And in a second, our lives changed... | Ewen O'Hara



 
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And in a second, our lives changed... | Ewen O'Hara

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Clara Hamilton
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MessageSujet: And in a second, our lives changed... | Ewen O'Hara And in a second, our lives changed... | Ewen O'Hara Icon_minitimeDim 27 Oct - 15:22



And in a second, our lives changed...

« Wake up call »

Maison Hamilton, 1892

C’est avec les jambes lourdes et le corps épuisé que Clara Hamilton monta l’escalier étroit (qui ressemblait plus à une échelle) de la cave où elle y avait encore passé la nuit.

Quelques jours plus tôt, l’explosion de l’une de ses inventions avait causé un incendie et détruit ainsi une partie (voire la quasi-totalité) de ses plans et notes. Les dommages matériels étaient superficiels et heureusement, l’incendie ne s’était pas rependu jusqu’au mur mitoyen séparant leur maison de celle des Adler. Néanmoins, les cendres et la fumée avaient contaminé la cave et Clara avait beau passer des nuits entières à tenter de tout nettoyer, il lui semblait que l’état général de son atelier ne s’améliorait pas.

Évidemment, Richard ne lui donnait aucun coup de main.

« Alors? », demanda simplement Richard Hamilton en voyant sa femme émerger de la cave, le visage humide et les vêtements sales. Son ton était froid et il posait la question pour faire sentir à Clara qu’il ne lui pardonnait toujours pas, encore une fois, l’explosion de l’une de ses maudites inventions et non par réel intérêt pour l’état de la cave.

L’Américaine ignora volontairement son mari et se dirigea vers l’escalier qui menait à l’étage où elle pourrait récupérer des vêtements propres avant d’aller prendre un bain.

« Au fait, il arrive ce matin. »

Clara cessa immédiatement de marcher et fit volte-face vers Richard qui était assis dans son fauteuil préféré, une tasse de thé à la main et un journal sur les genoux.

« De quoi parlez-vous? Qui arrive ce matin?... ». La jeune femme regardait le journaliste, les sourcils froncés et le cœur battant la chamade. Dans l’une de ses colères, Richard l’avait menacé de la faire interner au London Orphan Asylum si elle ne cessait pas de mettre leurs vies en danger chaque fois qu’elle inventait quelque chose de complètement fou. « … Ne me dites pas que… Richard! Je ne suis pas folle! ».

Le journaliste leva les yeux de son journal et regarda son épouse : « Quoi? Oh! », fit-il en balayant l’air de sa main libre avant de sourire comme si la crainte de Clara était ridicule. « Non. Pas eux. »

« Alors qui, Richard? », poursuivit la jeune femme en voyant que son mari semblait se moquer d’elle plus qu’autre chose, faisant un pas vers l’homme, prête à lui arracher son journal de sous les yeux pour qu’il lui parle enfin.

« Monsieur O’Hara. Notre nouveau serviteur! Oh… J’ai oublié de vous en parler… ». Richard déposa sa tasse de thé vide sur le petit guéridon à la droite de son fauteuil et se leva enfin, laissant son journal à l’endroit où il était assis une seconde plus tôt et s’approcha de Clara.

« Un serviteur… Mais Richard! Nous n’avons pas besoin d’un serviteur… et… nous n’avons pas les moyens financiers… », répliqua Clara Hamilton, frustrée de ne pas avoir été consultée pour prendre une telle décision.

« Monsieur O’Hara ne demandait pas un gros salaire et j’ai réussi à négocier celui-ci en lui offrant de vivre sous notre toit et de partager nos repas. Sortant de prison et étant à la rue, il ne pouvait pas réellement refuser mon offre… », annonça Richard comme s’il était tout naturel d’engager un criminel et de l’héberger alors que le visage de Clara semblait se décomposer à chacun de ses mots.

« »

L’Américain posa ses deux mains sur les épaules de sa femme qui ne se remettait pas du choc de cette nouvelle : « Vous lui préparerez la chambre adjacente à la nôtre et lui expliquerez en quoi consisteront ses tâches, d’accord? Je serai là pour l’accueillir, mais j’ai du travail à l’extérieur aujourd’hui et… ».

« Non! », l’interrompit Clara. La jeune femme n’arrivait pas à croire ce que ses oreilles entendaient. Après, c’était elle qui se faisait menacer d’être interné dans un asile pour fous? Richard Hamilton avait perdu complètement la tête! « Si c’est votre façon de me punir… ». Cette fois, ce fut Richard qui interrompit sa femme pour rigoler ouvertement : « Ne soyez pas si dramatique, très chère. Monsieur O’Hara est un gentil homme et vous devriez être heureuse; je vous laisse lui imposer vos propres règles… ».

La sonnette de la porte d’entrée de la maison des Hamilton résonna, mettant ainsi fin à leur conversation. Le sang dans les veines de Clara se glaça alors que Richard se tournait vers la porte, un sourire heureux étirant ses lèvres.

« Vous lui proposerez également de prendre un bain… Et en prendrez un vous-même! Il ne croira jamais que vous êtes la maîtresse des lieux… », lança l’Américain par-dessus son épaule, légèrement méchamment, en se dirigeant vers la porte d’entrée.

L’inventrice regarda son époux poser la main sur la poignée de la porte et s’imagina, un instant, courir vers lui pour l’empêcher d’ouvrir cette porte à ce criminel, à ce O’Hara, à cet homme inconnu avec qui elle devrait dorénavant vivre…

La lumière du jour infiltra la demeure des Hamilton au moment où la porte s’ouvrit sur une silhouette haute et imposante.

« Ewen! Quelle ponctualité! Entrez! »

Clara posa une main sur son abdomen, le regard fixé sur la silhouette de l’inconnu que monsieur Hamilton laissait entrer chez eux, imaginant déjà mille et un crimes pouvant avoir été commis par cet homme.

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Ewen O'Hara
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MessageSujet: Re: And in a second, our lives changed... | Ewen O'Hara And in a second, our lives changed... | Ewen O'Hara Icon_minitimeLun 28 Oct - 9:45

And in a second, our lives changed... | Ewen O'Hara Ac28e491d8804ed9bf2ae9c3978b1e29d561ebfb

Le ventre tordu par la faim, parce qu'il n'avait pas mangé depuis trop longtemps, refusant de voler ou de se plaindre, Ewen avança vers la porte que le gentilhomme lui avait indiqué, deux jours plus tôt, et qui serait sa nouvelle demeure. Il avait du mal à y croire encore, comme si la chance ne lui avait jamais vraiment sourit, et qu'il se méfiait des tours du sort. Le moindre bonheur dans sa vie avait toujours eu son retour de médaille. Le O'Hara n'avait pas connu beaucoup de véritables joies, dans son enfance ou son entrée à l'âge adulte, si ce n'était celles qu'il se forçait à trouver grâce à son caractère optimiste... La prison l'avait décidément battu jusqu'à le priver de ses dernières illusions à ce sujet.
Et pourtant, sa libération lui donnait du baume au coeur, le sentiment que peut-être encore, tout était possible. C'était dans cette humeur qu'il avait croisé la route du Hamilton, et l'avait aidé par bonté de coeur, sans attendre de sa part de remerciement... Il n'était plus habitué à ce que ses gestes aient de contrepartie en sa faveur, bien au contraire.
La proposition de l'inconnu l'avait pris de court, pour peu qu'elle ne puisse être mieux venue. Il l'avait informé immédiatement de son état, de son passé, tenant à maintenir les standards de sincérité qu'il s'était imposé... Et malgré cela, l'accord avait tenu. Il espérait presque encore qu'en toquant à la porte, il réaliserait que tout cet entretien n'avait été qu'une immense tromperie. Après tout, cela n'aurait pas été la première fois que l'on lui faisait miroité de belles opportunités potentielles, pour finalement le priver de tout ce qu'il possédait déjà.

    - Réveille toi, nigaud ! Lui cria dessus un passant, qui avait failli lui rentrer dedans, pendant qu'il rêvassait à cet avenir prometteur et inattendu. Et il comptait bien faire de son mieux pour le mériter... Peut-être était-ce cette volonté que le Hamilton avait perçu chez lui, sous les charges qui l'accablaient. Bouge de là, tu gênes !
    - Pardon, d'solé... S'excusa Ewen, embarrassé encore une fois que sa présence eut été indésirable. Il voulait se faire une place utile désormais, dusse-t-il jeûner encore jusqu'à gagner sa croûte après un dur labeur. Et bonne journée ! Ajouta-t-il d'un ton aimable et enjoué, après s'être poussé du chemin, ne récoltant qu'un grognement sourd en retour de sa politesse.


Dépoussiérant une dernière fois ses vêtements reprisés d'un revers de main, Ewen prit une profonde inspiration, et déterminé, il franchit la distance qui le séparait de la porte de bois, dont il s'était vu offrir l'adresse. Il sonna, avant que la peur de décevoir ne noue une nouvelle fois son estomac, et le pousse à se montrer en retard.
Le O'Hara tenait à faire bonne impression, et à se montrer le plus accommodant possible, même s'il n'avait pas eu les moyens de se présenter dans une tenue correcte, parce qu'il n'avait trouvé qu'un abri de fortune pour passer la nuit précédente, rêvant de ce lit confortable qui était prévu pour lui, peut-être, après des années de paille.
Son visage trahissait pleinement la gratitude qu'il éprouvait lorsque l'entrée s'ouvrit pour découvrir son nouveau patron, visiblement ravi lui aussi de l'accueillir. S'inclinant maladroitement par respect pour ce dernier, Ewen ne remarqua pas tout de suite la silhouette féminine qui se tenait un peu plus loin, et se tétanisa un instant de surprise en la découvrant, une expression clairement inquiète assombrissant un visage des plus charmants. Richard Hamilton ne l'avait pas prévenu qu'il était marié, et l'irlandais se sentit un peu bête de ne pas avoir remarqué l'alliance à son doigt - la preuve sans doute qu'il était un bien piètre voleur, ou avait refoulé ses instincts, face à une poigne amicale.

    - Merci m'sieur, répondit-il poliment à l'invitation, avant de poser avec hésitation ses pieds sales sur le sol lustré. M'dame, s'adressa-t-il à la jeune brune qui l'observait toujours avec appréhension. J'suis enchanté de faire votre rencontre, j'espère pouvoir vous servir au mieux d'mes compétences.


Avec l'air d'un grand adolescent, peu assuré des convenances et de ce que l'on attendait de lui, Ewen passa son regard verdâtre de l'un à l'autre, prêt à recevoir des ordres, ou des remontrances, tel qu'il y avait été formé, à profusion, durant son séjour au trou. Son allure était globalement repoussante par les couches crasseuses qu'il n'avait pu faire partir avec une toilette minimale, mais son charisme transpirait malgré tout une bonté irrésistible, à se demander quel juge avait pu avoir le coeur assez dur pour le condamner. Evidemment, les apparences étaient trompeuses, et il ne comptait que sur son enthousiasme pour prouver à cette maison qu'il était désormais du bon côté des barreaux.
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Clara Hamilton
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MessageSujet: Re: And in a second, our lives changed... | Ewen O'Hara And in a second, our lives changed... | Ewen O'Hara Icon_minitimeMar 29 Oct - 4:07



And in a second, our lives changed...

« The face of an angel and a heart of gold? »

Maison Hamilton, 1892

Ewen O’Hara entra dans la maison, invité par Richard, et lorsque la porte se referma derrière lui et que la lumière du jour cessa d’encercler sa silhouette sombre, Clara put distinguer les traits de son visage.

Contrairement au personnage que la jeune femme s’était imaginé depuis l’annonce de son arrivée imminente, O’Hara était jeune. Jeune et plutôt bel homme sous les couches de saletés  qui trahissaient son niveau d’hygiène et, par le fait même, de pauvreté. Son regard, que madame Hamilton devinait vert, semblait honnête et, s’il était vrai que les yeux étaient le miroir de l’âme, l’inconnu devait avoir une bonne âme. Néanmoins, tout cela pouvait être trompeur; ce criminel n’avait certainement pas passé du temps en prison pour un rien, n’est-ce pas?

C’est lorsque O’Hara parla que les craintes de Clara furent confirmées : un Irlandais. En Amérique, les Irlandais n’avaient pas une très bonne réputation… On les disait alcooliques, violents et menteurs… Et les piètres conditions de vie des gens, lors de la vague d’immigration irlandaise aux États-Unis, dans les quartiers ouvriers étaient à l’origine de cette réputation.

« Je vous présente mon épouse, Clara Hamilton… », enchaîna Richard alors que la jeune femme demeurait silencieuse face à leur nouveau serviteur. « … Et Clara, voici Ewen O’Hara. ». Le journaliste s’approcha de l’Irlandais et lui donna une tape affectueuse sur l’épaule : « Le meilleur de vos compétences, c’est tout ce que je demande! ».

Le malaise était palpable. Bien qu’enthousiaste pour deux, Richard espérait que la froideur de sa femme ne fasse pas fuir Ewen; le jeune homme lui avait prouvé sa valeur, quelques jours auparavant, et de nature amicale et généreuse, l’Américain sentait qu’il devait l’aider, à sa manière. Héberger gratuitement un homme sous son toit pouvait faire parler les commères, mais engager un serviteur était signe de prospérité. Et pour un Américain, étaler sa prospérité était très important!

Accessoirement, le jeune homme plaisait bien à monsieur Hamilton; un ami, dans cette grande ville qu’était Londres, ne pouvait que lui être favorable.

Richard observa donc, tour à tour, Clara et Ewen qui, pour sa part, attendait que l’un ou l’autre de ses nouveaux maîtres ne lui donne ses premières consignes concernant son nouvel emploi et, constatant qu’aucune forme de politesse ne sortirait de la bouche de son épouse, il poursuivit : « Clara va vous montrer votre chambre... ».

Cette fois, la jeune femme détourna enfin les yeux de l’inconnu pour regarder son mari. Il était donc sérieux; il s’absenterait une partie de la journée et la laisserait seule avec ce criminel irlandais…

« Richard… »

Ignorant la voix inquiète de Clara, Richard soutient son regard, mais parla à nouveau à monsieur O’Hara : « Vous êtes ici chez vous, Ewen, et vous avez mon entière confiance… ».

« Rich… »

Monsieur Hamilton s’approcha de Clara pour attraper son manteau qui se trouvait derrière elle, mais profita de cette proximité pour se pencher vers son visage et murmurer, à son oreille : « N’oubliez pas le bain… ». Sur ce, il embrassa brièvement la joue de son épouse et revint vers l’Irlandais en souriant de toutes ses dents : « Je dois m’absenter quelques heures pour le travail, mais serai de retour pour le déjeuner. Si vous êtes toujours vivant à ce moment, nous irons nous balader en voiture avant le repas! Qu’en dites-vous? », demanda-t-il avec humour pour tenter de détendre l’atmosphère avant son départ, chose qui semblait quasi-impossible.

Clara avait l’impression de vivre un cauchemar; quelques minutes auparavant, tout ce qu’elle souhaitait était de prendre un bain chaud et d’aller dormir…

Elle regarda donc partir son mari, une main toujours sur son abdomen, comme paralysée depuis l’arrivée de monsieur O’Hara, et c’est seulement lorsque le son de la voiture de Richard ne fut plus audible que la maîtresse de la maison regarda son serviteur.

L’inventrice se racla la gorge, après un moment, et, prenant son courage à deux mains, parla enfin : « Mon mari a pris la décision de vous offrir un travail et je respecte cette décision… Mais… Vous devrez respecter mes règles… Et si… Si jamais vous avez un comportement déplacé ou que certains objets disparaissent… ».

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Ewen O'Hara
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MessageSujet: Re: And in a second, our lives changed... | Ewen O'Hara And in a second, our lives changed... | Ewen O'Hara Icon_minitimeMar 29 Oct - 6:42


And in a second, our lives changed... | Ewen O'Hara Ac28e491d8804ed9bf2ae9c3978b1e29d561ebfb

A l'annonce finalement de la présentation de la jeune femme, Ewen inclina la tête légèrement en signe de respect à son égard, pour essayer de détendre la gêne qu'il percevait entre eux. Si de son côté, il n'éprouvait que de la surprise à sa découverte, il avait clairement l'impression que ses sentiments à elle allaient un peu plus loin... Et il la comprenait, malheureusement.
Il avait su depuis toujours qu'il aurait du mal à se faire voir autrement que par les stéréotypes que lui imposaient ses origines. Il devrait travailler plus dur pour se faire accepter, et son passage en prison n'aidait guère la réputation qui le précédait. Il ne comptait pas néanmoins rentrer dans un conflit ouvert avec l'épouse de l'homme qui avait été si généreux pour lui, dépassait ces préjugés, parce qu'il n'était pas dans son caractère d'être offensé par les opinions des gens, trop habitué sans doute à ce genre d'observations. Il adressa donc de nouveau à la dame un sourire sincère, qu'il voulait rassurant.

    - Je n'vous décevrais pas, répondit-il encore, se sentant revigoré par le contact amical que Richard Hamilton lui prodiguait, une marque d'attention qu'il n'avait pas reçu depuis longtemps, et qui le touchait d'autant plus. Sa voix vibrait de détermination : le poids de ces responsabilités l'enorgueillissait et l'excitait plus qu'autre chose. C'pas nécessaire de... Commença-t-il, presque offusqué de tant de gentillesse, lorsque l'homme poursuivit en lui adressant une chambre individuelle, comme s'il méritait désormais mieux qu'un coin de carrelage tiède.


Mais visiblement, les choses étaient établis, et la gratitude infinie dont Ewen fut submergé soudain lui fit monter les larmes aux yeux - néanmoins, il savait contrôler ses faiblesses pour ne pas qu'elles lui causent d'ennuis, et pas une larme ne coula sur ses joues sales, ses prunelles se contentant de briller plus clairement. Ses yeux, à la couleur indéfinissable, se reposèrent de nouveau sur la brune, comme pour y chercher une approbation semblable, qu'il n'y trouva pas. Ce contraste l'empêcha de trouver les mots pour répondre à la chaleureuse démonstration, encore une fois, des qualités du Hamilton, qui lui ouvrait pleinement sa demeure, sans la moindre hésitation ni retenue.

    - Même la mort n'pourra m'empêcher vous accompagner, m'sieur, répliqua Ewen avec un amusement et un enthousiasme non feint, à l'optique de se promener avec celui qu'il suivrait partout à partir de ce jour, si tel était son désir. Une interrogation se profila dans son esprit un court instant, suivant cette remarque qu'il avait pris comme une plaisanterie, et pourrait se révéler une véritable menace de trépas... Il décida néanmoins d'ignorer cette crainte qui lui semblait totalement infondée : l'épouse tenterait-elle de l'empoisonner en son absence ? Etait-ce la raison qui le poussait à recruter des serviteurs dans la rue, parmi les mendiants ? Merci, m'sieur Hamilton. Ma gratitude n'connait pas d'limites pour tout c'que vous m'donnez là.


L'espoir. Voilà le plus grand cadeau qu'il eut jamais reçu ! Personne ne pouvait réaliser l'importance de ce genre de choses, peut-être, sans avoir tout perdu, jusqu'à sa liberté, et ce qui faisait la dignité d'un homme. Le pire n'avait pas été les coups ou la peur, en prison, pour Ewen, mais bien l'ignorance la plus totale dans laquelle son sort était jeté.
Il s'écarta avec un profond respect donc pour le Hamilton qui devait visiblement sortir avec empressement, désolé déjà de ne pouvoir faire plus pour l'aider. Aurait-il du lui ouvrir la porte plus grande, lui proposer de lui tenir son chapeau ? Il resta ainsi penaud, toujours devant l'entrée, patientant maintenant dans le plus grand silence, pour ne pas agacer plus encore celle qu'il se devrait de rallier à sa cause, et de rendre heureuse, par tous les moyens.

    - Ma pire intention serait d'voler vos pensées, pour mieux anticiper vos d'mandes, contesta-t-il, par jeu, avant que son expression enjouée ne s'éteigne aussi subitement qu'elle était apparu, de crainte d'avoir dépassé quelques règles de bienséance, en argumentant ainsi contre ses craintes, comme pour s'en moquer. Votre mari et vous êtes les personnes les plus chères qu'j'ai, maint'nant, m'dame. Donnez-moi une chance d'vous prouver que j'peux vous servir... Et si dans quelqu'jours, vous n'voulez plus d'moi, j'vous promet de partir de moi-même, et d'vous laisser tranquille.


Ce n'était guère plus une façon de s'exprimer envers une lady, sans doute, mais Ewen était trop franc pour laisser un non-dit si pesant s'installer autour de lui. Et la supplique dans sa voix n'en était pas moins évidente : il croyait fortement en ce qu'il avançait.
D'ailleurs, il fit un pas vers elle, doucement, comme s'il tentait d'apprivoiser un animal blessé.

    - Pardonnez mon indiscrétion, mais... Commença-t-il, avant de s'arrêter, se demandant soudain s'il était de son rôle de s'occuper d'elle en ce sens. Mais après tout, il n'avait entendu aucun autre domestique accourir à la porte, lorsqu'il avait sonné... Et il lui semblait, de ce qu'il avait pu voir, qu'aucune femme de chambre n'aurait laissé sa maitresse dans cet état. Il allait tendre la main pour lui montrer la trace de suie qui avait attiré son regard sur sa mâchoire, lorsqu'il réalisa que ses doigts étaient plus noirs encore, et que ce geste était surement ce qu'elle aurait qualifié de déplacé. Il s'écarta rapidement, comme s'il venait de se bruler, et montra donc sa propre ligne de menton, mal rasée, pour lui indiquer ce qui l'inquiétait sur elle. Qu'est-ce qui s'est passé ? Enfin, j'veux dire, j'suis là pour vous aider, maintenant, si y'a un problème d'cheminée ou quelqu'chose...

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Clara Hamilton
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MessageSujet: Re: And in a second, our lives changed... | Ewen O'Hara And in a second, our lives changed... | Ewen O'Hara Icon_minitimeMer 30 Oct - 2:44



And in a second, our lives changed...

« Stay away but come closer... »

Maison Hamilton, 1892

Son index s’était levé dans la direction de son serviteur. Droit, couvert de suie et menaçant. C’était tout ce que Clara possédait pour faire comprendre à O’Hara que même si elle respectait la décision de son mari de lui offrir un travail, elle ne l’appréciait pas du tout. Ce doigt et son non verbal qui, depuis qu’il était entré dans la demeure des Hamilton, ne faisaient que crier à l’Irlandais qu’il n’était qu’un indésirable à ses yeux…

La situation changea quelque peu lorsque le jeune homme répondit, du tac au tac et avec un air enjoué, à ses mises en garde; Clara en fut troublée. Elle s’interrompit, plissant subtilement les yeux comme si elle n’avait pas saisi les mots de l’Irlandais ou qu’elle s’en offusquait alors qu’il n’en était rien; voler ses pensées pour mieux anticiper ses demandes? Quelle drôle d’idée… Néanmoins, ces quelques mots avaient un sens presque poétique et l’image qu’ils suscitaient dans l’esprit de la jeune femme était aussi plutôt romantique…

Comme s’il regrettait son audace, l’expression heureuse du visage d’Ewen s’effaça presque aussitôt et les paroles qu’il prononça ensuite eurent pour effet de faire culpabiliser la maîtresse des lieux. Si, au cours de sa vie, elle n’avait jamais été méchante avec personne, à cet instant précis, elle eut  l’impression de l’avoir été envers le pauvre homme et de l’avoir ainsi condamné avant même de lui laisser une chance de lui prouver sa véritable valeur…

Après tout, Richard Hamilton était un homme bon et son jugement avait toujours été sans failles. Pourquoi se tromperait-il aujourd’hui au sujet de cet homme?

Madame Hamilton baissa enfin son doigt accusateur et croisa les mains devant elle. La vérité était qu’elle ne connaissait rien au sujet d’O’Hara. Tout ce qu’elle savait était qu’il sortait de prison pour un crime dont elle ignorait la nature, qu’il vivait dans la rue et que son mari avait décidé, sans la consulter, d’en faire leur serviteur, de l’héberger et de le nourrir… Était-ce sa colère contre Richard qui retombait injustement sur le jeune homme?

Non. Il demeurait un inconnu. Un criminel. Un Irlandais… Elle se devait d’être prudente…

Mais il était également un jeune homme sans famille et sans amis, à en croire ses mots, à qui la vie n’avait jamais souri, pouvait-elle supposer... Un homme dont les yeux brillants ne reflétaient que bonté et bienveillance…

Alors qu’elle s’apprêtait à baisser sa garde, l’inventrice sursauta en voyant son serviteur faire un pas vers elle et recula, instinctivement.

« N’approchez pas. », ordonna-t-elle en levant la paume vers O’Hara. « S’il vous plait… », ajouta-t-elle rapidement. « La première règle est de ne jamais vous approcher de moi. ».

Clara poussa un soupir et baissa les yeux sur sa poitrine; formuler cette règle était presque inutile; l’Irlandais avait arrêté son geste brusquement avant même qu’elle ne parle, mais cela ne l’avait pas empêché d’exprimer ensuite ses inquiétudes face à l’apparence négligée de sa nouvelle maîtresse.

Encore une fois, l’Américaine fut bouleversée par la sollicitude dont faisait preuve le jeune homme à son égard alors qu’elle était persuadée de ne pas la mériter.

« Le problème ne vient pas de la cheminée… », dit-elle dans un souffle en levant les yeux vers le visage doux de son serviteur. « C’est que… Il y a eu un incendie, quelques jours auparavant… À la cave et… ».

Clara détourna le regard, sentant soudainement des larmes remplir ses yeux foncés; l’explosion de son invention avait déclenché un incendie qui avait détruit presque tout ce à quoi elle tenait, ses rêves, ses projets… Depuis des jours, elle tentait de tout nettoyer, seule, sans l’aide de Richard qui, au contraire, ne manquait pas une occasion de lui reprocher l’incident. Ce matin encore, elle avait quitté la cave dans le seul but de prendre soin d’elle, de se reposer et voilà qu’elle se retrouvait à devoir jouer aux maîtresses de maison face à un inconnu qui lui inspirait à la fois la peur et la compassion! C’en était trop!

« Monsieur O’Hara… », commença-t-elle alors d’une petite voix en acquiesçant d’un léger mouvement de tête pour elle-même, son regard évitant soigneusement celui du jeune homme, comme si elle tentait de se convaincre qu’elle prenait la bonne décision, « J’ai besoin de votre aide… Voulez-vous… Après avoir déposé vos effets personnels dans votre nouvelle chambre, vous m’aiderez… D’accord? ».

En levant ses yeux humides vers le visage bienveillant de l’Irlandais, Clara lui adressa un faible sourire inespéré.

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MessageSujet: Re: And in a second, our lives changed... | Ewen O'Hara And in a second, our lives changed... | Ewen O'Hara Icon_minitimeMer 30 Oct - 4:52


And in a second, our lives changed... | Ewen O'Hara Ac28e491d8804ed9bf2ae9c3978b1e29d561ebfb

A la première règle énoncée par la jeune femme, Ewen leva les mains, paumes face à elle, comme s'il se rendait, avec un sourire rassurant. Bien sur, il comprenait la réserve que pouvait émettre une épouse face à un ancien prisonnier, et ne lui en tenait pas rigueur : il voulait juste garder l'espoir, enthousiaste, qu'elle parviendrait à lui faire confiance, dans un futur plus ou moins proche.
Et pour cela, il tenait à respecter ses souhaits, et donc, à se maintenir à la distance qui la soulagerait. Il n'imaginait pas un instant lui faire de mal, ou la contrarier d'une quelconque manière que ce soit, même lorsqu'elle lui soumettait l'idée de manière si évidente. Malgré son séjour derrière les barreaux, Ewen n'avait pas été contaminé par l'esprit malsain des hommes qui l'entouraient : ses idées étaient bien placées, empreintes d'une morale presque enfantine, et inébranlable.
Clara, de par sa position, se plaçait malgré elle à ses yeux sur un piédestal qu'il prévoyait de lustrer tous les jours, et il n'aurait pas pu formuler dans son esprit innocent le moindre désir de lui nuire d'aucune façon.

    - Un incendie à la cave ? Répéta-t-il, un peu interloqué. De ce qu'il connaissait des caves, et c'était plus que n'importe qui ne l'eut souhaité volontairement, celles-ci étaient trop humides pour que des flammes ne puissent s'y déclarer seules. Le O'Hara fronça les sourcils, inquiet. Et si les Hamilton étaient la cible d'un attentat criminel ? Vous avez prév'nu les autorités ?


Bien que l'idée ne l'enchante pas vraiment dans son état, Ewen était déjà prêt à risquer sa liberté nouvellement retrouvée, pour trouver les causes qui affectaient ses maitres de maison. Le danger devait être écarté, et rapidement, s'il y en avait un... Il ne comprenait pas que la brune soit en charge de la chose, encore moins au point de se salir.
Pour le coup, il avait du mal à trouver des excuses à Richard Hamilton de laisser son épouse essuyer la suie, visiblement, et cette constatation le troublait profondément. L'assurance que son patron était un homme bon et conscient pesait lourd dans la balance pour effectuer ce travail en y mettant du coeur, même s'il n'aurait pu se permettre de refuser de toute manière. Il en déduit donc que l'homme l'avait engagé pour cela : éviter à son épouse des tâches dégradantes, ce qui était à son honneur, sans doute.

    - Mes effets personnels ? S'étonna-t-il, en la dévisageant avec interrogation. Il ne possédait rien, en effet, il venait là avec ses mains sales, et rien à perdre, tout à gagner. Décidément, la conversation tenait du dialogue de sourd, Ewen tenta de comprendre la jolie Clara à travers le moindre de ses mots, comme une recherche d'indices, sur ce qu'elle pouvait penser, et ce qui pourrait la rendre heureuse. Et elle demeurait mystérieuse, préoccupée. Perdons pas plus d'temps, si vous voulez bien m'montrer l'chemin...


Même s'il ne voulait pas l'avouer, Ewen avait déjà une parfaite impression du plan de la bâtisse, une capacité due à des années d'entrainement à entrer par effraction dans ce genre de foyer, pour y dérober des objets qu'il espérait ne manqueraient guère à ceux qui pouvaient tout avoir. Néanmoins, son opinion et ses buts avaient changé désormais, et il ne tenait plus à rien obtenir de façon malhonnête.

    - J'suis à vos ordres, M'dame Hamilton, déclara-t-il avec une étrange fierté, en répondant à son sourire timide par un sourire triomphant, éclatant de bienveillance. Dites moi c'qu'vous attendez d'moi, et considérez que c'est accordé... Il laissa un instant cette plaisanterie en suspens, pour lui sous-entendre gentiment qu'elle n'avait pas besoin de lui demandé son avis. Et fait surtout, pour vot'plaisir.


Un instant, leurs yeux s'étaient vraiment croisés, et accrochés, et ce fut, cette fois, Ewen qui baissa les siens, fuyant le sentiment étrange qui venait de lui nouer l'estomac : il devrait museler son audace, s'il ne voulait pas être accusé d'une familiarité trop naturelle. La jeune femme ne tolérerait surement pas qu'il la moque, même gentiment, et encore moins qu'il admire les traits de son visage trop longtemps, pour essayer d'en deviner la douceur, sous la suie. Il attendrait le temps qu'il faudrait pour qu'elle se détende en sa présence, sans forcer, pour ne pas l'effrayer... Mais il avait perçu, un instant, dans ses prunelles, qu'elle était loin d'être aussi froide qu'elle voulait le montrer.
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MessageSujet: Re: And in a second, our lives changed... | Ewen O'Hara And in a second, our lives changed... | Ewen O'Hara Icon_minitimeJeu 31 Oct - 1:50



And in a second, our lives changed...

« Let's start over »

Maison Hamilton, 1892

Comment Clara pouvait-elle se montrer froide et sans cœur face à un jeune homme qui semblait déborder que de vie et d’enthousiasme? Pas qu’elle soit ainsi, mais n’était-ce pas l’image qu’elle projetait depuis plusieurs minutes à cet inconnu?

Ewen avait levé les paumes vers elle, joueur, alors qu’elle lui avait interdit de s’approcher d’elle. Ne lui en voulait-il pas d’être ainsi repoussé? Serviteur ou non, pauvre ou non, un être humain ne pouvait apprécier d’être ainsi traité…

Il y avait quelque chose d’étrange avec l’Irlandais; la bonté qui semblait émanée de lui pouvait être fausse, malheureusement, mais il y avait autre chose… Quelque chose d’indéfinissable… Et c’était probablement ce qui perturbait le plus la jeune femme… À moins que ce ne soit que le manque de sommeil et la fatigue mentale qui se faisaient ressentir…

« Les autorités? », avait-elle répété en écho, risquant un coup œil dans la direction de son serviteur, sans toutefois tourner la tête vers lui; Clara ne souhaitait pas qu’il surprenne les larmes qui inondaient son regard sombre et quelques secondes lui furent nécessaires pour comprendre que l’inquiétude d’Ewen était que les Hamilton aient été victimes d’un acte criminel.

« Inutile… », avait-elle marmonné pour elle-même, tout comme il était inutile de donner une réponse à Ewen; Clara Hamilton était la seule responsable de son malheur, mais cela, il le découvrirait bien assez vite... Déclencher un incendie dans sa propre maison faisait-il d’elle une criminelle? Était-ce pour cette raison que Richard l’avait menacé de la faire enfermer dans une maison pour fous? Pour lui éviter la prison?... Qu’il était si en colère contre elle… Et… qu’il avait engagé un serviteur sans lui en parler? Pour la surveiller?

Si madame Hamilton avait l’habitude de se perdre dans ses pensées, le moment n’y était pas propice et, toujours sans regarder O’Hara, elle lui avait timidement ordonné de l’aider à nettoyer la cave. Ce n’était seulement qu’après avoir demandé son accord que la belle avait levé les yeux sur le visage délicat, mais sale, du jeune homme et lui avait adressé un sourire timide... Le premier depuis que le pauvre homme été entré dans sa demeure…

Sourire qui s’effaça lorsque son regard se mit à chercher la présence de valises ou de sacs derrière lui; Ewen O’Hara ne possédait rien? Ni vêtements ni souvenirs?

« Vous n'apportez aucune valise avec vous?... Pas même, ne serait-ce, qu'un baluchon? », demanda-t-elle, inutilement, en écarquillant les yeux. À cet instant précis, Clara prenait pleinement conscience du sens du mot « démuni ». La pauvreté, elle croyait connaitre; les Hamilton n’étaient pas riches, mais avaient un toit au-dessus de leur tête, de la nourriture sur leur table et même des loisirs… Ewen ne possédait rien de tout cela…

La jeune femme porta une main sale à son visage pour couvrir sa bouche alors qu’O’Hara déclarait être à son service et semblait heureux d’avoir déjà du travail à faire, aussi déplaisant celui-ci puisse-t-il être. Et elle était là, à se morfondre sur des plans et notes calcinées… L'Irlandais était-il seulement conscient de faire vivre toute une gamme d’émotions hétéroclites à sa nouvelle maîtresse?

Éloignant sa main de sa bouche, Clara se mit à secouer la tête : « Non. La cave peut attendre… Je… Je viens d’y passer la nuit… », confia-t-elle, timidement. « Monsieur O’Hara, si je peux parler sincèrement, je ne tiens pas à être une maîtresse tyrannique… Mon mari semble beaucoup vous apprécier et… Un jour, peut-être, je partagerai ces mêmes sentiments pour vous… ». Sous la suie qui couvrait son visage, ses joues s’empourprèrent, mais elle n’y porta aucune attention.

« Avez-vous faim? », demanda soudainement Clara en ayant le désagréable sentiment de connaitre déjà la réponse.

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MessageSujet: Re: And in a second, our lives changed... | Ewen O'Hara And in a second, our lives changed... | Ewen O'Hara Icon_minitimeJeu 31 Oct - 8:40


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Inutile ? Devant l'attitude mystérieuse de Clara, et ses propos peu logiques, bien que très succincts, Ewen ne savait trop que penser... Connaissait-elle la cause de cet incendie, pour ne pas vouloir enquêter sur ce qui s'était passé ? Il aurait peut-être plus de travail dans cette maison qu'il ne l'avait imaginé : un travail en profondeur, sans doute. Pour être de bon service, il percevait qu'il lui faudrait être le confident des Hamilton, d'une façon ou d'une autre, en leur montrant que sa loyauté était à toutes épreuves. Alors seulement, à ce moment-là, il saurait quoi faire pour les aider vraiment. Ce genre de boulot ne se limitait pas à entretenir les meubles, et apporter le diner.
Du moins, pas pour lui qui voulait bien faire, ou même trop bien faire.

    - Si vous l'dites... Répliqua-t-il, sans insister. Un jour, peut-être, elle lui apprendrait de quoi il s'agissait, et pourquoi l'implication des forces de l'ordre la mettant dans un tel état, presque plus angoissé que lui-même, qui avait pourtant plus à craindre. Le O'Hara s'inquiétait désormais plus que de raison pour la forme de la jeune femme, et se questionnait sur les motifs de son mari à l'embauche. Quel était son rôle attendu auprès d'elle ? Ben j'avais un baluchon, c'est vrai, mais j'ai croisé un gosse qui... Euh.. Enfin, c'pas très important, ça vous intéresse sur'ment pas. J'ai pas b'soin d'beaucoup d'façon, vous savez.


A vrai dire, il réalisait à présent qu'elle lui reprochait sa tenue, sale et déchirée, pensant probablement qu'il aurait de quoi se changer, pour être plus présentable, et honorer la place qu'on lui accordait là. Mais s'il avait essayé de ne pas être trop débraillé, il avait juste porté ce qu'il avait pu trouvé, avec ses moyens. Et le reste, il l'avait donné à plus pauvre que lui, en songeant qu'il avait la chance d'avoir un avenir plus reluisant, à présent. Encore une fois, sa naïveté lui avait peut-être couté quelques aprioris de sa future maitresse, un jugement hâtif qu'on ne pouvait lui reprocher, tant les apparences le condamnaient.

    - M'sieur Hamilton vous laisse passer la nuit dans la cave, pour nettoyer ? S'étonna-t-il, de plus en plus perdu par les réactions de la demoiselle, et troublé par la façon dont elle avait de se tenir, presque timide, contredisant étrangement avec ses propos. Et maintenant qu'elle tentait surement d'être gentille, elle était trop douce cette fois pour que ses paroles soient appropriées à leurs positions respectives. Ewen rougit à son tour, inquiet que ce genre de pensées ne puissent emprunter un mauvais chemin, qui l'entraine à la faute. Il secoua la tête pour les chasser. Il n'était rien, et elle était trop bonne, de lui laisser espérer qu'elle l'apprécierait, comme un animal domestique en quelques sorte, comme la plupart des bourgeois traitaient leurs domestiques, voilà tout. A vrai dire... Commença-t-il, son ventre grognant déjà à la simple évocation d'un repas, avant de se reprendre : J'saurais m'occuper d'mon estomac plus tard. J'crois que y'a d'autres urgences là !


Retrouvant un peu une contenance, car rien ne l'enthousiasmait plus que de commencer à se montrer utile, Ewen retroussa ses manches, pour montrer qu'il était prêt à prendre les choses en mains. Il était prêt à s'occuper de cette cave, pour la jeune femme n'ait plus qu'à dormir sur ses deux oreilles cette nuit : il n'aurait pu manger en sachant qu'il manquait déjà à cette obligeance.

    - N'vous en faites plus pour ça, j'vais régler le problème ! Lui assura-t-il, en se méprenant peut-être sur l'expression de la brune. La bonne humeur d'Ewen était si sincère qu'elle ne pouvait qu'être contagieuse, et néanmoins, Clara semblait y rester insensible, comme si elle cachait quelque chose derrière ses tâches de suie. Vous êtes sure que tout va bien ? Vous avez sur'ment b'soin d'vous allonger un peu, c'pas normal qu'vous d'viez récurer les sous-sols ! M'sieur Hamilton a m'a embauché pour vous soulager d'ces tâches, ça m'parait la bon'chose à faire. Si j'avais su, j'serais v'nu avant, pour sûr.


Il fit quelques pas d'une marche déterminée vers ce qu'il pensait être la porte des escaliers descendants lorsqu'il se trouva brusquement nez-à-nez avec l'épouse des Hamilton, plus près qu'il ne l'avait été jusque là, à quelques doigts de se cogner à elle et de la plaquer ainsi contre le mur, malgré lui. Essayait-elle de l'empêcher de découvrir ce qui avait provoqué un feu, en bas ? Ou se trouvait-elle sur sa route par accident, par colère qu'il n'obéisse déjà pas à ses premiers souhaits comme elle l'entendait ? Le coeur d'Ewen se mit à battre plus fort, craignant presque qu'elle l'entende à travers sa chemise déchirée, à la perspective de l'avoir fâchée de ce geste involontaire, ou même, juste, de la sentir si proche.
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MessageSujet: Re: And in a second, our lives changed... | Ewen O'Hara And in a second, our lives changed... | Ewen O'Hara Icon_minitimeVen 1 Nov - 0:43



And in a second, our lives changed...

« Will you catch me of fall with me? »

Maison Hamilton, 1892

« Non! », s’écria la maîtresse des lieux au moment où elle comprit que son serviteur se dirigeait vers la porte qui donnait sur la cave, déterminé à la soulager du fardeau que représentait son nettoyage. « Je vous interdis d’aller dans la cave sans mon autorisation! », dit-elle en se déplaçant rapidement pour bloquer le passage à l’Irlandais. Clara, dos à la porte close, tendit les bras bien droits devant ce dernier, les paumes de ses mains noircies par la suie et usées par le travail manuel levées vers lui.

Il s’arrêta brusquement, comme s’il était surpris de se voir interdire l’accès à l’une des pièces de la demeure qui était maintenant la sienne, mais trop tard. Son torse entra en contact avec les mains de madame Hamilton qui plia même les coudes sous l’impact, ses bras se rapprochant ainsi de son propre corps.

Comme si la proximité soudaine de leurs deux corps n’était qu’un détail insignifiant en comparaison à ce qu’il s’apprêtait à faire, Clara le foudroya du regard après avoir levé le menton vers son visage : « Arrêtez! Arrêtez de vouloir m’aider! Je n’ai pas besoin d’aide! », cria la jeune femme comme si toutes les émotions par lesquelles elle était passée au cours des derniers jours explosaient soudainement et que le pauvre Ewen en était le catalyseur.

« Vous n’avez aucun droit de juger ce que mon mari me fait faire ou pas! Vous ne savez rien! Rien du tout! », poursuivit-elle, la voix devenant plus clair par l’émotion. « L’incendie s’est déclenché par ma faute et l’explosion n’aurait produit aucun dégât si je n’avais pas laissé une bougie à proximité! J’avais besoin de lumière pour lire les plans! Que pouvais-je bien faire d’autre? Mais les murs sont intacts! Seuls mes plans ont brûlés… et mes notes… et… et… », Clara retint le sanglot qui l’étranglait, ne se doutant pas que ses paroles précipitées, hors de leur contexte et entendu par un inconnu ne ferait qu’affirmer, une fois de plus, que l’épouse Hamilton était bel et bien folle.

C’était la première fois qu’elle parlait de l’explosion, aussi fragmentaire ses propos puissent-ils être; Richard avait refusé d’entendre ses explications. Monsieur Hamilton aimait sa femme, mais détestait ce qui la passionnait. À ses yeux, tout ce que créait Clara était dangereux et inutile; une véritable perte de temps pour une femme si talentueuse.  

Baissant les yeux sur ses doigts, toujours posés contre le torse d’O’Hara, Clara déclara, avec haine : « Si je passe mes nuits dans la cave, c’est que je décide de le faire et personne ne pourra jamais m’y en empêcher! Personne! Et surtout pas un criminel irlandais qui joue au gentil domestique dans votre genre! ».

À l’instant même où ces paroles furent prononcées, Clara s’en voulut terriblement; Ewen ne les méritait pas, mais il était trop tard : le mal été fait.

Comme foudroyée par la méchanceté de ses propres mots, la jeune femme cessa de respirer un instant et l’inspiration qui suivit sembla si douloureuse que des larmes inondèrent son visage sale.

D’un mouvement désespéré, madame Hamilton tenta de repousser Ewen pour s’éloigner ainsi de ce cœur qu’elle sentait battre du bout de ses doigts et qu’elle venait d’écraser comme un vulgaire insecte. Elle le poussa, mais recula elle-même, venant s’adosser à la porte de la cave.

Cette dernière, qui n’était pas fermée complètement, s’ouvrit immédiatement à la pression de son corps et Clara se sentit immédiatement perdre pied et tomber vers l’escalier menant au sous-sol de sa demeure et vers son précieux atelier en cendre...

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MessageSujet: Re: And in a second, our lives changed... | Ewen O'Hara And in a second, our lives changed... | Ewen O'Hara Icon_minitimeVen 1 Nov - 8:26

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La violence des propos de la Hamilton laissèrent Ewen sans voix : non parce qu'il n'était pas habitué à bien pire, mais parce qu'il était pris par surprise, encore une fois. En effet, ce n'était pas la première fois que l'irlandais se voyait jeter sa générosité à la figure, à grands coups d'insultes... Il écouta donc en silence les réprimandes, parce qu'il lui importait de prendre des conseils, indirectement suggérés, pour mieux faire la prochaine fois.
La colère de la brune était étrange et disproportionnée, comme si elle ne semblait pas vraiment lui être dirigée, au fond, et le O'Hara tenta encore une fois de paraitre apaisant et d'accepter ses ordres, pour ne pas la contrarier. Alors qu'il allait s'écarter pour ne pas l'énerver plus encore, la jeune femme s'appuya contre la porte pour le repousser, et celle-ci s'ouvrit brusquement. Ni une ni deux, Ewen lui ceintura la taille pour l'attirer contre lui, mais la surprise et l'élan ne lui laissèrent qu'une alternative : tomber à son tour, en prenant soin de ne pas laisser Clara heurter le sol, en la protégeant de son propre corps.
Heureusement les escaliers étaient droits, et la chute de quelques mètres seulement, amortie légèrement par le bois des marches - qui lui laisserait surement quelques bleus, mais pas assez anguleux pour que les coups puisse lui briser des os.

Arrivé en bas donc, engourdi, endolori, l'irlandais relâcha immédiatement son étreinte sur la maitresse de maison, qu'il avait presque étouffée de ses bras, pour lui éviter un maximum de maux. Malgré sa malnutrition, Ewen avait gardé heureusement une musculature assez développée, de celle des hommes qui l'utilisent, chaque jour, pour mériter leur pitance.
Malgré lui, en tachant d'obéir à la première règle qu'elle lui avait imposée et qui consistait à ne pas la toucher, le O'Hara jeta un coup d'oeil aux alentours, grimaçant en remettant en mouvement ses membres meurtris.

    - Pas d'mal ? Demanda-t-il à sa patronne, avec la douceur de quelqu'un qui ne s'est jamais vu rejeté tel un malpropre, pour avoir exprimé la même inquiétude, d'une autre façon. C'est d'ma faute, j'aurais pas du insister, j'croyais qu...


Il se redressa complètement, observant avec un air coupable la demoiselle qu'il n'osait pas toucher, de crainte qu'elle ne rentre dans une colère noire. Son coeur se brisait d'ailleurs à la regarder ainsi, sans pouvoir l'aider, parce qu'elle le lui avait interdit. Toutes ses valeurs menaient en lui une guerre sans merci dans son esprit, sa raison luttant contre sa docilité.
Finalement, la première fut victorieuse, et il se pencha pour relever d'un geste presque autoritaire la brune, allant jusqu'à épousseter un pan de sa robe, qui pourtant ne changeait rien désormais à son allure générale.

    - J'crois qu'il vaut mieux qu'j'vous laisse, déclara-t-il lorsqu'elle sembla respirer à nouveau normalement, les joues humides et plus sales encore qu'avant. Il ne lui causait visiblement que du tord, et il ne supportait pas de voir qu'elle le repoussait de toutes les forces de son être, quitte à se mettre en danger, tant sa présence lui était importune. Ce n'était pas ce qu'il avait espéré, même pour tout l'or du monde, il n'aurait pu s'imposer dans ces conditions. Vous direz à M'sieur votr'mari qu'j'ai été très honoré d'sa confiance, pis qu'c'est un homme bon, pour sûr.


Ewen se retourna vers les escaliers, les épaules un peu voûtées, par le poids de la culpabilité, et de la tristesse aussi, de n'avoir même pas su assurer un travail ainsi généreusement offert, pendant quelques minutes. Peut-etre n'était-il vraiment bon qu'à voler, après tout... Pour ça, il n'avait jamais eu de gros problème, jusqu'à se faire attraper.
Alors qu'il posait son pied sur la première marche, il se retourna une dernière fois.

    - En prison, ils avaient des lanternes, pour pas qu'le feu des bougies enflamme la paille, déclara-t-il, sans savoir vraiment pourquoi il avait dit cela, ni si cela ne ferait pas surement que la vexer encore plus, alors qu'il essayait encore, malgré tout, d'apporter une solution à ses problèmes. Même si y'en a qu'a aurait pas dérangé qu'on crame tous, ajouta-t-il, pour lui-même, petite plaisanterie morbide qui aurait sans doute arrangé tout le monde. Et vous en faites pas pour vot'cave secrète, nous autres les criminels on apprend à jamais rien dire d'ce genre d'choses, même sous la torture.


Elle méritait bien une pointe d'ironie, en guise d'adieu, après le traitement qu'elle lui avait donné. Et puis, malheureusement, toute horreur était empreinte de vérité, dans un Londres aux rues si obscures, qui recelaient tant de mystères.
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