Jolie petite histoire...
Une jeune femme est assise par-terre, face à un mur de ciment craquelé par les ravages du temps. Dans sa main, une craie de cire de couleur rouge qu'un gardien lui a balancé à travers la trappe de sa cellule, parce qu'elle avait été une bonne fille, parce qu'elle n'a pas fait de crise depuis un mois et qu'elle a obtempéré à prendre ses neuroleptiques sans menacer un gardien de lui arracher les yeux pour en faire des balles de jongle. Elle dessine un chapiteau, et maintenant elle est en train de dessiner une femme commandant à de majestueux chevaux blancs de se lever sur leurs pattes arrières et juste à côté, elle dessine un homme sautant de trapèze en trapèze. Elle laisse tomber la craie de cire à ses pieds, fixe avec intensité ses personnages sur le mur, les caressant du bout des doigts. Le temps file et la jeune femme n'a toujours pas bougé - mais soudain, sans savoir pourquoi, une crise de folie apparaît. Elle cogne contre le mur hurle "pourquoi", pourquoi ils l'ont abandonné, pourquoi ils sont morts, pourquoi a t'il fallu que son père chute d'une hauteur de 15 m , pourquoi sa mère s'est suicidé, pourquoi elle s'est retrouvée seule - sans rien, ni personne pour la soutenir dans cette période difficile. Avec ses mains, elle tente d'effacer ses dessins, elle frotte fort, si fort que du sang coule de ses paumes. Elle ne sent rien, ne ressent pas la douleur, satané maladie - elle ne se rend pas compte qu'elle est en train de se détruite à petit feu. Ses cris finissent finalement par rameuter le personnelle de l'hôpital qui accourent dans sa cellule pour tenter de comprendre ce qu'il se passe à l'intérieur et ce qui peut bien la mettre dans cet état d'hystérie. Lorsqu'ils rentrent dans la cellule, ils ne réfléchissent pas et tentent de maîtriser la jeune femme - mais elle ne se laisse pas faire - elle envoie un coup de genoux au premier infirmier qui s'approche d'elle avant de le choper à pleine dents à la gorge. Les deux autres tentent de la faire la lâcher prise, mais elle est pire qu'une lionne, déterminée à ne pas lâcher sa proie. Et lorsque finalement ils arrivent à l'en défaire et à la maîtriser - l'infirmier finit par se relever difficilement, aidant ses collègues à passer la camisole à la demoiselle. Par la suite, elle fût amener au docteur Czalowski, psychologue chargé du cas de Rowena. La jeune femme regarde autour d'elle, rit nerveusement - montre de légers signes d'agacements, alors que le médecin fait son entrée. Un homme plutôt jeune, les cheveux tirés en arrière avec une paire de lunettes - comme ceux que portent tous les jeunes médecins fraîchement sortis de leur université d'élite. Il s’assoit en face d'elle. Il la regarde, elle le regarde et un jeu de regard s'installent entre eux - jusqu'à ce que le médecin prenne la parole d'une voix calme - plate : « Encore tes parents ? il laisse planer un instant de silence, avant de reprendre. Combien de fois devrais-je te dire d'oublier ton passé ? Il parasite ton présent et t'empêche d'aller de l'avant. Tu dois oublier Rowena. Oublier, tu m'entends ! Où je serais dans l'obligation de te faire une lobotomie si ton comportement ne change pas. » Rowena ne réagit pas. Ça la fait sourire, ça la fait rire même. Ce qui a le don d'exaspérer le jeune psychologue. « Je peux savoir ce qui te fait rire Rowena ? » Elle s'arrête de rire afin de dévoiler à l'homme ce qui l'a fait tant rire aux éclats. « Le jour où je trouverais le moyen de m'évader et d’égorger ta fiancée et ton nouveau né sous tes yeux, Lajos. » le menace-elle, avant de rire aux éclats. Il n'aurait pas du se confier à elle, lui révéler sa vie privée - mais la jeune femme s'était montrée si coopérative ces dernières semaines que le jeune médecin avait laissé sa naïveté prendre le dessus, grossière erreur. « Ça suffit ! Amenez là en cellule d'isolement. On verra si ça te fait toujours rire après une semaine passée la dedans. » Pour toute réponse, elle se mit à rire de plus belle. Elle était déjà passé par la case isolement - alors une semaine de plus ou de moins ne changerait rien à son état actuel. Au contraire, ça n'a fait que la plonger un petit peu plus dans sa folie.

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