleu mais vitreux par la mort était planté dans celui de Felix, le forçant à se mettre en face à face avec ses souvenirs et ses responsabilités. Amy ne méritait pas son intérêt. Elle ne méritait d'ailleurs l'intérêt de personne. Angélique la regarda au loin, étreindre son mari avec tout le bonheur du monde dans le regard. Celle-ci disparut alors dans le brouillard, sans autre paroles, avec un simple sourire au visage.
Le père de Lucy tenait encore ses petites mains blanches entre ses propres mains, larges et fortes, malgré leurs fraicheurs. Les paroles de sa fille transformèrent sa mine inquiète en une expression contrite. La mort octroyait des sens qui dépassaient l'entendement. La détection du mensonge en faisait partit. D'abord attristé par la question de Lucy, il baissa la tête:
- Ta mère n'est pas ici. Elle a mérité le repos, après tout ce qui s'est passé... oui Lucy, nous voyons tout ici. Alors pourquoi tu me ments ?! Je sais que tu vis du vice des hommes.
Quand il redressa son regard, c'est une expression tout aussi triste qu'en colère qui apparut. Ses doigts enserrèrent davantage les mains fragiles de la prostituée, s'étendant jusqu'à ses poignets comme si des multitudes d'araignées étendaient leurs pattes sur leur victime.
Si Felix devait faire face à ses propres démons, il en était de même pour sa soeur qui faisait face à l'étrange petit bout de garçon qu'était Simon. Ses grandes lèvres tremblantes et ses yeux de poisson fixaient la blonde avec une étrange intensité que lui conférait l'aspect cadévrique. Le regard comme éternellement humide, Simon regarda le sol et ses propres mains:
- C'était pas ma faute... j'ai pas fait exprès ! C'est pas comme ça que moi je suis mort ! - Il redressa le visage pour observer Emily, en colère. - Moi je suis mo...mort parce que tu... tu m'as dit de partir... Il faisait froid !
S'il y avait un être au monde que l'on ne pouvait ignorer à cette seconde, c'était bien le petit garçon qui, malgré ses multiples secousses qui le faisaient un peu bégayer par moment, criait malgré tout sa colère et sa tristesse. Il n'était pas content d'être mort.
Un peu plus loin, celui que tous les morts semblaient craigner menait une conversation des plus paisibles avec Mélanie. Son sourire se fit bien large alors que la demoiselle déclarait qu'il se trouvait à Thunder Mesa; il ne lui répondit pas tout de suite. C’était bien trop beau de se délecter de l’ignorance. La suite de ses phrases ne le fit que sourire davantage.
- Je sais bien, Mélanie. Je ne le sais que trop bien. Vois-tu, ta naïveté te voit à Thunder Mesa, mais est-ce que tu te rappelles y avoir croiser des cadavres lors de ta dernière visite ? Ma pauvre enfant… tu regrettes notre dispute, mais voilà pourtant que tu t’adresses à moi dans la plus grande des hontes. Envisager épouser un misérable ouvrier londonien… tu n’as donc aucune remords ? Tu pensais que je ne saurais rien et que tu pouvais obtenir mon pardon avec une telle pirouette ?
Toujours souriant, Henry Ravenswood s’éclata alors d’un rire grandiose et presque machiavélique. Les morts tout autour, qui semblaient tourner le dos aux vivants, se mirent également à rire de la même intonation. Le tout rendait d’une orchestration quasi parfaite mais également parfaitement terrifiante.
De derrière Carrie, les rires des squelettes s’assoupirent pour laisser s’échapper une forme qu’elle ne reconnaîtrait que trop bien. Davy sortit du brouillard et saisit par surprise une épaule à la jeune femme. Il ne la retourna pas, et se contenta de se rapprocher de son oreille en souriant:
- Pourquoi donc faire cette tête ? La paysage te fait peur ? Elle change probablement du beau palais où tu as trouvé refuge, n’est-ce pas ? Avec ce bon protecteur que tu appelles de tes vœux...
L’homme émit alors un petit rire, de ces rires que ne veulent pas de mal et qui s’émaillent dans le vent, timide et fragile. Sa main pourtant sur son épaule se raffermit un peu plus. Il ne tenait pourtant pas particulièrement à se montrer devant elle, se montrer cadavre n’avait rien de particulièrement élogieux.
A l’écart de tous ces bruits divers qui montaient petit à petit, Majorel et la petite Leonie se tirent proche du brouillard qui s’épaississait sans pour autant les toucher. La jeune fille parlait vite et posait beaucoup de questions. Malgré son désir de lui montrer son pas de chat où il aurait eu plus de place, elle n’en faisait rien, préférant faire marcher sa langue et sa curiosité.
- N’est-ce donc pas évident ? Je suis mort. Qu’est-ce que cela pouvait t’importer... Toi ma prodige partie sans un remord, sans un souvenir. Vois, même à présent que tu me vois, désarticulé, tu ne t’en ai pas même souvenu. Paris, pendant que tu la lisais, nous la vivions.
Son maintien se voulait parfait, alors que d’une voix profondément sévère et patriarcale, il reprenait la petite. Mais il ne pouvait qu’excuser certains os qui ne voulaient désormais plus lui répondre, sa colonne vertébrale légèrement défait et son cou de côté.
Pendant que des conversations se faisaient d’ici et là, Alfred Thomas tenait encore fermement la main de sa fille, voulant également l’emmener à l’écart. Mais elle ne montrait preuve d’aucune réponse, aucun apaisement ne se faisait entendre. Rien dans son comportement n’adoucissait les éclats de voix. Elle pleurait et criait à n’en plus savoir quoi faire, comme si elle venait d’apercevoir un cauchemar. Cela brisa le coeur d’Alfred qui ne s’attendait pas à ce que sa chère fille devint aussi aveugle.
- Alors c’est comme ça… hein ? Tu me rejettes, alors que c’est toi qui est venue jusqu’à moi… ici… ? Je sais ce que tu fais, en bas… tes sales magouilles… je ne suis pas fier de toi.
Il lui tourna alors le dos et commença à marcher en direction du brouillard, en espérant secrètement qu’elle puisse la rattraper et enfin entamer le dialogue. Mais si elle savait ce qui était bon, elle ferait comme le vénérable Edgar qui non loin, prenait du recul sur toute la situation, gardant le silence complet. Du brouillard, passant devant Alfred, s’échappa pourtant une masse sombre qui souriait, les mains tendus vers le vieillard. Ce dernier n’eut le temps de poser un pied en arrière que le cadavre de sa femme, Evelyn, posait déjà ses mains sur les joues de son mari:
- J’ai entendu ta voix à travers le sommeil… pourquoi se méfier des morts… ? Tu te méfies de nous… ? Est-ce que tu te méfies de moi….?
Sa voix était douce et lente, venant d’un autre monde, alors que ses mains descendant le long du coup d’Edgard plantaient très légèrement leurs ongles dans la vieille peau. Son regard était perdu, mais son sourire ne manquait pas de sincérité. Contrairement à celui de Margaret qui dans une toux plus violente, planta un regard de travers dans le visage de Dick, riant doucement:
- Dick… Dick… est-ce que tu t’occupes bien de Lord Sawyer, comme je te l’ai demandé ? Il le faut, après tout, je t’ai toujours dit qu’il était comme notre fils… car un chiot reste le digne fils de son chien de père, n’est-ce pas Dick ?
Elle prononçait le prénom du fossoyeur comme une litanie qui la rassurait dans ses quintes de toux, malgré que ses paroles aient un étrange aspect doux-amer. Voilà ce qui arrivait à ceux qui ignorent une femme. L’atmosphère était loin de s’arranger tout autour de vous, et vous sentez venir sur votre coeur une menace. Tout ceci n’est pas qu’une simple réunion de famille.
- Déroulement de l'Event -
Bienvenue dans ce troisième tour de ce mini-event ! Voici les rappels:
• Pardonnez-nous de notre retard, les tours durent une semaine. Le prochain sera donc le 12 novembre !
• Les proches sont joués par le MJ et uniquement par le MJ.
• Il n’y a pas de limites de mots, donc amusez-vous !
plumyts 2016
Lucy E. Wood
Âge : 29 Emploi : Fille de joie Avatar : Eleanor Tomlinson Messages : 512Date d'inscription : 15/02/2017
Sujet: Re: EVENT HORS-SUJET N°1 ▬ REMAINS OF THE DAY Mer 8 Nov - 15:57
Event hors-sujet n°1 - Remains of the Day
« Quelque Part »
31 Octobre 1891
Jamais mains si froides n’avaient tant réchauffé le cœur de Lucy. La prostituée avait connu tellement de noirceur dans l’accomplissement d’actes charnels humains qu’elle ne s’étonnait guère de voir la mort lui octroyer le réconfort chaleureux d’un regard bienveillant ou d’un geste tendre. Car les mains de son défunt père, si glaciales soient-elles, ne seraient jamais plus froides que celles des clients qui profitaient de sa misère pour poser les leurs, chaudes certes, mais avides, infâmes, violentes, sur son corps frêle qu’ils considéraient, sans remords aucun, comme le déversoir à tous les vices de l’humanité. Et ces yeux pâles, ternes, brillaient plus de l’éclat de la vie que bien des vivants que Lucy avait le malheur de rencontrer, âmes sinistres à l’esprit déjà enfoui au plus profond de leur futur tombeau. La prostituée faisait pourtant partie de cette lugubre engeance, des vivants au cœur mort errant tels des fantômes au beau milieu des êtres légers, heureux de vivre, semblant vouloir abattre leur funeste malédiction sur leur indécente gaieté.
Et pourtant Lucy, qui se croyait morte de l’intérieur, qui ne considérait plus son cœur que comme une pierre au fond de sa poitrine, se délectait d’un simple contact charnel avec un cadavre à la chair glacée, au regard vitreux et à la plaie mortelle encore béante. Par un paradoxe atrocement inattendu, la prostituée semblait renaître, ramenée à la vie par cette rencontre avec l’au-delà, comme revigorée par l’amour qui, malgré la pudeur, la douleur et la contrition, se lisaient sur le visage sépulcral du père qu’elle n’avait pas connu.
Cette résurrection lui faisait déjà mal. Son cœur était bien vivant, car il sembla se déchirer en voyant un chagrin discret mais réel affaisser les traits de son géniteur, tirés par la mort ; décidément, Lucy était restée solitaire depuis bien trop longtemps. Comment avait-elle pu se montrer si indélicate ? Comment avait-elle pu réclamer de but en blanc la présence de sa mère à l’homme que la mort lui avait arraché ? C’est le visage décomposé que la prostituée ne put s’empêcher de fixer l’étendue de ses propres dégâts ravager la mine convenable que s’était efforcé de composer son père. La fille de joie ne voyait plus les yeux de l’homme qui lui faisait face. Peut-être était-ce mieux ainsi, car soudain la voix masculine, un peu distante, presque caverneuse, horriblement calme pourtant, se fit entendre, terrible :
- Ta mère n'est pas ici. Elle a mérité le repos, après tout ce qui s'est passé... oui Lucy, nous voyons tout ici. Alors pourquoi tu me ments ?! Je sais que tu vis du vice des hommes.
Le chagrin vint en premier. Violent, terrible, destructeur, décimant tout sur son passage : les faibles forces qu’il restait à la pauvre Lucy épuisée par l’ampleur des évènements, l’inertie et la prétendue placidité qu’elle avait tenté d’imposer à son cœur et à son âme semblant voler en éclats sous l’horreur des mots assénés par ce père qu’au fond, elle ne connaissait pas. Puis vint la culpabilité. Toutes ses années à ruminer sa rancune contre une mère dont le seul tort avait été de succomber aux coups de son bourreau de second mari, pour finalement se rendre compte, avec une tristesse infinie et un remords sans nom, à quel point elle lui avait cruellement manqué. Elle ne la reverrait donc jamais celle qui avait subi la rancœur injuste de la prostituée, qui avait attisé ce sentiment à l’extrême, le transformant parfois en haine, comme pour se protéger du chagrin inéluctable que lui imposait cette absence cruelle.
Le pire était à venir. Son père savait tout. Les mensonges éhontés de Lucy n’auront servi à rien d’autre qu’à la décrédibiliser. Mais quel courage lui aurait-il fallu pour avouer l’étendue de la misère de son existence à l’homme qui avait disparu alors qu’elle était encore au berceau !! Elle en aurait été tout bonnement incapable, et rien que l’idée de son père regardant, impuissant, le désastre de son existence, à elle et à sa mère, lui donnait le vertige. La jeune rousse, à l’intelligence normalement proportionnée, ne pouvait guère s’imaginer, même dans ses rêves les plus fous, obtenir l’approbation de ses parents concernant son métier. C’était une chose de le deviner, tout au fond de son cœur, mais de n’être pas dérangé par cette vérité abstraite, muette. C’en était une autre de lire la déception dans les prunelles paternelles, de ne pouvoir se soustraire à l’étau puissant des mains qui serrait avec une force empreinte de colère et d’amertume les doigts frêles et les poignets de la fille de mauvaise vie.
Il fallait répondre désormais. Lucy devait expliquer à son père, en le regardant dans les yeux, pourquoi elle en était réduite à des extrémités si abjectes. Mais s’il voyait tout, n’était-ce pas évident ? Avait-il réellement contemplé sa fille déjà à demi-morte de froid et de faim dans les rues de Londres, lorsque cette honteuse mais salvatrice alternative lui avait été proposée ? N’avait-il donc pas perçu qu’il s’était agi d’une question de survie ? Car il s’agissait bien de cet instinct primaire, bestial, de survie, qui avait convaincu la jeune rousse de vendre ses charmes, dans le seul but de ne pas laisser un cadavre gelé sur les pavés de la capitale. Elle avait bien cherché un travail honnête. Elle avait toujours été bonne cuisinière, avait tenu la maisonnée des années durant. Mais le tout-Londres avait claqué ses portes au nez de l’orpheline paysanne qu’elle était. Que fallait-il qu’elle fasse ? Se jeter dans la Tamise, plutôt que de se livrer à une telle infamie ? La tâche est plus ardue qu’il n’y paraît, et l’être humain, pour préserver son existence, si minable soit-elle, est prêt à tous les avilissements. Lucy pouvait tenter de se convaincre indéfiniment qu’elle n’avait pas eu le choix. Mais le regard paternel, désapprobateur, s’était levé vers elle. La poigne qui enserrait ses mains d’un geste tendre était accentuée par une colère mal dissimulée devant le mensonge éhonté de la fille de joie.
La jeune rousse décida de prendre son courage à deux mains. Son pauvre père avait raison. Il ne méritait pas l’infamie du mensonge. Sa fille lui devait la vérité, aussi crue, terrible et honteuse soit-elle. Mais en levant les yeux vers lui, elle lut une tristesse infinie, désabusée, teintée d’amertume sur son visage, se mêlant à la colère devant l’ignominieux destin que son enfant unique avait décidé de suivre. Et Lucy s’aperçut soudain qu’elle aurait pu supporter une colère, violente, dévastatrice, les coups et les insultes sans trop de dommages. Mais le chagrin dans les yeux de cet homme que, sans connaître, elle aimait tant, paraissait insurmontable. Le cœur lourd, les genoux flageolants, ses jambes ployèrent sous le fardeau de la douleur d’avoir blessé le seul homme qui l’ait sans doute aimé un jour, même pour peu de temps. Les larmes de nouveau montèrent à ses yeux à l’instant même où elle décidait d’entrouvrir les lèvres pour s’expliquer, et se gorge se nouait à tel point qu’elle n’était pas certaine de parvenir à parler :
- Père je ne voulais pas…J’ai essayé de ne pas…Mais…mais…Je n’ai pas eu le choix…J’avais faim…Et si froid…J’aurais dû me laisser mourir ? Je sais que je vous ai déçue…Je suis vraiment, vraiment désolée…Je sais ce que je suis devenue, et j’ai conscience que vous ne méritiez pas une fille telle que moi…Pardonnez-moi…
Les larmes ne s’arrêtaient plus. Elles coulaient, silencieuses, muettes et dignes, sans éclats de sanglots indécents, sans gestes désordonnés. Lucy semblait une statue d’albâtre, ne tenant debout que grâce à la poigne paternelle, les torrents de larmes dévalant son visage presque émacié par la privation. Les sanglots avaient au moins le mérite d’aider la lâcheté de la fille de joie, en brouillant son regard qu’elle s’efforçait de maintenir sur celui de son père, insoutenable de chagrin et de colère. Il ne pourrait pas la réconforter. Il ne voudrait pas la réconforter. Quel père serait heureux d’apprendre qu’après sa mort, la fille qu’il avait quitté au berceau était devenue une catin méprisable des bas-fonds de Whitechapel ? Il ne fallait s’attendre à rien. Cette entrevue, à laquelle Lucy avait pourtant tant rêvé, se pourrait très bien, de par sa cruauté et la douleur engendrée, être l’œuvre du Malin…
plumyts 2016
Felix J. Adler
Admin
Âge : 37 Emploi : Horloger Royal. Informations : Souffre d'un autisme d'Asperger • Dyslexique • Est obsédé par son métier • Rêve de travailler sur l'horloge de Big Ben. • Insomniaque. • Parle peu • Se sent mal à l'aise dans une foule • A quelques bases d'Allemand et de Français • A le corps glacé et est d'une pâleur à faire peur • Origines Juives • Possède une Pamphobeteus Platyomma mâle pour animal de compagnie • Est le mari d'Amy S. Adler. Avatar : Johnny Depp Quartier Résidentiel : Lambeth. Messages : 3763Date d'inscription : 14/09/2016
Sujet: Re: EVENT HORS-SUJET N°1 ▬ REMAINS OF THE DAY Mer 8 Nov - 17:12
Event hors-sujet n°1 - Remains of the Day.
« IT'S OFF THE HELL WE GO. »
Quelque part, 31 Octobre 1891.
Felix était toujours proche de sa sœur quand Amy débarqua soudainement dans ses bras sans qu’il ne put l’anticiper. Il manqua de tomber à l’envers quand son épouse se précipita dans ses bras, parlant de sa mère. L’horloger le savait déjà, il l’avait aperçue avec elle, quelques instants auparavant, avant que Simon ne vienne les déranger, Emily et lui. Tandis qu’il sentait les bras d’Amy se refermer derrière son dos, il en fit presque de même, posant ses mains sur ses hanches pour lui sourire doucement, ne sachant pas trop comment réagir. Il fallait croire que même en plein rêve, Felix gardait de la retenue par rapport au regard des autres. En réalité, il aurait très heureux d’aller voir sa défunte belle-mère qui était loin de tous les clichés démoniaques qu’on pouvait avoir sur ce rôle. Avec Angélique, il avait eu le sentiment d’être accepté quelque part, dans une famille, d’en faire réellement partie sans avoir l’impression d’être le vilain petit canard ou juste un intrus. Cependant, c’était seulement avec Angélique, la mère d’Amy, et non son père, qui l’appréciait déjà beaucoup moins. Il se le gardait pour lui, mais il se surprenait parfois à préférer voir sa belle-mère vivante à la place de son beau-père. Mais par respect pour son épouse, il gardait le silence.
Il voulut lui répondre affirmativement quand l’éclat de voix de sa sœur à côté l’interrompit en le faisant sursauter. Il l’avait complètement oubliée. Et il n’allait pas tarder à le regretter. Il savait que les relations entre son épouse et elle étaient tendues, même si les deux femmes se connaissaient à peine. Il repoussa légèrement Amy, gardant cependant ses mains sur ses hanches, tournant une mine inquiète vers Emily qui semblait complètement désorientée. Elle cria alors sur son jeune frère, l’accusant d’avoir tué leur père. Felix avait vaguement entendu parler de cette histoire mais voulait rester le plus à l’écart possible. Après tout, il n’avait jamais été proche de cette famille, il ne voyait donc pas l’intérêt d’être mêlé à ces affaires. De plus, il était parti de Liverpool à cause de la naissance de Simon, autant dire qu’il était très indifférent face à son décès, presque réjoui même. Et il était soulagé de n’y être en rien responsable, étant ainsi immunisé contre une possible machination de leur mère. Il regarda Emily, mais ne bougea pas, se sentant impuissant, gardant ses mains sur les hanches de son épouse, ne sachant plus où donner de la tête. Felix pouvait faire preuve d’une concentration à toute épreuve mais pouvait être aussi très vite déstabilisé.
Ce fut alors qu’une silhouette qui lui était familière s’approcha. Il fronça doucement les sourcils quand l’homme s’approcha de lui. Ce fut quand il reconnut son mentor qu’il lâcha finalement Amy pour faire finalement faire face à l’homme qui avait changé sa vie. Felix eut l’ombre naissante d’un sourire, l’émotion faisant déjà briller ses yeux d’un éclat rare d’admiration et d’émotion, avant que Forel ne prenne la parole, l’accusant de l’ignorer et d’avoir ignorer sa famille après sa mort. Le visage de l’horloger se figea avant de se crisper dans une mine tendue. Il se mordit la lèvre inférieure mais ne parvint à baisser les yeux, continuant de fixer le maître horloger. Il était vrai que Felix avait complètement abandonné la femme et le fils de celui qui avait transformé sa vie. Il était vrai que le fils de ce dernier avait fini par décéder d’une maladie pourtant bégnine par manque de soins, soins que la veuve Forel n’avait pu se payer par manque d’argent, Felix s’étant évanoui dans la nature ou plutôt, dans son atelier après la mort du mentor. Le jeune horloger était parfaitement responsable et il s’en voulait à présent. Il avait détruit une famille et pouvait imaginer ce que cela faisait que de perdre son enfant. Mais à l’époque, il était irresponsable. Préférant se cacher, fuir et subir plutôt que de faire quelque chose face aux problèmes.
— Je… Je…
Ce fut tout ce qu’il parvenait à murmurer. Tout tourna autour de lui, oubliant Emily aussi perdue que lui et Amy, pourtant proche. Ses yeux gris s’embuèrent de larmes, larmes qui venaient pourtant rarement. Il ne savait comment réagir, il ne savait quoi dire. Il ignorait la façon dont il pourrait se faire pardonner. Felix, involontairement, s’était servi des Forel pour se hisser dans la société. Ce fut seulement un nom supplémentaire dans la longue liste des familles détruites par les Adler. Il n’ignorait pas que ses parents aient fait tous ce qui était dans leur pouvoir pour garder leur titre de bourgeois de Liverpool. Il s’effondra alors sur ses genoux, cacha son visage dans ses mains sous la honte mais ne dit rien, ne fit rien. Il était immobile, comme soudainement transformé en pierre.
plumyts 2016
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Sujet: Re: EVENT HORS-SUJET N°1 ▬ REMAINS OF THE DAY Jeu 9 Nov - 19:25
Remains of the day
Now don't close your eyes and don't try to hide or a silly spook may sit by your side
Tout commençait à partir en vrille. Emily sentait que l'atmosphère devenait de plus en plus oppressante chaque seconde. Chacun semblait vivre ses propres cauchemars, et la jeune femme entendait des bribes de désespoir de part et d'autre. Elle n'avait plus qu'à y ajouter le sien... Ou celui de Felix. Ce dernier venait de se faire attaquer par un homme, mort, lui reprochant de l'avoir ignoré. Eh bien oui, il était mort, que faire d'autre ? Vu dans l'état dans lequel il mettait son frère, ça n'annonçait rien de bon. Voir quelqu'un malmener autant on frère chéri la mettait dans une colère presque plus noire que le retour de Simon. Elle était sur le point de les séparer lorsque ce dernier reprit la parole. Encore ! Ne pouvait-il pas mourir en paix ?
« C'était pas ma faute... j'ai pas fait exprès ! C'est pas comme ça que moi je suis mort ! Moi je suis mo...mort parce que tu... tu m'as dit de partir... Il faisait froid ! »
Emily roula ses yeux au ciel. Il était toujours aussi naïf et stupide, c'était insupportable. Qu'est-ce qu'il avait à faire son innocent alors qu'il n'avait tout simplement rien dans la caboche ? Vu que Felix n'était pas apte à les écouter, elle n'avait aucune raison d'être horrifiée par ses propos. Elle avait seulement envie de le faire taire une bonne fois pour toutes pour pouvoir aller aider son frère, celui qui comptait.
« Ta faute ou pas, tu l'as fait. Tu as tué notre père de tes propres mains, pesta-t-elle dans une once de compassion. Cesse de te morfondre, tu as commis un CRIME, Simon ! Pire, un parricide ! Tu ferais mieux d'essayer de faire la paix avec toi et tes mains tâchées de sang par la bêtise au lieu de m'accuser. Pourquoi m'as tu écoutée, si tu avais froid ?! continua-t-elle plus fort. Tu te serais jeté d'un pont si je t'avais demandé de le faire ? elle commençait à se calmer un peu. Mais une lueur plus mesquine était présente dans son regard. Ah, Simon... Simon... Tu ne changeras jamais. Et tu sais quoi ? Si cela était à refaire je ferais exactement la même chose. Je n'ai aucun regret. D'ailleurs je te le demande une nouvelle fois. Pars. Pars d'ici. Laisse moi tranquille une bonne fois pour toutes. Ton existence ne fait que pourrir la mienne, un peu comme ces tâches que tu as sur la main. »
S'il cherchait une rédemption, il pouvait la chercher sans elle. Elle en avait assez de tout son cirque, et elle n'avait aucun comptes à rendre avec lui. Maintenant qu'il connaissait tout le fond de sa pensée, peut-être serait-il capable de passer à autre chose et de la laisser tranquille. En attendant, ce n'était pas ce chouineur de Simon qui avait besoin d'elle à ce moment là. Felix était maintenant accroupi au sol, les mains couvrant son visage. Le cœur d'Emily se brisa à cette vision, n'ayant pas l'habitude de voir Felix aussi... brisé. La jeune fille alla le rejoindre à sa hauteur, alarmée.
« Ça va aller Felix ! Je suis là. Nous ne pouvons plus rien pour eux. »
Emily finit par s'asseoir sur le sol crasseux, espérant sortir son frère de sa spirale de honte. S'il avait commis des erreurs, il n'avait pas fait exprès. C'était bien différent que de tirer sur son propre faire sans faire exprès... En tout cas, ça l'était aux yeux de Miss Adler. Cette dernière leva la tête. D'un côté, Simon, de l'autre celui qui en voulait à Felix. Peut-être qu'elle avait un peu peur après tout... L'air était vraiment malsain. Allaient-il les attaquer ? Emily voulait juste être tranquille avec son frère qui souffrait tant...
« Allez-vous en... » soupira-t-elle en les observant l'un comme l'autre.
Elle n'osait pas détacher son regard d'eux... De peur qu'ils fondent sur eux en un éclair.
plumyts 2016
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Sujet: Re: EVENT HORS-SUJET N°1 ▬ REMAINS OF THE DAY Sam 11 Nov - 15:53
Remains of the day
Grim grinning ghosts come out to socialize
Son père partit dans un discours qui effrayait de plus en plus la jeune veuve. Se moquait-il d'elle ? Il semblait que la situation l'amusait énormément. Mais pas dans une bienveillance notable... Il se délectait de tout ça. Et cela faisait froid dans le dos...
« Ma pauvre enfant… tu regrettes notre dispute, mais voilà pourtant que tu t’adresses à moi dans la plus grande des hontes. Envisager épouser un misérable ouvrier londonien… tu n’as donc aucune remords ? Tu pensais que je ne saurais rien et que tu pouvais obtenir mon pardon avec une telle pirouette ? »
Elle ne savait pas pourquoi, mais plus il parlait, plus la terreur envahissait son corps. La colère, aussi, bien évidemment. Après tout ce temps il avait toujours le même discours... Était-il une simple projection de ce dont elle se souvenait de lui ? Se souviendrait-elle toujours du père avec qui elle s'était querellée plutôt que du père qui l'avait aimée ? En tout cas, il avait l'air bien trop réel pour que ce ne soit que son imagination... Les yeux de Melanie s'agrandissait au fur et à mesure que sa voix d'outre-tombe lui assénait les reproches qu'elle avait entendu mille fois, mais le coup final fut le rire macabre qu'émit Mr. Ravenswood à la fin de sa petite tirade. La jeune femme sursauta et sentit son cœur s’accélérer, comme si un coup de tonnerre avait retenti bien trop très d'elle. Et l'écho se propagea dans tout le pub, suivant l'exemple du rire sarcastique du fantôme. Cette fois, Melanie était définitivement terrifiée.
« Après tout ce temps, après tout cela vous... vous tenez toujours ce discours... Père, je regrette ma dispute avec vous, jamais ce que j'ai fait... Nous nous aimions réellement... »
Elle aurait voulu dire tellement plus, mais sa respiration était vraiment difficile et ses tremblements de peur l'empêchaient de s'exprimer totalement. Après ce qu'il lui avait dit, elle n'espérait aucun pardon, et cela était même devenu le cadet de ses soucis, en fait. Elle avait eu raison d'avoir peur de lui, même si ce n'était que parce qu'il avait un aspect des plus déplorables... Mais là tout était différent. Melanie se sentait en danger. Elle voulait sortir. Mais elle était pétrifiée. Elle avait le sentiment que si elle tentait de sortir, son père et ce qui semblaient être ses disciples allaient l'en empêcher. Elle se contenait alors de fixer le cadavre d'Henry avec de grands yeux, la bouche s'ouvrant et se fermant de temps en temps. Elle ne savait pas quoi lui dire. Avait-elle seulement eu raison de lui parler ? Mais comment pouvait-elle savoir que cela allait la mener ici ? Elle ne comptait pas non plus sur sa compréhension. Il ne validerait jamais l'amour qu'elle avait eu pour son fiancé. Melanie ne comprendrait jamais ces histoires de classe sociale. Tant que l'amour était là, qu'est-ce qui comptait ? Au fond, elle savait que son père n'avait pas beaucoup aimé sa mère, et qu'elle avait une notion de l'amour qui était bien différente de la sienne... Enfin, la mort ne pouvait-elle pas faire relativiser l'esprit sur la vie ? Melanie ne savait pas pourquoi elle espérait que son père soit compréhensif, mais elle y croyait encore.
« Mais êtes vous vraiment mon père, après tout ? Vous en avez l'apparence et la voix, mais mon père n'a pas toujours été aussi rancunier. Pourquoi m'en voulez-vous toujours après la mort ? Tout cela ne vous semble pas futile désormais ? »
La jeune veuve se rendit compte qu'elle avait reculé instinctivement. Elle sentait une table dans le bas du dos, à présent, ce qui la coupa dans ses dires. Avait-elle eu raison de lui dire ça ? ... Melanie s'attendait au pire... Ses mains étaient déjà croisées dans son dos, et elle avait cherché à tâtons une quelconque arme, instinctivement, mais il n'y avait rien. La panique commençait à monter. Elle sentait que son père, ou ce qu'il en restait, ne serait pas de son avis, loin de là. Dick... où était Dick ? Melanie le chercha des yeux, et il se trouvait toujours au même endroit. Un petit soulagement pointa en elle. Mais l'atmosphère avait également changé de son côté, et sa femme semblait le regarde de manière très amère. Cela n'annonçait rien de bon... Qu'était-il en train de se passer ici ?!
plumyts 2016
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Sujet: Re: EVENT HORS-SUJET N°1 ▬ REMAINS OF THE DAY Dim 12 Nov - 1:55
Remains of the day
La peur agit sur nous de manière différente d’une personne à l’autre. Certains s’évanouissent et d’autres pleurent. Jeanne avait déjà vu un homme faire dans son pantalon… Pour sa part, elle hurlait. Elle était incapable d’arrêter de pleurer et de crier sous la peur et l’émotion que ce spectre du passé lui faisait ressentir. Elle n’avait jamais cru aux fantômes et elle ne savait même pas ce qu’elle pensait réellement de l’au-delà. Lire dans l’avenir? Contacter les morts? Foutaise! Ce n’était que mise en scène et tour de passe-passe! Elle ne pouvait pas voir les morts et elle ne croyait même pas à leur existence! Alors, tomber sur le spectre de son père l’avait un peu déboussolé. Son esprit cartésien ne pouvait pas accepter l’évidence et elle s’était mise à paniquer en imaginant que c’était un masque. Elle cherchait toute explication plausible à ce qu’elle voyait. Sa main tenait la sienne et il essayait de l’apaiser, en vain. Comme il le faisait quand elle était petite après un cauchemar. Elle avait du mal à accepter ce qu’elle voyait parce que cela voulait dire que tout ce qu’elle croyait était faux. Était-elle prête à chambouler ses croyances? L’homme lui dit qu’il n’est pas fier d’elle et de ses manigances. Elle eut un hoquet de surprise. Comment…? Personne ne pouvait savoir à part ses plus proches complices. À moins que… qu’il voyait tout ce qu’elle faisait? Quand ce dernier fait mine de s’éloigner, elle a l’impression d’être redevenue une enfant. Seule… Sans proches ni soutiens, la seule personne qu’elle aimait ici était son père et s’il partait… Elle serait seule entourée de morts sans savoir comment rentrer… Paniquée devant cette perceptive, elle se jeta dans les bras musclés de son père. Ses yeux pleins de larmes se posèrent sur lui. À une époque bien lointaine, elle avait eu un cœur. Et la mort de son père l’avait bouleversé et la bouleversait toujours autant même si elle souhaitait se le cacher. Il avait été sa principale richesse avant qu’elle le remplace par la richesse et son envie de porter un titre de la noblesse.
- Père! Vous ne savez pas à quel point vous m’avez manqué! La vie est dure! Vous ne savez pas tout ce que j’ai dû faire pour survivre à la pauvreté !, dit-elle en oubliant volontairement le fait que ses magouilles dépassaient le besoin de vivres, mais démontraient tout simplement son avarice et sa cruauté. Vous me connaissez mieux que quiconque! Vous savez que ma vie, c’est le cirque! Je veux devenir quelqu'un de meilleur!
Certes, cela avait été vrai à une autre époque où elle n’avait aucun égocentrisme en elle, mais ce n’était plus le cas depuis la mort de son père. Elle était si bonne menteuse qu'elle en oubliait qu'elle ne le pensait pas réellement. Seul son père avait su connaitre la différence. Elle ne voyait pas ce qui se passait autour en croyant toujours que cet homme était son père même si, quelque chose en elle, lui disait de courir.
Sujet: Re: EVENT HORS-SUJET N°1 ▬ REMAINS OF THE DAY Dim 12 Nov - 13:01
Remains of the day
"Davy..."
J’étais restée dans mon coin sans rien dire, me cachant le visage dans mes bras. Paradoxalement, les vivants me faisaient presque plus peur que les morts. Mais au moins, là où je suis, personne ne vient m’embêter. Néanmoins, l’atmosphère se faisait de plus en plus pesante. Je ne savais pas ce qu’il se passait, mais il faisait de plus en plus chaud et j’avais peur. Je voulais que cela cesse, que l’on me laisse retourner dans ma chambre, dans le manoir Renfield. Au moins, là bas, je serais en sécurité. Personne ne m’embêterait. Et, pour me changer les idées, je pourrais faire un peu de ménage. Pourquoi les choses ne se passent jamais comme prévu ?…
C’est alors qu’une main se posa sur sur mon épaule. Aussitôt, je tressaillis et releva ma tête. Je n’osais plus bougé, pétrifiée de peur. Mon cœur, qui avait loupé un battement à ce moment là, s’emballa rapidement. J’avais la bouche sèche et je n’osais même plus bougé d’un millimètre. C’est alors qu’une voix m’adressa la parole… Une voix que je connaissais que trop bien… Une voix qui avait su me faire tourner la tête à une époque. Cette voix, sortit d’outre tombe (comme beaucoup de choses ici), se montrait rassurante. En plus de cette voix, je sentis son souffle, glacial, à mon oreille. Il était vraiment tout prêt de moi et puis… Cette façon de parler, ce rire… Je voulu me retourner mais, j’eus à peine bougé qu’il me teint plus fermement… Ce n’était pas à son habitude de tenir tête à un de mes désirs à moins qu’il sache pertinemment que cela me décevrait. Mon regard se porte alors sur les autres morts. Bien sur… La réponse se trouve sous mes yeux. Il est tel qu’on l’a laissé. Le revoir, c’était comme revivre de façon figée sa mort à lui. Je ferme alors les yeux et pose ma main sur la sienne, prise par un soudain élan de courage. Mon dieu… il était glacial. Lui qui avait toujours les mains chaudes et qui avaient l’habitude de mes les réchauffer en hiver. Je ne le regarde pas encore et murmure.
« Davy… »
Je me retourne alors sèchement et le regarde. Je ne pus m’empêcher de lâcher un petit cri et de mettre mes deux mains sur ma bouche en le voyant. Il avait toujours cet air charmant sur le visage, comme-ci que rien ne s’était passé si seulement… Un trou béant se trouvait au milieu de son front, me rappelant alors de quel façon on lui avait arraché la vie. Oh mon magnifique compagnon… Qu’est ce que l’on t’a fait ?! Je le savais bien mais comment avait on osé te faire autant de mal à toi, si gentil, toi qui m’a toujours protégé et qui n’a jamais fait de mal à personne. Doucement, je tends mes bras vers son visage que je caresse doucement. Il était froid, si froid… mais il était là. Je ne m’en étais même pas rendu compte, mais déjà mon visage était déjà couvert de larmes, ces larmes qui coulaient en abondance, à la fois par plaisir de le revoir, mais aussi par tristesse de voir dans quel état il se trouvait.
« Davy… Qu’est-ce qu’on t’a fait ?... »
Je l’avais retrouvé… Non… IL m’avait retrouvé. Je ne réponds rien à ses paroles mais je n’en pensais pas moins. Moi qui voulait partir l’instant d’avant, ne voulait absolument plus bouger à présent. Car il était là. C’était sûrement méchant de penser ainsi, mais je peux le dire sincèrement. Revoir Davy avait totalement effacé Loban de mon esprit. Et que, quitte à choisir, je préférais rester ici, dans ce monde mort, que de retrouver le confort du palace de mon sauveur. Ici, j’étais avec lui.
Amy est très douée dans son domaine, la couture. ⊹ Ressentais une profonde frustration envers son mari durant les cinq précédentes années, ce qui l'incitait à accepter plus facilement les avances d'autrui. ⊹ A des tendances névrosées et borderline. ⊹ Ne supporte pas/ou difficilement les enfants en bas âge. ⊹ Apprécie la compagnie de l'alcool et du tabac bon marché. ⊹ Est d'une grande immaturité. ⊹ Très facilement morte de jalousie en compagnie d'autres femmes. ⊹ Manque de confiance en elle-même et a souvent besoin qu'on la rassure sur son apparence. ⊹ Passe beaucoup trop de temps devant le miroir à peigner ses très longs cheveux noirs. ⊹ Femme de Felix J. Adler. ⊹ A ouvert récemment un bordel de luxe dans un vieil hôtel rénové de Whitechapel. Avatar : Eva Green Quartier Résidentiel : Londres Messages : 3210Date d'inscription : 17/09/2016
Sujet: Re: EVENT HORS-SUJET N°1 ▬ REMAINS OF THE DAY Dim 12 Nov - 14:38
Event hors-sujet n°1 - Remains of the Day.
« IT'S OFF THE HELL WE GO. »
Quelque part, 31 Octobre 1891.
Pour un rêve, tout ceci ne manquait pas de troubler la jeune femme. Le brouillard s'intensifiait, et déjà son mari l'écartait quelque peu d'elle, gardant ses mains à ses hanches. Serait-il donc toujours aussi tout subtil en faible retenu ? Elle s'imaginait pouvoir prendre un peu de joie à sa présence, malgré la foule tout autour, car après tout ce n'était qu'un rêve. Mais il gardait toujours ses mains sur sa peau, à travers la longue et belle nuisette opaque -pour une fois, et cela suffisait à la rendre joyeuse. Elle n'en demandait pas plus, à vrai dire. C'était déjà tellement bien plus par rapport à tout ce qu'aurait pu faire un véritable Felix en public, s'ils avaient été dans le monde réel de la réalité véritable. Mais Amy en cette seconde, ne se soucia pas du monde alentour, ni même de la soeur qui déjà se détournait d'eux après qu'elle lui ait crié dessus. La couturière ne l'écouta pas, et n'entendit d'aucunes oreilles même le discours de l'enfant gelé qu'elle ne regarda même pas. Elle n'avait d'yeux que pour son mari, alors qu'elle s'apprêtait à tourner la tête pour rattraper d'un coup d'oeil l'emplacement de sa mère et s'y diriger d'un pas joyeux, main dans la main avec son charmant et adorable mari. Mais rien n'approcha son oeil car déjà tout devenait trouble. Elle ne voyait plus l'ombre de sa mère, son sourire à travers la foule. Celle-ci ne s'était pourtant pas raffermi; le brouillard n'arrangeait pourtant rien. Amy était persuadée qu'elle ne l'avait pas laissé si loin que cela, après tout, elle avait pu voir Felix de là où elle se trouvait, alors pourquoi l'inverse serait impossible ? Il lui semblait malheureusement qu'elle ait disparu. Un hoquet de surprise et de déception lui traversa la gorge.
Après tous, la ligne des rêves est subtile, c'était presque logique et cela appuyait encore plus la jeune couturière dans l'idée que celle-ci ne vivait qu'un simple rêve. Les choses venaient et disparaissaient, la matière irréelle goûtait dans des cintres sans forme. Il était normal que le sol tremble, que les individus disparaissent au profit de la suite du rêve, que l'on ne pouvait arrêter, tout comme le temps. Tout ceci n'éveilla cependant en l'âme d'Amy qu'une peur soudaine: que Felix puisse lui à son tour s'évanouir dans l'atmosphère. Car il était comme l'ancre qui permettait à Amy de se retrouver une douceur sucrée dans l'errance du songe. Tant qu'il était là, la jeune femme ne pourrait passer du rêve au cauchemar.
Pourquoi voici déjà qu'un homme s'approche de son mari, l'ôtant alors de son emprise. Comment cela était-ce possible ? Amy perdait alors le pied dans l'eau de son rêve. N'avait-elle donc aucun contrôle sur cet onirisme forcée ? Avec une lenteur presque fantastique, les gens se mouvaient autour d'elle, des clans semblaient étrangement se former à certains emplacements de la place. Des vivants qui parlaient avec d'autres morts, des visages qu'elle n'avait jamais vu parlant à des oreilles dont elle n'avait jamais entendu parler. Pourquoi tout ne pouvait-il pas être plus simple ? Elle se retrouvait alors seule au milieu de ces gens qui avaient tous quelqu'un. Même Felix ne la regardait désormais plus, comme défait par les paroles du vieillard. L'horloger tomba à genoux, incapable de parler. Amy les regardait, sans dire un mot. Qu'est-ce que tout cela voulait signifier, elle ne savait pas, elle voulait juste se réveiller. Le cauchemar venait tout doucement prendre le pas sur le rêve. Amy ne savait plus quoi. Ce fut donc la tristesse au regard qu'elle s'agenouilla auprès de lui et entoura ses épaules de ses bras pour murmurer:
- Chut... mon chéri, tu es dans un simple rêve... ce qu'il dit n'a pas d'importance... reste plutôt avec moi...
Sujet: Re: EVENT HORS-SUJET N°1 ▬ REMAINS OF THE DAY Lun 13 Nov - 9:27
Event hors-sujet n°1 - Remains of the Day.
« DEVIL BENEATH MY FEET. »
Quelque part, 31 octobre 1891.
Edgar était resté immobile, attentif à ce qu’il se passait autour de lui. Certains semblaient l’avoir écouté et c’était tant mieux. Plus les choses avançaient, plus les vivants semblaient porter attention à ce que leurs morts disaient. Pourtant, il se méfiait toujours autant si ce n’est plus. Quelque chose lui disait que rien n’était réellement digne de confiance. Cependant, ne disait-on pas « les morts ne mentent pas » ? Pour Edgar, ce n’était que des balivernes. Tout le monde ment. Ainsi, il restait dans son coin, non loin de la porte d’entrée à épier ce qu’il se passait, réfléchissant à une sortie possible. Car survivre c’était une chose mais revenir dans le monde des vivants, aussi difficile que cela soit, était nécessaire et surtout pressant. Cependant, il n’avait aucune indication, aucun indice sur la manière de procéder. Il avait déjà remarqué que certaines personnes vivantes avaient tenté de se pincer pour se réveiller et qu’ils étaient, visiblement toujours là. De toute façon, il se demandait si cette technique avait véritablement fonctionné un jour. Pour lui, pour se réveiller d’un cauchemar, il lui suffisait d’ouvrir les yeux physiquement. Mais tout le monde ne fonctionnait pas de la même manière que lui, et c’était en soi bien normal.
Il remarqua cependant une silhouette sortir de la brume, non loin du paternel d’une des femmes présentes ici. Cependant, il fallut croire que c’était son tour de voir des visages du passé puisque son épouse s’approcha de lui, avec un sourire. Edgar ne bougea pas, n’oubliant pas ses propres paroles sur le sujet. Néanmoins, cela faisait tellement longtemps qu’il ne pouvait pas s’empêcher de la laisser venir à lui et de poser ses mains sur ses joues. Le vieil homme sourit tendrement, malgré que le contact de ses paumes soit glacial. Il prit l’une de ses mains et la caressa lentement tout en la regardant dans les yeux, souriant toujours. Il la laissa parler et faire, continuant de la regarder dans les yeux en souriant. Elle posa des questions seulement sur l’unique phrase qu’Edgar avait dite depuis le début. Elle lui demanda aussi s’il ne lui faisait pas confiance à elle non plus. La réponse était toute prête. Bien évidemment que cela lui faisait plaisir de voir son visage bien qu’il se serait passé de toutes les marques de violences et autres coups de poignard sur le corps de son épouse. Cependant, elle ne restait tout de même pas de ce monde. Il dit alors sur un ton doux :
— Tu n’es pas réelle… Regarde, les morts se disputent déjà auprès de leurs proches… Toi aussi, tu vas me reprocher quelque chose ?
Il souriait toujours avec beaucoup d’amour et de tendresse. Il posa sa main sur la joue brune de son épouse et la caressa du pouce. Tant qu’il ne la suivait pas, il ne risquait rien, du moins, il en avait cette impression. Parler n’était pas dangereux, tant qu’elle ne commençait pas à le blâmer pour quelque chose. (Elle en aurait, pourtant, des choses à lui reprocher.) Mais non, il resta immobile et silencieux, profitant de cet instant avec son épouse qui serait sûrement le dernier pour l’éternité.
plumyts 2016
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Sujet: Re: EVENT HORS-SUJET N°1 ▬ REMAINS OF THE DAY