The Return of the Owl - [David & Harry] [FINI] - Page 2



 
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The Return of the Owl - [David & Harry] [FINI]

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Harry J. Downcry
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MessageSujet: Re: The Return of the Owl - [David & Harry] [FINI] The Return of the Owl - [David & Harry] [FINI] - Page 2 Icon_minitimeLun 7 Oct - 9:25



The Return of the Owl

By the hand of the mortal, I reborn.

Whitechapel • 19 avril 1892

La confrontation était plus longue qu'il ne l'aurait imaginé. D'ordinaire, David fuyait comme un oiseau sentant le danger vibrant dans le sol. Harry ne lui laissait de toute façon plus le choix, il en avait assez de fuir, assez de le laisser fuir ; chacun s'esquivant dès que possible afin que l'expression de leurs émotions fortes ne viennent pas entacher leur relation. Que ni colère ni reproche ne se glisse sur leurs langues. Ils avaient vécu ainsi, presque sans rien savoir l'un de l'autre finalement. Seulement des banalités que tous pouvaient savoir. Mais l'on ne pouvait vraiment connaître quelqu'un qu'en le mettait au pied du mur, face à ses responsabilités. Plus de faux semblant ni de demi-mots sous le manteau, mais une véritable discussion. Cela dit, le problème de celle-ci était qu'elle n'allait que dans un sens. Harry semblait si sûr de lui, si impitoyable dans ses piques ; comme s'il était parfaitement blanc de reproches, qu'il appuyait encore et encore là où ça faisait mal. Il ne parlait que très peu de ses propres ressentiments et des erreurs qu'il aurait pu commettre. Car il ne savait pas ce qu'il y avait de mal à vouloir une réponse de son amour. Une présence, face aux insondables ténèbres de l'existence.

Il jouait, comme un chat avec sa nourriture, bloquant toute porte de sortie pour sa proie. Ses longues jambes l'entouraient, sa haute stature le surplombait. Tout ceci ne semblait n'être devenu qu'un terrible jeu, comme si Harry était incapable de rester sérieux bien longtemps. Que dès qu'il s'agissait de chasser, une réponse comme un criminel, il ne pouvait s'empêcher de s'amuser. Mais sa colère était sincère, et sa tristesse luisait derrière ses joutes verbales malsaines. Il tentait de capturer le regard de David, mais il ne s'attendait pas à ce qu'il y verrait lorsqu'il relèverait la tête. Une figure de néant et de dépit, des yeux si acérés que le vétérinaire en eu un mouvement de recul. Ce n'était plus l’œil de quelqu'un qui fuyait, la beauté de ces reflets bleus le pétrifie un instant. Sa voix, sombre et cinglante, détruisant le silence en lambeaux à mesure que les syllabes coulaient. Harry eut un mauvais pressentiment. Il avait poussé le bouchon trop loin et ne savait pas encore à quel point. Se contentant d'attendre, bien préparé à accepter toutes les paroles de David – depuis le temps qu'il les voulait, Harry resta silencieux et immobile. Sa figure était patiente. Puis vinrent les premiers mots, assassins, dévorant toute innocence sur son passage. Des mots d'une violence sous-entendue : prisonnier, impuissant. Ce n'était pas anodin.

Ces mêmes phrases qui peinaient à sortir, il les prononçait d'un visage si éteint que Harry pouvait voir au travers le véritable masque du désespoir. Cette révélation lui glaça le sang. La déclaration se poursuivit, laborieuse mais réelle. Les images de plus en plus compréhensives se firent dans l'esprit du vétérinaire, qui comprenait à présent à quel point il avait pu être horrible dans ses paroles. Oh, il avait finalement réussi à mettre le chirurgien au pied du mur, à obtenir de lui cette confession longue de trois ans, à apprendre qui il était derrière le masque de l'homme riche mais mort à l'intérieur. Il comprenait tout le reste : que David ait toujours été distant et accepté difficilement ses marques d'affection. Est-ce que cela pardonnait le fait qu'il ait été abandonné par le chirurgien quand il en avait eu le plus besoin ? Harry voulait le croire mais il avait tout de même du mal. Certes, vingt ans s'étaient écoulés, mais preuve en était que la blessure était toujours aussi profonde. David y venait justement, à cet amour. Il avait conscience des efforts du vétérinaire pour le reconstruire, bien que cela eut été vain. Mais selon lui, c'était impossible d'entièrement le réparer. Il n'était que ruine, à ces dires, et brûlait intérieurement sur les mêmes charbons ensanglantés depuis des siècles maintenant. Harry ne savait plus quoi faire, il était incapable de prononcer le moindre mot, de faire le moindre geste. Il se sentait submergé d'une insupportable impuissance. Que pouvait-il faire de plus que tout ce qu'il avait déjà fait jusqu'ici ? Aurait-il fait autrement, en l'apprenant bien plus tôt ? Il en doutait fortement.

Par chance, ce ne fut pas Harry qui eut besoin de faire le premier pas. David, après une dernière phrase déchirante, luttait contre ses larmes et vint se cacher dans les bras de Harry. Ce dernier les ouvrit et l'accueillit, se mordant les lèvres pour ne pas se mettre à pleurer aussi. Il avait été si stupide. Pourquoi n'avait-il pas soupçonné ça, parmi toutes les possibilités ? Peut-être l'avait-il vu, mais avait-il refusé de faire face. Accepter ce fait, cela aurait été accepter de ne jamais véritablement recevoir le retour de tout l'amour qu'il offrait. Il avait été trop égoïste. Harry avait mal, mais il savait que ce n'était finalement rien face à tout le courage qu'il avait fallu à David pour avouer, même en sous-entendu, tous les sévices qui lui avaient été imposé. Il l'enlaça en retour, avec force – même s'il ne savait plus comment réagir. Devait-il alors faire preuve de la même distanciation que lui, afin de respecter ses traumatismes et ne plus le noyer d'amour ? C'était probablement la meilleure chose à faire, bien que cela lui en coûtait terriblement. Ne le quittant pas des bras, Harry alla s'installer à côté de lui sur le canapé et le laissa se blottir contre lui. Il embrassa le sommet de sa tête, ses tempes et caressa ses cheveux. C'était peut-être la dernière fois qu'il pouvait se le permettre, il ne savait pas. Les larmes lui montaient aux yeux à son tour, alors qu'il reniflait péniblement pour les contenir :

- Je suis désolé... je suis tellement désolé... tout ce que j'ai dis, je ne voulais pas te blesser, je... je... toutes ces attentions que je te faisais... est-ce que... je te la rappelais... ? Je t'aime tellement aussi, tu le sais, je refuserai qu'il t'arrive du mal...

Harry prit une profonde respiration et le serra davantage contre lui. Il se sentait lui-même mit au pied du mur. Que devait-il faire, que pouvait-il faire ? Où se trouvait-il dans cet immense couloir sombre, où l'on ne pouvait distinguer ni le sol ni le plafond ? Un tourment éternel de perdition. Agir ou ne pas agir, devait-on faire comme si de rien était ? Il était parti pour demander des comptes et se trouvait à présent face à ceux-ci : mais qu'en faire ? Harry embrassa une nouvelle fois ses cheveux :

- David... je ferai attention, maintenant.

Il resta silencieux, ne sachant pas trop lui-même ce que ces mots voulaient signifier. Mais il avait besoin de les dire, besoin de les sortir et que son amour le sache. Il ferait tout pour toujours rester avec lui, quoiqu'en fut le prix.

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David P. A. Williams
David P. A. Williams

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Informations : Est né en Écosse. • Vient d'une famille de petits bourgeois. • Son père est pasteur. • A été abusé par sa mère pendant plusieurs années. • Santé fragile. • A passé quelques semaines à l'asile à cause de son homosexualité. • A un très fort caractère. • Arrogant parfois. • Se drogue. • Fume occasionnellement. • A tenté de suicider. • En a conservé les cicatrices sur son avant-bras. • A des marques de piqûre au niveau du coude.
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MessageSujet: Re: The Return of the Owl - [David & Harry] [FINI] The Return of the Owl - [David & Harry] [FINI] - Page 2 Icon_minitimeMar 8 Oct - 12:06



The Return of the Owl

« The Edge Of The Night. »

Whitechapel, 19 avril 1892.

Peu de choses furent dites. Le silence était simplement lourd et pesant, chargé d’une mélancolie certaine comme s’il voulait poser sur les deux êtres dans la salle un voile réconfortant afin de dissimuler cette souffrance qui avait été avoué. En réalité, David était presque étonné qu’Harry ne sache pas une telle chose. Il avait pensé que Jonathan ou Amy auraient pu lui raconter. Mais ils avaient gardé le silence et le chirurgien ne pouvait que saluer leur respect face à son enfance chaotique et torturée. Ils avaient participé à sa survie, en particulier Jonathan qui, malgré son enfance difficile à lui-aussi, avait gardé une foi certaine envers tout et tout le monde là où David n’était plus qu’un agnostique nihiliste peu convaincant dans les simples mais inéluctables forces de l’amour et de l’amitié. Il y avait une poignée de gens auxquels il tenait, ceux-ci se comptaient sur les doigts de la main. Mais ils étaient ceux qui lui donnaient encore un minimum une raison de vivre, d’avancer dans ce monde gris et froid, sans saveur ni lumière, marcher dans ses ruelles qui sentaient la fumée d’usine et la pisse, transpirant une misère grasse et poisseuse sur les murs. Oh Westminster ou la Cité n’étaient pas touchés par cela. Mais le chirurgien habitait bien trop proche de Whitechapel pour ne pas connaître les effluves de la crasse.

Harry vint le rejoindre sur le canapé et David en profita pour se blottir un peu plus contre lui, s’enfonçant dans les longs bras réconfortants de son amant. Il ferma les yeux, profitant de sa chaleur et de son odeur de chien mouillé qui lui piquait légèrement ses narines insensibles. Tandis qu’Harry lui caressait les cheveux pour le réconforter, le chirurgien garda ses paupières closes, essayant de ravaler cette douleur sempiternelle qui lui avait fait monter les larmes aux yeux. Il écouta alors le vétérinaire se confondre en excuses qui n’avaient pas lieu d’être et David se blottit un peu plus contre lui, posant une main sur sa cuisse, ne lui en voulant nullement. Il savait que son amant avait toujours été joueur et taquin et qu’il n’avait jamais voulu lui faire de peine. Harry était impulsif et parfois vantard, mais il n’avait jamais eu mauvais fond. Il fallait être stupide pour lui en vouloir. Le cœur d’Harry était encore touché par une certaine candeur, une douceur qu’il fallait préserver, comme s’il ne s’était pas encore rendu compte de la cruauté du monde extérieur ou du moins, qu’il fermait toujours les yeux face à ceci. David posa une main sur le cœur du vétérinaire.

— Tout va bien, tu ne pouvais pas savoir… Je sais que tu faisais cela par amour.

Tout comme sa mère, au final, même si la comparaison n’avait pas vraiment lieu d’être. Pour Harry, tout cela n’avait qu’un jeu qui devait leur faire plaisir à tous les deux. Jamais David ne s’était senti forcé de faire quoique ce soit, hormis pour voir un sourire sincère se dessiner sur les lèvres de son amant, mais jamais il n’avait dû être mis en impuissance pour laisser faire Harry. La matriarche Williams, c’était de l’aveuglement fou. Une folie destructive et abusive que personne n’avait pu contrôler. Alors, si Harry avait pu se montrer insistant parfois, oui, et que cela la lui rappelait inconsciemment, il ne lui en avait jamais voulu. En réalité, il aurait dû lui en parler plus tôt. Il aurait dû lui en faire part au lieu de s’enfuir dans un silence morne. Il fit alors remonter sa main pour s’accrocher à son cou, collant sa joue sur le torse du vétérinaire.

— J’aurai dû t’en parler plus tôt, c’est ma faute désolé… Mais non, tu ne me fais pas penser à elle. Enfin… Inconsciemment, tes actions me l’ont peut-être vaguement rappelée, mais tu n’as rien à voir avec elle, je ne veux pas que tu le penses… Je t’aime…

Il soupira alors, hésitant à aller déposer un baiser sur ses lèvres mais préféra rester contre ce corps squelettique qu’il chérissait précieusement. Il caressa alors le cou de Harry, pensivement et avec douceur. Il repensa alors à tout ce qu’il avait dit, ayant envie d’en avouer plus à son chéri. Après tout, il était bien parti pour continuer de s’ouvrir entièrement. Ce fut alors qu’avec une voix blanche, éteinte et vide, il dit :

— Elle a toujours nié. Dès que je suis sorti de l’asile, on ne s’est revu qu’une fois, au mariage de Jonathan et Juliette. Elle a essayé de me parler plusieurs fois mais j’ai préféré partir rapidement. Jonathan a compris. Je ne sais pas si elle voulait s’excuser ou pas, je ne saurai jamais. Et puis, elle a fini par se suicider, le 28 août 1888.

Il savait que cette date n’était pas anodine pour Harry. Il pourrait croire ce qu’il voudrait mais peut-être qu’au final, cette sorte d’aveu ne changeait strictement rien. Le vétérinaire était malin, aussi David estimait-il qu’il aurait compris. Il eut un sourire triste, continuant d’essayer de se cacher dans ses bras, de disparaître contre lui et de ne plus bouger.

— Je suis désolé d’être aussi distant parfois. J’ai toujours été distant, il me semble mais ce n’est pas contre toi. Je ne savais juste pas comment gérer ta peine et je ne voulais pas t’en rajouter… Je soigne les blessures physiques des gens, je suis mauvais quand cela concerne le cœur.

Il eut un sourire comme pour souligner son petit trait d’humour, essayant de se donner un minimum de contenance. Au final, il resta contre lui, faisant glisser sa main jusqu’à son torse pour le caresser avec tendresse, profitant juste de ce moment doux. Les yeux clos, il laissa échapper un soupir heureux, ainsi protégé et réchauffé par le corps bouillant du vétérinaire. Il savourait juste cet instant dont il les avait trop privés ces derniers temps.

— Je sais que tu es certainement en colère contre moi pour t’avoir abandonné, mais… je veux que tu saches que je t’aime, que je veux rester avec toi… Si tu as des projets pour nous deux, alors je ferai un effort, pour toi.

Parler lui avait fait du bien. Il se sentait plus léger, comme s’il avait transmis une partie de son fardeau à Harry et que le soulever à deux était désormais beaucoup plus facile. Il avait moins peur de s’engager, moins peur de penser à l’avenir et de craindre sans cesse l’ombre en lui. Le vétérinaire était son phare dans la nuit et sa chaleur d’âme brillait ardemment dans le doré pur de ses iris.
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MessageSujet: Re: The Return of the Owl - [David & Harry] [FINI] The Return of the Owl - [David & Harry] [FINI] - Page 2 Icon_minitimeJeu 31 Oct - 16:53



The Return of the Owl

By the hand of the mortal, I reborn.

Whitechapel • 19 avril 1892

Le silence pesait dans le salon, lourd de tous les sens qui leurs avaient échappé. Les couleurs chaudes des tapisseries rendaient une atmosphère qui se voulait rassurante. C’était bien le minimum. Harry tenait toujours contre lui le corps de son amour, le laissant se blottir contre lui. Il voulait le serrer davantage, désespéramment, avec toute la fougue de sa tristesse. Le vétérinaire était déçu de lui-même : ne pas avoir pu défaire les indices, alors qu’il avait jusqu’ici réussi à cerner l’homme de sa vie mieux que n’importe qui sur cette planète… il n’avait pas su lier les soupirs, les mots éparses et l’éloignement. Mais la vérité semblait être bien plus douloureuse : il avait refusé de la voir en face. Accepter que David ne pouvait être soigné par des baisers et des tendres attentions toujours plus intrusives, comme si la tendresse pouvait corriger les cicatrices toujours plus béantes des souvenirs traumatiques. Harry était persuadé qu’il y serait parvenu ; et voir David le fuir alors qu’il était au plus bas, était à la fois le rappel de sa propre médiocrité, celui de son échec. Il pensait… il pensait… tout cela n’avait plus d’importance maintenant. Quelque chose au fond de lui avait envie de pleurer, mais seul un voile humide se déposa sur ses yeux clairs. Il caressa les cheveux de David, grattouillant derrière ses oreilles comme à chaque fois qu’il voulait lui montrer qu’il était attentif.

Quand la dualité de l’esprit humain se montre si tranché et extrême que l’on ne fait plus la différence entre la bonté et la folie, alors les barrières de la logique s’effondrent et tout devient alors subitement si vain. C’est ainsi qu’Harry se sentait, quand ses fantasmes idiots se mélangeaient à la dure réalité des choses, de ces drames qui n’avaient rien d’excitant et qui blessaient plus profondément que la chair. Des choses horribles, qu’il aurait voulu punir, mais qui était impossible à soigner. Encore une fois cette pensée le mit en rage : impossible n’était pas un mot qui se trouvait dans son vocabulaire. Il ne supportait ni sa sonorité ni son existence, et encore moins tout ce qu’il voulait sous-entendre. S’il l’avait pu et si cela était nécessaire, Harry irait jusqu’en enfer pour soulager ne serait-ce qu’un peu le coeur meurtri de l’homme de sa vie. Il sentit la main de David sur son coeur, tandis qu’il lui disait de ne pas s’en vouloir « car il ne pouvait pas savoir et qu’il ne faisait cela que par amour ». Harry ne sut s’il devait vraiment être apaisé par ces paroles. Il avait peut-être été aveugle, mais le vétérinaire n’en était pas plus stupide : et si, comme le disait le fameux frère du chirurgien, tout n’était bien qu’amour ? Un sentiment aussi destructeur qu’apaisant, quelque chose qui pouvait détruire des vies plus viscéralement que des guerres. Un sentiment tout aussi noble que malsain. La limite entre ces deux miroirs parfois cruellement proche.

Alors, même s’il savait que David essayait de le réconforter – chose ironique, Harry se sentait plus accablé et perdu encore. Comment devait-il agir maintenant ? Il ne pouvait vraisemblablement plus se permettre autant d’attentions qu’avant, mais où se trouvait cette fameuse limite ? Peut-être était-ce quelque chose que David devait imposer de lui-même. Ce dernier se remit à parler, se perdant dans ses propres mots pour finalement prouver les pires prémonitions du vétérinaire : sa tendresse exagérée, sa douce idolâtrie, à vouloir le combler comme on comble un enfant, lui avait en effet rappeler sa mère. Et même si David ne voulait pas qu’il le pense car il l’aimait, ce n’était qu’une consolation bien maigre comparé à ces trois années où Harry lui avait fait subir un fantôme de ses blessures. La culpabilité lui montait à la gorge dans une boule d’aigreur, toute son incroyable verve et sa fierté ensoleillée avaient disparu. La main de son amour remonta jusqu’à son long cou, Harry ferma les yeux sous cette caresse. La suite de sa confession arracha un soupir au vétérinaire, signifiant l’acquiescement. Il ouvrit un peu plus ses bras pour que David puisse s’y cacher, disparaître dans sa chaleur - contre sa peau rêche et sauvage, là où David avait la peau si douce et les paumes délicates. Il était même au plus proche de son corps quand il commença à s’excuser d’être si distant, et le hasard rendit cette situation encore plus merveilleusement absurde. Qu’il ne voulait pas le blesser personnellement et que ne sachant pas gérer sa peine, il avait préféré s’éloigner qu’en rajouter. Harry n’était de toute façon plus en mesure de pouvoir dire quoique ce soit. Répéter qu’il aurait dû être présent car c’était évident qu’Harry avait besoin d’une présence vu que c’était ce dont il saoulait David ?

Il était bien trop fatigué pour repartir dans une pareille querelle. Il sourit même à la petite plaisanterie de David, appréciant le jeu de mot. Ressentir le corps progressivement réchauffé de son amour était un véritable plaisir, Harry ne souhaitait que cela ne s’arrête jamais. Tant pis s’il devait rester la journée entière sur ce canapé ; rien pour être avec lui, il l’acceptait. Ainsi David lui murmura tout son amour, le souffle de sa voix réchauffant son propre cou. Il enfouit son nez dans ses cheveux, embrassa son front. Le vétérinaire n’était vraiment pas habitué à tous ces mots d’amour de la part du chirurgien, tant et si bien qu’il finit par fondre silencieusement en larmes. Son corps parcourus de cahot sans un bruit enlaçait fort son homme. Tant pis s’il donnait l’impression de l’enfermer dans ses bras, il en avait besoin. Depuis tout ce temps qu’il disparaissait pour courir dehors lorsque ses émotions devenaient trop fortes, c’était la première fois qu’il pleurait aussi ouvertement devant lui. Il n’y avait pas de mot pour d’écrire le torrent insurmontable d’amour qu’il ressentit aux dernières paroles de David, comme si c’était la première fois en trois ans qu’il lui disait vraiment je t’aime, la première fois que tous les sentiments d’Harry lui étaient finalement renvoyé en miroir. A n’en pas douté, Harry aimait David plus que sa propre vie. Le pourquoi était bien trop complexe pour l’expliquer en quelques mots, il faudrait peut-être un roman entier pour le décrire.

Il pleurait en souriant, écartant David l’espace d’une seconde pour pouvoir tirer un mouchoir de sa chemise et étouffer ses pleurs dedans. Répondre je t'aime n'était pas à la hauteur de cette déclaration, Harry le lui avait beaucoup trop dit. Mais ces larmes, sincères, témoignaient de tout son amour d'une manière bien plus poignante encore. Prenant une profonde respiration, ses yeux rougis par les larmes rendant encore plus vifs l’or de son regard, Harry les jeta éperdument dans celui de David.

Pardon, ça doit être les nerfs. … tu sais… des projets, tu m’as souvent dit qu’on avait pas vraiment le droit d’en avoir, même que je suis toujours bien trop exubérant à ton goût… peut-être que pour aujourd’hui, on devrait simplement passer la journée ensemble, tu en penses quoi ? J’aimerai que tu choisisses ce que tu aimerais faire, si tu veux rester au chaud dans mes bras toute la journée, ça me va aussi.

Son sourire rayonnait de bonheur. Le revers de sa main caressa tendrement sa joue, attendant patiemment le choix de son aimé. Harry ne voulait que son sourire en retour :

On pourrait aller faire un tour quelque part, promener Dahey dans une forêt et s’arrêter quelque part où il n’y aura que nous deux à des kilomètres à la ronde… ou rester à Londres et faire ce que bon te semblera. Dis moi ce qui te ferait plaisir.

Avec une extrême douceur, il chatouilla le dessous de son menton comme on chatouillerait un gros chat. David était de toute façon son gros chaton. Aussi grognon et indépendant qu’un vieux chat. Chasser le naturel et il revient au galop, aussi Harry ne put s’empêcher – bien qu’il parut ridicule avec sa figure rougie, de faire un grand sourire de séducteur et de murmurer cette proposition dans son oreille :

Bien sûr je peux aussi te faire délicieusement l’amour toute la journée.

Il laissa ensuite sa phrase finir dans un rire, indiquant par là qu’il était conscient d’être totalement impertinent. Harry baissa même la tête comme prêt à se faire gentiment taper dessus en punition.

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David P. A. Williams
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Informations : Est né en Écosse. • Vient d'une famille de petits bourgeois. • Son père est pasteur. • A été abusé par sa mère pendant plusieurs années. • Santé fragile. • A passé quelques semaines à l'asile à cause de son homosexualité. • A un très fort caractère. • Arrogant parfois. • Se drogue. • Fume occasionnellement. • A tenté de suicider. • En a conservé les cicatrices sur son avant-bras. • A des marques de piqûre au niveau du coude.
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The Return of the Owl

« The Edge Of The Night. »

Whitechapel, 19 avril 1892.

Se blottissant toujours contre Harry, David profita de l’instant comme s’il en avait été privé trop longtemps. Ce n’était pas totalement faux après tout, mais le chirurgien avait été le seul à se soustraire de cette chaleur réconfortante. Il avait le seul instrument de leur éloignement qui avait fait si mal au vétérinaire. David savait qu’il était loin d’être parfait et qu’il avait fait ici une erreur magistrale. Mais pouvait-il passer outre ses traumatismes sempiternels pour l’homme qui le tenait dans ses bras ? Harry pouvait-il le soigner définitivement et lui permettre de tourner définitivement la page sur son passé trop douloureux ? Il resterait sûrement une part mal-être chez le chirurgien, le mal étant allé trop profondément dans son cœur, la gangrène de la haine ayant probablement laissé des séquelles trop importantes pour qu’elles ne se résorbassent avec le temps. Mais les oublier, ne plus les sentir, les laisser endormir à jamais, peut-être qu’Harry pouvait bien le faire oui. Les choses s’étaient améliorées indéniablement depuis que David l’avait dans sa vie. Même Londres lui paraissait moins nuageuse, plus ensoleillée. C’était une idylle atypique que le chirurgien avait failli faire voler en éclats à cause du fardeau qu’il se trainait depuis des années, mais il n’était désormais plus seul pour le soulever.

Ne voulant quitter les bras squelettiques d’Harry, il finit par sentir ce dernier bouger et le décoller de lui. David offrit tout d’abord une douce résistance, désirant rester blotti contre lui et ne comprenant pas pourquoi le vétérinaire voulait l’arracher à lui. Puis, le chirurgien comprit rapidement en voyant son amant sortir un mouchoir de sa poche, en larmes malgré son sourire. David eut une moue triste en le voyant ainsi dans cet état. Voir les yeux d’or d’Harry rougis par le sel de ses larmes de bonheur était un spectacle aussi réconfortant que déchirant. Après tout, le vétérinaire s’était toujours fait passer pour quelqu’un de fier et d’exubérant en public. C’était par ailleurs sur un combat d’egos entre les deux hommes que leur amour réciproque était né. Harry avait toujours été un garçon sensible, cela se sentait aux premiers abords, mais le voir ainsi craquer fendit le cœur du chirurgien que le fils Downcry parvenait à reconstruire au fur et à mesure, y laissant sûrement une énergie considérable depuis des années maintenant. David sourit ce regard si noble et caressa doucement sa joue avant de glisser sa paume jusqu’au cou de son amant, voulant le réconforter à son tour.

Harry prit alors la parole, indiquant ses souhaits pour la journée. Des projets alléchants si David n’avait pas été un casanier endurci. Il jeta un coup d’œil à la fenêtre afin de guetter le temps à l’extérieur. Ce dernier était à l’image de la tristement célèbre météo anglaise : il ne pleuvait pas et le soleil trouait par ses rayons la couche épaisse de nuages gris, sans pour autant éliminer l’humidité certaine de l’air. Promener Dahey aurait été une bonne idée, au final. Loin de la ville, des bruits de pas sur les pavés des rues, des cris d’ivrognes de Whitechapel au cœur de laquelle ils trouvaient. Privé de la chaleur d’Harry depuis trop de secondes cependant, David se blottit contre lui de nouveau en poussant un petit soupir heureux, réfléchissant à ce qu’il voudrait bien faire de sa journée avec Harry. Le calme était reposant et il voulait profitait de cette intimité dont il les avait privés tous les deux. L’idée même de venir emménager chez le vétérinaire lui traversa l’esprit. Le quartier lui plaisait moyennement mais il savait que pour rien au monde Harry ne bougerait son cabinet. Puis, l’appartement du vétérinaire était bien assez grand pour tous les deux.

Il mit cette idée entre parenthèses, peut-être était-il tout simplement trop tôt pour s’avancer sur des pareils projets. Malgré la durée de leur relation, cette dernière avait été en dents de scie, et David ne voulait pas s’engager tant que tout n’était pas bien stable entre eux. Cependant, il savait que ce jour-là, il s’était réellement confié à Harry, lui ouvrant au final cette porte sur lui-même qu’il avait si longtemps gardé scellé dans l’idée que cela le protégeait. Mais tout comme Jonathan l’aidait à porter ses doutes, ses peurs et ses blessures depuis des années, Harry faisait partie intégrante de sa vie désormais et il méritait d’être autant dans la confidence que son frère. Ce n’avait été pas un geste anodin pour David, peut-être que le vétérinaire ne se rendait pas compte de ce que cela signifiait pour le chirurgien que de s’ouvrir ainsi, d’être mis ainsi à nu face à lui. Mais l’idée qu’Harry ne finisse par sortir de sa vie lui était insupportable. Cette option-là, qui n’avait pourtant même pas été prononcée mais qui avait flotté dans l’air quelques instants, avait fait prendre conscience à David à quel point son amant était au final bien plus que cela.

Perdu dans ses pensées, David en avait d’ailleurs oublié de répondre, se laissant gratouiller par Harry avec un sourire heureux sur les lèvres. En réalité, l’instant présent était si doux qu’il n’aurait voulu qu’il ne cesse jamais. Avide de cette chaleur si apaisante, il ferma les yeux, engourdi par la douceur du vétérinaire dont la voix susurrante à son oreille vint le tirer de sa rêverie. La phrase était malicieuse et aussi directe que franche. Celle-ci dessina tout de suite un sourire amusé sur le visage de David, similaire à celui du vétérinaire. Pourtant, quand le médecin tourna la tête vers son amant, il perçut presque un air coupable dans son regard. Il s’en amusa alors, et prit un air outré, comme s’il avait indigné par la demande osée de Harry.

— Tu n’as pas honte…?! Franchement… c’est… c’est indécent ! Et les bonnes manières alors ?

N’étant pas bon acteur, David finit par se trahir en souriant sincèrement, une lueur espiègle dans son regard bleu. Il se mordit discrètement la lèvre avant de poursuivre :

— Après… vu le temps dehors, je t’avoue que la proposition est intéressante, aussi déplacée soit-elle.

Il eut un petit rire amusé et prit la chemise de Harry dans une de ses mains pour attirer doucement le vétérinaire vers lui afin de l’embrasser avec amour enfin débridé.
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