Jolie petite histoire...
Come alive. Manchester, un soir de décembre il y a 23 ans. Je ne suis pas née sous la bonne étoile. Je ne suis même pas certaine qu'il y en est une pour moi. Fille d'une immigrée clandestine, mon géniteur était son employeur.
Un homme très riche, mais surtout très blanc. Ma mère lui a caché sa grossesse et a emporté son secret dans la tombe quelques heures après ma naissance. Les autres domestiques le savaient mais personne n'a rien dit. Ils auraient dû. Au moins je serais morte sans avoir vécu. Sauf que, s'il existe un dieu, il est cruel. J'ai vécu. Survécu serait plus juste.
Élevée par la sœur de ma mère qui travaillait aussi pour cet homme et sa famille, je n'ai jamais connu la chaleur d'un cœur aimant. J'étais la bâtarde qui avait tué sa propre mère. Tueuse dès la naissance. Reléguée aux tâches ingrates dès que j'ai su marcher et pu comprendre ce qu'on me demandait. En même temps, à coups de bâtons on comprend vite. Et comme je ne parlais pas, je ne risquais pas de me plaindre.
Puis un jour, mon géniteur décéda. Il y eut moins d'argent alors Madame du faire un choix et se débarrasser du personnel qui n'était pas indispensable. J'étais évidemment une bouche à nourrir de trop. Sans compter que j'avais un aspect qui faisait peur aux filles de Madame et la dégouttait. Elle, comme d'autres. Ma peau perdait de sa couleur chocolat pour virer diaphane. « Quel genre de monstre es-tu ? » Je n'avais pas la réponse. Mais je savais qu'aucune autre maison ne voudrait m'acheter. Oui car soyons bien clairs, je dis domestiques mais nous étions clairement des esclaves. Et personne ne veut d'une esclave qui fait peur. Personne sauf un vieux Colonel.
Après une semaine chez lui, j'ai vite compris que je devais fuir si je ne voulais pas mourir entre ses murs. Son œil lubrique, ses mains baladeuses... J'ai eu l'audace de le repousser, moi, gamine de dix ans à peine et épaisse comme un fil de fer. Je me suis pris le coup de poing le plus puissant que j'ai jamais reçu. Assommée, je n'ai pu que subir les assauts de ce pervers. Quand je me suis réveillée transie de froid sur le sol, le corps meurtri et souillé, j'ai juré que plus jamais. J'avais versé mon premier sang mais le soir même il a versé son dernier. Je ne savais pas que j'en serais capable. Il y a un monde entre égorger une poule pour le dîner et un homme. J'avais gardé une petite lame qui tenait dans ma main, il ne l'a évidemment pas vue lorsqu'il m'a fait monter sur son lit. Il voulait savoir si j'avais compris la leçon et si je serais sage dorénavant. J'ai répondu que oui même si tout mon être hurlait le contraire. Lorsqu'il m'a demandé de venir sur lui, j'ai obéit. J'avais mal. Alors j'ai frappé. Son ventre s'est couvert de sang, il a écarquillé les yeux et j'ai frappé à nouveau. Sans relâche, je n'entendais même plus mes propres cris de rage.
J'ai repris mes esprits dans les bras d'un autre esclave, bien plus âgé que moi lui aussi. J'allais être tuée pour ça mais je m'en fichais. « C'est lui le monstre... » Arouna m'a caressé les cheveux, il comprenait. Il m'a dit de me calmer, qu'il allait tout arranger mais que je devais m'enfuir. Je me suis retrouvée à la rue, avec quelques pièces et une petite couverture dans un sac...

Tightrope. Puisque la mort ne voulait pas de moi, j'ai continué à survivre. Je suis partie le plus loin possible, j'ai rejoint Londres. Certaines personnes m'ont prises en pitié, d'autres m'ignoraient, mais la grande majorité me rejetaient. Et certains attendaient quelque chose. Mon corps a été souillé de nombreuses fois, mais je ne me faisais plus abuser, j'avais choisi de le céder contre rémunération. J'ai vite compris que vous pouviez être laide, le sexe rapportait toujours tant il y avait d'êtres désespérés. Chacun à leur façon. Ce n'était clairement pas ce que je préférais alors j'ai appris à voler. De la pomme sur une étale à un porte feuille dans une poche. Sauf que je ne suis jamais devenue la reine des pickpocket. Il me fallait trouver autre chose. J'avais alors 14 ans et quelques formes, une femme m'a abordée dans la rue pour venir dans son cabaret. Un cabaret un peu particulier mais ça m'a semblé mieux que la maison close. J'y ai appris à danser et à chanter. J'ai vite révélé que j'étais douée pour ça et les clients partageaient cet avis. On ne me payait plus uniquement pour m'allonger. Je mangeais presque à ma faim, j'avais un lit même s'il était bourré de puces et autres saloperies. Je suppose que beaucoup se seraient contentées de ça, mais pas moi. Je voulais plus que ce trou à rats. J'avais besoin de me sentir vivante. Il me manquait quelque chose. Mais quoi ?
Je l'ai su quand je suis allée au cirque. Cadeau d'un client qui m'aimait - soit disant, car il était marié et ne m'aurait jamais épousée. Mais je ne lui en veux pas, il m'a permis de découvrir ma future passion : le trapèze. J'étais subjuguée par ces artistes qui s'élevaient dans les airs. J'en avais les larmes aux yeux de voir tant de beauté, de sensualité, de magie. Ce soir là je ne suis rentrée que pour prendre mes maigres affaires et j'ai rejoins la troupe.

From now on. La troupe a été dissoute quelques années plus tard et malgré mon talent, on ne voulait pas m'engager. Je n'étais ni noire ni blanche, aucun clan ne voulait de moi. Je me retrouvais au point de départ. Hors de question de me prostituer à nouveau. Même si j'avais compris que je ne mettrais pas d'enfant au monde (ce serait arrivé depuis le temps sinon), je n'avais pas envie de choper la petite vérole ou la syphilis, et je ne voulais plus abandonner mon corps à des porcs. Alors pendant plusieurs mois j'ai volé, j'ai chanté et dansé, jusqu'à tomber sur une affiche. Le cirque O'Farrell recrute ! Je suis allée voir. Le patron proposait un spectacle avec animaux, trapézistes et acrobates, un freakshow également, des diseuses de bonne aventure... Et il avait une place pour moi. Sous conditions. Il y en a toujours. Ce n'était pas le grand luxe mais plutôt son contraire, mais ce n'était pas comme si j'avais beaucoup d'opportunités. Au moins je pourrais m'adonner à ma passion. J'ai accepté, consciente que je signais un pacte avec satan.
Monsieur Loyal n'en a que le nom. C'est ainsi que tourne ce fichu monde.

This is me.  J'ai enfin une famille. Une drôle de famille composée d'êtres difformes, malmenés par dame nature ou simplement rebus de la société. Mais ce sont les premiers à complètement m'accepter.
Et chaque soir, lorsque la foule m'acclame, je me sens vibrer. Quitte à n'être qu'une étoile dans le caniveau, je serais la plus brillante.

Dans la vraie vie, je suis...
Quel est ton pseudo ? L. Un mec ou une fille ? fille. Quel est ton âge ? 38. Comment as-tu connu le forum ? PRD. Un avis dessus : Magnifique ! As-tu un DC ? nope. Pv/scénario/Inventé ? inventé. Code de validation : Validé par Felix !

Code:

<t>Chantelle Brown</t> → <y>Keshia Soma</y>