Entendant résonner les cloches de Big Ben au loin, je sortais ma montre à gousset pour me faire une idée plus précise de l'heure qu'il était. Dix heures du soir. Je me trouvais en ce vendredi soir, seul, chez moi a Westminster assit dans un fauteuil, faisant face à un bon feu de cheminée qui me réchauffais en cette froide soirée de début d'hiver. Ce genre de situation était assez étrange pour moi car si mes journées étaient assez tranquilles, mes soirées pouvaient être souvent agitées. Hé oui au risque d'en surprendre certains, bien que noble, j'avais une vie légèrement dissolue. Attention, je tiens à préciser que gardais tout de même des manières dignes de mon rang et ne manquais jamais à mes devoirs en tant que propriétaire de domaines. Mais je ressentais très souvent le besoin de sortir de ces lieux austères, étriqués et je trouvais chaque fois l'occasion pour aller passer mes soirées dehors, a flâner dans les quartiers de notre grande capitale.
Ne voulant pas rester à prendre racine dans mon logis, je me décidais donc à sortir prendre l'air et m'aérer l'esprit mais je n'avais pas encore choisit la façon dont j'allais me détendre. Je prenais mon haut-de-forme avant de le placer sur ma tête, je réajustais ma cravate et sortais après avoir enfilé ma redingote. Les rues étaient désertes. Seuls quelques fiacres parcouraient encore les avenues de Westminster car à cette heure avancée de la nuit, les aristocrates se trouvaient déjà dans les salons depuis quelques heures et seuls les retardataires y circulaient encore. Moi je décidais de me promener à pied dans les rues, sans but précis. C'est ainsi que je me retrouvais, plusieurs minutes plus tard, dans les environs de Whitechapel. Au fur et à mesure que je me rapprochais de ce quartier, je pouvais voir le paysage évoluer. Les rues bien pavés et " propres " de Westminster avaient laissés place a des chemins de terre, légèrement boueux. Les rues étaient plus animés, plus " vivantes " mais il fallait voir la vie qui se développait dans ces lieux de perditions. Voleurs, mendiants, prostituées, alcooliques. Tout ces individus vivaient les uns sur les autres, se bousculaient, s'haranguaient, se querellaient sans aucunes limites. Une véritable fourmilière. Les quartiers qui étaient vides pouvaient, en quelques minutes, se retrouver totalement envahit. Les petites ruelles de ce quartier, telles des veines, s'entrecoupaient sans aucunes logiques et se rejoignaient dans des rues plus grandes, véritables artères de Whitechapel. J'essayais, difficilement, de me frayer un chemin parmi cette foule d'individus bigarrée et vivante. C'est alors qu'en levant la tête, je vis que je me trouvait juste à côté du cabaret où j'avais l'habitude de retrouver Athénaïs, une jeune prostitué que je fréquentais de façon régulière et à qui je tenais énormément. Je me décidais alors à lui rendre une visite de courtoisie, en tout bien tout honneur cette fois ci. J'entrais donc et demandais au tenancier du cabaret si la jeune demoiselle se trouvait dans les environs. Mais la réponse du cabaretier fut négative. Il n'avait pas vue Athénaïs de la soirée. Le remerciant, je m'apprêtais à sortir de ce lieu lorsqu'un mouvement de foule attira mon regard. Quelques hommes venaient de se diriger vers un des coin de la taverne où une petite porte qui semblait donner sur l'arrière cours.
Piqué de curiosité, je me décidais à suivre ces individus. Je savais que dans ces cours, s'organisait divers évènements comme des paris sur des matchs de boxe, pratiques qui, si elles n'étaient pas interdites, étaient fortement limités ou réservés aux élites car elles pouvaient souvent dégénérées lorsqu'elles étaient pratiqués de tels lieux et a grand renforts d'alcool. J'étais un fervent admirateur de cette coutume et ne me défendais pas trop mal lorsqu'il m'arrivais d'y participer. Lorsque j'ouvris la porte, je découvris un escalier qui descendait sous la taverne et non dans l'arrière cours. Je descendais les quelques marches et trouvais une arène improvisée. J'avais raison. Un combat de boxe avait été organisé et avait lieu en ce moment même. Je me mêlais au publique publique qui étaient déjà fortement avinés en ce qui concernait certains individus. Le combat semblait très intéressant et je voyais rapidement qu'un des deux combattants avait déjà largement prit le dessus. Tout en restant silencieux, je ne cessais d'observer la scène et ce boxeur qui semblait particulièrement doué.
Fergus Lynch
Âge : 36 Emploi : Fondeur Informations : Orphelin déposé au seuil d'une institution quelques semaines après sa naissance ✘ Ignore tout de ses origines, et n'y accorde aucune importance ✘ Fraie dans le monde de la petite délinquence depuis sa plus tendre enfance ✘ Ancien chef d'une bande gosses aventureux, à présent dissolue ✘ Suite à ça, a passé plusieurs mois en maison de correction ✘ La mort d'un de ses meilleurs amis, atteint de syphilis, a suffi à le convaincre de ne pas s'approcher des prostituées, règle qu'il suit toujours ✘ A fondé la Tribu, gang des rues sévissant à Whitechapel, dont il connait les moindres recoins ✘ Participe régulièrement à des combats illégaux organisés dans des bars, desquels il tire un joli pactole, ainsi que quelques petites cicatrices sur tout le corps ✘ Amateur d'armes blanches, il se sépare rarement de son couteau de boucher, tout comme de son vieux chapeau melon ✘ Se moque bien des forces de police, avec lesquelles il n'hésiterait pas à en découdre ✘ Ne voue que mépris à l'aristocratie et aux autres parvenus, mais grâce aux paiements reçus en échange de l'aide de son gang, il recrute de plus en plus d'adeptes, et accroît l'influence de la Tribu : son ambitieux objectif n'est autre que de faire tomber sous sa coupe Whitechapel et Southwark, pour mieux leur donner un second souffle, ainsi qu'une capacité de réponse envers les injustices infligées par les strates plus aisées de la société. Avatar : Michael Fassbender Quartier Résidentiel : Les bas quartiers de Whitechapel, son modeste fief Messages : 365Date d'inscription : 05/10/2016
Sujet: Re: Quel sera l'issu du combat ?! feat Fergus Lynch Ven 28 Oct - 17:44
Quelle sera l'issue du combat ?!
« The show must go on, I'll face it with a grin I'm never giving in, I'll top the bill, I'll overkill. »
Bars et cabarets de Whitechapel, 1890
Il n’existait qu’une seule manière valable de juger de la qualité d’un combattant. Ceux qui vous assureraient qu’il suffisait de lire dans son regard pour estimer sa force de caractère, ou encore de deviner quels styles de joute se trouvaient mêlés dans ses coups ne vous auraient pas induits en erreur, ni même menti, sans pour autant réaliser qu’ils manquaient l’essentiel. Lynch, en connaissance de cause, s’était forgé sa propre opinion sur le sujet, nourrie par la collection de duels amateurs qu’il avait menés pour finalement, en un sens, se muer en boxeur semi-professionnel, au vu des sommes amassées jusque-là grâce à ses talents. Si vous ne deviez retenir qu’une seule chose, qu’une unique astuce capable de presque assurément vous permettre de prendre l’avantage, et qui sait, peut-être de vous illustrer dans la cour des grands : regardez les pieds de votre opposant. Aussi rudimentaire cette perle de sagesse puisse paraître, elle s’était révélée plus d’une fois des plus précieuses pour Fergus. La violence, le triomphe, l’argent relativement facile, tout cela ne manquait pas de charme, mais se sentir progresser dans un art pour le moins complexe lui donnait une satisfaction plus différente, autrement plus gratifiante qu’une prime, ou qu’une réputation de berserk. D’une simple démarche, observée du coin de l’œil, il devenait possible de déduire les points d’appuis adoptés de préférence, de quel côté l’adversaire effectuait ses évitements, sur quel pied son poids reposait-il le plus souvent lorsqu’il reprenait son souffle… Ces précieux indices se lisaient bien loin des poings, sur lesquels se focalisaient bon nombre de débutants –comme si voir partir un coup vous permettait de mieux l’esquiver-, ou encore les prunelles de l’ennemi. Peut-être était-ce faire offense à la noble science du pugilat, peut-être était-ce plus tenir du filou que du noble bretteur seulement armé de ses mains nues, de sa résilience et de son courage… Particulièrement peu sensible aux scrupules, et encore moins à l’idolâtrie de codes d’honneur chevaleresques archaïque, l’Anglais appartenait corps et âme à son époque : bienvenue dans l’ère moderne, résolument capitaliste et sans pitié, où les faibles finissaient piétinés, sacrifiés sur l’autel du profit, environné des usines des temps industriels avalant des montagnes de charbon pour en régurgiter fumées toxiques et inégalité sociales à profusion. À siècle pétri de cruauté cynique, manières aussi insensibles que discutables.
Néanmoins, depuis le début de la soirée, Fergus n’avait eu que peu recours à son truc fétiche. Il ne s’était rendu dans cette taverne que pour passer du bon temps avec ses hommes, commentant de concerts les quelques volontaires venus tenter de décrocher le pactole, et l’amour de la foule tout en trinquant. Alors qu’il sirotait tranquillement le contenu de sa chope, le fondeur ne pouvait que repérer, par habitude, les grossières erreurs des uns, nullement exploitées par les autres, aussi mauvais que leurs soi-disant concurrents. Trop approximatifs, trop accaparés par les paris lancés alentour les concernant, ou les coups d’œil des serveuses, aux épaules savamment dénudées pour mieux encourager les clients à consommer, et ainsi avoir une chance de leur faire du gringue. Un de ses sourires amusés dut cependant être remarqué par le dernier « champion » en lice, car le fameux énergumène gaillard massif au crâne rasé mais à la barbe fournie, l’invectiva haineusement, le défiant de venir l’affronter, s’il l’osait. À l’évidence, ce brave homme avait abusé de l’alcool, compte-tenu de son élocution un brin pâteuse, ainsi que le léger tangage animant sa masse de muscles. Un Goliath certes plus grand et plus costaud que lui, mais bien plus éméché… Fergus, ayant beaucoup moins bu, avait donc toutes ses chances. D’ordinaire, quand il participait à ce que les bookmakers vantaient pour être des « tournois », il prenait soin de demeurer parfaitement sobre, autant pour demeurer au maximum de ses capacités que pour profiter pleinement des sensations éprouvés en faisant mordre la poussière à deux ou trois petits vantards ; deux petites bières de rien du tout ne le gêneraient cependant pas énormément face au titan titubant. L’ouvrier se leva donc, grand prince, plus attiré par la victoire facile que réellement sensible à la perspective de passer pour un lâche s’il refusait de céder au caprice d’un ivrogne. Qui de toute manière aurait tourné le dos à son instant de gloire, quand bien même celui-ci dût-il avoir lieu dans un bar de seconde zone, et en venant à bout d’un pauvre bougre juste trop imbibé pour prendre garde à ses propos. Le Britannique prit donc plaisir à chauffer le public, avec ce talent quasi inné que lui auraient envié bien des bonimenteurs et ce sourire si indescriptiblement percutant, ce qui ne fit que fulminer plus encore celui l’ayant défié. C’était en réalité un malin plaisir que Fergus prenait, à ainsi le faire tourner en ridicule, mais enfin, n’était-ce pas ce triste sire qui était venu le chercher, alors qu’il ne demandait rien à personne ? Tout ce beau monde allait en avoir pour son argent, assurément. Les spectateurs, déjà enflammés, semblaient avoir clairement pris le parti du sale gosse qu’aurait pu être David si l’Ancien Testament avait été moins sage, et bien plus bête de scène que personnage biblique. Les personnages à l’image de celui de Guignol plaisaient toujours aux masses, friandes des coups bas infligés malicieusement aux balourds tels que le Gendarme, symboles de l’autorité, de la force brute, bête et méchante, dénuée de toute subtilité. Comme des enfants, ils applaudissaient l’irrévérence, la liberté folle et furieuse si prompte à se moquer, alors qu’eux-mêmes auraient été incapables de se montrer aussi impénitents, et aucunement impressionnés par des gros bras bas du front.
-Tu ferais mieux de renoncer, l’ami, lui intima Fergus, se retournant vers la fulminante armoire à glace, après un dernier tour de piste, sous les rugissements d’encouragement de tous ces visages anonymes.
Une brève révérence, bras ouverts tel un signe de bienvenue complaisante à destination de son opposant, finit de mettre le feu aux poudres : fidèle au cliché du taureau furieux qui lui collait à la peau depuis son entrée en lice, le soudard fonça droit sur lui, ivre de colère, et tout aussi fidèle à la tradition, Fergus effectua prestement un pas de côté, le laissant s’écrouler dans les bras du premier rang des spectateurs. Ce ne fut qu’à la deuxième charge à son encontre que Lynch condescendit enfin à mettre la main à la patte : uppercut dans les côtes, puis crochet dans la mâchoire, pour ensuite remarquer que le belliqueux personnage légèrement sonné par la douleur quoi qu’encore loin du k-o, boitait légèrement du côté gauche, visiblement à cause d’un genou en mauvaise forme. De l’art et la manière de prêter attention aux pieds d’autrui…
Sans une once de compassion, pour celui qui n’était qu’au fond qu’un pauvre bougre qui s’emportait trop en buvant plus que de raison, le gangster asséna un bon coup de savate en plein sur l’articulation fragilisée, qui émit un craquement sinistre en cédant. Rien n’e l’avait obligé à en venir aux mains, il aurait très bien pu suffire d’essouffler le colosse, et même pourquoi pas voir en lui un second couteau pour le moins valable pour la Tribu… Pourtant, il n’avait pas retenu ses coups : on l’avait défié, il se devait de relever le gant, sans merci. La leçon se révélait cruelle, mais nécessaire ; mieux valait ne jamais s’attaquer à plus habile que soi. La prochaine fois, ce gros lard ravalerait sa fierté et baisserait les yeux, en difficile retour à la modestie qui lui vaudrait peut-être de ne plus jamais réussir à marcher correctement sans souffrir le martyr, et c’était tout ce qui importait. L’Anglais, amoral au-delà de toute expression ? Parce que venir chercher des noises à un type tranquillement accoudé au bar respirait la bonhomie, peut-être ? L’existence en son entier était d’une inclémence sans nom, si vous aviez quelque chose à reprocher à qui que ce soit, adressez-vous de prime abord à elle.
Déclaré vainqueur à la non-surprise générale –mais en même temps, qui avait besoin d’un retournement incroyable de situation pour passer une bonne soirée, se rincer le gosier, rire et dépenser son misérable salaire si durement gagné-, Fergus s’apprêta à regagner son tabouret, auprès de ses acolytes et de sa pinte ; l’organisateur de paris, néanmoins, semblait ne pas l’entendre de la même oreille, trop heureux de l'aubaine…