L'Histoire de la Dame Blanche
La naissance de Victoria, toute son enfance jusqu'à sa majorité reconnue, fut d'un ennui mortel -tel que l'on pouvait s'y attendre de la part de parents aussi protocolaires que la famille Ravenswood. Une éducation sur le fil du rasoir, avec tout ce que pouvait espérer demander la jeune fille. Elle vécut comme une véritable petite princesse américaine, dans un beau manoir du côté du Nouveau Monde. Rien n'aurait pu la préparer à ce qui l'attendrait plus tard. Le monde semblait tourner dans le plus parfait des phonographes. Sa mère était présente, car il n'y avait pas encore beaucoup de grandes sociétés à recevoir dans les salons. Aussi eut-elle tout l'amour maternelle qu'elle aurait pu espérer dans sa vie, celle-ci était aussi bien sa confidente que son éducatrice des bonnes moeurs. Ses parents développaient le cursus économique de la ville et ne manquaient pas de biens. Elle entendait parfois parler de l'ailleurs, de leur ancien pays, l'Angleterre. Rien ne lui paraissait plus intéressant que d'entendre parler de cet autre pays que sa mère évoquait avec tendresse, tandis que son père en avait une simple horreur. Il estimait que c'était un pays reculé, beaucoup trop ancré dans son ancienneté et que c'était à présent ici que tout se jouer. Son père se croyait canalyseur d'un nouveau monopole qui rapporterait gros, il n'en doutait pas une seule seconde. Victoria était si peu préoccupée par ses prérogatives de maître américain. Elle passait tout son temps libre à écrire des beaux poèmes, reprenant parfois les descriptions fantasistes des souvenirs de sa mère pour parler de l'Angleterre, cette région aux allures de conte de fées -quand sa mère lui en racontait des histoires avant de s'endormir. Henry, car c'était le prénom de son père, décida pourtant très tôt que Victoria serait l'héritère de son oeuvre, qu'elle reprendrait la véritable entreprise de celui-ci, partit dans les confins de l'Ouest Américain pour y faire or à son doigt. Victoria entendait passer les jours sans véritablement y prendre part; elle s'était prise de compassions pour les quêtes délurées de son père et ne voyait pas de réels inconvénients à suivre ses traces, tant qu'elle avait encore le droit d'écrire ses mauvaises poésies pour s'évader.

Tout semblait aller comme le monde allant, jusqu'au jour où Victoria fut appeler par son père pour venir visiter la ville qu'il venait de construire. Elle y alla, et rencontra les gens qui y vivaient également, mais également les petites mains qui faisaient de ce grand désert un nouvel eden. Contre toute attente, l'amour vint la trouver dans les yeux d'un jeune ramasseur d'or qui faisait les petites rivières à califourchon sur les pierres, pour le Sir Ravenswood. Elle en tomba si tant et si bien amoureuse que pour la première fois de sa vie, elle fit de son futur mariage avec lui un caprice comme rarement il avait pu en exister. Il n'était qu'un simple roturier cependant, et son père ne pouvait souffrir une alliance aussi méprisable. Pour un homme qui voulait construire un monde nouveau, le voici qui présentait des règles bien archaïques. Voilà ce que lui répondit la jeune femme pour faire rabaisser la fierté du paternelle. Sa mère était, quant à elle, bien heureuse que sa merveilleuse fille ait pu trouver quelqu'un pour tempérer sa folie intérieure. La date du mariage s'était donc fixée, au grand damn d'Henry. La jeune poète et le chercheur d'or ne manquaient pas une seule seconde de montrer que leur amour était véritable, que ce pays était le champ de tous les possibles, de la liberté et de l'amour. Ils avaient envie de croire à ses grands pouvoirs, à ces grands changements. Mais le destin semblait en avoir décider autrement. Ainsi, la vieille du mariage, un tremblement de terre dévasta la ville, détruisant tout sur son chemin. Beaucoup perdirent la vie, Victoria et son chercheur d'or en réchappèrent, car se trouvant à l'extérieur à ce moment là. Mais les parents Ravenswood perdirent la vie dans leur manoir, celui-ci s'étant effondré sur eux. Le coeur de Victoria se brisa pour la première fois à ce moment là. Incapable de voir au delà de sa douleur, elle reporta le mariage et fit préparer des funérailles pour la ville et ses parents. Calmement, la jeune femme comprit que plus rien ne la rattachait véritablement ici. Héritière incontestée de la famille, Victoria prit connaissance dans les vieux documents de son père -défait de leurs ensevelissements- qu'elle possédait à présent un manoir ancestral au coeur de Londres. Ses rêves d'enfance revinrent à son esprit, et elle prit la décision de partir se marier à Londres, avec son fiancé.

Malheureusement, si le voyage se passa exactement comme prévu et que sa découverte du manoir fut comme la réalisation d'un véritable rêve de princesse, celui-ci tourna au cauchemar en très peu de temps. Ainsi, personne ne sut exactement comment ni pourquoi, mais l'on retrouva, à peu de jour près du mariage, le corps du chercheur d'or pendant dans le hall du manoir. Rien n'indiqua s'il s'agissait d'un suicide ou s'il s'agissait d'un meurtre. Tout était envisagé, mais l'on convint assez tôt que la corde n'était pas un outil de meurtrier; l'affaire fut donc abandonné. Laissée pour compte au beau milieu d'une Londres étrangère, Victoria peina à retrouver les habitudes qui étaient siennes, et passe donc une grande majorité de ses journées à rester à la maison, errant comme une fantôme. On ne sait pas exactement ce qu'il se passe dans ses grands yeux sombres, alors qu'elle regarde parfois la grande ville depuis la fenêtre de sa chambre dans la plus haute pièce du manoir. Mais depuis le jour funeste de cette pendaison, il se dit dans les boudoirs et dans les soirées que les Ravenswood -et principalement sa dernière survivante- est une famille maudite qu'il faut éviter comme la peste. C'est une réputation connue dans toute la Capitale, se rependant comme une trainée de poudre avec le vent, que Victoria se traine au corps sans avoir eu le temps de mettre un seul pied dehors. Cela ne l'encouragea pas véritablement à s'ouvrir, et ses rares sorties en extérieur se faisaient principalement pour aller au cimetière, là où son fiancé était enterré. Elle lui ramène des fleurs, de temps en temps. Mais venait le plus souvent à sa rencontre pour uniquement regarder son nom avec mélancolie, ainsi que lui racontant de temps en temps un poème qu'elle avait écrit. Elle riait en pleurant légèrement, car il lui disait toujours que c'était les plus beaux vers qu'il n'avait jamais entendu, alors qu'elle les savait pertinemment mauvais.

Les choses auraient pu rester ainsi, la peine de son cœur aurait fini par s'évanouir, avec le temps -et peut-être même une nouvelle rencontre. Mais cela ne saurait se faire sans une nouvelle donnée: depuis quelques temps, des chandeliers bougeaient sans raison, on entendit des bruits de pas et des courants d'air dans des pièces fermés à double tour. Des chaises faisaient le tour de la pièce pour venir se fracasser contre un mur. Victoria fut témoin de ces choses, et se mura davantage encore dans une horrible peur. Elle ne pouvait cependant changer ses habitudes de vie, ni même déménager; elle s'en sentait incapable. Aussi la jeune femme, aussi dure et forte qu'à son habitude, décida de rester et de combattre. Ses serviteurs, et plus particulièrement sa servante préférée, devinrent ses confidents: les rares à qui elle parlait de toutes ces étranges choses qui se passent dans le manoir. Victoria n'ose parler de son expérience à d'autres personnes, de peur qu'on la trouve folle -déjà que les paroles sur elle ne sont guère flatteuses. Lors des évènements étranges de la Tour de Londres, elle fut l'une des personnes à être arrêtée par le Lord Renfield. Ses intentions étaient de prouver que les choses surnaturelles existaient réellement, afin de les rendre publiques et de cesser d'être la risée des bourgeois et gentilhomme. Cela fait parti de ses objectifs, avec la volonté de faire disparaître le fantôme de son manoir, qu'elle soupçonne très sérieusement être le fantôme de son père, ainsi que le responsable de la mort de son fiancé. Mais au final, qui du fantôme paternel ou de Victoria est le véritable fantôme de la Demeure Ravenswood ?

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<t>Winona Ryder</t> → <y>Victoria E. Ravenswood</y>

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