Sujet: Wendigo's Feast • Poppy C. Songbird Jeu 18 Mai - 3:27
Poppy C. Songbird • La Bête
« Soon I'll come around. Lost and never found. »
FT. Jose Wickert
CARTE D'IDENTITÉ
Nom : Songbird. Prénom(s) : Poppy, Crown. Curieux sens de l’humour chez les Songbird. Âge : On lui donne volontiers plus de vingt ans tant sa stature et sa mine affable aspirent à la sagesse impitoyable des grands fauves. Son âge véritable, en revanche, demeure un parfait mystère pour autrui. Bien jeune. Pour ainsi dire, on juge rarement utile de lui poser la question à laquelle il répondrait pourtant sans faire d’esclandre. Groupe : Démunis. Il n’a pour acquis que sa peau et ses frusques d’étrangement bonne facture. Un revenu plus que variable arrondi son existence sans qu’il n’ait l’idée d’en profiter. Son maigre pécule dangereusement obtenu va aux enfants, au groupe et à leurs besoins plus qu’à sa propre personne. Voguant au gré des contrats, Poppy n’a que bien peu faire des logements et des repas, pourvu qu’il vive. Pourvu que sa couenne demeure. Et celle d’Elliot au travers.
Nationalité : Américaine. Lieu de naissance : Louisiane Américaine, au cœur des nués de maringouins et des champs d’esclaves. Date de naissance : 21 Décembre 1869. Situation Civile : Célibataire - « Qu’est-ce que c’est ? » - et sans enfants – « Quoi… ? ». Religion : Les rumeurs prétendent que les Songbird sont les héritiers d’anciennes croyances païennes empruntées à ce qu’on qualifierait volontiers de sorcellerie. Si Poppy a quelques fois été bien contraint d’assister aux offices religieux de l’Amérique puritaine, il n’en retirera qu’un ennui profond à contempler les miroitements colorés des vitraux ainsi que le goût peu ragoûtant de l’Ostie. Orientation Sexuelle : Parfaitement indifférent à la chose. Par ailleurs, il n’a pour son genre que peu de considération. Plus animal qu’humain, toutes les désignations, qu’elles soient masculines ou féminines, lui conviennent. Profession : Tueur à gages. Tireur d’élite à la visée implacable, il joue de l’arbalète pour le compte d’un bras quelconque de la pègre Londonienne. Clients de tous bords et ambitions font appel à ses sinistres talents, pourvu que l’acte soit discret, rapide. Efficace et sans état d’âme. Quartier Résidentiel : Il y passe plus qu’il ne vit. Whitechapel est l’incarnation de sa faute, sa déchéance. Un bourbier fangeux duquel il est parfaitement incapable de s’extirper, en suçant la misère comme au sein d’une mère gangrénée de vice. Mais c’est ici qu’existe le groupe, le gang de Tobias. Aussi, il y dort à l’occasion sans toutefois y posséder de réels appartements. Activités Illicites : L’existence même de Poppy est un outrage à la morale et à la légalité. Au cours de ses déboires, il a eu l’occasion de tremper à plus d’un vice. Tueur à gages de surcroît, le meurtre est bien évidemment son cheval de bataille. Fut un temps, il faisait le bonheur de quelques parieurs au cours de combats illégaux sanglants. Complice d’un gang de braconniers des rues, il s’est également adonné au vol. Pour finir, et même s’il peine à définir cette simple notion, son unique baiser fait de lui, aux yeux de la loi, un homosexuel à punir.
Mais cela trône comme une tache indélébile à la chair. Le cannibalisme.
CARACTÈRE ET TEMPÉRAMENT
La forêt s’ouvrait, ventre docile à son passage, écartant branches et racines pour mieux lui offrir ses sentiers. Poppy était en ces terres l’invité bienvenu, l’élu de la sylve, sauvage et bienveillante jusque dans cette contrée lointaine, de l’autre côté de l’océan où il avait depuis déjà six mois abandonné son bayou natal. Elle se déchirait aux cimes sur une esquisse de ciel encore doré d’une aube peinturlurée à la hâte. La nature bruissait à peine, s’éveillait tout juste sur ce qu’elle offrait de plus vulnérable, alanguie telle l’amante effarouchée aux lueurs matinales. Plus que les fins de journées où le soleil s’effondrait aux herbes folles. Poppy préférait l’accalmie suspendue des matins et leur humide fraicheur.
Les grenouilles coassaient de concert avec les oiseaux des aurores, fabuleux orchestre parfaitement rôdé. En forêt, rien n’était immuable, sujet à une indicible métamorphose au gré des saisons. Tout était cependant à sa place, scrupuleusement ordonné d’après la logique implacable des bois. Organisation et brouilles éclatantes se côtoyaient en une harmonie imparfaite et la Forêt lui plaisait dans toute son inconstance calculée. Elle lui était en ce point mère et semblable, plongeant à son ventre toute l’hérédité de ses racines, plus forte et déchaînée que sa propre génétique.
La Forêt l’avait ainsi élevé plus que Meredith, figure maternelle cocasse voguant aux flots d’hommes à chaque fois différents depuis la mort prématurée d’un père qu’il n’avait pas eu l’occasion de connaître, sans chercher à particulièrement s’en attrister. Il avait bien cherché aux traits invités les échos d’un père absent, pour s’en désintéressé presque aussitôt.
Il porte le nom d'une fleur rouge. Une fleur sauvage qui éclot dans les champs, qui asphyxie de carmin comme pour créer un océan de boursouflure sanglante. Une fleur qui se plaît à pousser là où la terre a été battue, retournée, terrassée. Aux plaies les plus profondes et grandie, germe de graines misérables pour mieux se hisser, impériale face aux vents et aux pluies. Et c’est les cheveux dans les yeux qu’il vise, tire, perce machinalement la proie, la peau, la fourrure pour dispenser la mort. Mort facile pour coquelicot. Entre ses mains ils s’agitent à peine lorsqu’il vient les ramasser – lapin, faisans, oiseaux – et leurs cœurs fébriles palpitent, quelques battements de plus pour lui qui contemple, innocent et sinistre de l’être.
La mort est si facile.
Pour lui, plus Bête qu’humain, elle est évidence. Elle est suite logique pour toute existence sur le fil de la chaîne alimentaire. La mort fait de lui un prince au cœur de la Forêt, pourvu qu’elle soit souveraine. Pourvu qu’elle s’étire tout autour de lui, l’enlace et le dévore, le digère tendrement en tout ce qu’elle a pu lui enseigner. L’Homme est Animal et dans sa contemplation attentive d’un système qu’il ne parvient pas à saisir, Poppy a tout d’une Bête. Lorsqu’il renifle les sentiers, la poussière sous le lit. Lorsque, perdu dans ce grand manoir excentré, il rampe aux lattes du parquet et s’étire sous les meubles, sous les lits, adorateur du silence, observateur silencieux des royaumes absents.
Clac clac clac les chaussures de Meredith, rythme régulier. Plus que n’importe quelle mélodie au piano qu’il massacre parfois de ses besoins de perfection. Lorsque la note le taillade, l’intrigue et le malmène. Lorsqu’il voit, au balancier de l’horloge du salon, le plus fascinant des spectacles. Lorsqu’il trouve en chaque chose, chaque sonorité, des détails qui semblent échapper aux autres. Et comme dans les bois, comme mu par une exactitude implacable, Poppy voit Au-delà.
Poppy qui n’a que quinze ans. Poppy qu’on dit particulier.
Tapis dans les fourrés, à embraser la brousse des yeux. Le pas félin, les épaules roulant presque avec aisance entre les broussailles brûlées de soleil. L'été est affligeant sur la campagne anglaise cette année, à ce qu'on dit. Endurer le soleil, sans boire, sans manger. Seulement inspirer, se fondre avec les herbes hautes. Se contenter d'être le vent, d'être la terre qu'il foule nus pieds dans sa chemise de nuit. Le volatile perché sur une branche sèche.
Il expire, lentement, accroupi dans un déplacement prédateur, se glisse sans un bruit, tend la corde raide, étire le bois gravé de son arc artisanal, contracte les muscles de son bras phasméen.
L'oiseau s'ébroue, et dans un chuintement d'ailes, s'extirpe hors de son atteinte, hors de sa concentration bien féline. L'animal grogne, un souffle teinté de déception venant dégager brièvement une mèche brunie de soleil de son visage. Calamité qu'un tel manquement à ses habitudes. Son cœur s'emballe, ses sourcils viennent barrer les traits poupins de son visage doré par le soleil de Lousiane. Son souffle se fige, sa carcasse se redresse, se raidit. La flèche ne s'abaisse pas un seul instant, figée, menaçante, presque assassine pointée sur le visage du garçon qui lève lentement les mains en signe de paix. Comme on tenterait d'apprivoiser un chien sauvage. Comme on tenterait de s'échapper de la charge d'un cerf enragé.
Truffe parsemée d’éphélides pour œillade torve, d’un bleu de ciel d’été, à la pupille droite éclatée. Grand rouquin débraillé aux gestes dégingandés, expressif de faciès comme de regard. Gêneur sur sa piste. Et déjà, la Bête ne l’aime pas. C’est que Poppy ne sait pas bien, encore, comment agir. Avec eux. Ces autres qui ne sont pas lui. Ces êtres qui parlent et s’agitent, prennent trop de place et envahissent l’espace de leurs mots et leurs piaillements.
Aussitôt, le garçon lui évoque la stature d’un oiseau.
Et Elliot sourit plus largement. Comme si, d’un regard, il avait déjà gagné.
CARACTÉRISTIQUES PHYSIQUES
Comme deux animaux, ils lèchent leurs plaies respectives.
Elliot s’ébroue d’un rire grinçant. Ce ricanement sinistre et aliéné qu’il s’efforce d’ordinaire de dissimuler au mieux. Face à Poppy, le naturel reprend le pas et c’est parfaitement hilare, bien qu’amoché, qu’il nettoie consciencieusement le visage de la Bête d’un linge presque propre. Et lorsqu’il rit, sa pupille éclatée par un coup trop savamment donné semble plus folle encore, agitée d’un spasme, d’un léger strabisme que Poppy s’est empressé de noter, dès le premier jour.
Le temps lui a offert la contemplation d’autres détails et c’est presque avec exactitude qu’il peut à présent affirmer le nombre exact de taches de rousseur constellant le visage de son comparse. Sont alors venues les ecchymoses. Les sinistres fleurs, bleutés au jaunâtre, offertes par un père mauvais à la patte folle. Toujours plus nombreuses, apparaissant noirâtres et terribles aux heures les plus tardives. Pour passé trouble belle gueule. Et Elliot avait su le séduire plus efficacement que n’importe quel autre être humain, se nichant à son existence comme l’hirondelle à son nid. D’abord silencieux, l’apprivoisant à force de tranquillité et patience.
Incandescente ce matin-là, nimbée à sa chemise de nuit des rayons d’un soleil naissant, l’androgénie saisissante de Poppy ne l’avait pas immédiatement frappé. Puis l’animal lui était apparu dans toute sa nudité primaire au détour d’une baignade en rivière, se délestant d’étoffes pour mieux apparaître dans toute la réalité de son sexe.
Cette fois encore, Elliot avait ri.
Il avait ri sous l’air incrédule et presque courroucé de cette Bête atypique dont il s’était entiché, touché par sa différence, sa vision incongrue du monde. Il avait ri à l’approcher plus encore et trouver à ses traits un intérêt particulier. A vous tordre les entrailles, à abaisser toutes les barrières de votre méfiance. Tout enfoiré beau parleur, attrape cœur de surcroît qu’il était, Elliot Liddel s’était enflammé d’une admiration sincère pour la créature, venant à sa rencontre chaque jour, en Forêt ou au piano. A leur provoquer des contacts, des mots et des sourires. Une complicité farouche entre la Bête et l’Hirondelle.
Et parmi la masse de fille du village, suspendue à ses mots comme à son charme incontesté d’oiseau chanteur, Poppy était bien la seule – quoiqu’il fût – qu’il n’ait jamais eu envie d’allonger dans le foin d’une grange.
Pas comme ça. Jamais ainsi. Jamais de caresse dénuées de sens, jamais de danses enfiévrées pour la gloire des sens et l’amertume d’une affection trop envahissante. Pour Poppy, il avait accepté l’offrande. La sacrifice d’un morceau de lui, d’une fragilité ivre de colère. Il lui avait offert son mal-être et sa piètre condition. Ses gnons et ses folies quand, se noyant parfois aux souvenirs obscurs, il frappait, hurlait et tremblant, éructant des paroles incompréhensibles sous la mine attentive et bienfaisante d’une Poppy aussi fidèle que compréhensif.
Jamais de souillure à ce visage-là qui ne soit pas issu du sang d’un autre, repeignant cette gueule d’un rouge qui ne lui allait que trop bien. S’il l’avait cru fille au premier jour, la rue, dans leur fuite irraisonnée, avait su les sculpter à son image. Dans la fébrilité féminine de ses traits, c’est sous les vêtements encore que Poppy s’était vu développer une musculature sèche, acerbe et parfaitement taillée pour les combats qu’ils engageaient au hasard des paries. La Rouge assenait les coups avec la fluidité d’un fauve à la curée, terrible et vorace de souffrances quand lui riait, encaissait pour mieux rendre, remerciant, cynique, son ivrogne de paternel laissé en campagne de l’avoir bien assez rossé. Et s’il donnait l’impression de voler, chapardant et disparaissant au gré des toits Londoniens, Poppy était plus sublime encore.
Un poète sauvage et indompté tout en nuances d’incarnat. Rouge jusque dans ses yeux bruns, sa chevelure aux ondulations auburn qui, à chaque Lueurs, prenaient des inclinaisons écarlates. Le soleil avait conféré à sa mine comme à ses épaules quelques éphélides, piètres concurrentes à celles qui martelaient de toute part le corps entier d’un Elliot à la rousseur flamboyante. Et ses regards absents, sa dignité royale renvoyaient aux cerfs, haut bois pour maîtres des Forêts. Identique dans sa posture tranquille, Poppy déroulait sa longue carcasse avec aisance, parfois plus fauve que biche, chasseur aux abois à la visée exceptionnelle. Il ne détonnait en ville que par sa peau dorée que même le ciel anglais n’avait sue délaver. Puis, à ses lèvres, rouge, pleines, drôle de fruit interdit, une voix douce, presque éraillée de ne pas savoir s’élever.
Il offrait ainsi le portrait hors normes d’un animal perdu dans la capitale.
Quand lui n’avait appris qu’à danser avec la sylve.
Une moue, alors, aux lèvres carmines de la Bête. Une moue et un grognement fébrile lorsqu’il dédaigne le linge, le repoussant d’une patte dédaigneuse. D’un geste aussi souple que significativement agacé.
- Tout va bien, arrête… - Je vois bien ! Ça, c’est une simple plaie à la lèvre, j’aimerais en dire autant de l’autre endimanché. Ce que tu lui as mis… - Je l’ai démoli…
Commente simplement l’animal, le plus placidement du monde dans sa beauté brute, féroce, chuintant ses mots entre deux crocs. Cette langueur instinctive dont il ne s’aperçoit jamais.
- J’ai vu.
Et à Elliot de rire à nouveau.
Car tout cela est beau. Beau, évident. Innocent, bête et sans limites.
Jolie petite histoire...
La chair se tord, se tend, humide et friable. Et éclate, se répand en fluides acres qui se déversent, abreuvant le sol tortueux d’une vie primaire, indicible. C’est au tour des os de se fendre en sinistres craquements, cédant sous la pression d’une mâchoire avide à l’appétit terrible.
Il a l’œil vide figé aux zébrures du plafond, les lèvres distordues en un sourire égaré. Ravi, semble-t-il, de se complaire aux affres de la mort. Jusque dans ses entrailles fumantes, il est beau et charmeur, atroce de tristesse. Jusque dans l’absence de souffle, il est secret, dérivant à son désespoir de ne pas avoir su être.
De n’avoir pas su, à son grand désarroi, aimer correctement.
Je me souviens des ecchymoses nouées à mon corps, comme une fourrure d'étoiles crevée fondue à ma peau.
Ils s’étaient aimé à leur manière, mordant, psalmodiant leur rage sur les toits. De vols en vols, cuisses de femmes en envie de meurtre.
A toi, mon inutile. Sache que c’est ton âme que j’emporte avec ta viande dans mes tréfonds. Et tous les mots que tu m’auras refusés, je les graverais ainsi en moi.
La capitale les a broyés. Elle les a mâchés, déchirés, pour mieux les recracher aux pavés sanglants de rues, tels deux nouveaux nés apprenant à vivre en toute liberté. L’un dans l’ombre d’un paternel aux mains lourdes, l’autre dans son animalité naturelle. D’un côté les rires, les mains entrelacées dans toute l’innocence juvénile, refaire le monde et se croire conquérants. De l’autre, famine et misère. Les femmes, les catins, les naïves. La folie d’un garçon qui n’a jamais su comment exister et d’une Bête qui n’a jamais su comprendre. La trahison, finalement, quand, à force d’existence commune, les heurts et les cris grandissent, grossissent, à prendre trop de place dans les placards où on croyait les maintenir enfermés.
A tir d’aile, Elliot vacille, se disperse, se déchire. Et quand la folie frappe, l’agrippe au cœur, Poppy se fait témoins. De crocs et de griffe, jusqu’à ce qu’ils s’effondrent. Jusqu’à ce que la lutte les mène à un gouffre sans sortie. Et que, finalement, la faim et la hargne les tordent, à bout de nerfs. A bout de souffles. Pas de sorties pour les oiseaux.
Tu n’es qu’un animal.
Et le rire, et les mots lancés, plantés comme tant de petits couteaux habiles. Les regrets grognés et les larmes. Alors c’est la fin ?
La faim et l’heure du repas. De garder pour lui le volatil qui s’en va. Posséder, agripper, désirer. Ne t’en vas pas. Bête idiote, stupide chose. Pas même bonne à séduire. Pas même bonne à soulager les os, les plaies à l’âme qui flottent et s’étendent. Et la mine déconfite. Et la déchirure, pour eux qui n’ont pas su s’aimer correctement. Et le silence, et la mort.
Et la fin. La Faim. Faim, faim, faim, faimmangermanger mangermangerMANGERMANGERMANGER-
Morsure.
Pour un monde éclaboussé de carmin. Champ de coquelicots à leur tombeau. Elliot déglutit, coasse dans un ultime dégueuli humide. A ses lèvres, cela perce à son tour et ses yeux chantent en vestiges des mélodies de désolation. Tristesse. Résignation. Libération. Et c’était tout ce qu’il avait toujours espéré.
Et c’était nous.
Dans un sursaut d’instinct, c’est par la gorge que la Bête le possède, déglinguant la carotide pour y nicher dents et museau. Elle mastique, arrache et avale. Se repaît à la carcasse de l’oiseau comme au plus fabuleux des festins. Ainsi il vivra, sans douleur et sans débâcle. Au travers de sa peau, de ses yeux, il vivra, et dormira enfin, soulagé, dans son ultime cage. Bientôt, Elliot cesse de racler le sol de ses ongles brisés et s’abandonne à son sort, cessant de geindre pour se murer à un silence absent.
Il festoiera de ses restes des jours durant, avant que la pourriture ne l’emporte et que la faim s’accouple aux nausées, forniquant avec larmes amères et mal-être.
Apathique, comme une journée d’été brulante qui n’en finirait plus. Apathique, larvaire. Bientôt, son tour viendra. Bientôt, si ce n’est pas la faim et le vice, cela sera au froid, à la maladie de l’emporter. Et il s’en ira rejoindre les oiseaux, curieux d’avoir voulu s’élever trop haut.
L’oiseau est mort, vive l’oiseau roi.
••••
Un craquement dans la pénombre et la Bête s’éveille. Elle se tient là, scrutatrice, possessive, entremêlé au corps écharpé de l’hirondelle. Elle veille, attentive, prédatrice. Puis les voilà. Procession de fourmis, savamment organisées en ligne droite qui défilent, sillon auprès de sa joue creuse.
Comme fourmis et phalènes, les jumeaux sont apparus.
Il y avait donc une sortie. Songea la Bête sur l’instant, éprise d’un faible de rictus qui ne sut pas même percer jusqu’à ses lèvres. Il était brun et amer, elle pâle et sucrée.
Et déjà, leurs mains à l’unisson se tordaient, grouillaient en milliards de petits insectes frémissants. La poussière dont ils s'affublaient le rendait blafard, la crasse qui les maculaient la brunissait mieux que n'importe quel vœu d'un père éhonté. Poppy s’éprit d’une fascination discrète pour leur union perpétuelle. Pour la manière dont, avec évidence, ils n’existaient que l’un pour l’autre. Avec la rue pour foyer, ils étaient invincibles. Tobias et Luë l’avaient sorti du sépulcre et brûlé là le cadavre d’Elliot. Puis, sans jamais s’opposer à son silence, ils lui avaient offert un foyer, un but, un repère.
Braconniers, voyous chasseurs de chats à la tête d’un groupe d’enfants refoulés, rejetés par des parents sans le sou, fils et filles de catins, de dockers ivrognes comme l’avait été le père des jumeaux. C’est dans la misère qu’ils avaient trouvé leur salut, rejetons bâtards d’immigrés de l’est. Aux côtés de Tobias, il a chassé, volé, combattu. S’est extirpé de son mutisme comme au rire d’Elliot fracassant son crâne aux nuits les plus noires.
Une famille. D’autres animaux pour meute.
Les lèvres sèches de Tobias contre les siennes, un soir de chasse comme un autre.
Puis l’été qui s’enfuit, et à nouveau les prémices d’un changement.
La brutalité entraînant ses paires, c’est naturellement qu’on l’approche, que sa réputation le précède, fondée sans être totale. En lui dorment les restes d’un garçon, d’un charmeur, d’une hirondelle malchanceuse. Mais tout va bien, alors, si Tobias acquiesce, bon chef de gang en devenir. Tout va bien si lui-même, la référence, le sauveur même englué à sa sœur, se fait garant de ses talents.
Car soit Bête et rien d’autre. Soit de crocs et de hargne. Soit le silence, l’unique bruissement de la sylve au cœur de Londres. Soit la nature, soit sauvage et sans laisse, sans muselière. Soit ce que nous ne pouvons plus prétendre être quand nous nichons au giron des toits écartelés. Soit animal. Soit Wendigo.
Éventre les de tes bois.
Dévore-les tous.
Pour un baiser, rien qu’un seul, c’est avec sa caractéristique indifférence qu’il s’est soumis aux premiers contrats. C’est pour eux – pour Lui – qu’il s’est affublé de vêtements neufs qu’on a bien daigné lui confier. Pour eux, toujours, qu’il s’est refusé aux aurores pour se fondre à l’obscurité crépitante des nuits. Et pour eux, finalement, qu’il tient désormais l’arbalète, rase du ventre les surfaces des bâtiments, les murs des ruelles insipides.
Vise, tire, tue.
Dans le sillon rouge de sa tresse, les entrailles innocentes de quelques gêneurs, quelques grands noms. Quelques êtres qui n’ont pas su résister aux sirènes chatoyantes d’une Londres qui, plus que ses propres dents, a dévoré Elliot. Son cœur bat au travers du sien, caillou palpitant à sa poitrine désespérément plate. Demoiselle pour l’œil inattentif. Femme ou homme, qu’importe. Mort dispensée avant tout.
Poppy cille sur le balancier de l’horloge. Il y retrouve les échos de ceux de la maison Songbird. Meredith s’en est allé en désespoir de cause, s’empressant à la fuite après sa disparition. C’était là toute l’occasion de se débarrasser de lui, finalement. Enfant inadapté à ce que la société daignait lui léguer de rôles et de titre.
Aujourd’hui, assit à ce bureau à contempler le cuir éraflé de ses bottes, Poppy n’est plus qu’une ombre. Plus qu’une personne, il est un nom oublié notifié aux dossiers des disparus. Un fantôme de plus parmi la foule. Il est à la fois évanescent et trop tangible, l’animal. A vivre pour deux, on finit toujours par prendre bien trop de place. Nouvelle nuit, nouveau nom. Le patron s’agite à peine, déposant sous ses yeux un dossier maigrelet rassemblant certainement les prémices du contrat. S’il louche sur la bonne facture du papier, Poppy ne prend pas la peine de l’ouvrir. Règlement de comptes familial, de ce qu’il en sait, pour ce que cela l’intéresse. Ces nobles n’ont pour loisir qu’une chasse perpétuelle, se tirant dans les pattes quand même lui s’octroie parfois le repos du fauve.
- Le commanditaire nous a offert une sacrée somme pour celui-là. Pas de bavure la Bête. Tu auras ta part, comme d’habitude.
Les sonorités impérieuses, l’alignement placide des ordres et consignes savamment mené ont tout pour lui rappeler le comportement coutumier de Tobias lorsqu’il s’essaye à diriger ses troupes avec succès. Seulement, lui n’a jamais besoin d’aboyer. Pas de mise en garde à son égard. Ils ne savent tous deux que trop bien ce qu’ils sont mutuellement.
Dernier coup d’œil à l’horloge.
- La cible. Son nom.
Il ne cherche jamais à savoir. On ne s’éprend pas des cadavres.
- Johan Withers.
Paupières closes. L’autre continue sa diatribe, se confrontant à l’indifférence de la Rouge.
Il savoure les mots, le nom. Son estomac grogne.
Il a faim.
Dans la vraie vie, je suis...
Quel est ton pseudo ? Clyde Un mec ou une fille ? Raton laveur femelle. Quel est ton âge ? 21 ans. Comment as-tu connu le forum ? J'ai suivit le vol d'une pie grièche. Un avis dessus : C'est un joli forum tout simple et tout doux dans le design. J'aime vraiment beaucoup et j'espère pouvoir écrire parmi vous! As-tu un DC ? Nope. Pv/scénario/Inventé ? Inventé. Code de validation :Validé par Felix !
Âge : 28 Emploi : Officiellement aucun, officieusement romancière. Informations : ◈ Fiche de présentation
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◈ Mes RPs
✎ Eugène Morel est le pseudonyme utilisé pour signer ses romans.
Joséphine est féministe et fait de ses convictions le sujet principal de ses romans.
Habite la demeure du cousin de son père, M. Devlin Stanton, dans The Strand.
Afin de mousser son inspiration pour ses romans, Joséphine s'habille parfois en homme pour se promener incognito dans les rues de Londres. Avatar : Helena McKelvie Messages : 1620Date d'inscription : 25/11/2016
Sujet: Re: Wendigo's Feast • Poppy C. Songbird Jeu 18 Mai - 3:48
Quel personnage fascinant! De suite, sache que je viendrai te demander un lien avec mon cher Dick, gardien du cimetière...
Bienvenue parmi nous
Devlin Stanton
Âge : 40 Emploi : Détective / Gentleman-Cambrioleur / Chasseur de créatures surnaturelles. Informations : -1m75 (5’’74), 73 kg (167 lbs)
-Yeux ambre
-Détective depuis 11 ans. plus par passion et goût du défi que pour en vivre.
-Est devenu gentleman-cambrioleur, laissant sur les lieux de ses forfaits une carte: un valet de cœur, ce qui lui vaut le surnom, par les journaux, de "Jack of Heart" ("Valet de Cœur" en anglais.)
-A créé, avec Lydess Hentswig et Katherina Romanov, la Fondation Luna, un groupe de gens qui affrontent les dangers surnaturels.
La Fondation recrute de nouveaux protecteurs ayant assez de courage pour affronter l'inconnu.
-Jamais marié, aucune descendance... du moins, connue.
-Possède un Doberman nommé Athos dont il ne se sépare jamais.
-Asocial et légèrement misogyne en apparence. En réalité, égalitaire.
-Pratique la lecture labiale
-Est devenu le tuteur de Joséphine par la force des choses.
-Fume la pipe uniquement en soirée, la porte à la bouche non allumée pour réfléchir.
-Excellent tireur et virtuose du combat à mains nues, alliant boxe, savate et techniques de lutte. manie aussi la canne de combat et la rapière.
-Musculature fine mais très dense et efficace, doté d'une force insoupçonnable pour son gabarit et d'une grande résistance aux coups.
-Très discret, marche toujours sans faire de bruit et sait observer sans être repéré.
-Siffleur musical de talent et bon chanteur. A une ouïe bien entrainée.
Avatar : Robert Downey Jr Quartier Résidentiel : The Strand Messages : 1025Date d'inscription : 26/11/2016
Sujet: Re: Wendigo's Feast • Poppy C. Songbird Jeu 18 Mai - 5:08
Bienvenue!
J'espère que tu vas bien t'amuser ici!
Invité
Invité
Sujet: Re: Wendigo's Feast • Poppy C. Songbird Jeu 18 Mai - 8:22
*vient de se péter la gueule en sursautant*
TOI MAIS je savais que tu faisais ta fiche mais de là à la terminer DANS LA NUIT
et quelle fiche *chouine* Tobias se retrouve bien empêtré et fier de son petit sujet qui n'aura jamais trahi le gang londonien de ses jeunes années. mais Johan frissonne déjà dans l'obscurité de son bureau - mais ce n'est rien oh juste un courant d'air qui fait voltiger les feuilles éparses de ses dossiers.
viens à moi ma bête. je t'attends dans toute la splendeur de tes mots. ce conte là je le connaissais pourtant par coeur mais il m'a frappé comme une flèche d'arbalète.
Felix J. Adler
Admin
Âge : 38 Emploi : Horloger Royal. Informations : Souffre d'un autisme d'Asperger • Dyslexique • Est obsédé par son métier • Rêve de travailler sur l'horloge de Big Ben. • Insomniaque. • Parle peu • Se sent mal à l'aise dans une foule • A quelques bases d'Allemand et de Français • A le corps glacé et est d'une pâleur à faire peur • Origines Juives • Possède une Pamphobeteus Platyomma mâle pour animal de compagnie • Est le mari d'Amy S. Adler. Avatar : Johnny Depp Quartier Résidentiel : Lambeth. Messages : 3763Date d'inscription : 14/09/2016
Sujet: Re: Wendigo's Feast • Poppy C. Songbird Jeu 18 Mai - 10:44
Bienvenue officiellement et quelle fiche ! Si tu as des questions n'hésite pas à venir nous trouver ! (Et évite de manger le petit Johan, le pauvre.)
Félicitations, camarade !
« TE VOILA PRÊT À METTRE TA PATTE DANS LA FOURMILIÈRE ! »
Félicitations ! Vous venez d'être validé(e) sur The Anthill: A Victorian Tale ! Nous vous souhaitons un bon jeu parmi nous et nous vous conseillons d'aller consulter les liens ci-dessous. Vous pouvez désormais RP, flooder et faire de nombreuses autres choses. N'hésitez pas à faire votre fiche de liens, celle des RP's ainsi que celle du Journal Intime ! Gardez aussi un œil sur les annonces! Bienvenue parmi nous ! N'oubliez pas que vous avez à disposition un cadre de rp dans la Gestion ! Pour toutes questions, il y a la foire aux questions et suggestions ici !
N'hésitez pas à demander de l'aide l'un des membres du staff si vous en ressentez le besoin. Bon jeu sur Taavt !
plumyts 2016
Invité
Invité
Sujet: Re: Wendigo's Feast • Poppy C. Songbird Jeu 18 Mai - 11:06
Merci beaucoup pour vos messages de bienvenue! Joséphine, ça sera avec plaisir que nous pourrons voir ensemble pour la mise en place d'un lien ehe.
Merci pour ta validation Félix, je m'en vais de ce pas m'occuper de ma fiche de lien. (Et Johan n'a rien de petit, ni d'innocent, ne croyez pas à ses airs freluquets tsh!)
W. Bartholomew Collins
Âge : 38 Emploi : Héritié du compte de York. Fabricant de jouets et autre objet en bois. Informations : Fils du comptes de York ☞ Il à perdue sa mère alors qu'il avait 7 ans ☞ Sa sœur ainée est morte l'an passé, en mer ☞ A une jeune sœur qu'il n'arrive pas à aimé et tiens pour responsable de la mort de sa mère ☞ Fiancé de force à une bourgeoise Londonienne (Maddie), qu'il va épouser en octobre 1891 ☞ Froid, hautain, rustre d'apparence, c'est en réalité un homme au cœur d'enfant et à l'âme déchiré ☞ Il fabrique des jouets et divers autres objets, en bois principalement, pour le plaisir. Même s'il en vends parfois ☞ C'est un homme en réalité très simple et qui aime les choses les plus simple de la vie ☞ Le manoir familiale de York lui manque, ses grand champ l'entourant surtout ☞ Vit au jour le jour ☞ Il ignore même son orientation exacte. Si les hommes ou les femmes l'attire. Peut-être les deux en réalité ☞ C'est un noble, mais qui à le coeur sur la main. L'argent n'est qu'un moyen de pouvoir pour la plupart, pour lui c'est juste un moyen d'être généreux ☞ Il aime parfois aller dans les bas quartiers distribuer des jouets, gratuitement ou contre une petite pièce, par principe aux gamins des rues ☞ Avatar : Tom Hiddleston Quartier Résidentiel : Londres Messages : 351Date d'inscription : 05/10/2016
Sujet: Re: Wendigo's Feast • Poppy C. Songbird Jeu 18 Mai - 11:26
Bienvenue parmi nous jeune homme Bon jeu sur TAAVT.
Sujet: Re: Wendigo's Feast • Poppy C. Songbird Jeu 18 Mai - 11:29
MAINTENANT JE PEUX TE SOUHAITER LA BIENVENUE OFFICIELLEMENT !
Bravo pour ta fiche d'une grande qualité, décidément ! Il faudra que nous parlions liens, ton personnage est terriblement intriguant !
Fergus Lynch
Âge : 36 Emploi : Fondeur Informations : Orphelin déposé au seuil d'une institution quelques semaines après sa naissance ✘ Ignore tout de ses origines, et n'y accorde aucune importance ✘ Fraie dans le monde de la petite délinquence depuis sa plus tendre enfance ✘ Ancien chef d'une bande gosses aventureux, à présent dissolue ✘ Suite à ça, a passé plusieurs mois en maison de correction ✘ La mort d'un de ses meilleurs amis, atteint de syphilis, a suffi à le convaincre de ne pas s'approcher des prostituées, règle qu'il suit toujours ✘ A fondé la Tribu, gang des rues sévissant à Whitechapel, dont il connait les moindres recoins ✘ Participe régulièrement à des combats illégaux organisés dans des bars, desquels il tire un joli pactole, ainsi que quelques petites cicatrices sur tout le corps ✘ Amateur d'armes blanches, il se sépare rarement de son couteau de boucher, tout comme de son vieux chapeau melon ✘ Se moque bien des forces de police, avec lesquelles il n'hésiterait pas à en découdre ✘ Ne voue que mépris à l'aristocratie et aux autres parvenus, mais grâce aux paiements reçus en échange de l'aide de son gang, il recrute de plus en plus d'adeptes, et accroît l'influence de la Tribu : son ambitieux objectif n'est autre que de faire tomber sous sa coupe Whitechapel et Southwark, pour mieux leur donner un second souffle, ainsi qu'une capacité de réponse envers les injustices infligées par les strates plus aisées de la société. Avatar : Michael Fassbender Quartier Résidentiel : Les bas quartiers de Whitechapel, son modeste fief Messages : 365Date d'inscription : 05/10/2016
Sujet: Re: Wendigo's Feast • Poppy C. Songbird Jeu 18 Mai - 18:19
Bienvenue
Mazette, quel personnage, quel style ! Je ne peux que me creuser la tête à la recherche d'un lien sympa à te proposer avec Fergus.
Bon jeu pami nous !
Lucy E. Wood
Âge : 30 Emploi : Fille de joie Avatar : Eleanor Tomlinson Messages : 512Date d'inscription : 15/02/2017
Sujet: Re: Wendigo's Feast • Poppy C. Songbird Lun 22 Mai - 13:32
Bienvenu !! Je trouve ta plume sublime
Si j'osais, je te demanderais un lien, avec Lucy ou Percy (Mortimer) comme bon te semble !!