Jolie petite histoire...
Ma chère soeur,



Le monde change et je change avec lui. Le soleil fait semblant de se lever, éclairant de ses faibles rayons un Londres portant le deuil de l'ancien monde et de ton départ. L'encre illumine le papier, des mots qui s'envoleront vers un pays où il ne pleut pas. Vers une terre où j'espère — tu règnes en paix et où le bonheur rythme ton quotidien. Ma chère sœur, ta présence me manque, tes sourires, ta joie de vivre. Fallait-il donc que tu t'en ailles pour que je puisse comprendre à quel point la vie sans toi est un supplice ? Je me lève chaque matins en répétant inlassablement le même ballet de gestes insipides. J'ouvre mes volets et regarde la Tamise tout en enviant les bateaux qui s'en vont jeter l'ancre du répit loin de cette cité. Je m'enracine, m'enchaîne à un travail qui ne me fait plus autant vibrer qu'autrefois. A quoi bon être médecin si je ne peux soigner certaines afflictions ? Comme les maux que ton absence m'inflige. Je me couche au moins en te sachant heureuse avec ton mari. Cette Inde que tu as toujours voulu visiter et où désormais tu créais ton nouveau foyer. Londres continue de grandir, profané par tant de nouvelles technologies qui éclairent les plus riches et dont la lumière ne semble pas atteindre les classes les plus démunies. A quoi bon développer les sciences si c'est pour s'enfermer dedans et la garder égoïstement pour nous ? Tant de nouvelles choses ma sœur que j'aimerais te voir découvrir à mes côtés. Mère pleure souvent ton départ, père est reparti en Afrique étudier les tribus locales et je me retrouve donc seul à gérer les affaires familiales. Mon cabinet ne compte que quelques patients qui viennent payer l'addition d'une vie d’excès. Rien de bien excitant, aucunes découvertes médicales. J'aurais aimé t'apporter des nouvelles palpitantes, chanter les louanges de cette vie dorée qui ne nous a jamais fait rêver. Demain est un autre jour, certainement semblable à celui-ci où à l'heure que je t'écris, le soleil se lève et vient chasser ma nuit entachée de sombres cauchemars troublant l'absurdité du jour. J'ai au moins la chance de te savoir heureuse et c'est tout ce qui m'importe. La connaissance vient, mais la sagesse traîne pour citer Tennyson. Je m'accroche à l'idée que je te reverrai bientôt et que comme quand nous étions jeunes, nous parlerons jusqu'à voir le ciel s'éteindre à force d'avoir trop brûlé. Une telle pensée est naïve, je sais. Mais les souvenirs ne le sont-ils pas toujours ?

Avec toute mon affection.
Benjamin.

Ciel de plomb qui menaçait de l'inonder tandis que le cocher venait lui ouvrir la porte pour descendre. L'odeur de la misère vint alors chatouiller l'odorat du médecin qui s'empressa de porter à ses narines un mouchoir blanc parfumé. Le regard alpagué par les tréfonds d'un Londres que les nobles faisaient semblant d'ignorer. Whitechapel et ses ruelles aux mauvaises étoiles, ces putains jobardes et ces voyous infernaux. Il leva un instant les yeux vers les cieux, comme pour juger du regard le tout puissant qui ne faisait rien pour ces gens. Ébranlement du néant et de Dieu, il s'avança alors vers l'immeuble pour tenter de faire reculer la maladie avec ses maigres moyens. La lumière ne semblait pas atteindre ce quartier de la ville, l'hôpital de fortune éclairé par des bougies fatiguées. Quelques religieuses étaient présentes, accompagnées par des infirmières fatiguées. Le spectacle qui se dressait sous ses yeux lui rappelait sans cesse pourquoi il avait choisi de faire médecine. Ce n'était pas pour soigner les plus riches, mais bien ceux pour qui la vie n'avait pas fait de cadeaux. Son père aurait aimé que son fils unique le suive dans ses explorations, mais l'héritier Gainsborough avait préféré offrir sa vie à la médecine très tôt. Passionné d'anatomie et de mystères médicales en tout genre. Il s'avança alors, retirant sa veste et déboutonnant ses manches pour les redresser sur ses avants-bras. Benjamin passait trois fois par semaine, soucieux de la santé de ces gens que la société laissait de côté. Du bénévolat souvent jugé de manière peu enthousiasme par ses confrères, lui qui était né dans une riche famille, lui qui était censé briller avec ses homonymes. Le médecin avait toujours préféré l'ombre à la lumière. La nuit au jour, là où des formes inquiétantes se dessinaient et permettaient aux visions les plus irréelles de s'imposer tout en laissant d'autres beautés se révélées. Car oui, il y avait du beau dans le tragique, c'était ce qu'il aimait penser tandis qu'il se penchait au chevet d'une vieille dame que la fièvre avait gagnée. Le corps marqué par une vie de souffrance, le regard transpirant cette envie d'en finir. Il passa un linge mouillé sur le front de l'octogénaire, celle-ci lui rendant un sourire qui éclaira sa journée.

« Quel plaisir de vous revoir Docteur Gainsborough. » Benjamin tourna alors la tête tandis que l'infirmière qui répondait au prénom de Louise qui venait l’accueillir d'un sourire sincère. Le géant se releva pour s'approcher de la jeune femme. « Vous verrais-je un jour dans un contexte moins dramatique que celui-ci Louise ? » Demanda-il tandis qu'il observait toutes ces couchettes occupées par des gens qui ne verront probablement pas de lendemains ensoleillés. « Cela ne dépend que de vous. » Benjamin posa alors son regard amusé sur la jeune femme à la répartie toujours bien pensée. Il poussa tout de même un soupir blasé tout en s'essuyant les mains sur un linge. « Le gouvernement ne devait pas envoyer des dons cette semaine ? » Louise perdit alors son sourire, tout aussi impuissante que le médecin face à la misère du monde. « Des promesses de l'ombre je le crains. Beaucoup de ces gens ne passeront pas la nuit et nous manquons cruellement de moyens. » Benjamin invita alors l'infirmière en chef à le suivre à l'écart pour échanger quelques mots loin des toux malingres. Il sortit de sa poche son porte-feuille et tendit des billets à la jeune femme surprise. « Cela suffira-il à remplir les armoires ? Je reviendrai demain avec du matériel. » Louise n'était qu'une bénévole ici, issue d'une petite famille roturière qui n'avait sans doute jamais manié entre ses mains une telle somme. Benjamin était né dans un mondé doré, issu de la haute bourgeoise, vieille famille, anciennes parmi les anciennes. Fortune qui ne cessait de s'accroître avec un père riche explorateur qui passait son temps à voyager. « Merci de ne pas les oublier. C'est très généreux de votre part. » Il se contenta d'un maigre hochement de tête, mal à l'aise. Lui ce soir il dormirait dans un lit au chaud et il mangerait à sa faim. Comment ne pas se sentir honteux d'être riche quand d'autres mouraient comme ils avait vécus, dans l'indifférence la plus totale. Il ne pouvait pas changer le monde, n'apportant qu'une maigre contribution avec les moyens qu'il avait. Mais il pouvait décider d'allumer la lumière dans les endroits les plus sombres, sans rien n'attendre hormis le retour de sourires qui illumineraient son été.

Dans la vraie vie, je suis...
Quel est ton pseudo ? 0stara. Un mec ou une fille ? Girl. Quel est ton âge ? Bientôt 27 ans. Comment as-tu connu le forum ? Bazzart. Un avis dessus : Joli forum, complet et vive la reine Victoria. As-tu un DC ? Non. Pv/scénario/Inventé ? Inventé. Code de validation : [Validé par Amy ♥ ]

Code:

<t>Oliver-Jackson Cohen</t> → <y>Benjamin J. Gainsborough</y>

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