Au mauvais endroit au mauvais moment w/ Jonathan



 
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Au mauvais endroit au mauvais moment w/ Jonathan

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MessageSujet: Au mauvais endroit au mauvais moment w/ Jonathan Au mauvais endroit au mauvais moment w/ Jonathan Icon_minitimeMar 30 Mai - 10:57



Au mauvais endroit au mauvais moment

« Ave Maria »

1891, Whitchapel

Whitechapel était un des quartiers de Londres qu'Anne connaissait le mieux. Les rues, les endroits à éviter… C'était assez paradoxal, car elle n'y avait jamais vécue et n'y vivrait sans doute jamais -bien qu'on ne sache pas de quoi sera fait le destin-. Elle y est née, mais n'y est pas resté assez longtemps pour se souvenir de quoi que ce soit. Ce n'est pas une partie de sa vie qu'elle regrettait amèrement lorsqu'elle comparaît ce quartier à celui de Lambeth. Ici, tout était plus triste, plus délabré… Plus pauvre. Si le destin avait été contre elle, peut-être que la jeune femme aurait fini dans les rues, elle aussi sans le moindre sous et obligé de mendier ou de voler pour avoir de quoi nourrir… Ou d'avoir un travail encore plus pénible que le sien, dans une usine, une maison de passe. Plus elle passait de temps dans ces rues et plus elle se rendait compte de la chance qu'elle avait. Peut-être qu'elle n'avait pas l'amour de ses parents, mais au moins elle avait un toit et de quoi manger à sa faim.

Comme à chacun de ses passages en ces lieux, Anne avait revêtit un habit des plus simples et ne portait sur elle rien de précieux ou d'ostentatoire, mis à part les quelques billets de livres qu'elle tenait fermement dans sa poche. Il était hors de question de se faire voler cet argent si durement gagné ! La moitié de ce maigre butin venait essentiellement de trafic, son salaire de blanchisseuse n'était pas suffisant pour leur permettre de vivre convenablement, elle et son père. Il faut dire que leurs dépenses se tournaient essentiellement vers les soins du pauvre hommes, d'un coût beaucoup trop élevé pour leurs maigre moyens. C'était étrange quand on y pensait, de s'accrocher ainsi à une personne qui n'était probablement pas votre géniteur et qui ne vous avait procuré aucun geste d'amour dans votre vie. Sans doute un nom sur un bout de papier, qui pouvait lui rapporter une certaine somme et un avenir beaucoup plus certain…

Serrant l'argent dans les poches de sa robe, la demoiselle Lacey déambulait dans les rues de Whitechapel, les yeux aux aguets, s'arrêtant sur chaque visage avec minutie. Il lui fallait de la drogue pour faire passer les douleurs de son père, mais malheureusement pour elle, l'homme lui vendant cette douce mixture avait réussi à se faire prendre. Il fallait donc qu'elle en trouve un nouveau, ce qui n'était pas si difficile que cela dans les rues de Londres. Mais à part une brève description d'un nouveau vendeur potentiel, Anne n'avait pas plus d'information. C'était un jeu dangereux, car elle ne savait pas sur qui elle pouvait tomber si elle se trompait de personne. Le cas de figure le plus stressant serait de tomber sur un représentant de l'ordre. Elle avait cependant besoin de cette drogue et quitte à prendre des risques, autant que cela soit pour “une bonne cause”.

La blondinette croisa beaucoup d'hommes en tourna en rond durant une bonne heure, ses pas grinçant dans le sol. C'en était presque louche, de voir une jeune femme tournait ainsi dans le quartier, qui plus est ne venant pas d'ici. Elle était sur le point d'abandonner lorsqu'elle aperçut de dos un homme semblant correspondre à la description. Prudemment, elle s'approcha de lui et posa une main sur son épaule.

-Excusez-moi, dit-elle à demi-mot.

Anne se pencha pour voir son visage, et toujours avec une voix très faible, elle lui demanda :

-Vous savez où je peux trouver… de la drogue ?

Sans doute la question avait été posée de manière brutal, mais après tout, c'était quelque chose de très banal à Whitechapel, il n'y avait pas de quartier plus malfamé ! Et pourtant, Anne fut prise d'un doute concernant la personne. Cet homme n'avait rien de ces types louches ne faisant rien contre un peu d'argent. Au contraire, il avait un visage beaucoup plus doux et loin d'être agressif.

-Vous en vendez… N'est-ce pas ?

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Jonathan R. A. Williams
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Je n'aime pas me décrire...mais on me dit quelqu'un de gentil, tolérant envers beaucoup de choses; et il est vrai que le Seigneur m'aide à voir le bien dans le cœur de tous. Cependant, cette même capacité me rends aux yeux des gens très fanatique et naïf. Je n'avais jamais vu les choses sous cette angle, mais il faut croire que les gens ne voient en moi qu'un pasteur de pacotille. S'il y a une facette de moi que j'apprécie particulièrement, c'est le fait que je sois quelqu'un de très romantique ! Même si tout le monde préfère dire que je suis quelqu'un de niais...mais ne croyez pas que je sois stupide, car il m'arrive d'être très fier et impulsif. Je ne suis pas très courageux, mais je ferai toujours de mon mieux pour protéger les gens que j'aime, comme mon petit frère. J'ai aussi une profonde attirance pour les rousses. On me surnomme Quasimodo à cause de mon apparence quelque peu trapu -et certes poilu bien que blond, par opposition à la magnificence de mon frère.
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MessageSujet: Re: Au mauvais endroit au mauvais moment w/ Jonathan Au mauvais endroit au mauvais moment w/ Jonathan Icon_minitimeJeu 1 Juin - 22:22



Wrong Place, Wrong Time

« don't catch the little bird »

1891, une ruelle de Whitechapel,

C'était une journée comme les autres, légèrement plus ensoleillée que les autres mais au milieu des profondes ruelles de Whitechapel, on n'en voyait pas grand chose. Que les nuages furent là ou pas, ils en seraient toujours de hautes demeures délabrés dans leurs ruelles tout aussi étroites. Jonathan n'en avait pas peur, il voulait être au premier plan de cette souffrance pour mieux la combattre dans son église. Qui pourrait faire de mal à un simple pasteur qui passait par là pour rendre la bonne parole à des coeurs fatigués dans un confessionnal sombre ? Naïf ? C'était en effet l'un des adjectifs les plus présentement corrects pouvant décrire notre blondinet. Très bien coiffé, un peu trop peut-être pour un homme passant par là, Jonathan avait sa bible serré contre lui tel un doudou d'un seul bras et s'avançait jusqu'à un revers de couloir.

Oh, il n'avait absolument pas le pas pressé ni même inquiété. Il marchait normalement, presque lentement à travers les flaques. Sa tête était haute et son sourire grand, comme toujours. Quelques femmes venaient parfois le voir pour lui offrir leurs charmes, mais il les refusait avec un petit sourire rouge et quelques balbutiements. Parfois, il leur tendait des piécettes rien que pour avoir la paix, osons l'avouer. Il n'était absolument pas soumis, à l'égard de ses collègues catholiques, à la règle de l'abstinence. Mais le pasteur ne pouvait s'imaginer une relation sans Amour, qui se trouvait être la base de tout ce en quoi il croyait.

Mais alors qu'il s'approchait de la dernière ligne droite avant d'entrer dans sa véritable demeure, une main s'accrocha à son épaule pour le faire se retourner. Une jeune femme, blonde, en habit simple, assez bien apprêtée pour passer pour une femme de la classe moyenne mais légèrement trop effronté en ce quartier pour être crédible. Face à son injonction insistante, Jonathan rougit aussitôt et leva les mains en l'air:

- Non... je ne suis pas intéressé, vraiment...

Cependant, sans même s'intéresser à ce qu'il avait à dire, la demoiselle se pencha vers son visage et le pasteur déglutit. Sur qui était-il encore tomber ? Oh, on pouvait tomber sur beaucoup de monde dans des quartiers comme celui-ci, sorte de dépôt de l'humanité. Il eut un sourire quelque peu inquiet en entendant le mot drogue. Allons bon, ressemblait-il vraiment à un vendeur de drogue ? Alors certes, il avait la grande carrure puissante et trapue d'un Quasimodo sans bosse, et son grand manteau noir devait le rendre mystérieux, surtout au temps doux. Jonathan continue de sourire, entre le désabusé et l'inquiet, balbutiant sous le coup du stress.

- Hum...en effet, je crois...crois que vous vous trompez de personne... je je n'ai jamais touché à ce genre de chose de...de ma vie, ce n'est pas bon pour l'esprit vous savez. Une jolie fille comme vous ne devrait pas s'approcher  de ce genre de...de... substance. Souhaitez-vous venir vous confesser ? J'allais justement... à... à mon église !

Sourit-il avec un air tendre, montrant le chemin de son église que l'on pouvait apercevoir au fond de la ruelle, de la main qui tenait sa bible dont on pouvait voir le titre. Jonathan rit alors nerveusement en la regardant, un peu en retrait:

- Vous n'êtes pas une fille en manque qui serait capable de me faire du mal pour avoir ce que vous pensez que j'ai quand même...?

Non pas qu'il serait incapable de tenir le coup face à une femme, bien au contraire. Mais il ne supportait pas l'idée de faire du mal à une demoiselle, quand bien même elle semblait sur le mauvais chemin du Seigneur. Et même si ce n'était que de la légitime défense. Non mais.

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MessageSujet: Re: Au mauvais endroit au mauvais moment w/ Jonathan Au mauvais endroit au mauvais moment w/ Jonathan Icon_minitimeMer 5 Juil - 15:01



Au mauvais endroit au mauvais moment

« Ave Maria »

1891, Whitchapel

Dans la ruelle où ils se trouvaient, tout semblait paisible et calme, comme s'ils se trouvaient dans une bulle, coupés du monde extérieur. Pourtant, l'activité dans les rues adjacentes était perceptible tel un bourdonnement d'abeille lointain. Cette sérénité ambiante avait tout pour être agréable, mais la vie avait appris à la demoiselle Lacey que les choses les plus calmes ne sont pas toujours les moins dangereuses. Et contre les murs de pierres sales, on pouvait entendre son cœur battre au rythme de sa respiration. Anne n'était pas à l'aise, cela se voyait et se sentait. La réponse de l'inconnu aurait pu la faire fuir pour éviter tout problème. Elle était néanmoins retenue par une force invisible, l'obligeant à rester clouée sur place, incapable de parler pendant quelques secondes qui lui semblèrent une éternité.

Son visage prit une toute nouvelle couleur à la rencontre entre le rouge de la gêne et la pâleur de la peur. Elle s'était imaginée tout un panel de possibilité quant à l'identité de cet homme, s'il se trouvait ne pas être celui qu'elle recherchait : un alcoolique, un chef de gang, un policier... Jamais elle n'aurait imaginée rencontrer un prêtre dans les rues si malfamées qu'étaient celles de Whitechapel. De tous les quartiers de Londres qu'elle avait pu visiter, celui-ci était loin d'être un modèle de piété et d'allégeance à l'Être Suprême qui dirige ce monde. Pourtant, un simple regard vers le livre saint qu'il tenait fermement entre ses doigts suffit à lui faire comprendre que tout cela était bien réel et qu'elle s'était vraisemblablement trompée de personne.

D'un geste brusque, la jeune femme retira sa main de l'épaule du prêtre et la glissa le long de son corps, jouant nerveusement avec les plis de sa jupe. A vrai dire, Anne ne savait pas vraiment comment réagir. Jouer la carte de la blague était inutile et complètement stupide, surtout que la blondinette ne savait pas mentir sans se faire avoir. Même si cela paraissait dangereux, il ne lui restait pour seule option que d'assumer sa question et espérer s'en sortir convenablement. Après tout, faute avouer, faute à moitié pardonnée ; le Seigneur lui doit bien cela.

-Je suis navrée mon père, je ne souhaitais en aucun cas vous effrayer, commença-t-elle d'une voix à peine tremblante. Soyez rassuré, cela n'est pas pour mon usage personnel, mais pour celui d'un de mes proches.

Rester sur place à discuter était certainement la chose la plus stupide que la jeune femme ait jamais faite, tout comme sa direction beaucoup trop indiscrète pour ce genre d'activité. Pourtant, elle ne se sentait pas menacé, du moins pour sa propre vie. Les serviteurs de Dieu se devaient de garder secrets les paroles de leurs fidèles, il y avait donc peu de chance pour que cet homme aille colporter les achats d'Anne aux autorités. Néanmoins, elle restait méfiante, sa main s'étant resserrée discrètement sur la petite dague qu'elle portait à sa ceinture. On ne sait jamais ce qu'il peut arriver pour une femme seule en ces rues sombres. Elle ne possédait pas la carrure d'une femme forte que l'on abat difficilement et sa douce voix ne jouait pas non plus en sa faveur.

-Pensez-vous que le Seigneur se montrera miséricordieux si cet achat est fait pour le bien d'un de ses fidèles ? Je ne souhaiterai pas qu'une confession soit inutile...

Anne était très croyante, mais sa foi se limitait à quelques actions comme aller prier de temps à autres. Il était rare qu'elle demande le pardon pour ses actions, car elle savait qu'elle continuerait à voler quoi qu'il puisse arriver. Et si elle doit finir en Enfer, qu'il en soit ainsi, comme dirait l'autre...
La demoiselle se permit d'afficher un sourire timide au religieux, pour lui montrer qu'il n'aurait rien à craindre d'elle, si tant est qu'il ne lui fasse aucun mal.
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MessageSujet: Re: Au mauvais endroit au mauvais moment w/ Jonathan Au mauvais endroit au mauvais moment w/ Jonathan Icon_minitimeSam 8 Juil - 11:24



Wrong Place, Wrong Time

« don't catch the little bird »

1891, une ruelle de Whitechapel,

Jonathan avait beau être globalement un peureux, il n'était pas de ceux qui s'enfuyaient. Il restait, droit et sur place, pétrifié de peur, après avoir longtemps appris que la fuite n'aidait en rien. Chaque chose de la vie était une épreuve que le Seigneur mettait en travers de sa route, et il fallait l'affronter. Partir la tête basse s'enfermer dans son église, à se cacher virilement derrière son autel consacré, n'aiderait en rien la pauvre demoiselle qui semblait ne pas être belliqueuse. Elle paraissait même terriblement inquiète de son erreur, ce qui était parfaitement compréhensible. Mais Jonathan ne voulait pas la terrifier d'avantage, et se demanda s'il était aussi "effrayant" que cela. Il avait pourtant pris un bon bain avant de venir, et avait même laisser en plan sa bientôt ex-femme qui gueulait à travers les murs pour avoir son petit déjeuner. Cela ne touchait même plus le pasteur, car Seigneur, il était pasteur et non prêtre. Ce fut la pensée qui fit comme une fulgurance dans son esprit alors qu'elle l'appelait mon père. C'était une erreur commune, et en vérité, le petit blondinet s'en fichait un peu. Ce n'était pas le plus gros des soucis parmis les ruelles de Whitechapel, il saurait y faire face sans trop de difficulté. Quand elle annonça que ce n'était pas pour elle mais pour un de ces proches, Jonathan haussa les sourcils: c'était censé le rassurer ?

- Je...

Mais elle continua. Non contente d'avoir totalement détruit sa couverture auprès d'un homme de Foi, la demoiselle cherchait à se justifier auprès de lui. Jonathan se demandait pourquoi elle n'avait pas déjà pris la fuite, puis il se souvint que les femmes des ruelles avaient un peu trop tendance à s'accrocher à sa tête de nounours, à croire qu'elles avaient toute gravée dans leurs têtes l'adage de trop bon trop con. Le pasteur l'écouta pourtant patiemment, se plaçant en face d'elle et tenant toujours sa Bible proche de son coeur. A la timidité de la jeune femme, Jonathan lui rendit son sourire avec attention et tendresse:

- ... vous pouvez m'appeller Révérend Williams, je ne suis pas un prêtre. Et ensuite... vous devez parler de drogues médicales comme l'on en prescrit parfois à l'hôpital ? Mon frère est chirurgien, il m'en a déjà parlé. Je pense que bien entendu, tout ce qui est fait dans l'optique du bien et de l'Amour de son prochain est pardonné par le Très-Haut.

Puis il rit doucement en lui montrant le reste de la ruelle, comme d'une invitation à le suivre, même si ce n'était pas non plus exactement ça. Elle pouvait très bien tout autant partir, se défaire de sa présence et repartir chercher de la drogue ailleurs. Mais Jonathan aurait pu également proposer son aide et l'accompagner directement à l'hopital afin de l'aider à pourvoir les médicaments de premières nécessités. Cependant, il aurait préféré savoir à qui il avait à faire et pour quels raisons pouvaient pousser une jeune femme à l'aspect si fragile et à la voix si fluette, à attraper les hommes par derrière pour leur murmurer d'une voix d'outre-tombe "avez-vous de la drogue ?". L'image était cocasse, mais faisait trembler de terreur le vaillant gaillard trapu qu'était le pasteur.

- Aucune confession n'est inutile, Madame. Ne serait-ce que pour l'apaisement du coeur. Vous connaissez le secret religieux, de toute façon, j'ai pu entendre bien pire qu'une simple histoire de drogue.

Il rit allégrement et s'en dirigea vers son église, espérant qu'elle le suive, à moins qu'elle ne trouve une nouvelle raison de lui agripper le bras pour le forcer à rester dans ce coin inhabité de la grande Cité des pauvres.
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MessageSujet: Re: Au mauvais endroit au mauvais moment w/ Jonathan Au mauvais endroit au mauvais moment w/ Jonathan Icon_minitimeMer 19 Juil - 13:19



Au mauvais endroit au mauvais moment

« Ave Maria »

1891, Whitchapel

Anne n'avait rien de très menaçant aux premiers abords : une apparence fragile de part sa maigreur et sa peau pâle, des mains abîmées par l'utilisation de savon et d'eau, des vêtements plus raffinés que la moitié de la population de Whitechapel… Et pourtant l'homme d'église semblait pétrifié, sans pour autant fuir devant elle. Une situation peu commune à laquelle la jeune femme ne s'était pas préparée. D'ordinaire, elle avait à faire à des nobles ou bourgeois prétentieux lui faisant ressortir leur virilité de mâle, ou encore des bandits de bas étages qui croyaient être les rois du monde. Pour ces hommes, elle n'était qu'une fille banale servant à leur propre ambition et non une menace. Il est vrai que sa dague était mise en évidence, attachée à la ceinture de sa robe, mais elle ne l'avait apporté que par précaution. Qui sait sur qui elle pouvait tomber dans ses rues dégoulinants de malveillance ? Anne n'avait jamais eu à l'esprit de l'utiliser contre le pauvre pasteur, qui au final n'avait rien demandé à tout cela. Pourtant, un grain de malice apparut dans ses yeux clairs, une idée qui lui sembla brillante sur le moment. Finalement, ce pasteur sera beaucoup plus utile qu'il ne le croit.

-Chirurgien… Vraiment ? Répéta-t-elle plus pour elle-même que pour Williams.

La blanchisseuse n'avait rien d'une caïd ou d'une hors-la-loi sans foi, ni coeur. Elle ne cherchait pas à l'être, mais de temps à autre se sentir autoritaire avait quelque chose d'excitant. Un fin sourire se dessina sur ses lèvres, tandis qu'elle posa discrètement sa main sur le manche de son arme. Anne attrapa une nouvelle fois le bras du révérend et le tira à elle de façon à ce qu'il soit si proche qu'il puisse sentir sa respiration, la lame collée contre son ventre, dissimulée dans les plis de sa robe. C'était un jeu dangereux auquel jouait la demoiselle, dont les gestes étaient uniquement guidés par l'adrénaline qui montait en elle.

-Si vous me promettez de m'aider, j'enlèverais ma dague et ne vous ferais aucun mal... Lui glissa-t-elle beaucoup trop calmement vis-à-vis de la situation.

Si le pauvre homme venait à gesticuler, son sang coulera, ce que voulait éviter Anne par-dessus tout. Ce n’était pas une tueuse, et ce n’était aujourd’hui qu’elle le deviendrait… Même pour de la drogue. Cependant, l’inconnu semblait assez paniquer pour suivre ses “ordres”, sans qu’elle n’ait à user de la violence.
Anne était consciente que le moindre faux mouvement était un risque pour lui, comme pour elle. Mais elle avait désespérément besoin de ces “médicaments” et si elle pouvait les obtenir gratuitement, tout lui était bénéfique.

En entendant des bruits de pas lointain se rapprochant de plus en plus, la jeune femme lâcha légèrement sa prise, afin que cette conversation paraisse tout à fait normale. Les badauds passèrent à côté d’eux, sans poser de question ni même poser leur regard sur eux. Le coeur d’Anne se mit à battre rapidement, se rendant compte qu’elle ne pouvait plus faire marche arrière et partir comme si de rien n’était. Une fois les deux hommes disparus à l’angle d’une ruelle, elle appuya un peu plus la dague contre les vêtements de Williams et le regarda avec insistance, reprenant petit à petit son assurance.

-Alors ? C’est d’accord ?

De toute façon, il n’avait pas vraiment le choix. Au fond d’elle-même, la blondinette priait pour qu’il ne refuse pas.

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MessageSujet: Re: Au mauvais endroit au mauvais moment w/ Jonathan Au mauvais endroit au mauvais moment w/ Jonathan Icon_minitimeJeu 27 Juil - 19:55



Wrong Place, Wrong Time

« don't catch the little bird »

1891, une ruelle de Whitechapel,

S'arquant d'un grand sourire en voyant que la demoiselle ne semblait absolument pas belliqueuse malgré l'air désespéré de son visage, Jonathan commençait à partir en direction de son église. L'envie de s'attirer des ennuis était bien la dernière chose qu'il voudrait, surtout en cette belle matinée durant laquelle il devait s'occuper à écouter de longues et étranges confessions, ainsi qu'écrire ses sermons pour le dimanche qui viendra. Il avait espoir que le Seigneur lui apporte l'inspiration nécessaire à écrire une belle lettre d'un phrasé délicat. Mais pour le moment, il lui tenait à cœur à aider cette demoiselle.

Tout d'abord, une bonne confession en bonne et dûe forme permettrait à eux de gagner en confiance. Certainement la laisserait-elle donc repartir avec comme rendez-vous le lendemain matin, où Jonathan serait aller chercher les denrées nécessaires durant la soirée, profitant de l'occasion pour inviter son frère adoré à dîner ou qu'en savait-il encore. Toutes les occasions étaient bonnes pour le revoir, et il n'allait pas se restreindre. Quand il entendit son interlocutrice répété chirurgien, le pasteur se retourna légèrement pour lui sourire. Oh qu'il était fier de son frère, il pourrait le répéter en boucle. Mais à ce moment précis, il pouvait comprendre le soulagement de la demoiselle. Il était rare de trouver de bonnes personnes à qui demander de l'aide, c'était terriblement rare et Jonathan était également fier d'être l'un d'eux.

Son bras fut alors une nouvelle fois tiré en arrière, le pasteur se retournant sous l'effet du mouvement, se retrouvant une nouvelle fois en face de la demoiselle. Cette dernière cependant tira une lame de sa ceinture et la tint pointé sur le ventre rondouillard de Jonathan. Il ne fallait pas croire que la graisse permettait un rempart suffisant en cas de poignard. La dague était cachée sous les plis de sa robe, mais à sentir la pointe contre sa peau, Jonathan n'était pas dupe. Surtout qu'à la seconde suivante, elle confirma toute ses craintes d'une menace. Il ne saurait dire à cette seconde s'il était déçu, dépité ou triste. Leurs corps soudainement si proche ne rassuraient absolument pas davantage le pasteur qui en avait définitivement plus qu'assez que les femmes en général le prennent pour le dindon de la farce. Elle le tenait si proche que les œils extérieurs auraient pu les prendre pour un couple, car après tout ce n'était pas une épée qu'elle tenait dans ses jupons. Il siffla entre ses dents, se tenant droit et regardant autour de lui, nerveux que l'on puisse les voir:

- Il y a à peine une minute, je me portais volontaire pour vous aider sans la moindre compensation et voilà maintenant que c'est moi qui doit marchander ma vie ?

Il grimaça cependant à la pointe du couteau qui s'enfonça un peu plus dans son ventre. Par chance qu'elle y entra pour le moment sans blesser, à la manière d'un doigt que l'on plante dans la chair. Jonathan se demanda combien de litre de sang par minute une blessure de cette dague pouvait lui coûter, sachant qu'il avait largement assez de force pour contrer ce genre de petit morceau de femme. Seul la surprise l'en avait empêché au tout début.

- Au moins, on pourrait avoir à présent le doute que Jack l’Éventreur soit uniquement un homme, n'est-ce pas... je suis trop naïf...

Ils continuaient à se tenir proches, trop proches pour les goûts de Jonathan -dans lesquelles la petite n'entrait pas particulièrement. Sa température corporelle augmentait avec les secondes qui s'écoulaient sous cette épée de Damoclès au dessus de son estomac, tandis que ses mains se crispèrent en eux-même. L'une d'elle s'empara alors violemment du poignet de la jeune femme, sans pour autant l'écarter ni même la rapprocher, l'obligeant cependant à rester parfaitement immobile. Il avait assez de force pour cela sous l'aspect grossier de sa tenue noire. Plongeant alors son regard bleu dans celui de la demoiselle, il tenta de ne pas flancher, quand bien même sa voix tremblait. Ses genoux n'en menaient pas large de leurs côtés, et si la main qui tenait le poignet était ferme, l'autre aurait aimé pouvoir s'enfuir. Il prit une profonde respiration:

- Tout ...comme je vous l'ai dis, j'ai entendu bien pire qu'une... qu'une simple histoire de drogue. C'est... c'est d'accord, tout comme ça ... l'était depuis le... le début.

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MessageSujet: Re: Au mauvais endroit au mauvais moment w/ Jonathan Au mauvais endroit au mauvais moment w/ Jonathan Icon_minitimeMer 20 Sep - 13:48



Au mauvais endroit au mauvais moment

« Ave Maria »

1891, Whitchapel

La demoiselle n’avait pas le fond méchant et était encore moins partisane de la violence. Tout ce qu’elle voulait, elle l’obtenait par la ruse ou la pitié. Elle ne ferait pas de mal à une mouche et encore moins à un représentant de Dieu sur terre. Pourtant, lorsque l’homme d’église agrippa son poignet, elle ne tenta pas de s’en dégager ou de reculer. Anne était dans un État désespéré, au point qu’elle ne savait plus vraiment quoi faire. Son but n’était pas de le blesser, de le tuer, mais simplement d’obtenir ce pour quoi elle était venue à Whitechapel. Elle aurait très bien pu partir dans le meilleur des mondes et tenter sa chance ailleurs, ou tout simplement rentrer chez elle bredouille. Mais elle savait déjà quelle serait la réaction de son père en manque… Jusqu’ici, il n’avait jamais frappé son enfant, mais c’était contenté de s’acharner sur les meubles de leur appartement, au grand damne de leurs voisins. La jeune femme savait néanmoins que la douleur pouvait lui faire dire des choses qu’il ne pensait pas, ou faire des choses qu’ils regretterait pas la suite. Revenir sans la précieuse substance pour apaiser ses maux n’allait en rien le calmer.

Ses yeux fixés dans ceux du Révérend Williams, elle ne lâcha pas cette sorte de “bataille de regard”. Il pouvait arriver à Anne de faire de nombreuses choses stupides, mais il était hors de question pour elle de paraître faible, stupide et surtout de montrer qu’elle ne savait jamais vraiment ce qu’elle faisait. Un jour ou l’autre, il faudra qu’elle se débrouille seule, qu’elle agisse pour elle même et non sous la couverture de prendre soin de son père. Si elle franchissait maintenant, même envers un inconnu qui ne semblait pas une menace, elle se mettrait elle-même des bâtons dans les rues.
Dans un sens, la blanchisseuse se réjouissait du petit effet que produisait sa menace sur cet homme. Un rire à moitié dissimulé vint soulever ses frêles épaules, tellement ses paroles étaient absurdes.

- Si l’éventreur était une femme, je doute qu’elle s'attardait sur un humble homme d’église ! S’exclama-t-elle, sans pour autant relâcher sa vigilance. A moins qu’à l’instar de ses pauvres victimes, vos occupations ne sont pas aussi pieuses qu’elles semblent l’être…

La situation était peut-être tendue, mais la demoiselle ne pouvait s’empêcher de lancer un petit pique, juste pour voir sa réaction. Qui sait, peut-être avait-elle touché un point sensible sans le savoir… Point qui pourrait lui être utile plus tard. Sans doute était-ce puéril de sa part, mais elle n'en avait que faire.
Décrispant enfin son bras, Anne recula et rangea sa lame aussi rapidement qu’elle était apparue. Elle ne voulait pas que sa “proie” lui échappe et alerte quelqu’un, bien qu’elle doute qu’il ne se passe quoi que ce soit. Pourtant, elle prit le risque de croire en sa parole et de le laisser respirer convenablement. Toutefois, au moindre mouvement de fuite, il est fort à parier qu’elle ne le laisse pas s’en tirer comme ça. La miss était dans une situation assez complexe pour ne pas la rendre encore plus impossible à résoudre.

-Vous connaissez ces rues par coeur ainsi que les gens qui y vivent, j’imagine ?

Bien qu’elle y passe la plupart de son temps, la demoiselle Lacey ne s’y aventurait pas assez pour connaître tous les lascards vivant entre ces murs. Elle n’était d’ici que de naissance, mais n’y avait jamais vraiment vécue, bien heureusement pour elle.


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Jonathan R. A. Williams
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Je n'aime pas me décrire...mais on me dit quelqu'un de gentil, tolérant envers beaucoup de choses; et il est vrai que le Seigneur m'aide à voir le bien dans le cœur de tous. Cependant, cette même capacité me rends aux yeux des gens très fanatique et naïf. Je n'avais jamais vu les choses sous cette angle, mais il faut croire que les gens ne voient en moi qu'un pasteur de pacotille. S'il y a une facette de moi que j'apprécie particulièrement, c'est le fait que je sois quelqu'un de très romantique ! Même si tout le monde préfère dire que je suis quelqu'un de niais...mais ne croyez pas que je sois stupide, car il m'arrive d'être très fier et impulsif. Je ne suis pas très courageux, mais je ferai toujours de mon mieux pour protéger les gens que j'aime, comme mon petit frère. J'ai aussi une profonde attirance pour les rousses. On me surnomme Quasimodo à cause de mon apparence quelque peu trapu -et certes poilu bien que blond, par opposition à la magnificence de mon frère.
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MessageSujet: Re: Au mauvais endroit au mauvais moment w/ Jonathan Au mauvais endroit au mauvais moment w/ Jonathan Icon_minitimeSam 23 Sep - 14:12



Wrong Place, Wrong Time

« don't catch the little bird »

1891, une ruelle de Whitechapel,

Combien d'autres créatures plus ou moins innocentes la jeune femme avait-elle tenu sous le couperet de sa lame pour obtenir ce qu'elle désirait ? Jonathan n'en avait pas la moindre idée, c'était bien la première fois qu'il voyait son visage entre ces sombres rues. Il n'avait jamais eu à se plaindre de violences, bien que ce fut l'un des sous-titres du quartier. Son aura de pasteur, de non juge et de bienfaiteur généreux des nécessiteux le rendait quasi intouchable d'une grande majorité de la population belliqueuse de Whitechapel. Peut-être avait-il juste à s'inquiéter de la montée exponentielle de la Tribu; car il avait eu quelques griefs avec leur chef par un passé à présent si lointain qu'il en était cruellement flou. Mais qu'une simple demoiselle, au minoi si délicat, à l'aspect si fragile; tout du moins dans l'oeil patriarcal d'un bourgeois comme notre cher pasteur de ces viles brebis, ainsi le menace, tout cela paraisssait irréaliste. Pourtant, ils se trouvaient bien là, au milieu de la poussière et de la boue entre les dalles. Aussi proche l'un de l'autre que pouvait y prétendre un couple d'honnêtes gens, devant les regards concuspicieux de la foule, depuis l'artère principale du quartier. La lame soigneusement cachée contre son ventre, l'irritant rien que par sa présence menaçante, faisant peser l'ombre de la douleur contre sa tempe. Sa main tenant le poignet meurtrier, commençait légèrement à trembler, malgré tout l'aplomb qu'il souhaitait prouver à la jeune demoiselle. Ne plus faire croire qu'il n'était pas un homme suffisamment fort pour se défendre lui-même, qu'il n'avait pas plus peur de la mort que du jugement de Dieu.

Combien de temps étaient-ils resté ainsi, se contemplant dans le regard de l'un et de l'autre, incapable de baisser les armes. Il craignait que la demoiselle ne fut plus solide que lui, et que cette bataille ne s'achève sur une énième défaite misérable de son courage. Lorsqu'il eut hausser la voix à propos de Jack l'Eventreur, il s'était attendu à un pas en arrière, à un certain choc. Mais seul un rictus acceuillit sa parole tandis que la réponse ne se fit pas attendre. S'exclamant que la meurtrière n'aurait pas de temps à perdre avec un simple pasteur. La fierté de l'homme aurait pu s'en retrouver blessé, pourquoi pas même mis à l'épreuve -quand bien même il ne souhaitait pas plus que cela se retrouver devant l'indivu, de quelques sexes qu'il put être. Mais ce qu'elle rajouta, dans toute la stupide innocence de son culot, désabusa les dernières émotions de Jonathan. Ce dernier se doutait bien que toute sa détresse psychologique ne se lisait pas sur ses traits, et Dieu merci pour cela. Mais il se demandait véritablement parfois ce qui poussait les gens à parler sans savoir, si ce n'était juste pour le plaisir de jouer à un jeu de hasard où gagner les réconfortait dans une sorte de savoir universel, d'intuition féminine exacerbé dirons-nous dans ce cas précis. Quoiqu'il en fut, Jonathan soupira lourdement et lâcha la main, qu'importe la lame, auquel il ne jeta pas un seul de ses sombres regards qu'il offrait à la jeune ingénue.

- Vous seriez bien surprise, mademoiselle, de l'impertinence de vos propos. Sachez que je n'ai pas à rougir de quoique ce soit, et si le Seigneur m'en est le Témoin, je n'ai pas peur de Son Jugement.

Si sa phrase avait eu un quelconque impact, il ne le saurait pas encore. Le pasteur avait jeté son dévolu bleu ciel dans le regard tel un animal éculé de la demoiselle. De par ce contact direct et sans fioritures, Jonathan souhaitait lui faire passer sa propre confiance. Il était un homme d'église, que diable ! Si l'on ne pouvait plus faire confiance à ce genre de personnes, où allait le monde. C'est en tout cas ce qu'il songea, alors qu'elle rangea sa lame avec une vitesse surprenante, la rendant à ses jupons cachés leur étrange symbolique. La jeune femme s'écarta alors de lui, pour qu'enfin leurs corps aient une distance respectable. Ce n'était pas sans rassuré Jonathan qui n'en pouvait déjà plus d'imaginer toutes les rumeurs qui allaient pouvoir courir sur cette situation qui n'avait au final duré que quelques minutes. Voilà une bien triste carrière que celle d'un homme de pureté. Ce qui avait commencé  par être une sympathique tournait au vinaigre, et bien qu'elle l'eut lâchait, Jonathan avait encore l'impression de se faire agresser rien que par le ton de sa voix. De toute façon, quand bien même il était un être de pardon et de lumière, -bref, tout ce que vous vouliez- Jonathan gardait une petite rancune, sentant comme encore le fantôme de la lame contre son ventre rondouillard. S'écartant à son tour d'un pas ou deux, époussetant son vêtement de prière comme s'il voulait retirer cette impression morbide, Jonathan poussa un profond soupir.

- Vous imaginez ? Bon sang... S'il y a quelque chose sur cette Terre dont vous êtes sûre, je serai ravi de le savoir. Jusqu'ici, vous ne faites que spéculer. Je suis un pasteur, mon chemin se limite très généralement de chez moi jusqu'à mon église...

Il s'approcha d'un mur pour y poser un bras, passant une main sur son visage qui n'avait pas manqué de suer sous la peur. S'il n'avait pas peur de la mort et du jugement du Tout Puissant, l'idée de se vider lentement de son sang dans une ruelle sale et vide ne lui plaisait pas spécialement. Il y avait bien meilleur comme mort, mais il y avait également bien pire.

- Mais vous avez raison sur un seul point... dans toutes vos inepties. Je connais tout le peuple protestant croyant et pratiquant de Whitechapel, ce n'est pas non plus tout le quartier, mais c'est déjà ça... et vous vouliez ? Un médecin ? Un pharmacien ? A Whitechapel, vous avez 50% de chance de tomber sur des charlatans, essayez les guérisseuses.

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MessageSujet: Re: Au mauvais endroit au mauvais moment w/ Jonathan Au mauvais endroit au mauvais moment w/ Jonathan Icon_minitimeMar 2 Jan - 11:20



Au mauvais endroit au mauvais moment

« Ave Maria »

1891, Whitchapel

C’était amusant de voir les réactions des gens, lorsqu’une petite pique était laissée parfaitement au hasard. Anne était certaine d’avoir touchée un point sensible, ne serait-ce que part le regard noir que lui lança le pasteur. Pouvait-on paraître moins innocent que cela… ? Oh, il l’était sans doute, mais c’était incroyablement divertissant de faire planer le doute.

- Je ne vous ferez pas l’affront de m'immiscer dans votre vie personnelle, pasteur… Même si elle doit être plus croustillante que vous ne l’affirmez.

Cela avait quelque chose de palpitant de sentir la peur et l’inquiétude de personnes que l’on menaçait, et ce d’autant plus lorsqu’on était une femme n’ayant rien de physiquement agressif. Anne ne ferait pas de mal à une mouche, elle serait bien trop faible pour cela, mais la situation faisait que ses nerfs prenaient le dessus sur sa raison. Cette allure et cette attitude de fausse criminelle ne cachait rien d’autre que de l’anxiété et de la panique, telle une sorte d'armure dissimulant sa véritable faiblesse. Plus le temps s’écoulait et plus la jeune femme risquait de subir les foudres de son pauvre père souffrant d’agonie, d’autant plus si elle revenait de sa “mission” les mains vides. Si elle devait s’écouter cela ferait longtemps qu’elle serait retourner chez elle, avec pour seule consolation pour le malade sa présence féminine et apaisante. Anne n’avait cependant aucune envie que sa souffrance se transforme en mots blessant et aux gestes violents envers elle, ce qui était de plus en plus fréquent au fur et à mesure que son mal grandissait. Elle pourrait ne pas se laisser faire, menaçant de le laisser seul, mais elle savait que sans lui elle n’aurait nul part ou aller et son maigre salaire ne l’aiderait pas à vivre convenablement. De plus, la demoiselle devait tout à cet homme qui l’avait recueilli sous son toit et l’avait élevé, sans rien attendre en retour, uniquement par amour pour sa défunte mère. Le dilemme était grand, mais elle savait où étaient ses intérêts.

La blanchisseuse était au bord de l’implosion. Croisant ses bras sous sa poitrine, elle sentit ses muscles se contracter et ses jambes trembler légèrement sous l’impatience, mais il était impossible pour le pasteur de remarquer ce genre de détail, à moins qu’il ne soit très observateur. Pourquoi rien ne pouvait se passer comme prévu ? Oh, bien sûr, elle aurait pu user de son plan B, à savoir faire les poches des passants et aller acheter en toute “légalité” les médicaments bien trop coûteux… Dieu seul savait à quel point elle se maudissait de ne pas y avoir pensé plus tôt, cela lui aurait évité bien des tracas.
A vrai dire, Anne avait du mal à supporter le ton de sa “victime”. A ces yeux, c’était comme s’il la prenait de haut, comme si sa jeunesse et son manque de confiance en soit avait quelque chose de ridicule. Elle savait que ses paroles étaient floues, parfois incohérentes entre elles… Et même si le pasteur ne faisait que répliquer à son agression, elle se sentait presque attaquée… Un peu comme l’enfant qu’elle était toujours.Son maigre sourire s’effaça pour laisser apparaître un visage neutre, sérieux. C’était elle qui avait le couteau, pas lui.

- Une chose dont je suis sûre est que vous vous rendrez à votre église avec tout vos doigts uniquement si mon humeur y est favorable… Pour l’instant, c’est pas l’cas. Je me suis bien amusée, mais vous ne me faites plus rire, pasteur.

Tuer, non. Mutilé, oui. Anne n’était pas une meurtrière, ni un grand criminel comme Whitechapel et Londres en comptaient de nombreux, mais elle serait prête à tout pour obtenir ce qu’elle voulait.

- Vous avez un nom, une adresse ? Et cette fois je ne suppose pas, j’affirme.

Le ton de sa voix était beaucoup plus dure qu’il ne l’avait été jusque là. Ce petit homme rondelet avait beau être un envoyé de Dieu, la jeune femme avait commis assez de méfait pour savoir que sa place ne serait pas au paradis, mais bel et bien en Enfer… Alors un crime de plus ne serait qu’une ligne ajouté à sa liste déjà bien fournie.



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MessageSujet: Re: Au mauvais endroit au mauvais moment w/ Jonathan Au mauvais endroit au mauvais moment w/ Jonathan Icon_minitimeLun 15 Jan - 20:53



Wrong Place, Wrong Time

« don't catch the little bird »

1891, une ruelle de Whitechapel,

L'homme de Dieu avait été si proche de rejoindre son berger aux portes de son étincelant royaume, tant qu'il ne savait pas encore comment réagir. Il était partagé entre la folie pure, celle de prendre en pitié son agresseuse et de tenter de l'aider; et celle de fuir instantanément. Il en aurait eu le temps, maintenant qu'elle venait de le lâcher. Cela n'était pas sorcier de voir qu'elle s'impatientait, bien que  Jonathan était à mille lieux de pouvoir imaginer le vrombissement intérieur qui saignait son corps de multiples tremblements. Le pasteur ignorait qu'elle avait besoin de ces médicaments pour un autre qu'elle, comment pouvait-il le deviner: après tout il n'était qu'un messager de Dieu, absolument pas un être doué de double-vue. Toujours était-il que l'estomac au bord de la gorge, Jonathan se tenait encore proche du mur, s'y tenant d'une main peu assurée au cas où il lui viendrait l'envie de vomir. Il leva les yeux au ciel lorsque la jeune femme s'amusa d'un petit sourire que sa vie devait être beaucoup plus intéressante que ne le prévoyait son austère tunique. Encore une qui ne s'attardait pas plus loin à ce qu'offrait l'oeil à voir. Il en avait l'habitude, mais cela le décevait toujours un peu plus, faisant descendre cette jeune femme d'apparence frêle et pourtant combattive de son maigre estime.

Que pouvait-il bien faire ou bien répondre, il n'y avait rien à dire de plus. Il n'allait pas lui rendre public son journal intime, le pasteur n'avait absolument rien à prouver à cette pauvre dame qui tremblait peut-être du manque. Peut-être avait-elle même besoin de cette drogue pour la revendre à son tour et gagner de l'argent sale pour nourrir il ne savait qui. Le monde était rempli de tant de destinés différentes. Les fins de chacun étaient aussi diversifié que leurs motivations personnelles, et Jonathan aurait été le dernier à leur jeter la pierre. Lui savait également que la fin justifiait parfois les moyens, malgré qu'il fut bien portant.

Reprenant la main mise sur son couteau qui semblait au pasteur comme une véritable épée à cette seconde précise, elle perdait son sourire insolent pour insister auprès de lui. Ses phrases semblaient presque vide de sens au jeune homme. Mais il n'aurait été capable de savoir pourquoi. Elle lui faisait l'effet d'une petite poupée de porcelaine qui essayait de jouer dans la cour des grands et ne parvenait pas à prendre au sérieux son joli petit minois qui faisait la méchante. Le pasteur se redressa de tout son long, reprenant sa respiration. Son estomac lui en faisait toujours voir des vertes et des pas mûres mais il pouvait se contenir un peu face à la situation dramatique qui l'exigeait. Ses pensées se mélangeaient presque dans son esprit, alors qu'il fixa la jeune femme sans répondre. L'idée de se devoir esclave soudain des bonnes humeurs d'une femme le fit grincer des dents. Jonathan se baissa pour récupérer sa bible, l'époussetant comme il avait pu le faire pour sa robe auparavant. Il poussa un long soupir en voyant que quelques pages s'étaient écornés. Lui qui prenait toujours si grand soin de ses affaires. Il n'écoutait qu'à peine la jeune femme, alors que celle-ci lui demandait un nom, une adresse. Il ne savait même pas de quoi exactement. Désirait-elle à présent toujours de la drogue, ou préférait-elle le nom et l'adresse d'un médecin ? A moins qu'elle ne souhaita s'essayer à une guérisseuse ?

- Il va falloir être plus précise, Madame.

Serrant sa Bible tout contre lui, il s'avança vers la jeune femme. Jonathan n'avait pas vraiment peur d'elle. Ce n'était qu'une brebis égarée, et il était de son devoir, en tant que berger du Seigneur, de pouvoir la remettre sur le droit chemin. Ne serait-ce qu'au moins être à son écoute. Il était entièrement dévoué à l'aider si celle-ci voulait bien se calmer et accepter de comprendre que le pasteur de Whitechapel n'était pas son ennemi. On n'enlève pas un doigt à un ministre de Dieu, voyons. Pour le moment, rien n'était perdu pour elle; il en était persuadé. Il en fallait beaucoup pour l'âme d'un être pour se faire fermer les portes du Paradis. Il était même dit qu'un meurtrier pouvait faire pénitence, alors pourquoi pas une aussi douce créature d'apparence ? Dans un petit geste lent, afin de ne pas attiser l'agressivité de la jeune femme, Jonathan ouvrit la Bible à un point aléatoire, et lut très calmement:

- "Ne retiens pas contre nous des torts d'ancêtres,
hâte-toi, préviens-nous par ta tendresse,
nous sommes à bout de force;
"
...8ème paragraphe du Psaume d'Asaph, le 79ème...


Etait-il blasphématoire d'utiliser le hasard pour lire la Bible comme prédicatrice de conseils dans le présent ? Jonathan savait qu'il était juste d'utiliser les conseils prodigués par les Anciens pour suivre une vie la plus vertueuse possible. Mais était-il de lire au delà du présent grâce à l'usage du hasard ? C'était la question à laquelle tentait de répondre les divinatrices, et les cartomanciens. Alors peut-être était-ce donc considéré comme péché. Beaucoup disent que la pratique de l'occultisme était une abomination, mais alors dans quel catégorie se plaçait les gens hantés ainsi que les possessions de démons ? Mais tout ceci n'était que des questionnements personnels qui n'ont nul court dans cet écrit. Jonathan soupira profondément, avec une grande tristesse. Le temps pressait, et ce n'était pas que l'impatience de la jeune femme qui le lui faisait bien comprendre. Il la regarda profondément de ses grands yeux bleus et lui dit d'une voix le plus posée possible.

- J'ai peut-être quelque chose, mais vous devrez me suivre. Il n'est pas sûr qu'elle acceptera de s'adresser à quelqu'un sans avoir assurance de celle-ci. Vous savez, les gens avec des couteaux qui menacent, ce n'est pas la meilleure manière d'obtenir ce que l'on peut désirer. Mais ne vous en faites pas, tout le monde peut retourner sur le droit chemin.

Sur ces mots, il l'invita à le suivre en direction de la sortie sombre de cette ruelle étroite. A savoir s'il allait la suivre ou exigeait la solitude de cette entremise ? Les deux choix pouvaient être interprété avec le plus grand des sérieux car pouvant mener à différentes voies.
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