L'élite vit de l'ignorance du peuple (ft Joon)



 
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L'élite vit de l'ignorance du peuple (ft Joon)

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MessageSujet: L'élite vit de l'ignorance du peuple (ft Joon) L'élite vit de l'ignorance du peuple (ft Joon) Icon_minitimeDim 20 Nov - 22:54



L'élite vit de l'ignorance du peuple.

« Le premier signe de l’ignorance, c’est de présumer que l’on sait. »

Bar, Whitechapel, 1890.

Les couteaux s’étaient faciles. Les fléchettes reposaient également sur le même principe. Il n’y avait aucun moyen de jouer sur les mots avec ces jeux-là. On touchait la cible ou non. Aucun moyen de discuter une victoire.

Les paris, là, cela commençait à se compliquer. De son point de vue, les Anglais aimaient se compliquer la vie avec des tournures de phrases alambiquées. On croit gagner et finalement non. Tout cela parce qu’un mot de la phrase n’avait pas la signification qu’il avait crue. Les paris, contrairement au jeu de couteaux ou aux fléchettes, pouvaient être le théâtre de la pire mauvaise foi humaine. Wang avait appris à faire avec. Cela faisait partie du jeu, en quelque sorte, en rajoutant de l’incertitude à son issue. Quelle autre option avait-il ? Il aimait trop ce genre de jeu pour arrêter et améliorer son anglais ressemblait à un challenge impossible à relever. Aux yeux du Chinois, cette langue était aussi fourbe qu’un reptile. Il ne renonçait pas à continuer d’agrandir son maigre vocabulaire, mais avait renoncer a l’idée d’arriver a la maîtriser complètement.

Aujourd’hui, Wang s’était éloigner des paris sur les combats illégaux qui se jouait pour tester les cartes à cause de la promesse d’en tirer beaucoup plus d’argent que dans les paris sur les combats. Comme il regrettait cette décision à présent !

Oh, la personne qui l’avait entraîné là-dedans avait raison sur un point : l’argent filait beaucoup plus vite qu’en misant qu’avec les paris. Le sien, en tout cas, lui filait rapidement entre les doigts.

Avant de commencer, on lui avait expliqué avec une patience exagérée, les règles de base de ce jeu. Sur le papier, cela ne semblait pas compliqué. Hormis le fait que ces règles s’accompagnaient d’une ribambelle de nouveaux termes ne s’appliquant qu’au Poker. Les trois hommes avaient assuré qu’il s’y ferait au fur et à mesure des parties et l’Asiatique avait eu la naïveté de les croire.

La chance ne semblait jamais lui sourire. C’était vraiment étrange, trop étrange. À chaque fois qu’il remettait le résultat en doute, on lui expliquait son erreur, toujours avec une patience exagérée, comme s’il était débile de ne toujours pas comprendre des mots pourtant simples. Déjà rien que ce détail commençait à effriter le calme apparent de Wang. En plus, plus les parties s’enchaînaient et plus les règles de ce jeu semblaient se compliquer avec des exceptions qui changeaient les valeurs des cartes. Ces exceptions étaient inventés par ces adversaires, mais, ça, il ne le savait pas encore.

Wang essayait d’étouffer son irritation et son impatience grandissante, ne disait que la chance allait forcément finir par tourner dans sa direction. Alors, qu’il était cinq cartes prometteuses, il croyait que ce moment était enfin arrivé. C’est pourquoi il déchanta vite en voyant la personne en face de lui ramasser la mise totale de la partie. Le lanceur de couteaux ne comprenait plus rien. D’après les cartes des autres, il aurait dû gagner.
« Tu as dit que Full battait tout. » Protesta Wang en saisissant le poignet de l’homme en face afin d’arrêter son mouvement.

Son interlocuteur eut un rictus, certainement parce que le Chinois avait oublié un mot dans sa phrase. Ses Anglais s’amusaient vraiment d’un rien ! Wang, lui, n’avait pas envie de rire à cause d’un ‘le’ oublier. L’essentiel était dit.

« Non, tu as mal compris. » Répondit l’autre joueur avec calme et toujours une patience trop parfaite pour être entièrement honnête. « J’ai dit que LE Flush gagnait toujours. Flush, pas Full. Les deux mots sonnent pareils, ce n'est pas grave d’avoir confondu. »
Wang ouvrit la bouche pour protester, mais l’argument avait semé une graine de doute qui était perceptible dans son regard. C’est vrai que les deux mots se ressemblaient à l’audition, du moins, pour lui. Avait-il effectivement mal entendu, comme l’autre joueur l’affirmait ? Cela ne semblait pas impossible. Les deux autres se jetèrent dans cette faille pour surenchérir avec des phrases du genre « C’est pas grave, Wang, tu débutes. » ou des « Tu avais une bonne-main, tu y arriveras la prochaine fois ».
Avant qu’il ne puisse prendre la parole, une voix familière intervint dans son dos.

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MessageSujet: Re: L'élite vit de l'ignorance du peuple (ft Joon) L'élite vit de l'ignorance du peuple (ft Joon) Icon_minitimeLun 21 Nov - 0:24



L'élite vit de l'ignorance du peuple.

« Le premier signe de l’ignorance, c’est de présumer que l’on sait. »

Bar, Whitechapel, 1890.

Lentement, il redresse ses mains pour attacher sa chevelure assez longue et légèrement indisciplinée. Encore trois combats de gagnés ce soir et malgré la douleur qui le lance dans les côtes, il est plutôt content de lui. Ô diantre non, ne croyez pas qu'il est heureux de se servir de ses poings. C'est tout le contraire, mais il est fier de ne pas s'incliner face à ses anglais bourrus, souvent alcoolisés et très rarement polis ou même enclin à de la courtoisie. Il n'est qu'un bridé, qu'un esclave, qu'un macaque pour eux après tout, pourquoi le salueraient-ils avant de lancer leurs poings au hasard sur son corps de jeune éphèbe ?

Sa main habile fait tourner la tige de bambou finement sculptée dans ses cheveux sombres afin de pouvoir les laisser faussement attachés en un chignon fouillis, lui accordant un air de jeune loup encore sauvage. Un chien à dresser pour certains. Un avorton à corriger pour d'autres. Rapidement, il s'avance pour empocher son gain de la nuit et bien que le book-maker ne soit pas vraiment sympathique, il se souvient encore de son visage, écrasé avec violence sur la table en bois, lorsqu'il avait refusé pour la première fois, de lui donner son bien.

Alors, il ne traîne pas et lui donne les livres sterling qu'il lui doit, non s'en l'insulter au passage et cracher pas loin de ses pieds. Joon s'en fiche et range rapidement l'argent sous son kimono, avant de reprendre ses affaires, puis d'avancer. Ici, c'est un endroit de débauche, à tous les coins, on peut trouver une activité illicite. Aussi, lorsqu'il sort du sous-sol et entre dans le bar, son regard se met alors à observer les gens et l'ambiance présente. De l'alcool, du tabac, du sexe dissimulé, des rires, des engueulades. Il y a de tout. « Un peu de glace s'il vous plaît. » Le barman le dévisage mais secoue la tête lorsque Joon sort des pièces d'une de ses poches secrètes. Il attrape un tissu fin et lui dépose de la glace dedans, avant de lui tendre. « Merci beaucoup. »

Une voix familière se faufile à son oreille alors qu'il applique le torchon sur sa joue bleue. Lentement, il se tourne et reconnaît le dos de Wang, sa carrure et sa façon de se tenir sont tellement distinctifs qu'il sait le reconnaître au premier coup d'oeil. « Tu as dit que Full battait tout. » « Non, tu as mal compris. »  Fronçant ses sourcils, le jeune homme s'approche alors, d'un pas léger et discret. « J’ai dit que LE Flush gagnait toujours. Flush, pas Full. Les deux mots sonnent pareils, ce n'est pas grave d’avoir confondu. » Souriant faiblement, il se permet de regarder le jeu de Wang, puis celui de l'homme. « Pardonnez-moi. » Son anglais impeccable s'élève alors tandis qu'il abat sa main sur la table, empêchant l'homme de s'approprier les gains. « Le jeu ultime au poker reste la quinte flush royale. Ce qui reste relativement très rare à avoir.  Le full se constitue d'un brelan et d'une paire, ce que mon ami a, avec un brelan de rois et une paire de trois. Vous et votre couleur simple, ou flush, en effet, ne le dépassez pas dans la hiérarchie des règles de la main au poker. » Lentement, il pousse alors l'argent vers Wang. « Tu as gagné » dit-il alors dans un sourire chaleureux. Lorsque l'homme se lève, furieux, il garde son calme olympien, le fixant alors sans sourciller. « Je suppose que c'était facile de prendre un débutant maîtrisant mal l'anglais pour flatter vos égos de gentlemen. » Lorsqu'une main s'élève pour tenter de s'abattre sur lui, il lui attrape rapidement pour lui faire une clé de bras. « Je viens de gagner trois combats… Je peux aisément en gagner un quatrième » suggère-t-il alors, avait de le relâcher faiblement pour le faire s'asseoir tandis qu'il se tient discrètement ses côtes abîmées. « Je crois que je vais rester dans un coin pour m'assurer que vous jouerez en parfait gentlemen honnêtes. » ça passe… ou ça casse comme on dit, n'est-ce pas ? 

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MessageSujet: Re: L'élite vit de l'ignorance du peuple (ft Joon) L'élite vit de l'ignorance du peuple (ft Joon) Icon_minitimeMar 29 Nov - 11:17



L'élite vit de l'ignorance du peuple.

« Le premier signe de l’ignorance, c’est de présumer que l’on sait. »

Bar, Whitechapel, 1890.

Wang avait la certitude qu'on se jouait de lui. Pourtant, il avait suffit de deux mots à la sonorité proche pour effriter cette assurance. Flush et Full, à ces oreilles, cela sonnait pareil. L'erreur était possible et sa certitude n'en était plus une. Combien de fois cela lui était-il arrivé ? De démarrer une dispute sur un malentendu ? Une tournure de phrase particulière qu'il avait prit pour une insulte. Le lanceur de couteaux n'avait jamais remis ces faiblesses dans cette langue en faute, n'avait jamais admis sa part de responsabilité dans ces méprises. Tout était la faute de ce langage où un mot identique pouvait avoir deux significations totalement différente selon le contexte ou la manière de le prononcer. Autant dire qu'avec le Poker, qui possédait des termes propres qu'on n'entendait nul-part ailleurs, il était très mal parti.

Dans cette situation, c'était plutôt son appât du gain qui était a blâmé. Sans cela, il aurait vu le piège et renoncer à temps. Maintenant, il avait perdu trop d'argent pour reculer. En plus, il avait pensé renverser la partie avec une main chanceuse. Du moins, jusqu'à ce qu'on lui assure l'inverse. Trois personnes confirmaient la même version. Bien qu'il sentait toujours que quelque chose clochait, Wang se demandait si cela valait le coup d'entamer un conflit tout en regardant les cartes étalées dans une énième tentative de comprendre les règles de plus en plus nébuleuses de ce jeu.

C'est alors qu'une voix familière qui s'exprima dans un anglais aussi parfait que poli intervint. Le chinois avait reconnu Joon avant que celui-ci abatte sa main sur la table. Devant cette intervention amie, Wang éprouva un mélange de soulagement et de honte. Soulagement de voir une présence amie dans cette situation embarrassante et embarras d'être justement vu dans un jeu où on se jouait plus de lui qu'avec lui. Le cavalier voltigeur se lança dans ce qui semblerait des explications à l'attention de son adversaire. Il semblerait car quasiment tout le discours dépassait de loin ces maigres connaissances de l'anglais. D'ailleurs, Wang lança un regard interrogatoire à Joon lorsqu'il eut fini, histoire de comprendre ce qui venait de se passer. C'est alors que Joon poussa l'argent vers lui en assurant qu'il avait gagné. Il ne savait pas s'il devait être reconnaissant ou bien furieux d'avoir la confirmation qu'on l'avait roulé dans la farine. En tout cas, avec un sourire et un hochement de tête en guise de remerciement silencieux, il s'empressa de commencer à empocher l'argent avant que quelqu'un d'autres interviennent.

L'homme d'en face n'était pas un bon perdant. D'un autre côté, rien d'étonnant puisqu'il profitait de l'ignorance des autres pour gagner. Wang se leva prestement lorsque le mauvais perdant tenta de frapper Joon, précaution inutile, ce dernier n'avait visiblement pas besoin de son aide. Malgré tout, le Chinois gardait une main serré sur une garde d'un des couteaux de sa ceinture, par précaution. L'ambiance était soudainement tendue tandis que le voltigeur proposait de rester dans le coin pour le reste de la partie. Wang regardait avec méfiance le tricheur. Bien que ce dernier s'était rassit, lui était resté debout, toujours la main sur la garde d'une des lames qui constituait ses outils de travail. Au fond, il n'attendait qu'un prétexte pour 'dégainer' le couteau qu'il tenait et lui offrir une belle petite frayeur, peut-être même aller jusqu'à le blesser ou le délester d'un de ces doigts. Combien d'argent avait-il perdu injustement ? Combien de partie aurait-il dû gagner ? Ou aurait-il dû perdre ? Il n'y avait rien de pire que de se repasser ces dernières actions sans savoir où on avait fauté.

"Ça va, c'était une blague. Ils ont pas le sens de l'humour les chintoks ?" Grommela le mauvais perdant. Voyant que sa soi-disant blague risquait de mal passé, ou sentant que continuer la partie risquerait de se retrouver contre eux, il se leva après un : "Venez-les gars, on va voir ailleurs." Avant de partir, il cracha par terre, histoire de partir avec la sensation d'être le grand vainqueur de cette histoire. Wang poussa un soupir après leur départ et se décida à lâcher son arme pour finir de ramasser sa mise. Calculant les pièces à mesure qu'ils les ramassaient pour les mettre en poche. C'était mieux que rien. "Trois combats ?" Commenta-t-il enfin en s'exprimant en chinois puisque Joon savait le comprendre et le parler malgré ces origines coréennes. "J'aurais dû parier sur toi en bas, plutôt que de me laisser entraîner à cette table." Ajouta-t-il avec un sourire, fier de cette triple victoire de la part de son confrère du cirque. L'attitude de Wang était complètement différente selon qu'il s'exprimait en anglais ou en chinois, il était moins méfiant lorsqu'il parlait sa langue natale, pouvait se permettre des plaisanteries sans craindre de s'être mal exprimé.

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