Juin, quelques semaines après la grande demande

Cela faisait quelques semaines maintenant que la demande avait été faite. Ils étaient fiancés avant cela, mais il n'avaient jamais convenu d'une date ou de la moindre chose pour le mariage. Disons qu'ils étaient loin d'être pressés de devenirs, monsieur et madame Collins lors des premiers temps, mais les choses avaient évolué et l'homme lui avait demandé officiellement sa main. C'est sans hésitation qu'elle avait dit oui. Non plus seulement parce qu'elle devait sauver l'honneur de sa famille, mais aussi parce qu'elle avait de l'estime pour lui. Au moins, elle n'avait pas peur de devenir comme sa mère une cocue en peine d'amour. Ils avaient convenus ensemble de ce qu'ils voulaient et elle lui faisait confiance.

En ce beau jour de juin, elle s'était réveillée avec le soleil et avait descendu rapidement les escaliers pour se rendre dans la salle à manger et manger rapidement son petit déjeuner. Elle avait à peine salué son "colocataire" qu'elle était sortie et avait monté dans un carrosse avant de demander au cocher de l'emmener dans la boutique de miss Adler. Elle se doutait cette fois qui elle allait rentrer cette fois. Elle avait un peu peur de voir la réaction de cette Amy, mais elle avait envie de voir qui avait réussi à voler le coeur de Bartolomew au moins une fois. Elle espérait qu’elle ne ressemblerait pas à son mari. Elle n'avait pas trop envie de se retrouver avec des aiguilles dans la cuisse ou de voir des ciseaux au travers la pièce.

Une fois devant le bâtiment, elle hésite un moment avant d'ouvrir la porte. Une cloche se mit à tinter à son entré et comme elle ne vit personne, elle en profita pour regarder es robes sur les présentoirs. On ne lui avait pas menti, elle faisait du magnifique travail! Elle toucha au tissu avec douceur, appréciant la qualité du tissue et essaya d'imaginer la robe qu'elle voulait pour son mariage. Elle voulait être jolie. Non, pas vraiment pour Barth, mais pour elle-même. Elle rêvait de pouvoir réaliser son rêve d'un magnifique et sublime mariage.

Juin, 1891

Une magnifique journée, agréable dans toute sa chaleur, un Juin comme on en rêverait tant, tempéré et ensoleillé, sans avoir besoin de chercher l'ombre comme une âme en peine. Amy était de ceux qui appréciait ce temps, ni trop lumineux ni trop sombre. Un juste milieu, avoir juste la paix de la météo et de la température. Il fallait dire que la mode actuelle n'était pas à ceux qui se prélassaient au soleil. S'il y avait bien une chose d'adapter aux température maussades de Londres, c'était bien la mode victorienne de cette splendide époque. En tout cas, Amy ne pourrait pas comparer, et elle n'en avait pas envie. Pour le moment, elle travaillait dans l'arrière de sa boutique, étant arrivée au petit matin comme si de rien était. Son mari lui avait parlé durant la semaine de son altercation avec la future femme de Barth, et Amy avait peiné à ne pas le réprimander comme il se fallait. Un tel manque de politesse alors qu'ils étaient pourtant tout deux à la même place. C'était ridicule, mais le mal était fait. Essayant donc de penser à autre chose, elle s'était posée dans son atelier, avec un nouveau projet de robe en tête, un crayon dans une main à griffonner sur un papier, et une aiguille dans la bouche. Le goût du fer entre ses dents ne la dérangeait pas plus que cela, et heureusement. Mais en essayant de faire des millions de choses à la fois, l'on risquait un accident. La sonnette de sa boutique, qui ne s'activait qu'à l'ouverture de la porte, ne la fit pas sursauter assez pour dévorer l'aiguille et le fil qui s'échappait du chat.

Toute contente d'avoir un client pour l'arracher à ses inquiets songes, Amy se leva, épousseta sa robe et y coinça l'aiguille à son col, posant le crayon sur le papier. Elle s'en accourut, de sa petite taille gracieuse, jusqu'à la salle principale et particulièrement derrière son comptoir. Voyant qu'une jeune et belle femme observait son travail avec admiration, cela lui donna le sourire et elle ne s'en cacha pas en l’accueillant avec un grand sourire et une joie de vivre toute fière:

- Bonjour ! Que puis-je faire pour vous ?

Il n'y avait pas grand chose à dire de plus. Juste à sourire, alors que la couturière ouvrit son carnet devant elle pour prendre les commandes. Un carnet déjà bien rempli dont il ne restait plus quelques pages à remplir, il lui faudrait rapidement en acheter un autre. Elle avait oublié son crayon dans l'arrière boutique, mais s'empara par chance d'une plume et de son encre, attendant le retour de la future cliente. Elle mourrait d'envie de lui demander son nom, crevant soudainement de jalousie pour une beauté si proche de la sienne, ténébreuse et pâle. Cependant, elle fit donc une réflexion sur le fait que la demoiselle touchait à l'une de ses plus belles confections en s'en jouant:

- Vous aimez bien ce modèle ? C'est un patron de l'année dernière, avec une cage de soie ceinturant la taille en biseau, ça accentue l'effet du corset en le rendant plus naturel. Mais cela permet du coup de moins serrer le corset en dessous et de mieux respirer tout en se confiant à l'illusion d'optique !

Elle rit de sa petite boutade de fin de phrase qui n'en était pas véritablement une. Plus une tentative de publicité avec de l'humour de couturière et une complicité féminine indéniable.

Juin, quelques semaines après la grande demande

Madelyne avait découvert le paradis. Enfin, ce qui avait le plus proche pour elle. Les robes étaient toutes magnifiques et cousues avec dextérité et expertise. Pas de petits accrocs ou de petites erreurs de débutantes. Cette femme semblait savoir ce qu'elle faisait. D'habitude, la jeune bourgeoise n'avait pas l'habitude de s'extasier devant des robes. Elle préférait largement dépenser son argent en livres qu'en robes dernier cri, mais elle trouvait dans le travail de la miss Adler quelque chose de tout simplement magnifique. C'était gracieux, simple, mais magnifique par ses couleurs et ses détails. Chaque modèle accrochait le regard de la future mariée et elle avait l'impression de redevenir une petite fille qui regardait les boutiques des magasins depuis les vitrines. Dans la lune, s'émerveillant devant la robe qu'elle trouvait la plus belle dans ce magasin, elle sursauta en entendant une voix. Elle se retourna pour regarder la vendeuse et elle lui rendit son sourire pendant qu'elle lui parlait de la robe.

- J'adore ce modèle! Par contre, je pense que je reviendrais une autre fois pour celle-ci. Je suis ici non pas pour une simple robe de tous les jours, mais pour me faire confectionner une robe pour mon mariage. Je veux tout simplement que tout soit parfait et particulièrement la robe! On m'a chaleureusement recommandé votre boutique, alors je suis venue!

Elle s'approcha et observa avec curiosité l'ex-amante de Bartholomew. Elle était belle, avec des yeux bleus à en pâlir d'envie et des cheveux tout aussi noirs que les siens. Elle comprit mieux la froideur de l'homme au début. Non seulement elle venait empiéter sur son espace vital, mais elle avait des points communs physiquement avec celle qu'il aimait autrefois.

- Je voudrais un modèle unique fait sur mesure. Je voudrais que cette robe, on l'ai jamais vu auparavant ailleurs! Je veux qu'elle soit gracieuse, pas trop contraignante à porter et qu'elle soit d'un blanc presque parfait. Je n’en demande pas trop j'espère?, elle s'inquiète en aillant peur de passer pour une cliente prétentieuse, ce qu'elle n'était pas.

Juin, 1891

La jeune dame semblait particulièrement enthousiaste aux effets tout cousus de dentelles que la couturière pouvait proposé. Amy aimait ce genre de joie et d'étincelles dans le regard. C'était très souvent ses clientes préférées, car elle aimait vendre à leurs joues roses des rêves de princesse. Au final, elle n'était pas mauvaise; juste d'une jalousie extrême dès qu'il s'agissait de son mari. Elle l'aimait tellement, que voir une femme tel que sa nouvelle cliente pouvait réveiller en elle toutes ses terreurs les plus profondes. S'il avait été attiré par elle, pouvait-il être attiré de la même manière par une femme correspondant quasi pareille à ces mêmes critères physiques ? Autant dire donc qu'Amy ne trouvait pas son interlocutrice d'un faciès déconcertant, loin de là. D'un sourire attendri par cette joie qu'ameuter son clone, Amy se posa derrière son comptoir alors qu'elle écouta la demoiselle dire que ce n'était pas pour une robe pareille qu'elle venait, mais pour une robe de mariage. Le fait qu'on lui ait chaudement conseillée sa boutique lui fit poindre sur ses joues des petites ombres rouges, appréciant toujours le fait que l'on puisse aimer son travail. Comme à d'autres la passion était dans l'écriture ou dans le dessin, Amy aimait tout ce qui était de l'ordre de la couture et du tissu.

L'annonce d'un mariage fit courir également un grand sourire dans le visage de la couturière. Comme c'était toujours agréable, l'annonce d'un amour qui se concrétisait. Elle en savait quelque chose, même si cela ne s'était pas très très bien passée pour elle -mais que par bonheur cela s'était arrangée. Minaudant légèrement à cette commande, elle ouvrit son cachier et prit sa plume.

- Ce sera avec plaisir ! Et ne vous en faites pas, le client est roi après tout ! Et reine, en l’occurrence. Il faut donc que je note votre nom, histoire de pouvoir noter à la suite les détails de la commande. Nous passerons ensuite, si vous en avez le temps, dans l'arrière boutique pour que je puisse prendre vos mesures en toute intimité.

D'un geste de plume, la jeune femme montra le rideau là où une porte aurait du se trouver. C'était là où elle faisait le principal de son travail. La pièce était mal rangée et poussiéreux, mais il suffisait ensuite de regarder dans la vitrine pour s'apercevoir que malgré ses méthodes pour le moins peu orthodoxe, la qualité était présente. Mais ce n'était pas le sujet pour le moment, car avec un grand sourire, Amy se saisit d'un autre de ses cahiers dans les méandres de son comptoir. C'était un carnet de feuilles blanches et dures, où elle avait dessiné des exemples de robes, différents éléments séparés de manches, de tailles, et de jupons, afin de créer un modèle entièrement personnalisé de robe. Son travail était précis, personnalisé, unique et individuel. Elle ne faisait pas dans les usines qui fournissaient des lignes de vêtements pour tous à tout prix. L'important pour Amy, comme sa mère avant elle, c'était de faire dans l'âme de celui qui porterait le vêtement. Ouvrant grand le cahier devant les yeux de la cliente, elle fit avec enthousiasme:

- Voilà ! Dans ce carnet, vous pouvez choisir votre type de manche, de décolleté et ainsi de suite... sur la fin vous trouverez une liste des tissus avec un petit carré du-dit tissus à côté pour l'exemple. Ah, ça c'est un brouillon, faites pas attention. Bien sûr, vous pouvez me dire que vous préférez le jupon de type A avec la dentelle E, ça ne pose aucun problème ! Et pour la couleur du tissu, bien entendu qu'elle sera d'un blanc pur, un mariage ne serait pas parfait sans cela !

Elle rit de bon coeur, souhaitant réellement le meilleur pour sa cliente et ayant déjà hâte de coudre l'âme de cette demoiselle aux tissus du corset qui entourera son coeur battant pour son promis. Comme c'est romantique.

Juin, quelques semaines après la grande demande

Madelyne était toute excité! Elle allait s'acheter sa robe de mariée! Que pouvait-elle demander de mieux en ces beaux jours qui s'annonçaient? Elle se sentait heureuse maintenant et la venue du mariage prochain ne lui faisait plus peur comme au début de leurs fiançailles il y a trois ans de cela. Bartholomew n'était plus l'homme qu'elle détestait au tout début. Il était passé de l'ennemi à son plus grand ami. Son meilleur ami même et ne dit-on pas que les meilleurs mariages sont entre meilleurs amis? Il était quelqu'un de confiance et elle était heureuse de pouvoir faire le reste de sa vie avec lui. Peut-être qu'un jour, qui sait, elle pourrait en être réellement amoureuse? C'était sur le bon chemin dans tous les cas.

Amy lui demanda son nom pour son registre. Elle rougit quelque peu. Son mari avait-il parlé de sa venue dans sa boutique? Un peu nerveuse en se demandant si elle pourrait refuser de travailler sur sa robe, elle resta silencieuse et suivit la vendeuse . Elle regarda les pages avec ébahissement en les tournant pour tout voir.

- C'est magnifique tout ça! Miss Adler, j'attends avec impatience que vous me fassiez cette robe!

Elle lui montera ce qu'elle voulait sur sa robe et lui décrit quelque peu comment elle l'imaginait et ce qu'elle voulait qu'elle représente.

- Et... Je m'appelle Madelyne Errington. Je suis la fiancée de monsieur Bartholomew Collins.

Juin, 1891

Il n'était pas rare que des femmes d'excellente condition viennent lui commander des robes. Son catalogue de modèles par élément, loin des patrons direct et inchangeable, avait fait sa grande réputation. L'idée que l'on puisse presque faire nous-même notre robe préféré, décidé du tissu et de la couleur de chaque éléments, afin d'avoir l'oeuvre parfaite que nous désirions du plus profond de notre coeur. Sa mère en avait eu l'idée peu avant sa mort, Amy avait poussé le contexte encore plus loin que simplement choisi le modèle d'une jupe et d'un corsage. Mais elle en était fière,quand bien même cela lui faisait très souvent du travail supplémentaire qu'elle n'était parfois pas sûre de savoir comment finir avant la dead-line. C'était d'ailleurs bien la seule chose qu'on pouvait lui reprocher -le fait de prendre un peu trop son temps. Mais que pouvait-elle y faire, elle restait une mère de famille. Heureusement qu'elle avait une assistante, et que les choses s'étaient grandement améliorés depuis sa présence. Mais elle n'était pas là pour aujourd'hui, jour de congé oblige. C'était donc bien seule qu'elle avait acceuilli la présence de la splendide jeune femme à ce moment précis.

Avant de demander son nom, par ailleurs, Amy nota toutes ses demandes sur un petit carnet de requête, avec tout un chapitre rien qu'à sa convenance. L'avantage des robes de mariée était que l'on ne dérogeait jamais à la règle du tissu blanc. Quoi de plus naturel, après tout. Il n'y avait rien de mieux pour sublimer la pureté virginale de la jeune future épouse, qu'elle fut véridique ou non. Quand la jeune femme prononça pourtant son nom, à la toute fin pour pouvoir être notée dans le registre, Amy Adler se fit devenir toute rouge à son tour; mais un grand sourire monta pourtant rapidement à ses lèvres:

- Ooooh ! C'est donc vous ! Oh, je suis si heureuse de faire votre connaissance, enfin. Ba... Monsieur Collins m'a beaucoup parlé de vous et du bienfait de votre relat...

Elle s'arrêta alors subitement. Qu'est-ce qu'elle pouvait être une véritable poule de basse-cour quand elle s'y mettait. Amy baissa alors doucement la tête, ayant eu l'impression d'outrepasser ses droits à la familiarité, bien qu'elle n'ai absolument rien dit de réellement compromettant – étant parvenu à revenir à la dernière seconde sur le prénom de son ancien amant. Redressant un peu la tête pour la regarder, la courturière reprit alors, tout en notant le fameux nom au dessus du chapitre concernant sa robe:

- Est-ce que c'est votre fiancé qui vous a conseillé ma boutique ? Si c'est le cas, je suis extrêmement honorée que vous ayez accepté de venir jusqu'ici.

Juin, quelques semaines après la grande demande
Beaucoup auraient pu être jalouses d’Amy Adler. Comment ne pas l’être devant une beauté si pure et si enchanteresse? Surtout que les deux femmes étaient, dans un sens, identiques à bien des égards. Personne n’aime avoir l’impression d’être la deuxième et encore moins d’être le choix de remplacement. Maldelyne était une femme bonne et compréhensive qui n’aimait pas en vouloir aux gens pour leur passé. Cette femme avait été l’amante se son fiancé, mais elle n’allait pas l’en vouloir, ni à Bartolomew d’avoir eu une aventure. Pour commencer, Maddy n’épousait pas un amoureux, elle épousait un meilleur ami. Elle ne ressentait aucune jalousie envers elle. Deuxième chose, cette chère future miss Collins n’était pas rancunière. Elle boudait, ça oui, mais elle en voulait rarement aux gens et si elle le faisait, c’était pour des choses graves. Alors, même si le souvenir d’Amy avait emmené son fiancé à la repousser et à agir envers elle avec froideur, elle savait bien que cette gentille femme n’en était pas responsable directement et n’avait probablement pas voulu cela. Ainsi, elle ne ressentait que de la curiosité envers la couturière.

- Je suis heureuse de vous rencontrer aussi, miss Adler. Il m’a parlé de vous à… quelques occasions. Toujours en bien, rassurée vous! Il m’a dit que vous étiez couturière, mais c’est moi qui ai eu l’idée de venir vous voir. Je vais être honnête, j’étais curieuse de savoir qui avait pu arracher le cœur de ce cher Bartolomew, je comprends mieux pourquoi!

Elle lui sourit avec gentillesse. Elle voulait qu’elle se sente à l’aise.

- Pas besoin de toutes ces marques de bienséances! Nous pouvons très bien parler de cette histoire sans problème. Je ne suis pas de ces bourgeoises prétentieuses qui regardent l’étique à la lettre! Vous pouvez m’appeler Madelyne si vous me permettez de vous appeler Amy! Dans tous les cas, je suis heureuse d’avoir suivi ma curiosité parce que vos créations sont superbes et j’ai confiance pour cette robe qui sera, très certainement, la plus belle que j’aurais portée de ma vie!

Les jours passèrent et finalement, elle fut avisée que sa robe était enfin prête et qu'elle l’attendait dans la boutique d’Amélia Adler. Avec une grande hâte et une joie sans pareil, elle se mit à courir dans son manoir à la surprise de ses domestiques afin de rejoindre le cocher et lui demander de l’emmener rapidement chez cette couturière. Elle ne voulait pas attendre une heure de plus avant de la voir! En rentrant, elle salua la femme et elle demanda à voir et essayer sa nouvelle acquisition. Elle fut émerveillée en voyant le tissu si beau, si blanc et si pur. Elle s’empressa à l’enfiler et à aller s’admirer dans un miroir. Elle était époustouflée.

- Elle est fabuleuse! Oh, je suis vraiment heureuse! Je ne pourrais jamais vous remercier assez pour cette magnifique robe! Merci, mille mercis! Vous avez de vrais doigts de fée!

Juin, 1891

Une femme comme Amélia Carter-Bessac avait toujours été élevé en princesse unique, vivant dans un monde où elle avait toujours été la plus belle, la plus admirée. Cela ne l’avait pas rendu ingrate de ce monde qui l’entourait. Mais son tempérament envers les femmes avait toujours rencontré quelques problèmes. Jalousie intense, surtout depuis qu’elle avait épousé son merveilleux mari, d’aucunes ne se seraient avancé à être aussi belle que la dame Adler sans risquer ses foudres. Peut-être était-ce parce que la jeune Errington était promise au Lord Collins qu’Amy n’était nullement jalouse de leur étrange ressemblance. Au final, elle en ressentait presque une certaine fierté, que l’homme qui était tombée éperdument amoureux d’elle, éconduit finisse par prendre pour femme celle qui lui ressemblait le plus. Cela ne manquait pas d’une certaine logique. Mais au-delà de l’apparence, Amy appréciait l’enthousiasme de la bourgeoise qui était presque contagieux, son grand sourire aidant. Si bien qu’elle eut peur de la mettre mal à l’aise par l’usage du prénom de son fiancé, familiarité à son paroxysme s’il en était. Par chance, Madelyne la rassura bien vite. Que Bartholomew avait bien parler d’elle à sa future fiancée mais que c’était elle qui avait décidé de venir lui demander sa robe de mariée. S’il n’y avait eu son sourire et sa bonne humeur, Amy aurait pu imaginer qu’il s’agissait d’une ruse de bourgeoise pour asseoir sa domination face à l’ancienne élue, mais ces affres rocambolesques ne semblaient pas avoir leur cour dans l’esprit de Maddie.

Mieux encore, elle lui précisa qu’elles pouvaient parler sans prendre de gants et que cette histoire faisait à présent bien partie du passée. Qu’elles pouvaient même s’appeler par leurs prénoms. Amy ne s’attendait pas à une telle familiarité dès la première rencontre, ayant toujours eu plus de mal à attirer l’amitié des femmes que celle des hommes. Cela lui faisait pourtant incroyablement plaisir, surtout au vu de la situation qui avait occasionné cette rencontre. Tous les compliments qu’elle faisait sur son travail la mettait en joie et en grande hâte de commencer le travail. Si bien qu’elle la remercia chaudement de sa confiance, l’appelant Madelyne pour la première fois. Ce fut avec entrain qu’elle commença son œuvre.

Elles se saluèrent, et Amy ne pouvait s’empêcher de l’admirer dans la somptuosité qu’elle avait passé plus de la semaine à créer. La robe était bien plus luxueuse et de qualité que celle qu’elle avait elle-même pu porter lors de son propre mariage. Mais ce n’était pas grave, bien au contraire. C’était un simple instant dans le temps d’une relation, et ce n’était certainement pas cet instant clé qui créer la beauté d’un amour. Amy ne s’imaginait en effet pas une seule seconde que Madelyne et Barth n’étaient peut-être pas fou amoureux l’un de l’autre. Dans son monde de friandises, il n’y avait que l’amour qui pouvait lié des êtres humains. L’admirant encore et toujours à ses côtés, regardant autant la femme que la robe, Amy était bien heureuse de l’argent qu’elle avait durement gagner de son travail, et du sourire si lumineux qu’elle avait réussi à faire naître sur la visage d’une femme de la haute société.

- Je vous remercie également. C’était vraiment une merveilleuse expérience, j’ai voulu qu’elle vous soit profitable au maximum. C’est un jour que l’on ne vit qu’une fois et j’espère que vous saurez en profiter comme il faut, vraiment...

Elle lui sourit avec une bienveillance sincère, prononçant cependant cette dernière phrase avec une petite tristesse dans la voix. La couturière pensait chacun de ses mots, espérant vraiment pouvoir revoir la jeune femme pour un autre projet. Qui aurait cru que Bartholomew aurait pu ainsi les rapprocher sans que cela fut une source de dispute.

- N’hésitez pas à revenir me voir pour une autre robe, ou quoique ce soit d’autre en vérité. Cela serait un plaisir de travailler pour vous.