Dear Boss.



 
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Reine Victoria
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MessageSujet: Dear Boss. Dear Boss. Icon_minitimeDim 15 Avr - 18:20



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« ONE DAY MEN WILL LOOK BACK AND SAY I GAVE BIRTH TO THE TWENTIETH CENTURY. »

Whitechapel, 30 septembre 1888.

Les rues de Whitechapel étaient relativement calmes pour cette heure de la nuit. Minuit était à peine passé qu’une sorte d’étrange silence régnait déjà au-dessus du quartier le plus sombre de la capitale britannique. La lumière des lampes à gaz éclairait faiblement les pavés sombres des allées d’où s’élevaient une poignante odeur de crasse, de transpiration, d’humidité et d’alcool. Mais là où la plupart des passants venaient surtout pour les bordels dans les rues alentour, une silhouette venait surtout pour assouvir une soif inextinguible de sang. Nul ne connaissait réellement les intentions de ce meurtrier qui était déjà bien médiatisé pour l’époque, malgré ses deux meurtres. Deux meurtres qui n’avaient laissé personne indifférent jusque-là. Sa première victime remontait à un mois presque jour pour jour mais il ne pouvait plus se contenir. Savait-il que ce qu’il faisait était atroce et inhumain ? Probablement. Mais un esprit malade se débarrasse bien rapidement de la moralité qui peut parfois l’encombrer pour assouvir ses besoins. Et depuis quelques semaines, la moralité et la conscience étaient des valeurs et des vertus qui lui faisaient défaut. Il était un être empli de toutes les émotions négatives qui pouvaient être éprouvées, ressenties. Une existence infertile à une positivité des plus neutres.

Sa cible, en cette soirée du 30 septembre 1888, n’avait pas encore été choisie. Cependant, comme à son accoutumée, il choisirait une victime similaire à ses précédentes : une fille de faible fortune, de mauvaise vie. Pourquoi après tout s’attaquait-il à elles en particulier ? Par lâcheté, tuer des filles qui venaient d’elles-mêmes vous accoster dans une ruelle sombre était aussi brave que de poignarder quelqu’un dans le dos, ou par vengeance personnelle ? Cela pouvait très bien être aucune de ces deux raisons comme les deux en même temps. Seul l’esprit fou dans ce crâne avait une logique bien à lui concernant ses motivations. Il fit le tour de quelques rues avant de s’arrêter au coin de Berner Street et ne mit pas longtemps à apercevoir une femme qui faisait le tapin. Une dénommée Elizabeth Stride, pour qui la vie s’arrêterait après une poignée de minutes. La femme, qui se tenait à l’entrée de la ruelle sombre Dutfield’s Yard, était occupée à repousser un potentiel client et le meurtrier observait déjà son terrain de chasse, ses lèvres marmonnant pour lui-même de psaumes nerveux : aucun son ne sortait de sa gorge. Il marchait à un rythme cependant normal, ni lent ni pressé. La rue avait encore un peu de passage malgré l’heure tardive, Londres ne dormant jamais vraiment.

La prostituée finit par s’écarter de l’homme qui l’importunait mais son répit ne fut que de courte durée. Jack se dressa devant elle avant qu’elle n’ait pu ressortir de la ruelle à l’entrée de laquelle elle se tenait. L’assassin savait qu’il n’avait guère beaucoup de temps pour accomplir son méfait, il le savait et il l’avait déjà fait. Le temps ne lui faisait pas si peur que cela. Il suffisait juste d’être méthodique et de savoir utiliser les secondes que l’on avait en sa possession. Avant que la femme n’ait pu dire quoique ce soit, Jack lui trancha la gorge d’un couteau différent que ces précédents crimes. Pourquoi ? Après tout, il ne l’avait pas étranglé comme les autres. Différent moyen de procéder, même résultat. Alors qu’il s’accroupissait près de sa victime, une ombre vient cacher les lumières de Berner Street dans Dutfield’s Yard. L’obscurité fut accompagnée de bruits de sabots ainsi que d’un hennissement nerveux. Le tueur, déconcentré, releva la tête une première fois. Il était coincé avec sa victime, mais dans le noir quasi-total. Un inconvénient comme un désavantage. Cependant, dans un nouveau mouvement un filet de lumière vint éclairer la scène, n’attirant pas le regard du propriétaire du cheval qui se cabra cette fois-ci tout en laissant se faufiler une silhouette dans Dutfield’s Yard. Cette ombre s’arrêta net en voyant la scène. Cette ombre, le tueur la connaissait, malgré le contrejour provenant de Berner Street. Le regard des deux humains se croisèrent mais aucun mot ne furent prononcés.

Le temps, à cet instant, sembla s’être arrêté. De longues secondes s’écoulèrent entre ces deux paires d’yeux tandis que le sang continuait de couler de la gorge de la défunte Elizabeth Stride. Puis, un son, un seul, celui d’un sabot claquant sur le pavé, suffit à faire réagir le témoin et le meurtrier en même temps. Les deux partirent dans des directions opposées, se fuyant l’un l’autre. Le propriétaire du poney, étant parvenu à calmer sa bête, s’était engouffré dans Dutfield’s Yard, n’ayant pas remarqué les deux silhouettes qui partaient de part et d’autre de Berner Street, le pas vif pour chacun.

Cette rencontre avait profondément frustré le meurtrier qui se sentait bouillir de rage beaucoup plus que d’habitude. Sa folie n’avait guère été assouvie et il se savait un homme mort dès l’aube. Il ne pouvait se laisser finir la soirée ainsi. Il ne pouvait rebrousser chemin et rentrer chez lui comme si de rien n’était. Il devait laisser un héritage, une dernière œuvre à la postérité. Il était déjà bien macabrement célèbre dans les journaux et, même si cela ne l’avait guère intéressé malgré sa petite provocation épistolaire qui lui permit de choisir lui-même son « nom de scène », son histoire ne pouvait s’achever ainsi. Il marcha plus vite qu’il n’avait jamais marché, se débrouillant pour éviter toutes les rues trop passantes où des gens pas encore ivres pourraient le remarquer. Il s’arrêta à Mitre Square, vit une femme isolée et décida de se défouler sur cette innocente, mère de famille et nullement prostituée, et de se servir comme exutoire. Catherine Eddowes fut la quatrième victime de Jack l’Éventreur, qui ne fut nullement dérangé cette fois-ci et qui put se satisfaire complètement en défigurant et éviscérant la pauvre femme. Les mots étaient trop peu nombreux pour exprimer la violence et le barbarisme qui s’étaient emparés du cœur de Jack, presque aussi mort que celui de sa victime dans un sens. La scène de crime fut un carnage sans nom et une fois sa rage assouvie, sa soif désaltérée, le souffle court, il se releva. Il commençait à s’attarder et cela pourrait de nouveau se retourner contre lui. Dans sa main se trouvait un pan arraché du tablier de la défunte mère de famille à ses pieds. Plutôt que de le laisser sur la scène de crime, il se décida de l’emporter avec lui, comme un trophée supplémentaire avec le rein et la partie d’utérus qu’il avait déjà.

Il finit par quitter rapidement Mitre Square, passant par Goulston Street et s’arrêtant devant un porche. Son état mental était si instable que, désormais, il ne saurait dire si c’était lui ou non qui avait écrit la phrase accusant les Juifs. Il se souvenait juste d’y avoir déposé le pan de tablier ensanglanté, comme pour mettre en valeur l’inscription. Jack l’Éventreur disparaissait ainsi de nouveau dans les rues de Londres, en cette nuit du 30 septembre 1888, jusqu’au 9 novembre de la même année pour son ultime meurtre.
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