poor unfortunate souls | Elizabeth



 
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poor unfortunate souls | Elizabeth

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Fergus Lynch
Fergus Lynch

Âge : 36
Emploi : Fondeur
Informations : Orphelin déposé au seuil d'une institution quelques semaines après sa naissance ✘ Ignore tout de ses origines, et n'y accorde aucune importance ✘ Fraie dans le monde de la petite délinquence depuis sa plus tendre enfance ✘ Ancien chef d'une bande gosses aventureux, à présent dissolue ✘ Suite à ça, a passé plusieurs mois en maison de correction ✘ La mort d'un de ses meilleurs amis, atteint de syphilis, a suffi à le convaincre de ne pas s'approcher des prostituées, règle qu'il suit toujours ✘ A fondé la Tribu, gang des rues sévissant à Whitechapel, dont il connait les moindres recoins ✘ Participe régulièrement à des combats illégaux organisés dans des bars, desquels il tire un joli pactole, ainsi que quelques petites cicatrices sur tout le corps ✘ Amateur d'armes blanches, il se sépare rarement de son couteau de boucher, tout comme de son vieux chapeau melon ✘ Se moque bien des forces de police, avec lesquelles il n'hésiterait pas à en découdre ✘ Ne voue que mépris à l'aristocratie et aux autres parvenus, mais grâce aux paiements reçus en échange de l'aide de son gang, il recrute de plus en plus d'adeptes, et accroît l'influence de la Tribu : son ambitieux objectif n'est autre que de faire tomber sous sa coupe Whitechapel et Southwark, pour mieux leur donner un second souffle, ainsi qu'une capacité de réponse envers les injustices infligées par les strates plus aisées de la société.
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MessageSujet: poor unfortunate souls | Elizabeth poor unfortunate souls | Elizabeth Icon_minitimeDim 3 Sep - 14:14



Poor unfortunate souls

« We rise by lifting others. »

Whitechapel, 1891

« Douleur et peine ». Au fond, cette devise aurait pu être celle de Whitechapel, en écho à celle du Royaume-Uni, qui arborait fièrement sur le blason royal un « Dieu et mon droit » flamboyant de noblesse. Ici-bas, loin des ors du palais de Buckingham, la prestance de la royauté, ainsi que l'orgueil naturel que bien des peuples à travers le globe semblaient attribuer à la nation britannique, il n'était plus vraiment question de Dieu, l'éternel absent, trop souvent sourd aussi bien au désespoir qu'aux prières de ses fidèles pour qu'encore grand monde se plie aux rites par réelle foi et non par habitude ; le droit, quant à lui, avait déserté le quartier voilà des décennies, et peut-être même n'y avait-il jamais mis les pieds. La loi existait, comme partout dans le Royaume, mais son application restait plus que partielle, pour ne pas dire soumise à l'interprétation de chacun, alors que la police renâclait de plus en plus sérieusement à venir s’aventurer dans les ruelles de leur microcosme peu amènes envers les fouineurs en uniforme. Le quartier, de même que son jumeau sur l’autre rive de la Tamise, Southwark, avaient au fil du temps gagné leurs galons de zones grises, portions de Londres sans vraiment l’être, zones de non-droit où des codes presque tribaux s’étaient établis, portés par les différents groupes criminels y ayant établi leurs quartiers : toute personne n’ayant pas vécu un bon bout de temps dans les parages, suffisamment pour que à travers les pores de sa peau se distille dans son être l’atmosphère si particulière des lieux, aurait eu l’impression de changer de pays, rien qu’en traversant quelques rues.

Pour y avoir vu le jour et en avoir foulé le sol, depuis bientôt près de trente ans, Fergus se considérait comme un pur produit de cette âpreté érigée au rang de quotidien banal, sans pour autant être devenu aveugle à ce qui, pour tous ses pars ou presque, se résumait à une routine morne à laquelle nul ne faisait plus trop attention, par habitude, par lassitude. Le cœur battant de Whitechapel, le truand le sentait battre sous la boue, à travers les murs de leurs taudis et jusque dans ses propres veines ; la douleur et la peine, il les connaissait, comme tout à chacun ici, non pas en les ayant oubliés, mais en acceptant leur violence, comme aurait cessé de lutter contre le courant pour suivre son rythme et se laisser magnifier par lui. Ces deux maux prenaient de multiples formes, toujours intenses, toujours durables, aptes à forger le corps et l’esprit plus que la belle morale ou de nobles et vertueuses aspirations. Perdre un proche, voir sa chair dévorée par les tiques ou entaillée par les multiples clous rouillés dépassants des planches délimitant les gourbis, être mis à la rue dans le froid et l’indigence la plus complète, se voir renvoyé de son emploi par son patron parce que votre tête ne lui revenait plus, sentir la maladie ronger ses organes un peu plus chaque jour, mettre en terre le peu de famille qui vous restait, faut de soins, de nourriture et de toit pour prendre soin d’eux… Innombrables, ces griffes vous guettaient à chaque seconde, attendant patiemment le bon moment pour vous écharper et Lynch, à l’instar de ses frères de chemin de croix, en avait connu un fragment, avait été préservé de certains, pour survivre à chacun de ceux qui avait tenter de mettre à mal sa résistance, de le vaincre et de le jeter à bas, dans la fange et le néant. Ce jour-là n’échapperait pas à la règle : son épaule le lançait, et sa main nécessitait un bandage en bonne et due forme, Sans doute d’énièmes cicatrices à ajouter à celles qui parsemaient d’ores et déjà son corps, comme autant de notes manuscrites racontant toute l’impétuosité de son parcours, préface à un avenir qui ne manquerait sans doute pas de se révéler tout aussi chaotique… Cependant, et quoi que la souffrance physique ne l’incommodât plus vraiment depuis longtemps, son service à l’usine risquait fort de rendre pénible une douleur pour le moment encore supportable, ce dont l’Anglais n’avait nullement envie, d’autant plus que ce désagrément non négligeable pouvait facilement être résolu, désormais.

Parmi les nombreuses tâches d’importance au sein d’un gang, soigner les blessés comptait parmi les plus capitales, Fergus le reconnaissait bien volontiers : pour éviter d’avoir à les laisser compter sur leur chance pour s’en tirer, les emmener à l’hôpital constituant in fine une invitation faite à la police pour les cueillir sans même se fouler, avoir quelqu’un s’y connaissant de près ou de loin à la médecine s’avérait être un solide atout. Ancien boucher, vétérinaire, médecin ayant abandonné la faculté parce que son goût pour la boisson et l’oisiveté lui avait valu de se faire couper les vivres par ses parents, tout se trouvait bon à prendre, du moment que cet affidé acceptait de marcher avec la Tribu sans se poser de question de morale, pour mieux vous suivre par appât du gain ou mieux, par adhésion volontaire à votre mouvement. Le fondeur avait eu à ce titre presque une chance de cocu –presque, compte-tenu de son féroce célibat- quand par le plus grand des hasards, Elizabeth Thompson était entrée dans la vie de la Tribu. C’était vers son cabinet de consultation qu’il se rendait, parti de Southwark et de la fonderie où il travaillait, à destination de cette chiche maisonnette qui servait à la belle exilée de salle de soins où traiter les patients venant de jour comme de nuit quérir leur salut sous ses doigts experts ou grâce à ses conseils. Ne pas tirer parti de la présence de la jeune femme parmi les êtres gravitant autour de lui et de son organisation aurait été stupide, compte-tenu de la solidité des savoirs que la demoiselle avait déployés jusque-là dans la pratique de son art, et de l’assistance qu’elle ne manquerait pas d’accepter de lui prodiguer, le Britannique en demeurait convaincu, du fait de sa fonction comme de la dévotion que l’ancienne pharmacienne s’employait à conserver envers ceux dans le besoin, malgré la précarité de sa propre situation ou son point de vue personnelle sur qui venait la trouver. Les gens serviables étaient si rares, dans ce puits de lie humaine, autant en profiter en leur faisant l’honneur de leur demander des services…

Fergus frappa à la porte d’Elizabeth et entra sans même attendre qu’on lui en donne l’autorisation, aussi à l’aise et décomplexé que s’il était chez lui –une caractéristique récurrente chez lui, tout comme celle de n’avoir cure que cela déplaise à ses hôtes.

-Salut Doc’, la salua Lynch sur un ton amical, souligné par un léger sourire avenant, tout en employant le surnom qu’il lui avait instinctivement attribué, toujours sans s’embarrasser de permission. Tu aurais une minute ?

Dans l’idéal dès à présent, mais sinon il patienterait jusqu’à ce que la patience de Thompson finisse par céder, l’amenant à s’occuper de ses blessures minimes pour mieux se débarrasser de lui. Dans un cas comme dans l’autre, le criminel s’estimerait satisfait, lui pour qui la compagnie de la jeune femme n’avait rien de désagréable, au contraire.




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Titre : Little Mermaid - Poor Unfortunate Souls
Citation : Robert Ingersoll

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MessageSujet: Re: poor unfortunate souls | Elizabeth poor unfortunate souls | Elizabeth Icon_minitimeSam 9 Sep - 17:59



Poor unfortunate souls

« Fergus - Elizabeth »


Le temps filait à une vitesse incroyable à Whitechapel. Voilà maintenant quelques années qu'Elizabeth y habitait et elle ne voyait jamais l'ennui frapper à sa porte. Il s'agit d'une chose assez importante pour elle, d'être occupée. Cela lui évite de trop penser à sa situation ou à ses actes.
La petite maison qu'elle avait trouvé en arrivant ici avait changé depuis. Elizabeth avait acheté avec ce qu'il lui restait de son argent une ruine et avait pu la rénover petit à petit avec l'argent qu'elle gagnait grâce à son activité médicinale.
Certes la maison n'avait rien de cossue, elle n'était pas belle à voir mais elle était plus bien isolée pour une maison dans Whitechapel. L'intérieur n'était pas du grand luxe non plus.
Une cheminée réchauffait l'unique pièce de l'habitat. Dans un coin, à côté de la cheminée, se trouvait le lit d'Elizabeth ainsi qu'une malle avec tous ses vêtements. Elle avait tiré un rideau pour séparer cette pièce très personnelle du reste.
Le reste c'était sa vie. Son cabinet, si elle peut l'appeler comme cela. Un autre lit réservé à ses patients. Une grande table en bois trônait au milieu de la pièce. Cette dernière était remplie d'ustensile, de fioles et de plantes en tout genre. Une étagère à côté de la fenêtre contenait les remèdes qu'Elizabeth préparait à l'avance ainsi que quelques livres qu'elle lisait quand elle avait un peu de temps. De l'autre côté de la fenêtre enfin, se trouvait un fauteuil, pas n'importe lequel. Ce fauteuil était celui de son père qu'elle avait pris avec elle. Il lui rappelait de ne jamais baisser les bras. Dans des moments d'accalmie, Elizabeth venait y lire à la lumière du jour.

Le cabinet du docteur Thompson n'avait donc rien d'un cabinet d'un médecin des quartiers chics de la capitale britannique mais il y avait de quoi soigner tout le monde ou presque.  Elle ne se faisait jamais appelée docteur d'ailleurs par ses patients mais madame Thompson. Elle n'était pas mariée mais elle se moquait bien des codes de la société d'en haut à laquelle elle n'appartenait plus. Ici elle était respectée pour son travail et elle ne demandait rien de plus.

Quand Fergus Lynch frappa – et entra – en même temps, Elizabeth était en train de faire bouillir de l'eau au coin de la cheminée. Elle était prête à s'offrir une pause thé mais le leader de la Tribu en avait décidé autrement.
C'est lui qui avait pu la convaincre d'être le médecin de ses hommes. Elizabeth était très réticente à l'idée à l'époque et à toujours du mal à lui accorder sa confiance. Bien que du chemin ait été parcouru depuis. La jeune femme est beaucoup moins distante qu'elle l'a été et se risque même à quelques phrases piquantes lancées par là à l'adresse de Lynch.

Elle ne releva pas la tête de sa casserole lorsqu'il entra. Elle ne supportait pas ses manières.

« Tu vois, je me demande toujours si je ne devrais pas mettre un verrou à cette porte. Tes entrées sans aucunes manières ne font que me conforter dans mes pensées. »

C'est sa façon à elle de le saluer. Elizabeth garde toujours en elle son éducation, elle ne pourra jamais s'en empêcher. Le sourire et le ton amical de Fergus n'y feront rien.
Elle releva enfin la tête en lui accordant un regard et se dirigea vers son étagère afin de prendre son thé et retourna en verser un peu dans l'eau bouillante.

« Thé ? »

Elle alla ensuite s'asseoir à sa table et l'invita à faire de même.

« Qu'y a t'-il ? »

Elle le regarda un instant se disant qu'il ne devait avoir rien de très grave. Parfois, Fergus passait simplement pour discuter. Sa compagnie ne lui était pas désagréable, il avait de la conversation et Elizabeth n'avait pas grand monde à qui parler, il faut se l'avouer. Cependant, elle avait du mal avec l'amabilité certains jours …

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MessageSujet: Re: poor unfortunate souls | Elizabeth poor unfortunate souls | Elizabeth Icon_minitimeDim 1 Oct - 17:21



Poor unfortunate souls

« Soyez vous-même, les autres sont déjà pris. »

Whitechapel, 1891

Il y avait bien longtemps que Fergus avait la peau dure, trop sans doute pour son propre bien, l’urgence d’abandonner l’enfance pour gagner les armes de la maturité lui ayant ôté toute l’innocence de ses jeunes années. Qu’importait cependant l’ingénuité, dans un monde comme celui de Whitechapel ! Les hommes revêtaient des carapaces, comme les cloportes régnant en maîtres dans les charpentes rongées d’humidité de leurs baraques de bois, au point que c’en était devenu une condition sine qua none pour espérer survivre, et pourquoi pas prospérer, ce qui renait plutôt particulièrement endurant aux petites piques et autres mots doux que camarades de cambriole, amis de longue date ou ennemis impossible à voir en peinture se plaisaient à vous dédier par brassées. C’en était même devenu une sorte de pratique courante, entre gens de peu, que de se défier sans cesse, plus ou moins amicalement, comme pour resserrer des liens naturellement engendrés par la misère ambiante ou montrer les crocs pour rappeler à l’ordre quelque impertinent un peu trop pénible.

Particulièrement doué en la matière, le Britannique craignait peu d’adversaires sur ce terrain, et même aucun en un sens, puisque les mots jusqu’à preuve du contraire ne tuaient pas à la seconde où ils se voyaient proférés, malgré des conséquences parfois aussi hasardeuses qu’incontrôlables. A fortiori entre amis, ou équivalents, le principe du « qui aime bien châtie bien » se trouvait appliqué plus que de bon cœur par le malfrat, non pas en tant que loi, puisqu’il désavouait de tels instruments propres aux classes dirigeantes despotiques de leur beau pays, mais plus en tant que saine habitude, ou tel un code de conduite concourant à la bonne atmosphère ambiante, à garder l’esprit vif et à témoigner subtilement de ce qu’il pensait des uns ou des autres –estime, amitié ou mépris à peine voilé. Bien évidemment, il ne prenait jamais la peine d’expliciter plus avant ce qu’il pensait de vous, et donc ce qui vous valait de vous faire chahuter de la sorte ; Elizabeth, femme brillante s’il en était, ne devait de toute façon certainement pas avoir besoin d’explications pour comprendre que Lynch l’avait plutôt à la bonne, fait relativement évident au vu de la cordialité enjouée –insolente ?- dont il la gratifiait, d’ordinaire et ce jour-là en particulier.

La répartie de la belle, autant que son déplaisir à le voir débarquer chez elle comme si de rien n’était, sans s’enquérir d’autre chose que de son bon vouloir personnel, n’eurent malheureusement, de ce fait, que bien peu d’effet, sinon celui de renforcer un peu plus la volonté du Britannique de continuer sur sa lancée, sans se départir d’une once de son irrévérence enjouée. Il lui faudrait mieux, beaucoup mieux pour espérer être entendue par un trublion tel que lui… Et en un sens, une partie du hors-la-loi n’attendait que ça.

-ça fait bien longtemps qu’un verrou ne me fait plus peur, miss. Même si je n’ai rien contre un peu d’exercice de temps en temps, économise donc plutôt ton argent pour quelque chose de vraiment utile.

Souplement, Fergus se jucha sur la solide table où le sort de tant de pauvres bougres s’était décidé, bien sagement et en même temps avec la même outrecuidance qu’un élève joyeusement effronté faisant mine de se plier pour une fois aux règles de son bien barbant professeur, du moins en apparence, son obéissance devenant une nouvelle forme d’ironie, en quelque sorte. Malgré sa haute taille, il lui manquait quelques centimètres pour que ses semelles touchent le sol, si bien que ses pieds, par réflexe, adoptèrent un léger balancement.

-… C’est pas de refus, répondit Lynch à l’offre pour le moins généreuse de la doctoresse, avec un hochement de tête équivalent à un remerciement, à la mode d’ici, là où la gratitude, comme bien d’autres sentiments, se teintaient souvent d’un petit côté bourru.

Si a belle lui offrait une boisson chaude, c’était donc qu’elle n’était pas si fâchée que cela de cette intrusion, non ? Que cette hypothèse fût vérifiée ou non, l’ouvrier s’en souciait guère, étant lui-même d’une humeur suffisamment positive pour deux –ou du moins pour que le flegme d’Elizabeth n’amoindrisse pas sa belle humeur et qu’il fasse comme si elle accueillait sa présence avec bonhomie-, et son projet sur la bonne voie, puisqu’on allait régler son problème. Pas la peine d’aspirer à plus, se satisfaire de ce que la vie donnait de bonne grâce s’avérait par moments une optique tout à ait acceptable.

Désinvolte, il entreprit donc sans se faire plus prier d’expliquer ce qui l’avait amené à troubler la paisible routine de la demoiselle :

-Rien de bien méchant : je me suis brûlé, et ça peut sans doute passer tout seul, mais comme je dois aller au turbin ce soir, je préfère éviter que la douleur ne devienne trop gênante.

Bien évidemment, son contremaître se serait bien fiché de le savoir diminué, ou en souffrance : dans le merveilleux monde de l’industrie, où la bourgeoisie régnait en maîtresse aussi incontestée que cruelle, on ne se privait pas de vous renvoyer pour un rien, ou de vous rappeler avec mépris que dix gars comme vous attendaient à la porte, dans l’attente de prendre votre place –estimez-vous donc heureux, pauvre geignard, qu’on daigne vous garder !-. Non, Fergus n’avait pas le choix, mais surtout pas l’envie de sentir en permanence les petits crocs acérés de la souffrance se planter dans sa chair non plus uniquement lorsqu’il exécutait un mouvement contraignant, mais en permanence, l’effort physique permettant à ce rat invisible de le grignoter sans cesse. Il préférait largement ne pas avoir cette présence dans un coin de sa tête, ayant des tas de choses à faire, autrement plus importantes, illégales et intéressantes que seulement pointer à la fonderie, comme l’on pouvait s’en douter.

Continuant son explication, Lynch s’employa à préciser où son épiderme avait été mis à mal, d’abord en exposant ses mains, comme s’il s’était tenu prêt à porter un paquet tendu par Lizzie :

-C’est surtout l’épaule gauche. Un peu la paume droite, aussi ; la gauche ça ira.

Précautionneusement, il souleva le col de sa chemise élimée jusqu’à la corde pour que miss Thompson puisse en juger, dévoilant un pectoral en parti légèrement noirci, la chair rougie se mêlant à des fibres calcinées dont la cicatrisation n’avait vraisemblablement pas franchement aimé d’être en contact avec un linge encrassé.

-J’ai essayé que la peau ne colle pas trop au tissu… Mais bon, l’idéal serait que ça soit nettoyé, bandé, ce genre de chose. Et si tu as le nécessaire pour que ça fasse moins mal, je prends aussi.

Voilà, pas de quoi vraiment impressionner l’apothicaire qui devait en avoir vu bien d’autres, ce qui avait l’avantage de signifier que le problème serait rapidement et facilement réglé, un jeu d’enfant pour l’habile demoiselle, une situation pénible prestement solutionnée pour le hors-la-loi ; un plan se déroulant sans accroc, donc.

-J’ai même de quoi te payer, ajouta le Britannique avec un petit sourire fiérot, puisque cela faisait tout de même un sacré long moment –trop long- qu’il employait un ton négligemment sérieux avec elle, de loin celui le moins agaçant de son répertoire.

En exerçant parmi les plus démunis, la brunette n’avait malheureusement que bien souvent affaire à des patients incapables de lui donner quoi que ce soit en échange des soins prodigués, ou bien à de pauvres bougres ne pouvant la payer qu’en nature, ce qui certes lui permettait d’améliorer un peu son ordinaire ou de récupérer des choses intéressantes, mais qui au final compliquait sacrément l’achat de quoi que ce soit de nécessaire –ce qui, pour le coup, ne passait que par des livres sterling-, ou payer son loyer. Les bons comptes faisant les bons amis, Fergus s’était mis en tête de se montrer bon prince, malgré son titre de voyou notoire.




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Citation : Oscar Wilde

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