Family diner - Ambrosine & John



 
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Family diner - Ambrosine & John

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John Wicker
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MessageSujet: Family diner - Ambrosine & John Family diner - Ambrosine & John Icon_minitimeMer 26 Sep - 18:22

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L'invitation avait été envoyé à Ambrosine dans les plus brefs délais, pour un diner le jour suivant, dans le foyer des Wicker. La perspective de cet évènement avait détourné John de ses autres préoccupations pour la journée, obsédé malgré lui par l'envie que tout soit parfait pour la recevoir.
Même Rosaline l'avait observée en silence, légèrement étonné par ce comportement qui lui ressemblait en partie, par son côté psychorigide, mais qui s'étendait là à un domaine qui n'entrait pas dans son domaine d'expertise.

    - Les desserts sont-ils arrivés ? Demanda-t-il à sa jeune soeur, en apparaissant dans la salle à manger, impeccablement vêtu d'un costume presque trop élégant pour la circonstance. Encore une fois, la blonde fronça les sourcils, secouée par cette attitude, qui la prenait de cours, elle qui était officiellement l'organisatrice de la famille. Le livreur devait passer à 18h, déclara-t-il, en jetant un coup d'oeil à l'horloge Alder qui trônait dans un coin de la pièce, une des plus chères de son magasin.
    - John... Je pense sincèrement qu'avec tous les plats que tu comptes lui faire avaler avant, elle n'aura plus de place pour goûter la douzaine d'éclairs au chocolat français que tu as commandé... Soupira-t-elle, en haussant les épaules. Elle percevait une certaine vulnérabilité dans l'insistance de son frère, qu'elle n'identifiait que trop bien, pour l'avoir lue sous d'autres descriptifs, dans ses romans. Tu as l'intention de la faire tellement grossir qu'elle ne pourra plus passer la porte pour rentrer chez elle ? Ajouta-t-elle, en s'esclaffant à cette image, pour le détendre un peu.
    - Je veux juste qu'elle se sente bien, et trouve quelque chose à son goût, répliqua le jeune homme, sans relever la plaisanterie, trop concentré sur la liste de ses taches et leur exécution avant l'arrivée de sa fiancée. Elle habitera bientôt ici, si tout se passe bien, ajouta-t-il, avec plus de détermination qu'il n'en fallait pour parler de mariage.


Rosaline resta un instant silencieuse, dépassée par tous ces changements, qu'elle avait pourtant attendus depuis longtemps. Le stress de son ainé commençait à la gagner : si elle gâchait tout, d'une quelconque manière, John lui en voudrait profondément, et une occasion comme celle-ci ne se présenterait probablement plus jamais... Une bonne partie de la réussite de ce diner reposait aussi sur ses épaules.

    - Elle en a de la chance... Soupira la demoiselle. Moi aussi je veux quelqu'un qui m'attend pour m'embrasser...
    - Quoi ? Sursauta John, dont l'attention se porta subitement sur la blonde, qui attendait sa réaction avec une expression moqueuse : cette fois-ci, elle l'avait vraiment eu ! Qu'est-ce... Nous en rediscuterons plus tard... OU PAS, en fait, ajouta-t-il en accueillant d'un geste une vieille femme grisonnante mais visiblement encore agile.


En effet, John n'avait pas le temps de répondre, que July, leur employée de maison la plus fidèle, se présentait pour les interrompre, annonçant que Mademoiselle Bellamy venait de passer la porte d'entrée, et patientait en bas des escaliers de marbre que quelqu'un vienne l'accueillir.
Le brun s'exécuta immédiatement, se précipitant à la rencontre de sa promise, tandis que les paroles de Rosaline résonnaient dans son esprit. Devait-il l'embrasser ? Il n'avait aucune idée des règles de bienséance, une fois que l'accord de mariage avait été établis. Il n'était pas assez grand encore au moment où son père avait été jeté à la rue, pour qu'on lui enseigne ce genre de choses, et il n'avait aucun ami à qui il aurait pu demander conseil sur la façon de se tenir face à sa fiancée. Il était tout aussi démuni face à la demoiselle qu'il l'avait été, tant d'années plus tôt, devant la soudaine pauvreté.

    - Ambrosine, soyez la bienvenue, annonça-t-il, tout en arrivant à sa hauteur, avec une allure plus calme, pour ne pas montrer l'angoisse qui l'habitait. Vous êtes magnifique, déclara-t-il ensuite, sans vraiment réfléchir à ce compliment, qui s'imposait tout naturellement, même à lui qui en était autrement avare, à la vue qu'elle offrait. Plongeant ses yeux dans celle de la rousse, il ne put s'empêcher, une fois encore, de s'approcher autant que possible de ce visage si joliment levé vers lui. Décidant de faire confiance à sa soeur, et parce que cette option était celle qui lui plaisait le plus, il mêla son souffle à celui de la Bellamy, lui ceinturant sans force la taille, juste pour l'attirer suffisamment contre lui, et, s'assurant qu'elle ne semblait pas vouloir le fuir, il l'embrassa, prenant quelques secondes, cette fois-ci, pour vraiment apprécier la douceur de sa bouche, réclamant plus d'intensité dans ces retrouvailles, dont l'idée l'avait tant bouleversé à l'avance. C'était sa façon, incontestablement maladroite sans doute, de lui montrer qu'il scellait lui aussi sa part, et qu'il essayerait de la rendre heureuse de toutes les façon qu'apparemment, d'après Rosaline, une femme voulait être traitée. Ma soeur se meurt d'impatience de faire votre rencontre, conclut-il, en se séparant d'elle, reprenant une distance à laquelle il était plus habitué dans ses relations en général.


N'oubliant pas les bonnes manières néanmoins, il lui tendit la main pour l'aider à grimper les escaliers, intentant de gros efforts de concentration pour ne pas se laisser distraire à l'idée de ce baiser, qu'il avait apprécié sans doute plus que de raison. D'un caractère peu démonstratif, il passait à affectionné malgré lui, et cette transition lui faisait presque tourner la tête... Il se secoua mentalement, bien décidé à regagner le contrôle de ses émotions, et à se montrer impassible pour la convaincre en bon homme d'affaires, avec des arguments plus percutants qu'un salut trop chaleureux, et non en... Ce qu'il était en train de devenir.
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Ambrosine L. Bellamy
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MessageSujet: Re: Family diner - Ambrosine & John Family diner - Ambrosine & John Icon_minitimeSam 24 Nov - 23:54



Family diner

John & Ambrosine



- N’est-elle pas superbe ? M’interrogea-t-on bien plus pour la forme que pour une approbation quelconque de ma part tandis que je fixais ma dernière acquisition.

Une fois n’est pas coutume, Mère s’était empressée de passer commande pour une nouvelle robe dès la réception de l’invitation à dîner chez mon fiancé. J’avais beau lui répéter sans cesse que d’une part, mon armoire était déjà assez pleine de toutes ses tentatives avortées de charmer mes prétendants, et que de l’autre, nous étions déjà engagés officiellement ; elle ne voulait pas céder sur ce point, allant même jusqu’à payer un tarif plus élevé auprès de Madame Adler afin d’obtenir rapidement ses services sur ce véritable chef d’œuvre. Si contrairement à ma génitrice, j’étais consciente qu’une telle parure n’était que pure caprice, j’étais forcée de lui donner raison : le travail de la couturière était excellent, comme d’ordinaire, ce à quoi j’étais sensible, comme toute jeune femme appréciant la beauté des choses communes. Cela étant, j’avais moi-même fourni des efforts pour paraître présentable, et avais pris l’initiative de commander l’un des derniers chapeaux de ma créatrice favorite, inspiré de ces couvre-chefs qui connaissaient un succès fou à Paris. Assorti à la robe, il était certain que je n’aurais pas à rougir de mes habits : les couleurs se mariaient harmonieusement entre elles et épousaient avec perfection la pâleur de mon teint blanchi par la poudre que Mère avait tapoté contre mon visage ce matin même.

Alors qu’elle m’enjoignait à poursuivre moi même son rituel de beauté, elle déblatéra quelques consignes à la dame de chambre concernant ma parure et vint s’asseoir près de moi afin de superviser son travail, ainsi que le mien. « Un peu plus de rouge », me réprimandait-elle, « ajoute donc du noir sur tes yeux, on ne les voit pas assez ». Je pensais avoir eu l’occasion de cerner suffisamment les goûts simples de mon futur mari pour comprendre qu’il n’apprécierait point tant de frivolités, aussi appliquais-je mon maquillage à la demande de Mère uniquement pour la rassurer – j’avais prévu depuis quelques heures d’en estomper l’effet dès qu’elle aurait le dos tourné, en espérant ne point me tromper sur les préférences de John. Si j’avais confiance en l’expérience de mes aînées, Père était bien différent de mon fiancé, et Dieu sait que je refusais d’apparaître comme une coquette auprès de ce dernier – pas alors que j’avais tout fait pour gagner son respect lors de nos précédentes rencontres.

Quelques retouches supplémentaires et Mère décréta enfin que j’étais prête à me mettre en route. Lorsque je descendis les marches de l’escalier extérieur, la voiture familiale m’attendait déjà, le cocher maintenant la porte ouverte pour moi de façon à m’aider à pénétrer à l’intérieur du véhicule avec plus d’aisance. Je jetais un coup d’œil rapide derrière moi afin de vérifier que les yeux de Mère ne m’épiaient pas avant de soulever légèrement mes jupons pour gagner ma place. Habitué à mes extravagances, le cocher ne rougit pas plus que d’ordinaire, et alla même jusqu’à esquisser un sourire amusé pendant que je le remerciais de ses attentions.

Durant le court trajet qui séparait mon domaine de celui de John, je me demandais à quoi pouvait bien ressembler son lieu de vie. Le fait qu’il puisse me déplaire m’effleura l’esprit quelques instants, mais j’eus tôt fait de l’effacer : il m’avait paru comme un homme de goût, et quand bien même cela n’aurait pas été le cas, sa sœur cadette lui aurait prêté main forte dans la décoration de la propriété, comme toute jeune femme éduquée. Je ne pourrais que m’y plaire, me répétai-je comme pour m’en convaincre, tandis qu’une nervosité nouvelle me gagnait au fil du temps. Silencieusement, je priais le fiacre d’aller plus vite encore : si j’appréhendais cette visite, j’avais conscience que mes inquiétudes s’évanouiraient au moment même où je passerai la porte.

Lorsque le moment tant attendu vint, je demandais quelques secondes supplémentaires avant de m’annoncer de façon à arranger mon chapeau qui n’avait pourtant pas quitté sa place et de défroisser ma robe qui tombait déjà parfaitement sur le sol. Lorsque je me rendis compte que je n’avais jamais fourni autant d’effort pour plaire à un homme, je secouais la tête, exaspérée par mes manières, et invitait les employés à prévenir l’hôte de ma venue.
Je m’étais attendue à ce qu’il m’accueille en respectant toutes les convenances qui s’imposaient face à une future épouse, mais le baiser qu’il m’offrit me prit de court autant qu’il me ravit. Si le romantisme n’avait jamais été énoncé parmi les critères autour desquels s’était formée notre relation, prétendre que je n’en appréciais pas les fruits n’aurait été que mensonge éhonté.
Je préférais néanmoins me convaincre que le rouge que je savais pour sur m’être monté aux joues n’était du qu’à un excès de maquillage que je n’avais pu retirer.

- Je suis ravie de vous revoir, John, et de me voir offrir l’opportunité de faire connaissance avec votre sœur, que je me fais une joie de rencontrer.

Je n’avais pris la peine de masquer mon enthousiasme à cette idée, sachant le jeune homme très attaché au dernier membre de sa famille. A dire vrai, ce n’était ni hypocrisie ni exagération : je me réjouissait à l’idée de passer quelques temps en compagnie de la jeune femme, que John m’avait décrite comme intelligente et cultivée. Je ne doutais pas un seul instant de notre bonne entente, que je m’efforcerais d’instaurer et maintenir, par choix aussi bien que par égard pour mon fiancé.

 

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John Wicker
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MessageSujet: Re: Family diner - Ambrosine & John Family diner - Ambrosine & John Icon_minitimeLun 26 Nov - 7:06


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Si John avait été plutôt tendre dans son baiser, il l'était moins dans la façon autoritaire dont il tenait la main de la jeune femme, pour lui faire visiter la maison : c'était dans sa nature après tout, qu'il ne lui avait jamais réellement caché. Le Wicker avait été trop rabaissé, et il avait eu besoin de cette force, de cet esprit de domination, pour retrouver la position d'où la faiblesse de son père les avait déchus.
John, tout paré de ses atours les plus beaux et fins, n'avait pourtant que peu en commun avec les membres de son rang. Sa démarche le prouvait, au moins autant que son regard, à l'affut, celui d'un prédateur, toujours alerte, et plein de violence contenue. Pour être tout à fait honnête, il en ressentait pour la jeune femme, dont la présence l'apaisait autant qu'elle avait le don d'éveiller une tension particulière en lui, qu'il savait ne pas pouvoir satisfaire dans l'immédiat, ou jamais.

    - Elle sera bientôt votre soeur, à vous aussi, approuva-t-il d'une voix particulièrement douce, qu'il ne semblait utiliser que lorsqu'il parlait de sa cadette, qui apparaissait déjà en haut des marches, incapable de retenir son excitation. La voilà d'ailleurs... Ambrosine, je te présente Rosaline. Et réciproquement.
    - Je suis tellement heureuse ! S'exclama la concernée, en se jetant dans les bras de la demoiselle, risquant de la faire tomber. Inquiet, John glissa son bras dans le dos de sa promise, la protégeant fermement d'une chute devant tant d'enthousiasme, grondant sa jeune soeur d'un regard. Oh c'est une Adler, n'est-ce pas ? Elle est tellement belle !


John fronça les sourcils, complètement déconnecté des discussions de chiffons. En tant qu'homme, il avait reconnu immédiatement la grâce avec laquelle la demoiselle portait son habit, qui soulignait parfaitement sa propre beauté. Il était attaché aux apparences, et pour cause, mais pas au point de s'intéresser à la qualité des tissus qui recouvraient sa femme : cependant, si c'était ce qui la rendait heureuse, il commanderait pour elle les plus précieux voilages - il se souvenait, à présent, que Rosaline avait réclamé plusieurs fois de se rendre dans cette boutique, pour remplir ses placards de tenues qu'elle ne porterait qu'une fois, sans doute. John n'avait jamais su résister à ses caprices, quand il ne touchaient pas son état de célibataire.

    - Quelles sont vos passions Ambrosine ? L'interrogea Rosaline, en lui prenant le bras que John ne tenait pas, pour l'attirer plus vers elle, et vers la salle à manger, où la table était dressée. Vous avez du remarquer que John n'est pas particulièrement loquace, et j'ai du mal à lui soutirer la moindre information vous concernant... Je le connais juste assez pour voir que vous occupez ses pensées, plus souvent qu'il ne l'avouerait... Ajouta-t-elle plus bas, pas suffisamment néanmoins pour que son frère ne l'entende pas.
    - Rosaline ! La réprimanda-t-elle, ce qu'elle prit avec un sourire amusé, taquin. Pourrais-tu vérifier que tous les plats sont prêts, pendant que je fais visiter à notre invitée ?


Il congédia ainsi la pétillante adolescente, qui disparut avec un clin d'oeil, satisfaite de son effet. Le rouge était monté légèrement aux joues du Wicker, mais il n'en fit pas plus d'affaire, incapable d'avoir honte de la conduite de celle qui occupait, pour l'instant, la place la plus importante dans sa vie.

    - Rosaline adore décorer notre maison à son goût, expliqua-t-il, son regard guidant celui d'Ambrosine sur les tableaux, modernes, qui ornaient les murs. Mais vous aurez votre mot à dire, bien entendu... Nous déménagerons même, si cela vous plait de fonder votre propre foyer, à votre idée.


John n'était pas attaché aux lieux, et laissait le soin aux femmes d'entretenir son habitat : c'était une des caractéristiques qui lui restait encore de l'éducation machiste de l'époque, en quelque sorte. En vérité, il voyait que cela rendait sa soeur joyeuse de prendre cette charge, et n'aurait pas eu le coeur de l'en prévenir, estimant qu'il n'avait lui même pas les compétences nécessaires, ni le temps, pour organiser un intérieur.
Il lui présenta le corridor, et se dirigea vers un salon qui servait de bibliothèque, et qu'il avait le sentiment qu'elle aimerait. Ouvrant la porte, il l'observa avec intensité, pour lire l'expression de cette découverte, sur son visage. Passé la surprise, John se rapprocha d'elle, l'obligeant à mettre le dos au mur, pour ne pas avoir à se retrouver vraiment contre lui.

    - Ma soeur n'a pas tord, Ambrosine, vous m'obsédez d'une façon à laquelle je ne m'attendais pas, déclara-t-il, en posant une main sur sa hanche. Je ne tiens pas à vous brusquer de mon impatience, mais je me surprends à souhaiter que ce mariage nous unisse au plus vite, pour que je puisse profiter de votre présence au quotidien, et vous découvrir chaque jour...
    - Mr WICKER ! Hurla soudain une voix grave.
    - John ! Répéta celle de Rosaline, qui semblait effrayée.
    - Ne bougez pas, ordonna-t-il à la rousse, sans réfléchir véritablement, soucieux de la protéger d'une menace quelconque, ou de la révélation de son secret peut-être, ne sachant de quoi il était question.


Abandonnant son étreinte, le brun coupa brusquement court à cette conversation pour retrouver un attitude plus sombre et sérieuse. D'un pas assuré, il se dirigea de nouveau vers les escaliers. D'en haut, il se pencha sur la rambarde, pour observer les personnages qui se pressaient dans l'entrée de son luxueux domicile : deux hommes l'attendaient là, soutenant un troisième, dont le sang tachait déjà le marbre du sol.
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MessageSujet: Re: Family diner - Ambrosine & John Family diner - Ambrosine & John Icon_minitimeLun 17 Déc - 22:39



Family diner

John & Ambrosine



C’est avec une satisfaction qu’il aurait été vain de dissimuler que je laissais John me guider à travers la maison qui serait la mienne, si tant est que le partenariat dont nous avions convenu se révélait concluant. La main qui se posait sur la mienne ne me paraissait plus si étrangère à l’instar de son yeux scrutateurs qui, plongé dans les miens, semblaient vouloir lire en moi. Si nous nous étions trouvé dans un roman policier, il aurait été l’officier et moi l’accusée. Si nous avions vécu dans l’un de mes romans, l’intensité de son regard aurait dissimulé quelque lourd secret. Je ne savais pour quel scénario mon cœur souhaitait prendre parti.  Pour autant que je sache, l’idée de nos fiançailles avait l’avantage de nous être agréable à tous deux, à la manière du baiser que nous venions de partager. Cela avait le mérite d’éloigner les doutes que j’entretenais concernant mon futur, à défaut de les effacer de mon esprit anxieux. Pourtant chaque jour, je me demandais à qui j’avais délibérément offert ma main car après tout, je devais avouer en savoir beaucoup plus sur la vie de ma couturière que sur le passé de mon propre fiancé, c’était dire.

Le ton doux de mon futur mari me ramena à la réalité. La poigne qu’il maintenait était toujours aussi ferme, comme s’il avait peur que je ne m’enfuie de chez lui en courant ; mais sa voix était aimable et chaleureuse, à tel point que je me sentie touchée que notre mariage fut le sujet de notre discussion. A ses mots, je comprenais que son implication dans le rôle d’époux n’était pas feinte, et j’espérais un instant qu’il en soit encore ainsi une fois nos vœux prononcés.

- J’en serais bien honorée, lui répondis-je sincèrement. La jeune femme qu’il m’avait décrite avait tout pour plaire, autant à la gente masculine qu’aux dames de l’aristocratie que je lui permettrai de rejoindre grâce à l’union scellée avec son aîné ; et ma curiosité au sujet de la jeune femme allait de paire avec celle que j’entretenais pour mon fiancé. Incarnerait-elle véritablement la sœur dont j’avais toujours rêvé ?

Je compris que cela pourrait être le cas à la première embrassade. Lorsque la jeune femme se ruait pour me prendre dans ses bras, je lui rendis volontiers la politesse sans faire fit des formalités d’usage. Son enthousiasme était un plaisir pour les yeux et j’espérais qu’elle retrouverait en moi la même ferveur à l’idée de la rencontrer enfin.

- Le plaisir est partagé, votre frère m’a beaucoup parlé de vous, et je suis heureuse de constater que ses louanges se trouvent avérées.

Bien qu’au moment présent, le regard de John se faisait réprobateur envers celle qui s’était jetée sur moi, je ne m’étais jamais sentie aussi à l’aise auprès des jeunes femmes de mon rang, et je l’en aurais bien remerciée si tant est qu’elle m’en ait laissé le temps.

- Vos yeux ne vous trompent pas, c’est bien l’œuvre de Madame Adler, confirmai-je en hochant la tête, et défroissant les plis imaginaires qui auraient pu s’y trouver, par réflexe. Appréciez-vous autant que moi son travail ? Si tel est le cas, peut-être pourrions-nous nous rendre ensemble dans sa boutique une fois prochaine. Je ne dirais pas non à la présence d’une autre femme pour m’aider à choisir mes tissus et broderies.

A ma proposition, j’ajoutais sur le ton de l’humour, en me tournant vers son frère:

- Je doute que John se passionne pour la soie et la dentelle autrement que sur sa fiancée. Me trompe-je ?

La question était bien entendu rhétorique : si j’avais remarqué que John prenait grand soin de se vêtir avec goût, je l’imaginais difficilement s’extasier sur parures et étoffes comme je le faisais aux côtés de Madame Adler et Madame Moulin. De fait, mon interrogation fut rapidement balayée par les questions de celle que j’aimais considérer comme ma nouvelle amie, qui malgré les commentaires de John, tentait d’en apprendre plus à mon sujet. Ses manières m’amusaient autant qu’elles me plaisaient, pour m’avoir également été reprochées à plusieurs reprises par ma famille – mon époux allait rapidement se rendre compte que ses inquiétudes quant au comportement de Rosaline étaient infondées. A défaut de me repousser, elle parvenait à me convaincre que la promesse que j’avais faite à son frère avait été une bonne décision, et que je pourrais sans doute m’épanouir au sein de ce foyer.

- Je suis une grande lectrice, commençai-je à lister en oblitérant volontairement ma passion pour l’écriture, qui me semblait un aveux bien trop dangereux pour cette fin de journée qui s’annonçait délicieuse. Je me passionne également pour les arts et la musique…

L’interruption de John fut bien appréciée alors que je m’interrogeais sur ce que j’aurais pu offrir de plus à la jeune fille, malgré les bonnes intentions dont elle faisait preuve. Si ma profession était restée secrète, mon enthousiasme pour la politique actuelle et les faits divers n’étaient pas non plus choses à dire en présence de son mari. Lorsqu’il la renvoya en cuisine avec pour ordre de superviser l’organisation du dîner, j’en aurais presque soupiré de soulagement – John, au moins, se montrait bien moins indiscret, d’autant plus suite au commentaire amusé de sa sœur sur les sentiments qu’il entretiendrait possiblement à mon égard. J’accueillais la plaisanterie avec joie sans tenter de dissimuler le rouge qui me montait aux joues cette fois-ci, en constatant que mon fiancé s’en trouvait presque aussi embarrassé que moi. Pour autant, cela ne suffit pas à perturber notre visite qui reprit son cours dans une atmosphère charmante.

- Je ne trouverais pas le cœur à critiquer l’œuvre de votre sœur, le rassurais-je. Qui plus est, les goûts de Rosaline sont remarquables.

Lorsque je m’étais imaginée vivre avec le mari que mes parents m’auraient choisi, j’avais visualisé manoirs macabres et gentilhommières à la manière des romans gothiques. Jamais je n’aurais songé à une demeure conviviale comme celle-ci. La cerise sur le gâteau fut la dernière pièce que John me fit découvrir. Au regard qu’il me lanca, je devinais qu’il l’avait laissée pour la fin pour une bonne raison. Celle-ci n’était autre que la somptuosité du lieu, constatais-je en entrant dans un salon dont les murs étaient masqués par des bibliothèques débordant d’ouvrages diverses et variés. Mon étonnement fit place à un ravissement sans nom alors que je n’avais aucun mal à visualiser les après-midi que je pourrais y passer à lire en compagnie de mon mari et de ma nouvelle sœur.

- John...je n’aurais pu être plus comblée ! Lui confiais-je, en essayant d’exprimer ma joie à travers des mots.

Sans sa main sur ma hanche et son corps aussi proche du mien, sans doute me serais-je empressée d’observer plus en détails les livres contenus dans ces si nombreuses étagères, mais mon corps se fit plus insistant que ma force d’âme et plia sans mal ma volonté alors que mes joues s’enflammaient et que mes membres semblaient refuser de m’obéir. Je ne pouvais ni me mouvoir ni prononcer un seul mot tandis que je l’écoutais me confier ses sentiments et ses attentes ; non pas parce qu’elles me faisaient honte ou m’effrayaient, mais parce que je me surpris à les partager. Puis soudain, sans même avoir prémédité quelque geste que ce soit, je sentis mon corps se rapprocher de John sans que le jeune homme n’y soit pour rien. Ses mains se trouvaient toujours autour de ma taille, son regard, plongé dans le mien ; mais la distance entre nous avait été réduite à tel point qu’il m’aurait sûrement suffi de lever la tête à hauteur de la sienne pour que nos lèvres ne se rejoignent de nouveau.

Sans doute était-ce ce qu’il se serait produit si un hurlement n’avait pas interrompu ce moment étrange qui avait eut lieu entre nous le temps de quelques secondes. Mon agacement ne dura pas plus longtemps lorsque je me rendis compte de la gravité de la situation, quand Rosaline renchérit d’une voix qui n’avait rien de rassurante. Comme je m’y étais attendu, John avait été plus rapide que moi à réagir.

- Comment voulez-vous que … commençais-je avant que mon fiancé ne s’avance à la rencontre du danger qui s’était présenté. Je ne doutais pas un seul instant qu’il parvienne à éliminer la potentielle menace qui venait de pénétrer dans la demeure familiale, cependant c’était bien mal me connaître que de me demander de rester impassible face à un tel cas de figure. Je n’hésitais que quelques secondes avant de m’élancer à sa suite, en cherchant la pauvre Rosaline du regard, soucieuse de son état. Cependant, un coup d’œil à l’étage inférieur me fit comprendre que ce n’était pas pour la jeune femme qu’il fallait s’inquiéter, et que la seule menace qui planait concernait la vie du nouvel arrivant.

- Oh mon dieu, m’exclamai-je en remarquant la tache ensanglantée qui venait décorer le marbre de l’entrée. D’instinct, je me tournais vers John alors que les couleurs quittaient mon visage.

- Nous devons lui porter secours.

Je n’avais cure de savoir qui était cet homme, ni ce qui lui était arrivé si cela était inutile à son diagnostic. Il était hors de question que je le laisse mourir sur le sol de ma future maison.
 

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MessageSujet: Re: Family diner - Ambrosine & John Family diner - Ambrosine & John Icon_minitimeDim 13 Jan - 16:30


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Se débarrasser de Rosaline n'était en général pas chose aisé, car la demoiselle aimait à discuter des heures, et John ne la privait pas normalement de ce genre de distractions, bien heureux qu'elle puisse trouver des interlocuteurs pour l'occuper. Cette fois-ci cependant, il s'agissait de son invitée, et s'il la voulait à l'aise absolument, il tenait aussi à s'accorder quelques instants seul avec elle, avant de commencer un repas qui n'en finirait surement pas en bavardages de femmes.
A une époque où les hommes appréciaient encore de se retirer dans leurs propres salons pour fumer un cigare, le Wicker avait conservé cette tendance à l'isolation des thèmes futiles, préférant l'abri d'un coin sombre à une table trop rieuse et colorée, qui l'incluait rarement. Il se montrait néanmoins tout à fait poli en société, et d'une rhétorique parfaitement adaptée à ne pas froisser ses voisins de chaise, sauf s'il en avait la volontaire intention.

Il fut satisfait de voir que la maison plaisait à Ambrosine en tout cas, et qu'il serait donc dans ses désirs de rester, ce qui lui éviterait les inconvénients d'un déménagement auquel il aurait pourtant consenti. Bien entendu, il avait gardé le meilleur pour la fin, comme pour achever de la convaincre... Et elle semblait plutôt conquise, délaissant la vue des livres qu'elle chérissait pourtant tant pour se laisser aller contre lui. S'ils avaient déjà été mariés... Il ne faisait aucun doute que John aurait usé de son autorité pour combler plus encore la jeune femme, en fermant la porte derrière eux.
Mais l'heure n'était pas à ce genre de plaisir, et l'envie de la posséder devrait attendre que leur union soit scellée en bonne et due forme - il s'y pliait pour les enfants qui pourraient venir à naitre d'une étreinte hors du mariage, et qui aurait eu, comme lui, un obstacle à surmonter avant même leur venue, aux yeux de la société. Pour rien au monde il n'aurait souhaité ce genre de désagrément, et salir sa promise d'une telle réputation, les accusations ne tardant jamais dans ce genre d'affaires, que la communauté de Londres adorait compter.
Malgré lui, ses mains se faisaient néanmoins plus pressante sur le corps de la jeune Bellamy lorsqu'un cri mit définitivement fin à cet élan.

Intimant à la demoiselle de ne pas bouger, John se précipita à la rencontre du problème... L'angoisse lui serra les entrailles, non à la perspective d'affronter une énième crime dans son business, mais de devoir gérer celle-ci le soir où il essayait de se montrer à sa future femme sur son futur jour - il semblait que malgré ses précautions, il allait devoir lui montrer son visage de la nuit. Il en avait toujours eu l'intention en vérité, mais pas si tôt, et pas dans des conditions qui l'obligerait à divulguer les choses sous un si mauvais angle.
Car en effet, c'était bien un homme blessé qui s'épanchait de son sang sur le marbre de l'entrée, et cela ne présageait rien de bon pour la soirée à venir... Ce genre de provocations ne devaient pas trainer, et il devrait régler le problème, assez rapidement pour que personne ne doute de son pouvoir.
Il n'avait pas besoin qu'on lui explique ce qui s'était passé : il savait.

    - C'est le Gros Bill et sa bande, quand on est arrivé... Commença l'un de ceux qui tenait l'estropié, avant de se taire devant le regard noir de son supérieur, qui lui faisait ainsi signe de ne pas prononcé un mot de plus. Il s'est pris plusieurs coups de couteaux dans la panse, trois ou quatre j'dirais, on a pas vraiment pris le temps...
    - Amenez-le dans la chambre verte, ordonna John, en interrompant ce dialogue inutile.


Croisant les yeux bleus de sa soeur, parfait reflet des siens, il hocha la tête. Rosaline savait exactement comment réagir dans ce genre de situation, et s'empressa d'obéir aux attentes de son frère. Enfin, le Wicker se tourna vers Ambrosine, son expression toujours sombre, et réprobatrice. Ainsi investi de la force que lui conférait son rôle, John semblait plus grand, plus dangereux... Il eut du mal à reprendre une certaine contenance, et sourire à sa fiancée avec douceur.

    - Ambrosine, pour votre propre sécurité, il va falloir que... Commença-t-il, avant de s'interrompre, en réalisant qu'il ne parviendrait jamais à lui ordonner une conduite, sans lui donner une véritable justifications de ses décisions à son égard. Nous allons nous occuper de lui, ne vous en faites pas.


A vrai dire, ce n'était pas la première fois, et surement pas la dernière, que de l'hémoglobine était versée sur le sol de cet appartement, aux apparences si classes. Plusieurs fois même, cela avait été le sang de John qu'il avait fallu laver, et il portait encore quelques cicatrices peu anciennes, que sa soeur avait pansé avec patience et compréhension. Ambrosine saurait-elle prendre le relai, s'il le fallait ? John la questionna du regard, craignait que d'en dire plus, dans l'immédiat, ne la fasse définitivement fuir.

    - Je comprendrais que vous vouliez rentrer chez vos parents, et je peux vous trouver un fiacre, si c'est ce que vous désirez, proposa-t-il, par politesse, parce qu'il ne tenait pas à l'embarquer malgré elle dans des ennuis qu'elle ne recherchait pas. Quoi qu'il en soit, je vous demanderai de garder le secret sur ce que vous avez vu ce soir... Promettez-moi.


Il se rapprocha de la rousse, sa démarche plus prédatrice encore qu'elle ne l'avait jamais vu. John n'était plus tout à fait le même, ou peut-etre le voyait-elle vraiment, pour la première fois, comme il se montrait lorsqu'il dirigeait le monde des combats illégaux, d'une main ferme, avec un ascendant naturel qui imposait le respect.

    - J'ai besoin de votre parole Ambrosine, maintenant, insista-t-il, désormais assez proche pour que leurs souffles se mêlent à nouveau. Si vous restez, sachez que vous serez ma femme en vous réveillant au matin, car je ne pourrais vous laisser repartir sans cet engagement...
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Ambrosine L. Bellamy
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MessageSujet: Re: Family diner - Ambrosine & John Family diner - Ambrosine & John Icon_minitimeMar 17 Sep - 1:08



Family diner

John & Ambrosine



Ma raison hurlait que là n’était point le moment de tergiverser. L’urgence de la situation qui se présentait à nous – à moi – m’apparaissait claire comme le jour, et je refusais d’être consignée à la bibliothèque tandis qu’un homme nécessitait des soins incessamment. Si je n’avais pu imaginer l’ampleur des blessures, le regard de John avait été suffisamment éloquent pour m’en faire prendre conscience. Je n’avais qu’entraperçu le malade , mais je n’étais pas sotte au point de croire qu’il se remettrait rapidement de ses meurtrissures. Pas tant qu’on ne lui porterait pas secours.

Pourquoi donc fallait-il que mon fiancé se montre si entêté ? En cet instant, réfléchir à notre union prochaine était le cadet de mes soucis – seule m’importait la survie de cet homme, qui avait franchit sa porte dans l’espoir d’obtenir notre aide. J’aurais souhaité pouvoir trouver les mots adaptés pour expliquer à John que la question du mariage ne me semblait pas primordiale pour le moment, mais les ceux-là même me manquaient à mesure que la panique me gagnait : il fallait agir au plus vite. Pourquoi, lui, n’était-il pas inquiet ?

Pour la première fois depuis notre rencontre, je réalisais que je ne connaissais pas plus mon futur mari qu’il ne me connaissait. A son calme et son aisance, je déduisais sans mal que de tels incidents se produisaient régulièrement – et fus surprise de n’en ressentir aucun dégoût. Pour autant que je sache, il était prêt à aider son prochain, et qui serais-je pour le lui reprocher ? N’était-ce point ce que j’entreprenais chaque jour en apportant mon aide au pasteur ? Son compagnon méritait tout aussi bien mon soutien que les nécessiteux qui frappaient à la porte de l’église, et je n’avais pas le cœur de le lui refuser, aussi dépenaillé soit-il. Si ce n’était le dilemme au sein duquel John m’avait plongée, j’aurais sûrement accouru aux côtés de Rosaline afin de lui prêter main forte. Je ne doutais pas un seul instant des compétences de soigneuse que devait posséder sa jeune sœur, mais seraient-elles suffisantes pour sauver un être humain ? Je n’avais rien d’un médecin ou d’un apothicaire, mais je savais manier l’aiguille – sur du tissu toutefois – et j’étais en mesure de nettoyer une plaie sans tomber en faiblesse. L’occasion ne s’était encore jamais présentée à moi, bien entendu, mais en de telles circonstances, tout individu pouvait se révéler utile.

- John, comment puis-je vous aider ?

Je sentais mon corps frémir sous l’émotion, j’éprouvais chaque tremblement : de mes jambes vacillantes à ma voix interrompue par d’indésirables trémolos. Ce soir-là, je n’aurais souhaité me trouver nul par ailleurs pour autant. Mes conversations en compagnies de John m’avaient amenée à croire qu’il était un homme bon, et j’étais décidée à ne pas réviser mon jugement avant de comprendre pourquoi donc cet homme était-il allé le trouver lui, au lieu de se rendre chez le physicien le plus proche. Il n’avait sans doute pas les moyens de s’offrir une calèche, mais je ne doutais pas que son ami n’eut trouvé la force de le mener auprès de celui qui pourrait lui porter les premiers soins. L’homme qu’ils avaient choisi était mon fiancé, ne manquais-je pas de noter. Cela épaississait le mystère autour de lui tout en m’exposant de nouveaux indices dont je ne me serais jamais doutée. Quel personnage se dissimulait derrière le portrait de gentilhomme qui m’avait été dépeint ?

- Ma sécurité ?

Un rire angoissé s’échappa de ma gorge nouée.

- Je n’en ai cure, je ne suis point la personne gisant au milieu de la chambre. Par pitié, si vous avez ne serait-ce qu’un soupçon de  respect pour moi, ne me demandez pas de m’écarter.

Sans doute ne faisais-je pas bonne figure. J’avais nul besoin d’un miroir pour savoir que mon visage était plus pale encore que celui du blessé, et que je ne tenais plus très bien sur mes pieds. Je maintenais de mon mieux le peu de flegme qu’il me restait en prévenant les larmes de couler le long de mes joues. Force était de reconnaître que je n’étais jamais trouvé dans une telle position auparavant.

A défaut de m’encourager à fuir ce mariage tant que j’en avais encore la possibilité, les paroles de John me persuadèrent pourtant de rester auprès de lui. Il me fallait recouvrer mon calme afin d’être en mesure de réfléchir à la portée de ses mots, et je me forçais à le faire, tant pour mon propre intérêt que pour celui de John,  dont les soucis étaient déjà bien trop nombreux pour y ajouter l’angoisse de sa future épouse. Je pris une grande inspiration pour affirmer résolument ma décision :

- Je ne partirai pas.

Jamais je n’aurais cru ressentir tant de soulagement à l’idée d’énoncer mon choix à voix haute. Ma main saisit d’elle même celle de mon compagnon, et je la pressai doucement, comme pour calmer mes frayeurs. La sensation de vertige m’était passée. J’étais déterminée à faire ce qui devait être fait – et si je devais pour cela trahir mes propres craintes, grand bien m’en fasse. Je souhaitais du plus profond de mon cœur aider notre invité mais je désirais par dessus tout me tenir aux côtés de mon fiancé et le soutenir quoi qu’il advienne.

Ainsi je ne cherchais pas à reculer lorsque John approcha, une lueur que je ne lui avais jamais vue encore dans le regard. N’importe quelle demoiselle aurait flairé le danger et s’en serait retournée dans son foyer. Je la contemplais avec curiosité et fascination. Si mon futur devait ressembler à cette soirée, j’étais prête à l’accepter. Je n’étais pas faite pour participer aux réunions mondaines ni aux piques-niques de tante Mary. Je ne l’avais jamais été. Cette vie que John me proposait était sans doute la meilleure option que l’on avait pu me soumettre depuis mon plus jeune âge.

- Je suis une femme de confiance, mais avant tout une femme de parole.

L’aveu ne m’écorcha pas autant les lèvres que je ne l’eus cru.

- Je consens à cette union, soufflai-je tout contre ses lèvres, sans pour autant lui accorder le baiser que notre proximité semblait inspirer.

- Mais je refuse de vous offrir ma main alors que votre tapis est encore imprégné du sang de votre compère.

Sur ces mots je tirai hâtivement le poignet de mon fiancé : il n’était pas encore temps de se réjouir.

- Ces hommes vous pensent capables de l’aider. Le pouvez-vous ?
 

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MessageSujet: Re: Family diner - Ambrosine & John Family diner - Ambrosine & John Icon_minitimeDim 22 Sep - 19:30

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Même si l'évènement n'avait rien d'une mise en scène prévue pour l'occasion, John commençait à penser que l'opportunité n'en était pas moins propice : après tout, autant savoir, dès à présent, si la demoiselle avait le coeur assez accroché pour subir ce genre de désagréments, assez réguliers. Si elle avait remarqué le contrôle né de l'habitude avec lequel le chef de maison gérait la situation, dont elle était sans doute le seule variable, Ambrosine n'avait probablement pas pris le temps d'observer avec quelle autorité sa jeune soeur avait elle aussi guidé les hommes vers la dénommée chambre verte, où avaient fini surement autant de vies que d'autres avaient été sauvées.
John faisait totalement confiance à Rosaline pour s'occuper du blessé, dont le sort n'était plus sa préoccupation première : et c'était bien une constatation dont il devait répondre devant sa fiancée, dont le questionnaient innocemment les yeux levés vers lui.
Il prit une profonde inspiration, comme s'il pesait le poids de ses mots, et dilatait un instant ce temps précieux pour lui fournir une information qui changerait peut-être sa décision, ou l'image qu'elle avait de lui. Mais puisque la vérité devait être révélée ce soir, autant aller jusqu'au bout de ses responsabilités.

    - Vous vous méprenez. Ces hommes me pensent capables de venger sa mort, si les talents de Rosaline se révèlent inutiles, soupira-il, finalement moins affecté par la perte d'un homme de plus que par le jugement qu'en aurait la rousse. Il ne s'attachait à personne, ayant appris trop tôt que l'affection n'était que faiblesse, lorsque l'on avait choisi une voie aussi sombre. Et si Ambrosine devait occuper une place à ses côtés, elle serait en ce sens une charge comme sa soeur, et un moyen de plus de l'atteindre, ce qui n'était pas un risque qu'il voulait prendre à la légère. Je peux beaucoup de choses, Ambrosine, mais je crains que votre imagination ne soit encore trop bonne à mon égard pour en percevoir la véritable teneur.


Maintenant qu'elle était là, en face de lui, il hésitait à vouloir la mêler à un destin qui représenterait un danger pour elle et toutes ses valeurs - ce sentiment, il l'avait eu pour sa soeur, de nombreuses fois, et elle avait du insister pour qu'il arrête de vouloir la protéger de lui-même. N'était-il pas égoïste en voulant entrainer Ambrosine dans son monde, alors qu'elle y perdrait son innocence, devenant complice de crimes qu'elle n'aurait pas pu concevoir, et ne pouvait certainement pas défendre ?
L'exploitation des hommes par les hommes, la salissure des âmes qui se frottaient de trop près au pouvoir de l'argent des bas fonds de Londres... Supporterait-elle la vision d'un univers si malfaisant ? Il fallait une grande force de caractère pour s'appuyer sur la pourriture, et réussir à garder la tête hors de ce marécage nauséabond, où le Wicker avait été forcé de nager depuis son adolescence, après avoir connu la beauté illusoire des berges dorées.
Il ne souhaitait à personne un tel choc culturel, et encore moins à Ambrosine, dont la présence le troublait de plus en plus, tant sa personnalité contredisait parfois les manières qu'elle maitrisait avec naturel, après des années de bonne éducation. Comment pourrait-elle se préparer à devenir l'épouse d'un criminel, le méritait-elle d'ailleurs ?
Il ne s'était jamais vraiment posé ces dilemmes avant ce moment. Sa main se crispa légèrement en saisissant celle d'Ambrosine.

    - Venez donc, jusqu’au bout de la nuit… Suggéra-t-il avec un sourire digne du diable peut-être, sans lui laisser d’autres opportunités de s’échapper, puisqu’il la maintenait désormais d’une poigne forte, mais étrangement protectrice. Elle avait signé son pacte d’une promesse faite sur une flaque de sang impur en quelque : le destin de son union ne pouvait être plus prometteur. Elle était sa nouvelle compagne, pas une victime, néanmoins, car le choix lui avait été donné. Vous devez me faire confiance, Ambrosine, aucun mal ne vous sera fait si vous suivez mes instructions… Ce sont des choses que vous devez apprendre, et auxquelles il faudra vous habituer désormais.


Il ne tenait pas à lui donner des ordres, mais à lui montrer comment se défendre des travers qu’il aurait à affronter avec elle dans l’avenir. Il ne pouvait plus se cacher, et lorsqu’elle serait sa femme, son identité serait également connue… Et elle devrait l’assumer, entièrement.
Rosaline était revenue dans la pièce, sa robe et ses mains ensanglantée. Elle s’immobilisa devant la scène du couple, le visage pâle, et d’une certaine sévérité, comprenant les tenants et aboutissants de ce qui se produisait sous ses yeux : tout devenait plus vrai, inévitable. L’arrivée soudaine d’Ambrosine avait été précipitée, et désormais, il n’y avait plus de retour en arrière. Elle tourna son visage vers son frère, nullement inquiète de parler franchement devant celle qui venait de devenir sa sœur, de fait.

    - John, il savait très bien ce qu’il faisait, les coups sont parfaitement étudiés pour ne pas le tuer… C’est un message, conclut-elle, en le fixant d’un air intense. Elle savait qu’elle n’aurait pas le dernier mot sur la décision de son frère, mais elle essayait néanmoins de lui communiquer sa désapprobation. Puisqu’elle le savait peu réceptif, elle se tourna vers Ambrosine, dans l’espoir, surement, de la convaincre, pour qu’elle ait plus d’influence sur son frère. Le Gros Bill et sa bande veulent se débarrasser de la concurrence : et c’est John, pas Vince.
    - C’est une provocation, et si je n’y mets pas fin ce soir… Répondit immédiatement John, avant qu'elle ne poursuive son intervention. Son regard sombre passa d’une femme à l’autre, déterminé. Ce sont des choses qu’il faut écraser très vite, avant qu’elles ne fassent plus de dégâts.
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MessageSujet: Re: Family diner - Ambrosine & John Family diner - Ambrosine & John Icon_minitimeLun 14 Oct - 12:35



Family diner

John & Ambrosine



La révélation de John m’avait laissée stupéfaite : loin de moi l’idée d’imaginer qu’il était lui-même docteur, mais jamais je n’aurais pu songer que l’homme face à moi, qui m’avait courtisée avec tant de grâce et de délicatesse, était capable de commettre sciemment de tels actes. J’entendais presque la voix de Mère me conseiller de revenir sur mes mots et à la maison, que l’on me trouverait quelqu’un de correct – j’étais une fille de bonne famille après tout, je n’avais pas à endurer un tel mariage, qui pourrait de détruire la réputation qu’elle avait tant travaillé à construire malgré mes manigances. Le problème résidait dans le fait que je ne désirais ni rentrer, ni me rétracter. Au delà de ma promesse, un autre engagement semblait nous unir, un lien de confiance qui s’était tissé lorsqu’il m’avait avoué la raison de ce bain de sang. J’ignorais s’il attendait de moi une réponse ou une réaction suite à ses aveux. Si tel était le cas, sans doute verrait-il la surprise se dessiner sur mon visage tandis que je le laissais serrer mon poignet sans rien dire : pour une fois, j’étais véritablement sans voix, comme pétrifiée par la réalisation de ce qui m’attendait lorsque je deviendrai son épouse. Je craignais de ne l’en aimer que plus encore.

- Je n’irai nul part sans vous, lui assurai-je, sans pouvoir néanmoins m’empêcher de jeter un coup d’œil nerveux sur la chambre dans laquelle se trouvait encore le blessé. Mon fiancé m’avait assuré que je ne lui serais d’aucune aide, mais je me sentais impuissante face à son sort que j’aurais aimé pouvoir inverser. Tant que je ne saurais pas ce qu’il était advenu de lui, je serais incapable de croiser le regard de Rosaline.

Sa poigne s’était raffermie autour de ma main. Impérieuse, mais engageante. Je ne souhaitais pas partir, et il pouvait le lire dans mon regard – pourtant, je n’aurais voulu pour rien au monde que cette pression ne faiblisse. J’avais besoin de sentir sa peau contre la mienne pour parvenir à assimiler les deux facettes de sa personnalité qui se combattaient dans mon esprit confus. De les lier à cet homme qui m’observait dans l’expectative.

- J’ai confiance en vous, quoi que vous fassiez et quelques soient les raisons qui vous motivent, je suis persuadée que vos intentions sont louables. Je n’ai pas peur de vous, ni de cette vie que vous me proposez. Dites moi ce que vous voulez que je fasse, et j’obtempérerai.

Je ne craignais pas son autorité ni l’éventualité de devoir obéir à ses instructions. Je ne connaissais pas encore assez bien son monde pour pouvoir me permettre toute initiative, qui pourrait être préjudiciable à sa famille. J’avais beau être une femme indépendante, j’étais incapable de gérer seule ce genre de situation, et je devinais à ses paroles comme à ses actes qu’il les maîtrisait aussi bien que je maîtrisais mon art. A chacun son domaine de prédilection. Quoi qu’il en soit, l’heure n’était pas à l’insurrection : je pris partie de lui faire confiance et de me fier à son jugement.

Avant qu’il ne puisse m’expliquer ce qu’il attendait de moi, notre discussion fut interrompue par l’apparition d’une Rosaline couverte de sang, qui nous observa quelques instants, semblant chercher en moi la réponse que John avait trouvée. Une fois convaincue de ma loyauté, elle entreprit d’établir un compte rendu à son frère, sans manquer de m’inclure, ce que j’appréciais. A ses mots, mon visage pâlit tandis que je tentais de digérer l’information : ce pauvre homme qui n’avait rien demandé n’avait été qu’un messager. C’était après mon époux que l’on en avait, pour une raison que j’ignorais une fois de plus ; mais le moment était mal choisi pour l’interroger, alors je gardais cette question dans un recoin de mon esprit pour plus tard. Je ne pensais pas qu’il était possible d’en savoir trop sans néanmoins en savoir assez - pourtant c’est que je ressentais ce soir. Sa confession avait soulevé plus de questions qu’elle ne m’avait apporté de réponses. S’il voulait se confier à moi, il devrait le fait de façon sincère et exhaustive, songeais-je. Il avait refusé que je m’en aille sans lui jurer que je consentais à notre union, soit. Je refuserais moi-même de m’en aller sans connaître les détails de son passé pour le moins obscur. N’était-ce pas la moindre des choses s’il désirait réellement ce mariage ? J’avais remarqué qu’il plaçait sa jeune sœur sur un pied d’égalité. Je voulais qu’il en fasse de même avec moi.
- A quoi songez-vous ? m’interrogeais-je à voix haute, avant de me reprendre. L’implication était suffisamment claire.

J’avais alors levé la main qu’il ne maintenait pas au creux de la sienne pour la poser délicatement sur sa joue.

- Alors faites ce que vous avez à faire, je ne vous en empêcherai pas. Mais promettez moi, John, de vous montrer prudent, et de me revenir sain et sauf. Ce qu’ils ont fait à ce pauvre homme ...je ne supporterais pas l’idée qu’il vous arrive la même chose.

C’était malheureusement la terrible vérité. Une femme sensée se serait réjouie de la mort d’un tel époux, mais je ne pouvais m’y résoudre. Il était trop tard pour faire machine arrière : non pas parce que je l’avais juré, parce que j’avais connaissance à présent de son secret, ou parce que mes parents tenaient à cette union. Il était trop tard parce que je m’étais affectueusement attachée à mon fiancé.

 

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John Wicker
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MessageSujet: Re: Family diner - Ambrosine & John Family diner - Ambrosine & John Icon_minitimeMer 16 Oct - 5:23

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Puisqu'il avait entrainé Ambrosine jusque là et qu'elle n'avait pas reculé, John avait une envie presque malsaine de la pousser plus loin, de tester les limites de sa loyauté, qu'elle semblait croire inébranlable. La colère qu'il ressentait obscurcissait ses pensées, et c'était une facette de sa personnalité qu'elle devait connaitre... Subir peut-être, parfois.
Elle l'autorisait à agir, et un sourire entre la malice et la cruauté s'étira son son visage, saisissant Rosaline d'horreur, au point qu'elle porta une main à son coeur. Son frère avait pris une décision, et elle n'était plus maitresse de ses choix désormais. Il lui fallait se retirer : ce qu'elle fit, sans tenter plus d'argumentation, laissant les deux futurs époux, avec des excuses presque inaudibles, prétextant devoir se rendre de nouveau au chevet du blessé, qui risquait de ne pas survivre à cette nuit. Rosaline savait les humeurs de son ainé, bien qu'elle ne s'y habituait totalement jamais. Elle craignait pour sa santé, autant physique que mentale, même si elle ne pouvait en blâmer ses raisons, plus encore qu'elle la concernait souvent... Tout ce qu'il avait fait, il l'avait entreprit pour elle, et uniquement pour elle, jusque là du moins. Le partager ne l'effrayait pas, mais le perdre sous le poids des responsabilités la paralysait d'effroi. Elle n'était maitresse de rien néanmoins, et ne pouvait que se contenter d'espérer le meilleur.

    - Très bien, conclut-il donc, en dévisageant la rousse, sans aucune trace de gêne. Suivez-moi donc, si tel est votre souhait. Mais avant, pour apaiser vos craintes, donnez-moi une bonne raison de vous revenir, et je vous promets que rien ne m'en empêchera...


Sans prévenir plus que cela, de nouveau, il attrapa la demoiselle par la taille d'une main, glissant l'autre dans sa nuque, pour l'attirer contre lui. Cette fois-ci, rien ne l'empêcha de l'embrasser, avec fougue cette fois, goutant pleinement la douceur de ses lèvres, jusqu'à trouver sa langue, jouant avec ce désir qu'il sentait naitre en elle, malgré la situation peut-être, et son éducation. Il la voulait ainsi, passionnée, lorsqu'il lui faudrait son soutien, son énergie, pour affronter les épreuves du quotidien. Il provoquait sans doute, en dépit de ses promesses, mais les conséquences de ces actes ne l'embarrassaient plus : leur mariage proche rendait leur rapprochement légitime, et il avait bien l'intention d'aller jusqu'au bout de cet engagement, en s'attelant à ses devoirs conjugaux, quels qu'ils soient, dès cet instant.
Enfin, il la relâcha quand il la sentit manquer de souffle, et l'entraina sans lui laisser le temps de retrouver sa respiration dans l'air frais du soir, à l'entrée de la demeure devant laquelle attendait déjà une voiture tirée par deux chevaux magnifiques - celle qui avait sans doute ramené ses sbires, et s'apprêtait à retourner d'où elle était venue, pour terminer sa boucle morbide.

    - Montez, ordonna John en soulevant sans efforts sa fiancée, pour qu'elle prenne place à l'intérieur. Elle avait raison de lui faire confiance, même s'il ne divulguait rien de ses intentions : le cavalier qui dirigeait l'équipage la ramènerait au moindre soucis, comme il était convenu dans les clauses de son contrat, envisageant chaque scénario possible de ces virées punitives. Vous aimez ce frisson, n'est-ce pas ? S'étonna-t-il en découvrant son visage dans l'ombre, alors qu'il la rejoignait et s'installait à ses côtés.


S'il acceptait facilement l'idée que son épouse dusse se conforter dans la vie qu'il lui offrait, car elle compensait ce genre d'inconvénients par un amont non négligeable d'avantages, le Wicker n'avait cependant jamais imaginé que les désagréments puissent plaire, en vérité. Et malgré cela, il lui paraissait percevoir chez la Bellamy une excitation qu'il osait à peine s'avouer à lui-même, pour autant qu'il la ressentait aussi, à chaque expédition comme celle-ci. Etait-ce mal ?
La présence d'Ambrosine, plus que supportive, le troubla profondément : avait-il trouvé son égal, une complice plus qu'un témoin, alors qu'il n'en espérait pas tant ?
Son regard resta fixé sur sa compagne, intense, alors que le véhicule démarrait, et ses doigts, impérieux, se posèrent sur les plis de sa robe, cherchant sa cuisse fine à travers le tissu. Le temps sembla de distendre alors qu'il maintint ce simple contact qu'il voulait rassurant, sans se laisser emporter par plus de distractions.
A peine s'étaient-ils immobilisés que John disparut dans les ruelles, laissant Ambrosine au chauffeur, dont les consignes claires la protégeraient, quoi qu'il arrive.

    - Êtes-vous prête à devenir ma femme ? Demanda-t-il un quart d'heure plus tard en revenant à ses côtés, comme si le sang qui coulait d'une fine coupure sur sa tempe n'avait rien changé à la disposition dans laquelle il l'avait laissé, et n'était le résultat que d'un contretemps à peine notable. Il retira les gants qu'il avait enfilé, dont la couleur sombre cachait aisément les tâches qui les couvraient, et les laissa tomber sur le sol. Maintenant que cette petite rébellion est étouffée, j'aimerai que nous revenions plus sérieusement aux affaires nous concernant.


En effet, il n'avait fait qu'étouffer au final l'orgueil d'un homme qui n'avait été suivi par aucun de ses comparses, en voyant l'opposition se montrer en dépit du danger. L'assurance du Wicker, et son absence apparente de doutes quant à l'issue d'une confrontation avait poussé plusieurs opposants à rejoindre son avis et à se retourner contre leur supérieur, par crainte de subir eux-mêmes une vengeance. John avait eu peu à faire, à part d'apparaitre, et de donner une rapide démonstration des talents qu'il n'avait pas perdu, malgré le fait qu'il ne s'exposait plus aux yeux du public, en passant de l'autre côté du ring.
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Ambrosine L. Bellamy
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Âge : 26
Emploi : Ecrivain
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➣Noblesse anglaise
➣20 ans et toujours pas d'enfant
➣Écrivaine à ses heures perdues
➣Tient des salons littéraires chaque semaine
➣Plus sociable on meurt
➣Ouverte à tous les plaisirs de ce monde
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MessageSujet: Re: Family diner - Ambrosine & John Family diner - Ambrosine & John Icon_minitimeMar 29 Oct - 23:22



Family diner

John & Ambrosine



L’épreuve qui me parut la plus pénible ne fut ni plus ni moins que l’attente. Mais Dieu m’en soit témoin, que ces quinze minutes furent douloureuses ! Mon imagination se manifestait sous la forme d’insupportables visions d’horreur : le corps ensanglanté de l’homme qui s’était présenté à la porte me revenait à l’esprit ; et je n’avais aucun mal à concevoir l’idée que mon fiancé puisse se trouver dans une situation pareille. J’aurais donné n’importe quoi pour pouvoir le suivre et savoir ; voir de mes propres yeux ce dont il était capable. Mais tolérer ses actes ne signifiait pas que je serais en mesure de les apprécier, et je doutais qu’il prenne de tels risques à mon égard : cela serait à la fois dangereux pour ma sécurité et notre mariage, qui n’y survivrait sans doute pas. J’avais beau désirer ardemment le rejoindre, je savais sans nul doute que cette idée était ridicule, alors je me contentais de patienter en silence et de jeter quelques coups d’œils discrets à travers les fenêtres du véhicule. Je n’aurais pas pu distinguer quelque combat que ce soit, s’il y en avait eu, mais là n’était pas mon intention. Ce que je guettais, c’était la présence de mon futur époux, sain et sauf.

J’avais l’habitude de me montrer bavarde en compagnie des cochers, mais les circonstances m’en passèrent l’envie : ce fut donc dans un silence complet que nous attendîmes ensemble. Des instructions nous avaient été données, de façon explicite à son employé, et évidemment de manière plus subtile lorsqu’il s’était adressé à moi. Cependant, je n’étais pas dupe : j’avais compris dès qu’il m’avait attirée hors de son domicile qu’il me mettait à l’épreuve. Il ne tentait pas de vérifier mes compétences ou connaissances en la matière – il n’ignorait sans doute pas que je n’avais aucune idée de la façon dont ce genre de choses fonctionnaient -  mais ma loyauté et mon soutien ; il souhaitait savoir si j’étais faite pour l’accompagner et non pas uniquement pour garder son secret – cela, il s’en était déjà assuré. Je ne pensais pas avoir dit ou fait quoi que ce soit qui ait pu aller à l’encontre de ma position de compagne, et j’étais décidée à faire de mon mieux pour ne pas le décevoir. Lorsque je songeais à la pauvre Rosaline dans son rôle improbable de médecin et à John, mon futur époux, qui devait gérer à lui seul ce genre d’affaires, mon cœur se serrait : j’avais tant l’habitude d’être entourée qu’il m’était difficile d’imaginer les frères et sœurs livrés à eux même dans ce monde violent. Tout deux m’impressionnaient : jamais je n’aurais été capable de paraître aussi calme que Rosaline dans une telle situation si elle s’était présentée chez moi, et encore moins de la résoudre comme John avait pu le faire. Pourtant, les voir aussi résolus et déterminés avait éveillé en moi l’esprit téméraire que Mère s’était toujours efforcée de dompter. Je ne désirais rien d’autre que participer moi aussi à cette vie périlleuse que l’on m’avait refusée, à ces aventures que mon fiancé et moi-même aurions l’occasion de partager. J’avais beau appréhender mon avenir, force était de constater que je n’aurais jamais trouvé mieux, même si je l’avais cherché. Je ne croyais pas au destin, mais je remerciais tout de même notre Seigneur d’avoir placé cet homme sur ma route et de m’offrir ainsi la chance d’être la femme que j’avais toujours aspiré à devenir, sans décevoir ma famille et faillir à mon devoir de fille.

Peut-être même que je pourrais être heureuse, m’autorisais-je à rêver. Je m’étais toujours imaginée vieille fille, malgré mon amour inconditionnel pour les enfants ; mais avec notre union qui semblait se confirmer, tout était possible. Il me paraissait tout à fait probable de pouvoir continuer à écrire tout en étant une mère exemplaire et une épouse dévouée. Et comblée, ajouta mon esprit encore déconcerté par le baiser que John m’avait offert avant de quitter le domicile. Rien de ce à quoi j’avais pu goûter jusque là. J’avais beau tenter de me reprendre, je me sentais encore grisée par la perspective d’obtenir plus encore que ce dont j’avais pu espérer : du confort, de l’affection, et possiblement du désir - je pouvais encore sentir sa main brûlante contre ma cuisse et ses lèvres contre les miennes. L’idée de le savoir aux prises avec des truands en ce moment même ne faisait qu’amplifier cette envie nouvelle et irrépressible de me rapprocher plus encore de celui qui deviendrait bientôt mon époux. Que Dieu me pardonne, j’étais prête à oublier que nous n’étions pas encore mariés si cela me permettait de revivre ces vifs transports dont nous avons été victimes, ces instants interrompus qui ne faisaient qu’attiser notre appétit, le reporter.

Lorsque John fit son retour, j’avais trouvé la réponse à la question qu’il m’avait posée dans la voiture, quelques minutes plus tôt, à laquelle je m’étais alors trouvée incapable de répondre. Le frisson dont il parlait, je ne l’aimais pas seulement, je m’en délectais.

- Je l’apprécie plus que je ne l’aurais cru, m’en tiendrez vous rigueur ? l’interrogeais-je à mon tour après l’avoir accueilli comme il se doit, d’une embrassade dont la proximité aurait offensé la plus folâtre des jeunes filles du couvent. A travers toutes ses paroles, tous ses gestes, John m’encourageait à ne plus tenter de maîtriser mes passions ainsi qu’à ne pas cacher la personne que j’étais réellement en sa présence. Si tel était son souhait, je ne m’opposerai pas à ce qu’il apprenne à connaître cette facette de ma personnalité que mes parents avaient toujours réprouvée.

Du temps qu’il évoquait la question du mariage, je retirais délicatement mes deux gants pour les déposer près de moi sur les sièges. Faisant fi du protocole, je remontais lentement la main gauche sur son visage, jusqu’à atteindre la légère coupure qui traversait sa tempe, frissonnant de ce contact, aussi infime soit-il. La seconde s’affaira à trouver mon mouchoir, avec lequel j’essuyais d’un geste doux le sang qui s’échappait de sa blessure.

- Ne vous l’ai-je donc pas démontré ce soir ? Juré devant Dieu ? Je ne reviendrais pas sur mes paroles cher ami, mais si vous tenez à l’entendre une fois de plus, qu’il en soit ainsi : vous ne vous débarrasserez pas de moi aussi facilement John Wicker.

Je rangeais précautionneusement le mouchoir taché dans mon réticule, qui rejoignit les gants. D’un mouvement aussi rapide qu’irréfléchi, je me hissais de quelques centimètres afin d’atteindre les lèvres de mon futur époux, qui m’avaient laissées aussi ravie qu’insatisfaite que nos élans aient été coupés court par les péripéties de cette soirée. Pour la première fois de ma vie, je me surprenais à ressentir une sorte d’impatience invraisemblable à l’idée de ce mariage que je redoutais tant.

- Que diriez-vous de rentrer à présent ? Il commence à se faire tard, et quelqu’un pourrait nous voir, lui indiquais-je, inquiète à l’idée que l’on nous trouve ici autant qu’à celle que l’on nous surprenne dans cette position compromettante. Mes mains ne s’étaient pas aventurés plus loin que sa nuque, mais j’étais certaine que n’importe quelle personne sensée aurait compris ce dont il était question à mon souffle haletant et mes joues brûlantes.

 

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