Les affaires sont les affaires | Dagmar



 
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Les affaires sont les affaires | Dagmar

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Dick H. Fusslebottom
Dick H. Fusslebottom

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Emploi : Gardien de cimetière.
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MessageSujet: Les affaires sont les affaires | Dagmar Les affaires sont les affaires | Dagmar Icon_minitimeSam 14 Oct - 22:54



Les affaires sont les affaires

« Aucun de nous, en agissant seul, ne peut atteindre le succès. »
– Nelson Mandela –



Lord Sawyer, fidèle compagnon canin du gardien du cimetière, était couché au sol en position de garde; lorsque son maître lui ordonnait de monter la garde, le basset hound de sept ans prenait toujours son travail très au sérieux. La brave bête scrutait chacun des recoins du cimetière malgré l’obscurité quasi totale que lui offrait cette nuit sans lune. Pour une fois, les nuages ne couvraient pas le ciel de Londres et les étoiles tentaient tant bien que mal d’illuminer la nuit. Heureusement pour lui, Lord Sawyer était doté d’un odorat et d’une ouïe parfaits, ce qui lui permettait de sentir et d’entendre un visiteur indésirable avant qu’il ne puisse entrer dans son champ de vision. À quelques mètres derrière lui, Dick terminait de déterrer un cercueil qui avait été mis en terre la veille. Le bois, de piètre qualité, avait déjà commencé à s’enfoncer après une journée sous le poids de la terre, mais heureusement, le corps qui y était caché devait être intact.

« Par la mort Dieu! » jura le gardien du cimetière en tentant de sortir le cercueil de terre. C’est que le cercueil contenait le corps d’un homme qui, malgré sa modeste condition sociale, avait légèrement abusé de la nourriture. C’était d’ailleurs pendant un repas que le bougre était mort; il s’était étouffé avec un morceau de pain. Inutile de dire donc que le pauvre fossoyeur manquait légèrement de force rendu à cette heure de la nuit. Dick tenta une nouvelle fois de sortir le cercueil de terre, mais n’en fut pas capable et tomba, la tête la première dans le trou, se retrouvant bientôt à plein ventre sur le bois brisé. « Arg! Diable! » De son côté, Lord Sawyer ne bougea pas; il ne changerait de position que si Dick le lui ordonnait, qu’il soit en mauvaise posture ou non. Et puis, il n’était pas rare que les petites activités nocturnes de son jeune maître ne se passent pas exactement comme celui-ci l’aurait souhaité. Entendre Dick jurer était commun; heureusement que le chien ne comprenait pas le sens de ces paroles.

Le jeune homme se redressa, mais son poids fit céder le bois du cercueil : l’une de ses jambes traversa le bois et se retrouva sur le ventre mou du cadavre. « Merde! » La plainte du fossoyeur résonna dans la nuit alors que ce dernier s’extirpait de la mauvaise position dans laquelle il s’était mis. Heureusement, le corps étant frais, sa jambe ne l’avait pas traversé, mais Dick commençait à croire qu’il ne réussirait pas à combler les attentes de son client. Il soupira de plus belle, se lamentant comme si cela allait changer les choses. « C’est dans ces moments que je regrette que tu sois si petit Lord Sawyer! » Le basset tourna la tête dans la direction de la voix de son maître, ayant reconnu son nom, mais ne comprenant pas le reste de ses paroles. « Ton aide aurait été la bienvenue… je dis ça comme ça au cas où tu voudrais quand même essayer… » La tête du jeune homme sorti du trou de la terre alors qu’il tentait d’en sortir, laissant le cercueil derrière lui. Lord Sawyer le regarda un instant puis tourna la tête rapidement : il avait entendu quelque chose. Le basset se leva alors sur ses pattes, tendant les oreilles pour capter le moindre son et leva son museau vers le ciel pour renifler. Dick remarqua l’attitude de son chien et se plissa les yeux pour tenter de voir ce qui avait attiré l’attention de son chien, mais les pénombres l’empêchaient de voir quoi que ce soit. « Il ne manquait plus que ça… » marmonna le jeune homme entre ses dents en retrouvant la terre ferme du cimetière. Debout, à côté du trou, il chercha du regard sa pelle et lorsqu’il la repéra, il se jeta sur elle pour commencer à remettre la terre dans le trou.

Lord Sawyer se mit à grogner faiblement : quelqu’un approchait…


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MessageSujet: Re: Les affaires sont les affaires | Dagmar Les affaires sont les affaires | Dagmar Icon_minitimeDim 15 Oct - 12:45



Les affaires sont les affaires

« Il faut savoir faire des compromis. »

Cimetière de Highgate -1891.

Les affaires sont les affaires, en effet. Et si Dagmar von Stierlitz excellait dans ce domaine, Ruben Steenwijk n’était que mille fois plus rigoureux. Vous voyez, à la différence du diplomate, lorsque le néerlandais décidait de s’impliquer dans quelque business, il risquait gros. Non pas que Stierlitz soit à l’abris de tout risque, mais lui au moins bénéficie d’une certaine sécurité qu’il ne devait qu’à lui-même et à sa réputation exemplaire, bien que controversée. Ruben, lui, il n’avait rien. Juste son vaste réseau de contact et sa curieuse manière à toujours pouvoir se sortir d’une situation, même lorsque celle-ci semble l’avoir précipité au fond d’un gouffre.
Seulement, aujourd’hui, c’est quelqu’un d’autre qu’il allait falloir sortir d’un trou. Du moins, si l’on voulait mener les affaires à bien.

Ruben, puisque c’est ainsi qu’il faut l’appeler, s’était rendu à un de ses « habituels » rendez-vous nocturnes. Où se rendait-il ? Au cimetière, bien entendu. Cet endroit sombre, évité par les uns et craint par les autres, était pourtant le lieu idéal pour ce qu’il avait à faire. Londres, malgré ses vastes territoires et ses nombreux recoins, avait de nombreuses oreilles, et encore plus d’yeux indiscrets. Mais ce que Ruben voulait, c’était bien de la tranquillité. Ce qu’il avait à faire, cela devait se faire à l’abri de n’importe qui n’y étant pas convié -à savoir, à peu près tout le monde. Il n’y avait qu’une seule personne qui y faisait exception, et en réalité, c’était plutôt par défaut. Mais que voulez-vous ? Il faut bien faire des concessions si l’on veut mener son histoire à bien. Et Dieu sait que Ruben tenait à ce que tout se passe sans encombres…
Seulement, cette fois-ci, les plans de Ruben se virent confrontés à cette chose qui réveille en lui autant de rage que d’angoisse, et que nous appelons communément « imprévu ». Cet imprévu, il mit un certain moment avant de le réaliser pleinement. Tout avait commencé avec le grognement du chien -Lord Sawyer qu’il s’appelait. Un bien drôle de nom, d’ailleurs. D’habitude, le toutou restait bien sage, puisque son maître le lui commandait. Il se faisait presque oublier, et c’était, en un sens, tant mieux.
Bien évidemment, Ruben était loin de se douter de l’état de la scène sur laquelle il venait de tomber. Lui, il s’attendait à retrouver le gardien de cimetière occupé à l’une de ses besognes plus ou moins honorables, en train d’enterrer ou déterrer quelque corps encore frais. Seulement, ce qu’il n’aurait jamais pu prévoir, c’est que ledit gardien ait rejoint un de ses anciens clients jusque dans la tombe -littéralement. Et pourtant…

« Dick ? » appela Ruben d’une voix qui ne se voulait pas trop bruyante, s’approchant toujours vers là d’où venait le grognement de Lord Sawyer, qu’il ne tarda d’ailleurs pas à apercevoir. Bien évidemment, il restait méfiant quant aux réactions que le chien pouvait avoir, ainsi que de ce qu’il annonçait. Mais ce n’était pas la première fois que le clébard le voyait ; il devrait donc se tenir à carreau, n’est-ce pas ?
Ruben n’eut pas à chercher longtemps. Ce qu’il trouva eut de quoi le surprendre, et en effet, cela le surprit bel et bien. Juste à côté du Lord Sawyer grognant, il y a avait un trou fraichement creusé dans la terre. Et de la terre, émergeait le plus vif des morts-vivants. Il s’agissait tout simplement de Fusslebottom.
« Bon sang, qu’est-ce que tu fais là-dedans ? » s’exclama-t-il à mi-voix, afin de ne pas alerter quiconque aurait pu se trouver dans les environs, même si c’était chose peu probable. Grâce à la faible lumière d’une lanterne épuisée, il parvenait à distinguer peu de choses, mais ce qu’il voyait était déjà suffisant pour se faire une idée du merdier. Enfin, en y réfléchissant, la situation avait quelque chose d’amusant… Du moins, c’est ce qu’on pouvait déduire en voyant le curieux sourire -quelque peu moqueur, quelque peu surpris- qui venait étirer les lèvres de Ruben alors qu’il s’accroupissait près de la fosse dans laquelle Dick était tombé.

« Eh bien… Tu te mets à la place de tes clients, maintenant ? » souffla-t-il en haussant légèrement les sourcils, savourant ce petit moment aussi cocasse que problématique. Enfin, les problèmes, ils n’étaient certainement pas pour lui.
« Je doute pouvoir te sortir d’ici sans te suivre dans la tombe moi aussi. Il faudrait une échelle, tu dois bien en avoir une ? »

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MessageSujet: Re: Les affaires sont les affaires | Dagmar Les affaires sont les affaires | Dagmar Icon_minitimeMer 18 Oct - 16:31



Les affaires sont les affaires

« Aucun de nous, en agissant seul, ne peut atteindre le succès. »
– Nelson Mandela –

Cimetière de Highgate, 1891

« Dick ? »

Le jeune homme, qui était en train de réussir à sortir de son trou, fit surpris d’entendre une voix appeler son prénom et se laissa retomber vers le fond du trou où le gros cadavre semblait l’attendre. Lord Sawyer grognait faiblement, mais la lueur d’une lanterne illuminait le visage d’une personne familière; le brave chien ne faisait que son travail de gardien, mais il n’attaquerait pas… À moins que Dick lui en donne l’ordre. Ce dernier, ne prenant pas de chance, se mit à rabattre un peu de terre sur le cercueil brisé plus tôt sous son poids; si l’indésirable visiteur posait des questions, le gardien n’aurait qu’à mentir un peu. Après tout, il ne venait pas d’être prit en train de vendre le corps ou de sortir le cercueil de son trou, tout était encore possible et ce serait sa parole contre celle d’un visiteur nocturne à qui l’accès au cimetière était normalement interdite.  

Quoi qu’il en soit, il vit rapidement une tête familière apparaître au-dessus de lui : « Bon sang, qu’est-ce que tu fais là-dedans ? » Pour seule réponse, le fossoyeur afficha une moue d’enfant boudeur alors que Lord Sawyer délaissait son poste pour s’approcher de Ruben et renifler le bas de son pantalon. Le jeune homme s’accroupit près du trou, ne prêtant pas attention au basset qui décida de retourner monter la garde plus loin. Il ne voulait pas désobéir aux ordres de son maître et ce, même s’il était heureux de voir Ruben! Dick leva les yeux vers le visage faiblement illuminé du jeune homme et remarqua son sourire moqueur : « Eh bien… Tu te mets à la place de tes clients, maintenant ? » Le fossoyeur tourna les yeux pour regarder le cadavre gras qu’on pouvait apercevoir par le bois brisé du cercueil et rapporta son attention sur l’homme au-dessus de lui : « Tu peux bien te moquer, mais n’oublie pas qu’il se pourrait que ce soit moi qui creuse ton trou, un de ces jours, et si j’ai cette chance, sache que je ne le ferai pas profond pour être certain que les bêtes puissent creuser et gruger tes os! » Dick avait proféré cette menace avec un sérieux surjoué, mais il blaguait, bien évidemment. Il leva les bras vers Ruben et dit : « Aidez-moi à sortir de là, veux-tu? »

« Je doute pouvoir te sortir d’ici sans te suivre dans la tombe moi aussi. Il faudrait une échelle, tu dois bien en avoir une ? » Lui répondit l’homme de secrets qu’était Ruben. Dick soupira en baissant les bras, les croisant maintenant sur sa poitrine. Il leva le nez et dit : « Je n’aurais pas refusé un peu de compagnie dans ce trou humide et froid. Mon dernier compagnon n’est pas très loquace et je doute de pouvoir me réchauffer près de son corps… » Le fossoyeur jeta un bref regard en direction de Ruben pour capter sa réaction et décroisa les bras en soupirant à nouveau : « Je vais mourir ici, seul… » Pour accompagner ses paroles dramatiques surjouées, Dick posa sa main sur son front à la manière des femmes sur le point de défaillir. « Adieu mon ami, adieu Lord Sawyer… » Lorsque le basset entendit son nom, il se rapprocha du trou et sembla remarquer pour la première fois la détresse dans laquelle semblait être son maître. Il se mit à s’agiter et tenta même se descendre dans le trou pour y rejoindre Dick. « Haha! Lord Sawyer, papa est correct! Il joue… », réussis à dire le jeune homme en riant aux éclats devant la réaction de son chien. Décidant qu’il étant temps de mettre fin à son petit jeu, Dick  rapporta son attention sur Ruben : « L’échelle ne doit pas être très loin. Utilisez votre lanterne pour la repérer… »

Lorsque finalement, Dick fut sorti du trou, Lord Sawyer se jeta sur lui pour le couvrir d’affection (et de bave), heureux de voir son maître sain et sauf. « Hey! Je t’ai pas dit d’arrêter de monter la garde! » Il fronça les sourcils, mais l’animal ne comprit pas. « Lord Sawyer! Va faire le bon gardien! Aller! » Cette fois, le chien compris l’ordre et s’éloigna de quelques mètres, non sans faire un air piteux. Dick s’approcha ensuite de Ruben, la main tendue vers lui : « Merci! Vous m’avez presque sauvé la vie! » Le fossoyeur rigola et poursuivit : « Dites-moi, que me vaut l’honneur de votre visite dans mon humble cimetière ? » Le jeune gardien aimait dire que le cimetière lui appartenait alors qu’il en était rien, mais il y passait tant de temps que c’était tout comme. Il se doutait bien de la raison de la visite de Ruben, c’était toujours la même, mais il trouvait poli de lui demander…


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MessageSujet: Re: Les affaires sont les affaires | Dagmar Les affaires sont les affaires | Dagmar Icon_minitimeJeu 25 Jan - 13:53



Les affaires sont les affaires

« Il faut savoir faire des compromis. »

Cimetière de Highgate -1891.

« Je n’aurais pas refusé un peu de compagnie dans ce trou humide et froid. Mon dernier compagnon n’est pas très loquace et je doute de pouvoir me réchauffer près de son corps… » répondit le fossoyeur du fond de son trou.
Face à une telle invitation, en quelques sortes, Ruben haussa un sourcil avant de jeter un regard sur le côté, pas franchement enchanté à l’idée de séjourner lui aussi dans cette pathétique demeure souterraine, coincé entre le gardien de cimetière et un cadavre absolument aléatoire. D’ailleurs, pour peu qu’ils soient chanceux, le chien serait venu leur tenir compagnie, et alors là, ç’aura été la totale -les léchouilles de Lord Sawyer, les conversations de Dick et quelque chose d’étrange du côté du cadavre. Même flatté, Ruben déclina sagement cette proposition :

« Hélas, je doute qu’il y ait suffisamment de place pour trois. Je ne veux certainement pas importuner ton… » Il marqua une pause afin de regarder en direction du cadavre, fronçant les sourcils, ne sachant pas trop quoi penser d’autre, si ce n’est au sentiment d’un profond dégoût lui envahissant l’esprit. Côtoyer les restes des gens nuit et jour, voilà bien quelque chose qu’il n’aurait jamais su faire. « …camarade ? » ajouta-t-il, ne trouvant pas de meilleur qualificatif pour décrire l’homme dans la tombe duquel Dick s’était aventuré.
Lorsque vint la tirade de Dick, Ruben ne put que l’écouter, comme absorbé par le récit tragique de la présumée fin du fossoyeur qui, à défaut de s’être montré convaincant à l’égard de son principal public, avait tout à fait ému les sens de Lord Sawyer qui se précipitait déjà vers lui, comme dans la crainte sincère de perdre son maître.
Même si Ruben était de ceux qui n’aiment pas perdre leur temps et qu’il était venu dans le but de conclure des affaires, il ne put s’empêcher d’esquisser un sourire tant étonné que diverti face à se spectacle. Entre les malheurs de Dick et la dévotion poignante de son chien, il avait l’impression de se retrouver face à un Roméo & Juliette revisité avec les moyens du bord, sans vraiment savoir lequel des deux incarnait au mieux la jeune capulet et à qui seyait mieux le rôle du Montaigu amoureux transi.
Somme toute, face à cela, Ruben ne pouvait qu’applaudir : il le fit, mais avec suffisamment de douceur pour ne pas alerter les environs. Même si le cimetière était désert et que les deux hommes et Lord Sawyer étaient les seules âmes en vie ici, Ruben ne pouvait se résigner à délaisser quoi que ce soit en rapport à la sécurité. Il avait besoin d’un anonymat et d’une exclusivité quasi-totales : être seul avec le fossoyeur était donc la moindre des choses.

« L’échelle ne doit pas être très loin. Utilisez votre lanterne pour la repérer… »
Suite à l’indication de Dick, Ruben reprit sa lanterne en main et entreprit de faire un rapide tour du coin afin de repérer ladite échelle. Et en effet, elle n’était pas loin ; appuyée contre les murs moisis d’une sépulture, elle semblait en suffisamment bon état pour être utilisée dans le cadre de cette opération de secours.
Après être revenu auprès du trou où patientait le fossoyeur, Ruben posa sa lanterne au sol, quelque peu à l’écart pour ne pas risquer de la heurter.
En redressant l’échelle à la verticale afin de la glisser dans le trou creusé et provisoirement occupé par Dick, le visiteur dit, ou plutôt demanda :
« Si vous pouviez poser les pieds de cette échelle sur la terre, plutôt que sur les jambes de votre ami… » car en effet, dans le noir, il ne pouvait exactement voir sur quoi était venu se poser le bord de l’échelle. En revanche, il pouvait sentir que ce n’était pas de la terre…

Une fois Dick finalement libéré, celui-ci s’approcha de Ruben en lui tendant la main, le remerciant de l’avoir sorti de cette fosse qui, visiblement, ne lui était pas destinée. Dick pouvait mourir un autre jour -aujourd’hui, Ruben avait besoin de lui.
Etendant sa main afin d’empoigner celle du gardien de cimetière -qui lui souhaita la bienvenue, en toute amabilité-, Ruben observa d’abord quelques secondes celui-ci avant de s’exprimer quant aux réelles raisons de sa venue. Il ne s’était pas rendu ici, en pleine nuit, par simple courtoisie. Il avait des raisons, et elles étaient son absolue priorité : oublié était le temps où Ruben appréciait le spectacle de Dick et de Lord Sawyer. Ce temps, il remontait pourtant à quelques minutes à peine.

« —  Ecoute, Dick : j’ai une demande quelque peu particulière à te soumettre aujourd’hui. C’est d’une grande importance, et elle me tient à cœur…

Il s’arrêta, comme s’il venait de se rendre compte de quelque chose.

—…Mais passons à l’intérieur, veux-tu ? Je risque de prendre la même teinte que ton dernier client si je reste une minute de plus à l’extérieur. »

Et, en effet, les mains de Ruben étaient bien froides.


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