Dick H. Fusslebottom

   «La certitude de n'être pas seul qui console même dans un cimetière.»
[Francis Picabia]

Jolie petite histoire...

   Cette histoire avait commencé par un évènement dramatique au cours duquel un petit chiot maigrichon avait été séparé de sa mère. Une pauvre créature perdue et errante qui  ignorait tout du vaste monde qui l’entourait et dont le ventre ne cessait de crier famine. Il avait tenté de lever le museau vers le ciel, comme il avait vu faire sa mère une fois,  afin de, par instinct, chercher une odeur familière de nourriture, en vain. Le froid gelait ses petites pattes et le faisait grelotter, mais le chiot ignorait aussi comment se réchauffer… il avait marché pendant longtemps, très longtemps, mais la fatigue l’avait finalement poussé à s’arrêter. La jeune bête s’était recroquevillée sur elle-même, au pied d’une imposante pierre à la forme étrange sur laquelle étaient inscrit des mots qu’elle ne comprendrait jamais, ses petites pattes sous son ventre et avait déposé sa tête sur le tapis de neige qui recouvrait le sol. Le regard perdu vers le ciel foncé duquel tombaient de gros flocons blancs, le chiot appela sa mère, mais elle ne vint pas et ne viendrait jamais. Rapidement, le chiot s’était endormi malgré sa souffrance. Sa mère lui manquait terriblement et il rêva même d’elle, brièvement. L’endroit où il s’était arrêté aurait pu être celui de son dernier souffle, comme il était le lieu de repos éternel des hommes, mais le destin de cette mignonne créature lui réservait un tout autre dénouement. Aux premières lueurs du jour, malgré la neige qui avait recouvert son petit corps pendant la nuit, un homme l’avait aperçu et s’était approché de lui. Un homme qui, tout comme cette pauvre bête, était seul dans un monde qui ne semblait pas vouloir de lui. Le chiot n’eut pas la force de bouger ou de couiner alors il se contenta d’ouvrir les yeux pour regarder l’homme qui s’agenouillait à ses côtés dans la neige et il n’eut pas peur…

  L’homme, comme le chiot allait le découvrir plus tard, s’appelait Dick et était le gardien du cimetière dans lequel la bête à quatre pattes avait trouvé refuge. Le chiot, dont le corps entier était gelé, n’avait pas senti la caresse bienveillante de l’homme, mais sa présence seule le rassurait. Avec un regard attristé et sans hésitation, le jeune homme solitaire avait pris le chiot dans ses bras et l’avait glissé contre sa poitrine sous son manteau afin de le réchauffer et l’animal avait entendu les battements de son cœur. Ces battements lui avaient rappelé ceux du cœur de sa maman et il avait été apaisé. Ainsi lové contre la poitrine de Dick, le jeune chien avait senti un nouveau souffle de vie en lui. Sans le savoir, l’homme et le chiot s’étaient trouvés, l’un et l’autre. Leur existence serait dorénavant à jamais liée…


  Puisque rien ne semblait être laissé au hasard, la pierre tombale devant laquelle le chiot avait été sauvé par Dick était le dernier vestige d’une enfant décédée trop tôt d’une maladie dont le nom n’avait que peu d’importance. Cette grande pierre était la préférée du petit chiot qui, après plusieurs jours de bon soin, avait presque tout oublié de ce qu’avait été sa vie avant d’être secouru par Dick. Alors qu’il se dirigeait vers celle-ci, enjoué, son nouveau maître bien loin derrière lui, la créature avait été surprise de trouver une femme, toute de noir vêtue, priant sur la tombe de son enfant. La curiosité l’emportant sur la peur qui lui tordait les entrailles, le chiot s’approcha de la femme afin de renifler son odeur. Lorsque cette dernière aperçut la jeune créature, son cœur se remplit d’amour et doucement, elle avait pris le chiot dans ses bras pour le bercer contre son ventre, comme elle aurait fait avec sa petite fille. L’animal ignorait que cette femme endeuillée faisait battre, en secret, le cœur de son jeune maître, mais il leur permit, à sa manière, de faire connaissance…

  Les relations humaines étaient incompréhensibles pour le jeune chien, mais au fil des jours, des semaines et des mois, il sentit le bonheur qui inondait le cœur de son maître et celui de la femme, Margaret, grandir. Il ignorait que cet amour était interdit et il s’en moquait; il était heureux, tout comme eux…



  Lord Sawyer, puisque tel était le prénom que lui avait donné Margaret, était devenu un chien adulte en santé grâce aux bons soins des amants. Le temps était relatif à chacun, mais des années s’étaient écoulées depuis le jour où son destin avait été lié à celui de Dick.

  Il y avait plusieurs jours que Margaret n’était plus revenue au cimetière et l’animal était malheureux. Néanmoins, il ne comprenait pas pourquoi. Était-ce parce qu’il s’ennuyait des friandises que la jeune femme avait l’habitude de lui apporter, des marques d’affection qu’elle lui offrait continuellement ou était-ce parce que son absence bouleversait son jeune maître au point tel où celui-ci semblait avoir perdu toute envie de vivre? Elle lui manquait aussi, il ne pouvait y avoir aucun doute là-dessus, mais Lord Sawyer ignorait que c’était parce qu’elle ne reviendrait jamais… Un nouveau nom figurait sur la pierre tombale de la fillette de Margaret, mais le pauvre chien ne pouvait le lire. Il avait observé le jeune gardien du cimetière creuser le trou malgré la dureté du sol gelé par le retour de l’hiver, il l’avait entendu pleurer et même hurler sous les étoiles. La détresse de Dick lui faisait mal, mais rien de ce qu’il faisait ne semblait vouloir redonner le sourire à son maître. Il avait assisté, impuissant et silencieux, aux côtés du jeune homme, à la mise en terre d’une grande boîte de bois, mais ils ne s’étaient pas mêlés à famille de la jeune femme. À un certain moment, le mari de Margaret, dont Lord Sawyer ignorait l’existence, avait jeté un regard assassin en direction de Dick, mais personne n’avait semblé s’en apercevoir, pas même le principal intéressé. Margaret était morte et chacun devrait dorénavant apprendre à vivre sans elle…

Dans la vraie vie, je suis...
   Quel est ton pseudo ? Crow. Un mec ou une fille ? Je suis une petite fille! Quel est ton âge ? 27 ans. Comment as-tu connu le forum ? C'était par une froide journée d'automne... Un avis dessus : Je l'aime d'amour! As-tu un DC ? Oui! Jo'. Code de validation : [Validée]

   

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