[Ambrosine] Soirée philosophie autour d'un verre



 
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[Ambrosine] Soirée philosophie autour d'un verre

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MessageSujet: [Ambrosine] Soirée philosophie autour d'un verre [Ambrosine] Soirée philosophie autour d'un verre Icon_minitimeLun 26 Mar - 12:40

Il faisait nuit noire à cette heure. Après tout, il était déjà 10 heures du soir. Habituellement, Julian est déjà au lit depuis longtemps, mais pas ce soir… Ce soir faisait partie de ces fameux moments où il ne se sentait pas bien et il avait besoin de réconfort. Lorsqu’il déprimait ainsi, il se sentait incroyablement seul. Il ne voulait pas inquiéter Enoch avec ça, Martin devait avoir mieux à faire et leurs parents... Jamais il ne pourrait compter sur eux. Julian avait rapidement appris que monsieur et madame Dormer n’étaient pas de ces parents sentimentaux qui étaient à l’écoute de leurs enfants et qui s’inquiétaient pour eux. Ces derniers utilisaient leurs fils à des buts purement pratiques afin de garder la renommée familiale, mais aussi pour se faire encore plus d’argent. Parfois, Julian se demandait à quoi cette vie rimait. Il se sentait seul et misérable dans sa grande maison remplie de quelques domestiques. Parfois, il se surprenait à espionner les familles pauvres qu’il voyait dans les rues de Londres. Malheureusement, le mot richesse rimait rarement avec amour et il jalousait les gens pauvres qui semblaient plus proches les uns que les autres et plus chaleureux. Il s’était déjà imaginé fuir cette vie et partir sans rien d’autre que quelques vêtements, du papier, de l’encre et une plume dans des contrées éloignées. Peut-être partir en France, au Danemark, voir même se diriger vers le Nouveau Monde outre Atlantique qui semblait tendre les bras à ceux qui voulaient se faire une nouvelle vie. Malheureusement, il n’avait pas le courage de le faire. Il devait d’abord trouver le courage de poursuivre son rêve d’écrire ce qu’il pensait et les publier… Sa vie était qu’une grande route bien tracée, lente, ennuyeuse et morne. Bref, sa tête ressassait ses nombreux problèmes et le remmenait toujours vers sa femme morte en couche et à sa fille mort-née. N’ayant personne pour se confier, il allait se changer les idées. Il avait toujours deux options. La première était de se rendre dans un bar et boire jusqu’à ce qu’il soit plus heureux, mais sans pour autant ne plus contrôler ce qu’il fait. L’autre consistait à se rendre dans un Bordel assez luxueux. Il en ressortait toujours avec des remords et de la gêne, mais il pouvait oublier à quel point il se sentait seul et démuni depuis la mort de son épouse le temps d’une nuit… Il payait grassement ces femmes comme si cela allait laver son « péché ». C’était plus un péché sur le plan moral que sur le plan religieux pour lui. Au final, il ne croyait pas en Dieu… Un secret qu’il gardait évidemment pour lui. À l’époque, être athée n’était pas très bien vu dans la société et puisqu’il vivait dans la haute société, il ne pouvait pas se permettre de réfuter la nécessité de la religion. Cette fois, il choisit la boisson et se cachant sous un long manteau noir, il marcha jusqu’au bar le plus proche. Il ne voulait pas prendre son fiacre afin d’éviter d’attirer l’attention. Il mettait des vêtements très simples afin que les autres hommes ne s’imaginent pas fréquenter un noble, sinon la bataille aurait bien vite éclaté…

- Je veux une bière, annonça tout bonnement Julian Dormer en s’asseyant sur un tabouret devant le comptoir.

Le barman, le connaissant bien, savait qu’une bière était rarement seule et il prépara deux ou trois peintes. Plus il buvait et plus il se faisait de l’argent, alors ces petites pertes de morale lui faisaient bien plaisir. Jul commença à boire sa boisson, les yeux cernés de sa nuit précédente.

- Voilà encore le philosophe! Qu’est-ce que tu vas nous raconter cette fois encore, monsieur le grand penseur? Que les riches vont finir par bien payer leurs employés? BALIVERNE!, se moquaient des clients assis à une table plus loin.

Se contrôlant encore, il resta dans son coin à les ignorer, mais ils n’avaient pas intérêt à le chercher à son deuxième verre…
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Ambrosine L. Bellamy
Ambrosine L. Bellamy

Âge : 26
Emploi : Ecrivain
Informations : ★Présentation : She should have been a son

★Liens : Darling, I don't need no princes, I'm no damsel in distress

★ 6/5 rps (Overbookée)
Here I am, rock you like a hurricane

★ About a girl :
➣Noblesse anglaise
➣20 ans et toujours pas d'enfant
➣Écrivaine à ses heures perdues
➣Tient des salons littéraires chaque semaine
➣Plus sociable on meurt
➣Ouverte à tous les plaisirs de ce monde
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MessageSujet: Re: [Ambrosine] Soirée philosophie autour d'un verre [Ambrosine] Soirée philosophie autour d'un verre Icon_minitimeMer 28 Mar - 16:50



Soirée philosophie autour d'un verre


Julian & Ambrosine



Lorsque je n’étais pas occupée à organiser mon prochain salon, ou penchée sur mon dernier roman en m’accompagnant d’une tasse de thé, il n’était pas rare de me trouver de sortie le soir parmi les gens les plus modestes de la société londonienne. Ce soir là ne faisait pas exception à la règle, alors qu’épuisée suite à l’une des innombrables disputes avec Mère sur la question du mariage, j’avais décidé de prendre un peu l’air. Debout sur mon balcon, j’apercevais la ville et ses rues désertes alors que le soleil s’était couché. Depuis les demeures les plus luxurieuses, la seule vue qui nous était offerte était celle des jardins et des grandes rues marchandes, dans le meilleur des cas -nous étions bien loin de l’animation qui régnait dans les ruelles au sein des quartiers les plus précaires comme j’avais eu l’occasion d’en être témoin moi-même lorsque je m’y étais aventurée la première fois en calèche, vêtue telle une demoiselle de la classe bourgeoise. Si j’avais conscience de la dangerosité de l’entreprise, je ne pouvais m’empêcher d’y retourner chaque fois avec une excitation grandissante. Sortir de mon quotidien était tout ce dont j’avais besoin afin d’avancer dans ma vie de tous les jours. Aussi ma décision avait été inconsciemment prise au moment où j’avais quitté la pièce dans laquelle Mère m’avait invitée à discuter. Je ne m’étais pas accordé le loisir d’y réfléchir plus longtemps que nécessaire avant de saisir une vieille robe conservée pour l’occasion et de me défaire de celle que je portais pour l’enfiler, et ajouter une cape épaisse sur mes épaules de façon à ne pas attraper froid en cette nuit de printemps.

C’est ainsi que je me retrouvais dans un bar dont l’odeur d’alcool et de transpiration emplissait les narines du premier malheureux qui décidait d’y pénétrer – le pire étant que j’avais conscience du fait que ce même établissement devait être l’un des plus décents des environs, pour m’être essayée à ceux qui lui faisaient concurrence. Autour de moi, les regards voyageaient du patron de l’établissement qui me servait un verre au corset que je portais encore par dessus ma parure dénuée d’intérêt alors que les seuls clients présents ce soir étaient tantôt des hommes tantôt des ouvrières qui venaient terminer leur journée de travail par un dernier remontant. J’avais beau ne pas travailler, je comprenais parfois ce sentiment -moi aussi en avais-je parfois bien besoin pour faire face au lendemain. Si bien que lorsque mon verre arriva enfin, je cessais de penser aux débauchés qui m’observaient avec attention pour l’entamer franchement et me concentrer sur les quelques conversations qui n’étaient ni centrées sur les jeux d’argent, ni sur les conditions de travail dont les ouvriers étaient victimes – les premières me désespéraient tandis que les secondes me rendaient malades.

Ce ne fut qu’au bout de quelques heures qu’un babillage légèrement éméché retint mon attention. Moi-même en étais-je à mon second verre, et Dieu sait que je n’avais jamais été très résistante à l’alcool, malgré mon acharnement certain. Malgré mon état d’ébriété, je tentais tout de même de me concentrer sur les quelques phrases échangées non loin de moi, en me rapprochant discrètement sous prétexte de désirer remplir de nouveau ma choppe vide. C’est là que j’entendis les ivrognes charrier sans vergogne l’un des dernier arrivants. Le philosophe, qu’ils l’appelaient. Ce sobriquet associé à l’un des buveurs qui peuplait ce bar n’étaient pas chose courante, et je savais de source sure que peu de pochards avaient l’éducation nécessaire pour parler ainsi de sujets politiques et sociaux parmi les ouvriers et les paysans qu’il restait. Non, cet individu devait être l’un de ces nouveaux bourgeois qui se passionnaient tant pour la connaissance, devinais-je. De fait, la théorie que les ignares critiquaient tant n’était pas loin de ma pensée sur la question. Je ne pouvais m’empêcher d’intervenir.

- Ce n’est que le premier pas des grands mouvements sociaux qui bouleverseront l’Angleterre. Bientôt les patrons n’auront d’autre choix que de vous accorder un salaire décent, supportai-je la thèse sans y réfléchir à deux fois. Ce n’est que lors d’un court moment de lucidité que je me rendis compte que les paroles d’une femme discréditeraient sans doute entièrement les paroles du pauvre homme qui n’avait en somme rien demandé depuis qu’il avait mis les pieds dans ce bar.

De ce fait, je m’autorisais à commander deux verres supplémentaires pour le soit-disant philosophe de comptoir et moi-même : le premier afin de me faire pardonner de ma maladresse ; tandis que le second était destiné à lier au moins jusqu’à la fin de la soirée cette langue traîtresse.

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