Jolie petite histoire...
Elle lutta dans son sommeil pour se réveiller. Comme chaque nuit. En silence, mais des larmes plein les yeux, et elle ne se réveillait pas. Chaque nuit, elle revivait la même chose, le même traumatisme, la même horreur, la même douleur. Et Rosalinda n’en pouvait plus.
A l’infini, elle se voyait à l’aube de ses seize ans, dans le corridor de l’orphelinat qui menait au dortoir. C’était une belle fin d’après-midi d’été, et le soleil filtrait à travers les carreaux. Les rayons traversaient le couloir et dans leur lumière, si belle, si pure, elle pouvait apercevoir des grains de poussière planer gracieusement. Elle tenait un livre entre ses mains et pouvait encore sentir le contact de la couverture contre la pulpe de ses doigts, comme la caresse du bas de sa robe sur ses chevilles, la froideur du crucifix reposant sur sa peau, sous ses vêtements. C’était la dernière fois qu’elle avait été heureuse. Elle s’entendait encore appeler le nom de son amie, Margaret. La dernière fois qu’elle avait entendu le son de sa voix. Tout dans son rêve était tel qu’il l’avait été ce jour-là, et elle voulait reculer, faire demi-tour, mais au bout du couloir, la porte du dortoir se rapprochait inexorablement. Et elle savait exactement ce qu’elle trouverait derrière.
Les premiers mois, Rosalinda avait essayé de se dire qu’un jour, son rêve changerait. Un jour, elle ouvrirait la porte et verrait Margaret assise sur son lit, souriante, l’air un peu fatigué comme toujours. Vivante. Alors, elle pourrait faire son deuil, oublier ces instants, retrouver la parole. Mais ce jour n’était jamais arrivé. Chaque nuit, c’était sur un cadavre qu’elle ouvrait la porte, et tout y était là aussi. La chape de plomb qui s’abattait sur ses épaules, le grincement de la corde, la bible qui gisait par terre et ses pieds, oh Dieu, ses pieds qui ne touchaient plus le sol. Elle se balançait comme elle aurait bercé un enfant. Rosalinda avait marché jusqu’à elle, sans hurler, sans pleurer. Elle était montée sur le rebord du lit, celui-là même que Margaret avait dû frôler, abandonner. Elle l’avait détachée et avait serré son corps dans ses bras, longtemps, elle avait fredonné quelques psaumes en ignorant son visage froid, son visage gonflé, son visage bleu, son visage mort. Dans son rêve, elle n’en ignorait plus rien. Et comme à son habitude, elle se réveilla en sursaut lorsque quelqu’un d’autre pénétrait dans la pièce pour lui arracher des bras la carcasse de son amie.

Rose aurait voulu hurler. Hurler sa douleur une fois pour toutes. Au cœur de la nuit, elle aurait terrifié toute la maisonnée mais elle aurait été libérée. Il n’en était rien. Elle joint les mains et un simple murmure sortit de sa bouche. « Oh, mon Dieu, Dieu bon, Dieu grand, délivre-moi de cet Enfer car je suis ta servante, fidèle et dévouée. Entends ma prière et accueille près de toi ma douce Margaret, qu’elle trouve le repos éternel et que je cesse de souffrir. Amen. » Elle se signa avant de se recoucher. La nuit serait courte, et à l’aube levée elle devrait se montrer la femme de chambre efficace et discrète qu’elle était chaque jour, quelle que soit sa peine. Elle ne s’en plaignait pas, elle se trouvait bien chez Miss Errington. Surtout depuis que son promis était là, chuchota une petite voix à l’arrière de sa tête, qu’elle fit taire immédiatement. Elle savait parfaitement qu’elle ne pouvait s’empêcher de sourire lorsqu’elle entendait flotter dans les airs la voix du jeune Lord. Et que lorsqu’elle se réveillait ainsi, au sein d’une nuit hostile et douloureuse, elle s’imaginait qu’il pourrait la protéger contre ses démons, contre elle-même. Mais elle savait aussi qu’elle n’en avait pas le droit.
Elle saisit sous son matelas le carnet où elle écrivait ses poèmes, certains de plusieurs pages, d’autres de quelques mots seulement. A la lueur de la lune, elle y traça quelques lettres. Tu t’appelles Rosalinda Eddowes, pas Jane Eyre. Il n’y a pas Mr Rochester pour toi. Elle finit par se rendormir en se répétant cette phrase, comme une prière.

Dans la vraie vie, je suis...
Quel est ton pseudo ? Lady Stardust Un mec ou une fille ? Une fille Quel est ton âge ? 20 ans Comment as-tu connu le forum ? Sur PRD,
en cherchant des exemples de codage de PA... Un avis dessus : Je n'avais pas du tout, mais alors pas DU TOUT prévu de reprendre un perso là... Donc un gros coup de coeur ! As-tu un DC ? Nop ! Pv/scénario/Inventé ? Un charmant scénario Code de validation : [Validée]

Code:

<t>Kaya Scodelario</t> → <y>Rosalinda Eddowes</y>