Sujet: All was golden in the sky ♦ Dick H. Fusslebottom Mer 9 Aoû - 0:11
All was golden in the sky
All was golden when the day met the night
Ils étaient arrivés. À cette heure, sa domestique devait encore être ici. C'était ce qu'elle espérait lorsque Melanie ne remarqua pas de résistance de la part de sa porte d'entrée. La jeune veuve n'aimait pas laisser Heather seule dans le manoir, même si cette dernière ne connaissait pas de peur. L'unique domestique s'empressa de témoigner de sa présence depuis la cuisine, ce qui fit pousser à Melanie un petit soupir de soulagement.
« Je ne reviens pas seule, aujourd'hui, Heather. Nous avons un invité. » annonça-t-elle avant de se tourner vers les concernés. « Enfin, plutôt deux. »
Melanie posa un regard attendri sur Lord Sawyer. Le voir gambader nonchalamment auprès de son maître semblait apaiser l'éternelle mariée.
« Je vais préparer le thé ! » répondit en écho la voix lointaine de la domestique.
D'un léger sourire et d'un geste de la tête, la jeune veuve invita le fossoyeur et son chien à entrer. Regardant les petites pattes de l'animal tinter le sol de son entrée, Melanie esquissa une petite moue désolée, pensant d'avance à sa domestique. Mais elle n'aurait eu le cœur de laisser le pauvre chien dehors... La jeune femme ôta son châle et son chapeau, dévoilant les volants qui couvraient sa poitrine, témoins de la mode américaine qu'elle ne délaissait point, au grand dam des dames qu'elle fréquentait. Elle referma également la porte aussi immaculée que ses vêtements, préférant faire cela elle-même qu'avoir une armée de domestiques chuchoteurs. Melanie invita M. Fusslebottom à faire de même avant de diriger ses invités vers une table près d'une grande fenêtre à plusieurs carreaux, filtrant les rayons du soleil qui commençaient à rougir.
Ce n'était pas à son habitude d'accueillir le gardien du cimetière où la jeune veuve se rendait souvent... pour d'évidentes raisons. C'était d'ailleurs la première fois aujourd'hui. Mais le jeune homme et son chien étaient devenus des personnages récurrents de son quotidien, à renforts de visites très fréquentes. Dick était presque devenu un confident depuis lors, et c'est lorsque la jeune veuve comprit qu'il avait vécu une expérience similaire qu'elle eut envie de le connaître un peu plus. Ne pas être seule dans une telle situation était... réconfortant, pour tout dire. La solitude était devenue une de ses grandes amies malgré elle, même si en y réfléchissant... elle ne se sentait jamais vraiment seule ici. Melanie l'avait donc invité. Les discussions dans le froid du cimetière commençaient à la lasser quelque peu, et que cela se fasse ou non, l'idée de partager cela autour d'un thé chaud ne lui déplaisait pas vraiment. Même si cela ne durait pas longtemps, la jeune femme se sentait mieux que d'habitude. Rentrer en présence de quelqu'un qu'elle pouvait considérer comme un ami ne lui arrivait pas tous les jours, et Melanie n'avait pas le cœur à rentrer seule en cette fin d'après-midi...
Les pans de sa robe s'enfoncèrent dans une des chaises, provoquant un bruit de froissement plutôt agréable à son oreille. Effectivement, elle avait l'air plus enjouée qu'à l'ordinaire. Enjouée... en tout cas, ses yeux ne brillaient pas à cause des larmes, et son petit sourire couvrait un peu sa mine pâle dessinée par les courtes nuits qu'elle passait d'ordinaire ici.
« Je vous remercie d'être venu, M. Fusslebottom. Cela me fait très plaisir de vous avoir ici. »
On pouvait entendre les tasses à thé cliqueter à l'arrière, accompagnés du sifflement de la bouilloire. Après une telle balade jusqu'ici, une récompense était la bienvenue. Melanie repoussa une de ses boucles derrière son oreille. Voilà qu'elle ne savais plus faire la conversation ? ... Il était vrai qu'elle n'était vraiment pas habituée à recevoir un homme dans sa demeure rien que... pour boire un thé, simplement. Elle avait l'habitude de le faire avec Johanna, et avec elle les discussions ne venaient jamais à manquer. Mais là, l'atmosphère était plutôt différente, et cela pouvait se comprendre. Enfin, la jeune veuve finit par se ressaisir assez vite.
« Je pourrais vous faire visiter après, si vous le souhaitez. Je serais embarrassée de ne vous garder qu'au salon. C'est une belle demeure, malgré les rumeurs qui courent sur elle... »
Les visiteurs du manoir Ravenswood étaient plutôt rares, il fallait l'avouer. Est-ce que Melanie avait tort de croire que cette escapade là se passerait plutôt bien ? Enfin, le thé allait être servi et l'heure n'était pas encore au vagabondage.
Sujet: Re: All was golden in the sky ♦ Dick H. Fusslebottom Ven 15 Sep - 20:56
All was golden in the sky
« ... »
Lord Sawyer branlait vigoureusement sa queue; il était toujours heureux de découvrir de nouveaux endroits et la magnifique demeure de mademoiselle Ravenswood ne faisait pas exception. Depuis qu’il y était entré, il s’était éloigné de son maitre pour renifler ici et là les bas de murs, les pattes des meubles, les tapis, les rideaux et pendant un instant, il eut envie de lever l’une de ses courtes pattes pour marquer ce nouveau territoire de son urine, mais la voix autoritaire du fossoyeur, qui avait deviné son intention, lui fit comprendre qu’il n’avait pas intérêt à le faire. Le basset avait tourné la tête vers son maitre, la baissant en signe de soumission, mais il comptait bien attendre que l’attention du jeune homme ne soit plus sur lui pour mettre à exécution son plan d’occupation territorial. Quelques gouttes suffiraient…
Les deux jeunes gens s’étaient dirigés vers le salon. Aussitôt que Lord Sawyer remarqua leur absence, il fut pris de panique à l’idée d’être abandonné par son papa et oubliant complètement qu’il devait marquer son territoire, il courut jusqu’au salon pour les rejoindre. Avec soulagement, il les vit s’assoir, chacun sur une chaise différente, mais près l’une de l’autre. Seule une petite table, prête à recevoir le thé, les séparait. Lord Sawyer s’approcha et vint se placer entre les deux chaises afin d’être entre Melanie et Dick. Aussitôt, la main de son maitre vint lui caresser le dessus de la tête et la bête oublia ses craintes précédentes. Tout doucement, le basset se mit à tourner sur lui-même et finit par se coucher aux pieds des deux jeunes gens. Les yeux clos, il ne tarda pas à se mettre à ronfler.
Dick jeta un regard amusé à son chien et rapporta son attention sur son hôte. La jeune femme l’avait surpris en l’invitant chez elle pour prendre le thé; jamais personne n’invitait Dick pour quoi que ce soit. En général, les gens l’évitaient; être fossoyeur et gardien du cimetière n’avait rien pour attirer la sympathie. On le trouvait bizarre, lui et ses habits toujours trop propres pour le travail ainsi que la drôle de relation qu’il entretenait avec son chien. En effet, malgré sa condition sociale et son modeste travail au cimetière, Dick était toujours élégant. Comment faisait-il pour se payer toutes ces tenues demeuraient un mystère pour les commères ayant remarqué ce détail…. La vente de cadavres, deuxième emploi immoral, était une activité si lucrative…
« C’est plutôt à moi de vous remercier! ». Dick adressa un sourire qui paraissait démesuré par la largeur de sa bouche à la jeune femme. Cette dernière semblait plus heureuse qu’à l’accoutumée et le fossoyeur ne put s’empêcher de penser que sa présence y était peut-être pour quelque chose. Après tout, Melanie venait si souvent au cimetière qu’il avait l’impression d’être devenu proche d’elle, comme un ami. La perspective d’avoir une amie était intéressante.
« Les rumeurs? Quelles rumeurs? ». Le jeune homme fronça les sourcils, curieux d’en entendre plus à ce sujet. Il n’avait pas demandé la permission de questionner son hôte ainsi et il ne le ferait pas; Dick manquait parfois de bonnes manières, mais les morts ne s’en plaignaient jamais. « Est-ce qu’il y a des passages secrets qui mènent à des pièces étranges? ». Il s’était penché vers Melanie, avec le regard pétillant d’un enfant en quête d’aventure extraordinaire.
Sujet: Re: All was golden in the sky ♦ Dick H. Fusslebottom Sam 23 Sep - 13:32
All was golden in the sky
All was golden when the day met the night
Les bêtises enjouées de ce bon vieux Lord Sawyer amusaient Melanie plus qu'autre chose, même si sa soudaine urgence n'aurait pas plu à sa pauvre domestique... Mais il n'était qu'un adorable animal qui ne pouvait rien savoir des conséquences. La jeune femme adorait l'observer, même si son père lui disait quand elle était petite qu'il ne fallait pas croiser les yeux des chiens qui n'étaient pas à soi. Elle évitait de le faire, mais sa petite démarche nonchalante et l'amour qu'il éprouvait envers son maître avait le don de réconforter Melanie, sans vraiment trop savoir pourquoi. La jeune femme fut ravie lorsque le canidé se posa sous la table pour se reposer, attendrie. Elle n'osa pas le caresser, de peur de le sortir de sa torpeur, mais la voix du fossoyeur lui donna de quoi se concentrer sur autre chose.
« C’est plutôt à moi de vous remercier! » fit-il avec un large sourire.
Melanie secoua légèrement la tête. Cela ne la dérangeait absolument pas, bien au contraire. Cela lui faisait plaisir de voir avec quel enthousiasme M. Fusslebottom se montrait ici. Cela faisait un bon bout de temps que la demeure n'avait pas reçu d'aussi bonnes ondes... Le regard de la jeune femme se promena rapidement dans la pièce. Ô manoir, depuis quand avais-tu connu quelque chose de positif ? Pour ça, elle se rendait compte que sa maison et elle-même étaient liées.
« Les rumeurs? Quelles rumeurs? »
La jeune veuve reporta son regard sur Dick. Est-ce qu'il plaisantait ou non ? Peut-être le faisait-il pour la mettre à l'aise et manifester le fait qu'il s'en fichait contrairement à la plupart des londoniens. Mais non, ce n'était pas ça... La lueur qu'il avait dans ses yeux noirs traduisait un intérêt nouveau. Melanie fut surprise.
« Est-ce qu’il y a des passages secrets qui mènent à des pièces étranges? »
Melanie ne put s'empêcher de rire, ce qui la surprit elle-même, posant presque immédiatement une main devant sa bouche. Mais elle dut continuer de sourire face à la mine de pure curiosité que le fossoyeur affichait. Il ne se fichait pas d'elle, non, il avait vraiment l'air sincère. Enfin, elle l'espérait, mais elle allait aller dans ce sens. Devait-elle profiter d'avoir en face d'elle quelqu'un qui ignorait complètement ce qui se disait du manoir Ravenswood dans les rues de Londres ? Cela changeait manifestement du quotidien ! Mais avant de pouvoir répondre quoi que ce soit, Heather arriva avec le thé et deux tasses sur un plateau.
« Merci beaucoup, Heather. »
Cette dernière sembla remarquer la sérénité inhabituelle de sa patronne, et finit par hausser les sourcils en lui rendant son sourire, moitié hébétée, moitié amusée, avant de se retirer. Melanie s'empara avec soin de la théière et s'accommoda du service, commençant par la tasse de Dick. Quelques bribes de rire restant apparurent avant qu'elle ne puisse prendre la parole.
« Excusez-moi. » continua-t-elle en souriant toujours. « D'habitude on ne me pose pas ce genre de questions sur le manoir. Mais j'imagine qu'il doit y avoir ce genre de passages, je vous y mènerai. »
Melanie savait qu'il y en avait un dans le boudoir, mais elle évitait d'y aller. Elle avait toujours un sentiment désagréable là bas. Mais peut-être que cette fois serait différente... La jeune femme servit le thé dans sa tasse, cette fois, avant de reposer la théière. Prenant du sucre avec sa cuillère et le faisant délicatement tomber dans l'eau fumante et colorée, elle repoussa le récipient rempli de poudre blanche vers son invité.
« Désirez-vous du sucre ? »
La jeune femme prit sa tasse, et repoussa la fumée en soufflant légèrement dessus, semblant contempler le thé plutôt que de le boire. Il était encore trop chaud pour elle. Mais la connaissant, elle aurait vite fini. Elle trouvait le thé tiède atroce. Les yeux rivés sur sa tasse, son sourire avait enfin fini par disparaître, laissant place aux réflexions qui s'apparentaient à de sombres nuages couvrant le soleil de la pensée. Malheureusement il n'y avait pas que des passages secrets, ici...
« Ce n'est pas toujours facile de vivre entre ces murs. Compte tenu de... de ce qui s'est passé. »
Melanie regardait maintenant sa tasse sans vraiment regarder quoi que ce soit. Dick savait de quoi elle voulait parler, enfin, elle savait qu'elle lui en avait déjà parlé. Longuement. C'était ça, la chose qu'ils avaient en commun. La perte de leur être cher. Le fait que Melanie ne regardait pas Dick comme un simple fossoyeur qu'elle croisait souvent. La jeune femme ne savait pas encore pourquoi un ami compréhensif avait été mis sur son chemin, mais il était sûr qu'elle en avait eu besoin. Elle en aurait eu besoin bien plus tôt, d'ailleurs... Mais c'était comme ça. Au moins avait-elle seulement le regard dans le vague, alors que quelques mois avant, elle aurait déjà versé des larmes. Même si, si elle restait trop longtemps comme ça, cela n'allait pas tarder à arriver.
Sujet: Re: All was golden in the sky ♦ Dick H. Fusslebottom Jeu 12 Oct - 2:17
All was golden in the sky
« ... »
Lord Sawyer redressa la tête rapidement lorsqu’il entendit la jeune femme rire et se tordit le cou pour la regarder. Elle ne semblait pas en détresse… Ces humains et les drôles de sons qu’ils émettaient parfois… Le basset soupira bruyamment, comme pour indiquer à Melanie qu’elle l’avait dérangée dans son sommeil, puis reposa sa lourde tête sur ses pattes en refermant les yeux. De son côté, Dick avait baissé les yeux sur la bouche de la jeune femme avant que cette dernière ne la cache derrière sa main, touché, sans réellement comprendre, d’être le responsable de cet élan de joie. Il savait, au profond de lui-même, que la jeune femme ne riait pas de lui, mais de ce qu’il avait dit; nuance qui rendait la veuve Ravenswood spéciale à ses yeux. Doucement, le regard du fossoyeur avait suivi les traits du visage de Melanie pour remonter jusqu’à ses yeux qui pétillaient. Dick devina qu’un sourire devait continuer d’exister derrière sa délicate main et fut légèrement déçu de ne plus pouvoir en être témoin.
Toujours penché vers l’avant, le jeune homme continuait d’observer le visage de son hôte; peut-être le trouverait-elle irrévérencieux, mais au même moment, le domestique de Melanie arriva près d’eux, un plateau à la main sur lequel se trouvait deux tasses et le thé. Lord Sawyer ne fit que lever une paupière, mais demeura calmement sous la table alors que son jeune maître se redressait et détournait enfin les yeux. Son regard se posa sur le visage de la domestique et il lui sourit, pour tout remerciement, et observa la manière dont elle regardait sa patronne avant de s’éloigner et quitter la pièce aussi rapidement qu’elle y était entrée. Il ne comprenait pas ce qui semblait amuser autant les deux jeunes femmes, mais il était agréable de se retrouver dans une maison où le bonheur semblait régner en maître. Évidemment, Dick ignorait tout du manoir de Melanie; il n’était que le gardien du cimetière à qui l’on parle de nos êtres chers disparus et n’avait que faire des ragots des pauvres gens. Néanmoins, il en savait assez sur les malheurs de la jeune femme pour penser que ce genre de bonne humeur ne devait pas être commun. Ainsi, encore une fois, le fossoyeur se remplit d’orgueil en imaginant que sa présence devait y être pour quelque chose…
La jeune veuve s’occupa alors de servir le thé. Dick baissa les yeux sous la table pour vérifier que Lord Sawyer se comportait bien, mais son bébé n’avait pas bougé d’un centimètre et semblait faire un rêve agréable. Ses bajoues se soulevaient au rythme de sa respiration et ses petites pattes bougeaient parfois comme s’il courait dans le vide. L’attention du jeune homme se rapporta vers Melanie lorsque celle-ci rigola encore un peu puis s’excusa. « D'habitude on ne me pose pas ce genre de questions sur le manoir. Mais j'imagine qu'il doit y avoir ce genre de passages, je vous y mènerai. » Dick sourit et attrapa la tasse que la jeune femme lui tendait. « C’est parce que d’habitude, ce n’est pas moi qui vous les pose! » Le gardien du cimetière porta sa tasse de thé à ses lèvres, mais la reposa aussitôt; la vapeur du liquide chaud était suffisante à lui imposer la patience. « Je me demande ce que l’on pourrait trouver dans ces vieux passages oubliés… » marmonna le jeune homme, pensif alors que Melanie repoussait vers lui le contenant de sucre. « Désirez-vous du sucre ? ».
La réaction de Dick fut bien étrange : il se mit à fixer le contenant de sucre comme si cela avait été l’objet le plus inusité qu’il lui avait été donné de voir dans sa vie. En vérité, c’était la première fois que quelqu’un offrait du sucre au gardien du cimetière : cette denrée était pour les gens du peuple un luxe que beaucoup ne pouvait s’offrir et ainsi, lorsqu’on en possédait, on le gardait jalousement pour soi-même. De plus, élevé dans la pauvreté, Dick n’avait jamais eu de sucre chez ses parents et malgré les revenus acceptables que lui procuraient aujourd’hui ses activités clandestines de vente de cadavres, sa priorité n’avait jamais été d’en acheter. Ainsi, sucrer son thé lui semblait bien étrange. Ses sourcils se froncèrent légèrement et il pinça les lèvres, hésitant. « Je ne sais pas… » murmura-t-il en levant les yeux vers le visage de Melanie, mais cette dernière ne semblait pas l’avoir entendu; son regard était rivé sur sa tasse de thé qu’elle regardait sans plus aucune trace de sourire. « Ce n'est pas toujours facile de vivre entre ces murs. Compte tenu de... de ce qui s'est passé. »
Aussitôt, le dilemme du jeune homme concernant le sucre lui sembla bien futile, tout comme boire ou non son propre thé. Son cœur se serra dans sa poitrine; il portait également le deuil de la femme qu’il avait aimée plus que tout au monde et comprenait l’état soudain dans lequel Melanie venait de sombrer. C’était cet état qui était le responsable de leur rencontre après tout. Néanmoins, il avait aimé voir la jeune femme souriante, entendre son rire, voir ses yeux briller de joie et voulait voir ce bonheur réapparaitre.
Doucement, Dick se leva, sans détacher son regard du visage de la jeune femme, contourna la table et s’approcha de Melanie pour s’agenouiller auprès d’elle. D’un mouvement délicat, il posa ses mains devenues rugueuses par le travail acharné sur celles de son amie pour la forcer à déposer sa tasse de thé sur la table. Pourtant, lorsque ce fut chose faite, Dick ne retira pas ses mains de celles de la jeune femme; au contraire, il les saisit avec délicatesse, son regard cherchant celui de Melanie. Tout à coup, Lord Sawyer, qui s’était presque fait oublier jusqu’à maintenant, bondit sur son maître en grognant. La surprise fit perdre l’équilibre au fossoyeur qui tomba au sol, lâchant par le fait même les mains de la jeune femme. Debout, sur la poitrine de son maître, le basset continuait de grogner à quelques centimètres de son visage, de la bave épaisse s’écoulant de ses larges bajoues. « Lord Sawyer, c’est papa… ». Pour la première fois depuis une éternité, la voix de Dick était tremblante; allait-il être défiguré par son propre chien?
Une lueur sembla se rallumer dans le regard vide du basset qui s’éloigna aussi rapidement qu’il avait bondi sur son maître. Lord Sawyer se dirigea vers un coin de mur où il se mit en boule pour se plaindre fortement. Les lamentations de la pauvre bête étaient déchirantes, mais Dick se contenta de seulement se dresser sur ses coudes, toujours étendu au sol. Son fidèle compagnon tremblait de tout son corps et rapidement, un cerne d’urine apparut; le pauvre chien semblait terrorisé par son propre comportement ou pas quelque chose qui était invisible aux yeux des humains.
plumyts 2016
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Sujet: Re: All was golden in the sky ♦ Dick H. Fusslebottom Mer 18 Oct - 19:13
All was golden in the sky
All was golden when the day met the night
Si Melanie s'attendait à quelque chose, ce n'était certaine pas à cela... La jeune veuve suivit du regard son ami qui venait de se lever pour contourner la table et venir s'agenouiller près d'elle. Avait-elle été trop plaintive ? Ou avait-il été touché ? Melanie ne parvint pas à fermer sa bouche pour autant, surtout lorsque Dick la força doucement à abandonner sa tasse de thé pour qu'il garde ses mains dans les siennes. Elles étaient chaudes... La jeune femme sentait également de la chaleur sur ses joues, qui devaient probablement avoir rougi au contact inattendu. Il fallait avouer que ce n'était pas chose courante lors d'un thé... Melanie eut du mal à détacher son regard de leurs mains pendant un instant. Les siennes étaient blanches et fines, celles de Dick étaient plus grandes et calleuses. Très différentes, et pourtant elles semblaient bien aller ensemble. Il leur manquait seulement, et respectivement, un anneau...
Le visage de son ami apparut dans son champ de vision, et Melanie le regarda, tout comme il le faisait. La jeune femme finit par fermer la bouche suite au contact visuel, un peu embarrassée. Mais pas... d'une manière où elle avait envie que ça se termine... Enfin, elle n'eut pas trop le choix ni le temps de tergiverser sur la question. À peine eut-elle échangé un regard avec Dick que ce dernier fut propulsé sur le côté, arrachant ses mains à celle de l'éternelle mariée. La violence de la surprise provoqua une exclamation bruyante chez Melanie, à moitié entre le cri et l'inspiration soudaine. Lord Sawyer ? ... Que lui arrivait-il ? Menaçant envers son propre maître ? Melanie n'arrivait pas à y croire. Elle ne l'avait jamais vu agir de la sorte et... peut-être que Dick non plus ? Ce dernier semblait réellement effrayé de la situation, et Melanie ne put que plaquer ses mains sur sa bouche, priant pour que rien n'arrive au fossoyeur. Les grognements sinistres de la pauvre bête fendaient le cœur, lui qui était si proche de son maître et meilleur ami... Mais le basset finit par se détourner de sa proie incongrue. La jeune femme en profita pour se précipiter sur le maître, choqué. Et il avait toutes les raisons... Melanie voulut à son tour prendre ses mains par instinct, mais se rappela au dernier moment que c'était ce geste qui semblait avoir mis Lord Sawyer dans un état féroce. Est-ce que la petite bête ne l'aimait pas, au final ? Mais pourquoi s'en prendre à son maître plutôt qu'à elle ?... Dans le doute, la jeune femme ne préféra pas réitérer le geste, et ferma sa main en poing, ne sachant trop qu'en faire.
« Vous allez bien, Dick ?! » demanda-t-elle en lançant son regard vers l'arrière de la tête du fossoyeur, ayant peur qu'il se soit cogné sur le parquet.
Lord Sawyer se mit à couiner, désormais plus apeuré qu'eux. Était-il désolé ? Melanie se leva et constata que la pauvre bête avait perdu tous ses moyens... Était-il vraiment dans un état second ?... La jeune femme s'approcha doucement de lui, ayant peur de le faire fuir, mais plus elle s'en rapprochait, plus elle constatait qu'il ne les regardait pas. Il regardait à côté... mais il n'y avait rien du tout. La jeune veuve s'agenouilla et tenta de lui parler.
« Qu'est-ce qu'il t'arrive, petit père ? » dit-elle doucement, avec plus d'inquiétude que d'attendrissement.
C'est comme s'il ne l'entendait pas... Le pauvre chien regardait toujours dans la même direction. Dans le vide. Mais il était si effrayé que cela ne pouvait être... rien... Le visage de Melanie se décomposa. Elle voulait par-dessus tout trouver une autre explication, mais cela était bien trop évident pour être écarté. La jeune femme se releva, tremblante, avant de se tourner lentement vers Dick.
« Il a l'air de voir quelque chose... C'était ce dont je parlais quand je vous disais qu'il n'était pas facile de vivre ici... »
Melanie s'interrompit pour se mordiller la lèvre inférieure. Il allait la prendre pour une folle et détaler loin de chez elle, c'était presque certain... C'était en tout cas le pire scénario que se faisait la jeune femme, pour éviter d'être déçue par la suite... Mais elle le comprenait. Et elle plaignait ce pauvre chien...
« Il n'est pas comme ça d'habitude, n'est-ce pas ? » demanda-t-elle en pensant à Lord Sawyer. « Dès que vous vous êtes assis près de moi et que... à l'intérieur de la maison... il a bondi et... » Melanie n'arrivait plus à faire des phrases correctes à ce moment. Trop de pensées se bousculaient dans sa tête, et la jeune femme finit par mettre ses paumes sur ses tempes comme pour les faire taire. « Vous devez me prendre pour une folle, je suis tellement désolée. Je n'aurais pas dû vous amener ici... » Car malheureusement, certaines rumeurs étaient fondées.
Elle n'en pouvait plus d'entendre ce pauvre chien pleurer. Est-ce qu'il ne voulait pas qu'elle s'approche de son maître ? Avait-il une raison d'empêcher son maître de l'approcher ? Non, elle n'y croyait pas. Que voyait-il ? Voyait-il ce qui rendait ces murs étranges et parfois même effrayants ? Qu'étais-ce ? Avait-il poussé le chien à faire ce qui était impensable pour lui ? Était-elle quelque chose... Melanie touchait des questions dont le sens s'enfuyait instantanément. Mais un étrange sentiment demeurait en elle... Le pauvre chien souffrait toujours. S'en était assez. Tant pis si Dick la prenait pour une folle... risquer son amitié avec le fossoyeur lui faisait énormément de peine, mais elle ne pouvait continuer ainsi. La jeune femme se mit devant ce que Lord Sawyer regardait et finit par éclater.
« Laissez-le tranquille ! » fit-elle d'une voix forte.
Melanie haleta, comme si cette action lui avait pris énormément d'énergie. C'était plutôt le quotidien rendu infernal par la chose contre laquelle elle avait hurlé qui pesait sur sa vitalité. Elle ne savait pas si cela allait faire quelque chose. Ni si Lord Sawyer avait vraiment vu quoi que ce soit. Mais elle vivait tous les jours avec le sentiment de ne pas être seule. Parfois l'air était dense, et cela ne venait pas d'elle... À part si les événements tragiques qu'elle avait vécu avaient influencé sa santé... Mais les médecins n'avaient jamais conclu à cela. La jeune femme se persuadait que tout était normal... Mais il y avait quelque chose. Il y avait quelque chose. Et c'était terrifiant de se l'avouer. Toujours tremblante, Melanie cacha son visage d'une main, la partie que Dick pouvait voir. Ses larmes avaient commencé à rouler sur ses joues blanches, et elle ne voulait pas qu'il les voie. Une bien grande fierté pour une mariée si fragile...
« Je suis désolée... » chuchota-t-elle fébrilement.
Elle se sentait responsable de l'état du pauvre Lord Sawyer... Cela ne faisait même pas une heure qu'ils étaient dans la demeure et déjà quelque chose d'absurde venait de se produire. D'habitude cela n'arrivait que très rarement, surtout que Melanie avait très peu de visiteurs. Seuls les rares personnes qui restaient longtemps ou qui venaient souvent pouvaient témoigner de l'étrange qui se produisait réellement ici. Le reste n'était que de l'invention, des commérages qui pimentaient les mornes conversations. Mais là, ce qui était vraiment ici avait frappé sans attendre. Melanie ne comprenait pas... et s'en voulait terriblement.
Sujet: Re: All was golden in the sky ♦ Dick H. Fusslebottom Ven 20 Oct - 21:27
All was golden in the sky
« ... »
Prenant appui sur ses coudes, Dick gardait les yeux rivés vers son chien; l’expression de son visage était indéchiffrable, mais on pouvait y lire, à la fois, la colère, l’incompréhension et la tristesse. Melanie, inquiète, venait d’apparaître dans le champ de vision du fossoyeur qui ne semblait pas la voir. Elle s’enquit de son état en examinant brièvement le derrière de sa tête, mais Dick ne répondit rien, toujours sous le choc de ce qu’il venait de se produire. Lord Sawyer était son bébé, son meilleur ami et un animal fidèle… Pour quelle raison s’était-il retourné contre son propre maître? Et s’il n’avait pas reculé, aurait-il osé le mordre? Les couinements de la pauvre bête étaient déchirants, mais Dick n’avait pas la bonté de cœur de la jeune veuve qui se dirigeait maintenant vers Lord Sawyer, tout doucement. Il se contentait de regarder l’animal comme s’il craignait de le voir revenir à la charge, mais rapidement, tout l’amour qu’il avait pour son basset le foudroya à nouveau et il se releva, suivant la jeune femme.
« Il a l'air de voir quelque chose... C'était ce dont je parlais quand je vous disais qu'il n'était pas facile de vivre ici... » Dick, qui se trouvait maintenant à côté de Melanie, plongea son regard dans le sien comme s’il essayait de lire dans sa tête ce à quoi elle faisait référence. Ses sourcils étaient légèrement froncés, mais il ne parla pas. Il ne croyait pas aux histoires de fantômes; lui qui travaillait jour et nuit dans un cimetière n’avait jamais été témoin d’évènements surnaturels. Lorsque Margaret était décédée, il s’était couché sur la terre au-dessus de son cercueil en la suppliant de lui apparaitre, de lui envoyer un signe, en vain. Néanmoins, Dick ne pouvait pas reprocher à Melanie d’y croire compte tenu de ce qui s’était passé ici… « Il n'est pas comme ça d'habitude, n'est-ce pas ? » Le fossoyeur tourna les yeux vers son chien qui fixait toujours au même endroit, les pupilles dilatées. « Non… » fit Dick pour toute réponse en secouant légèrement la tête. Lord Sawyer ne semblait pas remarquer sa présence et le jeune homme en profita pour s’accroupir, à bonne distance tout de même, de l’animal. Il tourna les yeux dans la même direction que ceux du basset, mais ne vit rien. Derrière lui, la veuve Ravenswood poursuivit : « Dès que vous vous êtes assis près de moi et que... à l'intérieur de la maison... il a bondi et... Vous devez me prendre pour une folle, je suis tellement désolée. Je n'aurais pas dû vous amener ici... »
Le gardien du cimetière tourna les yeux par-dessus son épaule pour voir le visage de son amie : « Ce n’est pas vôtre faute… » dit-il pour la rassurer, sans pour autant lui dire qu’il ne la croyait pas folle, ce qui aurait été plus gentil, mais déjà, son attention revenait sur Lord Sawyer. « Chut… Papa est là… » La jeune femme passa entre Dick et Lord Sawyer et vint se placer devant ce que l’animal semblait voir. Le fossoyeur se redressa, ne sachant pas ce que son amie allait faire lorsqu’elle dit, d’une voix forte : « Laissez-le tranquille ! » Le fossoyeur se mordit la lèvre inférieure, un regard grave rivé sur le visage de la jeune femme qu’il ne voyait qu’à moitié. Melanie semblait croire qu’il y avait réellement quelque chose ou quelqu’un dans cette pièce et que cette chose était le responsable de l’état de Lord Sawyer. Si Dick s’était montré légèrement plus ouvert d’esprit, il aurait remarqué que son chien venait de bouger, tournant maintenant les yeux vers son maître puis vers l’éternelle mariée, et qu’il ne couinait plus. Au lieu de cela, il fixait la jeune femme qui venait de se couvrir le visage d’une main, désolée.
Lord Sawyer déplia ses courtes pattes pour se lever, tourna légèrement son large corps et se mit à renifler le cercle d’urine qui tachait le tapis du salon. Piteusement, il vint se coller à la jambe de son maître qui détacha enfin son attention du visage de Melanie pour le regarder. Il se pencha légèrement vers Lord Sawyer, lui tendant sa main pour voir sa réaction. Aussitôt, le basset se mit à donner des coups de langue à son maître pour lui démontrer qu’il n’avait jamais cessé de l’aimer. Ce simple geste décrocha un sourire triste au fossoyeur : « Tu nous as fait peur Lord Sawyer… » Dick leva légèrement les yeux vers Melanie qui lui tournait toujours le dos. Il prit une profonde inspiration et soupira bruyamment en passant sa main sans bave de chien dans ses cheveux alors qu’il essuyait l’autre sur son pantalon : « Vous n’avez pas à être désolée, c’est plutôt à moi de l’être… » Le jeune homme tourna les yeux vers le dégât de Lord Sawyer : « Je vais aller chercher votre domestique… »
Sans un mot ni un regard de plus, Dick se dirigea vers la sortie du salon. Lord Sawyer, quant à lui, fit quelques pas vers Melanie et pleurnicha faiblement en frottant sa tête sur sa jambe, au travers les tissus de sa robe. C’était sa manière à lui de la remercier.
plumyts 2016
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Sujet: Re: All was golden in the sky ♦ Dick H. Fusslebottom Mer 25 Oct - 10:08
All was golden in the sky
All was golden when the day met the night
« Vous n’avez pas à être désolée, c’est plutôt à moi de l’être… »
Melanie ne comprenait pas pourquoi le fossoyeur se sentait désolé à son tour... par politesse sûrement ? Mais pour la veuve, il n'avait rien à voir avec tout ça. Il subissait la situation, que ce soit de voir son chien dans un malheureux état, et son amie devenir hystérique et tremblotante... Elle se sentait pathétique, mais il fallait qu'elle maintienne sa force... Courage, Melanie. Miss Ravenswood essuya ses larmes lorsque Dick annonça qu'il allait chercher Heather. La jeune femme approuva en hochant la tête, et s'efforça de ne pas rouvrir les vannes. Quelque chose dans la voix de son ami lui disait qu'il n'allait pas rester après cet épisode... ou peut-être qu'elle anticipait le fait que Dick aime beaucoup trop son chien pour le laisser dans un état comme ça. Il avait raison. Il fallait qu'ils partent.
Mais Melanie fut interrompue dans ses pensées quand elle sentit un petit frottement tout chaud contre sa jambe. Lord Sawyer avait l'air d'essayer de la réconforter, peut-être. Ou avait-il encore peur. La jeune femme sourit à nouveau, ne pouvant résister à la bouille de la petite bête. S'accroupissant au sol, elle caressa doucement le pelage de l'animal. Cela la réconfortait grandement... Plus elle passait du temps avec Dick et son compagnon, plus elle se disait qu'elle avait besoin d'un ami à quatre pattes. Mais si lui aussi avait une crise comme le pauvre Lord Sawyer venait de faire... C'était un gros risque à prendre.
« Tout ira bien, Lord Sawyer, je te promet. » dit-elle comme si elle parlait à un enfant.
Caressant une dernière fois sa fourrure, Melanie finit par déposer un petit baiser sur la tête du chien.
« Tu as été très courageux. » ajouta-t-elle en souriant de plus belle.
Melanie finit par entendre le pas bien connu de sa domestique, accompagnée de Dick. Cette dernière semblait relativement inquiète, même si sa patronne essayait de la rassurer du regard.
« Vous allez bien, Madame ?! »
Miss Ravenswood hocha la tête avec un petit sourire, qui disparut assez vite. Prenant le temps de se relever, la jeune femme fit face à son ami pendant que Heather se dirigeait vers la tâche du tapis. À la petite exclamation qu'elle n'avait pu retenir, Melanie se retourna légèrement, ayant déjà décidé à ce moment qu'elle l'aiderait à nettoyer ça. Cela ne la dérangeait pas d'aider sa domestique lorsqu'elle en avait besoin. Après tout, elle était seule à entretenir le manoir, et ce n'était pas une esclave. Melanie voyait d'un mauvais œil les nobles et les bourgeois qui dénigraient leurs serviteurs. Mais pour le moment, il était temps de s'occuper une dernière fois de ses invités... Melanie soupira un peu. Ils n'étaient vraiment pas restés longtemps... et ils n'avaient même pas touché à leur thé. La jeune femme finit par regarder Dick dans les yeux, avec un mélange d'espoir et de désolation.
« J'imagine que... vous n'allez pas rester... »
Bien sûr, elle aurait grandement apprécié qu'il reste... Mais cela était fort probable. Même si Lord Sawyer semblait se sentir mieux, Melanie était tout de même un peu inquiète pour l'affectueux chien. Il était plus sage d'en rester là...
« Merci d'être venu, M. Fusslebottom, sincèrement. » continua-t-elle, un peu à contre cœur. « Même après ce qui s'est passé... n'hésitez pas à revenir. La porte vous sera toujours ouverte. » finit-elle sur une note aussi chaleureuse que possible, accompagnée d'un petit sourire qui fit pétiller son regard noisette.
Effectivement, même après avoir vécu de fortes émotions négatives, Melanie était heureuse d'avoir eu un ami à inviter. Du thé à offrir même s'il n'avait pas pu être bu. Des gestes d'affection qu'elle n'avait eu depuis longtemps... Elle espérait revoir le fossoyeur au cimetière très bientôt. Caresser de nouveau le petit dos grassouillet de Lord Sawyer. Car ces choses étaient devenues un petit bonheur dans sa sombre vie.
Sujet: Re: All was golden in the sky ♦ Dick H. Fusslebottom Jeu 16 Nov - 16:39
All was golden in the sky
« ... »
« J'imagine que... vous n'allez pas rester... »
Le fossoyeur, après avoir croisé le regard désolé de Melanie, avait baissé la tête pour se défaire de celui-ci, portant son attention sur Lord Sawyer qui semblait avoir déjà oublié les quelques minutes précédentes. Néanmoins, pour son maître, il était difficile d’oublier la crise du basset, tout comme la réaction étrange de Melanie. Dick, pour la première fois depuis qu’il connaissait la jeune femme, se sentait mal à l’aise. La compagnie de cette dernière lui avait toujours été agréable, mais se pouvait-il qu’une partie de ses malheurs prenne naissance dans son propre esprit? Dick aurait mérité une gifle qu’il se serait volontiers donné pour douter ainsi de la santé mentale de Melanie, mais quelle autre explication pouvait-il y avoir? Lui, gardien du cimetière, n’avait jamais été témoin d’une quelconque manifestation surnaturelle alors qu’il passait la majorité de son temps à l’endroit le plus propice à une apparition de fantôme de Londres… Il devait alors croire que le manoir de la jeune femme était hanté? Hanté par un esprit qui, de surcroit, en voulait à Lord Sawyer?
Ainsi, lorsque la voix de Melanie se tut, Dick se mit à secouer vivement la tête, toujours sans regarder la jeune femme : « Je ne resterai pas, non… ». Son ton n’avait rien de chaleureux, il s’en rendait bien compte, mais Dick était préoccupé par le comportement de son fidèle compagnon canin qui l’avait attaqué et par la réaction de la propriétaire des lieux. D’une manière ou d’une autre, il ne pourrait faire comme si de rien n’était et poursuivre une conversation normale… Il devait partir. Doucement, le jeune homme leva les yeux vers le visage de Melanie. « Je dois être au cimetière avant la tombée de la nuit. » dit-il pour tenter de dissimuler le malaise qui l’habitait. C’était une véritable raison, mais non une obligation. Ainsi, s’il avait souhaité rester avec la jeune femme, il aurait très bien pu le faire…
« Merci d'être venu, M. Fusslebottom, sincèrement. Même après ce qui s'est passé... n'hésitez pas à revenir. La porte vous sera toujours ouverte. »
Un fin sourire releva les commissures des lèvres du fossoyeur, sans pour autant les étirer comme lorsqu’il souriait de bon cœur. Il ne pouvait mentir à la jeune femme à lui répondant qu’il en serait heureux et qu’il allait revenir certainement; il avait beaucoup trop respect pour cette pauvre femme qui avait déjà largement souffert. Alors, il se contenta de soutenir son regard en acquiesçant doucement. Dick baissa ensuite les yeux vers Lord Sawyer qui se trouvait toujours près de Mélanie et tapota sa cuisse pour ordonner à son chien de le suivre au pas. « Viens Lord Sawyer, papa doit retourner travailler et toi aussi! » S’il avait essayé de parler avec entrain à son chien, il était évident que cela avait été forcé. Le basset s’empressa d’obéir à son jeune maître et Dick regarda une nouvelle fois Melanie avant de tourner les talons vers la sortie du salon : « Merci encore de nous avoir reçu, Lord Sawyer et moi chez vous et je suis désolé pour votre tapis… » Le jeune homme et l’animal entreprirent de sortir de la pièce, mais avant de disparaître, Dick tourna la tête par-dessus son épaule et ajouta : « Prenez soin de vous, mademoiselle Ravenswood... »
Lorsqu’il fut hors de vue, le fossoyeur accéléra le pas pour quitter le manoir le plus rapidement possible. Il avait besoin de l’air frais du soir pour lui remettre un peu d’ordre dans ses idées. Il se dirigerait vers le cimetière, comme il l’avait dit à Melanie, mais n’y travaillerait pas. Il irait probablement s’assoir sous un vieil arbre et lèverait les yeux vers feuilles, comme il le faisait parfois lorsqu’il ne se sentait pas bien, et il prierait un Dieu muet pour veiller sur la jeune femme pour qui il s’inquiétait…
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Sujet: Re: All was golden in the sky ♦ Dick H. Fusslebottom