[Amy & Félix] Une visite pour le travail... Ou pas! [Fini] - Page 2



 
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[Amy & Félix] Une visite pour le travail... Ou pas! [Fini]

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Amy S. Adler
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Amy est très douée dans son domaine, la couture. ⊹ Ressentais une profonde frustration envers son mari durant les cinq précédentes années, ce qui l'incitait à accepter plus facilement les avances d'autrui. ⊹ A des tendances névrosées et borderline. ⊹ Ne supporte pas/ou difficilement les enfants en bas âge. ⊹ Apprécie la compagnie de l'alcool et du tabac bon marché. ⊹ Est d'une grande immaturité. ⊹ Très facilement morte de jalousie en compagnie d'autres femmes. ⊹ Manque de confiance en elle-même et a souvent besoin qu'on la rassure sur son apparence. ⊹ Passe beaucoup trop de temps devant le miroir à peigner ses très longs cheveux noirs. ⊹ Femme de Felix J. Adler. ⊹ A ouvert récemment un bordel de luxe dans un vieil hôtel rénové de Whitechapel.
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MessageSujet: Re: [Amy & Félix] Une visite pour le travail... Ou pas! [Fini] [Amy & Félix] Une visite pour le travail... Ou pas! [Fini] - Page 2 Icon_minitimeSam 2 Déc - 17:03



Une visite pour le travail.

« A genoux devant la Panthère Rouge. »

Juin 1891

Amy était contente de l'avancé de cette conversation. Ce n'était pas rien pour son entreprise que de se mettre le directeur de Scotland Yard dans la poche, surtout quand il s'agissait d'une entreprise quasi révolutionnaire de bordel de luxe extrêmement sécurisée. Elle doutait que les bordels cachés dans les caves de Westminster possédaient pareil système. Mais à présent, la couturière pourrait se passer des hommes de la Tribu et ce n'était pas quelque chose de négligeable. Elle était sûre que Fergus comprendrait qu'elle veuille assurer cette argent pour quelque chose d'aussi important que le suivi médicale de ses filles. Cependant, la jeune femme savait que ce double-jeu serait difficile à tenir. Elle ne souhaitait pas mettre à mal les intérêts de la Tribu, mais souhaitat également rendre le monde un peu meilleur en arrêtant les criminels si elle pouvait. Un jour, la confrontation aura lieu et il faudra qu'Amy soit ferme. Après tout, si certains membres de la Tribu se faisaient coffrer pour des motifs comme le meurtre, il ne pourrait s'en prendre qu'à eux-mêmes. Que Fergus soit l'un des hommes les plus droits de la ville n'empecherait malheureusement pas ses sbires de se prendre quelques incartades. Il semblait même à la couturière que lui-même exécrait le meurtre, alors peut-être ne serait-il pas outré voir même choqué de son acte en double-masque. Mr Downcry serra alors sa main, et elle fut ravie de cet échange égalitaire. La conversation menait à sa fin, après que tout ceci fut merveilleusement bien réglé d'une main de maître.

Mais un éclat de voix interrompit le directeur dans ses au revoirs, une voix qu'Amy ne put que trop reconnaître. Sa peau se blêmit instantanément, alors qu'un vacarme s'affaira dans les étages inférieurs. Remontant ses jupons, la couturière s'empressa de courir après l'homme de la justice pour descendre les escaliers quatre par quatre. Elle ne put cependant arriver avant Andrew qui s'empressa aussitôt de faire relâcher la forme blanche que représentait son mari, qu'Amy ne put que reconnaître aussitôt. Les choses devinrent évidentes pour elle, il l'avait suivi, elle qui rentrait trop tard. La jeune femme s'en voulait depuis le début, mais si l'on prenait les choses stricto-censu, elle n'avait pas menti: elle rentrait clairement trop tard car elle travaillait. Mais le quiproquo de cette situation était insupportable, et d'une voix terriblement aigue par le stress, Amy fit prévaloir son autorité sous son toit au dessus de celle du directeur de Scotland Yard et s'exclama:

- LACHEZ LE IMMEDIATEMENT ET RETOURNEZ A VOS POSTES, C'EST UN ORDRE.

La rage de la panthère rouge faisait peur à voir, elle qui ne supportait pas que l'on fasse de mal à son mari chéri et adoré. Les hommes de la Tribu avaient accédé à la moitié des ordres d'Andrew, calmant le jeu mais tenant toujours Felix de leurs lourdes poignes. Avec l'ordre d'Amy, ceux-ci le lâchèrent aussitôt et s'éloignèrent pour redescendre au rez-de-chaussé. Se précipitant alors sur Felix, elle lui saisit le visage pour voir si tout allait bien, l'aider à se redresser avant de se retourner vers les filles et les clients qui avaient sorti la tête de certains couloirs:

- De quoi je me mêle ? Retournez-donc dans vos chambres !

Les individus un peu trop curieux retournèrent à leurs occupations parfaitement intéressantes et Amy se saisit du bras de Felix pour l'embarquer, indiquant à Andrew de venir à sa suite.

- On ne peut pas parler ici, les murs ont des oreilles. Viens à mon bureau, je t'expliquerai tout.

Amy monta alors les escaliers avec la sueur froide qui glissaient le long de son dos. Elle n'osait pas parlait tout de suite, mais espérait que ses craintes se voyaient calmer par l'utilisation du mot "bureau" et non pas "chambre" comme elle l'avait indiqué aux autres prostitués. Elle le fit monter donc au dernier étage, revenant sur ses pas, et ouvrit la porte du majestueux bureau, parfaitement symétrique. La couturière n'y avait pas pensé tout de suite, mais elle espérait bien que le directeur de Scotland Yard ne croit pas qu'elle se donnait tout le luxe de l'argent qu'elle gagnait. Une grande partie de l'argent récupéré était voué à gérer le confort des filles. Elles recevaient directement l'argent des clients selon leurs prestations personnelles et payaient à Amy une sorte de loyer dont elle conservait un peu moins de 30%, le reste servant bien largement à payer la nourriture et l'entretien de l'endroit, ainsi que les fameux soins médicaux et les hommes de mains. Cependant, l'établissement avait si vite réussi à réunir un grand nombre d'adepte, et l'argent coulait avec prospérité. Une fois arrivée à son bureau, elle se retourna vers son mari et déglutit:

- Felix... je peux tout expliquer...

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MessageSujet: Re: [Amy & Félix] Une visite pour le travail... Ou pas! [Fini] [Amy & Félix] Une visite pour le travail... Ou pas! [Fini] - Page 2 Icon_minitimeMer 6 Déc - 16:29



Une Visite Pour le Travail... Ou Pas !

« HOW DID I END UP HERE ? »

La Tanière de la Panthère, Whitechapel, Juin 1891.

Les pieds de Felix ne touchaient toujours pas le sol. Écœuré et agacé par la simple présence de son épouse dans un tel lieu, il continuait de se débattre comme il pouvait pour avoir un minimum de réponses, ce qu’il n’aurait probablement pas. Il allait être jeté dans le caniveau comme un vulgaire chien, un trouble-fête, un agitateur, voire même un ivrogne qui avait besoin de se défouler à n’importe quel prix. Malgré le fait qu’il ait transgressé toutes les règles de sécurité qui semblaient être en vigueur dans la maison close, il continuerait à essayer d’apercevoir son épouse pour lui parler, s’entretenir avec elle et avoir des réponses. Ce fut alors qu’un homme à la cinquantaine d’années passée apparut dans la cage d’escaliers en demandant aux gardes de bien vouloir le poser sur le sol. Le regard toujours féroce, Felix essaya de se dégager mais la poigne qu’exerçaient les deux vigiles broya chacune de ses épaules. Il préféra alors rester sage, regardant son « sauveur » d’un œil noir, pensant avoir à faire au gérant des lieux, qui venait d’ailleurs de l’insulter. Felix n’était certes pas le plus grand des hommes et avait une apparence plutôt svelte, voire chétive comparée aux gardes qui le tenaient, mais il n’était pas non plus ridicule.

Cependant, l’homme lui demanda s’il venait de s’entretenir avec la patronne. Le pauvre horloger, pris au dépourvu, le regarda sans comprendre. Il n’était pas gérant ? Qui était-il alors ? Pourquoi la patronne ? Parce qu’il avait crié le nom de son épouse ? Non, non, il devait mal comprendre. Amy ne pouvait pas tenir un bordel. Toutes ces questions qui se bousculaient dans sa tête lui donnaient presque une migraine aussi forte que la douleur dans ses épaules ou dans ses abdos, tous écrasés par la force des deux gardes. Puis ce fut une silhouette écarlate qui apparut dans le champ de vision de l’horloger agacé. Une voix strident à vriller les tympans recouvrit le petit tumulte que Felix avait provoqué. Il reconnut cette voix comme étant celle d’Amy mais elle avait employé un ton qu’il n’avait jamais entendu auparavant. Pourtant, les gardes relâchèrent ses épaules meurtries que l’horloger massa aussitôt, instinctivement, son regard collé à son épouse qui venait d’apparaître comme par magie. Déboussolé, il la regarda s’approcher rapidement et lui saisir le visage pour l’inspecter avec inquiétude, mais Felix resta impassible, n’arrivant pas à aligner tous les bouts du problème devant lui. Il pouvait faire preuve du plus logique des esprits, mais dès que les évènements se bousculaient un peu trop vite, il ne répondait plus à rien.

Son épouse s’adressa avec le même ton autoritaire aux prostituées et leurs clients avant de lui saisir le bras. Il se laissa traîner, trimballer et eut le malheur de mal comprendre la dernière phrase de son épouse. En effet, il ne comprit pas « mon » bureau mais « son » bureau, ce qui changeaient drastiquement ce qu’Amy voulait faire passer comme message. Il lança un regard assassin à l’homme grisonnant qui les suivait mais ne dit rien, essayant de calmer vainement son calme. Elle le fit entrer dans un très joli bureau bien agencé, mais Felix ne le vit pas du même œil. Elle le lâcha et lui dit que tout pouvait être expliqué. La phrase traditionnelle, jumelle de « ce n’est pas ce que tu crois ». Il croisa les bras et ferma les yeux en soupirant. Pour l’instant, c’était plus la colère et la rage qui prédominaient sur toutes autres choses. Il ne voulait pas faire de conclusions hâtives et pourtant, tout ce qu’il voulait savoir était sous ses yeux : Amy s’était faite embauchée en tant que femme de joie et cet homme était le proxénète. Il ne voyait que ceci. Mais une question prédominait par-dessus toutes les autres : pourquoi avait-elle fait ça ? Il ne voulait pas se laisser aller à la rage et pourtant…

— Quoi ? Tu peux tout expliquer ? Pourquoi tu rentres tard le soir ? Tu es quoi ici ? La pute en chef ? C’est pour ça que tu diriges tout le monde ? Et lui, c’est qui alors ? Ton proxénète ? Un client ? Allons...

Il eut un ricanement désabusé, dépassé par la situation. Il était dépité et las de tout ceci. Il n’avait pas envie de se battre et baisser même déjà les épaules, qui étaient déjà, par ailleurs, bien abîmées au sens propre par les gardes. Il secoua la tête et regarda alors l’homme avec un air mauvais et agressif, comme de la façon dont il pouvait regarder les Collins quand ceux-ci lui tapaient sur le système.

— Et vous, là… Proxénète ou simple client, vous me dégoûtez. Aucun honneur, aucune dignité… J’espère que vous avez honte de vous et que vous peinez à vous regarder dans le miroir chaque matin… Franchement.

Étrangement, la colère et la rage annihilaient la timidité et l’introversion maladives de Felix, surtout quand il s’agissait de son épouse. Il se tourna une nouvelle fois vers elle et le regarda avec beaucoup de déception dans ses iris grises.

— Je… Je m’étais juré de ne jamais mettre les pieds dans une maison close parce que je trouve que c’est un lieu de débauche facile pour les hommes insatisfaits ou tout simplement incapables de se retenir. Je n’ai jamais compris ces gens-là. Regarde ce que tu me fais faire…

Par-là, il entendait qu’il venait de bafouer ses principes. Et que si une connaissance éloignée l’avait aperçu en train d’entrée dans ce bordel, de nouvelles rumeurs allaient être colportées et c’était tout son travail et son statut d’Horloger Royal qui pouvaient être altérés. Alors certes, il se souciait davantage à sa carrière qu’à l’état de son couple face à une situation comme celle-ci. Mais son mariage, dans l’immédiat et même sur le long terme, n’avait rien à craindre. Malgré tout ce que pouvait faire Amy, il ne pouvait vivre et il se doutait qu’elle avait une bonne raison. Du moins, il l’espérait fortement.
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MessageSujet: Re: [Amy & Félix] Une visite pour le travail... Ou pas! [Fini] [Amy & Félix] Une visite pour le travail... Ou pas! [Fini] - Page 2 Icon_minitimeDim 14 Jan - 0:10

L'homme qui venait de se faire attraper par ces deux gros colosses le regardait avec une expression vexée qui exprimait aussi le jugement. L'homme de la police de Scotland Yard haussa un sourcil en l'observant d'un oeil critique. Sur le coup, il eut une impression de déjà vue, mais il repoussa cette impression pour lui demander s'il était là pour la tenancière. Il sembla très perturbé et principalement en voyant cette dernière arrivée. La chef de cette maison de passe s'adressa au jeune homme brun avec un ton très familier et assez inquiet. Sa voix trahissait la crainte de son jugement et Andrew compris tout de suite que cet homme était le mari de sa partenaire en affaire. Elle voulait qu'ils la suivent dans son bureau, alors le le fit sans se préoccuper de se que pouvait penser l'homme. Ce dernier lui rappelait ses subalternes droits comme des bâtons qui pensaient que les choses fonctionnaient que d'une seule manière. Ces hommes rigides avaient le don d’irriter Andrew parce qu'ils ne se mettaient absolument pas à la place des gens. Une fois dans le bureau, l'homme du nom de Felix se mit à poser des questions à son épouse avant de se tourner vers lui. Il l'accusait d'être soit un dégoûtant proxénète ou d'être un client sans morale. Insulté d'être jugé et accusé ainsi, Downcry pinça les lèvres et fronça les sourcils en attendant que son flot de questionnements cesse enfin.

- Voyons jeune homme... Vous n'avez pas à l'accuser d'être entré ici. Vous êtes un grand garçon et vous avez fait votre choix seul. Si je peux me permettre, vous n'avez pas brisé votre promesse. Vous n'êtes pas ici en tant que client à moins que vous mentiez, mais je ne pense pas que vous sachiez me berner... Je me nomme Andrew Downcry et je ne suis pas un client (pas encore du moins...), je suis le directeur de Scotland Yard venu faire un marché entre votre épouse et la police dit-il en sortant son insigne pour le lui prouver. Son entreprise pourra facilement nous fournir les criminels que nous voulons et en échange, elle aura des gardes gratuitement pour veiller à la sécurité des jeunes femmes à l'intérieur. Je sais ce que pensent les gens comme vous. C'est indécent... C'est odieux... Pourtant ces femmes font ce qu'elles peuvent pour survivre. La pauvreté est difficile monsieur et vous devriez le comprendre puisque vous n'êtes pas riche... Attendez une seconde...

Il haussa à nouveau un sourcil. D'un coup, il eut une illumination. Il comprit tout de suite d'où lui était venue cette impression. Il déglutit. Il ne pouvait pas être plus vieux que Harry...

- Êtes-vous Felix Adler? ... Un fils de Johanna Adler?

Il déglutit se souvenant d'un papier qu'il avait dans la poche et il le lui tendit quand il eut confirmé son identité.

- On a porté plainte contre vous pour agression... Je vous demanderais de venir au poste demain après midi pour que nous puissions en discuter.

Avant leur rencontre, il en profiterait pour en apprendre plus sur ce jeune homme...
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Amy est très douée dans son domaine, la couture. ⊹ Ressentais une profonde frustration envers son mari durant les cinq précédentes années, ce qui l'incitait à accepter plus facilement les avances d'autrui. ⊹ A des tendances névrosées et borderline. ⊹ Ne supporte pas/ou difficilement les enfants en bas âge. ⊹ Apprécie la compagnie de l'alcool et du tabac bon marché. ⊹ Est d'une grande immaturité. ⊹ Très facilement morte de jalousie en compagnie d'autres femmes. ⊹ Manque de confiance en elle-même et a souvent besoin qu'on la rassure sur son apparence. ⊹ Passe beaucoup trop de temps devant le miroir à peigner ses très longs cheveux noirs. ⊹ Femme de Felix J. Adler. ⊹ A ouvert récemment un bordel de luxe dans un vieil hôtel rénové de Whitechapel.
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MessageSujet: Re: [Amy & Félix] Une visite pour le travail... Ou pas! [Fini] [Amy & Félix] Une visite pour le travail... Ou pas! [Fini] - Page 2 Icon_minitimeMar 16 Jan - 22:18



Une visite pour le travail.

« A genoux devant la Panthère Rouge. »

Juin 1891

La situation venait d'échapper aux mains de la reine avec une facilité déconcertante. Dans ses belles parures de jeune femme, Amy commençait à littéralement transpirer de peur. Pourtant, elle n'avait absolument rien à se reprocher dans cette étrange quiproquo qui se jouait là. La jeune femme savait parfaitement ce qu'elle avait fait -rien de mal. La seule chose qui n'allait pas, c'était le silence qu'elle s'était tenue à garder; car elle savait que son mari était prompt à s'enflammer pour peu de choses quand cela les concernait. Amy avait des convictions propres et solides, et se refusait à continuer de perdre des clientes à cause d'un meurtrier. Mais elle savait également que Felix ne lui aurait jamais permis de faire toutes ces choses. Maintenant qu'elle s'était imposée dans le marché, il était évident qu'il lui fallait en parler. Mais elle aurait préféré le faire à la maison, calmement; elle n'aurait pas tardé à le faire. A ce moment précis, tout venait comme un ouragan se mélanger et la fouetter sans mérite. Face à la rage justifiée car ignare de son mari, Amy ne put dire un mot, elle était complètement pétrifiée, se tournant lentement vers son bureau pour s'asseoir à sa place de chef alors que Felix commençait déjà à fustigier le directeur de Scotland Yard. Rien que cela. C'était très mauvais pour ses affaires mais elle ne pouvait rien dire, et ce n'était pas les paroles de Mr Downcry qui allait changer les choses.

Felix était une bombe à retardement et c'était l'instant précis qu'il avait choisi pour exploser. Les doigts tremblant légèrement, que ce fut sous l'effet de la fatigue comme du stress, ses doigts glissèrent dans un tiroir et caressèrent une boite de cigarettes qu'elle mourrait d'envie de fumer. Elle devait se retenir, son chéri montrait déjà tant les signes de colère qu'elle n'aimait pas lui connaître et ne souhaitait pas rajouter des charges à son malaise. Assise bien en place dans le bureau central qui la grandissait, en face de cet immense tableau représentant son mari, Amy finit pourtant par prendre la parole, d'une voix cruellement blanche:

- Felix... je savais que tu m'interdirais de faire tout ça si je t'en avais parlé...je ne suis pas une pute en chef... je suis LA chef. Mr Downcry ici présent a raison, il est venu me présenter un marché me permettant d'économiser de l'argent sur la sécurité du bâtiment en échange d'informations sur les potentiels criminels qui seraient clients. C'est long à t'expliquer, chéri... tu te souviens du soir où je t'avais dit qu'une de mes clientes les plus fidèles avaient été tué par Jack l'Eventreur...?

Elle soupira tristement, se mordant les lèvres tout en sortant la main du bureau. Ses doigts s'entrelacèrent et maintinrent son menton, coude sur la table. Son regard était luisant, alors que la jeune couturière tentait de reprendre contenance d'elle-même. Amy n'avait jamais été une battante, c'était une princesse. Choyée toute sa vie, elle n'avait pas l'habitude de se lever pour quelque chose qui lui portait à coeur. Cette cause-ci était bien la seule, et c'était la première fois que Felix pouvait apercevoir cette nouvelle lueur de détermination dans son regard.

- Ce soir là... j'ai décidé que je devais faire tout mon possible pour protéger mes autres clientes, les moins fortunées... mais qui ont également le droit de pouvoir être joli. Avec Mylène, on a économisé pour payer des gens de la Tribu pour qu'ils nous rénovent ce bâtiment, et il est maintenant décrit comme un rubis au milieu de la fange... tu te rends compte Felix ? J'ai peut-être sauvé des filles qui se seraient fait tué dans la rue... sales et toutes seules...

Des larmes apparurent dans ses yeux devenus électriques de par leurs rougeurs. La panthère finit par ouvrir le tiroir avec plus de fermeté et en sortit finalement une cigarette fine et délicate qu'elle alluma à la lueur d'une bougie sur le bureau. Après une unique mais profonde bouffée, elle prit une respiration et poursuivit, après avoir lever la main en voyant que l'un d'entre eux voulait se lancer à une réponse. Cette entreprise était sa plus grande fierté, cette sensation d'être utile à une échelle si puissante, d'être l'écrin d'un système qui protège, qui soigne et qui permettait à des vies de se reconstruire. Tout celui lui avait donné le courage de redresser la tête, et de ne plus être la silencieuse victime d'elle-même qu'elle avait pu être tout le temps de sa vie.

- Je... tu n'as pas besoin d'être d'accord avec moi... ou d'accepter... sache que ce qui est fait est fait, et je ne reviendrais pas en arrière, cela me tient trop à coeur. J'aurais voulu t'en parler dans d'autres circonstances... j'attendais justement une meilleure stabilité dans mes finances pour t'en parler, ce contrat avec Mr Downcry est une aubaine. Mais... Felix... ne crois pas que je me sois prostituée, je te le jure sur ma vie, je n'ai rien fait de tel, je ne suis que la directrice de cette établissement, tout est fait pour que personne ne puisse monter me voir à moins d'une raison strictement professionnel. Mais... (elle jeta un coup d'oeil au directeur de Scotland Yard:)... nous devrions en parler seul à seul... j'espère juste avoir calmer tes craintes... (elle tira une nouvelle bouffée de sa cigarette et regarda le policier en chef pour reprendre avec une voix tremblante qui se voulait maitrisée:) Excusez-moi pour ce long monologue sentimental... j'ai été prise au dépourvu par la situation.

Celui-ci pourtant sembla se moquer de ce que pouvait bien dire la jeune femme, ne regardant que l'horloger avec un regard qui paraissait remplit de question. Quand il finit par ouvrir la bouche pour demander l'identité de l'homme, cela fit hausser un sourcil à Amy. Mais quand le directeur donna un papier à Felix tout en lui déclarant d'une voix professionnelle qu'une plainte pour agression avait été déposé contre lui... Amy laissa tomber sa tête contre sa main ouverte qui tenait la cigarette. Les choses pouvaient-elles tourner plus mal ? La couturière songea qu'elle avait maintenant un élément de contre attaque si jamais Felix venait à lui en vouloir pour ses actes. Mais tout de même, sérieusement ?! La jeune femme redressa la tête et lança un regard qui suppliait son mari. De quoi, elle même ne savait pas exactement, mais rien que pour ses affaires c'était très mauvais. Elle ignorait également si la situation devenait horriblement cocasse ou d'une tristesse absolue.

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MessageSujet: Re: [Amy & Félix] Une visite pour le travail... Ou pas! [Fini] [Amy & Félix] Une visite pour le travail... Ou pas! [Fini] - Page 2 Icon_minitimeMer 17 Jan - 10:53



Une Visite Pour le Travail... Ou Pas !

« HOW DID I END UP HERE ? »

La Tanière de la Panthère, Whitechapel, Juin 1891.

Felix restait silencieux face à tout ceci. À vrai dire, il avait très envie de rentrer chez lui pour tout oublier, s’enfermer dans sa chambre ou dans son atelier. Il n’avait pas envie de lutter contre quoi que ce soit ni contre qui que ce soit. Il y avait eu suffisamment d’histoire dans son couple, il n’avait pas envie d’en créer d’autres, malgré la situation, aussi étrange soit-elle. Il jeta un coup d’œil à Amy, qui s’était assise derrière ce qu’elle prétendait être son bureau. Elle disait qu’elle dirigeait tout ceci, cet établissement de débauche en tout genre. Elle lui expliquait qu’elle assurait les fonds et la sécurité du bâtiment, ainsi que les filles mais qu’elle n’avait jamais « pratiqué » le métier. Felix ne savait qu’en penser. Il eut cependant une moue courroucée quand elle évoqua Jack l’Éventreur. Encore lui. Tout ceci était de sa faute, une nouvelle fois. Par ailleurs, le petit horloger remarqua une lueur bien différente de celle qu’il avait l’habitude de voir dans les yeux bleus de son épouse. Il vit la volonté et la détermination. Les deux époux n’étaient pas des exemples en matière d’hardiesse et de courage mais il devait admettre que cela le motivait et le calmait de voir un tel regard.

Il inspira profondément pour mieux soupirer, essayant de faire le tri dans son esprit qui s’embrouillait déjà, essayant de donner de la crédibilité à cette histoire qui, il devait le reconnaître, tenait debout. Cependant, il avait quand même le sentiment qu’elle aurait dû lui en parler, même si, elle avait raison, il ne l’aurait sûrement pas laissé faire. De plus, ils étaient dans une société où la femme avait à peine le droit d’ouvrir un compte en banque à son nom et pouvait posséder des biens sans que cela ne soit automatiquement au mari. Non pas que Felix jouait les maris abusifs et possessifs, mais il ne voulait surtout pas se faire remarquer par les « autres ». Après, bien évidemment, il laissait Amy faire ses choses dans son coin, lui accordant toute la liberté qu’elle désirait, ce qui pouvait parfois choquer la bourgeoisie bien-pensante. Cependant, elle reprit avec cette détermination qu’il n’avait jamais elle qu’elle ne reviendrait pas en arrière, que ce qui était fait était fait et de toute façon, Felix n’avait rien à lui dire sur cette décision. Il avait juste un certain regret de ne pas avoir été mis dans la confidence… Il fit un petit geste nerveux de la main comme pour chasser la conversation.

— Je comprends bien, ne t’en fais pas… Puis tu fais bien ce que tu veux... C’est juste qu’on avait dit plus de secrets entre nous… Surtout un secret de cette ampleur… Enfin bon, on reparlera de cela à la maison. Rentr…

Il ne put terminer sa phrase, l’homme (qu’Amy avait d’ailleurs appelé « Mr. Downcry » qui n’avait pas attirer l’attention de Felix dut au grand nombre d’informations qu’apportait Amy lors de sa justification) prit la parole. Il se prénommait Andrew Downcry, le directeur de Scotland Yard, tout en lui montrant son insigne. Felix la regarda en fronçant les sourcils. Ce nom lui était familier et il ne mit pas longtemps à se souvenir qu’Harry lui en avait parlé il y avait de cela bien longtemps. L’horloger reporta son regard sur le visage du policier, déstabilisé par cette nouvelle révélation. Il resta silencieux, le laissant poursuivre son monologue qui prit une tournure étrangement agressive. Andrew Downcry le prenait clairement de haut, justifiant les débauchés qui venaient ici prendre du bon temps soit disant parce que la pauvreté était rude. Felix eut un air offusqué qui était largement justifié. Il allait répondre pour se défendre quand le policier en chef lui demanda si sa mère s’appelait bien Johanna Adler. Encore plus déstabilisé, il jeta un coup à son épouse, comme un appel à l’aide, ne comprenant pas où l’homme venait en venir.

Ce fut à ce moment-là que l’inspecteur sortit ce qui semblait être un mandat d’arrêt contre lui. Felix resta légèrement bouche-bée, continuant ses appels du regard vers Amy qui semblait plus dépitée qu’autre chose, voire même terriblement déçue. Son regard ne savait où se poser entre les deux individus présents dans la salle avec lui et il finit par regarder ses pieds tout en se mangeant nerveusement les ongles déjà ras. Il fouillait vaguement dans son esprit pour savoir qui avait pu l’accuser. Sa mère Johanna ? Un concurrent ? Puis il se souvient des épisodes avec Bartholomew Collins, qui s’était déroulé sous les yeux d’Amy, et celui du tournevis lancé à l’attention de Madelyne Errington, la fiancée de ce dernier. Il voyait mal le Lord portait plainte contre lui, ses suppositions tournèrent donc vers la jeune femme. Il se passa une main tremblante sur le visage, jetant un dernier coup d’œil à son épouse qui n’avait pas l’air disposé à l’aider et commença à faire nerveusement les cent pas dans la pièce. Toujours en regardant ses pieds, il finit par murmurer d’un ton absent :

— Je l’ai pas touchée, je ne lui ai rien fait…

Puis avec une moue déterminée mais peu assurée néanmoins, il releva la tête. Il se trouvait désormais entre Amy et Andrew, regardant ce dernier droit dans les yeux.

— Je n’irai pas, elle n’a aucune preuve contre moi.

Mué par une sorte d’insolence effrontée qui ne lui ressemblait pourtant pas, il secoua la tête avant de murmurer pour lui-même :

— Qu’elle aille se faire sauter par son Lord, cette salope.

De là où était Amy, il n’y avait aucun doute que celle-ci venait d’entendre les propos vulgaires de son mari. Quant à Andrew, s’il avait l’ouïe un minimum fine il avait lui aussi entendu sans problème. Mais Felix n’en avait cure. Ses nerfs étaient sur le point d’imploser et le bout de ses doigts qu’il continuait à ronger tremblaient fébrilement. Il reprit alors, continuant dans son impulsive lancée sur la défensive :

— D’ailleurs, Mr Downcry, ce n’était pas correct de dire que nous ne sommes pas riches. Votre fils est aussi « pauvre » que nous, voire plus, à vivre dans Whitechapel.

Il le regarda dans les yeux, continuant à se grignoter nerveusement les peaux mortes de ses doigts. Cependant, en plus de la lueur insolente, un éclat de défi était désormais apparu dans ses iris grises, presque blanches.

— J’ai connu la vraie pauvreté Mr Downcry, contrairement à vous sûrement, qui venait juste ici pour vous envoyer en l’air. J’ai connu la rue. Jusqu’à aujourd’hui, je n’avais jamais mis les pieds dans un bordel, ne venez pas me faire la leçon. Qui est la mère d’Harry, d’ailleurs, hein ? Une simple pute ? Vous continuez à faire le gamin sans se soucier des conséquences ?! Vous avez bel et bien aucun honneur, Monsieur le Directeur de Scotland Yard !

Il avait bien insisté sur la dernière partie de la phrase, regardant désormais Andrew avec des yeux emplis de colère, tournant le dos à Amy qu’il avait complètement oublié. À vrai dire, il s’était laissé submergé par le stress et il avait tendance à empirer les choses quand il perdait le très peu de contrôle qu’il avait sur lui-même. Il se tourna finalement vivement vers son épouse de façon assez inattendue, le regard toujours colérique bien que cette rage ne lui soit pas destinée.

— Rentrons Amy.

Son ton avait été assez sec et rude, même si sa pauvre épouse n’y était absolument pour rien dans cette histoire où Felix s’était entraîné tout seul. Le plus triste, au final, était que la malheureuse agression de Madelyne Errigton venait du fait que le sujet de la liaison de Bartholomew et Amy avait été mis sur le tapis faisant, une nouvelle fois, perdre le contrôle à l’horloger.
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MessageSujet: Re: [Amy & Félix] Une visite pour le travail... Ou pas! [Fini] [Amy & Félix] Une visite pour le travail... Ou pas! [Fini] - Page 2 Icon_minitimeMar 23 Jan - 19:29



Une Visite Pour le Travail... Ou Pas !

« Scotland Yard »

La Tanière de la Panthère, Whitechapel, Juin 1891.

Andrew ne se pensait pas mieux que quelqu’un… peut-être à part les criminels dangereux, mais il ne pensait pas être un meilleur humain qu’un autre. S’il avait parlé de cette manière à Felix Adler, s’était tout simplement parce qu’il en avait assez de ces hommes et ces femmes qui rabaissaient les dames de joies par simple prétexte qu’elles se manquaient de respect. Il n’était certainement pas mieux qu’un autre à être venu ici, mais au moins il voulait se montrer respectueux envers la prostituée en lui donnant un salaire bien plus coûteux que le tarif habituel. Pourquoi? Peut-être un peu par sentiment de culpabilité, mais aussi parce qu’il voulait s’assurer que ces femmes puissent rapidement trouver mieux que ces endroits miteux de Withechapel. Il avait connu la misère noire qui aurait fait faire n’importe quoi à n’importe quel être humain pour avoir UN morceau de pain. Alors, les accusations de Felix Adler le mirent dans une colère noire qu’il retenait en lui afin de ne pas créer de scandale dans ce petit établissement. Non seulement Harry avait choisi sa vie et il l’épaulait, mais il savait ce qu’était la vie de mendiant dans les rues. Il avait vécu la Grande Famine en Écosse où il avait vécu quand il était petit avant de perdre sa mère dans la maladie et se retrouver seul pendant que tous les autres membres de sa famille avaient gagné un autre pays. Il pouvait comprendre sa peur face à ce mandat de justice, mais qu’il le juge sans même le connaître le mettait hors de lui. Oui, il avait jugé monsieur Adler, mais il ne s’était pas permis d’être aussi grossier. Même si franchement… Il était d’accord avec une accusation.

- Vous ne connaissez absolument rien de moi, Alder…

Le chef de Scotland Yard approcha de l’homme et il vint se planter devant lui afin de lui bloquer le passage vers la porte.

- Je n’ai pas envie ou l’intention de vous arrêter, monsieur… Je vous demande seulement de venir discuter dans mon bureau demain, sinon vous m’obligerez à lancer un mandat d’arrêt officiel et dans ce cas présent, nous viendrons vous arracher de chez vous sans courtoisie ou délicatesse. Je vous demande seulement de venir afin de mieux comprendre cette histoire. Ce sera plus agréable autant pour moi que pour vous et si vous obtempéré, vous serez libre de vous en allez après notre entretien.

Il fit quelques pas vers la porte avant de se retourner vers eux.

- Par ailleurs… Vous venez de traiter votre propre mère de pute. Je ferais attention à mon langage si j’étais vous…, il dit avant de quitter la pièce.




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Amy S. Adler
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MessageSujet: Re: [Amy & Félix] Une visite pour le travail... Ou pas! [Fini] [Amy & Félix] Une visite pour le travail... Ou pas! [Fini] - Page 2 Icon_minitimeSam 27 Jan - 12:29



Une visite pour le travail.

« A genoux devant la Panthère Rouge. »

Juin 1891

Les mots n'étaient plus assez convainquant pour décrire la soudaine apathie dans laquelle Amy se complaisait à cette seconde précise. Un échange de dialogue masculin dans lequel elle n'avait aucun poids et se contentait d'écouter. Son propre mari lui avait d'ailleurs gentiment signifier qu'ils en parleraient plus tard et se retournait à présent vers le directeur de Scotland Yard, lui tournant presque le dos. Mr Downcry n'avait plus d'yeux que pour lui également, soudainement motivé par cette nouvelle affaire qui semblait avoir pris des proportions énormes. Amy était terrifiée de ce que cela pouvait être, car même si elle savait les colères de son mari rarissimes, elles n'en demeuraient pas moins violentes. L'accusation fut brutale, mais la réponse le fut presque autant; si ce n'est plus. Après avoir marmonner des phrases pour contrecarrer l'invitation à comparaître, de ses propres paroles sortirent l'information qui glaça le sang de la couturière: il avait apparemment agresser une femme, et pis encore, une femme de Lord. Bien que les Adler n'étaient pas une famille de simples ouvriers, ils n'avaient pas tant de contact que cela et cette grande majorité de connaissances venaient principalement d'Amy elle-même.

Aussi ne mit-elle pas longtemps à découvrir de qui exactement il parlait et son sang ne fit qu'un seul tour: la peau de la jeune femme devient presque aussi blanche et maladive que celle de son mari qui lui, aurait pu commencer à devenir rouge de rage contenu. Elle se souvenait avec précision du jour où il avait frappé Lord Collins tout en le menaçant de prendre sa femme comme celui-ci avait pu entretenir une relationa avec la sienne. Une conversation terrifiante qu'Amy avait du contenir en levant pour la première fois la main sur son mari. Les yeux vides sur le bureau, Amy passa lentement les mains sur ses tempes. Avait-il passé sa menace à exécution ? Avait-il véritablement tenter quelque chose d'aussi lâche et méprisable pour sa seule fierté ? Amy se refusait à y croire, mais elle savait tant les colères de Felix imprévisibles qu'elle ignorait jusqu'où il pouvait aller.

Au delà de ça, il s'agissait également de sa meilleure amie. Aussi était-elle incroyablement blessée et coupable de tout ce qui arrivait aux Collins de par son unique faute. Tout ceci tenait du passé à présent, mais Felix semblait incapable de passer l'éponge et les accepter comme des amis capable de modestie et de pardon. La vulgarité de son mari la faisait simplement soupirer avec lassitude. Faire cela devant un homme aussi important qui pouvait se décider à l'enfermer par simple caprice. Mais cela n'en était pas fini, car Felix ne comptait pas s'arrêter en si bon chemin et reprit ses propres accusations contre le directeur de Scotland Yard, le chargeant d'ignorance et de mépris. Amy bouillait de l'intérieur en prenant presque trop à coeur les âpres paroles de son mari. Elle en avait tant à répondre, mais se contint, afin de ne pas émietter un peu plus son autorité. Seulement, quand venant de nul part vint Harry mit sur le tapis, la Panthère ne sut se tenir plus longtemps et frappa violemment sur la table, tout en se levant et criant d'une voix forte:

- FELIX !

Mais il continuait de parler, comme si rien n'était sorti de sa bouche. Amy refusait pourtant de l'entendre proférer de si basses paroles sur quelqu'un qui n'était certes pas blanc comme neige, mais qui gardait une certaine pitié de la part de la jeune femme. Felix finit enfin par s'arrêter de s'exclamer et termina par un simple ordre en direction d'Amy. Cette dernière ressentit un tel mélange de colère, de tristesse, de déception et de lassitude, qu'elle ne fit que mordre ses lèvres en silence, sa main crispée sur la table. Elle ne s'attendait cependant pas à ce que Mr Downcry fasse preuve d'autant de chevalerie dans ses paroles, ne répondant pas à la haine que venait de lui jeter à la figure l'horloger. Il restait droit et d'un calme sévère qu'Amy lui enviait très sincèrement -et elle se souvenait qu'Harry le lui enviait également, et que c'était l'une des multiples raisons pour laquelle il le vénérait.

Le directeur de Scotland Yard se dirigeait pourtant vers la porte pour barrer la route à Felix, si celui-ci voulait se diriger vers la porte. Amy fit également le tour de son bureau, car elle ne voulait pas laisser partir Mr Downcry sans s'excuser de tout ce désordre. Mais il ne semblait pas d'humeur à attendre, car d'une seule phrase transperçant le silence, il partit. Tout alla très vite dans l'esprit d'Amy, qui, sous le choc, ne sut savoir si elle devait rester avec son mari ou partir s'excuser. Elle passa une main tremblante le long de son visage et finit par bousculer maladroitement et accidentellement Felix pour rejoindre la porte, après quelques secondes d'incertitude. La couturière porta la main à la poignée et se demanda alors ce qu'elle allait exactement faire. Est-ce qu'elle voulait vraiment prendre le glas de son mari et lui éviter de faire face à ses propres conséquences ? Son comportement l'avait profondément déçu, aussi n'était-elle pas sûre.

Finalement, elle baissa la tête et soupira. S'en retournant alors d'un pas lent vers son bureau, Amy songea qu'elle enverrait tout simplement une lettre au Directeur le lendemain et qu'elle n'irait pas travailler pour s'occuper en amont d'aller voir Madelyne et de s'expliquer avec elle. Felix, quant à lui, prendrait ses responsabilités et irait voir à Scotland Yard. Elle priait juste, au final, que cela ne nuirait pas à leur contrat.

- Bravo Felix... vraiment...

Les paroles de Mr Downcry tournaient dans sa tête, alors qu'elle se refusait à croire à l'inexplicable. Si Felix avait insulté la mère d'Harry et avait insulté sa propre mère en retour... la coïncidence était trop forte. Surtout quand une information qu'elle avait toujours trouvé amusante mais sans importance lui vint en mémoire: Harry et Felix avaient la exact même date de naissance. Mais ils étaient tous les deux si différents, rien que par leur physique. Des opposés parfaits ne pouvaient être jumeaux, même faux-jumeaux, il fallait bien une petite ressemblance quelque part. Amy ignorait par quel bout prendre l'information et se retrouvait juste sans souffle, le cœur battant. Elle haïssait les petites diseuses de bonne aventure qui déclaraient que le hasard n'existait pas et que tout était dans le destin. Elle emmerdait le destin et les coïncidences qui n'en étaient pas. Elle se sentait manipulée, presque trahie. Alors que cela n'avait aucun rapport. La couturière aurait à son insu aimé les deux hommes sans rien connaître de leur affiliation ? Peut-être que cela expliquait juste qu'elle aimait cette étincelle que l'on retrouvait dans leur famille, mais cela la mettait dans un trouble qui lui mettait les larmes aux yeux. Il semblait même qu'elle était plus troublée de l'information que son mari lui-même. Raclant sa gorge pour essayer de retrouver un peu de consistance, Amy se décida à changer de sujet et revint sur ce qu'elle avait décidé de garder pour elle:

- En tout cas... je trouve que pour quelqu'un... qui a vécu dans la rue... tu as un misérable mépris des prostituées. Tout le monde n'a pas ta chance. Si tu n'étais pas... comme tu es... tu y serais encore. Et si tu avais été une femme, tu serais certainement l'une d'entre elles aussi... Je ne te pensais pas aussi fermé d'esprit...

La Panthère retourna derrière son bureau, arrangea quelques feuilles pour les mettre dans un coin et écrivit un petit mot à l'intention de Mylène pour lui décrire la situation ainsi que son absence et les raisons de celle-ci. Elle ouvrit alors un autre tiroir de son bureau pour en sortir un poignard et accrocha machinalement le parchemin au bureau tel un vulgaire post-it que l'on pique, mais avec cette fois-ci une plus grande force. Elle aurait aimé crier elle aussi, mais elle n'en avait pas la force. Se dirigeant donc vers le porte-manteau, Amy prit le sien et s'en revêtit.

- Tu iras demain voir Mr Downcry. Pendant ce temps, j'irai voir ma meilleure amie et m'expliquer avec elle, elle m'écoutera. Je n'arrive pas à croire que tu ais... tenter de l'agresser. Je veux bien croire que tu ne l'ais pas touché, ta vue baisse et tu ne mets jamais tes lunettes, on dirait ton frère. Sérieusement...

Elle essayait de faire comme si rien n'avait d'importance au final, et elle était si lasse que cela était presque le cas. Dans sa voix, il y avait une sévérité de la matriarche qui commandait à son époux de ne pas oublier le pain en sortant travailler demain. Elle ne tiendrait pas longtemps comme cela, et déjà quelques larmes perlèrent sur ses joues, alors qu'elle se tenait au bureau, cachant ses yeux d'une main. Son esprit était également surmené par le trop-plein d'informations et de révélations qu'on venait de lui faire. Son petit coeur d'hypersensible le prenait très mal. Mais elle se devait d'être forte. Si Amy avait toujours été une princesse gâtée, son mariage avec Felix l'avait profondément transformer, c'était le moins que l'on puisse dire. Mais il le fallait bien.

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MessageSujet: Re: [Amy & Félix] Une visite pour le travail... Ou pas! [Fini] [Amy & Félix] Une visite pour le travail... Ou pas! [Fini] - Page 2 Icon_minitimeDim 28 Jan - 0:18



Une Visite Pour le Travail... Ou Pas !

« HOW DID I END UP HERE ? »

La Tanière de la Panthère, Whitechapel, Juin 1891.

Felix se tenait toujours entre Downcry et Amy, regardant l’inspecteur de Scotland Yard d’un œil. Rapidement, il se mit à faire les cent pas devant le bureau de son épouse, tel un fauve en cage qui s’impatiente de pouvoir se jeter sur cette proie qui le nargue. L’horloger n’était pas un homme violent, mais il pouvait être complètement incontrôlable. Malheureusement, Felix avait un don pour réagir en excès et à dépasser les limites. Par exemple, il ne s’était pas rendu compte qu’il avait réellement franchi les barrières de la bienséance par rapport à Downcry. Et à Miss Errington. Il se laissait envahir par ses émotions et était capable du meilleur, comme du pire. Son amour sans fin pour Amy l’avait traîné dans cette misère. La pauvre couturière n’y était pour rien dans toute cette histoire, bien évidemment. Mais Felix était tellement incapable de se mettre des limites que tout était dans l’excès, même si tout partait d’une bonne intention. Il le savait et pourtant, il était incapable de garder le contrôle de lui-même. Quelque part, il ne valait pas mieux qu’une connaissance commune des époux Adler qui avait dépassé un point de non-retour. Felix, lui, n’avait pas l’impression d’en être là, même si l’accusation de Miss Errington était comme une alerte à la bêtise.

Peut-être qu’Andrew le mettrait en prison pour avoir jeté un malheureux tournevis dans son atelier alors que Errington était présente et avait été la cause de cette perte de nerfs. Peut-être qu’Andrew allait-il penser qu’il battait sa femme une fois à la maison. Après tout, il avait eu un accès de colère envers une inconnue, qu’en était-il de sa propre épouse ? Il jeta un bref regard à celle-ci quand elle cria son nom, tandis qu’il faisait un demi-tour sur son interminable ronde. Les yeux d’Amy n’étaient que colère, tristesse, déception et lassitude. Que pouvait-elle bien penser de cette histoire ? Qu’était-elle en train de s’imaginer ? Il pouvait clairement voir qu’elle n’était pas de son côté. Felix ferma doucement les poings et rentra la tête dans son cou, sur la défensive, prêt à se défendre à la moindre attaque. Andrew contrattaqua cependant, le menaçant que son comportement pouvait avoir des conséquences beaucoup plus graves. Felix grinça des dents, étant certes entêté mais pas non plus égoïste. Sa famille comptait sur lui et il avait déjà suffisamment déçu la mère de ses enfants qui se trouvait dans son dos.

Il regarda alors l’homme partir sans trop faire attention à la dernière phrase. Il n’avait pas tellement compris pourquoi le commissaire avait fait allusion à Johanna mais, étrangement, le qualificatif de « pute » convenait parfaitement à sa mère et il se doutait que quiconque ayant rencontré cette femme pouvait attester de cet adjectif qui lui seyait à la perfection. Docile, cependant, il le laissa partir sans rien dire, se contentant de fixer la porte comme un chien de garde en colère qui surveillerait un intrus rebrousser chemin. Il resta quelques instants immobile avant de regarder Amy se diriger vers la porte du bureau en silence pour ensuite revenir à son bureau. Une fois assise, elle lâcha un petit « bravo Felix » qui lui donna un frisson de rage. Il souffla profondément, fermant les yeux pour essayer de rester calme, bien que l’exercice fût difficile. Amy semblait l’accuser de quelque chose dont il n’était pas coupable, à ses yeux. Felix avait assez de recul sur lui-même pour savoir qu’il n’était pas parfait, loin de là. Il n’avait jamais prétendu le contraire, mais il savait au moins qu’il n’avait jamais voulu faire de mal à Madelyne Errington. Il avait au moins la décence de ne pas s’en prendre aux innocents et la fiancée de Bartholomew Collins n’y était pour rien dans la relation entre son promis et Amy.

Il tournait toujours le dos à son épouse d’ailleurs, tandis qu’elle continuait ses reproches sans fondements. Felix n’avait jamais eu des propos dégradants envers les prostituées. Ce n’était pas envers elles qu’était tourné son mépris mais vers les clients, ceux qui les fréquentaient. Ce plaisir facile est bestial dont il avait jamais compris l’utilité quand ce n’était pas fait avec quelqu’un que l’on aimait. Elle le jugeait sur un terrain où les deux époux avaient chacun une vision très différente sur la chose. Elle ne comprenait pas. Elle l’accusait d’être fermé d’esprit alors qu’elle interprétait mal ses dires. Il se pinça les lèvres, ayant du mal à déglutir, commençant à trembler de rage. Quel intérêt y avait-il à lui faire la morale ainsi sur un tel sujet ? Alors qu’elle se trompait vraisemblablement ? Elle dit même que s’il avait été une femme, il aurait fini dans un bordel. Était-ce vraiment quelque chose que l’on disait à quelqu’un que l’on aimait ? Lentement Felix se retourna, juste le haut de son corps pour regarder son épouse, l’air vide.

Elle continua alors son monologue accusateur, lui ordonnant d’aller à Scotland Yard pendant qu’elle essaierait d’aller raisonner Madelyne. Mais Felix n’y croyait pas. Si la promise de Bartholomew avait été assez cruelle pour porter plainte contre un lancer de tournevis qui ne lui était ni destiné ni l’avait atteint, elle n’allait sûrement pas retirer son accusation pour les beaux yeux de sa meilleure amie. Mais tout était trop dur à supporter pour Felix actuellement. Si cela se trouvait, Errington avait juste essayé de le nuire, qui sait ce qu’elle avait dit à Andrew ? Ses doigts se tordirent sur eux-mêmes tandis que sa tête rentrait de plus dans ses épaules, son corps parcouru de tremblements de plus en plus visibles. L’ombre de son arcade sourcilière, combinée à ses cernes toujours plus importants au fur et à mesure des années, faisait ressortir ses yeux gris qui avaient presque l’air blanc, ainsi éclairé par cet éclat de rage dont il était empli à cet instant. Les émotions avaient pris le dessus, comme d’habitude. Et comme d’habitude, il n’était plus qu’une boule de nerfs, une bombe à retardement, prêt à exploser quand les engrenages s’arrêtent subitement dans leur monotonie. Il s’exclama alors d’une voix forte, peut-être trop, submergé par tout ce qu’il venait de se passer :

— JE NE L’AI PAS AGRESSÉE !

Il n’y avait pas pire sentiment que d’être accusé pour quelque chose où on se savait innocent. Cette sensation d’injustice, que tout le monde se retournait contre soi sans aucune raison précise. Il s’approcha du bureau et d’une force improbable qu’il partageait avec son jumeau, renversa le meuble à l’envers. Il regarda Amy (que le meuble n’avait pas touchée) d’un air toujours plus furieux. Il en avait assez d’être celui qui se laissait marcher sur les pieds, même si c’était pour une histoire qui commençait à dater. Il ne se ferait plus écraser par des jugements hâtifs et infondés. Il continuait de planter son regard incolore dans les yeux de son épouse, comme il s’agissait d’un gladiateur qu’il devait combattre. Il reprit alors son souffle et finit par reprendre, l’index dressé :

— Ne juge pas de ce que tu ne sais pas ! Ne détourne pas mes propos sans que tu en connaisses les propos ! JE SAIS CE QU’ELLES VIVENT LES PROSTITUÉES. J’AI VU CE QU’A FAIT JACK. Je leur ai rien fait ! Je n’ai jamais rien fait à personne ! Et je vois bien dans ton regard que tu me vois comme une sorte de criminel, ou comme un raté, un minable, un pauvre con ! Quoique, peut-être un peu tout en même temps ! Mais j’ai rien fait à ta précieuse amie ! Je l’ai pas touchée, j’ai jamais eu envie de la toucher ! Je m’en fous d’elle ! Elle pourrait crever avec Collins que je hausserai les épaules d’indifférence !

Il continua de la regarder droit dans les yeux, légèrement essoufflé avant de donner un dernier coup de pied au bureau renversé. Il lui tourna le dos et souffla profondément, toujours tremblant.

— Je suis autant fermé d’esprit que toi tu es hypocrite.

Certains détails lui revinrent cependant en mémoire et, continuant de lui tourner le dos, il reprit d’une voix forte :

— Tu ne sais même pas ce qu’il s’est passé ! Tu n’as même pas idée de ce qu’il s’est passé ! TU NE SAIS RIEN. Tout le monde prend la défense de ce putain de Collins comme s’il était tout mignon tout gentil !

Il se retourna alors et la regarda une nouvelle fois dans les yeux.

— Regarde-moi Amy ! Tu dois te demander pourquoi tu m’as choisi, moi hein ? Un débile qui vient de la rue et qui se permet de juger tout ce qui lui arrive sous la main ? C’est vrai ça ! Pourquoi ce bien-aimé Barthou aurait couché avec la femme de son ami s’il ne souffrait pas intérieurement ? Il a une sensibilité le pauvre, il faut le comprendre ! Tout le monde fait des erreurs apparemment ! Tout le monde est pardonné pour cela aussi ! Mais non ! Pas tout le monde ! JE PARDONNE PLUS, MOI. DÉMERDEZ-VOUS SANS MOI. VIVEZ HEUREUX. ENVOYEZ-VOUS EN L’AIR. TUEZ VOS BÂTARDS D’AÎNÉS PARCE QU’ILS VOUS DÉRANGENT. CE SONT QUE DES ATTARDÉS QUI PARLENT SANS RIEN CONNAÎTRE DE LA VRAIE VIE. MERDE.

Si Felix avait eu quelque chose à lancer de nouveau au travers de la pièce, il l’aurait fait. La respiration haletante, il poussa un dernier cri de rage avant de s’engouffrer dans la porte et de sortir du bordel de son épouse, marchant d’un pas vif et nerveux dans les rues froides de Whitechapel.
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