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Fergus Lynch
Fergus Lynch

Âge : 36
Emploi : Fondeur
Informations : Orphelin déposé au seuil d'une institution quelques semaines après sa naissance ✘ Ignore tout de ses origines, et n'y accorde aucune importance ✘ Fraie dans le monde de la petite délinquence depuis sa plus tendre enfance ✘ Ancien chef d'une bande gosses aventureux, à présent dissolue ✘ Suite à ça, a passé plusieurs mois en maison de correction ✘ La mort d'un de ses meilleurs amis, atteint de syphilis, a suffi à le convaincre de ne pas s'approcher des prostituées, règle qu'il suit toujours ✘ A fondé la Tribu, gang des rues sévissant à Whitechapel, dont il connait les moindres recoins ✘ Participe régulièrement à des combats illégaux organisés dans des bars, desquels il tire un joli pactole, ainsi que quelques petites cicatrices sur tout le corps ✘ Amateur d'armes blanches, il se sépare rarement de son couteau de boucher, tout comme de son vieux chapeau melon ✘ Se moque bien des forces de police, avec lesquelles il n'hésiterait pas à en découdre ✘ Ne voue que mépris à l'aristocratie et aux autres parvenus, mais grâce aux paiements reçus en échange de l'aide de son gang, il recrute de plus en plus d'adeptes, et accroît l'influence de la Tribu : son ambitieux objectif n'est autre que de faire tomber sous sa coupe Whitechapel et Southwark, pour mieux leur donner un second souffle, ainsi qu'une capacité de réponse envers les injustices infligées par les strates plus aisées de la société.
Avatar : Michael Fassbender
Quartier Résidentiel : Les bas quartiers de Whitechapel, son modeste fief
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MessageSujet: of monsters and men | Selina of monsters and men | Selina Icon_minitimeDim 25 Juin - 21:47



Of monsters and men

« Face à l'inconnu, méfie-toi de tout, mais surtout de toi-même. »

Waterloo Station, 1891

Les trains, invisibles depuis le bureau laissé à l’abandon, hurlaient dans le lointain. Les monstres d’acier n’étaient pcras visibles depuis le premier étage du bâtiment de briques rouges -autrefois rouges-, mais tout ou presque rappelait leur présence : la crasse sur les murs, héritée des fumées de charbon régurgitées par leurs chaudières aussi voraces que des ogres, le cri de leur sifflet dans le lointain annonçant leur arrivée ou leur départ pour les quatre coins de l’île, et jusqu’aux vibrations qui animaient le bâtiment des fondations au toit, autant de détails qui, s’additionnant en permanence, rappelaient à chaque instant que la gare de Waterloo se trouvait à à peine un pâté de maisons de là. Même à l’abri dans votre foyer, même l’esprit occupé par mille et une pensées plus différentes les unes que les autres, entourés de vos proches, occupés à vivre l’existence plus ou moins enthousiasmante que le Grand Créateur vous avait octroyée, vous ne pouviez complètement oublier la présence des serpents de métal dont les panaches comme le cliquetis incessant de leurs rouages ne laissaient jamais vraiment votre attention en paix…

Fergus se demandait si résider aussi près de Waterloo Station ne rendait pas fou, à la longue. En vérité, il ne se le demandait pas vraiment ; une partie de lui, instinctive, cynique, n’en doutait pas, bien qu’il n’ait personnellement jamais eu l’occasion de s’installer du côté de Southwark plus de quelques nuits, à présent que la Tribu commençait d’étendre ses racines, lentement mais sûrement, de l’autre côté de la Tamise. Ses revenus, ceux officiels du moins, ne lui auraient pas permis de se payer un galetas dans un autre quartier que sa Whitechapel natale… Malgré cela, et le fleuve qui semblait dessiner une frontière quasi infranchissable entre les deux portions les plus indigentes de Londres, le dénuement restait le même, et Lynch se sentait proche des cheminots et autres esclaves modernes du rail, étant lui-même ouvrier. Des usines aux chantiers en plein air étendant à des cadences infernales le réseau ferré du pays, en passant par les pauvres bougres chargés d’alimenter sans répit les chaudières des locomotives, la peine était la même, tout comme la soumission d’esclave due à leurs employeurs, récompensée par une maigre solde, le poids écrasant leurs épaules depuis l’enfance et le moment où ils avaient abandonné tout espoir d’aller à l’école ou de grandir comme n’importe quel gamin pour chercher un boulot et aider leurs parents à leur payer de quoi manger. C’était le genre d’expérience qui, malgré les spécificités du parcours de chacun, créait instinctivement et instantanément des liens invisibles entre oubliés du système, que le criminel parvenait à ressentir avec des compagnons d’infortune que ce dernier n’avait même pas besoin de croiser pour en connaître le chemin de croix, ni de voir pour percevoir, alentour, leur détresse muette –tout comme ces trains dont on devinait la proximité par tous les sens, indirectement.

Pourtant, ce n’était pas sûr que la personne qu’il attendait, accompagné de quelques gars à l’étage de cet immeuble laissé vides tant d’autres servant de lieu de rendez-vous à la Tribu, parviendrait à le sentir également, avec ses tripes, et non son cerveau à l’intelligence volontiers vantée comme d’exception. Lui-même, si instinctif, n’aurait su mettre des mots là-dessus, n’ayant jamais eu l’occasion de feuilleter un ouvrage de psychologie –cette science n’en étant de toute manière à l’époque qu’à ses premiers balbutiements- : que cela se nomme intuition, savoir inné ou conditionnement social, il s’en fichait bien, ça n’était qu’un nom pompeux sur une réalité atrocement palpable, et que vraisemblablement, pour être comprise, devait soit être expérimenté, soit observée avec aussi peu d’a priori que possible. En un sens, peut-être la cryptozoologie n’avait-elle rien à envier à la lutte des classes, et inversement : il fallait être le témoin d’une preuve, même ténue, de la réalité de ce que tant de vos semblables doutaient ouvertement, pour vous convaincre de vous dédier jusqu’à la fin de vos jours à démontrer le bienfondé de votre dévouement aussi passionné que total, quitte à prêcher longtemps dans le désert. Selina Forbes ne prenait pas vraiment le temps de lui dépeindre dans le détail le fondement de ses théories, ni à quoi servirait ce que le hors-la-loi lui rapportait du marché noir moyennant finance ; lui-même ne se donnait pas trop de peine pour discuter sociologie avec elle, en une étrange métaphore de deux mondes se rencontrant, mais autant trop différents pour se mêler plus que cela, à la manière de l’huile et de l’eau. Chacun œuvrait de son côté au triomphe de leurs disciplines respectives, et avant que l’un ou l’autre ne parvienne à ses fins, il ne semblait pas évident de prédire ce que les conclusions de l’un apporterait précisément, en bien ou en mal, à l’univers de l’autre. Qu’importât, au fond, à l’instant présent, du moment que tous deux trouvaient satisfaction dans leur commerce !

-Dîtes, miss Forbes, les petites créatures qui s’intéressent aux métaux et aux minerais, ce sont les kobolds ou les gnomes, déjà ?

Le grincement du parquet à l’entrée de la pièce, à l’opposé de la fenêtre depuis laquelle il regardait nonchalamment la rue et le soleil commençant paresseusement à teindre le ciel de rose orangé, lui laissait à penser que l’intéressée, et personne la plus apte à répondre à sa question entre ces quatre murs, briserait à son tour le vrai-faux silence qui avait régné jusque-là, dans l’attente de son arrivée au point de rendez-vous.

Fergus ne savait pas exactement pourquoi au juste il désirait se remémorer cette part du folklore populaire, qui pour la jeune femme se révélait aussi concevable que la rotation de la Terre autour du Soleil ou de l’eau changeant d’état en fonction de la température ; c’était peut-être tous ces fichus trains, qui lui avaient fait penser, par association involontaire, au charbon, et aux petits êtres que de de bien inconscients ouvriers du rail auraient pu retrouver par inadvertance, en pelletant le combustible nécessaire à la course folle aux chevaux-vapeur. Lui-même se voyait un peu comme un être de l’ombre, facétieux et nullement apeuré par la lumière du jour, tout prêt à bouleverser la trop tranquille routine des ilotes qui, tout comme il aurait pu le faire, pliait l’échine sans mot dire, sous le joug d’un Empire ne tenant debout que grâce à leur exploitation décomplexée ; Lynch nourrissait donc une petite pointe de tendresse pour ces monstrueux trublions.




gif (c) xavierstea
Citation : Szczepan Yamenski

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