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And in a second, our lives changed... | Ewen O'Hara

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Clara Hamilton
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MessageSujet: Re: And in a second, our lives changed... | Ewen O'Hara And in a second, our lives changed... | Ewen O'Hara - Page 4 Icon_minitimeLun 25 Nov - 4:23



And in a second, our lives changed...

« ... »

Maison Hamilton, 1892

Les époux Hamilton échangèrent un bref regard perplexe à l’évocation de l’état de Clara, car tous deux ignoraient ce à quoi Ewen pensait, mais Clara ne protesta pas; si ce dernier portait ses courses jusqu’à la maison, elle aurait droit à quelques mètres supplémentaires en sa compagnie. Malheureusement pour elle, Richard fit immédiatement appel à un jeune garçon qui passait de l’autre côté de la rue pour s'en charger.

Madame Hamilton adressa un sourire faussement reconnaissant à son mari, que celui-ci crut sincère, et il lui adressa un dernier signe de tête avant d’accorder toute son attention à l’Irlandais et à sa voiture alors que le gamin attrapait le panier de courses et attendait que la jeune femme ne lui montre le chemin de la maison.

Monsieur O’Hara lui jeta un regard également, mais Clara s’imagina aussitôt que, contrairement à son mari, ses yeux clairs exprimaient un léger regret à l’idée la laisser seule, mais la voiture de Richard intéressait tout le monde et Ewen devait être heureux d’être enfin libéré de sa présence imposée.

Instinctivement, elle leva tout de même une main pour lui dire au revoir et ce n’est qu’à cet instant qu’elle réalisa qu’elle avait posé les mains sur son abdomen, le caressant machinalement comme si elle portait en son ventre la vie. Depuis combien de temps faisait-elle cela sans s’en apercevoir?

« On y va, m’dame? », demanda l’enfant qui, malgré la jeunesse de ses muscles, commençait à trouver son panier de course plutôt lourd.

Puisque le service payé par Richard n’était que d’apporter le panier jusqu’à la porte, Clara s’occupa elle-même de le rentrer à l’intérieur de la maison et s’aperçut rapidement qu’il était effectivement beaucoup plus lourd qu’il n’en paraissait. En fermant la porte derrière elle, la femme de Richard Hamilton lança un coup d’œil vers le bout de la rue où la voiture à moteur s’éloignait et elle eut un sourire pour les deux hommes qui devaient certainement s’amuser comme des enfants à cet instant.

Profitant de sa solitude, Clara rangea rapidement les objets et autres babioles qu’elle avait achetés pour leurs pièces au sous-sol, dans ce qui lui restait de son atelier; elle s’éviterait ainsi quelques critiques de la part de Richard. La jeune femme entreposa ensuite les aliments périssables au frais, laissant tout le reste sur la table de travail centrale de la cuisine. Elle combattit même l’idée de commencer immédiatement la préparation du repas et monta finalement à l’étage pour se faire couler un bain chaud. Elle était persuadée d’avoir le temps de se laver avant l’arrivée des hommes et elle eut raison.

C’est donc avec une nouvelle tenue, moins colorée, mais beaucoup plus confortable, que madame Hamilton ouvrit la porte à son domestique, ses cheveux encore mouillés ondulants dans son dos.

« Mais certainement! Si vous pensiez vous soustraire à votre besogne par une balade en voiture, c’est raté! », répondit-elle sur le même ton de voix que celui utilisé par Ewen, lui rendant également son sourire. « Richard ne vous accompagne pas? », constata-t-elle en fronçant les sourcils, mais le jeune homme se dirigeait déjà vers la cuisine. Elle referma donc la porte en regardant à l’extérieur, mais il n’y avait aucune trace de son mari. Son regard suivit alors son domestique qui semblait avoir retrouvé son enthousiasme à travailler pour les Hamilton et Clara secoua discrètement la tête en souriant à pleines dents. « Vous semblez plutôt confiant pour un homme ne sachant cuisinier… », se moqua-t-elle gentiment en suivant les pas d’Ewen alors qu’il lui annonçait avoir tous les ingrédients pour leur préparer une tourte au poulet. « La mère de Richard en faisait une version plutôt réussie avec du dindon sauvage, mais je n’ai rien mangé de tel depuis des années! », avoua Clara. « Ce sera délicieux! », ajouta-t-elle pour encourager son domestique.

C’est alors qu’une fois encore, Ewen fit référence à la condition de Clara pour lui recommander de manger du gras et de se reposer. La jeune femme se renfrogna par surprise et incompréhension dans le dos de son domestique et cessa de le suivre : « Quoi? Quelle condition? », s’exclama-t-elle plus pour elle-même que pour avoir une réponse franche de la part de l’Irlandais. « Monsieur O’Hara! », reprit-elle en le rejoignant en cuisine d’un pas rapide.

En repensant rapidement à la chronologie des évènements, madame Hamilton crut comprendre le malentendu; Ewen s’imaginait qu’elle était enceinte. « Monsieur O’Hara! », répéta-t-elle en posant les paumes de ses mains sur la table centrale de la cuisine où il s’occupait déjà à éplucher les légumes. « Ai-je l’air enceinte? », demanda-t-elle brusquement, comme si la survie d’Ewen dépendait maintenant de sa réponse. Peut-être la trouvait-il grosse ou que ses robes ne lui faisaient pas bien; cela expliquerait l’absence de compliments sur sa tenue, des heures plus tôt. Ou alors, le jeune homme ne se basait que sur le geste qu’il l’avait surprise à faire comme un vieux réflexe avant d’embarquer avec Richard pour supposer une telle chose.

« Je ne le suis pas. », dit-elle finalement avec une légère pointe de déception dans la voix. Clara laissa ses mains glisser sur la surface de la table jusqu’à ce qu’elles se rejoignent et les croisa ensuite sur son ventre. « C’est techniquement impossible… », ajouta-t-elle immédiatement telle une confidence en sachant fort bien qu’Ewen n’aurait pas besoin d’explications supplémentaires pour comprendre. Madame Hamilton haussa les épaules et parce qu’elle n’avait jamais réellement eu l’occasion de parler ouvertement de ses difficultés à enfanter et qu’Ewen réussissait à la mettre en confiance, elle poursuivit : « J’ai mené à terme qu’une seule de mes grossesses et… Et mon fils n’a pas survécu à l’accouchement… ». Décroisant les bras, Clara se mit alors à imiter le bercement qu’avait fait la vieille voyante et plongea ensuite son regard dans celui de l’Irlandais qui avait levé les yeux vers elle. « C’est ce qu’elle a fait avant de disparaitre… Je parle de la femme âgée qui voulait nous vendre la bonne fortune. Quand je me suis tournée vers elle, après… Après qu’elle ait parlé de passion… Elle m’a souri et a fait ce geste… », révéla-t-elle malgré la petite voix dans sa tête qui lui disait de ne pas le faire.

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Ewen O'Hara
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MessageSujet: Re: And in a second, our lives changed... | Ewen O'Hara And in a second, our lives changed... | Ewen O'Hara - Page 4 Icon_minitimeMer 27 Nov - 6:08


And in a second, our lives changed... | Ewen O'Hara - Page 4 Tumblr_mfbu4j4iNd1qie81eo1_500

Un climat plutôt amical et joyeux s’était maintenant installé entre les deux jeunes gens, et Ewen, fort de ses nouvelles connaissances culinaires, était bien déterminé à montrer à Clara qu’il pouvait se montrer utile, si elle en doutait encore. Il essayait de paraitre confiant, même si la profusion d’ingrédients et de matériel ne lui était guère familiers… Il n’avait jamais eu l’occasion de se servir d’autant de légumes en prison, ou même en dehors. Malgré son inexpérience, le O’Hara avait un tempérament débrouillard, et les efforts ne lui faisaient pas peur : il ne craignait donc pas de se salir les mains, et de s’appliquer pour offrir à ses hôtes le meilleur traitement.

    - Pas d’risques, pour sûr ! S’exclama-t-il, presque horrifié, lorsqu’elle l’accusa en riant d’avoir essayé d’échapper à ses tâches en suivant l’époux dans sa balade. M’sieur Hamilton avait encore que’qu’chose à faire, y tard’ra pas, j’pense.


Comprenant qu’elle plaisantait, il leva quelques secondes la tête de ses épluchures, pour lui adresser un sourire, et son cœur manque un battement. Il détourna immédiatement les yeux pour se replonger dans son travail, se reprochant mentalement de ne pas avoir suivi la fille de joie, dans la tanière, pour soigner définitivement cette inclinaison, qu’il pensait due probablement à son manque de chaleur humaine durant les dernières années.
Les hommes n’étaient habituellement pas difficiles à satisfaire, et Ewen ne pensait pas échapper à cette règle, pour ce qu’il en connaissait… Son attirance inquiétante pour la jeune femme, qui semblait grandir avec leur proximité, serait soignée quand il aurait soulagé ses besoins primaires dans les bras d’une autre femme, il voulait s’en convaincre, pour ne pas craindre pire.

Son enthousiasme à l’idée de cette recette, néanmoins, lui donnait tous les encouragements dont il avait besoin pour poursuivre dans ce sens. Ewen était bien déterminé à surpasser la belle-mère de Clara, et à éveiller les bons souvenirs de Richard, avec un menu délicieux, inspiré de la gastronomie française. Une prochaine fois, il essayerait peut-être de retrouver quelques racines de ses propres origines, pour leur composer un plat traditionnel. Cette perspective le motivait, comme s’il venait de trouver un nouveau but à son existence, un objectif pour le futur, qui l’entrainait passionnément : personne n’avait sans doute coupé de poireaux avec un tel entrain.
Il dut cependant relever les yeux pour affronter de nouveau la vision de la brune, lorsqu’elle lui demanda expressément de le faire, et il posa quelques secondes le couteau, pour s’occuper pleinement du trouble qu’elle exprimait.

    - Non, non, vous avez l’air… Commença à se défendre le jeune homme vivement, avant de buter sur ses mots. Il ne savait pas vraiment ce qu’il était autorisé à dire sans être déplacé, dans cette situation. Ses prunelles ne quittaient plus le visage de Clara, qu’il paraissait avoir blessé, et il se sentait brisé de cette constatation, comme s’il continuait de lui inspirer toujours des émotions opposées à ses désirs. Désolé, j’croyais, vous sembliez…


Fragile ? Perturbée ? Bien entendu, il ne s’était basé sur rien de physique, et il s’était trompé. Il s’en voulait à présent, de voir qu’il l’avait vexée, et même, plus grave, attristée. Il avait cru voir dans ses gestes une certaine façon de se tenir, qui lui avait rappelé, injustement sans doute, la maternité. Et bien entendu, il n’avait jamais perdu un enfant, pour savoir que le traumatisme pouvait s’exprimer de différentes façons.

    - Techniquement impossible ? Répéta l’irlandais, en se méprenant sur ses explications. Etait-elle malade, et incapable désormais de mettre au monde un petit Hamilton ? Pourtant, elle disait avoir réussi à faire un fils, donc… Oh, se contenta-t-il donc de conclure, en comprenant que le couple n’avait pas de rapports qui puissent l’induire à une grossesse actuelle.


Etait-ce commun de parler de ce genre de choses à ses domestiques ? Etait-il sensé garder un journal des liaisons de ses maitres, pour les encourager à la fertilité ? Les épaules d’Ewen s’étaient affaissées malgré lui sous le poids que lui causait cette révélation, et dont il ne savait que faire, à part le porter avec elle. Il ne pouvait plus la quitter des yeux, alors qu’elle mimait sa douleur, et la réminiscence que lui avait provoqué la vieille femme. Le O’Hara la détestait presque, à présent, cette diseuse de bonne aventure, qui n’avait fait qu’enfoncer un couteau dans la plaie d’une femme qui avait perdu espoir d’enfanter, à en croire ses paroles.

    - J’suis certain qu’ça va s’arranger, finit-il par dire, faute de mieux, en essayant d’utiliser un ton enjoué, et d’éviter pour cela d’imaginer réellement ce que cela incluait. Vous s’rez grosse bientôt si vous l’voulez, y’a pas b’soin d’une vieille sorcière pour vous l’dire !


Il n’imaginait pas une seule seconde que ce puisse être Richard qui abandonne ses devoirs conjugaux… Quel homme n’aurait donc pas voulu partager le lit de Clara ?

    - Est-ce que j’peux aider ? Demanda-t-il, sans réfléchir vraiment aux implications de cette question, parce qu’il lui semblait de son devoir de le faire. Enfin j’veux dire… Pas… Vraiment… Comme ça, ou autre.


Bien sur, en prison plus qu'ailleurs peut-etre, il avait entendu parler de ces arrangements malsains, et prohibés par la loi comme par la morale, de femmes adultères qui allaient chercher dans les bras d'amants le moyen de tomber enceintes, parce qu'elles ne pouvaient pas l'être de leurs maris. Et surement, pour cela, encore une fois, Ewen était en avance sur son temps, car il croyait également que la semence des hommes pouvaient être la cause de problèmes, et non seulement la capacité d'une femme à être mère, comme beaucoup les en blâmaient.
Il ne s'était jamais posé la question lui-même de ne pas pouvoir avoir de descendance, car sa famille avait toujours été des plus prolifiques : son père l'avait prouvé dès son plus jeune âge, en faisait d'Ewen un garçon parmi bien d'autres, rien que si l'on ne comptait que ceux de sa mère. Il n'avait jamais soupçonné d'autres liaisons, mais il n'aurait pas été étonné d'apprendre qu'il y avait d'autres O'Hara à Londres, qu'il n'avait pas rencontré.

    - Vous voulez l'être ? L'interrogea-t-il, soudainement, pris d'une hésitation, en la regardant. Si c'était bien elle qui ne voulait plus laisser son mari la prendre ainsi, il devait bien y avoir une raison, qu'elle voudrait peut-être partager, comme une confidence, pour la faire avancer au-delà. Personne peut vous juger, vous savez. Surtout pas moi, confirma-t-il avec une expression encourageante, mi amusée, parce qu'il était clair qu'il n'était pas un exemple de bon sens et de morale, en apparence.


Il avait vu des femmes payer les recours d'autres vieilles sorcières, d'une sorte plus dangereuse, qui les sauvaient du poids d'un accouchement trop pesant. Il avait été le témoin d'abandon, d'adolescentes maudissant leur sort, se torturant plutôt que de devoir assumer la responsabilité d'un être que le père avait déjà délaissé, se délivrant de la honte d'une telle preuve de débauche hors des liens du mariage, ou même parfois au sein même d'un foyer pourtant établi, pour d'autres raisons.
Chacun avait son histoire, et Ewen ne s'était jamais senti assez bien placé pour en tirer des hypothèses justes sur leur choix.
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Clara Hamilton
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MessageSujet: Re: And in a second, our lives changed... | Ewen O'Hara And in a second, our lives changed... | Ewen O'Hara - Page 4 Icon_minitimeSam 30 Nov - 1:34



And in a second, our lives changed...

« ... »

Maison Hamilton, 1892

La légèreté avec laquelle le jeune homme lui exprima ses certitudes quant à une grossesse qui ne nécessitait pas les prédictions d’une voyante fit croire à Clara qu’elle l’importunait avec ses histoires. Le ton humoristique utilisé pouvait bien être une manière polie de clore rapidement une conversation indésirable et elle ne pouvait lui en vouloir; Richard lui-même ne parlait jamais des nombreuses fausses-couches de son épouse ni de leur enfant mort-né.

Madame Hamilton baissa les yeux sur les poireaux coupés par son domestique et tendit la main dans leur direction pour en prendre une rondelle qu’elle porta immédiatement à sa bouche. Elle venait à peine de commencer à la mâcher qu’elle la recracha presque aussitôt : Ewen venait-il réellement de lui offrir son aide?

La main dans laquelle elle avait recraché sa rondelle de poireau devant la bouche, Clara dévisagea le jeune homme alors que dans sa tête, elle s’imaginait déjà toutes les formes d’aide qu’il pouvait lui offrir dans le domaine de la maternité. Ses joues devaient avoir pris une teinte cramoisie, car elle sentait une chaleur bouillante lui monter à la tête.

Comme si ses mots avaient été plus rapides que sa pensée, Ewen tenta de rattraper ses paroles avec empressement, ce qui le fit bégayer légèrement. Le jeune homme lui paraissait, à cet instant, si pur et innocent que Clara se surprit à se demander si ce n’était pas elle qui lui insufflait ses propres pensées condamnables… Madame Hamilton ne faisait peut-être que voir le reflet de ses fantasmes dans les intentions de son domestique qui ne cherchait, au final, qu’une solution au malheur de ses maîtres.

« Bien entendu! », répondit-elle en se débarrassant de sa rondelle de poireau à demi mâchée, se détournant ainsi du regard perturbant du jeune homme. « Je n’imaginais rien d’autre que… En fait… C’est une évidence que vous ne parliez pas de… Je veux dire… Cette idée ne m’a jamais traversé l’esprit!... ». Faux. « Je ne pourrais pas accepter… Si… Si vous me proposeriez de… Je sais que vous ne le feriez pas!... ».

Cette conversation n’avait plus aucun sens et plus Clara ouvrait la bouche pour tenter de convaincre Ewen qu’il n’y avait aucune raison de justifier sa proposition d’aide, plus elle avait l’impression de compliquer elle-même les choses. Heureusement, son domestique eut la vivacité d’esprit de faire dévier la conversation : il lui demanda si elle voulait être enceinte.

Madame Hamilton, s’étant détournée du jeune homme, revint doucement vers lui, cette fois en réfléchissant silencieusement à la question qu’il venait de lui poser. Le choix de réponse devait être simple : oui ou non. Néanmoins, dans les faits, la réponse à cette question était beaucoup plus complexe. Clara, les bras à nouveau croisés devant elle comme si ce geste pouvait lui offrir une quelconque protection, avait les yeux baissés.

« Je… », commença-t-elle avant de se taire, soupirant néanmoins. Elle demeura un moment pensive, mais leva finalement les yeux vers Ewen, lui rendant son sourire : « Je ne sais pas… », dit-elle en haussant les épaules. « Il y a si longtemps que j’ai… Que nous avons renoncé à être parents, Richard et moi que… Je ne sais pas… Le problème n’a jamais été d’être enceinte… », confia-t-elle presque timidement.

Ce genre de conversation devait être plutôt rare, voire inexistante, entre un domestique et sa maîtresse et si Ewen avait été embauché par une autre famille, il aurait tout de même découvert certains de leurs secrets par l’observation et l’écoute, mais jamais par les confidences directement.

« Porter la vie quelques mois et la perdre est terrible, mais… Tenir dans ses bras… Bercer un… Un petit garçon magnifique qui… Qui ne respire pas… Ça, c’est… », murmura Clara avec émotion, incapable de verbaliser l’horreur de cette situation et la douleur éternelle qu’elle ressentait au creux de ses entrailles.

Sentant ses yeux s’humecter et les sanglots approcher, la jeune femme fit basculer sa tête vers l’arrière pour regarder le plafond et respirer profondément, mais ne fuit pas; aller pleurer à l’étage, seule, aurait été facile, mais elle devait affronter ce douloureux souvenir et la présence de cet étranger à la bonté exceptionnelle semblait l’y aider.

« La vérité, monsieur O’Hara, est que j’aurais souhaité que chacun de mes enfants survive… Je ne suis pas différente de ces femmes qui rêvent d’une maisonnée remplie d’enfants et Richard aurait été un père fantastique, mais… Après cet événement… Nous avons tout simplement tout fait pour éviter de souffrir à nouveau… ».

Se sentant plus en contrôle de ses émotions, Clara redressa la tête et regarda à nouveau le jeune homme qui regrettait peut-être d’avoir posé cette question : « Ce statu quo dure depuis plus de dix ans déjà… Alors lorsque je vous dis que c’est impossible que je sois enceinte… », avoua-t-elle avec un petit sourire triste en baissant les yeux sur les poireaux.

« Puis-je vous aider? », demanda-t-elle soudainement pour mettre un terme à cette conversation, désignant les légumes à peler et à couper. « Dites-moi ce que je dois faire et je serai votre aide-cuisinière! Oh! J’y pense! », s’exclama-t-elle en se précipitant vers le fond de la cuisine avant de revenir vers Ewen avec un tablier de tissu à la main : « Pour ne pas salir votre beau costume! », expliqua-t-elle d’un ton léger qui sembla effacer toute la gravité de leur conversation précédente.

Clara était en train d’aider Ewen à attacher son tablier dans son dos, un sourire joueur aux lèvres, lorsque la porte de la maison des Hamilton s’ouvrit; elle n’avait pas entendu la voiture de Richard.

« C’est moi! J’ai déposé Ewen à la taverne des Ten Bells… », s’écria Richard en entrant chez lui. De son côté, Clara serra brusquement le tablier d’Ewen en répétant dans un murmure : « La taverne? », d’un ton qui se voulait faussement accusateur. « Il devait y rencontrer la cuisinière! Je crois que nous ne le reverrons pas de ci tôt… », plaisanta monsieur Hamilton en déposant son manteau sur la rampe de l’escalier, persuadé de connaître les intentions de son domestique. Ses pas s’approchèrent de la cuisine et lorsqu’il y entra, il fut plutôt surpris d’y voir monsieur O’Hara, un tablier de cuisine noué à sa taille. « Oh! C’est que vous êtes un p’tit rapide, mon ami! », s’exclama Richard avec humour. « Ou alors cette cuisinière sait s’y… Hum… Hum… », fit-il, réalisant que Clara se trouvait juste derrière lui.

***

Ewen O’Hara avait remporté son pari; sa Tourte au poulet semblait tout simplement délicieuse et les Hamilton étaient impatients d’y gouter; Richard en particulier, que la perspective de ce repas ravivait d’heureux souvenirs. Ce dernier avait insisté pour que le repas soit posé au centre de la table, comme sa mère le faisait toujours, et que chacun se serve lui-même, se partageant les plats. Monsieur Hamilton était assis au bout de la table et à sa droite se trouvait son épouse. La place d’Ewen, qu’une autre famille aurait certainement mise dans une autre pièce, se trouvait à sa gauche et face à la jeune femme.

Lorsque chacun fut assis, Richard tendit les bras pour attraper les mains d’Ewen et de Clara. Cette dernière, n’hésitant pas une seule seconde, leva son autre main pour attraper celle du jeune homme; ensemble, ils feraient le bénédicité du repas. Malgré le caractère religieux de ce geste, dès que les doigts de Clara se refermèrent sur ceux d’Ewen, son imagination se remit à la bombarder d’images agréables, mais condamnables. C’est donc légèrement troublée qu’elle pria avec son mari.

« Mangeons! », s’exclama Richard après le bénédicité avec enthousiasme. Se servant d’abord et faisant passer les plats, monsieur Hamilton regarda son domestique : « Ewen, j’aimerais vous entendre sur votre première journée à notre service. Je n’ai malheureusement pas eu le loisir de vous accueillir comme il se devait ce matin… ». Son regard se tourna brièvement sur Clara qu’il trouvait beaucoup plus sereine qu’à son départ. Peut-être son bouquet de fleurs y était-il pour quelque chose; ce dernier avait été mis dans un vase, posé au centre de la table, avant l’arrivée des deux hommes. « Racontez-moi tout! ».

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Ewen O'Hara
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MessageSujet: Re: And in a second, our lives changed... | Ewen O'Hara And in a second, our lives changed... | Ewen O'Hara - Page 4 Icon_minitimeSam 30 Nov - 8:52

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Sans le vouloir, et même plutôt en espérant trouver un terrain d'entente joyeux, Ewen s'était malgré lui engagé dans un chemin très glissant, comme si chaque fois qu'ils essayaient de communiquer, les deux jeunes gens se retrouvaient indubitablement à envisager un rapprochement trop dangereux... N'arriveraient-ils donc pas à trouver une distance correcte, entre le rejet de leur première rencontre, et une proximité indécente ? L'irlandais s'efforçait de son mieux d'oublier toute pensée inappropriée, mais il semblait que la seule présence de Clara à ses côtés ne puisse finalement qu'orienter ses pensées et ses propos dans ce sens. Heureusement, les confidences de la jeune femme, lorsqu'elle poussa plus loin les aveux, leur permirent de retrouver un apaisement, bien qu'un peu sombre, ravivant de vieilles plaies.

    - C't'une chance d'pouvoir souffrir, des fois, ça montre qu'vous êtes vivante... J'sais bien qu'ça fait peur d'tomber, mais si on essaye plus jamais d'marcher, on sait pas jusqu'où c'qu'on pourrait aller, non ? Tenta de l'encourager maladroitement le O'Hara, en reprenant sa tâche, pour se donner une contenance en même temps, et ne pas insister trop sur la douleur qu'elle semblait refouler. Enfin j'veux dire, à pas prendre l'risque d'se faire mal, on manque p't'être des bonheurs encore plus grands, non ?


Il fit une légère grimace, constatant avec peine que la philosophie d'un homme des rues ne trouvait surement pas d'échos chez une jolie bourgeoise, qui n'avait surement à coeur que de se protéger. Quand le sort obligeait à vivre au jour le jour, ce genre de considération était prise plus à la légère, et les enfants morts nés étaient une fatalité qu'on essayait d'oublier bien vite, en s'occupant de ceux qu'ils fallait nourrir. Ewen avait été bien placé pour connaitre ces faits, même s'il s'était toujours aperçu qu'il éprouvait une sensibilité différente à ces évènements... Qui l'amenait sans doute à la comprendre, à présent, plus que ce qu'il aurait imaginé.

    - Non, vous avez pas à... Commença-t-il pour l'empêcher de s'occuper de lui, et de défier l'ordre des choses, mais la demoiselle était déjà passée derrière lui, pour lui nouer un tablier dans le dos. Sentir ses mains doucement l'effleurer lui ôta tout mot de la bouche, et il s'arrêta même de respirer un instant, sans s'en rendre compte. M'dame Hamilton...


Le moment fut brusquement interrompu par l'arrivée inopiné de l'époux qui, apparemment ravi par sa balade, venait prendre des nouvelles de sa femme et de son nouveau domestique, sans avoir remarqué que celle-ci s'évertuait maintenant à rendre les tâches de l'irlandais plus simples, afin qu'il reste parmi eux. Ewen s'empourpra légèrement en réalisant que son maitre était en train de suggérer des activités graveleuses, devant Clara, concernant son passage à la taverne, et secoua la tête pour cacher son trouble, avec humilité, et un rire un peu gêné. Le O'Hara ne savait pas s'il était commun d'échanger ainsi des détails intimes avec son patron, mais la réciproque l'aurait plus encore embarrassé, et il craignait pourtant que l'affection virile dont faisait preuve Richard à son égard finisse par engendrer ce genre de discussions.

    - Elle est excellente en effet... Pour la tourte ! Répondit le jeune homme, en tentant d'ignorer le regard interrogateur de Clara, que l'évocation de son escapade semblait troubler. Elle avait d'ailleurs, sous la surprise, serré un peu trop son noeud, et il la soupçonnait de l'avoir fait sciemment, pour une obscure raison. C'sera prêt dans pas longtemps, c'est du rapide, pour sûr.


Il détourna les sous-entendus efficacement, pour ne pas créer un climat de malaise dans la cuisine, où il espérait bien pouvoir mettre à l'oeuvre ses talents nouvellement acquis sans être dérangé par le couple étrange chez qui il venait d'être admis, et intégré assez subitement. Les instructions de la recette étaient claires, mais nécessitaient également une certaine concentration, et Ewen s'empressa de s'y atteler complètement, tandis que les Hamilton vaquaient à d'autres obligations... Le O'Hara commençait tout juste à appréhender la dynamique qui existait entre eux, et il craignait désormais de n'avoir pas une place très claire au sein de la famille... D'ailleurs, il remarqua très vite que la maitresse de maison lui avait installé une assiette à la table, accentuant ce sentiment de ne pas comprendre réellement son rôle, et ce qui était attendu de lui. Devrait-il également partagé le lit conjugal ?
Ce genre d'arrangements lui était difficile à envisager, même s'il avait ouï dire qu'ils se faisaient assez régulièrement... Il s'appliqua à la réalisation d'un plat parfait, au fumet succulent, pour éviter de trop réfléchir aux conséquences de cet accord qu'il avait peut-être donné trop vite, pour obtenir un emploi, sans imaginer que certains riches pouvaient probablement guetter les malheureux comme lui, et leur désespoir, pour leur faire accepter tout et n'importe quoi.

xxx

    - J'suis désolé, M'sieur Hamilton, mais j'peux pas faire ça, s'exprima soudain Ewen, en se levant brusquement après la bénédiction du repas, perturbé par leurs mains jointes, cette table trop belle pour lui, ces attentions dont il ne connaissait pas vraiment les aboutissants. C'pas normal, j'peux pas manger avec vous, c'pas... J'vais aller m'occuper d'laver les couverts, pour servir l'reste.


Il n'avait pas répondu aux questions du Hamilton, parce qu'il les avait à peine écouté, sous le bourdonnement de son inconfort. Il avait avalé des bouts de pain rassis pendant des années, à même le sol, et il ne pouvait pas passer d'un jour à l'autre à l'habitude d'une chaise molletonnée, c'était au-delà de ses forces. Et si les Hamilton ne pouvait pas le considérer comme un véritable domestique à part entière, avec le respect du à sa condition, alors il devrait partir : sa décision était prise.
Le vouloir à leur table était malsain et déplacé, l'irlandais le vivait presque comme une insulte, de l'élever à un rang qu'il ne méritait pas... Se jouaient-ils de lui ainsi, pour leur plaisir ? Etait-il pour eux une sorte d'animal qu'ils avaient recueillis et voulait adopter ?
Le O'Hara n'était pas à vendre, de cette façon. Il désirait un travail, une position aux limites respectueuses, et fermes, pas un arrangement où l'attachement mutuel viendrait salir son éthique, et rendre son séjour déséquilibré, instable et délicat. L'erreur d'un serviteur était admise, et punie; celle d'un ami était plus incommodante et dérangeante... Ewen ne tenait pas à se retrouver dans ce cas de figure, qui s'installait malgré lui.

    - Racontez-moi donc, vous, alors, demanda calmement Richard en se tournant donc vers sa femme, lui prenant la main pour la prévenir d'un quelconque geste pour retenir l'ancien bagnard qui venait de s'enfuir. Il aurait du se douter de cette réaction un peu excessive, et s'en voulait légèrement de n'avoir pas été plus patient... Evidemment, maintenant, il voyait en quoi le choc culturel et social avait du être violent pour un homme qui sortait de tant d'années d'enfermement, et ne se formalisait pas de ses désirs rassurants d'être gardé à un niveau plus bas, plus acceptable par ses origines. Avez-vous croisé une connaissance lors de vos courses ? Cette jeune femme dont vous m'avez parlé l'autre fois, peut-être ?


A vrai dire, Richard ne s'intéressait à la conversation de sa femme plus par principe désormais qu'autre chose, à moins qu'elle n'ait pu lui apprendre quelque chose d'utile à ses propres investigations, ce qui était assez rare. Leurs routes avaient divergé, au long de ce mariage, qui n'en était plus vraiment un que par la forme. Il en espérant quand même que plus son bonheur, quoi qu'il dut comporter comme travers, et comptait bien la soutenir en ce sens. Du coin de l'oeil, il observa la porte fermée derrière laquelle Ewen avait disparu, avec curiosité.
Quand il revint, pour débarrasser les assiettes et apporter du fromage, les deux hommes se comportèrent de manière très naturelle, le Hamilton s'évertuant à complimenter la réussite de cette fameuse tourte, dont il exigea d'être resservi. Ewen le remercia d'un sourire, pour ses mots comme pour cette attitude courtoise et plus réglementaire, dans laquelle il se retrouvait.
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Clara Hamilton
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MessageSujet: Re: And in a second, our lives changed... | Ewen O'Hara And in a second, our lives changed... | Ewen O'Hara - Page 4 Icon_minitimeSam 30 Nov - 17:18



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« ... »

Maison Hamilton, 1892

Réfléchissant à la conversation qu’elle avait eue plus tôt avec Ewen, Clara avait placé les couverts sur la table et, avec l’accord silencieux de son mari, également ceux de leur nouveau serviteur. Ce dernier avait démontré beaucoup d’écoute pour elle et lui avait fait voir sa situation d’un autre œil, usant même d’une certaine philosophie qui, sortant de sa bouche, relevait plus du vécu que de beaux mots répétés à la légère. Il y avait si longtemps que Clara n’avait eu personne avec qui parler ainsi qu’elle en avait complètement oublié le rôle véritable du jeune homme au sein de la maison Hamilton. Pour sa défense, Richard s’était aussi montré plutôt amical envers lui; si le journaliste souhaitait dorer son image de simple représentant de la classe moyenne londonienne par l’embauche d’un domestique, il ne faisait que confirmer que ce prestige était peut-être hors de sa portée. Après tout, les Hamilton n’étaient qu’un couple d’immigrants ayant la chance d’habiter une maison modeste, mais confortable…

Lorsque l’Irlandais quitta brusquement la table, Clara leva les yeux vers son visage et sentit son estomac se nouer, mais il ne lui rendit pas son regard. Honteuse, elle baissa donc les yeux sur l’assiette vide qu’il laissait sur la table, n’ayant pas eu le temps de se servir lui-même, alors qu’il se précipitait vers la cuisine. Richard, quant à lui, suivit le mouvement de fuite du jeune homme en réalisant l’erreur commise avec beaucoup trop de retard et, sentant probablement l’inconfort de Clara, posa sa main sur la sienne, l’empêchant silencieusement ainsi de rejoindre monsieur O’Hara à ses tâches.

« Embaucher un domestique… Quelle belle idée, Richard! », murmura l’épouse en tournant un regard courroucé vers lui, incapable d’avoir une conversation calme après ce malaise. S’en suivit alors une dispute à demi-voix entre les Hamilton qui s’accusèrent mutuellement d’avoir mal agi envers le jeune homme et tous deux avaient raison. À leur manière, Clara et Richard s’étaient servis de ce garçon de la rue… Si l’Américain avait réussi à manger pendant cette dispute, Clara, quant à elle, n’avait rien avalé. Après un moment, elle se leva à son tour de table et jeta un regard peiné sur le travail culinaire de son domestique qu’elle ne gouterait pas. Richard ne tenta pas de l’arrêter; il savait où sa femme où se dirigeait…

Ainsi, lorsque le jeune homme revint pour servir du fromage, Clara était descendue à son atelier depuis un moment.

Malgré l’état encore peu satisfaisant de celui-ci, madame Hamilton y travailla à défaire les babioles qu’elle avait achetées en compagnie d’Ewen; concentrer son esprit à une tâche mécanique l’avait toujours aidé à taire les émotions désagréables qui la submergeaient et qu’elle n’avait pas le courage d’affronter. Si elle ne possédait aucun contrôle sur sa propre vie et celle des autres, elle en avait un sur les choses qu’elle créait de ses mains et c’était toujours ce qui réussissait à la réconforter…

Après plusieurs jours sans sommeil réparateur et une nuit blanche à nettoyer son atelier, Clara ne pouvait passer une autre nuit sans dormir, mais elle décida de repousser le moment où elle remonterait à l’étage à une heure tardive pour éviter de croiser l’un ou l’autre des deux hommes.

De plus, puisque la chambre dans laquelle elle dormait habituellement avait été préparée pour Ewen, l’idée de partager le lit de son mari la rebutait légèrement… Pas qu’elle craignait les intentions de Richard; il respecterait son épouse si elle se refusait à lui, mais ses pensées n’étaient dirigées que vers cette seconde chambre où le jeune homme dormirait, la tête posée sur l’oreiller qui avait accueilli la sienne jusqu’à cette nuit.

Il y avait, bien entendu, d’autres pièces dans cette maison mitoyenne qui auraient pu servir de chambre pour un domestique, mais aucune ne comportait de lit à l’exception de l’une d’entre elles; un petit lit d’enfant y était entreposé, comme beaucoup d’autres objets qui ne seraient jamais utilisés par de petits Hamilton. La porte de cette chambre, plus petite que toutes les autres, était toujours close, car elle représentait une certaine charge émotive pour les époux, mais Clara décida qu’elle y dormirait cette nuit et les suivantes, si Ewen demeurait à leur service... C’était ce petit lit ou un coin humide de la cave et entre les deux, le choix était simple…

Ainsi, lorsque madame Hamilton sentit qu’elle ne pouvait combattre le sommeil plus longtemps, elle monta l’escalier silencieusement, craignant d’éveiller les autres occupants de la maison qui avaient probablement rejoint leur lit respectif depuis plusieurs heures déjà. Richard n’avait jamais été un oiseau de nuit, mais qu’en était-il de l’Irlandais? Avait-il décidé que, tout comme sa place à la table, ce privilège d’avoir un lit confortable n’était pas normal pour un domestique de sa condition? Le trouverait-elle couché comme un chien devant le foyer?

À cette dernière idée, Clara se dirigea vers le salon et si le feu de foyer brulait doucement, signe qu’on l’avait entretenu dernièrement, elle n’y trouva cependant aucune silhouette endormie.  Puisqu’aucun son ne semblait provenir de la cuisine également, elle se félicita d’avoir attendu avant de monter de la cave, mais décida d’attendre encore un peu avant de rejoindre l’étage où se trouvaient les chambres. Les flammes du feu de foyer avaient un effet apaisant et elle se laissa aller à leur contemplation.

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Ewen O'Hara
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MessageSujet: Re: And in a second, our lives changed... | Ewen O'Hara And in a second, our lives changed... | Ewen O'Hara - Page 4 Icon_minitimeSam 30 Nov - 18:42


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Trop d'émotions d'un coup, sans doute, voilà qui expliquait la conduite d'Ewen, qui regrettait la façon dont il s'était comporté, sans toutefois penser différemment de son rôle : il fallait qu'il établisse immédiatement ses fonctions, de la façon la plus incontestable qui soit, s'il ne voulait pas d'ennuis. L'irlandais n'était pas sorti de tant d'années de prison pour y retourner à cause d'un malentendu, ou d'une dispute de couple... Il ne voulait pas être l'instrument d'un couple à problèmes. Et c'était ce qu'il avait l'impression d'être, en entendant les Hamiltons se disputer à mi voix, à table, après son départ.
S'il se sentit un instant coupable, et craignit d'être démis de son poste à cause de cette petite révolte, il essaya donc de se concentrer sur ses véritables tâches, qui consistait à servir ses maitres, au mieux de ses capacités, sans outrepasser les limites de la bienséance et de son statut.
Quand il revint pour apporter le fromage, Clara avait disparue, et son absence ne fut pas justifiée par Richard, qui se contenta d'accepter sa part, avec quelques éloges pour la tourte, dont son épouse s'était visiblement privée, puisque son assiette était intouchée. Ewen en ressentit un pincement au coeur, qu'il n'exprima pas non plus, se contentant de ramasser les restes, et de les ranger pour les conserver pour plus tard, si le coeur lui en disait.

Le reste de la soirée se déroula entre hommes : Ewen en profita pour apprendre à aider son nouveau patron à plier ses vêtements, à lui installer les éléments de sa toilette, afin qu'il puisse se coucher dans les meilleures conditions, sans avoir rien à préparer pour le lendemain. En voyant Richard prendre un journal et rehausser son coussin pour une dernière lecture, le O'Hara réalisa que son épouse n'avait guère sa place dans cette chambre, qui ne semblait occupée que par les affaires du journaliste.
Laissant là son patron pour la nuit, Ewen s'en alla vaquer aux autres tâches qui lui avaient été suggérées, ou dont il prenait l'initiative par intuition.
En passant devant la porte de la cave, le jeune irlandais écouta les bruits que produisaient les expérimentations de l'épouse livrée à elle-même, sans oser la déranger. Il imagina qu'il serait sans doute une bonne idée de passer derrière elle, quand elle aurait terminé, pour laver un peu, vu ce qu'il en avait vu, un peu plus tôt dans la journée.

Profitant avec délice d'un peu de confort qui lui était finalement offert, Ewen prit quelques minutes pour s'essayer rapidement le visage à l'eau propre, persuadé de ne plus jamais pouvoir se lasser de cette sensation, alors qu'il la fuyait étant tout petit. Son hygiène avait toujours souffert du manque de moyens, et l'irlandais s'était longtemps débrouillé du minimum, évitant tout juste les maladies et les infections qui étaient courantes dans ces conditions.
A présent qu'il se regardait dans un miroir non fêlé, il se reconnaissait à peine, découvrant son visage, et la véritable couleur de sa peau, dont la douceur, maintenant qu'elle était débarrassée de sa barbe naissante, était particulièrement surprenante, sous ses doigts rugueux, habitués aux travaux difficiles, de force. Alors qu'il s'observait ainsi sur la glace accrochée au mur, une tâche blanche sous le lit qui lui avait été attribué attira son attention, et il se retourna pour ramasser... La culotte jupon qui trainait là.

    - M'dame Hamilton ? Demanda-t-il en s'approchant doucement du feu devant laquelle la femme semblait se réchauffer, et qu'il avait fait flamber un peu plus tôt, en allant chercher quelques rondins bien secs dans la réserve. Faut arrêter ça... Commença-t-il, avant de s'arrêter, à une distance raisonnable, mais qui lui semblait encore trop proche pour ne pas le troubler, alors qu'il lui tendait son sous-vêtement.


Après tous ces signes, Ewen n'avait plus de doutes sur les intentions de l'épouse Hamilton, qui avait pourtant essayé de s'en défendre dans la cuisine, quand il l'avait soupçonné de vouloir user de lui comme d'un père de substitution. Il lui rendit son vêtement, les rouges rouges de gêne et de confusion. A la lumière des flammes, le visage de Clara était plus beau et attirant encore qu'il ne l'était à la lumière du jour, comme animé d'une certaine magie chaude... Et teintée d'une tristesse qui lui donnait l'irrépressible envie de la consoler, de la conforter, en la prenant dans ses bras, et en l'embrassant, comme elle méritait surement de l'être, pour oublier ses malheurs.
Le coeur d'Ewen lui semblait exploser tandis qu'il faisait précisément l'inverse de tout ce qu'il désirait.

    - C'pas qu'vous êtes pas... Enfin vous êtes tellement... Bafouilla-t-il pour trouver des mots, à voix basse, malgré les ronflements qu'il avait perçu dans la chambre conjugale, lorsqu'il était passé devant. Il se mordit la lèvre pour contenir ses pulsions, avant de poursuivre. Prenez-le pas mal, j'ai vraiment envie d'vous... D'vous... Ça m'rend... Pfiou... Vous imaginez pas c'que c'est d'vous avoir comme ça à côté d'moi, après tout c'temps... Et j'ai jamais eu d'femmes comme vous, qui m'faisait c't'effet, mais... Mais j'peux pas faire ça à vot'mari, comprenez ?


Malgré lui, il avait du mal à respirer, et à ne pas s'avancer encore vers elle, comme pour la toucher. Il n'imaginait pas un instant se tromper sur les émotions de la jeune femme - il le sentait, depuis le début, cette tension entre eux, qu'il avait voulu ignorer. Et quoi qu'elle puisse en dire, son corps entier trahissait son inclinaison pour lui, la manière dont elle avait tendu son visage magnifique vers le sien, lorsqu'il l'avait entrainé dans la ruelle, ses gestes, sa façon de le fixer, comme il le faisait lui aussi, malgré lui. Il y avait quelque chose entre eux, de grandissant, et il fallait le tuer, avant qu'il ne soit plus possible à contrôler, et brise leurs vies respectives.

    - Si j'dois rester, va pas falloir... Commença-t-il, alors qu'il se trouvait maintenant à quelques centimètres de sa bouche, sans comprendre comment il était arrivé là, contre elle, serrant dans son poing la dentelle fine qu'elle lui avait laissé près de ses draps, surement pour lui faire perdre la tête. Ce stratagème sournois fonctionnait-il plus encore qu'il ne le pensait ? De sa main encore libre, il remonta sur l'épaule de la jeune femme et dans son cou, comme une caresse, avant de s'attarder sur sa nuque, pour l'attirer vers lui. Leurs lèvres se frôlèrent. Toute sa volonté était mise à rude épreuve, alors qu'il résistait à la passion qui s'emparait de lui. J'mérite pas tout ça, conclut dans un grognement douloureux, avant de détourner légèrement la tête, ses doigts se crispant dans les boucles de ses cheveux bruns.


Un instant, la peur lui tordit le ventre : et si elle criait, l'accusait d'agression ? Certaines marâtres ne supportaient surement pas que l'on refuse leurs avances, ou les vexe en les repoussant. Mais les gestes d'Ewen étaient contradictoires, et ceux de Clara semblaient un peu trop bien s'accorder aux siens, comme s'ils n'étaient dirigés tous les deux que par une seule et même folie.
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Clara Hamilton
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MessageSujet: Re: And in a second, our lives changed... | Ewen O'Hara And in a second, our lives changed... | Ewen O'Hara - Page 4 Icon_minitimeDim 1 Déc - 4:28



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« ... »

Maison Hamilton, 1892

Les paupières de Clara se fermèrent en entendant la voix du jeune homme l’interpeler par le nom de son mari. Elle avait entendu ses pas légers dans l’escalier et senti sa présence dans son dos et si elle avait souhaité entendre les notes de son prénom prononcées par son accent, elle en fut légèrement déçue. Néanmoins, cette déception ne serait jamais exprimée…

Pendant son temps de réflexion, seule avec ses outils, ses boulons et ses engrenages, Clara était arrivée à la conclusion qu’elle ne devait plus laisser ses sentiments étranges pour l’Irlandais lui dicter sa conduite. En sa présence, elle devenait faible et s’il l’avait poussé à la confidence, elle ne devait plus le faire. S’il y avait une chose sur laquelle les Hamilton s’étaient entendu, c’était qu’Ewen était leur domestique, pas un ami ni un membre de la famille, et comme tel, des règles strictes dirigeraient à l’avenir son travail tout comme ses interactions avec les époux… Mais dans la pénombre de la nuit, devant ce bon feu de foyer, ses récentes résolutions lui semblaient bien décalées de la réalité.

Doucement, Clara fit volte-face pour regarder le jeune homme qui semblait s’être fait la même réflexion qu’elle; Richard et lui avaient certainement parlé de ce malentendu à la table pendant qu’elle se trouvait à la cave. Néanmoins, son regard se dirigea rapidement sur les dentelles qu’Ewen lui tendait et sa bouche s’entrouvrit légèrement : que faisait-il avec l’un de ses sous-vêtements? Pourquoi les lui apporter? Les sourcils de la jeune femme se froncèrent en signe d’incompréhension alors que ses doigts se refermaient sur ses dentelles sans qu’Ewen ne les lâche pour autant.

L’Irlandais s’était approché, posant sur elle un regard qu’elle n’arrivait pas à comprendre, mais qui la perturbait plus que tous les autres. Clara ne comprit pas immédiatement ce que bafouillait son domestique, mais lorsqu’il lui avoua avoir envie d’elle, elle retint son souffle un moment alors qu’une sensation agréable ressemblant à une décharge électrique, prenant naissance au creux de son bas-ventre se répandait à tout son corps, la faisant frissonner imperceptiblement. Malheureusement, il y avait dans cet aveu un sentiment que Clara ne comprenait pas… Comme si Ewen s’excusait de ne pouvoir répondre à ses avances…

Recommençant à respirer avec plus de difficultés qu’elle ne l’avait fait précédemment, Clara n’arriva pas à écouter sa conscience qui lui disait d’empêcher Ewen d’approcher plus près qu’il ne l’était déjà. Il y avait quelque chose d’étrange dans sa manière de parler et de se comporter. Comme si, sournoisement, il tentait de la faire culpabiliser pour ce qu’il s’apprêtait à faire… Comme s’il voulait lui faire comprendre qu’elle en était responsable… Et peut-être l’était-elle réellement pour ce qu’elle en savait…

Mais quoi qu’il en soit, à cet instant, elle était prête à assumer les conséquences de ses actes…

L’excitation de ses sens étant très forte, Clara laissa le jeune homme l’approcher davantage, lui caresser délicieusement l’épaule et le cou avant de se saisir de sa nuque pour la tirer vers lui jusqu’à ce que leurs lèvres se frôlent dangereusement. Sentir le souffle tiède d’Ewen se mêler au sien tous comme leurs respirations saccadées qui s’unifiaient eurent raison des dernières barrières de sa volonté. La femme de Richard Hamilton laissa le jupon qu’elle tenait d’une main et leva les bras pour encercler le cou puissant de l’Irlandais de ses bras, moulant son corps au sien pour tenter d’atteindre ses lèvres, mais ce dernier se détourna d’elle, jouant presque de cette passion qui lui était incontrôlable et explosive.

« Ewen… », murmura-t-elle d’une voix rendue plus rauque par l’émotion et suppliante, « Vous avez raison… Il ne faut pas… ». Le corps de la jeune femme lui disait pourtant le contraire alors que sa poitrine se soulevait au rythme des battements de son cœur contre le torse de son domestique. « J’ai envie de vous aussi… », avoua-t-elle en mouvant de manière suggestive son bassin contre celui de l’homme qu’elle désirait au-delà de la raison. « Mais… Je ne veux pas vous… Vous forcer à faire quelque chose que… Que vous regretteriez… Je suis désolée… ».

Alors que ses doigts glissaient sur la mâchoire de l’Irlandais, ses pouces caressant les fossettes de chaque côté de sa bouche, Clara recula légèrement la tête pour le regarder dans les yeux, son propre regard s’étant assombri par le désir. Ses mains se déplacèrent à nouveau, légèrement tremblantes, jusqu’à se poser sur les pectoraux d’Ewen. Ne pouvant résister à le toucher davantage, Clara passa ses mains sous le veston du costume qu’il portait pour le faire glisser de ses épaules et tomber jusqu’à ses avant-bras.

Doucement, ses doigts se dirigèrent vers les boutons de sa chemise et, se hissant sur la pointe des pieds pour approcher à nouveau son visage de celui du jeune homme, Clara chercha ses lèvres qu’il semblait déterminé à lui refuser. « Je vous en prie… », susurra-t-elle avant de réussir à s’en emparer avidement dans un baiser qui n’avait rien de chaste.

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MessageSujet: Re: And in a second, our lives changed... | Ewen O'Hara And in a second, our lives changed... | Ewen O'Hara - Page 4 Icon_minitimeDim 1 Déc - 12:54

And in a second, our lives changed... | Ewen O'Hara - Page 4 Thornyweeklykiwi?g=aHR0cHM6Ly90aHVtYnMuZ2Z5Y2F0LmNvbS9UaG9ybnlXZWVrbHlLaXdpLXNpemVfcmVzdHJpY3RlZC5naWY=

Il y avait sans doute peu de choses plus dures au monde, pour un homme, que de résister à une étreinte charnelle, après des années d'abstinence... Mais pire encore, lorsque c'était une femme si désirable qui le réclamait, de tout son être, tendu vers lui. Ewen répondit au baiser de Clara en y abandonnant sa volonté, goûtant avec intensité à cette bouche charnue qu'il n'avait cessé d'observer avec envie, toute la journée, en s'interdisant pourtant d'y penser. Et la sensation était plus douce encore que tout ce qu'il avait éprouvé jusque là, que tout ce qu'il avait imaginer, le forçant à en vouloir plus, et réclamant encore ce contact, en la serrant contre lui.
Alors qu'elle s'affairait visiblement à le déshabiller, Ewen avait l'impression de se perdre sous cette caresse, impatient que ses doigts le touchent vraiment, ne pouvant plus attendre de la découvrir à son tour.

Presque sans quitter ses lèvres, sa respiration devenant compliquée, les battements de son coeur s'affolant à lui en faire mal, les mains de l'ancien prisonnier remontèrent la jupe de la demoiselle, pour s'agripper à ses jambes, et la soulever dans ses bras. Tout allait trop rapidement, s'accélérait encore à vitesse effrayante, et avant de réaliser ce qu'il était en train de faire, l'irlandais se retrouva entre ses cuisses, qui semblaient s'enrouler irrésistiblement autour de lui, la plaquant contre le mur, pour mieux la porter.
Les deux jeunes gens, que tout opposait pourtant, paraissaient s'attirer comme des aimants, leurs corps s'adaptant parfaitement au mouvement de l'autre, si bien que cette escalade d'émotions était bien trop naturelle pour être évitée à présent... Le destin était en marche, surement, depuis le début, pour les rassembler à cet instant. La vieille l'avait prédit, et c'était bien la passion qui s'emparait d'eux à présent, dévastatrice, inconsidérée pour toute raison.

    - Pas de bruit, ordonna-t-il soudain en posant sa paume sur sa bouche, guettant un son qu'il avait cru percevoir, plus loin dans la maison. Son pantalon était entrouvert, la robe de Clara laissa entrevoir plus que sa gorge... Il n'aurait pas fallu que quelqu'un les avise ainsi, dans un temps trop limité pour remettre de l'ordre dans leurs habits. C'est d'la folie, soupira Ewen en la relâchant doucement, pour que ses pieds tombent de nouveau sur le sol.


Cette crainte passagère l'avait rappelé à la réalité de la situation, et de leur cohabitation, qui devait durer sur le long terme, pour leur bien à tous. Dans une grimace douloureuse de frustration, le O'Hara s'écarta pour laisser l'épouse infidèle prendre une bouffée d'air, dont ils avaient partagé les derniers souffle avec délice. Evitant soigneusement de la regarder, Ewen tenta de retrouver une contenance, sa virilité ayant répondu plutôt ardemment aux gémissements qu'avaient provoqués son étreinte chez sa partenaire.

    - C'est vous qui l'regrett'riez l'plus d'main, conclut l'irlandais, en s'excusant d'une voix douloureuse. J'peux pas vous déshonorer comme ça, ni vous ni Richard. Vous êtes malheureuse, vous savez plus c'qu'vous faites à cause d'la peine. Mais c'est vot'mari qu'doit vous faire un aut'p'tiot, c'lui qu'vous d'vriez...


A cette pensée, ses entrailles toutes entières se broyèrent, et il se sentit plus honteux encore d'éprouver de la jalousie envers un homme qui avait été si bon à son égard. Mais comme au diner, il ne fallait pas que Clara se méprenne, et le croit à leur niveau, capable de prétendre un droit à la séduire, ou pire, à la corrompre de cette façon. Ils étaient presque d'une race différente, tant leurs origines les éloignaient, et un tel mélange ne devait pas être envisageable, sous aucun prétexte.
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Clara Hamilton
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MessageSujet: Re: And in a second, our lives changed... | Ewen O'Hara And in a second, our lives changed... | Ewen O'Hara - Page 4 Icon_minitimeDim 1 Déc - 23:11



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« ... »

Maison Hamilton, 1892

Dès le moment où ils avaient échangé ce baiser lourd de promesses muettes, ils étaient perdus. Comme envoutés par cette passion qui les consumait violemment. Jamais Clara n’aurait imaginé, dans ses fantasmes les plus fous, être infidèle à Richard sous son toit et en sa présence, car pas un instant elle n’avait pensé à son mari endormi à l’étage. Si Ewen ne lui avait pas ordonné d’être silencieuse, plus conscient qu’elle de la réalité dans laquelle ils se trouvaient, elle aurait chanté les notes sonores d'une impatiente jouissance sans retenue et malgré la paume du jeune homme sur sa bouche, sa respiration bruyante aurait sans doute réussi à éveiller son époux.

Elle en voulait plus... Elle voulait ressentir cet état de délivrance dans les bras d'Ewen, mais en sentant à nouveau le sol sous ses pieds, elle eut plutôt l’impression de s’éveiller d’un envoutement puissant, de revenir à une réalité qui lui semblait tout à coup invraisemblable. Il n'en avait fallu que de peu pour que les deux jeunes gens condamnent leur âme au châtiment éternel, mais si elle avait choisi seule de mettre fin à leur étreinte ou pas, Clara serait toujours dans les bras d’Ewen et croyant peut-être bénéficier de cette proximité plus longtemps, elle tenta de le retenir alors qu’il se détournait à présent d’elle, évitant même de la regarder.

La jeune femme le regarda replacer ses vêtements, n’accordant aucune attention à l’état de sa propre robe, le cœur lourd comme si la distance soudaine de son domestique le lui arrachait de la poitrine. « Est-ce là l’opinion que vous avez de moi? », demanda-t-elle alors qu’Ewen laissait sous-entendre que tout ce qu’elle désirait désespérément était un enfant. « Que… Que tout ce que je veux est un… Un géniteur? ».

Sentant soudainement la culpabilité lui retomber sur les épaules et la honte de s’être offerte si facilement au jeune homme, Clara ajusta brusquement sa robe : « Je ne suis pas malheureuse au point d’ouvrir mes cuisses à n’importe quel homme, monsieur O’Hara! », dit-elle avec colère en insistant sur le nom de son domestique. « Si… Si cela n’était que… Que l’expression de votre obéissance… Vous vous êtes mépris de mes intentions! », ajouta-t-elle, réalisant à présent qu’Ewen n’avait probablement pas ressenti la même passion qu’elle, ne faisant qu’offrir son être à une femme désespérée, lui qui avait été privé de ce contact charnel depuis longtemps. L’insulte n’en était que plus grave.

Se penchant pour attraper la culotte-jupon délicate que l’Irlandais lui avait apportée plus tôt, Clara la reconnut immédiatement; c’était celle qu’elle avait retirée plus tôt avant de prendre son bain en l’absence des deux hommes. « Où avez-vous pris ça? », lui demanda-t-elle enfin alors que la réponse se matérialisait d’elle-même dans son esprit. « Elle était dans votre chambre, n’est-ce pas? ». Et soudain, elle comprit le sens des paroles d’Ewen au moment où il l’avait rejointe près du feu. « Vous pensiez que je l’avais laissé là volontairement… », dit-elle en serrant les jointures sur le tissu alors qu’elle se retenait de ne pas laisser exploser sa colère. « Que j’étais assez fourbe pour vous attirer à moi de cette manière? ». La femme de Richard Hamilton pouvait comprendre le malentendu à présent et se félicitait presque d'avoir été trop démonstrative vocalement; c'était à cet instant qu'Ewen s'était éloigné d'elle, évitant ainsi d'aller jusqu'au bout de cet étreinte.

« Je pensais que… Quelle imbécile… », murmura-t-elle pour elle-même. Pendant un instant, Clara s’était imaginé ressentir des sentiments plus profonds pour le jeune homme et la fusion de leurs corps n’aurait été que l’expression physique d’une telle passion, mais elle s’était laissé berner par les circonstances, tout comme Ewen avait l’impression d’avoir été utilisé pour ce qu’il représentait. « Si seulement j’avais su que ce gênant oubli nous causerait tant de regrets, j’aurais fait plus attention en vidant votre chambre de mes biens… », dit-elle froidement en tentant de ne pas succomber à la peine qui lui tordait les entrailles.

C’était un véritable cauchemar. Comment était-il possible de ressentir autant d'épanouissement un instant et avoir l’impression de mourir la seconde d’après? Et étrangement, Clara n’était pas dévastée par son infidélité, mais par les émotions contradictoires que lui faisait ressentir à nouveau l’Irlandais. « Ne craignez plus pour nos honneurs… C’était une terrible erreur… ».

« Bonne nuit, monsieur. », souffla finalement madame Hamilton, sans un regard pour le jeune homme, en se dirigeant vers l’escalier pour se soustraire à sa présence qui semblait la faire suffoquer de plus en plus. Elle hésita un instant à redescendre à la cave, mais préféra monter à l’étage où les ronflements discrets de Richard se faisaient entendre. Elle marcha directement vers la petite chambre qui servait de pièce à débarra et après y être entré et avoir fermé la porte derrière elle, Clara contourna les meubles recouverts de draps blancs et découvrit le petit lit dénudé de literie propre dans lequel elle se laissa tomber.

***

Lorsque madame Hamilton sortit de la pièce dans laquelle elle avait très mal dormi, le jour s’était levé depuis si longtemps que Richard avait déjà quitté la maison pour le travail, n’ayant pas cherché à voir son épouse avant son départ; habitué à ne pratiquement jamais la croiser, il devait s’imaginer qu’elle était dans son atelier. Courbaturée et les yeux rougis par le chagrin qui l’avait accompagné jusqu’à ce qu’elle s’endorme, Clara se faufila discrètement jusqu’à la salle de bain où elle comptait bien faire disparaitre l’odeur d’Ewen qui semblait avoir imprégné sa peau.  

Sa discrétion fut seulement de courte durée puisque dès qu’elle activa le système de plomberie, celui-ci se mit à grincer bruyamment. Heureusement, cette fois, elle avait pris soin de fermer la porte de la salle de bain pour éviter qu’on ne vienne la déranger…

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Ewen O'Hara
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Alors que Clara parlait, Ewen était resté interdit : sous le choc encore de cet échange inattendu, craignant l'arrivée de Richard pour interrompre ce malentendu... Confus par le sens de ces mots, que la jeune femme ne pouvait réellement penser. Toute cette journée n'avait finalement été qu'une suite de surprises et de quiproquos, de hauts et de bas, complètement bouleversants. Il n'était pas suffisant de sortir de prison et devoir se réadapter à la vie : il fallait que le O'Hara, à peine libre, se jette dans la plus compliquée des situations possibles.
S'il avait esquissé un geste pour la retenir, il s'était néanmoins arrêté dans son élan, suivant la voix de la raison cette fois... Il valait mieux que cet évènement soit oublié, qu'elle soit vexée de sa réponse, même si elle l'avait visiblement mal interprétée.
C'était mieux ainsi, pour leur bien à tous les deux.

Incapable de se concentrer sur quoique ce soit d'autre, Ewen se dirigea à regrets vers sa chambre, s'étonnant de cette sensation trop douloureuse, au creux de son estomac. Il éprouvait un sentiment inhabituel, à imaginer ainsi la jeune femme, blessée par sa faute, qui était plus profond que de la simple culpabilité. Bien sur, la frustration de ne pas être allé au bout de leur étreinte n'était pas agréable, et il tenta bien de compenser par lui-même, mais le visage de Clara, le goût de ses baisers s'imposaient à son esprit, l'empêchant de se satisfaire complètement d'un plaisir solitaire.
C'était elle qu'il voulait, en dépit du bon sens, des risques et de toutes les convenances, qui rendaient la chose impossible à envisager, définitivement.

xxx

Il réussit finalement à s'endormir, d'un sommeil agité, et se leva finalement avant le couple, qu'il imaginait dormir dans le même lit, enlacé... Une évidence qu'il avait du mal à supporter, et qui ne faisait que renforcer sa détermination face à la tentation que représentait l'épouse Hamilton.
Et pourtant, il faudrait bien qu'il y fasse face : la journée, Richard n'était pas avec eux pour les protéger d'un rapprochement inadéquat. Avant que le maitre de maison ne soit levé, Ewen s'était affairé à la cuisine, pour lui préparer un petit déjeuné approprié, avant une journée de travail, comme celui-ci lui en avait donné la consigne la veille, avant d'aller se coucher.
Suivant les instructions, le O'Hara se présenta donc dans la chambre au levé du jour, à la fois inquiet et soulagé de ne pas y voir Clara. Aidant Richard à faire sa toilette, sans se sentir vraiment utile, puisque l'homme avait appris à se débrouiller seul, pour le plus gros du travail, Ewen se contenta donc de faire la conversation, et lui mettant à disposition son matériel de rasage, et nettoyant derrière lui, ajustant ses vêtements pour qu'aucune trace de plis n'y soit visible.
Une fois le Hamilton partit, Ewen vaqua à d'autres tâches ménagères, et d'organisation, dont il lui avait donné la responsabilité, lui laissant, consciemment ou non, une large liberté pour répondre également aux besoins de sa femme, si elle les lui exprimait.
Ce fut donc avec appréhension que l'irlandais entendit la plomberie de la salle de bain grincer, indiquant avec précision la présence de la jeune femme, qu'il ne pouvait pas plus éviter physiquement que dans ses pensées.

    - M'dame Hamilton, est-ce que vous avez b'soin de serviettes ? Demanda-t-il à travers la porte, sans même chercher à l'ouvrir. Il ne pourrait surement pas prétendre aussi bien devant elle qu'il ne pensait plus à cet emportement de la soirée, mais il n'allait pas non plus relancer le sujet, si elle n'y faisait pas allusion elle-même. J'vais en mettre à chauffer d'vant la ch'minée, c'plus agréable, si vous voulez.


Il hésita un instant, se remémorant de manière fugace leur étreinte devant le feu. Ses poings se serrèrent malgré lui, et sa mâchoire se crispa légèrement. Faire comme si de rien était paraissait moins aisé, maintenant qu'elle était si proche, surement nue, à quelques pas de lui, derrière ce mur.
La vieille femme du marché lui avait-elle réellement jeté un sort, ou une malédiction, pour lui donner ce désir menaçant pour la seule femme qu'il n'aurait pas du toucher ? Une seule envie charnelle aurait été facile à combler néanmoins, par d'autres moyens... Ewen était un homme en pleine épanouissement sexuel, et aux pulsions débordantes, comme tout individu de son âge et de sa forme. Mais Clara exerçait sur lui une autre sorte de fascination, qu'il craignait de ne pas pouvoir distraire autrement. Et s'il y avait cédé, complètement, en serait-il encore la victime ? Il lui semblait que son appétit ne pouvait pas être comblé, dans tous les cas, que rien ne serait jamais suffisant.

    - J'vais vous préparer à manger, aussi, vous d'vez être affamée, conclut-il, lui indiquant par là qu'il avait bien remarqué qu'elle n'avait rien avalé au diner. Ewen soupira intérieurement, un noeud se formant de nouveau dans son ventre.

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