Duo appassionato (pv Ambrosine)



 
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Duo appassionato (pv Ambrosine)

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MessageSujet: Duo appassionato (pv Ambrosine) Duo appassionato (pv Ambrosine) Icon_minitimeJeu 22 Mar - 18:45



Duo appassionato


Date facultative
Enoch n'appréciait généralement guère les événements mondains auxquels on le forçait à prendre part, mais il était venu volontiers à celui-ci, surprenant même ses parents qui ne s'attendaient pas à cette bonne volonté de sa part. En effet, cette réception n'était pas une réception ordinaire, aux yeux du prodige.

C'était un salon littéraire. Empli d'amour pour les livres et la belle écriture. Enoch lui-même aimait lire presque autant qu'il se passionnait pour la musique et pouvoir converser de ses ouvrages préférés en bonne compagnie était un plaisir. Ici, il savait au moins de quoi il parlait et il n'avait pas à prétendre connaître tout de la vie et des déboires d'untel ou d'untel pour nourrir et entretenir les rumeurs.

Ici, on parlait livres. On vivait livres. Et cela convenait tout à fait à Enoch, qui se sentait bien plus à l'aise dans cet environnement que dans n'importe quelle autre soirée mondaine. Il évoluait seul ici, car ses frères avaient leurs propres obligations et que ses parents ne s'intéressaient pas assez aux livres pour daigner se rendre à un événement pareil. Il y avait des personnalités plus intéressantes à rencontrer et des relations plus bénéfiques à entretenir ailleurs...

Enoch savait qu'il ne pouvait pas se permettre de faire preuve de "faiblesse" dans ces circonstances. Personne ne serait là pour lui venir en aide et, s'il n'était pas enfermé, il n'osait pas imaginer le châtiment que ses parents viendraient à lui réserver... Un frisson secoua son échine, mais il eut tôt fait de chasser la désagréable sensation quand une délicate tout autant que passionnée mélodie parvint à ses oreilles.

Il ferma brièvement les yeux, avant de les rouvrir sur un monde de couleurs. Son monde de couleurs. Ses doigts commencèrent à pianoter une musique invisible, à accompagner le violon qui se faisait entendre. Ses pas le menèrent à la source de cette délicieuse musique, provenant d'une frêle jeune femme.

Il l'observa un instant, immobile, contemplatif. Puis, sans y réfléchir à deux fois, s'installa au piano qui avait été installé pour lui afin qu'il puisse illustrer la lecture à voix haute d'un ouvrage par sa musique. Ce n'était pas le moment pour lui de jouer, mais... mais il ressentait le besoin de le faire. La mélodie était belle, maîtrisée, harmonieuse et c'était une passion peu commune, à laquelle il souhaitait plus que tout prendre part.

Ses doigts parcouraient les touches avec aisance et son visage notait une expressivité qui lui était peu commune, comme si son hypersensibilité avait finalement décidé de se laisser afficher dans toute sa plénitude. Joie, tristesse, mélancolie, désir, passion, amour... Tout s'exprimait, tout se mélangeait, dans une douce et délicate harmonie.

Enoch ne connaissait cette femme ni d'Eve ni d'Adam, mais, à cet instant précis, il avait l'impression de partager avec elle un moment plus intime encore que des ébats furieux sous les draps. Le son du violon fut le premier à se taire. A son plus grand regret, Enoch appuya sur la touche finale de son piano, mettant également fin à ce grand moment.

Il porta rapidement ses mains à ses oreilles quand leurs auditeurs crurent bon d'applaudir leur prestation improvisée, mais se força rapidement à abaisser ses bras, comme si la poigne invisible et ferme de ses parents était actuellement en tran de le diriger. Ne les laisse pas voir. Ne les laisse pas comprendre que tu es... différent.

Un calme relatif revint. Enoch prit une profonde inspiration, rassemblant ses pensées, avant de lever le regard vers la jeune femme. Il avait partagé sa musique sans réfléchir un seul instant. C'était un moment profond, intime. La moindre des choses qu'il pouvait faire à cet instant précis, c'était de se présenter à elle.

D'un pas crispé, maladroit, il la rejoignit, triturant nerveusement le col de sa chemise. De son expressivité précédente, il ne restait rien, sinon un visage neutre, qui pouvait même paraître fermé. En-dehors de ses instants les plus passionnés, Enoch semblait morne, comme porteur d'un masque figé. Ce qui ne traduisait en rien les émotions qui bouillonnaient actuellement en lui, bien au contraire.

Encore emporté par sa passion, Enoch avait du mal à redescendre sur Terre. Ce fut en bégayant maladroitement qu'il commença à s'introduire :

"Vous... je... hem... Enoch !"

Il tendit la main, avant de réaliser son erreur et de saluer plus cordialement, plus proprement la jeune femme. Si ses parents l'avaient vu faire preuve d'un tel manque de manières... Enoch se força à respirer lentement et profondément. Il devait regagner son calme...

"Je... Je m'appelle Enoch, troisième fils du Baron Dormer. Et je... j'ai passé un très bon moment à vos côtés."

Il baissa la tête, le coeur battant, tentant tant bien que mal de s'apaiser. Elle devait probablement le trouver bizarre... spécial. Qu'il détestait ce mot et la manière que les gens avaient de l'employer contre lui...
©️ plumyts 2016
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Ambrosine L. Bellamy
Ambrosine L. Bellamy

Âge : 26
Emploi : Ecrivain
Informations : ★Présentation : She should have been a son

★Liens : Darling, I don't need no princes, I'm no damsel in distress

★ 6/5 rps (Overbookée)
Here I am, rock you like a hurricane

★ About a girl :
➣Noblesse anglaise
➣20 ans et toujours pas d'enfant
➣Écrivaine à ses heures perdues
➣Tient des salons littéraires chaque semaine
➣Plus sociable on meurt
➣Ouverte à tous les plaisirs de ce monde
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Messages : 222
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MessageSujet: Re: Duo appassionato (pv Ambrosine) Duo appassionato (pv Ambrosine) Icon_minitimeMar 27 Mar - 16:17



"Duo appassionato"


Ambrosine & Enoch



- Lady Ambrosine ! Entendis-je l’une de mes amies m’appeler à travers la foule qui s’amassait progressivement dans le petit salon.

En bonne hôte que j’étais, je me dirigeais vers la demoiselle qui m’avait interpellée afin de la saluer formellement à la manière de la maîtresse de maison. De fait, lors de mes salons, je l’étais bien plus que Mère qui concédait à me laisser occuper la pièce durant quelques heures à condition que je ne l’importune pas elle, et ses invités. En toute honnêteté, l’idée même de rejoindre son groupe de vieilles femmes rabougries me donnait envie de bailler. Si mes réceptions étaient loin d’atteindre le niveau des soirées mondaines si populaires parmi les jeunes gens de mon âge, elles avaient tout de même la réputation d’être aussi agréables que productives, si bien que de nouveaux visages arrivaient en nombre lorsque venait pour nous le moment de lire nos travaux face à un public d’adeptes.

Ce soir-là était l’un de ces moments magiques lors desquels écrivains et poètes se présentaient aux lecteurs sous leur plus beau jour, plumes et romans en mains alors qu’ils évoluaient  dans la pièce en discutant avec qui voulait bien. Un coup d’œil à l’attroupement me permit de distinguer les quelques personnes à qui je n’avais pas encore eu l’occasion de souhaiter la bienvenue – des visages familiers comme de parfaits inconnus, à qui je proposais un siège parmi les habitués. Tout avait été préparé avec un soin tout particulier afin que rien ne soit laissé au hasard. Les biscuits étaient disposés élégamment sur le buffet, les thés servis et le papier posé sur la table en prévision d’une vague soudaine d’inspiration. Ce ne fut pourtant que suite à une dernière inspection que je m’autorisais à m’asseoir à mon tour près de mes invités pour les écouter tour à tour réciter leurs derniers chefs-d’œuvre. Certains furent plus mauvais que d’autres, plusieurs personnes commentèrent de façon animée, mais tous se turent alors que l’un des auteurs présents me fit une demande des plus originales.

- Me feriez vous l’honneur de nous jouer une mélodie? On ne mesure pas les compliments à votre égard parmi les violonistes de Londres.

A ces mots mes joues rosirent, mais j’eus tôt fait de me recouvrer mon calme de manière à faire bonne figure face à mes invités. De sorte que lorsque je saisis mon instrument, je les incitais à reprendre quelque conversation qui s’était interrompue quelques secondes plus tôt. C’est ainsi avec une pudeur non dissimulée que je frottais lentement les cordes sous un rythme doux mais néanmoins avenant que nous avions l’habitude de jouer durant les leçons quotidiennes de violon, un sourire gêné dessiné sur mes lèvres muettes. Que l’on me demande de lire mes écrits était chose courante, mais les musiciens présents m’avaient permis jusqu’ici de ne pas avoir à prouver à tous mes qualités de violoniste. Bien qu’elles ne puissent être remises en question -mon maitre de musique s’en était assuré- la singularité de cette requête m’avait tout à fait prise au dépourvu.

L’aisance me revint rapidement, à la manière de l’animation ambiante qui augmentait à mesure que les récitations s’enchaînaient. Assise sur mon fauteuil de velours favoris, je ne me concentrais plus tant sur les textes déclamés que sur le morceau, ponctuant tout de même de temps à autre les remarques de mes collègues de travail par quelques commentaires qui me semblaient pertinents – tout du moins jusqu’à ce qu’un son étranger ne parvienne à mes oreilles entraînées.

J’entendis ainsi l’artiste avant de le voir véritablement, assis qu’il était sur le tabouret du piano à queue installé derrière moi. Sa figure ne me rappelait personne que je puis connaître, je devinais sans aucun doute que ce devait être la première fois que le jeune homme nous offrait l’honneur de sa présence – et sans doute pas la dernière, au vue du plaisir qu’il semblait prendre à jouer ainsi. Un instant, je m’interrogeais sur l’approche que je devrais adopter : devais-je seulement lui adresser un mot ? Pour la première fois de ma vie, ma bouche restait scellée alors que tout ce qui importait à mes yeux était le morceau que nous nous appliquions à jouer en une harmonie tellement mélodieuse que l’on eut cru que le gentilhomme n’était rien d’autre que mon partenaire de musique. Pourtant Dieu seul savait que nous ne nous étions encore jamais rencontrés avant ce jour. Dire que je ne désirais que prolonger cet interlude musical aurait été un euphémisme, mais tout bonne chose ayant une fin, je jouais avec dépit les dernières notes du morceau que nous avions interprété avec une émotion incomparable. Le piano suivit bientôt et s’arrêta délicatement pour laisser place aux applaudissements des invités.

Lorsque j’aperçus le fameux pianiste se crisper sans savoir vraiment que faire de ses mains, je compris son malaise et m’évertuai instantanément à faire taire les compliments qui nous venaient des canapés. Ce ne fut que lorsqu’un silence tout relatif fut de nouveau de rigueur que le jeune homme s’approcha maladroitement pour bredouiller une phrase déconstruite qui fit se dessiner un large sourire sur mon visage curieux. A mon tour, j’effectuais une révérence de rigueur avant de saisir délicatement la main qu’il me tendait il y a quelques secondes encore à la manière dont l’on saluait habituellement les hommes. J’étais certaine que nous n’étions plus le centre de l’attention des convives, mais si tel était encore le cas, je m’assurais que ce soit sur moi et non sur cet individu gaffeur que les regards surpris seraient dirigés.

- Lady Ambrosine, pour vous servir monsieur, me présentais-je formellement en secouant sa main avec un enthousiasme détonnant de familiarité.

- C’était incroyable n’est-ce pas ? Vous devriez venir plus souvent nous voir Monsieur Dormer ! Cela faisait bien longtemps que je ne m’étais pas autant amusée !

Si la décence me poussa à calmer mes ardeurs, je devais admettre que je n’aurais rien eu contre l’idée de le prendre dans mes bras afin de le remercier pour la prestation qu’il nous avait offerte. A la place, je m’empressais de lui proposer un siège près du mien, assez éloigné des invités pour que nous puissions discuter sans leur intervention, tout en respectant les règles de politesse les plus rudimentaires.

- Dites moi Enoch - puis-je vous nommer ainsi ? - êtes vous auteur ou lecteur ? Appréciez vous votre soirée parmi nous ? Comment diable ais-je pu manquer une perle pareille parmi mon cercle d’amis ? Vous possédez un talent inégalable !

J’avais conscience de parler trop et trop vite, mais ma curiosité avait raison de moi. A ce stade là, je comptais uniquement sur le plateau de biscuit que je lui tendais et les tasses de thé chauds qui étaient servis pour lui laisser le temps de reprendre son souffle.

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