Jolie petite histoire...

Enoch plaquait frénétiquement ses mains sur ses oreilles, cherchant vainement à se protéger du son qui lui parvenait. Il gémissait, criait, alors que son grand frère, Martin, un sourire aux lèvres, jouait de la crécelle et invitait ses camarades à se moquer de la réaction de son cadet.

Enoch détestait ce bruit et son frère le savait parfaitement. Il pénétrait son être et rongeait son ouïe sensible, aussi douloureusement que si on lui avait enfoncé un bâton tout au fond de l'oreille. Le jeune garçon était paralysé, tremblant, incapable de fuir la source de ses maux.

Et puis, tout s'arrêta. Enoch avait levé les yeux, pour voir Martin être stoppé par leur frère aîné, Julian. Ce dernier exhalait une autorité qui ne laissait pas de place à la désobéissance. Il n'avait même pas à dire un seul mot pour recadrer son frère cadet. Celui-ci avait laissé tomber la crécelle derrière lui et s'était enfui avec ses camarades de jeu.

Comme toujours, Julian avait protégé Enoch. Et Enoch ne pourrait jamais l'en remercier assez, c'était ce qu'il pensait. Le jeune homme, de quinze ans son aîné, avait toujours été là pour lui, aussi loin qu'il s'en souvenait. C'était lui qui lui avait donné ses premières leçons de piano, lui qui l'avait écouté patiemment parler des couleurs qu'il percevait et des sonorités qu'il entendait, lui qui avait été là pour croire en lui quand tout le monde avait abandonné.

Le prodige avait toujours été différent, spécial, deux mots qu'Enoch détestait entendre lorsqu'ils étaient dirigés vers lui, contre lui. Contrairement à ses frères, que ses parents exhibaient avec fierté, le jeune garçon était régulièrement mis à l'écart, honteusement caché, oublié. A leurs yeux, il n'avait pas la noblesse de ses aînés et c'était uniquement parce que Julian s'était battu bec et ongles pour le préserver qu'il n'avait pas fini ses jours dans un asile. Ca et la peur de la médisance.

Quand ses parents prirent conscience du talent singulier du garçon pour la musique, ils choisirent d'en faire leur "singe savant" et d'amuser la gallerie avec ses capacités. Enoch était en mesure de reproduire parfaitement sur un piano une musique qu'il venait d'entendre et savait également composer à une vitesse folle. Il aimait à créer des musiques accordées aux gens, des mélodies qui reflétaient le caractère d'autrui, leur manière d'être, leurs aspirations.

Enoch observait, se taisait, puis laissait son esprit faire. Et la magie opérait. A ses yeux, il n'avait jamais créé plus belle musique que celle qu'il avait composée pour Julian, pour son frère qu'il aimait tant. La mélodie était puissante, entraînante, teintée de douceur, reflétant les diverses facettes de son frère aîné.

Ce dernier aimait Enoch tout autant que celui-ci l'appréciait et avait décidé de prendre soin de son frère jusqu'à ce qu'il puisse voler de ses propres ailes. Ce n'était pas du goût de son épouse, qui n'appréciait pas de le voir passer plus de temps avec son cadet qu'avec elle-même, mais c'était sa décision. La seule manière qu'il avait de le protéger de ses parents et de la cruauté de leur frère, Martin. De le protéger de lui-même.

C'était lui qui avait eu l'idée de l'opium, lors d'une discussion avec un médecin pendant une réception. Julian souhaitait plus que tout éviter à son frère d'être institutionnalisé, craignant de ne pouvoir jamais l'en sortir s'il venait à l'être. Et les effets de l'opium semblaient être en mesure de l'apaiser. En quantité raisonnable, bien sûr.

Mais leurs parents s'étaient jetés sur l'idée et avaient poussé leur cadet à une consommation excessive, le menant tout droit à l'addiction. Tant qu'ils pouvaient le calmer, tant qu'ils étaient en mesure d'éviter les regards et les jugements, qu'importe la santé de leur fils. Qu'importe son bien-être.

Et, comme bien souvent, c'était Julian qui avait réparé les pots cassés. Julian qui avait tiré Enoch de ses cauchemars terrifiants et l'avait récupéré hagard et confus dans une fumerie d'opium. Julian qui avait tenté de le sevrer avant de le voir sombrer à nouveau, impuissant, entre les mains de leurs parents.

Aujourd'hui, Enoch est toujours le "singe savant" de la famille Dormer. Mais son esprit rêve d'ailleurs, de liberté, d'amitié, d'amour. D'une personne qui saurait l'accepter tel qu'il l'est, comme le fait son grand frère, et qui ne le droguerait pas au moindre prétexte. Une personne qui le comprendrait, intimement, profondément.

Alors, Enoch continue à vivre, à composer, espérant qu'un jour, sa mélodie atteindra cette âme soeur qu'il attend désespérément...

Dans la vraie vie, je suis...
Quel est ton pseudo ? Barnie. Un mec ou une fille ? Fille Quel est ton âge ? 24 ans Comment as-tu connu le forum ? En allant de partenariat en partenariat Un avis dessus : Très joli et le contexte est super cool et original   . As-tu un DC ? Nope Pv/scénario/Inventé ? Inventé Code de validation : [Validé]

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<t>Ben Whishaw</t> → <y>Enoch C. Dormer</y>

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