Je n’ai pas le souvenir de m’être jamais attaché à personne, mise à part ma famille ou Riven. Mais en tout cas, je n’ai jamais eu aucune attache avec mes clients… Jusqu’à ce jour. Commençant à me faire une petite réputation dans cette ville, des chuchotements me parvenaient. Ces  chuchotements me conduisirent alors dans le quartier de Westminster où je devais alors contacter mon client… ou plutôt ma cliente. Il n’était pas rare que l’on face appelle à un tueur à gage quand on est haut dans la société, mais il était toujours difficile pour nous de les contacter sans paraitre suspect. Encore une fois, j’étais habillée en homme, certes, mais j’étais propre sur moi. Encore une fois, j’attendis l’heure de pointe pour passer inaperçu. Je me rendis alors à la dite adresse et me faufila dans une ruelle annexe, attendant la nuit. La nuit venu, j’ai alors grimpé sur le flanc de la maison et je suis allée retrouver ma cliente qui, comme je l’avais demandé, devait accrocher un mouchoir à l’extérieur de la fenêtre de sa chambre pour m’y signaler sa présence. Je m’y rendis alors discrètement et y frappa doucement. Quelle fut ma surprise quand je vis cette beauté face à moi… A tel point que cela me déconcentra légèrement, chose qui n’arrive habituellement jamais. Mais, son sérieux et son histoire me poussèrent à retrouver mon sérieux et à l’écouter calmement. Cependant, j’avais gardé mon chapeau et continuait à me faire passer pour un homme. Elle m’avait demandé de tué quelqu’un que son père venait de lui présenter, avec qui il voulait la marier de force ! Il n’en fallut pas plus pour me motiver… Même l’argent avait peu d’importance à côté de cela.

Et c’est ainsi que Rose et moi nous nous sommes rencontré la première fois. J’ai ainsi tué son premier amant… Une mauvaise chute du haut d’un balcon. Bien entendu, je faisais de mon mieux pour que chacun de ces meurtres aient l’air purement accidentel de façon à ce que, dans le pire des cas, Rose soit vue comme une « fiancée maudite » où tous ceux qui osent poser le regard sur elle finissent mal. Cette idée me plaisait bien et je dois avouer que cela m’amusait et me permettait aussi d’expérimenter de nouvelles choses.

J’ai surement dû faire impression car, pas longtemps après, elle me contacta à nouveau, pour la même raison. A croire qu’elle allait devenir une cliente régulière à ce rythme. Néanmoins, ce n’était pas désagréable de travailler pour elle. Après tout, c’était là une femme d’une grande beauté et d’une grande intéligence. Je mentirais si je disais ne pas être attirée par elle. Pourtant, ses idées concernant les hommes semblaient si proches des miennes… Elle non plus ne comptait pas se laisser faire. J’hésitais à lui dire que j’étais une femme moi aussi et que je comprenais tout à fait son point de vu… Mais j’avais décidé d’accomplir ce nouveau contrat avant. Cette fois-ci je m’étais faite passée pour le cochet du fiacre que j’avais lancé à pleine vitesse dans la Tamise durant la nuit noir. Bien évidemment, j’avais drogué le passager au préalable pour qu’il dorme profondément durant l’accident.

Ceci fait, je retournai alors retrouver Rose chez elle, me dissimulant dans l’ombre, attendant son signal pour me dire qu’elle était seule dans sa chambre. Le mouchoir affiché dehors, je me rendis alors à sa fenêtre et frappa doucement avant de rentrer doucement… Le chapeau bas sur les yeux, cachant une partie de mon visage, je lui répondis alors avec ma voix déguisée de manière à me faire passer pour un homme :

« C’est fait... Cet homme non plus ne vous ennuiera plus. »

Néanmoins, je commençais à me demander si je n’avais pas été démasquée… Etant donné que je n’avais plus tellement envie de me cacher devant elle, indirectement, je faisais moins attention et, à la vue de son intelligence, il n’était pas impossible qu’elle sache avant même que le masque ne tombe.