Le temps bouscule les habitudes!
Whitechapel, par une nuit de brouillard…
Je marche tranquillement, à la poursuite d'un gagne-petit, un vermisseau, un gibier de potence, mais à corde bon marché!
Il galope, l'animal! Il court, il court, le Flemming! Je sifflote tranquillement cette comptine française très connue "Il court, il court, le furet", qui s'avère être une contrepèterie donnant une chanson paillarde si on inverse 2 lettres!

J'entends les grognements, les cris de douleur sous les morsures brutales du molosse!
12 années que je jalonne ce monde sans pitié. Je m'y régale! C'est ma vie, ma passion. Certes, mon père aurait voulu que je consacre ma vie aux affaires, que je sois comme lui, mais je suis différent!

-Stop!
Mon chien lâche immédiatement sa proie que je saisis par le col et plaque sans ménagement contre un mur!
-Bill Flemming! Quel plaisir de te courir après, vermine! Mais hélas, toute bonne chose a une fin! Mme Arlenwood! Dis-moi ce que tu sais, maintenant!

Le jeune homme halète, il porte les stigmates de la récente attaque qu'il a subi sur les bras et le corps!
-Je… je ne sais rien… je la connais pas! Je le jure! Sur la tête de ma mère!
-Ta mère était une prostituée qui a pondu 5 gosses avec 5 pères différents dont elle n'est pas sure de l'identité! Alors inutile de continuer à la damner davantage par tes mensonges! Ou tu parles, crapule…
Je le tire sans ménagement et colle son visage à proximité de la gueule de mon doberman qui se met à grogner, dévoilant ses crocs luisants:
-… ou tu lui parles, à lui! Et il n'aime pas les menteurs!

Ma première enquête fut la base de tout. J'avais 19 ans, et mes parents sont morts dans un naufrage qui me semblait étrange: le capitaine du navire était expérimenté, son bateau en bon état et le grain qu'il était en train de traverser quand le navire a coulé n'avait rien de très exceptionnel.
La police voulait classer l'affaire en accident, mais pas moi: Je ne pouvais me contenter d'éléments épars, il me fallait tout mettre bout à bout, savoir la vérité! J'ai quitté Cambridge où je faisais mes études du jour au lendemain et j'ai mené mes propres investigations pour trouver les vraies raisons de ce drame!
…Et j'ai trouvé: un mari jaloux et trompé par sa femme avec ledit capitaine, un sabotage! Quoiqu'il arrive, le navire aurait sombré, la tempête n'a fait qu'accélérer les choses!
Cet idiot n'avait pas pensé que des innocents mourraient dans sa vengeance inique!

Mon interrogatoire sur Bill Flemming a été fructueux: des aveux, des éléments accablants retrouvés chez lui. Et tout mon raisonnement se recoupant parfaitement: ce n'était une simple attaque de voleur qui a mal tourné: c'est un meurtre prémédité et orchestré.
Heureusement que des témoignages m'ont permis d'dentifier l'exécutant
Pour lui, ce sera la corde à coup sûr! Et pour le commanditaire... un fiacre me mène vers la demeure des Arlenwood, à Westminster. Des policemen m'y attendent.

Après une année d'ennuyeuse oisiveté où j'avais fait en sorte de vivre de mes rentes, je me rendis compte que l'inactivité était une plaie!
Ma fortune était bien gérée, placée pour l'essentiel dans quelques affaires prometteuses, en particulier celles de mon cousin, Joseph Morel, un homme remarquable, volontaire et à la conversation intéressante. Plus qu'un cousin, un ami de qualité!

Moins d'une heure plus tard, je ressors de chez les Arlenwood un peu frustré par la tenue des événements, aux côtés du Commissaire Dickson, ami du lycée et policier zélé.
-Mais pourquoi a-t-il fit ça? pourquoi s'empoisonner devant nous? Il a du mal à comprendre pas, et c'est normal.
-Parce qu'il se savait perdu, de toute façon: les preuves que j'ai réunies contre lui étaient accablantes: commanditer le meurtre de sa femme pour éviter un divorce pour bigamie, ce qui aurait impliqué de lourds intérêts, sans parler d'une réputation perdue, de marchés annulés et autre…
Alors, quitte à mourir, autant choisir la méthode et protéger ceux qu'on aime! Mais j'admets que ce n'est pas très cohérent, tout ça! Prenez-en de la graine, Dickson: l'amour est la chose qui vous fait faire les pires bêtises! je ne parle pas de son suicide, mais du meurtre!
-Mais enfin… qui voulait-il protéger?
-Sa seconde femme! La cause de la procédure de divorce initiée par Mme Anders!
S'il y avait eu procès, le nom de cette pauvre personne aurait été étalé en place publique. C'était son dernier geste honorable après une si cruelle action!
J'allume ma pipe et tire une bouffée tandis que Dickson hausse les épaules:
-"Dites-lui que je l'aime!" Mais on ne sait pas qui est-ce: il s'est marié sous un faux nom et elle aussi… c'est ridicule!
Certains badauds s'étaient attroupés, immédiatement tenus en respect à quelques mètres par un cordon de policiers.
-Vous, vous ne savez pas qui c'est.
Il ouvrit des yeux gros comme des tasses de thé!
-Vous… vous connaissez son identité?
-Bien sur! Et vous ne l'aurez pas! Ce n'est pas parce qu'on ne peut pas se fier aux femmes qu'il faut se sentir obligé de les tourmenter sans raison! Je vous l'ai dit: elle n'a rien à voir là dedans, alors, laissez-la à son chagrin et ne lui faites pas d'inutiles problèmes. J'irai exaucer la dernière volonté de Mr Anders moi-même.
-Vous n'avez pas digéré, hein? Toutes les femmes ne sont pas des manipulatrices patentées qui veulent juste vous mener par le bout du nez et causer votre ruine intellectuelle, vous savez?
-Seule Sa Gracieuse Majesté fait exception, cher ami! Passez demain pour mes honoraires… vers 5h, nous prendrons le thé et deviserons des tenants et aboutissants de cette affaire!
Présentez mes salutations à Mme votre épouse!

Je m'éloigne et constate qu'Athos ne me suit pas, mais c'est rapproché de quelques gens qui observaient le remue-ménage policier en frétillant de la queue et couinant faiblement. D'habitude, il ne se comporte ainsi qu'avec des gens qu'il aime bien, ou quand quelque chose attise sa curiosité!
C'est un bon chien, je l'ai bien choisi: une race récente, mais superbe, venue de Prusse! aussi affectueux avec ses maitres qu'il n'est féroce avec leurs ennemis!

Ainsi est ma vie, au final: un homme riche qui s'amuse en résolvant des enquêtes, prêt à risquer parfois sa vie, et à coup sûr, sa réputation de fils de bonne famille pour assouvir une passion, un goût du mystère immodéré… et tuer l'ennui.

Je siffle mon chien qui me rejoint avec un dernier regard en arrière… surement a-t-il sentit quelque chose, mais je n'en ai cure, je ne veux que rentrer chez moi!
Quoique… est-ce que je le veux vraiment? Depuis quelques temps, j'héberge la fille de mon cousin, Joséphine, et je dois admettre que c'est là la chose la plus compliquée que je n'ai eu à subir de toute ma vie!
Déjà, c'est une fille, ravissante et intelligente de surcroit… mais les femmes sont d'autant plus dangereuses quand elles sont belles! Et j'ai appris, dans la douleur, à me méfier de la gente féminine.
Mais elle! Elle a ce foutu mode de pensées qu'on nomme "le courant féministe" chevillé au corps!
J'avais ma vie tranquille, d'une certaine manière. J'aurai pu refuser, mais ça n'aurait pas été sympathique, pour Joseph!...
Mais je sens que je vais le regretter:
Elle va me causer des ennuis, je le sens! Mon instinct me trompe rarement!


Jeremy Aldridge était un banquier des plus performants, cela allait sans dire: il connaissait bien les affaires, conseillait de bonnes fortunes bourgeoises… et faisait, par instant, certaines magouilles qu'il suffisait de voiler suffisamment pour qu'elles paraissent légales.
Quelques dessous de table, quelques falsifications et le tour était joué.
Mais lorsqu'on joue avec le feu, on peut se brûler. Une règle d'or que, semble-t-il, beaucoup oublient!

Le bureau de chez lui dévasté était témoin de ce qu'il s'était passé.
Le banquier était étendu sur le dos, essayant de conserver un semblant de souffle dont la botte en cuir plaquée sur sa gorge le privait.

-Je veux les noms! Tous! Fit la voix calme mais particulièrement colérique de Stanton.
-Ils… ils… me tueront! Parvint à hoqueter celui qui fut, durant plus de 45 ans, le banquier de la famille.
-Et cela ne sera pas une grande perte pour l'humanité! Si j'ai enlevé ces investissements, c'est que j'avais mes raisons. Ce coup de Trafalgar ne pouvait être fait qu'avec votre complicité, Aldridge!  Je veux tous les noms, maintenant!

En effet, Devlin, dans sa 28ème année, avait découvert le secret de la fortune des Stanton depuis 4 générations: le commerce d'esclaves.
Et le pire, c'est que la chose continuait dans son dos malgré l'abolition de cette immondice dans la très large majorité des pays. Aldridge le savait!
Immédiatement, il lui avait ordonné de retirer tous ses investissements de cette activité. Mais cela représentait une somme colossale et plusieurs partenaires se retrouvèrent gênés aux entournures par le retrait de la manne Stanton.
Aussi firent-ils une manœuvre sordide, mais légale, de ruine de sa fortune en provoquant des pertes sèches et des OPA.
Il se doutait bien que cela pouvait pénaliser certains, mais si on parlait d'art et de manière, c'était pour une bonne raison: l'objectif n'était pas la seule chose, dans la vie: la manière de l'atteindre comptait tout autant. Il existait des millions de manières de s'enrichir, certaines étaient plus honorables, ou humaines, que d'autres. Vivre de l'oppression des autres, de gens qui n'avaient rien demandé, cela était hors de question!

Légales… enfin, pas tant que ça car leurs manœuvres n'auraient jamais pu passer inaperçues aux yeux d'Aldridge! Il fallait qu'il se taise, qu'il ne prévienne pas Devlin. De fait, son silence avait été acheté. Acheté par l'argent ou le chantage, en ce moment, le détective n'en avait cure.
Il était des choses qui perdaient toute forme d'importance lorsque les circonstances les faisaient paraître divinement accessoires..

80% de perte de revenus! Près de 270 000 £ Or! Une somme colossale!
Certes, Devlin pouvait vivre sans cet argent, mais cela serait revenu à faire de grands sacrifices, entre autre le fait de payer moins ses domestiques qui avaient des salaires énormes pour leurs postes et des placements pour leurs retraites, annuler les dons qu'il faisait à l'orphelinat de Whitechapel et d'autres œuvres caritatives… et, surtout, c'était une question de principes: des gens avaient commis des actes malhonnêtes, cela ne pouvait rester impuni!

La botte accentua la pression. Silencieux, le visage fermé, Devlin ne partirait pas sans avoir ce qu'il cherchait!
-Je… Je ne les… connaît pas! Je…
-On vous a contacté! Qui?!
-Mor… Mordecai! Laz… Lazarus… Mordecai!

Devlin était triste. Il connaissait Aldridge depuis qu'il était tout petit et avait toujours eu un excellent rapport avec lui. Le banquier passait, à ses yeux pour quelqu'un de doux, aimable, jamais avare en sourires et bonne humeur malgré le stress que pouvait provoquer parfois son métier.
Tout cela avait été détruit.
La botte se releva, permettant à l'homme de respirer de nouveau.

-Vous n'êtes plus le banquier de la famille. Je vous retire tous mes comptes, les placements des McIntire et je ne manquerais pas de leur conseiller d'autres personnes vers qui les guider, ainsi qu'à Joséphine, de faire de même.
-Dev… Devlin, je… suis désolé… parvint-il à dire en tentant de reprendre son souffle. Il savait… des choses. Je n'avais pas le choix…
-Si, vous l'aviez. Le choix de m'en parler, entre autres. Je ne vous souhaite pas la bonne journée.
Répondit le détective, sèchement, en sortant, son chien le suivant, ne comprenant pas la source de la colère de son maître envers cet homme qu'il appréciait, avant.


La demeure Mordecai reçu une visite inattendue la semaine suivante.
Par une nuit de demi-lune, l'ombre se faufila depuis les toits. Descendant le mur après s'être assurée ne point être vue, elle assura mal un pied sur un appui et glissa. Se rattrapant de justesse d'une main, l'autre empêchant son chapeau haut-de-forme de tomber, elle soupira en remettant son couvre-chef… ce petit défaut devrait être corrigé. Certes, le chapeau aurait pu être évité mais l'illégalité ne pouvait se permettre de s'entacher d'inélégance lorsqu'on avait un peu d'estime de soi!
User d'une pointe de diamant montée sur un compas à ventouse pour découper une vitre du bureau recherché n'avait rien de bien sorcier. Ouvrir la fenêtre et s'introduire aussi silencieusement qu'une plume… tout était parfait, si on posait un voile pudique sur la maladresse précédente.

Cela était étonnant de facilité, lorsque tout était bien calculé… grisant par certains aspects. Il comprenait un peu mieux le pourquoi de l'impénitence d'une autre voleuse derrière son masque.
Les yeux habitués à la nuit embrassèrent la pièce du regard. Il cherchait quelque chose de bien précis.
Le tableau sur pivot bougea, révélant le coffre mural.
Un stéthoscope, une bonne ouïe et des doigts de fée entrèrent dans la danse. Ce qui était caché allait se révéler par des cliquetis dissonants.

Dans le ventre d'acier, rien que des documents sans réelle importance pour l'invité nocturne… et un carnet!
Ce carnet recherché depuis plusieurs jours! Depuis le jour où le visiteur nocturne en avait apprit l'existence.
Dedans, des codes divers et variés, mais l'homme n'était point agent secret: son système n'était pas insoluble pour celui qui tenait à présent l'objet garni d'informations peu reluisantes au sujet de ses petites affaires peu reluisantes.

L'homme allait repartir lorsqu'il vit un objet très intéressant dans le coffre: une statuette de jade… fabriquée en Chine… 300, 400 ans?… une pièce superbe!
-Je suppose que vous avez touché une petite commission, Sir Mordecaï? Permettez que je rétablisse un peu les choses. Murmura le cambrioleur dans un souffle amusé en s'emparant de l'objet d'art.
L'ombre laissa un petit souvenir dans le coffre en lieu et place du carnet et repartit comme elle était venue, ne manquant pas de refermer la fenêtre: les courants d'air n'étaient pas une bonne chose pour les bronches.
Il rit intérieurement de cette pensée, le trou dans la vitre provoquant par lui-même des courants d'air, n'était qu'une légère distraction.

Un mois plus tard, Scotland Yard.
-"Jack of Heart"! Nom d'un chien! 3 cambriolages en un mois et, à chaque fois, cette carte… ce valet de cœur laissé sur place. Ni témoins, ni trace, un vrai fantôme.
-Ne vous énervez pas, Dickson! Vous allez me faire une crise cardiaque!
-J'aimerai vous y voir, Stanton! Comme si on n'avait pas assez de travail avec Jack l'Eventreur, et je ne compte pas la recrudescence de crimes divers et variés! Et maintenant ça!
L'inspecteur jeta sur la table un journal où l'annonce du cambriolage de haute volée dans une résidence pourtant bien surveillée faisait la une. Devlin regarda l'article d'un air distrait.
-Vous avez traqué un autre cambrioleur de ce style, il y a quelques années...
-L'Ange? En effet, leurs styles sont assez semblables… avec quelques variantes, on dirait. Ca mérite examen.
-Vous pensez que c'est lui et qu'il essaye de brouiller les pistes?
-Vous n'y pensez pas, Dickson? L'Ange est trop fier de ce qu'il fait pour tenter de brouiller les pistes, comme vous dites. Il préfèrerait s'arracher un bras! Non, c'est quelqu'un d'autre.
-C'est pour cela que je voudrais que vous vous en chargiez.
Devlin releva un sourcil interrogateur vers l'inspecteur.
-Vous plaisantez?
-Vous connaissez bien l'Ange. Celui-là semble du même bois.
-Ecoutez. J'ai beaucoup à faire ces temps-ci… au point que mon activité de détective risque de s'en trouver affectée, mais je vous promets de m'y pencher si l'occasion se présente.

Devlin quitta Scotland Yard quelques minutes après, un léger sourire se dessinant sur ses lèvres minces, une démarche légère, signe de son amusement..
Sa fortune fortement entamée lui, mais surtout son envie de ne pas laisser les choses impunies, l'obligerait à s'ouvrir un peu plus aux mondanités, afin de guetter, d'observer, de se renseigner. La partie commençait maintenant… et il faudrait jouer serré!
Ol n'avait pas menti: entre le fait de chasser de bien étranges phénomènes et ce revers à résoudre, il devrait se montrer plus sélectif encore dans ses affaires de détective.
Mais quitte à sombrer dans l'illégalité, autant que ce soit fait de belle manière.
Car quand tout se meurt: l'espoir, la vie, ceux qui sont autour de nous, quand le monde semble se déchirer sous vos yeux, quand il vous manque tout pour affronter l'adversité, seuls demeurent ces gentilshommes qui mènent à des fins inutiles d'impossibles combats.
Et à ceux-là, meurtris et affaiblis, blessés et mourants, il ne reste que…
Le panache.

On allait entendre encore parler du Valet de Cœur!

Dans la vraie vie, je suis...
Quel est ton pseudo ? MdA Un mec ou une fille ? Mec… à moins qu'on m'ait caché la vérité! Quel est ton âge ? 41 piges. J'ai connu la sortie au ciné du tout premier Star Wars. Comment as-tu connu le forum ? Disons que vous connaissez quelqu'un qui vous dit qu'il y a un forum sympa… et qui vous montre où…    Un avis dessus : J'aime beaucoup, il m'a l'air sympa, en effet! Beau boulot graphique, agréable à regarder! As-tu un DC ? Non! Code de validation :[Validée]

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