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hello from the other side | David [Fini]

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Fergus Lynch
Fergus Lynch

Âge : 36
Emploi : Fondeur
Informations : Orphelin déposé au seuil d'une institution quelques semaines après sa naissance ✘ Ignore tout de ses origines, et n'y accorde aucune importance ✘ Fraie dans le monde de la petite délinquence depuis sa plus tendre enfance ✘ Ancien chef d'une bande gosses aventureux, à présent dissolue ✘ Suite à ça, a passé plusieurs mois en maison de correction ✘ La mort d'un de ses meilleurs amis, atteint de syphilis, a suffi à le convaincre de ne pas s'approcher des prostituées, règle qu'il suit toujours ✘ A fondé la Tribu, gang des rues sévissant à Whitechapel, dont il connait les moindres recoins ✘ Participe régulièrement à des combats illégaux organisés dans des bars, desquels il tire un joli pactole, ainsi que quelques petites cicatrices sur tout le corps ✘ Amateur d'armes blanches, il se sépare rarement de son couteau de boucher, tout comme de son vieux chapeau melon ✘ Se moque bien des forces de police, avec lesquelles il n'hésiterait pas à en découdre ✘ Ne voue que mépris à l'aristocratie et aux autres parvenus, mais grâce aux paiements reçus en échange de l'aide de son gang, il recrute de plus en plus d'adeptes, et accroît l'influence de la Tribu : son ambitieux objectif n'est autre que de faire tomber sous sa coupe Whitechapel et Southwark, pour mieux leur donner un second souffle, ainsi qu'une capacité de réponse envers les injustices infligées par les strates plus aisées de la société.
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MessageSujet: hello from the other side | David [Fini] hello from the other side | David [Fini] Icon_minitimeSam 22 Oct - 17:01



Hello from the other side

« J’habite la nuit, une nuit sans étoiles, sans rêves et sans lendemain. »

St Bartholomew's Hospital, 1890

Son poing s’abattit avec fracas contre la mâchoire de son adversaire, provoquant un léger craquement alors que la foule s’embrasait de vivats retentissants. Depuis combien de temps s’acharnait-il de la sorte ? Fergus n’aurait su le dire, la notion du temps commençait à devenir floue, les minutes semblant s’écouler avec bien plus de lenteur au fur et à mesure que l’effort physique avait gagné en intensité. La soirée devait cependant être bien entamée, à n’en point douter, comme l’on pouvait en juger par la fougue que mettaient les spectateurs à les encourager, lui et son adversaire, par maints beuglements et applaudissements assourdissants, motivés autant par le talents des combattants que par la bonne bière servie à flots depuis que le soleil s’était retiré de l’autre côté de l’horizon. À quoi aspiraient donc, ces anonymes au visage rubicond, bouffi par la boisson, la moiteur ambiante et leurs larges sourires ? Ils appelaient de leurs vœux beuglés dans le tumulte deux issues pour le moins antagonistes : que le combat dure encore, pour que la fièvre les habitant ne retombe pas… Mais que l’un deux finisse par surpasser l’autre, sans une once de pitié. Tôt ou tard, ce duel trouverait une issue… Mais pour le moment, Lynch n’y songeait pas. Chacun de ses muscles s’était détendu, pour donner plus de souplesse et de rapidité à son imposante stature que de force brute, alors que l’adrénaline, retombant peu à peu, laissait dans ses veines une délicieuse sensation de résistance à la fatigue, gagnée au cours des nombreux combats qui, comme celui-ci, avaient été menés implacablement par le Britannique. Il s’agissait du dernier face-à-face de la nuit, sorte de clou du spectacle macabre où, si la mise à mort du perdant ne se trouvait pas requise, le sens du spectacle se devait d’être respecté, au moins dans les premiers temps, avant que le sang ne commence à couler et à nimber les mains des deux hommes jetés dans l’arène. Depuis le temps que l’Anglais s’abreuvait aux plus sombres instincts de ses semblables, avides de violence sans en assumer pleinement l’exercice, il savait gérer l’attention du public, à la manière d’un monsieur loyal dénué de tout apparat, armé de sa seule rage. Plus prosaïquement, entre parades et esquives préliminaires, l’assemblée hétéroclite réunie dans l’arrière-salle du bar avait tout le temps de sentir gonfler en elle une ivresse nouvelle, née non pas de l’alcool, mais bien de l’excitation… Et de ne plus regarder à la dépense en matière de paris. Tous ceux s’étant jamais essayés aux combats de rue le savaient, du moins ceux suffisamment futés pour voir plus loin que le bout de leur nez : au début, tout n’est que tour de chauffe… Lorsque les billets froissés commençaient à remplacer les pièces de monnaies dans les mains de l’organisateur de l’évènement, là, les choses sérieuses débutaient. Plus que par appât du gain, c’était exactement pour cela que Fergus s’adonnait avec tant d’application à cette forme d’autodestruction, dans laquelle il s’illustrait depuis plusieurs années déjà, sans relâche, sans pitié.

L’ovation des badauds, pour agréable qu’elle parvenait à se révéler, n’était pas non plus la raison pour laquelle Fergus rempilait, affrontement après affrontement, pas plus que la gloire éphémère de lever le poing triomphalement après avoir accompli ce que tout le monde –du moins les parieurs ayant misé sur vous- attendait de vous, en une prestation digne de l’antique cité de Sparte. Non, le sel de ces rixes, ce dont Fergus ne pouvait plus se passer, c’était bel et bien ces instants où le jeu cédait la place au pugilat. Le monde extérieur s’effaçait, bruits, lumières, formes devenues aussi flous qu’inutiles, relégués  au loin par une concentration de chasseur traquant sa proie. Pas de règles dans la fosse, pas d’arbitre ni de temps morts, il n’y avait que lui, que l’animalité cachée en chaque être humain, et l’autorisation d’en faire bon usage, toujours au nom de l’amusement du plus grand nombre. La douleur s’estompait, née d’une entaille à la tempe, de côtes malmenées ou d’un nez en sang, noyée dans une torpeur où ses sens devenaient plus aiguisés, et sa détermination aussi tranchante qu’un rasoir. Son esprit demeurait aussi clair et calme qu’un lac, son corps se muait par réflexe, sans plus nécessiter d’ingérence autre que la mémoire propre de ses muscles, pour lesquels les feintes et autres stratégies de son opposant n’avaient désormais plus de secrets. Tout n’était plus que plénitude, vide intérieur, certitudes d’airain et adaptabilité féline. Ses gestes se calquaient sur ceux de celui dont il prenait soin d’exploiter les failles, avec précision, méthode, et un froid acharnement. Oh, il en avait essuyé, des revers, et senti l’univers chanceler sous ses pieds plus d’une fois cette nuit-là : le quidam lui faisant face n’avait rien d’un tendre, et connaissait les enjeux, flairant l’odeur de l’argent facile, et de la souffrance à infliger sans risque d’avoir à en répondre aux yeux de la loi. Malgré les hématomes, le goût à la fois amer et ferreux collant à son palais, malgré la sueur glaçant son dos, Fergus se savait capable de réussir, de puiser dans ses ultimes ressources et de se surpasser. Combattre dans ces caves exigües ou ces arrière-cours parsemées d’ordures, c’était continuellement prouver que rien ne parvenait à se heurter à son déchaînement sans ployer. Combattre, c’était vivre, cette fois en ayant le droit de rendre les coups quand vous en receviez, et non plus seulement maudire votre capricieux destin.

Voyant son challenger tituber, Lynch décida d’en finir : profitant du bref moment d’égarement du pauvre bougre lui ayant vaillamment quoi que vainement tenu tête, l’Anglais lui asséna un impétueux coup de pied dans le côté, du plat de la semelle. Le malheureux, brusquement projeté en arrière, s’étala de tout son long sur le parquet poussiéreux pour ne plus se relever, trop exténué pour parvenir à se remettre sur ses deux jambes, et reprendre les assauts contre ce diable d’homme duquel on lui avait demandé, sans succès, de venir à bout. Le criminel n’entendit pas tout de suite la liesse des spectateurs, ni leurs voix toutes unies scandant gaiment le classique décompte depuis dix jusqu’à la proclamation de son indéniable supériorité ; revenir au réel s’avérait toujours un peu long, comme on peine à s’extraire d’un rêve confortable, au cours duquel l’on est définitivement devenu quelqu’un d’autre, quelqu’un de mieux. Ce ne fut que lorsque la poignée de membres de la Tribu venue l’encourager lui tomba dessus, joyeuse au-delà de toute expression, s’époumonant en chants victorieux et l’empoignant amicalement par les épaules, qu’il parvint à s’arracher à la contemplation du corps allongé devant lui, qui respirait encore, unique signe indiquant qu’un nouveau mort n’était pas à ajouter à sa liste personnelle. Souriant avec ses camarades, la fin de la soirée fut bonne, entre le décompte des gains obtenus, les poignées de main de certains amateurs venus le féliciter –plus de les avoir rendus modérément riches que de s’en être tiré, comme toute-, et même la cruche d’eau que ses hommes lui renversèrent sur le crâne pour le remettre d’aplomb, et le débarbouiller un peu. La bête redevenait homme, drapée de la modestie des compétiteurs pour qui une consécration de plus, ajoutée à un palmarès déjà bien fourni, ne changeait pas fondamentalement l’existence.

Au dehors, la nuit était fraîche, déjà bien avancée, et Fergus n’avait pas besoin de la sentir pleine de promesses, car il avait déjà, présentement, tout ce qu’il pouvait souhaiter avoir sur le moment : de bons gars avec qui partager une franche camaraderie, un beau petit pécule pour améliorer l’ordinaire, et la grisante impression qu’il suffisait de tendre la main pour récolter ce que la destinée avait de mieux à offrir. Si pareil moment avait pu durer toute une vie, sans nul doute que la pétulante petite troupe aurait signé de suite, sans même s’attarder sur les petites lignes microscopiques inscrites en bas du contrat. Autour de lui, ses frères d’armes bavardaient, refaisaient le combat qui venait de s’achever comme s’ils revivaient une bataille épique, voire même esquissaient dans le vide quelques frappes de boxe, se sentant pousser des ailes. Ils rentraient chez eux, certains bras dessus-bras dessous, d’autres imaginant déjà comment leur meneur écraserait littéralement son prochain adversaire ; Fergus, quant à lui, mirait les étoiles en marchant, étonnamment bien visibles même en pleine ville, car les quartiers pauvres, à l’inverse des demeures plus huppées de Londres, ne possédaient que peu d’éclairage public, et encore moins de nobles flambeaux en éclairant le seuil. Tout allait bien dans le meilleur des mondes, du moins aussi bon qu’aient le droit de l’espérer des âmes des ruelles de leur sorte… Jusqu’à ce que la légende ne s’écroule.

Légèrement étourdi, le chef de leur gang cessa de se perdre dans la voûte céleste, pour braquer son attention sur le chemin devant eux, pensant que demeurer ainsi la tête en arrière avait fini par perturber l’afflux de sang à sa tête. La manœuvre ne lui fut d’aucune aide, car à peine la tête de nouveau droite, un carcan d’obscurité enserra son champ de vision, animé de palpitations en harmonie avec les battements de son cœur, et ceux résonnant désormais u niveau de ses tempes. Allons bon… Il était déjà arrivé au solide Anglais de se sentir prêt de faire un malaise ; d’ordinaire, se concentrer sur le centre la zone que sa vue parvenait encore à distinguer nettement suffisait à dissiper ce flottement pénible. Malheureusement, il n’en fut rien cette fois-ci : l’abime l’avala tout entier, sapant sa conscience avec la froideur d’une faux tranchant le blé mûr. Son mètre quatre-vingt-trois chuta lourdement, à la manière d’une marionnette de chair dont on aurait sectionné les fils, et avant même que son crâne ne heurte le pavé, le monde était devenu ténèbres.
L’agitation des cinq conjurés agita le silence de la rue déserte avec peut-être plus de remue-ménage que lorsque ces derniers célébraient sa réussite obtenue de longue haleine. Fergus, complétement dans les vapes, ne fut pas en état de percevoir le débat angoissé qui l’environna, avec comme seul objet son inconscience. L’on se demanda tout d’abord, par moult murmures angoissés, ce que pouvait bien lui être arrivé, puis quand l’hypothèse du contrecoup de la castagne encaissée s’imposa, ce qu’ils pouvaient bien faire à présent pour l’aider. Grâce au Ciel, leur attachement et leur respect pour Lynch surpassait de loin le réflexe premier de tout bonnement l’abandonner là, dans le froid, à la merci de toutes les menaces peuplent les quartiers les plus pauvres de Londres. Néanmoins, la situation n’en demeurait pas moins peu reluisante : ils n’avaient pas d’argent pour payer les services d’un médecin, et quand bien même menacer un innocent ne les aurait pas rebutés, aucun d’eux n’en connaissait, prisonniers d’un quotidien indigent où nul n’avait jamais suffisamment d’économies pour rendre visite à pareil sage. Quid de l’hôpital ? Il y avait des tas de docteurs là-bas, qui s’occuperaient de Fergus s’ils le trouvaient inanimé à leur porte… Même si cela signifiait sortir « à découvert », dans le cœur de la cité, là où les policiers patrouillaient bien plus que dans leur noble cloaque ; sans compter le rapport qu’allait devoir rédiger le praticien sur leur mystérieux malade, au corps clairement marqué par une bagarre… Y emmené le criminel, n’était-ce pas le condamner à échouer en cellule ? Ils n’avaient cependant pas tant le choix que ça, car Fergus ne revenait pas à lui…

Un compromis finit par être trouvé : à la morgue, endroit discret s’il en était, ils trouveraient bien quelqu’un à violenter un peu contre des soins prodigués à leur mentor… Sans meilleure idée que celle-ci, ils se mirent donc en route vers St Bartholomew's Hospital, se relayant à tour de rôle pour jouer les éclaireurs afin de s’assurer que le veilleur de nuit n’était pas dans les parages, et pour porter sommairement le corps inanimé du Britannique, en le soutenant à deux par les aisselles. Ils cheminèrent ainsi sans embuche, l’imposante stature de Fergus étant si encombrante qu’ils ne parvenaient pas à le soutenir suffisamment haut pour que ses pieds ne raclent pas le sol, piteusement. Le choix de la morgue se justifia bientôt, car même à une heure aussi avancée de la nuit –ou aussi matinale, car vraisemblablement, ils avaient tous basculés au lendemain, quelques minutes après avoir quitté Whitechapel-, du monde se trouvait à l’entrée principale du bâtiment, beaucoup trop de témoins gênants dont le groupe n’aurait rien à craindre en passant par l’entrée de service habituellement réservée au personnel… Et aux cadavres. Teint cireux, un mince filet de sang s’écoulant de sa narine droite, Lynch n’était pas loin de ressembler à l’un d’eux, à la réflexion…

Aux abois, plus craintifs que réellement menaçants, l’escouade, digne représentante de ce que les bas-fonds de la capitale avaient à offrir, investit l’antichambre de ce royaume des morts.




Titre : Adele, Hello
Citation : Yasmina Khadra
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David P. A. Williams
David P. A. Williams

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Emploi : Chirurgien.
Informations : Est né en Écosse. • Vient d'une famille de petits bourgeois. • Son père est pasteur. • A été abusé par sa mère pendant plusieurs années. • Santé fragile. • A passé quelques semaines à l'asile à cause de son homosexualité. • A un très fort caractère. • Arrogant parfois. • Se drogue. • Fume occasionnellement. • A tenté de suicider. • En a conservé les cicatrices sur son avant-bras. • A des marques de piqûre au niveau du coude.
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MessageSujet: Re: hello from the other side | David [Fini] hello from the other side | David [Fini] Icon_minitimeMar 25 Oct - 11:36



Hello From The Other Side.

« There's Such A Difference Between Us. »

St Bartholomew's Hospital, 1890.

Les journées se ressemblaient affreusement ces temps-ci. Un épais brouillard emmitouflait les matinées londoniennes dans son manteau grisâtre et humide depuis quelques jours maintenant. Le Soleil de l’après-midi semblait dissiper la brume mais personne ne sut si c’était réellement un élément naturel ou la pollution des usines qui devenaient plus visibles à l’œil à cause du temps qui se rafraichissait. Mais cela ne traversa guère longtemps l’esprit de David. Ce n’était pas de la fumée industrielle qui allait lui abîmer plus les poumons, le cœur et tout le reste qui va avec. Cela faisait d’ailleurs un bon mois qu’il avait un gros rhume qui ne voulait pas partir, ce qui n’était pas tellement pratique quand on était un chirurgien. C’était pour cela qu’on l’avait collé à la morgue et aux autopsies. Dans un premier temps parce que cela amusait Mr Castel de le voir croupir au milieu de cadavres, mais au moins, comme cela, il ne risquait de contaminer personne. Mais il ne voyait même plus la lumière du jour, ni entendait le bruit des sabots des chevaux sur les pavés inégaux des rues de Londres ou des enfants vendeurs de journaux. Seule sa montre, offerte par le mari d’Amy, lui indiquait l’heure qu’il était sûrement à l’extérieur.

Seulement, il était de nuit ce jour-là et ce, depuis le début de la semaine. Être avec les morts semblait figer la pièce dans le temps. Chaque seconde dissipée par le tic-tac timide de sa montre paraissait toujours plus froide et lente. Surtout quand on devait placer les cadavres de personnes âgées dans les alcôves prévues à cet effet en attendant l’inhumation. Le jeune chirurgien voyait passer toutes les images possibles de la société : le vieux noble bedonnant qui avait sûrement profité de la vie, la jeune femme amaigrie, sûrement morte d’anémie ou d’une quelconque maladie sanguine vu la pauvre condition de ses vêtements. Mais tout le monde était égal face à la mort. Le poids du porte-monnaie, la couche de graisse sur son ventre ne seront d’aucune utilité face à l’arrêt du cœur. David attendait d’ailleurs toujours le sien. Les pronostics les plus optimistes lui avaient donné 27 ans à vivre et pourtant, il avait soufflé sa 28ème bougie quelques mois auparavant. Et depuis, il se laissait vivre doucement. Il avait bien rencontré cet Harry, qui lui redonnait un peu espoir et foi, les Adler qui semblaient enfin heureux et Jonathan qui falsifiait toujours autant ses sourires pour ne faire croire que tout allait bien.

Mais ce fut alors du bruit dans les pièces juxtaposées à la morgue qui l’arracha à ses pensées peu joyeuses. Il y avait encore du monde à cette heure-là dans cette partie de l’hôpital ? Les médecins qui restaient avec leurs patients étaient surtout aux étages supérieurs, personne n’avait à venir ici sauf si… sauf s’il venait une dépouille fraiche, morte dans l’heure. Ou celle d’un badaud noyé dans l’alcool puis dans la Tamise. C’était tout aussi crédible. David posa ses affaires et attendit que la porte s’ouvre. Et quand ce fut le cas, ce ne fut des hommes vêtus de blouses blanches poussant un brancard qui déboulèrent dans la morgue mais des gens de basse fortune, vêtements élimés, une odeur de transpiration, d’alcool, de tabac bon marché et de sang. Deux d’entre eux étaient en train de tirer un troisième qui semblait bien mal en point. Avant que David ne puisse comprendre ce qu’il était en train de se passer, comment ces gens avaient réussi à pénétrer l’hôpital sans alerter qui que ce soit, un quatrième vaurien s’approcha de lui avant de le saisir par le col et le plaqua contre le mur.

Le reste ne fut que menaces et violences. Oh il ne le frappa pas mais la force qu’il mit pour le décoller du sol et le maintenir contre le mur suffisait à appuyer sur sa cage thoracique et à lui couper le souffle. Par réflexe, David avait placé ses mains sur ses avant-bras, comme pour essayer de soulager son torse compressé. Le brigand lui soufflait son haleine fétide sur le nez ce qui rendait le tout particulièrement désagréable. David avait eu envie de leur dire qu’ils n’avaient pas besoin d’exiger son aide pour soigner leur leader par la force. Le demander gentiment aurait eu tout simplement suffit. Soigner un vivant lui aurait changé des morts. Quand David finit par prononcer son accord, le voyou finit par le lâcher et le chirurgien reprit difficilement son souffle. Qui aurait cru que médecin était une profession exposée à la violence ? Il fit signe aux quatre personnes valides et plus fortes que lui de poser leur chef sur une table libre. David n’avait clairement pas la force ne soulever un homme de sa carrure. Il aurait croulé sous le poids et ce serait sûrement pris un retour de colère. Mais les brigands le firent sans contester. S’ils se montraient dociles, c’était une bonne chose…

David prit donc ce qu’il avait besoin pour soigner l’inconnu dont le visage contusionné et le sang séché empêchés une possible identification. Le chirurgien soupira et commença son auscultation. Le diagnostic fut relativement rapide et simple : côtes fêlées mais pas cassées, ce fut surtout la tête qui avait encaissée, hormis la légère luxation de l’épaule. Il s’occupa alors de celle-ci, lui remettant avec douceur en place. Pour les côtes, il ne pouvait pas faire grand-chose hormis attendre et lui recommander le calme. Bien évidemment, il décrivait tout ce qu’il faisait aux sous-fifres de son patient, bien qu’ils n’eussent pas l’air d’y comprendre grand-chose à son charabia médical. David entreprit alors de laver le visage du patient et malgré les traits bouffis par les hématomes et les coups, il eut la désagréable impression qu’il reconnaissait ce visage. Si c’était la personne à laquelle il pensait, cela faisait bien plus de dix ans qu’il ne l’avait pas vu, ni aperçut, ni eut de ses nouvelles. Il était comme le fantôme revenu le hanté d’un passé tabou. David ne montra rien tout d’abord, évitant d’alerter les hommes autour de lui. Troublé, il désinfecta néanmoins en ses plaies, fit quelques points de suture aux ouvertures les plus franches et attendit. Il n’y avait pas grand-chose à faire en attendant. Et les autres ne partiraient pas tant que leur chef n’aurait pas ouvert les yeux.
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MessageSujet: Re: hello from the other side | David [Fini] hello from the other side | David [Fini] Icon_minitimeLun 14 Nov - 17:20



Hello from the other side

« Anointed by the blood, I take the reins
Cut from the cloth, of a flag that
Bears the name of "Battle Born". »

St Bartholomew's Hospital, 1890

Fergus dormait à poings fermés. La brume ayant envahi son esprit était aussi cotonneuse et confortable que le plus profond des sommeils, comme si son corps, malmené, avait décidé de couper court à toute activité séance tenante, à la manière d’un veilleur de nuit mouchant la lampe à huile d’un lampadaire une fois l’aube en passe de poindre. Les ombres se révélaient accueillantes, paisibles, dénuées du moindre rêve qui aurait risqué d’en troubler la quiétude, et plus douillettes que la meilleure des couches. Tout se résumait à l’abandon, l’oubli, l’apaisement. Si l’on avait été capable de questionner le blessé, il n’aurait nullement reconnu se trouver en fâcheuse posture, au contraire : il se sentait bien, ainsi en marge de l’entièreté de l’univers, à l’image d’un enfant encore sagement endormi dans le ventre maternel. Le froid de la table sur laquelle il reposait désormais, non sans rappeler une version bien macabre du conte de Blanche-Neige ou de la Belle au Bois Dormant, ne lui parvenait pas, étouffé par la paresse occupant désormais chaque fibre de son inconscient, pas plus que la sensation d’être trimballé à bout de bras à travers un nombre non négligeable de rues londoniennes. Qu’on ne le dérange pas, qu’on le laisse donc tout entier à ce délassement sans bornes, à ce relâchement aussi délicieux que réparateur ! Pour lui, pour cette étrange forme de pensée nous habitant lorsque Morphée nous tient étroitement dans son étreinte, son corps se trouvait tout simplement installé dans un matelas moelleux garni jusqu’à la gueule de plumes, d’où il ne comptait pas déguerpir avant longtemps, la Première Guerre mondiale dût-elle éclater en bas de chez lui, et avec plus de vingt ans d’avance. Exactement à la manière d’un nouveau-né braillant de toute la force de ses petits poumons pour signaler à quel point être jeté dans ce bas monde froid et bruyant lui déplaisait, il comptait bien témoigner par force grognements d’agacement à quiconque tâcherait de le tirer de son idéal plumard, langage largement pratiqué par les bambins refusant notamment de se tirer de dessous la couette pour aller à l’école… Et par tout adulte ayant gardé une âme d’enfant particulièrement attachée à l’adoration des grasses matinées.

C’était pourtant bien sur une paillasse pour cadavre que l’ingénu demeurait dans le cirage, lui qui, paradoxalement, était bel et bien vivant, quoi que possédant tous les atours d’un macchabée. Seul le léger souffle soulevant son torse à intervalles réguliers témoignait de sa non-appartenance au royaume des trépassés, quand bien même sa respiration fût trop rythmée trop lentement pour être pleinement satisfaisant d’un point de vue médical. Son corps, relâché, se refroidissait peu à peu, comme pour tenter d’égaler la fraîcheur de cet autel érigé à la gloire de la médecine moderne, et d’appartenir plus avant encore aux ténèbres, voraces et insatiables, dont la cible première avait été sa psyché, et désormais sa chair. Telle une amante patiente, la mort rodait, tout prête à remplacer la divinité grecque des rêves prophétiques pour un voyage cette fois sans rapatriement… Mais qui allait trouver, superbe ironie, un adversaire à sa taille en la personne d’un chirurgien préférant les hommes aux femmes, dont les mains le sauveraient vraisemblablement d’un décès bien peu noble, étendu là tel un gigantesque morceau de barbaque. Le voile d’inconscience et de bien-être se déchira alors que, soulevé par l’otage de ses hommes, un éclair de douleur lui déchira la poitrine, lui tirant une faible grimace de souffrance, ainsi qu’un souffle fort semblable à un gémissement à peine esquissé. Son abdomen, comme déchiré, se rappelait à son bon souvenir, mais en même temps, voilà la vie qu’il s’était choisie, et qu’il menait sans l’ombre d’un regret. L’affliction, Lynch la connaissait, vieille compagne de toujours avec laquelle l’intrépide ouvrier avait appris à composer, vu que pour les gens comme lui, aucune pitié ne devait être attendue de la part du destin. Les affres engendrées par les soins rudimentaires lui étant prodigués bon gré mal gré le ramenèrent à la vie et l’extirpèrent des douces limbes où son esprit aurait aimé comater jusqu’à la fin des temps, à la manière d’une seconde naissance, aurions-nous pu dire. Presque contre sa volonté, sa conscience revint parmi nous, dans le monde tangible et inhospitalier du réel.

La première chose qui heurta ses sens groggys fut la dureté du support sur lequel sa tête reposait, et contre laquelle sa nuque se plaignait à grand renfort d’une tension allant de l’arrière de son crâne jusqu’à ses épaules. Oh, douloureux réveil que celui-ci… L’esprit encore pour moitié dans le coltard, Fergus se pencha sur le côté, main agrippée au bord de la table comme s’il avait risqué de basculer, marin d’un nouveau genre se cramponnant à ce qui lui servait de bastingage, dans un univers soumis à un roulis que lui seul percevait. Paupières fermées à l’extrême, l’Anglais tâcha de se concentrer suffisamment pour recouvrer ses pleines et entières capacités. Pas une seconde la peur ne l’avait étreint ; seule la fatigue triomphait, au milieu de ce paysage de cendres qu’était devenu l’intérieur de sa tête : un être de sa trempe ne se laissait plus submerger par l’inquiétude depuis longtemps, d’autant plus qu’il cherchait le danger, telle une cavalière avec qui partager plus d’une danse, il aurait alors été idiot d’encore se laisser malmener par la crainte, quand bien même pût se trouver en une posture proprement désastreuse. Un râle étouffé filtra entre ses lèvres, signant définitivement son grand retour.

-… Où est-ce que je suis… ?

Des formes en mouvement, alentour, lui indiquèrent qu’en ce calvaire, il n’était pas seul. Ses yeux s’accoutumèrent à la luminosité ambiante, pour découvrir des murailles nues, et les silhouettes de ses camarades de virée, au complet, d’après ce qu’il parvenait à en juger, et en comparaison avec ses souvenirs brumeux. Etonnamment, aucun d’eux n’avaient fui, ou abandonné : dans les milieux aussi brutaux que ceux de la pègre, la moindre odeur de sang faisait de vous une proie, tandis que sous vos yeux, celles et ceux que vous aviez pris pour vos amis se métamorphosaient en loups aux dents longues, tout prêts à vous sauter à la gorge. Les séides de la Tribu, pourtant, ne cédait pas à l’appel de la guerre de succession, quand bien même leur meneur se trouvait affaibli, abîmé, démesurément vulnérable : loin de demeurer à ses côtés parce qu’ils étaient payés pour cela, ou par crainte de finir égorgés en cas de dérobade, ils le suivaient par foi envers ses idées, et par respect envers sa personne. Une telle loyauté n’avait cure des occasions de le détrôner, seulement soucieuse de retrouver l’étoile filante sur le sillage de laquelle ils avaient calé leur trajectoire. Au moins, dans son malheur, Lynch pouvait-il compter sur cela, et ne pas sans cesse scruter par-dessus son épaule un éventuel coup de poignard asséné par un parjure.

L’un de ses affidé se rapprocha de lui, déposant avec dévotion son vieux chapeau melon près de lui, avant de l’aider à passer en station assise et de satisfaire sa curiosité :

-À la morgue, boss. Vous étiez mal en point, mais là-haut, à Saint-Bart’, ça grouille de monde. Ici, c’est tranquille, et on a pu trouver un toubib pour s’occuper de vous.

Du menton, il désigna un autre témoin de la scène, que Fergus n’avait pas encore remarqué. Sa pauvre cervelle, rudoyée cette nuit-là, regagnait progressivement toute sa lucidité, mais progressivement, comme après une gueule de bois. Il venait à peine de comprendre que sa respiration pénible se voyait due aux bandages l’enserrant au niveau des côtés, et qui en brimait les mouvements… Son regard inquisiteur migra de ce pansement réalisé de main de maître à ce fameux sauveur.

-… Et lui, c’est qui ?

Le type auprès de qui ses sbires étaient venus quérir de l’aide, certes, le gangster l’avait bien compris ; les coups l’avaient sonné, mais pas rendu sourd pour autant. Sa question portait plutôt sur ce qu’il fallait penser de ce quidam providentiel, sur son nom, et plus précisément sur quel rôle annexe lui donner : adjuvant récalcitrant, témoin gênant qui alerterait de ses cris le veilleur de nuit dès qu’ils auraient tourné les talons, ou simple citoyen suffisamment effrayé pour ne pas piper mot de leur visite nocturne. Même amoindri physiquement, Fergus gardait de la suite dans les idées, méticuleuse, mathématique, froidement résolue. La soirée n’avait pas été aussi formidable que prévu –c’était peu dire-, ce qui ne l’encourageait pas à se montrer d’humeur magnanime si les circonstances ne l‘y enjoignaient pas. Visiblement, les années écoulées et les chocs subis par sa caboche ne lui permettaient pas encore de mettre un nom, pourtant immensément bien connu, sur le visage lui faisant face, et que ses camarades, un moment apaisés, lorgnaient de nouveau avec une méfiance de nouveau exacerbée, animale, un brin haineuse.




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David P. A. Williams
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Informations : Est né en Écosse. • Vient d'une famille de petits bourgeois. • Son père est pasteur. • A été abusé par sa mère pendant plusieurs années. • Santé fragile. • A passé quelques semaines à l'asile à cause de son homosexualité. • A un très fort caractère. • Arrogant parfois. • Se drogue. • Fume occasionnellement. • A tenté de suicider. • En a conservé les cicatrices sur son avant-bras. • A des marques de piqûre au niveau du coude.
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MessageSujet: Re: hello from the other side | David [Fini] hello from the other side | David [Fini] Icon_minitimeDim 20 Nov - 11:41



Hello From The Other Side.

« There's Such A Difference Between Us. »

St Bartholomew's Hospital, 1890.

David se passa une main sur sa barbe mal rasée depuis quelques jours, regardant l’homme endormi, ou plutôt assommé sur le brancard, vérifiant s’il n’avait pas oublié un détail. C’était une chose qu’il ne faisait pourtant jamais, mais il s’imposait ce genre de relecture pour éviter toute bévue. Après tout, ce n’est pas une simple lettre ou devoir quelconque, mais la vie d’un être humain. Ne voyant rien, il tourna le dos à son patient et à ses hommes de mains et commença à… à chercher quelque chose pour s’occuper le temps du réveil du blessé. Car il le savait pertinemment en sentant le regard de la clique sur sa nuque, il était l’otage de ces brigands. Et le moindre geste étrange de sa part pouvait le conduire à se retrouver exactement dans le même état que le leader de la bande. Donc il ne fit rien de suspect. Ce n’était pas du tout son intention, d’ailleurs. Il souhaitait juste qu’on lui fiche la paix. C’est pour cela qu’il prit ses instruments et se dirigea vers l’évier de la morgue, afin de les laver. L’hygiène n’était pas à négliger et encore moins dans un hôpital, chose que certaines personnes ne semblaient comprendre, les voyous présents dans la salle n’étant bien évidemment pas visés par cette pensée.

Un râle se fit alors entendre dans la pièce, et David jeta un coup d’œil par-dessus son épaule. Ce fut avec un certain soulagement qu’il vit son patient reprendre ses esprits. Car s’il était conscient, cela voulait dire que la bande malfrats quitteraient de façon imminente la morgue et le laisserait avec sa paisible et tranquille solitude. Oui, à ce moment-là, il pensait avant tout à son petit confort (enfin, autant qu’on puisse en avoir dans une morgue) plutôt qu’à la santé de son patient. Égoïsme ? Ou juste une confiance prétentieuse sur ses capacités de guérison ? Peut-être un peu des deux, mais les faits étaient là. Le blessé était revenu parmi les vivants et lui allait de nouveau être seul. Il abandonna alors ses ustensiles dans l’évier, s’essuya les mains et prit un verre qu’il remplit d’eau, laissant traîner ses oreilles pour suivre la brève conversation des individus, sentant une nouvelle fois les regards se tourner vers lui. Il eut alors peur que les brigands décident de le mettre à mort pour éviter le plus de témoins possibles. Qui sait sur quel genre de déséquilibrés il était tombé… Il soupira et essaya de chasser cette possible crainte et resta complètement impassible, voire même professionnel.

Il se retourna vers la bande et se dirigea vers son patient, le verre d’eau à la main. Il le regarda droit dans les yeux, se demanda si c’était une bonne chose à faire mais tant pis. De toute façon, David avait beau être assez faible physiquement, vu l’état de son patient, celui-ci ne pouvait sûrement rien lui faire. Peut-être qu’il le sous-estimait d’ailleurs, c’était fort probable. Il ne connaissait pas cet homme après tout mais il avait atteint un tel stade de lassitude dans sa vie qu’il n’était plus à une petite provocation près. Il lui tendit le verre d’eau, afin de l’encourager à boire, songeant à la question que le médecin avait laissé en suspens. Qui était-il. Plusieurs choix s’offrirent à lui mais il ne sut lequel choisir. Soit il jouait la carte de la sincérité et donnait son vrai prénom et son vrai nom, offrant donc aux criminels la possibilité de le retrouver en cas de représailles. Ou il donnait une fausse identité, offrant la même possibilité de retours négatifs si ses ravisseurs découvraient la supercherie. David conclut qu’il n’y avait donc pas de bonnes ou mauvaises réponses et choisit la franchise :

- Je suis le toubib en question. Le toubib David Williams, plus précisément.

Il jeta un regard à la bande, ayant repris leur terme mais espérait que cela ne les ait pas trop mis en rogne. Mais après tout, il s’en moquait pas mal. Il se rassura en se disant que s’il mourrait ici, les brigands auraient sûrement perdu le seul docteur qui accepterait de les soigner gratuitement. Non pas qu’il comptait les faire payer, il se moquait bien de l’argent, il aurait d’ailleurs été gonflé de leur proposer, mais David pensait plutôt sur le long terme. Cependant, il resta silencieux, impassible, les mains dans le dos une fois que son patient eut pris le verre. Il le regarda un instant, toute possibilité de ressemblance avec quelqu’un qu’il eut connu étant chassée, pour l’instant. Il avait d’abord pensé à un ancien patient avant de se souvenir que celui avait été vaguement aisé. Alors à moins qu’il ait sombré dans les bas-fonds de la pauvreté, il ne s’agissait visiblement pas de la même personne. Il soupira doucement et eut un léger sourire, un brin insolent, avant de dire :

- Puisque vous avez mon nom, puis-je avoir le vôtre ?

Son regard, initialement porté sur son patient, se déporta sur les sous-fifres, s’attendant à un commentaire cinglant dont le message porterait sûrement de se mêler de ses affaires.
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Fergus Lynch
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Informations : Orphelin déposé au seuil d'une institution quelques semaines après sa naissance ✘ Ignore tout de ses origines, et n'y accorde aucune importance ✘ Fraie dans le monde de la petite délinquence depuis sa plus tendre enfance ✘ Ancien chef d'une bande gosses aventureux, à présent dissolue ✘ Suite à ça, a passé plusieurs mois en maison de correction ✘ La mort d'un de ses meilleurs amis, atteint de syphilis, a suffi à le convaincre de ne pas s'approcher des prostituées, règle qu'il suit toujours ✘ A fondé la Tribu, gang des rues sévissant à Whitechapel, dont il connait les moindres recoins ✘ Participe régulièrement à des combats illégaux organisés dans des bars, desquels il tire un joli pactole, ainsi que quelques petites cicatrices sur tout le corps ✘ Amateur d'armes blanches, il se sépare rarement de son couteau de boucher, tout comme de son vieux chapeau melon ✘ Se moque bien des forces de police, avec lesquelles il n'hésiterait pas à en découdre ✘ Ne voue que mépris à l'aristocratie et aux autres parvenus, mais grâce aux paiements reçus en échange de l'aide de son gang, il recrute de plus en plus d'adeptes, et accroît l'influence de la Tribu : son ambitieux objectif n'est autre que de faire tomber sous sa coupe Whitechapel et Southwark, pour mieux leur donner un second souffle, ainsi qu'une capacité de réponse envers les injustices infligées par les strates plus aisées de la société.
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MessageSujet: Re: hello from the other side | David [Fini] hello from the other side | David [Fini] Icon_minitimeVen 9 Déc - 18:43



Hello from the other side

« And how odd it is, to be haunted by someone that is still alive. »

St Bartholomew's Hospital, 1890

De tous les noms qui auraient bien pu résonner à ses oreilles encore légèrement bourdonnantes, celui-ci était bien le plus inattendu, le plus incongru, le plus incroyable. On ne pouvait pourtant affirmer, ou seulement insinuer, que la soirée jusqu’ici avait respiré la normalité, quand bien même avait-elle plutôt bien commencé, emportée par la vague bien connue, grisante et parfaitement maîtrisée de la gloire –modeste, quoi que bel et bien réelle. À un moment donné, les choses avaient basculé, voilà tout, au premier rang desquelles sa conscience brièvement aspirée par le néant, et sa tête visiblement disposée à rencontrer abruptement les pavés de la rue, et non son vieil oreiller. Honnêtement, Fergus en avait vu d’autres, mordre la poussière ne lui faisait pas peur, car il se savait parfaitement capable de se remettre sur ses deux pieds, quelle que fût la force avec laquelle il avait été projeté au sol, et de reprendre la lutte, aussi bien physique que morale. Cette nuit-là, cependant, on lui avait joué un vilain tour : le criminel se retrouvait dans un univers où tout se trouvait de guingois, comme si rien n’avait vraiment désiré se remettre en ordre une fois que ses paupières s’étaient rouvertes sur l’étrange décor offert par la morgue, ses murailles aussi froides que sombres, ses relents de décomposition mêlés aux vapeurs d’éthanol, ainsi que les lueurs tremblotantes des becs de gaz.

Pire encore, le voilà emporté dans une version bradée du voyage d’Ebenezer Scrooge, contraint de remonter le temps et de se confronter à un fantôme dont il n’aurait jamais cru –ni voulu- recroiser la route. De toutes celles et ceux qui avaient fini par sortir de sa vie, de tous ces visages peu à peu devenus anonymes alors qu’ils avaient, à une époque, compté pour lui d’une façon ou d’une autre, de tous les membres de leur groupe de gamins aujourd’hui disparu, il avait fallu que ça soit lui qui le trouve, lui porte secours. Violemment, sans qu’il ait eu la moindre seconde pour s’y préparer, l’Anglais se retrouvait confronté à une question qui l’avait écharpé naguère, un mystère douloureux pour lequel nulle solution n’avait été donnée, comme pour mieux laisser les mortels à leur piètre et pénible condition : quand votre foyer n’était pas un lieu défini par quatre murs mais une personne, où alliez-vous lorsque celle-ci n’était plus là ? Personne n’était jamais parvenu à trouver un semblant de remède à la cuisante absence d’un proche, d’un meilleur ami, ou pire encore, d’un frère par la camaraderie et non par le sang. Car c’était bien David qui se tenait devant lui, David dont le nom venait de frapper le silence comme par le passé sa trahison –dont la paternité ne lui revenait pas, c’était là tout le drame- avait fracassé son univers, ses belles certitudes devenues illusions, et la confiance dont celui ayant porté auparavant le précieux titre de frère de cœur ne pourrait désormais plus se targuer de posséder. Oh, Lynch ne s’était jamais vu comme un naïf, il ne se le serait pas permis, lui si exigeant, aussi âpre que la vie dans les tréfonds de l’échelle sociale ; ce revers l’avait giflé avec sécheresse, mais sa fierté primait malgré tout, et l’affront avait été enduré les mâchoires serrées, en demeurant aussi droit que possible dans la tourmente. Avouer qu’il avait ressenti de la peine aurait été faiblesse, reconnaître que se retrouver seul, abandonné par tous ceux ayant eu un tant soit peu de sincère importance à ses yeux, ne l’aurait aidé en rien, alors que les portes de la maison de redressement où on l’avait envoyé croupir s’étaient refermées froidement sur lui. En même temps que la clé avait verrouillé la serrure de sa prison, son cœur s’était lui aussi cadenassé autour de deux idées fixes, deux élans conservés en lui-même comme autant de tempêtes soigneusement conservées en bouteille, et entrouvertes pour y puiser de quoi continuer de se battre, inlassablement : il survivrait coûte que coûte, et on ne le reprendrait plus à tant se livrer qu’avec ce mécréant, parole donnée. Quelque chose s’était brisé en lui, semblable à un petit cristal pur dans le méandre de ses ombres personnelles, dont les tessons le blessaient encore quand son âme en venait à les manipuler à nouveau, comme à présent, et il n’était pas dit qu’un tel joyau parvienne à nouveau à voir le jour une nouvelle fois. Si, durant une poignée de seconde, reconnaître son ancien camarade de jeu l’avait ébranlé, il refusait de laisser ce dernier en prendre conscience, comme il refusait de ressentir quoi que ce fût au cours de ces exécrables retrouvailles.

Ainsi, la déception d’avoir à côtoyer celui qui avait tant représenté pour lui, aiguillonnée par une lance de douleur, ne fut que de courte durée, rapidement étouffée par une froide indifférence, avec laquelle le mépris n’aurait pas refusé de faire un bout de chemin, en bon gentleman qu’il était.

-Du diable si j’avais su… siffla Lynch entre ses dents, sans quitter des yeux le médecin à l’identité que trop connue –et trop insoutenable- pour jouer la comédie, et faire comme si leurs routes ne s’étaient jamais croisées.

Oui, si le Britannique avait su, il aurait ardemment plaidé, et ce malgré sa syncope, pour qu’on le ramenât chez lui, qu’on osât prendre le risque de pénétrer dans Saint Bartholomew’s, ou même qu’on l’abandonnât à même le pavé –tout, plutôt que de devoir se trouver soigné par les mains de cet infâme délateur.

Ses gars, pour lesquels une telle répartie ne s’identifiait guère facilement à un des ordres classiquement employés en pareille situation, à savoir mettre en pièce ce Williams ou simplement passer leur chemin, tournèrent vers lui des visages légèrement interrogateurs, quoi que soucieux de ne pas paraître trop perdus en présence d’une tierce personne.

-Vous le connaissez, patron ?

La respiration de Fergus, un brin entravée, rendit à peine perceptible l’expiration dédaigneuse du chef de gang. Si seulement il avait pu, en toute sincérité, répondre négativement. Si seulement.

-Sortez.

L’injonction, inattendue, souffla un impalpable vent d’indécision parmi cette cour royale à la tête de laquelle Lynch siégeait en seigneur et maître. Ce n’était pas tant le verbe qui laissait perplexe, que ce qui pouvait bien pousser leur caïd à demander à demeurer en tête-à-tête avec le praticien.

S’échangeant des coups d’œil interrogateurs, les petits truands hésitaient, parfaitement au fait de l’agacement colérique que générait le fait d’avoir à se répéter chez leur mentor, et qu’ils ne désiraient pas attiser, ni ce soir-là ni à aucun autre moment. L’un d’entre eux tenta finalement une ultime question, comme pour être certain qu’on ne leur reprocherait rien, une fois la morgue laissée derrière eux.

-… Vous êtes sûr que vous ne voulez pas qu’on vous raccompagne… ?

Fergus voyait bien où ils voulaient en venir : vu son état, un coup de main pour regagner son logis constituait une offre aussi généreuse qu’alléchante. De plus, ce n’était pas envers eux que devait se tourner sa colère ; eux, ses braves molosses, n’avaient rien fait pour la mériter. Cependant, comme il l’avait toujours fait jusqu’à présent, l’ouvrier désirait abandonner le passé loin derrière lui, et qu’il s’avérait nécessaire de ré-enterrer ce dernier une bonne fois pour tout, il préférait être seul face à la tombe fraîchement rouverte, au fond de laquelle il ne lui restait plus qu’à renvoyer cette apparition indésirée, bientôt effacée pour une ultime pelletée de terre.

D’un ton un peu moins impérieux, il reprit :

-Décarrez de là. On se voit demain.

Rassurés par la relative douceur avec laquelle leur chef leur avait signifié leur congé, les loubards plièrent bagages, certains non sans jeter un dernier regard noir à l’attention du chirurgien, et ce sans relever que "demain", compte-tenu de l'heure qu'il était, signifiait plutôt "aujourd'hui" ; une fois l’écho de leurs pas  dissipé dans le néant, le silence reprit ses droits dans la pièce aux allures de caveau.

Selon les dires de son hôte forcé, Fergus aurait été tenté de croire que son interlocuteur ne se remettait pas, mais que cette supposition fût exacte ou non importait peu : il se fichait bien de n’être plus qu’un vague souvenir pour David qui, lui, ne méritait même pas que la victime de sa lâcheté prononce seulement son nom.

D’un ton rogue, l’allure hautaine sous les ecchymoses et les cendres de leur amitié de jadis, il toisait sans gêne celui qui se tenait devant lui. À la vérité, il ne souhaita même pas se passer les nerfs sur lui : oui, définitivement, l’inverse de l’affection n’était pas la haine, mais bien l’indifférence la plus amère.

Faisant référence à ce qu’avait demandé à savoir le médecin, Lynch daigna décrocher quelques mots :

-Pas dit que tu t’en souviennes. Pas dit que tu en aies quelque chose à cirer, de mon nom.

Comment croire le contraire, alors que ce judas l’avait vendu, le dénonçant à son paternel qui, bien évidemment, ne s’était pas embarrassé de pitié, et l’avait à son tour livré aux autorités. Le gamin des rues d’alors avait bien grandi, depuis sa rafle ; les cicatrices, elles, demeuraient encore à vif, à présent rejointes par celles nouvelles dessinées sur sa peau.

Lèvres pincées, il glissa de la table d’opération pour tenir sur ses deux jambes aussi rigides que deux étançons, droit malgré les courbatures, bien décidé à s’en aller comme un prince, malgré son apparence d’estropié bien peu altière. Il n’escomptait même pas le rassurer quant aux ennuis qu’il n’aurait pas, ses hommes n’étant pas destinés à recevoir de sa part la consigne de revenir le passer à tabac et dévaster son sépulcral sanctuaire ; s’abaisser à pareil acte de noblesse n’aurait pas eu de sens. Seul le tutoiement témoignait de ce qui avait été, quoi qu’une familiarité déplacée, de la part d’un pendard comme lui, eût très bien pu officier en lieu et place de dédain.

Son équilibre se révéla bien meilleur que ce qu’il aurait cru, puisque malgré son oreille interne aux abonnés quasi absent, Lynch ne chut pas, ce qu’il aurait hautement détesté, en présence de David. Guidé par ses pas hésitants à peine plus assurés que ceux d’un nourrisson enfin maître de ses mouvements, Fergus gagna la table de travail, non loin de là où il avait été soigné, complètement dans les vapes ; là avaient été déposés ses vêtements, ou du moins ce qu’il restait de sa chemise et de sa veste. Tel un ferrailleur triturant à l’aide d’un bâton un tas de rebuts, il tritura du bout des doigts le petit tas de linge, à la recherche de ce qui pouvait encore être sauvé –et dans leur situation, il semblait que ce ne fussent bien que dans ses nippes qu’une semblable chose puisse être découverte. Son couteau, quant à lui, battait contre sa cuisse, sagement demeuré dans son fourreau ; en voilà au moins un qui ne lui faisait pas défaut.

-J’ose espérer que tu ne m’a pas fait les poches, au moins.

L’assertion, d’une méchanceté purement gratuite frôlant la mesquinerie, avait été lancée d’un ton détaché, pareille à un dernier coup en traître avant de regagner l’air frais du dehors, et de remettre le plus de distance, d’oubli et de désintéressement possible entre eux.




Titre : Adele, Hello
Citation : write2014.tumblr.com- I Guess the Old You is a Ghost (#589: June 25, 2014)
Inspiré par "What if home is a person who isn't here anymore ? Where do yo go ?" (source)
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MessageSujet: Re: hello from the other side | David [Fini] hello from the other side | David [Fini] Icon_minitimeJeu 5 Jan - 8:26



Hello From The Other Side.

« There's Such A Difference Between Us. »

St Bartholomew's Hospital, 1890.

David resta immobile et silencieux, attentif à ce qu’il se passait autour de lui. Son patient n’avait jamais paru très sympathique, du peu qu’il en avait vu, mais l’annonce de son nom, de son identité, sembla réveiller quelque chose en lui. Et quelque chose qui n’était ni amical, ni positif. Et cette soudaine tension, qui semblait être beaucoup plus personnelle que la simple menace de soigner le boss d’un gang, mit soudainement le jeune chirurgien très mal à l’aise. Il était resté debout, regardant ce qu’il se disait entre son patient et ses sbires. Le chef voulait être seul avec lui. David se mordit la lèvre. Il observa l’échange, certes bref, mais explicite entre les hommes dans la morgue avant que tous ne partent sauf cet homme qui prétendait le connaître. Il aurait bien que le patient réponde à la question de son sous-fifre. Cela aurait permis à David de retrouver la mémoire, vu qu’il ne parvenait pas à remettre un nom sur ce visage. Il resta cependant silencieux, évitant de trop dévisager son patient tuméfié. Qu’est-ce qu’il pouvait bien reconnaître dans un état pareil après tout ? Il soupira doucement et attendit son heure, ou une remarque cinglante quelconque.

Comme il s’y attendait, l’homme qu’il avait soigné, une fois que ses sbires furent partis, refusa de lui dire son nom. C’était fort dommage. David se contenta juste de hausser les épaules avec une grande indifférence mais ne dit rien à propos de cela. Il le regarda se lever et eut presque l’envie de l’aider à le faire. D’agir en bon médecin attentionné comme il l’était parfois avec ceux qui le méritaient. Ce qui ne semblait pas être son cas. Le respect était quelque chose de bien étrange dans ce genre de communauté dans lequel l’inconnu semblait baigner. Après, il n’y avait jamais mis les pieds, il ne pouvait pas vraiment dire, ni estimer quoique ce soit objectivement. Alors il ne dit rien, restant bras croisés à l’observer chercher ses affaires, immobile, presque avec un regard hautain et courroucé. Jouer la carte de l’arrogance n’était peut-être pas la meilleure des choses à faire avec un homme qui en avait d’autres sous ses ordres et qui connaissait son identité et son travail. Mais c’était ainsi que David réagissait pour se protéger. L’arrogance. Montrer qu’on était plus sûr de soi que de l’autre. Montrer que la taille de l’ego pouvait très bien servir de preuve de courage… Ou bien d’inconscience. Mais tout n’était que purement défensif.

David essaya de s’attarder sur les traits du visage de son patient sans qu’il arrive à mettre un nom dessus. Pourtant, plus les secondes passaient, plus les traits de la figure amochée de l’homme lui paraissaient familiers. Comme son instinct le lui avait dit plusieurs minutes auparavant, quand il était entré dans la salle. Cependant, il ne parvenait vraiment pas à mettre un nom dessus. Rien ne lui venait à l’esprit. Ou alors, le seul possible se cachait tout au fond de sa cervelle et se faisait tout petit pour ne pas sortir. Malgré cela, l’homme reprit la parole afin de lâcher une ultime parole cinglante qui n’eut pour résultat que de faire se lever un sourcil hautain et indifférent au chirurgien. Ce dernier eut alors un léger sourire amusé, les bras toujours croisés et braqua son regard bleu dans celui de son patient, une lueur mutine au fond des yeux. L’homme voulait aller sur ce terrain-là, David allait l’y suivre avec grand plaisir. Au diable que ce soit raisonnable ou pas. L’insolence et l’arrogance étaient deux notions dont il aimait particulièrement se servir, même si, encore une fois, leur emploi n’était pas des plus diplomates.

- Pourquoi ? Vous comptiez me payer ?

Ne pas tomber dans son jeu du tutoiement. Montrer qu’il y en avait un qui savait encore se tenir et montrer les bases du « respect ». Il reprit alors :

- Et puis bon, Monsieur L'Inconnu, je suis chirurgien, vous croyez vraiment que j’ai besoin de faire les poches à un brigand de Whitechapel ?

Son sourire s’était agrandi, n’étant plus que prétention, et son regard n’avait pas quitté les yeux de son interlocuteur. Les bras toujours croisés, il poursuivit :

- En revanche, j’aurai très bien pu les faire pour avoir votre identité. Histoire de savoir qui est entré par effraction dans l’hôpital et qui a menacé un médecin pour se faire soigner clandestinement. Si vous n’aviez rien à vous reprocher, vous seriez passé par la réception, comme tout le monde. Or, ce ne fut pas le cas, vraisemblablement, n’est-ce pas ?

Son sourire disparut et son regard se durcit.

- Est-ce un meurtre ou un viol qui aurait mal tourné ? Ou juste une bagarre de bar que vous avez lamentablement perdu vu votre état ?

Il eut un petit rire moqueur et provocateur.

- C’était peut-être pour cela que vous ne voulez pas me dire votre nom. Un chef de bande tombé en disgrâce suite à une défaite dans un bar. Honteux et humilié, vous préférez garder la tête haute et votre honneur. Ça se tient.

Il dit d’alors d’un ton tout aussi glacial que son regard :

- Sortez maintenant, Mr L’Inconnu.
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MessageSujet: Re: hello from the other side | David [Fini] hello from the other side | David [Fini] Icon_minitimeJeu 23 Fév - 11:36



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St Bartholomew's Hospital, 1890


Fergus ne croyait pas en Dieu. À quelques occasions, l’on avait tenté de le convertir, de lui faire admettre l’existence d’un être tout-puissant, reconnaitre ses miracles, et adorer ses très saintes paroles. La bonté, il connaissait, vaguement, sans s’y attacher plus que ça, mais en acceptant la lumière de leurs divinités dans son cœur, il connaîtrait enfin la paix, débarrassé de sa rage empoisonné, lavé de ses péchés…  En soi, Lynch aurait eu bien des raisons d’accorder du crédit, même minimal, aux théories de la trempe de Jonathan Williams, que le criminel se plaisait à appeler des « illuminés » : combien de fois avait-il pris des risques inconsidérés, relevant à la fois du génie et de la folie la plus suicidaire ? Combien de fois avait-il frôlé les doigts de la Faucheuse ? Combien de fois, au cours de nuits obscures, s’était-il dit, sans s’en émouvoir plus que ça, qu’il risquait bien de ne pas voir le soleil se lever le lendemain matin ? Sa naissance l’avait déjà desservi plus que de raison, en l’exposant aux mille et un périls propres à la vie misérable des plus démunis, là où le froid, la faim et les infections régnaient en maîtresses cruelles ; son premier cri était allé de pair avec une réduction drastique de ses chances de survie, puisque le fameux Créateur avait décidé de le placer dans le giron d’une pauvre fille trop pauvre et trop insensible pour veiller sur lui, et son arrivée à l’orphelinat n’avait rien arrangé, au contraire. Quant à choisir une vie de crimes… Bien évidemment, ça n’avait pas vocation à aider, malgré les rentrées d’argent sale aptes à améliorer un brin l’ordinaire, qui ne pouvaient raisonnablement pas compenser les risques pris pour les engranger. Même cette nuit-là, en particulier, aurait pu plus mal finir : le pugilat qui l’avait vu sacré vainqueur aurait pu se solder par sa mise à mort, dans le ventre de la sordide Whitechapel, ou passer de vie à trépas avec le ciel nocturne au-dessus de ses yeux sans vie pour seul spectacle. Rien de tout ceci n’était pourtant survenu, ce qui aurait encouragé certaines âmes crédules à louer la bienveillance des cieux, mais même pour ça, Fergus ne se sentait pas plus reconnaissant que cela envers quelque force cosmique que ce fût, et qu’on aurait aimé le voir remercier à grand renfort d’alléluias extatiques.

Si Dieu avait réellement existé, Il n’aurait pas remis sur son chemin quelqu’un comme David Williams. Gorgé d’amour, prompt à pardonner et plus sage que l’entièreté des penseurs mortels, Il aurait dû s’abstenir, et conserver Sa réputation intacte, au lieu de se ridiculiser de manière aussi grotesque. La coïncidence dépassait certes l’entendement, et tout ce que Lynch aurait bien pu imaginer, il aurait cependant fallu pour le Sauveur bien mieux avancer Ses pions afin de s’attacher l’allégeance du malfrat, car ce n’était pas en attisant les braises de la rage, là, au creux des entrailles du Britannique.

L’irrévérence du médecin faillit bien allumer une flambée de rage en lui, sans égards aucun pour ce qi avait pu les lier par le passé, ni pour l’acte de générosité qu’avait consenti Williams, même sous la menace, alors qu’un être humain en détresse reposait sur sa table d’opération. Même amoché, il demeurait encore en mesure d’allonger une correction à l’insolent, ou ne serait-ce qu’une mandale bien méritée dans la veine d’un revers patriarcal de derrière les fagots, quitte à ne pas réussir à encaisser aussi bien qu’il l’aurait voulu une éventuelle contre-attaque de la part du chirurgien –en même temps, c’était de David dont il était question : même sous le coup de la colère, son patient conservait quelques chances de le maîtriser, notamment en pariant sur l’effet de surprise. Durant quelques secondes, malgré les contusions, ce fut un regard noir qu’il jeta à son ancien ami, puisé dans ce feu intérieur le rattachant plus aux fauves qu’aux êtres humains. Une poignée d’imbéciles heureux l’aurait sermonné pour la sauvagerie de ses manières inexistantes, en arguant que la violence ne résolvait rien… Ces petites frappes n’avaient clairement jamais goûté pleinement au plaisir prodigué par une correction distribuée à un avorton exaspérant.

Néanmoins, l’Anglais n’en devenait pas pour autant un animal. Ses instincts, puissants, parvenaient bien souvent à prendre le contrôle, mais il savait également les conserver muselés, afin de mieux ne pas se desservir, et de profiter des décérébrés suffisamment sots pour le sous-estimer, et le croire aussi manipulable qu’un dogue enragé. David n’allait de toute façon que se rire de ses menaces, de ses poings et de ses regards assassins, autant s’épargner cette peine, et conserver son énergie pour des batailles plus importantes… Définitivement, le pire, envers un ancien compagnon de route,  n’était pas de nourrir à son encontre de la haine, mais bien de l’indifférence, glacée, tranchante, déçue.

-Arrête un peu avec tes grands airs, Williams, tu vas me coller la migraine. Figure-toi que tu m’as appris que même les grandes gueules empruntées dans ton genre peuvent cacher des ordures de première, du coup je me méfie. Si j’avais voulu, tu serais en train de te vider de ton sang à même les dalles de ton trou à rat de laboratoire, alors boucle-la deux minutes, t’impressionnes personne ici.


Les objets entre ses doigts roulaient négligemment, comme s’il se réappropriait leurs formes par le toucher.  La présence de David emplissait son esprit, à la manière d’un brouillard opaque, désagréable, qui vous colle à la peau et vous donne envie de vous dégager de cette gangue dès que possible.

-Tu sais très bien qui je suis, continua Fergus, neutre et en même temps sur un ton dédaigneux, sous la surface aussi dur que le roc. Faut croire que tout peut s’oublier pas vrai ? Après tout, tu t’arranges tellement bien avec ton foutu sens de la morale, qui en vaut au final même pas un clou.

Son chapeau melon réintégra son fief, légèrement enfoncé sur son crâne meurtri, et malgré le discret rictus de douleur qui pendant une seconde ou deux plissa ses lèvres, Fergus se sentit un peu mieux, à présent que son couvre-chef, tout comme son couteau, fidèles alliés inanimés, avaient réintégré leurs emplacements respectifs.

-Je suis celui grâce à qui t’as rencontré ton premier jules grâce à moi, celui qui t’a traîné à sa suite en croyant que t’en valais la peine. Celui que tu as envoyé au trou sans remords juste pour que papa avale mieux le fait que tu préfères te faire tringler par des messieurs. Au final, tu n’étais qu’un foutu bourgeois de plus, une enflure de traître.


Son maigre paquetage sous le bras, Fergus le toisa une dernière fois, avec tout le flegme que le dégoût d’un autre être humain parvenait à distiller en un cœur noyé de dédain.

-T’inquiète pas, va, je ne comptais pas camper ici. Je te souhaite de pourrir dans cette cave qui te sert d’officine, et que tu y crèveras seul. Pour ma part, j’espère juste ne plus jamais te revoir.

Et qu’importât, si sa démarche ne serait pas aussi assurée et conquérante qu’il l’aurait souhaité : au moins, son fiel aurait été distillé, avec le mesquin espoir qu’une partie parviendrait à blesser David, en une pâle copie de la propre douleur que lui-même avait éprouvée en découvrant que son meilleur ami l’avait vendu à la police pour pouvoir assumer auprès de sa famille son homosexualité.




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David P. A. Williams
David P. A. Williams

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MessageSujet: Re: hello from the other side | David [Fini] hello from the other side | David [Fini] Icon_minitimeMar 7 Mar - 12:44



Hello From The Other Side.

« There's Such A Difference Between Us. »

St Bartholomew's Hospital, 1890.

David n’avait qu’une envie, que l’individu s’en aille une bonne fois pour toutes. Déjà qu’il n’aimait pas travailler à la morgue en pleine nuit, mais en plus, il avait fallu qu’il soit menacé par des intrus agressifs qui s’adonnaient probablement à des activités plus illégales les unes que les autres, mais voilà que son patient dont il lui avait généreusement sauvé la vie, le prenait de haut à son tour. Et les insultes ne tardèrent pas à fuser de nouveau. Grande gueule, ordure, et le retour des menaces. Les bras croisés, David arqua un sourcil avec un sourire arrogant. Oh il ne s’en cachait pas. Le brigand n’avait pas tellement tord dans ses accusations. Cependant, le classique « tu serais déjà mort si je le voulais » ne l’impressionna nullement et c’était ce qu’il voulait faire comprendre à son interlocuteur. Le chirurgien était arrivé à un tel point de sa vie qu’il avait même pris de la distance par rapport à Jonathan et Amy. Alors mourir ici ou plus tard ne changeait pas grand-chose pour lui. Il avait déjà essayé de toute façon mais il fallait croire qu’il était incapable de se donner la mort. Il se mangeait la lèvre, le regard vague, relevant le menton pour faire face à l’homme.

D’ailleurs, celui-ci reprit son monologue, ponctué par une nouvelle attaque sur une certaine morale. David ne comprit pas tout à faire cette attaque. Vu qu’il semblait si bien le connaître, il aurait dû savoir que le chirurgien ne se pliait pas à la morale conventionnelle que la société voulait imposer. Se marier, avoir des enfants, cela n’avait pas de sens pour lui. Il avait beau être médecin, il avait retiré des vies, et pas seulement pour abréger les souffrances d’un mourant en train d’agoniser. La morale, il n’en avait sûrement pas. En tout cas, pas à ses propres yeux. Il avait ses principes, certes, mais la plupart sortait des sentiers moraux classiques et conventionnels. Donc oui, au final, son sens de la morale ne vaut pas un clou, c’est un fait. S’il lui avait demandé son nom… Et bien c’est juste qu’il aime savoir à qui il a affaire. Mais il était évident que le criminel était sûrement très bien placé pour pouvoir une leçon de moralité. Le quartier de Whitechapel était une grande blague sur la morale. On ne pouvait pas sortir de cet endroit en faisant des leçons sur ce qui est morale ou pas.

Cependant, l’homme enchaîna rapidement sur autre chose. Il se décida enfin à donner quelques indices qui apparemment, seraient suffisant pour trouver son identité. Et cela n’échoua pas. L’air arrogant de David disparut au fur et à mesure que l’inconnu poursuivait sa phrase. Il était au courant de choses que seule une poignée de personnes étaient au courant. Cela raviva des souvenirs que David essayait vainement d’enterrer depuis des années. Mais il enchaîna de nouveau, ne laissant pas au chirurgien d’en placer. Des nouvelles accusations fusèrent. Que le jeune écossais aurait livré le bandit en face de lui à son père pour mieux couvrir son homosexualité. Les sourcils de David se froncèrent. Pourquoi inventait-il cela ? Le chirurgien n’était certes pas un homme parfait mais il restait loyal envers ceux qu’il aimait. Et si cet homme était bien l’homme à qui il pensait (bien que les doutes ne soient plus permis à ce stade) alors jamais, ô grand jamais, il ne l’aurait vendu à son père, même pour se couvrir. Il n’avait d’ailleurs même plus essayé de se cacher à la mort de Jack. Trop perturbé pour réagir aux autres paroles de son interlocuteur, il finit par lâcher dans un souffle :

- Fergus…

Il releva les yeux vers lui et constata que Fergus Lynch se tenait (comme il pouvait) sur ses deux jambes. Le visage était méconnaissable, les années ayant passé et la dure vie de Whitechapel l’ayant durement marqué en comparaison à son visage de bourgeois qui avait gardé quelques traits juvéniles. Mais il avait conservé cette stature imposante et carrée. Il avait eu raison en disant qu’il aurait pu le tuer facilement. L’orphelin avait toujours eu beaucoup plus de force que lui. (Même si cela n’était pas très difficile au final.) Il soupira doucement, son esprit fatigué ayant du mal à faire le tri entre tout ce qu’avait dit Fergus. Alors que ce dernier semblait être prêt à partir, lâchant un dernier commentaire méprisant, David passa outre une nouvelle fois et dit d’une voix claire :

- Je ne t’ai jamais vendu.

Son regard était dur mais honnête. Il n’espérait pas que cela améliore l’image visiblement dégradée que Fergus avait de lui, mais il voulait au moins rétablir la vérité. Il chercha ses mots sur le carrelage de la morgue, essayant de se remémorer ce qui c’était passé durant ces moments-là.

- Je n’ai même jamais parlé de toi à mon père.

Cependant, à peine eut-il prononcé ces mots qu’il commença à douter. C’était à l’époque où il venait d’aller à l’asile. Où les médicaments commençaient à lui détraquer complètement l’esprit. Et si… ce qu’était en train de dire Fergus était vrai…? Et s’il avait vraiment vendu son meilleur ami sous l’effet des drogues s’en souvenir…? Il se mordit la lèvre et détourna le regard, en proie à un doute monstre. En tout cas, ce qui était sûr et certain, c’est qu’il ne l’aurait jamais fait de son plein gré, en pleine possession de ses moyens, dans une lucidité totale. Cependant, il se garda bien de dire à Fergus les doutes qui l’habitaient. Il se contenta donc de soupirer une nouvelle fois et de regarder celui qui fut son meilleur ami pendant si longtemps.

- Je suis désolé pour ce qui est arrivé, même si j’ignore ce qu’il s’est passé. Sache juste que c’était indépendant de ma volonté. Je ne pense pas que cela redore mon blason auprès de toi et ce n’est pas le but.

Il repensa alors à Jack dont la mort avait précipité la plupart d’entre eux dans un calvaire sans nom.

- Sache que je vais sur sa tombe chaque semaine…

Il baissa la tête et soupira. Comment entamer un nouveau chapitre dans sa vie quand il est impossible de tourner la page sur son amant décédé ? Comment entamer un nouveau chapitre de sa vie quand certains éléments passés ressurgissaient ainsi, sans prévenir, sur cette table d’autopsie…?
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MessageSujet: Re: hello from the other side | David [Fini] hello from the other side | David [Fini] Icon_minitimeMar 11 Avr - 21:40



Hello from the other side

« It’s a lot easier to be angry at someone
than it is to tell them you’re hurt. »

St Bartholomew's Hospital, 1890


How could you do this to me
Betrayed by my closest friend
How could you do this to me
I won't let you hurt me again now.


Ceux qui assuraient que les choses cassées pouvaient être réparées étaient des menteurs.

Même si ces dernières se trouvaient remises en place, du fait d’une bonne volonté miséricordieuse ou d’un pseudo geste de compassion de la part du destin, des traces résistaient à tout miracle, à toute tentative fébrile de retrouver ce qui avait été perdu ou abîmé, à la manière de craquelures à la surface d’un vase reconstitué tant bien que mal : les séquelles se révélaient irréversibles, plus ou moins visibles ou faciles à cacher selon le drame en question, sans qu’il y eût, en aucun cas, jamais, de retour à l’état pristin. La vie n’avait rien d’un conte de fées, et ce n’était pas à un orphelin de Whitechapel, baignant dans la misère et l’horreur depuis que son regard avait pour la première fois effleuré le monde, qu’on allait l’apprendre. Cela faisait partie des leçons drastiquement terre-à-terre que les plus pauvres se voyaient enseigner par la vie avec une violence méprisante par les autres ordres de la société, qui pour leur part, ô bourreaux aussi aveugles qu’indécents, n’y connaissaient rien, faisant ainsi montre d’une ignorance des plus scandaleuses, à vous rendre fou de rage. En fait, au-delà de cette conscience aigüe de l’injustice de la vie, seulement partagée par la majorité silencieuse des faubourgs, la véritable question se résumait à arriver ou non à vivre avec l’imperfection de ce qui, autrefois, avait été intact –peut-être pas idéal, mais en tout cas entier, sans injure, pur. Pour l’instant, dans le cas de Fergus, la réponse demeurait négative, puissamment et douloureusement.

Car c’était bien la douleur qui le rendait si âcre. Un homme digne de ce nom ne souffrait pas, pas du moins en son cœur mais seulement en sa chair ; aucune larme ne se trouvait permise, aucun vague à l’âme ou élan de désespoir débilitant : une montagne ne tremblait pas, un océan ne reculait devant aucune digue, il n’y avait donc aucune raison de se laisser aller au chagrin, même au plus noir de la nuit. Comme abandonner, se laisser briser par les coups durs ou les coups bas se voyait frappé du sceau de l’interdit le plus strict, car nul être de sexe mâle n’aurait dû tolérer de, telle une faïence ébréchée, continuer d’avancer en arborant des plaies intérieures, invisibles mais douloureuses, qui le privaient de son intégrité. De quel droit quiconque l’aurait lésé de la sorte ? Au nom de quoi quiconque aurait pu légitimement lui apposer une marque éternelle, et l’empêcher de s’en relever, de rebondir, d’affronter les rêves qu’il s’était dessinés vierge de toute entrave taraudante, de toute balafre ? À personne Lynch n’aurait donné un tel pouvoir sur lui-même, parce qu’il ne se serait jamais permis d’être éprouvé jusqu’au plus profond de lui-même alors que tant de grandes choses n’attendaient que lui pour s’accomplir, et que tant de personnes dépendaient de sa combattivité. Les hommes n’enduraient pas la peine, ils la changeaient en colère, frappaient, hurlaient, tempêtaient à l’image de tous les feux de l’Enfer réunis, exorcisant ainsi ce qui les tourmentait en troublant le message. Comment comprendre qu’un coup de poing témoignait d’une grande détresse morale ? Comment accepter que des larmes ravalées se cristallisent en haine sépulcrale à votre endroit ?

-Désolé ? Tu es DESOLE ?!


La voix de Lynch tonna, malmenant les murs qui les entouraient, vénérables et vétustes, habitués au silence des opérations et au chuintement des chairs mortes précautionneusement découpées au scalpel. Il semblait presque terrifiant de voir qu’un rugissement si viscéral pût émaner d’un corps aussi mal en point, comme si l’enveloppe charnelle entourant tant de violence à présent libérée risquait de se rompre sous l’assaut de tant d’énergie difficilement maitrisable. Peut-être que l’explosion d’une étoile ressemblait à cela. Peut-être que les pires tourments, ceux ne parvenant même pas à s’estomper avec quelques pleurs versés sur une piteuse destinée, ne pouvaient connaître de catharsis que par la fureur. Tout dans sa personne exhalait l’animosité, le bleu de ses yeux, sa posture, chaque fibre de ses muscles, la vibration sourde dans sa voix, la tension contractant ses maxillaires, l’aura invisible l’entourant à la manière d’une gangue vivante, hostile. Un convalescent n’aurait pas dû se mettre dans un tel état, mais le mal se trouvait enraciné trop profondément pour que, une fois révélé au grand jour, il ne dévaste pas tout sur son passage.

-Et désolé de quoi, dis-moi ?! D’avoir gâché tout ce que tu avais ? Tout ce que nous avions ? Tu as tout détruit, comme un foutu gosse de riches qui se tape un caprice, comme s’il n’y avait que toi qui ait tenu à lui, qui ait été digne de subir le manque qu’il a laissé. Chiale sur sa tombe et sur ton nombril autant que tu voudras, tu m’as privé de tout, et ça n’effacera pas ton ardoise, judas !


Par « il », Lynch évoquait bien évidemment leur camarade commun, Jack, le premier amour de David, le premier véritable ami qu’ait jamais eu Fergus, le jeune homme sans lequel rien de tout ceci ne serait advenu, sans lequel leurs routes ne se seraient sans doute jamais croisées, pour le meilleur comme pour le pire.

-C’était toi, et personne d’autre. Qui ça aurait pu être, de toute façon ? Amy s’était envolée, il ne restait plus que toi à savoir pour moi et notre bande, à avoir les moyens de me faire plonger.

Et c’était là, exactement là, que Fergus se trompait, et que toute l’horreur de cette histoire débutait. Non, il n’y avait pas eu qu’Amélia, qui ne s’en tirait pas trop mal dans cette affaire, seulement à peine accusée de s’être fait la malle sans dire au-revoir, que le chirurgien présentement devant lui, ni le cadavre en train, à l’époque, de se faire lentement dévorer par les vers, qui avait tant compté pour eux ; il restait Jonathan, le frère de David, si timide, si mou, si insignifiant qu’il en était devenu invisible aux yeux de leur meneur d’alors. Une créature médiocre, un boulet traîné à leur suite pour faire plaisir au cadet de celui-ci… Mais pas une menace. Pas un instant, pas un seul instant, le Britannique n’aurait imaginé Jonathan Williams capable d’avoir l’audace de le trahir, lui, de rompre les serments tacites établis entre les membres de leur groupe, ciment de leur amitié. Telle avait été son erreur fatale, un aveuglement méprisant qui avait précipité indirectement leur chute. Des années après, la possibilité qu’un endoctriné ne sachant que radoter à propos de son Seigneur adoré continuait de lui échapper, tellement folle qu’elle en devenait irréaliste ; pourtant, si toutes les éventualités possibles se trouvaient erronées, le vrai se nichait dans l’impossible… Sauf que David, pauvre de lui, constituait une proie facile, une cible parfaite pour un ressentiment se trompant d’objet.

-Tu me dégoûtes.

La hargne pour le moment à peine tempérée, venait à présent l’amertume, l’acide de l’arrogance vengeresse.

-J’avais confiance en toi, je croyais en la sincérité que tu singeais… J’aurais fait n’importe quoi pour toi, et tu m’as poignardé dans le dos comme un lâche.

Cela valait mieux ainsi : au moins, ses grands projets actuels ne se trouvaient plus mis en péril par une amitié hypocrite, capable de se retourner contre lui et de ruiner tant d’efforts déployés pour renverser la donne.

L’irrévérence de David pouvait encore être acceptable, car après tout, elle contribuait à faire du médecin une figure à n’estimer sous aucun prétexte, au contraire ; c’était une posture prévisible de la part d’un imbuvable privilégié. Une mine de chiot battu, à l’inverse, s’avérait plus qu’irritante, car Williams n’avait plus le droit de se poser en victime, pas après ce qu’il avait fait, ni le droit d’avoir mal quand il avait été l’orchestrateur de tant de dévastation, par pur égoïsme.

-Mais je ne peux m’en prendre qu’à moi-même, pas vrai ? Quel con j’ai été, de te faire confiance, d’imaginer que tu pourrais être autre chose qu’un profiteur, qu’un faux-cul de première. Tu ne nous méritais pas.


Rageusement, Fergus se détourna, bien décidé à emprunter la même voie que ses frères de crime –ses vrais frères, qui eux au moins ne l’abandonnaient pas sur un coup de tête-, mais à mi-chemin, son corps refusa de se montrer aussi combattif que son âme à vif. Son grand gabarit recommença à tanguer, alors que figé dans sa course, Lynch sentait son esprit menacer de redevenir ouaté. Yeux clos, il tenta de ne pas couler dans cette mer invisible venue tenter de le soulever la terre pour mieux l’engloutir de nouveau ; sa main droite, pourtant, ne put se rattraper à aucun mur ni aucun meuble, s’enfonçant mollement dans l’air du laboratoire, puisque c’était au milieu de rien qu’il se tenait, étrange statue vivante campée sur deux jambes vacillantes, danseur du néant ne tenant debout que par la force d’une incroyable pugnacité, autant que par la grâce d’un Dieu mille fois maudit.



I'm nothing to you I can see
Just walk away from me
I'm torn up but I can't believe
You sat and watched me bleed.



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MessageSujet: Re: hello from the other side | David [Fini] hello from the other side | David [Fini] Icon_minitimeSam 22 Avr - 10:10



Hello From The Other Side.

« There's Such A Difference Between Us. »

St Bartholomew's Hospital, 1890.

La voix de Fergus fut forte, l’individu répétant ce que David avait dit quelques instants plus tôt, comme s’il s’agissait là d’un odieux mensonge. Mais que pouvait-il dire de plus ? Il ne mentait pas, il était sincère. Il était vrai qu’il ne savait pas ce qu’avait enduré son ancien ami durant des années mais c’était réciproque. Fergus n’avait certainement aucune idée de ce qu’il s’était passé dans la vie du chirurgien. Alors oui, il n’avait pas forcément tort quand il disait que les bourgeois se permettaient de juger de manière hautaine la vie des plus pauvres. Mais encore une fois, on pouvait retourner le commentaire sur Fergus. Après tout, il était justement en train de lancer toute sa rancœur sur David qui n’avait, au final, pas grand-chose à voir dans tout cela. Il l’écouta remuer le couteau dans la plaie, l’accuser que tout ceci était sa faute. Le nom de Jack était sous-entendu mais omniprésent. Qu’aurait-il dit en voyant ses deux amis s’entredéchirer ainsi à cause d’une vulgaire différence de classe sociale ? Mais selon Fergus, David était le seul fautif. Le seul coupable. Celui qui devait être jugé pour des crimes qu’il n’avait pas commis. Alors oui, il était le punching-ball de son patient.

Il le regarda droit dans les yeux, le laissant parler, aboyer. Que pouvait-il faire d’autre de toute façon ? Il n’avait guère envie de se battre, de guerroyer dans le vide pour que rien n’avance. Alors il le laissait brayer sa haine et sa colère de sa voix grave et puissante malgré son état physique. David ne put que croiser les bras et le regarder avec un air impassible, son regard clair étant toujours profondément ancré dans le sien. Il ne baisserait pas les yeux, dont une lueur presque insolente y brillait. Il n’avait pas peur de Fergus. Après tout, que pouvait-il lui faire ? Le tabasser à mort ? Possible. Et cette éventualité ne dérangeait pas David, ce n’était plus un secret pour certains. Machinalement, il repassa ses doigts sur sa manche, la voix de son ami rejetant ses excuses comme fond sonore. Les insultes continuaient de fuser sans que David n’ait ni la force ni l’envie de se défendre. Si cela pouvait soulager Fergus alors il était prêt à tout endurer sans sourciller. Il n’était plus à ça prêt après tout. Cela lui rappelait les insultes de son père. Il continuait de soutenir le regard du petit criminel qui finit par se lever.

Il ne le quitta d’ailleurs pas du regard quand celui-ci se rendit vers la porte. À ce moment-là, il songea alors à qui méritait réellement les accusations de Fergus. Et des suspects, il n’y en eut pas cinquante. Leur petite bande comptait cinq personnes : Jack, Fergus, Jonathan, Amy et lui. Cela ne pouvait être Jack, bien évidemment. Ni Fergus, cela allait de soi, et David ne voyait pas Amy allait directement voir le père Williams pour dénoncer un simple garçon des rues pour « protéger » les deux frères. Il ne restait donc que Jonathan et lui. Il baissa alors les yeux et fronça les sourcils. Il était au courant de ses pertes de connaissances depuis qu’il était sorti de l’asile mais cela ne datait que de la prise des médicaments dans l’établissement. Y avait-il dit tout ce qu’il savait sur Fergus durant un moment d’absence à tel point qu’il ne s’en souviendrait plus ? C’était possible, bien qu’étrange, Lynch semblant avoir eu des problèmes très tôt après la mort de Jack. À moins que ce ne soit Jonathan… Mais cette éventualité lui paraissait encore peu envisageable. Cependant, même si c’était le cas, il défendrait son frère, il le couvrirait. Il préférait encore qu’on le punisse pour des crimes qu’il n’avait pas commis plutôt qu’on s’en prenne à son frère.

Un bruit le tira hors de ses pensées et il releva doucement la tête pour voir que Fergus s’était écrasé sur le sol, près de la porte de sortie de la morgue. David arqua un sourcil indifférent et se demanda s’il devait lui venir en aide. Après toutes les infamies qu’il venait de lui dire, il n’en avait pas tellement envie. Mais à tous les coups, il pourrait subir les représailles de la clique de Fergus. Cependant, ne venait-il pas de songer qu’il préférait endurer la sentence de quelqu’un d’autre ? Il soupira, se fatiguant lui-même et se rendit finalement près de son ancien ami qui était finalement à terre. David s’accroupit proche de sa tête. Il aurait eu mille façons de profiter de la faiblesse physique de Fergus. Mille façons de se venger moralement. Comme l’enfermer dans un des tiroirs réservés aux cadavres. Si son être le dégoûtait, l’odeur des morts ne le dérangerait en rien alors. Mais il n’en fit rien. De toute façon, il n’avait pas la force de soulever la carcasse de Fergus seul.

Cependant, il le redressa pour le faire asseoir contre un meuble non loin. Le chirurgien se remit sur ses jambes et le regarda un instant, cherchant quoi répondre. Il se mentirait s’il disait que cela ne lui faisait rien de revoir son ami dans de telles circonstances après presque dix ans. Il soupira profondément et le regarda, ne sachant même pas si Fergus était conscient ou pas. Cependant, c’était à lui de partir en premier, le chirurgien étant consigné ici jusqu’à l’aube et ce n’était pas l’irruption imprévue d’un ami d’enfance qui allait le déloger de son poste. Il inspira profondément et dit d’un ton franc :

— Écoute. Je ne suis pas ici pour que tu m’apprécies. Si tu t’obstines à croire que je suis une raclure qui t’a vendu à mon père, c’est ton droit. Ce que je vois, en revanche, c’est que tu déverses ta haine sur moi alors que, jusqu’à preuve du contraire, je suis innocent. Car je n’ai pas la moindre idée de ce dont tu parles. Si c’est juste le résultat de nos années d’amitié qui ressort, alors cela prouve l’image que tu avais de Jonathan et moi. Je n’ai jamais eu d’a priori sur toi. Je n’ai jamais eu le moindre jugement parce que tu venais de l’orphelinat. Tu étais un enfant comme Amy, comme Jonathan, comme moi. Nous étions égaux, à mes yeux. Mais si pour toi, je ne suis qu’un sale bourgeois sans honneur alors toi tu n’es qu’un autre vulgaire petit brigand de Whitechapel.

Il marqua une pause avant de reprendre :

— C’est ce genre de comportements qui creuse les fossés sociaux et qui n’arrange rien. Continue de te prélasser dans ta haine, dans ta soif de vengeance. Tue-moi si ça te fait plaisir après tout. Tu as sûrement dû en tuer des gens non ? As-tu essayé de prendre la vie d’un bourgeois dégoûtant ?

Il s’accroupit de nouveau pour être à la hauteur des yeux de Fergus. Il souriait avec cette arrogance qui le correspondait bien au final. Il ignorait si le provoquer était une bonne chose mais le criminel était à peine conscient et seul. Est-ce qu’il abusait de sa faiblesse ? Totalement. Est-ce qu’il allait en subir les conséquences ? Probablement. Est-ce qu’il y accordait de l’importance ? Nullement.

— Si tu me vois désormais comme un ennemi, alors j'en ferai autant.
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