Pauleen (Polly) Berry ~ You can love her if you pay



 
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Pauleen (Polly) Berry ~ You can love her if you pay

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Pauleen Berry
Pauleen Berry

Âge : 22
Emploi : Prostitution occasionnelle
Avatar : Elle Fanning
Quartier Résidentiel : The Strand
Messages : 24
Date d'inscription : 22/10/2019

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MessageSujet: Pauleen (Polly) Berry ~ You can love her if you pay Pauleen (Polly) Berry ~ You can love her if you pay Icon_minitimeMar 22 Oct - 22:13



Polly Berry

« You love me for everything you hate me for »


FT. Elle Fanning
CARTE D'IDENTITÉ


Nom : Berry
Prénom(s) : Pauleen, dite Polly.
Âge : 18 ans.
Groupe : Classe moyenne.
Nationalité : Anglaise.
Lieu de naissance : Gloucestershire.
Date de naissance : 25/03/1875‬
Situation Civile : Célibataire.
Religion : Anglicane.
Orientation Sexuelle : Hétérosexuelle.
Profession : Prostituée occasionnelle.
Quartier Résidentiel : Lambeth.
Activités Illicites : Prostitution.

Jolie petite histoire...

- Ma chère Mère, regardez-donc cette robe, n’est-ce pas une pure merveille ?

Mes yeux étaient rivés sur l’atelier de la couturière, comme chaque fois que l’on passait la rue. A dire vrai, je n’avais aucune idée de ce que les gens de qualité considéraient comme beau ces derniers temps, mais cela ne m’empêchait pas d’apprécier le spectacle qui se jouait devant moi. Les épingles qui piquaient le tissu aux endroits où celui-ci était encore trop large, le fil brillant qui ajustait et sublimait les formes et les somptueuses broderies qui décoraient aussi bien qu’un chapeau la plus terne des parures. Il y a quelques années, j’aurais sans doute supplié Mère de me l’offrir ; elle m’en avait passé l’envie. Aujourd’hui je ne faisais qu’observer et rêver : imaginer qu’un jour, je sois à la place de cette demoiselle si bien vêtue, que je fasse tourner ma robe en riant tandis que Mère m’intimerait de ne point bouger afin que l’on puisse prendre mes mesures.

- Ma chère Mère, qu’est-ce qu’il ne faut pas entendre ! se contenta-t-elle de souffler, agacée.

Et nous reprenions notre route, comme à chaque fois que l’on passait la rue.

Ce qu’il y avait de bien lorsque l’on se baladait avec Mère, c’est que l’on revenait toujours avec quelque chose ; ce que j’appréciais moins, c’était que l’on passait la majeure partie du temps au marché. Si encore elle m’achetait du tissu, j’y aurais trouvé mon compte ! Mais non, l’argent que nous apportions avec nous était réservé à l’achat des aliments dont elle avait besoin pour préparer le repas du soir. Et traverser le quartier avec un panier de poisson frais dans les bras était tout sauf engageant envers les jeunes hommes qui avaient le malheur de me croiser. J’avais déjà dit à Mère que je préférais encore travailler à la maison plutôt que l’accompagner pour ses courses – elle m’avait répondu que je ne lui était d’aucune utilité là-bas, puisque ma jeune sœur s’occupait déjà du linge. A plusieurs reprises je lui proposais d’échanger nos tâches quotidienne, mais sans grande surprise, elle refusait. La jeunesse avait du bon.

Lorsque nous nous présentions devant les marchands, Mère demandait chaque fois la même chose : elle n’était pas grande cuisinière, alors le moins que l’on puisse dire, c’est que la variété n’était pas chose visible dans nos assiettes. Père était le seul à ne pas s’en plaindre ; il disait que cela nous coûtait moins cher.

« Plus d’argent à dépenser en habits, tu devrais t’en réjouir », qu’il me répétait sans cesse. Si seulement j’avais pu l’utiliser de cette manière ! Mais je crains que mes parures n’aient été renouvelées depuis au moins quatre ans, à l’exception de quelques jupons devenus trop courts. En temps normal, je récupérais les vieilles robes de Mère ; celles qui n’étaient pas trop usées. Seules mes blouses étaient régulièrement changées, lorsque les laver ne suffisait plus à masquer la couleur grisâtre qui avait remplacé le blanc immaculé dont toute femme rêvait.

Quoi qu’il en soit, la seule excentricité qui m’était permise était de porter un châle coloré les jours de fête ; car je ne le sortais que ce jour là, de peur que l’on ne remarque que je n’en possède qu’un. Autrement, je me pliais aux règles de l’école de jeunes filles, ainsi qu’au budget alloué par Père à ma garde robe. Bien assez pour impressionner certaines de mes semblables, mais trop peu à mon goût pour atteindre le niveau des demoiselles que je me plaisais à fréquenter – celles qui allaient à l’école près de Westminster, et dont on voyait le nom apparaître dans les journaux. J’étais certaine que leurs parents ne leur disaient pas que porter des robes passées de mode était plus avantageux. Elles n’avaient pas non plus besoin de garder de l’argent, puisqu’elles en avaient considérablement, c’est pourquoi je les admirais autant que je les jalousais, ces amies. Car c’était bien ce qu’elles étaient - ma plus grande victoire. En espaçant nos rencontres de plusieurs jours, afin qu’elles ne me voient pas porter deux fois la même toilette, ainsi qu’en coiffant mes cheveux comme je les avais vu le faire à de nombreuses reprises, j’étais parvenue à imiter leur apparence du mieux que je le pouvais avec les moyens en ma possession.
Jamais elles ne me demandèrent l’étendue de ma fortune, ni l’école où j’étudiais. J’avais appris à écouter et à répéter ce qu’elles disaient chaque fois que l’on se retrouvait pour converser en picorant des scones : « les professeurs sont sévères mais je me suis beaucoup améliorée », « Mère me dit que je suis devenue une excellente musicienne, vous devriez m’entendre jouer du violon ! », « je me suis acheté une nouvelle parure, n’est-elle pas fabuleuse ? ». Tant que je ne déviais pas de ces anedotes, elles ne soupçonnaient rien, et je pouvais profiter de la compagnie de personnes respectables, à l’inverse de mes parents.

Ma sœur devina que quelque chose se tramait avant même que je n’essaie d’en discuter avec elle, aussi, puisqu’elle m’avait fâchée, je décidai de ne pas la mettre dans la confidence et d’ignorer ses questions récurrentes : « l’école est terminée depuis trois heures, que faisais-tu dehors ? », « pourquoi est-ce que tu travailles tes cheveux comme ça pour aller voir tes amies ? », « et pourquoi est-ce qu’elles ne viennent jamais à la maison ? ». Parce que j’ai honte, songeais-je sans oser lui confier. Abigail ne comprendrait pas, elle était bien trop indulgente, du haut de ses douze ans ; mais j’en avais quatre de plus, et mener la vie que nous menions était un fardeau plus lourd que les paniers de Mère au marché. Je me sentais emprisonnée dans cette existence pour laquelle je n’étais pas destinée, j’étouffais dans le corps de Pauleen Berry et j’aspirais à plus, à tout ce qui m’était interdit par ce nom maudit. Ce que je désirais, c’était leur vie à elles, à ces amies qui ne me connaissaient pas assez pour savoir que je n’étais pas l’une de leurs semblables mais une pauvre miséreuse, à qui elles n’auraient jamais adressé la parole, sans tous les efforts que je fournissais chaque jour pour leur plaire. Ah que je détestais mon sort, ma maison, jusque même mes parents, qui m’avaient condamnée à une vie de malheurs. Je n’étais pas comme eux : cela ne me suffisait pas.

Chaque fois que j’allais à l’école le matin, c’était la même routine. J’avais l’impression que l’odeur de la boucherie s’accrochait à mes vêtements pour ne s’atténuer que lorsque je me joignais à la masse répugnante des filles du quartier. Ma propre senteur semblait ridiculement faible à côté de celles qui travaillaient avec leurs parents à la pêche ou aux égouts. Moi, je refusais de les aider quand je le pouvais : parfois j’avais la chance de ne pas me faire remarquer lorsque je me faufilais discrètement hors de la boutique pour rejoindre mes amies, d’autres fois, Abi me voyait sortir et alors par sa faute, on me rabrouait et me ruait de coups, jusqu’à ce que je me joigne à l’affaire familiale. « Tu seras bien heureuse de savoir couper la viande quand tu hériteras de la boutique. La boucherie, c’est ton avenir, alors tu ferais bien de t’y mettre bon sang. Tu as déjà l’âge de travailler, alors arrête donc tes manières et fais ce que tu dois faire. Les robes, ça se paie ». Ce discours, je le connaissais par cœur, tellement que j’aurais pu le réciter à sa place, si j’avais encore l’audace de m’exprimer lorsque Père rangeait sa canne. Cela ne le rendait pas moins abject : si tout ce que la vie me réservait était ce travail ingrat et dégradant, à quoi bon continuer ? Je me rassurais en me convainquant qu’avec un peu de chance, j’éviterai de me couper un doigt – ou plus – comme Donnie, le fils du boucher de Westminster. Il était bien gentil mais mutilé comme il l’était, je doutais qu’il plaise beaucoup aux dames. Avoir encore tous ses membres, c’était quelque chose d’important lorsqu’on voulait séduire : personne ne voulait d’un estropié, moi la première. Il avait tenté de me faire la cour, de façon plutôt maladroite. Son père connaissait le mien, alors le pauvre garçon avait décidé de tenter sa chance en se présentant un jour à la boutique pour me proposer son aide, alors que je tentais vainement de découper proprement une pièce de viande pour un client. « C’est comme ça qu’il faut s’y prendre Pauleen, m’avait-il dit en prenant l’un des couteaux posés sur la table afin de me montrer. Cela aurait pu être touchant si nous n’avions pas été en train de manipuler le cadavre d’un animal ; mais le plaisir qu’il prit à faire son travail – le mien – me répugna plus encore que son infirmité, et je le chassais de la boutique. Ce soir-là, je m’endormis en pleurant : toutes mes pensées me ramenaient à lui, et à ce futur qui semblait me poursuivre. Un avenir indigne pour une jeune fille insignifiante.

De toutes les personnes de mon entourage, aucune ne semblait voir véritablement ce qui se cachait sous mon tablier de bouchère. Ma sœur me pensait trop coquette, Mère irréfléchie et Père trop naïve. Ils avaient tout faux : j’étais simplement ambitieuse – plus qu’ils ne l’avaient jamais étés. C’est pourquoi lorsque je le rencontrais, je sus sans l’ombre d’un doute que Dieu l’avait placé sur mon chemin pour m’aider à accomplir mon destin. Son allure ne payait pas de mine ; j’oserais même dire que ma parure resplendissait plus que la sienne ce jour là – et l’on parle ici d’une vulgaire robe de coton trois fois trop grande pour mes jambes encore trop courtes, c’est dire – pourtant, un certain charme émanait de sa personne, si bien que j’avançai presque malgré moi pour observer son art, sans me douter un seul instant de la chance que j’avais su saisir à ce moment précis.

« Ce portrait est fabuleusement beau » le complimentai-je en essayant tant bien que mal d’utiliser les termes adéquats. Mes amies étaient plus adeptes de musique que de peinture, aussi avais-je du mal à me figurer comment l’on devait s’adresser à un artiste, de façon gracieuse – méritaient-il seulement un tel traitement de ma part ? Comment donc une dame se serait comportée à ma place ?
Je pris la décision de ne pas m’en soucier cette fois-ci, car je trouvais que le jeune homme méritait amplement les louanges que je lui avais faites : c’était là un véritable chef-d’œuvre, de ceux que l’on trouvait chez les gens de qualité.

Il hocha distraitement la tête en donnant encore quelques coups de pinceaux par-ci par-là. Je n’y comprenais strictement rien, mais je me doutais qu’il devait y trouver un sens, lui. Cela ne justifiait pas de m’ignorer ainsi cependant, alors je fis entendre ma voix une fois de plus, dans l’espoir qu’il se retourne et me remercie, comme le voulait la bienséance.

« Monsieur, votre travail m’impressionne »

A ces paroles, il daigna enfin se retourner. Je devinais à son regard perplexe qu’il s’attendait à ce que je sois déjà partie ; alors je décidais de le pardonner, en me disant qu’il n’était peut-être pas courant de rester observer un artiste pendant qu’il peignait.

« Vous le voulez ? Pour vous, il sera seulement à 8 shillings, jolie demoiselle »

Sa proposition me fit rougir d’embarras. Non seulement je n’avais pas l’habitude de recevoir de tels compliments de la part d’inconnus – en particulier lorsque j’étais vêtue de la sorte – mais je n’avais surtout pas les moyens de m’offrir ce genre de luxe : les œuvres d’art, ce n’était que pour les personnes excessivement riches ; et j’étais loin de l’être.

« Pas aujourd’hui Monsieur, j’ai à faire », m’excusai-je. Cela avait beau être un mensonge, j’étais sincèrement désolée de ne pas être en mesure de lui acheter le fruit de son travail. Cela me laissait néanmoins le loisir de prendre congé, ce dont je comptais bien profiter - j’étais déjà bien honteuse de ma toilette et de mes cheveux ébouriffés avant de le rencontrer, mais désormais je songeais une fois de plus à cet argent que je n’avais pas, et que j’aurais pu dépenser à ma guise, si seulement l’on m’en avait offert la chance.

« Si vous ne l’aimez pas, peut-être préférerez-vous y voir votre propre visage. Il est si tendre et si aimable. »

Je ne m’étais pas éloignée assez vite pour échapper sa dernière remarque, qui me pétrifia. Moi ? Sur une peinture ? Il aurait fallu être fou pour ne serait-ce qu’y penser. Oui, cet homme devait être dément pour proposer une telle chose à une fille telle que moi. Tu n’as pas été assez subtile, il a deviné que tu ne pouvais pas le payer, me sermonnais-je. Maintenant, il se joue bien de toi petite sotte.
Mais une part de moi ne pouvait s’empêcher d’imaginer mes traits à la place de ceux de la dame représentée sur le tableau. Tu n’as qu’à mentir, il pensera que tu peux le payer, et il te laissera tranquille une bonne fois pour toute, conclus-je, fière de moi.

« Pour combien feriez-vous cela Monsieur ? »

En me voyant retournée, il esquissa un sourire qui fit bondir mon cœur et rosir mes joues.

« Je n’oserais vous faire payer alors que vous me rendriez service Madame. Songez au succès que connaîtra ma toile. Lorsque les citoyens de Londres verront votre beauté, je serais ridiculement riche ! »

Il rit, et je l’accompagnais volontiers.

« Qu’en dites-vous ? Serez-vous ma prochaine muse ? »

Je hochais la tête, incapable de prononcer le moindre mot. J’étais extatique ; tout ce que je désirais à présent, c’était rentrer à la maison pour raconter ça à Abi, lui dire que sa sœur était belle, et qu’elle pourrait réussir grâce à sa beauté plutôt qu’à son talent, comme les dames le faisaient si bien. Je voulais lui expliquer qu’elle aussi avait sa chance - elle n’avait pas les traits grossiers pour son âge – et que nous n’avions pas à être bouchères, comme Père et Mère. Nous pourrions juste être plaisantes et cela suffirait.

« Quand aurais-je la chance de vous revoir Madame ? » me demanda-t-il, et je me retiens de lui répondre « au plus vite », car je ne voulais pas me montrer trop impatiente devant lui. J’aurais tout le temps de m’en réjouir ce soir au repas, lorsque je l’annoncerai à tous.

« Dans trois jours », lui proposais-je, et le rendez-vous fut arrangé.

Ce ne fut que sur le chemin du retour que je pris conscience du fait que je n’avais en moi rien d’élégant ou de gracile et que j’ignorais tout de l’art de poser pour un peintre. Je me dis qu’il était probable que je me ridiculise face à lui, et qu’il se rende compte de la supercherie que j’étais : rien de plus qu’une souillon déguisée en demoiselle. Oui, il me renverrait bien vite chez moi lorsqu’il verrait que je n’était la muse qu’il lui fallait, et je rentrerais bien malheureuse à la maison. Que dirais-je alors à mes parents ou à ma sœur, qui se ferait une joie de voir mon portrait ? Que j’ai échoué car j’étais trop vilaine ? Que je n’aurais jamais du accepter sa proposition sans y réfléchir à deux fois? Je ne me souviens pas avoir douté autant que ce soir-là, alors que je marchais piteusement vers la maison, découragée. Ma décision était prise : je n’en ferais pas part à Abi, ni à Père et Mère, qui me traiteraient d’inconsciente. Je n’aurais qu’à faire de mon mieux, et si je parvenais à mes fins, je partagerai alors cette excellente nouvelle avec eux, quand ils ne pourront que se réjouir pour moi. Par la suite, peut-être même que Père accepterait de me donner plus de pièces pour mes parures et mes rubans.

Chaque jour je repassais ma garde robe au peigne fin de façon à sélectionner celle qui serait plus à même de lui convenir. Semblerais-je trop jeune habillée de rose ? Trop médiocre habillée de gris ? Tout en gardant la chose secrète, j’interrogeais mes amies sur la question : quelle couleur était à la mode ces dernier temps ? J’avais cru voir des ladies vêtues de bleus et de verts, mais je n’étais pas sure que ces couleurs m’aillent au teint ; et je devais être parfaite ce jour là. Aussi, je fis tout ce qui était en mon pouvoir pour paraître plus jolie que je ne l’étais : j’empruntai un ruban à Elisabeth, je partis nettoyer ma robe alors qu’Abi s’était déjà occupée du linge, et je volais quelques pièces à Mère afin de m’acheter un  nouveau savon parfumé. Sur sa toilette, je trouvais même de la poudre et du rouge que je me promis de lui rendre une fois mon portrait terminé. Je n’aurais pas pu le lui demander ; si je l’avais fait, elle aurait exigé des explications que je n’étais pas prête à lui donner. Pas encore tout du moins. Le plus dur fut l’attente. Un sourire un peu idiot était fixé sur mes lèvres rien qu’à l’idée de poser, si bien que ma famille le remarqua aussitôt.

- Eh bien, je n’aurais jamais cru te voir aussi heureuse d’aller au marché ! S’exclama ma mère lorsqu’elle me vit saisir le panier de légumes.

Ce qu’elle ignorait, c’est que c’était l’idée même de ne plus avoir à y retourner qui m’animait ainsi. Je tentais de me convaincre de ne pas me faire d’illusions – que je ne deviendrai pas célèbre à la suite d’un seul et unique portrait – mais l’enthousiasme du peintre était contagieux, et je ne pouvais m’empêcher d’imaginer les invitations que je recevrai lorsque l’on verrait mon portrait dans la rue. Je serais sans doute en mesure de rembourser ma dette auprès de Mère et de payer un nouveau ruban à Elisabeth. Il m’avait dit que mon visage serait connu à travers Londres, il ne pouvait pas en être autrement. Il s’y connaissait, lui, c’était un grand artiste.

Plus les jours passaient, plus le moment de faire mon entrée dans le monde approchait. J’étais à la fois nerveuse et surexcitée à l’idée que l’on me reconnaisse enfin – et autrement que comme la fille du boucher. Tous ces gens qui achèteraient mon tableau, ils ne sauraient pas qui j’étais. Ils se diraient que je suis une grande dame, et qui m’empêcherait alors de me faire passer pour telle ? J’avais menti assez longtemps aux belles bourgeoises de Westminster pour faire de même avec des ladies tout aussi sottes. Je n’aurais ni besoin de fréquenter les plus intelligentes ni les plus exquises; à l’inverse je comptais sur celles que la Nature n’avait pas gâtées en terme de beauté comme de perspicacité. Celles qui ne se douteraient pas un seul instant que nous n’avions pas le sou.

Le jour venu, je m’efforçais de duper le peintre de la même manière. J’aurais du travailler à la boucherie avec Père ce matin-là, aussi, le fait que je me réveille à l’aube n’éveilla aucun soupçon chez ma jeune sœur qui se rendormit quelques minutes plus tard. J’attendis qu’elle replonge dans un sommeil profond pour sortir la robe que j’avais sélectionnée ainsi que les accessoires que j’avais dérobés, le temps de quelques heures. Mère m’avait déjà appris à me maquiller pour les grandes occasions mais je me savais assez maladroite pour ne pas réussir à reproduire ses gestes sur mon propre visage. Lorsque je recommençais au moins trois fois à appliquer le rouge sur mes joues, je me félicitai d’avoir pensé à prendre de l’avance ce matin là. Il fallait du temps et de l’expérience pour ressembler à une grande dame, mais j’étais satisfaite du résultat final. En m’observant sur le reflet de la fenêtre, je n’y voyais plus une vulgaire bouchère, mais une douce demoiselle, prête à faire ses premiers pas dans la société. Avec une confiance nouvelle, je demandais à une voiture de s’arrêter pour m’emmener au point de rendez vous dont nous avions décidé. Comme j’ignorais combien coûtait ce genre de trajet, j’avais pris parti de récupérer quelques autres pièces à la maison, afin d’être en mesure de payer le cocher.

- Une balade à cette heure là mademoiselle ? M’interrogea le vieil homme.

Je rougis à ces manières auxquelles je n’étais pas encore habituée, mais qui me deviendraient bientôt familière, rêvassai-je en gloussant.  

- C’est pour retrouver un jeune amant, n’est-ce pas ? Les racontars, ça fonctionne pas avec moi, commença-t-il à déblatérer, sans que je ne l’écoute réellement. A vrai dire, je perdis le fil de la conversation lorsqu’il me conseilla de ne pas trop m’attarder dehors.

- Mais bon, j’prèfère voir une jolie p’tite dame se promener à cette heure là qu’la nuit. Les rues sont pas sûres dehors, et puis on pourrait se faire des idées sur vous.

Lorsque nous arrivâmes, je déposais délicatement les pièces dans ses mains, en prenant garde à ne pas les toucher. Son odeur m’horripilait, et je craignais qu’elle ne s’accroche à moi comme celle de la viande lorsque je sortais de la boutique ; ce n’était vraiment pas le moment. Je le remerciais tout de même comme le voulait la bienséance et m’en allait rejoindre mon nouvel ami. Lorsque je ne le vis pas au point de rendez-vous, je commençais à m’inquiéter : avait-il soudainement changé d’avis ? Avait-il finalement compris que je n’étais pas faite pour cela ? Je m’efforçais de reprendre mon calme en prenant une grande inspiration : il viendrait, il était juste un peu en retard. En temps normal, je me serais sans doute assise sur les pierres qui faisaient la devanture de l’échoppe face à moi, mais je ne voulais pas réduire à néant mes efforts d’aujourd’hui en salissant ma robe ; et qu’aurait-il donc pensé de moi s’il m’avait vue ainsi posée sur le sol ? Non, c’était hors de question. Pas aujourd’hui, me dis-je.

Après ce qui me semblait être des heures, mes chaussures eurent raison de ma résolution, et je consentis à m’asseoir afin de reposer mes pieds, qui n’avaient jamais autant soufferts. N’ayant pas réellement de souliers à ma taille ni qui ne soient usée par le temps ni qui n’aient perdu leur couleur, j’avais choisi parmi les deux paires d’Abi celles qui conviendraient le plus à ma tenue – mais je n’aurais jamais cru qu’ils seraient si petits. Quand donc avais-je donc trouvé le temps de grandir autant ? Je me souvenais encore de l’époque où ma sœur et moi portions les mêmes chaussures et les mêmes jupons trop longs. Mère disait que je devenais une femme, mais je ne faisais aucune réelle différence entre nous deux : nous avions l’une comme l’autre le visage arrondi caractéristique de l’enfance, les mains potelées et les jambes trop courtes pour atteindre les étagères les plus hautes de la cuisine. Je n’avais rien d’une femme, croyais-je alors.

Toute la soirée durant, j’attendais l’arrivée de mon peintre. Qu’est-ce qui pouvait le retarder autant ? Avait-il eu un imprévu, une urgence ? Etait-il blessé ? L’avait-on volé ? Lorsqu’il montra enfin le bout de son nez, je lâchais un soupir soulagé. Je n’avais même pas le cœur de le lui reprocher tant j’étais heureuse de le voir.

- J’ai cru que vous m’aviez oublié, lui avouais-je les yeux rivés sur le sol, afin d’éviter de croiser son regard critique. Je n’étais pas encore prête à entendre ce qu’il pensait de ma tenue ni de mes cheveux ; et toujours embarrassée à l’idée qu’il m’ait vue dans une posture si indigne de ma personne.

- Comment pourrais-je oublier une demoiselle aussi charmante ? Répondit-il alors.

J’en avais le souffle coupé : il me trouvait donc belle. Même si j’avais tout fait pour l’être bien plus que je ne l’étais d’ordinaire, son commentaire m’avait stupéfiée. J’étais incapable de lui répondre ou d’esquisser le moindre geste que ce soit, alors je me contentais de toussoter, gênée par ma propre réaction démesurée.

- Si vous êtes prête mademoiselle, je vous prie de me suivre, m’invita-t-il en me proposant son bras, tel un gentleman. Comment aurais-je pu refuser ?

Il me mena jusque dans un atelier miteux, dans lequel j’hésitais à entrer. S’il ne m’avait pas tirée par le poignet pour que je m’y aventure, sans doute n’aurais-je pas passé la porte.

- Je vous laisse le loisir de vous installer, m’indiqua-t-il tandis qu’il se dirigeait lui-même vers le matériel de peinture que j’apercevais à peine au fond de la pièce. Rien de plus que quelques pinceaux abîmés et des toiles blanches posées sur des chevalets bancals. Un instant, je me demandais s’il ne s’était pas trompé d’endroit : je doutais qu’un artiste tel que lui pratique son art dans de telles conditions. Mais qu’en savais-je après tout ? Peut-être était-il un homme humble et simple qui trouvait son inspiration dans l’instabilité. Père m’avait toujours répété que les artistes étaient des hommes inconstants, mais je n’avais jusque là jamais eu l’occasion d’en prendre conscience.

Il me demanda de me montrer naturelle et surtout, de m’amuser ; mais j’avais conscience de n’être capable d’aucun des deux. Alors je me comportais comme mes amies lorsqu’elles se reposaient sur les bergères d’Elisabeth après une journée de comérages ; je m’asseyais et tentais de sourire en restant immobile.

- Non, non, non, ça ne va pas.

Il me l’avait dit d’un ton sec et désagréable mais il avait raison, alors je ne lui en voulais pas. Depuis son siège en bois, il me donnait des instructions, que je tentais de suivre tant bien que mal. Mais il fallait l’admettre, je n’étais pas à l’aise du tout, et cela devait se voir. Parfois je l’observais secouer la tête et je soupirais, honteuse. Alors il me souriait et me disait que c’était normal de ne pas savoir quoi faire la première fois, puis il me laissait réessayer. Ce ne fut que lorsqu’il se rendit compte que j’étais une cause perdue qu’il se leva pour s’asseoir à mes côtés. Je m’attendais au pire : à ce qu’il me dise de sortir, que le portrait était annulé, qu’il avait trouvé quelqu’un d’autre. Mais il s’était contenté de fixer tour à tour mes bras et mes  jambes, avant de me demander :

- Puis-je ?

Je ne comprenais pas le sens de sa question, alors j’opinais sans rien dire. Il saisit alors délicatement l’un de mes bras pour le poser sur l’accoudoir, en pliant légèrement mes doigts afin donner l’impression que je m’y accrochais. De l’autre main, il souleva l’une de mes jambes pour la placer en travers du fauteuil, fléchie. J’avais conscience du moindre de ses mouvements, qui faisait battre mon coeur chaque fois un peu plus vite. Plus, il posa prudemment la main sur ma joue et je retins mon souffle. Je me savais rouge comme une pivoine, et les yeux fuyants.

- Regarde moi, m’ordonna-t-il.

J’obéis dans un silence déconcerté. Il releva mon menton, remis en place quelques mèches puis en défit d’autres, pour finalement reculer et observer son œuvre.

- Parfait, complimenta-t-il avant de retourner à son poste. Je n’étais supposée être là que pour le travail, pourtant, j’aurais aimé que cette proximité dure plus longtemps. J’aurais aimé sentir de nouveau ses doigts sur mon visage et ses mains sous ma robe.

-Maintenant ne bouge plus.

Et il peint. Il peint le reste de la journée, sans rien dire de plus que les louanges qui lui venaient à l’esprit à mesure que l’inspiration s’emparait de lui. « Magnifique », « splendide », « fabuleuse ». Je savais qu’il les adressait bien plus à lui qu’à son modèle, mais j’en étais tout de même fière. N’étais-je pas après tout le sujet de son œuvre d’art ? Sa muse ? Je me délectais de ce sentiment de grandeur qui m’était encore inconnu. Pour la première fois de ma vie, je me sentais importante – et j’adorais ça.

- Combien de temps cela va-t-il encore prendre ? Lui demandais-je après de longues heures d’attente, immobile.

- Cela sera tout pour aujourd’hui, Mademoiselle.

Il saisit alors ma main gantée pour m’aider à me relever. Mes jambes avaient du mal à soutenir mon poids, et je m’appuyais naturellement sur lui, sans y réfléchir. Il ne parut pas s’en offusquer et s’accorda même la liberté de me tenir le bras tout le chemin du retour, sous prétexte qu’il ne supporterait pas que je me blesse par sa faute. N’était-il pas le seul fautif si mes jambes ne répondaient plus ? C’était lui qui m’avait demandé de rester ainsi assise, me rappelait-il, alors m’aider à marcher était la moindre des choses. Il ne me lâcha que lorsque nous arrivames près de chez moi, alors je prenais congé en un simulacre de révérence et je m’en allais retourner à la boutique.

Lorsque je rentrai ce soir-là, je savais que j’aurais droit à un sermon de Mère et à un soufflet de Père pour avoir manqué une journée de travail. Même la jeune Abi me dévisageait méchamment pendant le repas. Je ne leur en voulais pas car j’étais la seule fautive, je méritais ce traitement. Je ne regrettais rien de ce que j’avais fait aujourd’hui, et j’étais prête à recommencer tous les matins s’il le fallait. Ils ne pourraient pas m’en empêcher.

Et c’est ce que je fis. Me maquiller et me vêtir pour nos rendez-vous était devenu une délicieuse routine à laquelle je me prêtais avec plaisir. Nous nous retrouvions et il me guidait chaque fois dans le même atelier sordide pour poser tout la journée. Parfois lorsqu’il se montrait généreux, il m’offrait un repas le midi. Autrement j’attendais celui du soir, qui suivait ma brimade quotidienne, pour manger. De toutes les façons, je n’avais pas faim lorsque je posais, et j’avais bien trop peur que mon ventre ne gonfle sous ma robe. Que penserait-il alors de moi ?

Voyant que je ne savais prendre les poses qu’il me demandait de garder, il venait chaque fois les modifier lui-même, comme il l’avait fait le premier jour. Et chaque fois j’attendais ce moment avec impatience – celui où nos deux peaux entreraient en contact. J’avais décidé de ne jamais apprendre à poser.

Nos séances se répétèrent pendant un mois, avant qu’il ne m’annonce que le tableau était enfin achevé. Lorsqu’il me le dit, je me précipitais vers son œuvre pour l’observer – pour m’observer. Car c’était bien moi qui apparaissait peinte de roses et de blancs, sur la toile autrefois immaculée. A cette vue, je serrais sa main dans la mienne et le remerciais de tout cœur. Jamais l’on ne m’avait offert un tel cadeau. Bien sûr, il ne m’appartenait pas de le garder ; mais je n’en aurai pas voulu même s’il me l’avait proposé. Mon peintre et moi-même avions le même objectif : vendre ce chef d’œuvre pour en tirer de l’argent. Il pourrait alors racheter du matériel de peinture et moi de nouvelles robes, nous prendrions nos cafés à Londres le matin et nous recommencerions à vendre des tableaux indéfiniment, jusqu’à ce que sa main ne se mette à trembler et que ma beauté ne se fane.

Malheureusement, nous fumes bien vite rattrapés par la réalité : ses peintures ne se vendaient pas. Les passants dans la rue jetaient à peine un coup d’œil distrait à mon visage qui les invitait pourtant à donner quelques livres pour m’emporter. Rien ne faisait : je ne connaissais pas le succès qu’il m’avait promis. Il garda le même matériel usé, je conservais mes vieilles parures décolorées et nous recommencions dans l’espoir que le prochain fonctionne. Il était persuadé qu’en redoublant d’effort, nous augmenterions les ventes ; et une fois de plus, je lui accordais ma confiance. Et je posais, à m’en engourdir les membres, à en tomber de sommeil. Désormais lorsqu’il venait vers moi, c’était pour me secouer le bras et m’intimer de me réveiller et de reprendre ; mes poses, je les connaissais maintenant par cœur. Cela dura deux ans. Deux ans de rêves brisées et d’espoirs mourants.

Plus nos ambitions s’évanouissaient, plus nous nous rapprochions. Parfois, lorsqu’il arrivait énervé à l’atelier après avoir tenté de vendre un nouveau portrait, il me hurlait dessus et j’essayais de le calmer en lui faisant bouillir du thé et en lui murmurant de douces paroles. Il changeait constamment mes poses, il bougeait parfois même le tissu à présent, en plus de mes membres. Il remontait un peu plus haut ma robe, abaissait une manche. Je rougissais mais n’osais rien dire : j’étais prête à tout pour redessiner un sourire sur ses lèvres.

Une fois, sa main s’attarda sur la fine peau de mon poignet et il retira doucement mon gant, comme pour ne pas me brusquer. Je le laissais faire, pantelante, en espérant de tout mon cœur qu’il porte ma main désormais nue à ses lèvres. Ce jour-là, il ne retira pas que mon gant, mais j’étais satisfaite, car il l’était aussi. Il me rendait heureuse et j’étais ravie de pouvoir le remercier de la façon dont il le souhaitait. Nous ne vendions pas de tableaux, mais nous étions comblés. Tout du moins était-ce ce que je croyais avant qu’il ne me tende une enveloppe remplie de pièces. Je lui lançais un regard interrogatif, auquel il me répondit par un rire mesquin.

- Je ne peux pas te payer pour poser, mais je peux payer pour te posséder. Ce sont vraisemblablement les seules instructions que tu sais suivre.

Il m’avait blessée plus que je n’avais voulu le lui montrer. Suite à cela, je l’avais évité pendant des jours, manquant nos rendez-vous artistiques pour travailler dur à la boutique. Père et Mère pensaient que je voulais me faire pardonner pour les années que j’avais passé à folâtrer dans les rues de Londres en les abandonnant à leur triste sort ; mais il n’en était rien. Je ne voulais pas croiser de nouveau son regard avide, car cela signifirait qu’il ne m’aimait pas plus qu’il n’aimait les filles publiques que nous croisions chaque soir sur le chemin du retour.

Un après-midi, je le vis au pied de la boutique. Il m’attendit jusqu’à la fin de la journée et me supplia de l’écouter lorsque je passais la porte. Ce n’est qu’à contrecœur que j’acceptais, et Dieu sait que je n’aurais pas du, car c’est bien cela qui fit tomber mes dernières défenses.

- Tu veux cet argent, je l’ai vu dans tes yeux. Moi je te veux toi, tu l’as vu aussi, n’est-ce pas ?

J’acquiesçais, furieuse envers moi même de me montrer aussi faible face à lui.

- Alors pourquoi ne pourrions-nous pas régler cette affaire ensemble, qu’en penses-tu ? Tu pourrais t’acheter de nouvelles robes, te balader avec ces filles de Westminster dont tu ne cesse de me parler. Elles te croiraient riches, importante. Ce n’est pas ce dont tu as toujours rêvé ?

Ses arguments venaient répondre à mes nombreuses interrogations et effacer les doutes qui jusqu’ici persistaient : je n’avais jamais utilisé son argent, et ne le désirais pas. Mais ne m’appartenait-il point à présent ? J’avais travaillé pour lui, ne pourrais-je pas alors considérer ses paiements comme le versement de l’argent qu’il me devait pour avoir été son modèle pendant deux ans ? Nos relations ne seraient qu’un agréable supplément.

- Je ne suis pas …commençai-je avant qu’il n’achève ma phrase.

- Pas comme les autres filles de joies. Non Polly, tu es bien plus que cela pour moi, m’avoua-t-il en prenant mes mains dans les siennes, comme il l’aurait fait à la fiancée qu’il n’aurait sans doute jamais ; et que j’aurais pu être. Mais les femmes telles que moi n’avaient pas cette chance. Elles étaient bouchères ou putain. Le choix n’était pas au menu. Je le quittais devant la porte de la boucherie, convaincue que de mon vivant, jamais je ne lui offrirai ma dignité.

J’allais m’acheter une nouvelle robe dès le lendemain, avec l’argent qu’il m’avait donné. Une paire de chaussures à ma tailles et neuves également, pour l’assortir élégamment. Cela n’avait pas suffit à me racheter blouses et rubans mais j’étais fière de mes nouvelles acquisitions, et déterminée à me pavaner avec devant mes amies. Elles n’avaient pas à savoir d’où ma soudaine entrée d’argent venait. Elles ne me le demanderaient pas, réalisais-je en y réfléchissant bien.

Le surlendemain, je rassemblais les quelques pièces qu’il me restait pour compléter ma tenue : avec quoi, je l’ignorais encore. Grand Dieu ! Je ne savais même pas si j’avais assez pour acheter de quoi me nourrir s’il m’avait fallu le faire ; mais je persistais à arpenter les rues de Londres à la recherche d’un nouvel accessoire. Mes vêtements neufs avaient étés tant appréciés que je ne pouvais décemment pas les décevoir cette fois-ci. Je m’arrêtais devant la boutique d’un chapelier, dont l’une des créations attira mon attention.

- C’est ce qu’il me faut, me dis-je en passant la porte.

Le prix refroidit mes ardeurs ; alors je regardais piteusement les deux pièces qu’il me restait en main, consciente que cela ne suffirait pas. C’est à ce moment là que je repensais à ce que mon peintre m’avait dit. Face à cette merveille de couture, l’idée ne me paraissait pas si sotte : après tout n’aurais-je pas besoin de me sacrifier tant que ça afin d’obtenir ce que je désirais. N’avais-je pas consenti à ses pulsions inévitables ? Pourrais-je y consentir une fois encore ?

Les semaines qui suivirent me prouvèrent que oui, j’en étais bel et bien capable. Il n’était pas bien riche, mais la monnaie qu’il me donnait me suffisait à payer ce dont j’avais besoin : produits de beauté, soin de la peau, poudre, rouge et noir de qualité et vêtements élégants. J’espaçais mes achats autant que je le pouvais, de façon à ne pas céder à mes propres instincts acheteurs.

- Je ne pourrai plus te payer Polly, m’annonça-t-il pourtant un matin, alors qu’il m’avait accompagnée tout spécialement jusque chez lui. A cette nouvelle, mon visage s’était crispé tandis que mes mains serraient malgré elle le peu d’argent qu’il me restait.

- Je ne comprends pas…

A vrai dire, je comprenais tout à fait : il avait désiré noyer ses chagrins dans l’alcool et les femmes, et ces dernières l’avaient ruinées. J’ignorais si j’étais sa seule amante ; mais je l’espérais sincèrement – à la fois pour ses finances et mon orgueil.

- Je n’ai plus assez d’argent pour continuer, les tableaux ne se vendent pas.

Ca, je le savais bien, j’en avais même été témoin à de nombreuses reprises.

- Mais je suis sure que d’autres pourraient vouloir...Ce que je veux dire, c’est que ça ne me dérange pas de te partager, clarifia-t-il enfin en observant ma réaction d’un œil inquiet. Je ne savais pas à quoi il s’attendait : à ce que je lui lance ses pinceaux colorés à la figure ? A ce que je jette ses pigments par la fenêtre ou que je lui fasse une scène afin que les passants nous entendent depuis la porte ouverte ? Je n’en fis rien. Cette fois-ci, il ne m’avait pas saisit les mains car aucun homme n’aurait fait cela avec une courtisane ; ce que j’étais à présent. Les femmes telles que moi n’avaient pas cette chance. Elles étaient bouchères ou putain. Le choix n’était pas au menu. Je le quittais devant la porte de l’atelier, convaincue que de mon vivant, jamais je ne leur offrirai ma dignité.

CARACTÈRE ET TEMPÉRAMENT

Polly est un brin de fille pétillante et enthousiaste, que la vie n’a su renverser. Elle se dit souvent ambitieuse, mais au fond, ce n’est qu’une rêveuse qui imagine son existence différemment, même si elle n’ose pas faire le premier pas pour y changer quoi que ce soit. Elle aime se croire indépendante car son métier lui permet un certain confort financier, pourtant, il n’a rien d’autonome chez la jeune fille qui est incapable de faire quoi que ce soit par elle même : de la cuisine à la couture, Pauleen connaît à peine les notions théoriques. Elle a pris l’habitude de laisser sa famille et ses amis s’occuper d’elle, comme une lady l’aurait fait avec ses laquais ; mais elle n’est pas une riche demoiselle et n'a pas encore pris conscience du fait que ses proches ne seront pas toujours là pour elle. Car toute sa vie tourne autour de ça : l’espoir de changer son destin et de devenir une personne importante. Elle aspire à plus que son train de vie qui l’ennuie au plus au point et idolâtre les gens de qualité dont elle aimerait tant faire partie, au point de concentrer tous ses efforts dans l’objectif de leur ressembler. Elle est prête à effacer sa propre personnalité et son caractère réservé et timide si cela peut lui permettre d’arriver à ses fins : elle méprise les individus de sa classe sociale, refuse les avances des autres commerçants, et rêve d’un prince charmant qui viendrait la délivrer de son existence morne.  

Malheureusement pour elle, sa profession ne l’a pas rendue réaliste mais plus naïve encore ; car elle s’attache toujours autant aux personnes qui lui accordent un tant soit peu d’attention. Elle est persuadée que l’un de ses clients sera l’homme parfait, celui dont elle a toujours rêvé, et les aime tous un petit peu, d’une façon différente chacun. Et ils pourraient lui raconter quoi que ce soit qu’elle les croirait sur parole – pourquoi donc est-ce qu’ils lui mentiraient ? Au fond, tout ce qu’elle peut faire, elle le fait dans le but de ne pas être seule, car c’est bien là ce qu’elle redoute le plus : redevenir la Pauleen terne et insignifiante qu’elle a été pendant des années. Cela, elle ne pourrait pas le supporter.
CARACTÉRISTIQUES PHYSIQUES

Comme tous les matins, je tressais mes cheveux blonds pour les rassembler en une coiffure pratique et efficace pour travailler à la boucherie, à la sortie de l’école. J’avais bien du mal à les nouer ce jour-là, car Mère me les avait coupés afin qu’ils ne tombent pas sur la viande de nos clients. J’étais forcée de porter un bonnet, afin de paraître plus présentable et d’éviter ce genre d’incident, mais il était sali par les taches de sang animal depuis longtemps, et même avec les meilleures intentions du monde Abigail n’avait pu les retirer. Aussi, j’évitais de l’attacher le matin, car je savais que cela ne passerait pas inaperçu parmi mes camarades de classe.

Le maquillage était interdit à l’école, à mon plus grand malheur. Lorsque je m’observais dans le miroir, je trouvais mon teint trop rose, mon visage trop rond et mon nez inexistant. J’aurais aimé y appliquer un peu de poudre pour le rendre plus agréable à regarder, comme les grandes dames le faisaient. Mes yeux bleus quant à eux étaient bien trop grands, et même si j’admettais sans hésitation que leur couleur bleu était assez plaisante, elle aurait été mieux mise en valeur par un peu de noir. Je le savais car Mère en appliquait souvent, et ça lui allait très bien. Malgré son âge, elle semblait presque plus jolie lorsqu’elle se maquillait. Cela lui permettait de masquer les défauts sur son visage, que je me surprenais à retrouver de plus en plus sur le mien, à mesure que je grandissais : les plis et les taches foncées sous les yeux, – dus à la fatigue, disait maman -, les marques brunes que le soleil laissait sur la peau. Tout cela pouvait être dissimulé assez aisément. Les cicatrices laissées par les coupures en revanche, c’était une autre affaire, c’est pourquoi je gardais toujours mes gants lorsque je le pouvais.

Mon corps, heureusement, ne portait aucune autre empreinte du travail ingrat qui m’incombait, ma peau était aussi intacte que celle de l’enfant que j’avais été il y a des années : je n’étais jamais réellement tombée d’assez haut pour me faire mal et les seules blessures que j’avais eues étaient de simples éraflures qui avaient bien vite disparu. Je n’aurais supporté de voir le même spectacle affreux qu’offraient mes mains sur mon corps de femme. J’y prenais bien garde.
En somme, je ne me trouvais rien de bien différent de mes comparses de Westminster : j’étais encore de petite taille, mais ça, ça se voyait encore beaucoup chez les jeunes filles de mon âge ; à l’allure assez fine, mais ce genre de silhouettes s’entretenaient, et j’avais toujours fait en sorte de ne pas me montrer trop gourmande, même lorsque la table était remplie au dîner, quitte à entendre grogner mon ventre toute la soirée s’il le fallait ; et la forme de mes hanches commençait à se dessiner, je voyais bien qu’elles n’étaient pas bien larges encore, et qu’elles ne le seraient sans doute pas autant que certaines de mes voisines, mais l’on ne pouvait avoir les hanches épaisse et la taille gracile, et j’avais fait mon choix.




Comme tous les soirs, je défaisais mes tresses blondes pour laisser retomber mes cheveux en une coiffure pratique et efficace pour travailler dans les rues, à la sortie de la boucherie. Là-bas, on ne me forçait pas à porter un bonnet ni un chapeau, et cela aurait été bien peu pratique à tout avouer, si j’avais décidé de m’en vêtir. Je préférais quoi qu’il en soit laisser mes cheveux détachés : j’avais appris à apprécier observer leur longueur lorsqu’ils repoussaient. Mère ne me les coupait jamais bien courts, et je faisais en sorte qu’elle me les coupe le plus rarement possible. En un sens, ça l’arrangeait bien – elle avait d’autres choses plus importantes à faire de sa journée.

Devant la toilette que je m’étais achetée, j’appliquais de la poudre afin de dissimuler les défauts sur mon visage et d’obtenir la peau pale dont toute femme rêvait. Avec précaution, j’appliquais du noir autour de mes yeux bleus, afin d’en accentuer la couleur et je déposais un peu de rouge d’abord sur mes joues, afin de les creuser un peu, puis sur mes lèvres pour les épaissir car je les trouvais trop fines.

Lorsque je sortais le soir, je gardais mes gants, pour dissimuler l’aspect de mes mains. En revanche je retirais ma blouse et changeais de parure pour l’une des robes en mousseline dont j’avais récemment fait l’acquisition et qui mettait en valeur mes formes naissantes. De la même façon, je retirais mon jupon pour ne garder au final que sous-vêtements et corset. La touche finale était la paire de chaussure que je choisissais pour assortir ma tenue : beaucoup de mes collègues n’avaient pas les moyens de se payer un tel luxe et se promenaient dans les rues pieds-nus. Mes souliers neufs étaient la preuve que j’étais soignée ; et je savais que cela suffisait à en convaincre plus d’un.

Dans la vraie vie, je suis...

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Felix J. Adler
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MessageSujet: Re: Pauleen (Polly) Berry ~ You can love her if you pay Pauleen (Polly) Berry ~ You can love her if you pay Icon_minitimeMer 23 Oct - 21:31

Re-bienvenue toi ! hihi
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Ewen O'Hara
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MessageSujet: Re: Pauleen (Polly) Berry ~ You can love her if you pay Pauleen (Polly) Berry ~ You can love her if you pay Icon_minitimeJeu 24 Oct - 3:26

Re-Bienvenuuuue coeur
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Clara Hamilton
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MessageSujet: Re: Pauleen (Polly) Berry ~ You can love her if you pay Pauleen (Polly) Berry ~ You can love her if you pay Icon_minitimeVen 25 Oct - 0:14

Bienvenue avec ce nouveau personnage! coeur
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Allan Quaid
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MessageSujet: Re: Pauleen (Polly) Berry ~ You can love her if you pay Pauleen (Polly) Berry ~ You can love her if you pay Icon_minitimeVen 25 Oct - 13:26

Re-bienvenue, très chère! love

J'espère que tu vas bien t'amuser avec ce personnage! flowerdance
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Pauleen Berry
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MessageSujet: Re: Pauleen (Polly) Berry ~ You can love her if you pay Pauleen (Polly) Berry ~ You can love her if you pay Icon_minitimeVen 1 Nov - 15:47

Merci coeur
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MessageSujet: Re: Pauleen (Polly) Berry ~ You can love her if you pay Pauleen (Polly) Berry ~ You can love her if you pay Icon_minitimeLun 4 Nov - 10:00

Une compagne d'infortune !!

Rebienvenue ma chère coeur coeur
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Felix J. Adler
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MessageSujet: Re: Pauleen (Polly) Berry ~ You can love her if you pay Pauleen (Polly) Berry ~ You can love her if you pay Icon_minitimeLun 11 Nov - 16:01

C'est tout bon pour moi, re-bienvenue parmi nous !



Félicitations, camarade !

« TE VOILA PRÊT À METTRE TA PATTE DANS LA FOURMILIÈRE ! »

Félicitations ! Vous venez d'être validé(e) sur The Anthill: A Victorian Tale ! Nous vous souhaitons un bon jeu parmi nous et nous vous conseillons d'aller consulter les liens ci-dessous. Vous pouvez désormais RP, flooder et faire de nombreuses autres choses. N'hésitez pas à faire votre fiche de liens, celle des RP's ainsi que celle du Journal Intime ! Gardez aussi un œil sur les annonces! Bienvenue parmi nous ! N'oubliez pas que vous avez à disposition un cadre de rp dans la Gestion ! Pour toutes questions, il y a la foire aux questions et suggestions ici !

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MessageSujet: Re: Pauleen (Polly) Berry ~ You can love her if you pay Pauleen (Polly) Berry ~ You can love her if you pay Icon_minitimeLun 11 Nov - 19:58

Merci d'avoir tout lu. Tu es bien courageuse coeur
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MessageSujet: Re: Pauleen (Polly) Berry ~ You can love her if you pay Pauleen (Polly) Berry ~ You can love her if you pay Icon_minitime

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