I am not Afraid - Felix & Amy [Fini]



 
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I am not Afraid - Felix & Amy [Fini]

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Amy S. Adler
Amy S. Adler

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Amy est très douée dans son domaine, la couture. ⊹ Ressentais une profonde frustration envers son mari durant les cinq précédentes années, ce qui l'incitait à accepter plus facilement les avances d'autrui. ⊹ A des tendances névrosées et borderline. ⊹ Ne supporte pas/ou difficilement les enfants en bas âge. ⊹ Apprécie la compagnie de l'alcool et du tabac bon marché. ⊹ Est d'une grande immaturité. ⊹ Très facilement morte de jalousie en compagnie d'autres femmes. ⊹ Manque de confiance en elle-même et a souvent besoin qu'on la rassure sur son apparence. ⊹ Passe beaucoup trop de temps devant le miroir à peigner ses très longs cheveux noirs. ⊹ Femme de Felix J. Adler. ⊹ A ouvert récemment un bordel de luxe dans un vieil hôtel rénové de Whitechapel.
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MessageSujet: I am not Afraid - Felix & Amy [Fini] I am not Afraid - Felix & Amy [Fini] Icon_minitimeDim 28 Jan - 22:00



I am not Afraid.

« The shadows are falling they’re falling around me »

Juin 1891

La main sur le bureau pour se retenir de tomber sous le coup de toutes ces nouvelles informations qui la transpercer, Amy essuyait ses yeux humides. Rien n'aurait pu la préparer à ce qui venait de se passer et le terrible silence de Felix n'arrangeait absolument rien. D'une main, elle resserra son manteau sur sa poitrine, essayant de réprimer un frisson de détresse. Au final, elle avait hâte qu'ils rentrent à la maison se coucher pour que dès demain au petit matin ils puissent régler le problème. Tout finirait bien, la couturière tentait de s'en persuader. Mais ce ne fut pas sans entendre la voix puissante de Felix qui la fit sursauter de peur, lâchant le bureau. Elle recula de quelques pas, ce qu'il suffit à son mari pour s'approcher du meuble et le renverser. Toutes ces feuilles et ses affaires en désordre sur le sol, même le poignard renversé sur plusieurs mètres. Un vase s'était brisé et s'était éparpillé un peu plus loin. Tremblante de tous ces membres à présent, Amy parvint à réprimer un cri de terreur en mettant sa main devant sa bouche. Si elle se mettait à crier, les gardes du rez-de-chaussé risqueraient de remonter ici et d'emporter Felix. Ce dernier irait directement à Scotland Yard et qui savait avec combien de contusions et de bleus que les membres de la Tribu ne se seraient pas gêné pour lui donner. Ses yeux se remplirent pourtant à nouveau d'humidité alors qu'elle s'écarta lentement du centre de la pièce, au fond vers la grande peinture, faisant toujours face à son mari. Le regard de celui-ci lui rappelèrent de douloureux souvenirs, lui arrachant un fin gémissement de peur alors que son dos heurta le mur, sans possibilité de fuite. Incapable de baisser les yeux dans le silence qui n'était déchiré que par le souffle de Felix, ce ne fut que lorsque celui-ci se mit à parler qu'Amy put fixer le sol, tenant ses poignées, les bras resserrés le long du corps.

Il lui aurait pourtant suffit d'appeler ses gardes, mais Amy se refusait à faire le moindre mal à son mari. Ce dernier entama un monologue d'une rare violence, se plaignant n'avoir rien fait de mal. Du début jusqu'à la fin. Jusqu'à n'avoir pas compris ses propres paroles, se justifiant que connaissant la vie des prostituées, il pouvait vraisemblablement se permettre de les appeler pute. De même qu'il avait vu les actes de Jack, rejoignant certainement les badauds curieux en passant près de Whitechapel. En quoi cela changeait quoique ce soit à tout ce que la couturière avait pu dire. Quand le sujet en vint à Madelyne, comme quoi il n'avait rien fait une fois de plus. Alors qu'il traitait les amis d'Amy avec la plus méprisante indécence qu'il put être possible, la couturière garda le silence, enfonçant ses ongles dans sa peau. Il l'accusait de le voir comme un moins que rien, mais c'était entièrement faux. Mais que pouvait-elle dire de plus, alors que sa voix se brisait dans ses larmes naissantes qu'elle ne pouvait restreindre ? Son dos se pressait contre le mur, comme si elle voulait s'enfoncer dedans jusqu'à disparaître. Elle ne supportait pas quand il criait, et qu'il avait ce regard blanc qui lui faisait si peur. Amy, elle l'aimait pour ses yeux lorsqu'il souriait, quand il était si concentré sur sa passion, quand il dormait. A ce moment précis, il n'était pas assez proche ni violent pour lui redonner envie de vomir, comme à la première fois. Mais ses jambes ne manquaient pas de trembler et de perdre pied, à chaques minutes ses genoux fléchissaient pour la faire descendre à terre. Quand il la traita d'hypocrite, elle tenta d'étouffer un sanglot perdu dans sa main, alors qu'elle terminait de tomber au sol. Voilà qu'il venait à la soumettre en son propre royaume, que de sous sa colère elle n'était plus qu'une simple femme terrorisée.

Les accusations continuèrent, à son injonction, Amy leva un regard embrumé de larmes dans ceux de Felix qui n'avait quitté leur blancheur. Elle baissa la tête aussitôt, tandis qu'il continuait à décrire à quel point le Lord Collins était un meilleur amant et aurait été un meilleur mari pour elle, car elle-même se demandait pourquoi elle avait choisi la médiocrité pour partager sa vie. Ces paroles déchirèrent le coeur de la jeune femme, qui mit ses mains sur ses oreilles pour ne plus en entendre d'avantages. Elle aimait son mari plus que tout au monde, et ne supportait pas de l'entendre ainsi proférer autant de mensonge que d'accusation envers ses sentiments. Comme si elle n'était rien, et que son avis ne valait rien. Felix finit par disparaître dans un dernier hurlement de profération, qui traversa les mains d'Amy pour se faire entendre. Quand il claqua la porte derrière lui, Amy se laissa définitivement tomber mollement contre le mur, relâchant tous ses muscles et éclatant d'un profond sanglot. Qu'est-ce qu'elle avait fait de mal dans la situation ? Comment pouvait-elle savoir ou non si Felix était véritablement coupable, en quoi cela changer que son nom était sur une accusation d'agression et qu'elle irait parler à sa meilleure amie pour arranger le tout, rien que pour lui ? Et qu'elle l'envoyait tout de même au commissariat afin qu'il y ait une conversation avec Mr Downcry qui en savait visiblement bien plus que tout le monde sur son propre mari. Pourquoi l'agresser aussi violemment alors qu'elle se tuait à la tâche pour le bien de tous, pour ramener tellement plus d'argent à la famille qu'ils pourraient se permettre plus de joies, que ce fut pour eux ou pour les enfants ? Il fallait toujours qu'il ramène leur couple à ses débuts, à cette situation catastrophique, qu'il lui reproche éternellement le vide qu'il avait lui-même laisser dans son coeur, et qu'elle avait tenté de remplir avec l'amour si volontaire de Bartholomew. Elle était également fautive dans cette histoire, mais après autant d'années, pourquoi ne pas avoir laisser le passé derrière soi ? Amy avait tout fait pour être la plus parfaite des femmes, pour se faire pardonner, bien qu'elle s'en était toujours voulu. Elle avait même essayer d'être plus forte, d'être confiante en elle-même et d'avoir une cause à défendre, des gens à sauver. Elle voulait qu'il soit fier de ce qu'elle tentait d'accomplir, de la voir si forte à tenter de tout régler d'une main ferme qu'elle n'avait jamais eu.

Elle pleura pendant plus d'un quart d'heure contre le mur devant le bureau défait quand une prostituée vint timidement frapper à la porte. Elle aida ensuite timidement et avec empressement sa patronne à se remettre sur ses pieds. Sans poser la moindre question, elle descendit ensuite appeler les gardes pour aider à remettre le lourd meuble sur ses pieds. Une fois descendus, elle aida Amy à remettre de l'ordre dans ses papiers. Le tout prit une bonne heure, mais la couturière était contente de pouvoir sécher ses larmes et partir chez elle avec un bureau bien rangé qui permettrait à Mylène d'être bien réactive par rapport à l'établissement. Amy câlina la prostituée pour la remercier de son aide et arrangea ses cheveux ainsi que l'attache de son manteau pour finalement sortir et rentrer chez elle. Les enfants étaient chez son père, et ce ne fut donc qu'un lourd silence qui accueuillit la jeune femme en sa propre demeure. Le feu était éteint depuis longtemps, et son mari n'était visiblement pas rentré. Après avoir fouiller toutes les pièces, Amy finit par s'asseoir sur le canapé, dans les ténèbres éclairés que par une simple bougie. Elle avait encore les yeux rougis et embrouillés par les larmes qui se refusaient à tarir. Il n'y avait qu'une seule façon de confondre pareille insomnie due à la détresse. Après s'être fait un grand chocolat chaud, elle s'allongea dans le canapé, n'enlevant ni ses épais jupons ni son grand et lourd manteau pour contrer le froid de la pièce. Un simple petit livre l'accompagna dans ses errances. Amy faisait de son mieux pour se concentrer dessus, ne pensant pas à son petit Felix chéri qui était peut-être tout seul dehors, dans sa colère... elle priait pour qu'il ne s'attirât pas encore plus d'ennuis. Il n'était pas prudent pour une femme comme elle d'aller le chercher dans les rues; et Londres était si grand.

Plus par épuisement que par fatigue, Amy s'endormit, laissant tomber le livre par terre. Un grand nombre de mouchoirs trainait sur la table basse, sa tasse remplie à moitié de chocolat chaud restant froide pour le restant de la nuit. La lumière du soleil vint traverser ses paupières au petit matin, mais elle ne bougea pas, regardant le vide devant elle avec des petits yeux éteints.

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Felix J. Adler
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Informations : Souffre d'un autisme d'Asperger • Dyslexique • Est obsédé par son métier • Rêve de travailler sur l'horloge de Big Ben. • Insomniaque. • Parle peu • Se sent mal à l'aise dans une foule • A quelques bases d'Allemand et de Français • A le corps glacé et est d'une pâleur à faire peur • Origines Juives • Possède une Pamphobeteus Platyomma mâle pour animal de compagnie • Est le mari d'Amy S. Adler.
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MessageSujet: Re: I am not Afraid - Felix & Amy [Fini] I am not Afraid - Felix & Amy [Fini] Icon_minitimeDim 28 Jan - 22:59



I Am Not Afraid

« Just let you know that, you're not alone »

Maison Adler, Lambeth, Juin 1891.

Felix était parti brusquement de la maison de passe que son épouse avait si vaillamment bâti. La colère était assourdissante et l’aveuglait tout autant. Dès qu’il fut sur les pavés, il se mit à courir loin, sans aucun but ni direction, essayant juste de faire fuir ses mauvaises pensées. Au bout de plusieurs minutes d’une course sans interruption sur plusieurs centaines de mètres voire kilomètres, il arriva à Hyde Park, un lieu qui avait une importance bien particulière dans le cœur parfois de pierre de l’horloger. Il n’avait pas choisi d’aller là, il avait juste couru de façon aléatoire et ses pas l’avaient porté ici. Il s’approcha doucement du fameux saule qui surplombait le petit point d’eau. La vue y était magnifique, même de nuit. Il s’assit au pied de cet arbre qui le connaissait si bien maintenant et, silencieusement, il rabattit ses jambes contre lui en regardant d’un air vide les reflets lunaires sur les vaguelettes de l’étang. En vérité, malgré que le fait qu’ils étaient en juin, la nuit n’était pas chaude et Felix se rendit compte qu’il avait oublié son manteau dans le bureau d’Amy. Il soupira profondément, se rendant compte qu’il avait bien quelques pièces de monnaie au fond de sa poche mais il n’avait surtout pas ses clefs.

Il en profita pourtant pour faire le point de ce qu’il s’était passé. Comme d’habitude, il s’était énervé et avait créé encore une fois un drame. Cela aurait pu être pire si dans sa rage, il avait blessé Amy mais il l’avait juste terrorisée. « Juste ». La pauvre n’y était pour rien dans toute cette histoire mais elle avait quand même tout pris. Elle ne méritait pas de recevoir sa colère, seulement tout son amour mais encore une fois, il avait bêtement échoué. Il savait que dans cette affaire, il était en tort en se laissant en proie à ses vagues de colère. Il en était conscient et ne savait pourtant pas les contrôler. Il n’avait aucune retenue sur lui-même et cela leur portait préjudice, surtout à Amy. Il n’ignorait pas le fait qu’elle n’était pas fière de lui à cet instant présent. Après tout, il avait réussi à frapper un Lord, jetait un tournevis de rage en présence de la meilleure amie de sa femme qui avait fini par porter plainte, et à taper un scandale devant le Directeur de Scotland Yard. Tandis qu’elle s’efforçait de sauver des vies à sa façon.

Il resta toute la nuit à ressasser, à regretter et à se promettre des efforts, surtout pour Amy. De plus, les enfants entraient aussi en compte. Comment pouvait-il être digne de faire leur éducation s’il était derrière les barreaux ? Il pouvait également perdre son travail, son statut d’Horloger Royal dont il était si fier, quelque part. Le côté professionnel avait réellement été le cadet de ses soucis mais il venait de se rendre compte que cette colère qui le dépassait pouvait avoir des conséquences bien plus importantes que sa misérable existence. Il n’était pas à l’abri d’un effet boule de neige des plus néfastes. Bartholomew l’avait aidé à se faire un nom dans le domaine de l’horlogerie, il pouvait très bien le faire couler pour avoir agressé son épouse. En proie à une soudaine panique, il préféra tenter de rester calme pour l’instant et essayer de régler le problème le plus important à ses yeux : son épouse. Il pouvait tout abandonner pour elle, alors autant qu’il s’en montre digne. Il avait fait suffisamment de conneries comme cela, il était temps de les réparer, avec la manière et la forme. Quand Big Ben sonna 8h pétantes, il se leva doucement et se mit en quête de chercher un fleuriste.

À cette heure matinale, rares étaient ceux ouverts mais il finit par trouver au bout d’une dizaine de minutes. Il prit le plus de roses possibles avec le peu de monnaie qu’il avait sur lui (ce qui en donna une quinzaine à peu près) et prit la route pour rentrer chez lui, essayant de trouver quoi dire à son épouse, improvisant une sorte de pitch d’excuses qu’il répétait à mi-voix dans la rue tout en marchant. Il n’avait jamais été doué avec les mots et Amy devait être tellement en colère contre lui que cela ne servirait à rien. Cependant, légèrement grelottant à cause du froid de la nuit passée dehors, sans possibilité même de rentrer dans son atelier au chaud, il arriva devant la porte de sa maison, croisant par ailleurs le regard inquisiteur de la voisine qui l’épiait depuis la fenêtre de son séjour. Felix ne lui accorda qu’un bref regard avant de s’approcher du palier de sa demeure et de regarder la porte avec hésitation. Il frappa alors quelques petits coups précis et continus, comme à son habitude, mais sachant que ses tocs avaient l’habitude d’agacer son épouse, surtout quand il s’était passé quelque chose entre eux, il s’arrêta.

Cependant, la porte s’entrouvit légèrement, inquiétant brièvement Felix. Il rentra donc et referma derrière lui et aperçut son épouse dans le canapé, la table basse dans un état de tristesse profonde par la présence de mouchoirs. L’horloger s’approcha à pas de loup, craignant surtout le réveil d’Amy, ayant oublié tout ce qu’il avait prévu de dire pour s’excuser. Il repartit dans l’entrée pour accrocher son manteau récupéré sur la table basse et partit chercher une couverture à l’étage pour la mettre sur Amy qui semblait somnoler. Il prit ensuite sa tasse de chocolat pour la faire réchauffer et la déposer sur la table basse, tout ceci sans un bruit. Il s’assit alors dans le fauteuil en face d’elle, se rongeant nerveusement les doigts comme il avait l’habitude de faire, le regard fuyant. Il soupira doucement cependant, essayant d’être le plus silencieux possible. Il ne ressentait pas les effets de sa nuit blanche, mais ses traits étaient encore plus tirés que d’habitude et ses cernes toujours plus marqués. Cependant tout ceci était sûrement lié à l’appréhension qu’il subissait, dans l’attente du réveil de son épouse.
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MessageSujet: Re: I am not Afraid - Felix & Amy [Fini] I am not Afraid - Felix & Amy [Fini] Icon_minitimeMar 30 Jan - 22:43



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«The shadows are falling they’re falling, they’re falling around me»

Juin 1891

L'obscurité régnait dans le salon, emportant le regard glacé d'Amy dans une lointaine somnolence. A en juger par la couleur froide des rayons solaires à travers les volets, le soleil ne s'était levé que depuis peu de temps, et faisait baigner l'intégralité des ombres et des meubles dans une vague couleur bleutée. Amy, réchauffée par la nuit, n'osait bouger un seul membre, de peur d'avoir froid. Il lui faudrait pourtant se lever, le coeur peiné, pour aller voir sa meilleure amie et essayer d'arrondir les angles. Elle n'avait pas particulièrement peur d'échouer, bien au contraire. Elle était en confiance, et se disait que le plus gros problème viendrait bientôt de la confrontation entre Mr Downcry et Felix. La couturière essayait de ne pas trop y penser. La nuit avait été violente, elle ne souhaitait pas s'en rappeler; bien que les images se faisaient toujours en boucle dans son coeur. Son mari lui manquait. Où pouvait-il avoir passer la nuit ? Est-ce qu'il était bien au chaud ? En espérant qu'il n'attrape pas de  fièvres. Ou qu'il ne fasse de mauvaises fréquentations. De grosses cernes tremblaient sous les yeux à peine entrouvert d'Amy, reflétant sa nuit de mauvaise qualité. Son esprit embrumé n'apportait aucun soutien à sa fragilité mentale. Tout lui paraissait n'être plus que le reflet d'un mauvais rêve. Ce n'était pas possible que tout ce soit passé ainsi, qu'il ait eu une réaction aussi terrifiante, envers elle. Amy ne voulait pas y croire, la douceur du sommeil ayant passée un baume sur les larmes. Mais la vue des mouchoirs sur la table basse, et d'elle-même en position foetal dans ce canapé, ne s'étant pas même changé... tout ceci était bien trop réelle pour croire à une illusion. La couturière poussa un profond soupir et enfonça son visage dans les coussins pour ne pas se remettre à pleurer. Elle mourrait encore d'une impitoyable fatigue, ses membres étreints de multiples courbatures le long de ses jambes et de ses bras.

Rien ne s'était passé, c'était impossible. Ils ne pouvaient en être revenu à un tel état d'incompréhension l'un de l'autre ? La jeune femme était tant terrifiée d'un retour à l'enfer qu'elle ne savait pas quoi faire. Complètement désemparée, ce n'était que dans un demi-état d'éveil qu'elle fit le plan de sa journée. Se changer n'entrait même pas en ligne de compte: elle avait bien des choses plus importantes à faire. Au mieux penserait-elle à arranger son maquillage et à peigner ses longs cheveux. Il ne fallait surtout pas faire mauvaises impressions auprès des femmes du beau monde, quand bien même cela aurait appuyé la détresse d'Amy qui aurait supplié son amie, en dépit de sa fierté, pour qu'elle abandonne ses charges. Il fallait le comprendre, son pauvre mari, elle n'avait pas toujours été gentille avec lui, et leur couple avait traversé de graves crises durant ces années. Puis, il n'était pas exactement comme tout le monde, il avait ses problèmes à lui, mais voilà, Amy l'aimait quand même de tout son coeur. Dans sa tête perdue dans les ténèbres, la couturière s'imaginait déjà la passionnante diatribe qu'elle allait lancer sans aucune hésitation. Après tout, il n'y avait pas eu blessures, puis s'il fallait qu'Amy fasse le pigeon voyageur pour les commandes suivantes, elle le ferait. Tout plutôt que son mari n'ait à subir les angoisses de pareilles méandres judiciaires. Il n'était pas fait pour cela; doux et innocent comme un agneur qu'il était. Le paradis s'ouvre sans jugement pour les simples d'esprit. Ne croyez pas qu'Amy le prenait pour un idiot, mais c'était déjà une phrase qu'on lui avait sorti un jour qu'on lui parlât de son mari en sa présence.  Mais Amy l'aimait son idiot, d'ailleurs elle s'était bien gardée de répliquer qu'aucun d'entre ces mauvaises langues n'aurait eu l'intelligence de comprendre une horloge, et de la supporter elle-même. Ses pensées voletèrent un peu dans l'air, conduisant son imagination à la dépeindre en protectrice de son mari chéri, répondant d'un torse bombé à quel point il était parfait et qu'ils n'étaient tous que des jaloux -ce qui était très probablement le cas. Tous ces petits films dans sa tête la firent bientôt retomber dans un sommeil léger, mais certain.

C'était ainsi qu'elle n'avait entendu les petits coups, mais si elle avait su, la couturière se serait félicitée de sa présence d'esprit à n'avoir fermer la porte. Tous auraient crier à l'imprudence, et il était vrai. Mais Amy, seule et désespérée, sans ses enfants dont se soucier, ne faisait que peu de cas de sa propre sécurité, et préférait assurer à son mari un retour simple sous un toit. Elle n'entendit pas les bruits de pas, ni le manteau qui fut remis à sa place. Ce qui était dangereux en vérité, ce n'était pas l'absence de verrou, mais bien cette indolence face à l'interruption du calme dont faisait preuve la belle au bois dormant. Ce qui commença à délicatement faire réagir son museau endormi, ce fut la couverture posée sur elle. Ce poids soudain qu'elle n'avait senti de la nuit, cette fraicheur insolite, alors qu'elle s'était construite un cocon de sa propre chaleur corporelle... Amy ouvrit lentement les yeux. Dans l'obscurité de la pièce, le fauteuil d'en face ne faisait que se découper dans l'étrange lueur spectrale. Sombre et mençant, du fauteuil ne se découpait qu'une forme humanoïde, mais qu'Amy pouvait reconnaitre entre milles: une peau d'une blancheur semblable à la lune et des yeux d'un gris perçant. Une multitude d'émotions contradictoires et extrêmes traversèrent le coeur de la jeune femme. Il aurait été mentir de dire que la couturière ne fut pas traversé d'un frisson de peur, se répercutant en un sursaut qui la fit se redresser à demi. Portant aussitôt une main à sa tête réoxygénée, Amy baissa les yeux et prit un mouchoir pour essuyer ses paupières salies de larmes séchées. Qu'elle devait en faire, une mauvaise mine. Redressant le regard vers la table basse, elle vit le chocolat chaud d'où émanait une fumée chaleureuse, et plus loin, un splendide bouquet de rose. La couleur était imprégnante, même malgré les ténèbres. De sa peur première vint un sourire d'amour, d'une véritable sincérité. S'asseyant plus honorablement sur le canapé, elle prit la couverture pour la mettre autour de ses épaules, un regard triste dans le vide. Pas un seul mot encore ne s'était passé entre les deux amoureux. En avaient-ils véritablement besoin ? Amy savait bien sûr que oui. Mais elle n'osait faire le premier pas, briser le souvenir de la colère.

Finalement, n'y tenant plus, elle prit le chocolat chaud entre ses mains et ferma les yeux de contentement. La chaleur la faisait se ressourcer, tout autant que l'odeur qui réveillait un ventre affamé. Elle but une gorgée purificatrice qui la réveilla davantage, lui permettant de remettre ses pensées en ordre. Lorsqu'elle redressa la tête vers lui, Felix était dans un tel état d'angoisse que ce lui déchira le coeur. Reposant alors la tasse, elle s'empara des fleurs et les serra contre elle, les respirant avec un grand sourire. Mais ce fut avec un sourire plus timide que la jeune femme regarda son mari et fit d'une toute petite voix, tapotant la place à côté de lui:

- Tu... tu veux... venir...?

Même s'il lui avait apporté des fleurs et avait toutes les traces de la culpabilité dans son attitude, Amy restait appeurée. Elle avait peur que cela ne fut qu'une façade et qu'il put encore lui en vouloir un peu. Mais à le voir se lever pour obéir à sa douce et délicate demande, les doutes d'Amy se dissipèrent rapidement. Il était là, juste là, avec elle, comme elle l'avait toujours voulu. Tout ce qu'il s'était passé la veille paraissait alors plus vaporeux que jamais. Sans attendre une seule seconde, la couturière se blottit dans les bras de son horloger, les fleurs toujours dans les bras, à la recherche d'une caresse réconfortante qui lui dirait "tout va bien maintenant". Mais cela n'était pas assez. Reposant consciencieusement le bouquet, Amy se retourna vers son mari et se blottissant toujours contre lui, le prit dans ses bras et le serra très fort contre elle. Il n'était pas plus chaud que la couverture, et lui paraissait même encore plus frais qu'avant. Il venait de dehors, mais depuis combien de temps y était-il resté ? Après quelques secondes, ou même plusieurs minutes, Amy se redressa et prit le visage de son mari entre ses mains -avant bien évidemment de lui prendre la température:

- ...tu es froid mon chéri... tu ne t'es pas mis au chaud cette nuit...?

Oubliant absolument tout au profit du bonheur confortable de son amour, la jeune femme ouvrit un peu sa couverture pour y mettre les épaules de son chéri avec. Ensuite, elle alla chercher le chocolat chaud et le mit entre leurs mains, un peu de force. Ses yeux brillaient d'admiration et de sérénité en l'observant. A chaque dispute, Amy avait peur de perdre l'amour de sa vie, mais celle-ci avait été particulièrement violente et jamais elle ne s'était sentie aussi proche de la mort qu'avant. Mais lorsqu'elle cessa de se remuer dans tous les sens pour son bien-être, la couturière se rendit compte que des mots devaient être dit. Ils ne pouvaient continuer ainsi. Pas après ce qu'il venait de se passer. Baissant la tête et cherchant à la placer dans l'encolure du cou de Felix, elle murmura doucement, intimidé:

- Je... je suis désolée... hier soir, je n'étais pas très bien, j'étais stressée... ce contrat avec le Directeur de Scotland Yard, toi qui venait de tout découvrir alors que je voulais t'en parler bientôt... cette accusation, cette révélation... j'ai craqué, je n'aurai pas du te parler aussi sèchement... je voulais juste... contrôler les choses, pour les régler au plus vite... je sais que tu n'as pas voulu faire de mal à Maddie... je n'ai jamais voulu t'accuser... j'étais juste.. pas bien... pardon...

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MessageSujet: Re: I am not Afraid - Felix & Amy [Fini] I am not Afraid - Felix & Amy [Fini] Icon_minitimeMer 31 Jan - 20:23



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Maison Adler, Lambeth, Juin 1891.

Felix redoutait le moment où Amy allait ouvrir les yeux. Il ignorait comment elle allait réagir, ce qu’elle dirait en le voyant. Peut-être allait-elle le chasser, elle aurait eu bien raison. Son comportement avait été infect. Ainsi, il restait sagement assis dans son fauteuil, épiant son épouse, hésitant entre fuir et rester. Il soupira, continuant de se ronger les ongles jusqu’à ce que la mère de ses enfants se mette à bouger légèrement. Il la regarda en coin, pour ne pas trop la stresser et la vit se redresser doucement. Bien évidemment, il remarqua le maquillage de son épouse qui avait coulé et cela renforça un peu plus son puissant sentiment de culpabilité. Après tout, il lui avait hurlé dessus sans raison, aveuglé par sa colère qui ne lui était nullement destinée. Il essaya un petit sourire timide et discret mais dans la pénombre, elle ne le vit point. De toute façon, elle regardait déjà ce qu’il avait précédemment posé sur la table basse. Le sourire d’horloger se fit plus franc face à celui de son épouse qui regardait les roses tout en mettant la couverture sur ses épaules. Silencieusement, Felix regardait cette scène muette avec un œil attendri et quelque part anxieux.

Ainsi, il la regarda prendre le chocolat chaud, en boire une gorgée, le reposer pour ensuite prendre les fleurs et les serrer contre elle. L’horloger ne dit rien, continuant de l’observer dans un silence pieux. Le temps semblait s’être arrêté, comme une sorte de bulle temporelle privilégiée ou alors, l’attente d’un verdict. Felix n’aurait su dire. Alors il resta muet, tel l’être timide et farouche qu’il était parfois. Puis, finalement, Amy brisa le silence. Peut-être s’était-elle dite qu’il n’allait pas faire le premier pas et elle eut raison. Elle l’invita alors à venir sur le canapé la rejoindre, ce que Felix n’hésita pas à faire une seconde. Peut-être le fit-il avec trop d’enthousiasme ? Peut-être lui donna-t-il l’impression d’attendre cela depuis le début ? Après tout, c’était bien le cas. Il attendait le feu vert de son épouse pour l’approcher et ainsi s’excuser. Cependant, elle le prit de court et se plaça dans ses bras sans qu’il puisse dire quoique ce soit. Hésitant, il caressa timidement l’extérieur de sa cuisse avant de passer son bras autour de sa hanche pour mieux la tenir contre lui. Toujours sans un mot, n’osant aborder le sujet, il regarda Amy poser le bouquet de fleurs sur la table basse.

Elle sembla le trouver froid (ou chaud) car elle toucha ses joues, son front tandis qu’il la regardait toujours dans les yeux avec tendresse, sans lui répondre cependant. Il ne savait pas si cela intéressait réellement son épouse de savoir qu’il avait passé la nuit dehors, surtout à ne rien faire. Elle se serait inquiéter un peu plus. Après tout, il n’avait pas eu ses clefs sur lui pour son atelier. Il n’avait pas non plus osé déranger Harry une nouvelle fois pour les mêmes raisons que précédemment. Quant à Jonathan, il savait que lui aussi se serait inquiéter pour rien, quitte à s’en rendre à moitié malade, surtout en pleine nuit. Amy lui passa la couverture autour de ses épaules et Felix la remercia d’un adorable sourire. Elle tenta alors de le réchauffer via la tasse de chocolat chaud qu’elle avait placé entre leurs doigts, ceux de l’horloger venant timidement caresser ceux de son épouse. Il restait silencieux, se sentant observer mais n’osant plus tellement la regarder dans les yeux. La culpabilité le rongeait toujours profondément et cela était lisible sur son visage crispé et légèrement nerveux, même si l’absence de reproches de la part de sa chère épouse commençait à le rassurer.

Elle se blottit un peu plus contre lui et commença à s’excuser, ce que Felix ne comprit pas sur le coup. Ce n’était pas à elle de s’excuser. Elle n’avait rien à se reprocher, n’ayant rien fait de mal. Son seul crime, sa seule faute aurait été d’avoir épousé un homme comme lui, si incapable de garder ses nerfs. De l’angle dans lequel il était, il essaya de la regarder, l’écoutant cependant attentivement, n’osant toujours rien dire. Quand elle eut fini, il baissa les yeux d’un air coupable avant d’avoir une moue triste. Il prit le chocolat des mains d’Amy pour le poser sur la table basse, le tout avec une grande délicatesse, comme celle qu’il avait quand il travaillait sur ses horloges. Il prit alors son épouse par les hanches pour la faire glisser sur ses cuisses. Ainsi il pouvait mieux la voir mais surtout mieux la câliner. Il la regarda un instant dans les yeux avant de la prendre dans ses bras, toujours sans rien dire. Il était bien dans ce silence. Après, avaient-ils besoin de plus pour communiquer ? Leur passé commun lui avait pourtant montré que oui, ils avaient parfois besoin de parler. Alors, d’une voix timide, il marmonna :

— Ce n’est pas à toi de t’excuser… C’est à moi… Je… Je me suis laissé emporter, je n’aurai pas dû… Tu n’avais rien fait de mal, tu n’avais pas à subir cela… Je n’avais pas à t’infliger cela… Je n’avais pas à me laisser dépasser tout court…

Il continua de la tenir contre lui, son menton posé sur son épaule, le regard songeur. Pourquoi était-il si explosif dès que le sujet des Collins revenait sur la table ? Pourquoi était-il si hors de contrôle dès qu’il le perdait, justement, ce contrôle ? Il n’avait rien d’un pervers manipulateur, même s’il usait du chantage sur une seule et unique personne, mais il aimait le confort rassurant de la monotonie, quand les choses allaient toujours de la même façon, sans grain de poussière dans l’engrenage. L’histoire avec les Collins était comme une éraflure sur une roue dentée, prêt à faire sauter le mécanisme si précisément réglé au moindre faux mouvement. Il devait toujours la page, mais il n’y parvenait. Tout comme les entrailles de ses montres, cela tournait en boucle et en boucle et en boucle, inlassablement. Felix avait le don pour faire tourner ce qui n’allait pas en rond dans sa tête. À se remémorer tous les instants douloureux et pénibles, n’accordant pas assez d’importance aux souvenirs qui en valaient la peine. Comme cet instant intime qu’il partageait actuellement avec son épouse. Il se recula alors légèrement pour l’embrasser tendrement sur le front, caressant ses cheveux d’une main tandis que son deuxième bras passait dans le creux de son dos.

— Je suis vraiment désolé pour tout le souci que je te cause…

Il passa son pouce avec une douceur infinie sur les cernes maquillés de son épouse, le regard triste. Il soupira alors doucement.

— J’irai à Scotland Yard cet après-midi… Tu n’auras qu’à rester là, te reposer un petit peu…

Il aurait pas dit à ce qu’elle l’accompagne mais il ne pouvait pas être un enfant constamment accompagné toute sa vie. Cette audience allait être une rude épreuve pour ses nerfs, mais il devait garder la tête haute et assumer, pour que sa chérie soit fière de lui. Par ailleurs, cela lui fit venir en tête quelque chose qu’il devait lui dire :

— Par ailleurs… J’apprécie beaucoup ce que tu fais pour ces femmes… Tu les loges, tu leur offres de la protection… C’est très noble… Je… Je suis si fier de toi…

C’était un sujet épineux, vu qu’elle l’avait accusée de n’avoir aucune estime pour les prostituées. Ce n’était pas des excuses parfaites et il avait l’impression d’avoir dit quelque chose de mal-formulé, comme cela lui arrivait fréquemment, mais il ne dit rien de plus, continuant de caresser les longs cheveux sombres de son épouse.
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Amy S. Adler
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Amy est très douée dans son domaine, la couture. ⊹ Ressentais une profonde frustration envers son mari durant les cinq précédentes années, ce qui l'incitait à accepter plus facilement les avances d'autrui. ⊹ A des tendances névrosées et borderline. ⊹ Ne supporte pas/ou difficilement les enfants en bas âge. ⊹ Apprécie la compagnie de l'alcool et du tabac bon marché. ⊹ Est d'une grande immaturité. ⊹ Très facilement morte de jalousie en compagnie d'autres femmes. ⊹ Manque de confiance en elle-même et a souvent besoin qu'on la rassure sur son apparence. ⊹ Passe beaucoup trop de temps devant le miroir à peigner ses très longs cheveux noirs. ⊹ Femme de Felix J. Adler. ⊹ A ouvert récemment un bordel de luxe dans un vieil hôtel rénové de Whitechapel.
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MessageSujet: Re: I am not Afraid - Felix & Amy [Fini] I am not Afraid - Felix & Amy [Fini] Icon_minitimeSam 3 Fév - 23:37



I am not Afraid.

« The shadows are falling they’re falling, they’re falling around me »

Juin 1891

Dans la fraicheur londonnienne de cette nuit de juin, le chocolat nouvellement réchauffé par Felix faisait un nuage de vapeur des plus agréables entre le couple. Amy tenait la tasse entre ses mains et celle de son mari, savourant son contact comme si c'était la première fois depuis des jours, alors que cela ne faisait au pire que vingt-quatre heures. Qu'est-ce qu'elle n'aurait pas donné pour pouvoir rester ainsi pendant des années, rien que pour rattraper ces misérables minutes de solitude. Parfois, elle se demandait si un tel amour était bien sain l'un pour l'autre. Mais l'instant d'après, elle n'en avait plus aucune cure. Quel importance. Des gens se torturaient tous les jours pour trouver un amour aussi pur et passionnel qu'ils avaient la chance de vivre. Amy ne serait prête pour rien au monde à s'éloigner ne serait-ce qu'une seule seconde de lui, pour respecter une soi-disant limite de sécurité dans leur couple. Il n'y avait plus ni danger ni sécurité, mais absolument rien d'autre que, telle la petite et la grande aiguille, qui se promenaient inlassablement au rythme du temps et des secondes qui ne bougeaient pas. Autant de référencements que Felix aurait adoré si Amy avait parlé à voix haute de tous ces questionnements qui pouvaient lui traverser aléatoirement la cervelle. Mais ils n'avaient jamais été très doué pour converser, bien plus efficaces à laisser leurs corps, ainsi que leurs regards amoureux, se parler en des termes bien plus directs et efficaces. Mais la couturière ne pouvait nier que la conversation était également essentielle, peut-être justement car ils avaient tant de mal à communiquer. La jeune femme avait brisé la glace, préférant aller de l'avant sur le sujet, et s'excuser également car elle avait été extrêmement sèche par rapport au choc que cela lui avait apporter... toutes ces révélations.

Finalement, Felix lui prit la tasse des mains pour la libérer de cette contrainte et la prit dans ses bras pour la mettre sur ses genoux. Ainsi mise, ils pouvaient se prendre l'un dans les bras de l'autre sans aucune limite, et une fois de plus leurs corps parler de cet amour indiscible qui étreignait leurs coeurs. Amy le serra dans ses bras en retour sans aucune forme de refus, trop heureuse de profiter de sa présence. Il n'avait certes pas la chaleur humaine la plus développée possible, mais elle aimait pouvoir le réchauffer de la sienne. Mine de rien, il finissait, à sa manière, par la réchauffer malgré sa peau froide. Quand l'horloger finit par ouvrir la bouche et s'excuser à son tour, Amy eut les larmes aux yeux à nouveau, mais souriait d'une profonde tendresse. Il ne pouvait actuellement voir son visage, et elle en était pas mécontente car son visage reflétait tristement sa mauvaise nuit et toutes ses larmes. Il s'excusait, pendant ce qui lui sembla être une éternité, même si les mots lui embaumèrent avec douceur le coeur. Elle qui avait eu si peur, peur que son mari ne lui en veuille véritablement; qu'il aurait pu disparaitre toute la nuit. Mais rien de tel, il lui demandait très platement pardon, comprenant son erreur et refusant d'accepter l'existence de celle de son épouse. Dans d'autres situations, Amy se serait révoltée, arguant qu'elle avait elle-même commis des erreurs et qu'il fallait également qu'elle demande pardon. Mais ici, les excuses d'Amy étaient davantage un prétexte pour ouvrir le feu que pour véritablement s'excuser. La jeune femme avait été profondément blessé des cris de son mari, de la manière dont il avait saccagé son bureau, pour quelque chose dont elle n'était même pas coupable. En comparaison, la froideur d'Amy n'exigeait absolument rien. Et même si au fond de son coeur, Amy restait encore meurtri de cet acte, sentir la culpabilité dans la voix de son mari lui procurait une étrange sensation de satisfaction. A savoir si c'était normal ou si elle devait en avoir honte, elle ne savait plus. Elle décida de tout simplement profiter de son amour, sans arrières-pensées.

Il s'écarta pourtant, l'embrassant sur le front et caressant les fameuses cernes qu'elle aurait aimé pouvoir lui cacher. Amy lui offrit un petit sourire triste, sans rien dire. Il avait raison dans toutes ses excuses, que pouvait-elle dire ? Il aurait été mal venu de sa part de se targuer d'un petit: "oui, tu as raison". Ce fut donc lui qui continua à parler, s'excusant de tous les problèmes qu'il lui causait. Le petit sourire se transforma en une sincère expression de tristesse, car Amy aurait voulu lui dire qu'il avait tord sur ce point là. Qu'il n'était pas le fardeau qu'il pensait être, tout comme il le lui avait crié dans le bureau. Quand bien même il le disait cette fois avec douceur, le message était le même, et faisait terriblement mal à Amy. Ce manque de confiance qu'il avait en lui-même la tuait de l'intérieur. Elle s'apprêtait à prendre la parole quand il reprit; qu'il irait à Scotland Yard et qu'elle devrait se reposer. Une nouvelle fois, la couturière voulut répondre quand il lui coupa le silence une dernière fois pour lui dire à quel point il était fier d'elle. De son travail, de sa détermination. Malgré le secret qu'elle avait tenu à garder. Les larmes de bonheur revienrent dans les grands yeux d'Amy, qui le serra très fort dans ses bras en remerciement. Par la suite, elle profita du silence revenu pour reprendre sa respiration, tant son coeur battait la chamade de nervosité.

- Merci... je suis tellement heureuse que tu sois fier... c'est tout ce que j'ai toujours voulu...

Elle rit doucement, massant le dos de son amour avec ses mains, un massage très aléatoire mais fait avec tendresse. Amy aurait aimé pouvoir profiter de ce temps une éternité, n'étant définitivement pas plus douée avec les mots que son mari. Elle poursuivit pourtant:

- Par contre... tu iras certes à Scotland Yard, mais je dois quand même rendre visite à Maddie durant la journée, le plus tôt sera le mieux, cela serait tellement plus simple, qu'elle annule tout bonnement l'accusation, plutôt que tu doives être amené à te défendre... ton innocence serait tout de suite prouvé. Ne t'en fais pas, elle m'écoutera... je te le promets...

Caressant alors le visage de son mari avec une grande douceur tout en prononçant ces mots, Amy jeta tout son dévolu dans ses yeux clairs, y mettant tous les sentiments qu'elle pouvait avoir pour qu'il la croit enfin à ce sujet. Qu'il cesse d'imaginer les Collins comme des monstres. Si elle l'écoutait véritablement et qu'elle retirait la plainte, cela pourrait être un merveilleux pas pour les deux couples. Ce qui était amusant, dans le sens ironique du terme, c'était de voir à quel point les Collins se trouvaient être les meilleurs amis d'Amy -si l'on écartait Mylène, bien entendu, mais qu'il s'agissait aussi des pires ennemis de Felix, alors que concrètement, ils n'avaient absolument rien briser dans leur couple. Ce n'était pas Barth qui avait fait du mal aux Adler. Il n'avait rien fait de plus que de récupérer des miettes d'un coeur abandonné, ce n'était pas lui qui avait véritablement séduit Amy pour qu'elle s'éloigne de Felix, car ce dernier s'était déjà bien éloigné de lui-même. Felix aurait pu être présent, Amy aurait pu ne pas être faible. Les Collins étaient terriblement innocent dans cette histoire mais Felix semblait vouloir à tout prix reporter une faute imaginaire sur eux. C'était en tout cas ainsi qu'Amy voyait la chose. Mais elle se gardait bien de dire le fond de sa pensée à son mari. Elle ne voulait pas avoir une fois de plus sa colère divine sur les épaules, ne sachant pas combien de fois elle serait mentalement capable de le supporter.

- Au fait... mes gardes m'ont aidé à redresser le bureau, hier soir... et une fille m'a aidé à ranger mes documents. J'ai pris ma journée en laissant l'établissement à Mylène... j'ai aussi confié l'atelier de couture à Pénélope... je... comme ça... je me disais, quand j'aurai fini de parler avec Maddie... je pensais peut-être venir te chercher à Scotland Yard, histoire de pouvoir également parler à Mr Downcry, pour... notre... contrat... si ça ne te dérange pas...

Sa dernière phrase avait été prononcé de manière très murmuré, car elle ne voulait pas qu'il croit qu'elle mettait son travail avant lui. Aussi, elle continua très vite:

- Et comme ça, on aura absolument tout réglé de partout, on aura notre journée de libre et en fin de soirée, on pourrait dîner quelque part, ou faire un pique nique...?

Tout son corps se blottit dans les bras de Felix, recherchant la douceur et le soutien physique de la personne dont paradoxalement, elle avait également le plus peur. Peur de la moindre de ses réactions, sachant à quel point il pouvait être nerveusement touché par le plus infime des détails dont Amy ne se serait pas doutée. Elle se souvenait de toutes les fois où il s'était peiné de la voir tendue face à lui quand il commençait à perdre son calme, même pour des broutilles qui ne la concernait pas. Il ne voulait pas qu'elle ait peur de lui, mais Amy gardait en mémoire la terrible nuit de l'année qui marquait leurs cinq ans de mariage. Cette crise qui venait cinq ans plus tard la remettait dans un trouble indéfinissable. Elle continuait cependant d'aimer Felix plus que n'importe quoi au monde, pour une raison qui d'ailleurs échappait au monde et à elle-même en particulier. Cependant, cela ne l'empêcha pas de dire:

- Je t'aime vraiment Felix... arrête de dire que je te considère autrement que comme mon mari adoré... je suis fière de toi aussi... vraiment...

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Felix J. Adler
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MessageSujet: Re: I am not Afraid - Felix & Amy [Fini] I am not Afraid - Felix & Amy [Fini] Icon_minitimeLun 5 Fév - 22:46



I Am Not Afraid

« Just let you know that, you're not alone »

Maison Adler, Lambeth, Juin 1891.

Felix continua de garder son épouse dans ses bras, sans rien dire de plus ni bouger. Il voulait juste profiter du silence et de la chaleur de leurs deux corps l’un contre l’autre, la couverture les recouvrant. Elle était heureuse qu’il soit fier de lui et cela lui réchauffa quelque peu son cœur qui pouvait parfois être glacial. Mais en présence d’Amy, ce n’était jamais le cas, au final. Il ne répondit rien sur le coup, fermant doucement les yeux tandis qu’il posait son menton sur son épaule et que les douces mains de la couturière lui caressèrent tendrement le dos. Cependant, Amy reprit alors, confirmant qu’il irait à Scotland Yard mais indiquant aussi qu’elle se rendrait chez Madelyne Errington afin de convaincre celle-ci d’annuler sa plainte. Felix ne savait pas trop quoi en penser. Il avait fait une bêtise, il était inutile de passer par mille et une combines pour tenter de s’extirper de cette situation désagréable. Il se devait d’assumer pour, quelque part, donner l’exemple. Un exemple peut-être suicidaire qui allait lui infliger bien des maux et des épreuves mentales mais il devait arrêter de se cacher derrière les jupons de son épouse dès qu’ils étaient en société et que cela impliquait des personnes tierces.

Il resta silencieux cependant, comme à son habitude, se contentant de la câliner, resserrant peut-être un peu plus son étreinte, toujours avec tendresse et amour. Là tout de suite, il n’avait guère envie de se séparer de son épouse. Il n’avait besoin de rien de plus qu’elle contre lui. Dans un soupir cependant, il finit par cacher son visage dans l’épaule d’Amy comme pour se cacher de ce qu’il l’attendait. Il était résolu à y aller mais cela l’angoissait tout de même énormément. Il était ainsi et ne changerait sûrement jamais même si, ces dernières années, il sentait un certain progrès. Il n’était pas sûr qu’Amy l’ait remarqué et il n’osait lui demander pour éviter d’être déçu. Il était peut-être là, le majeur problème des Adler : incapables de converser convenablement, se dire les choses simplement, même si cela froissait légèrement l’être aimé qui ne partirait pourtant jamais. Felix avait en effet été froissé par Amy la veille tout comme elle avait été réellement choquée par le comportement déplacé et violent de son horloger. La communication simple était loin d’être leur fort mais ils avaient une autre façon de s’exprimer bien à eux qui était peut-être à l’image de Felix : le silence.

Un silence simple et précieux mais suffisant pour laisser véhiculer tout l’amour que les deux conjoints ressentaient l’un pour l’autre. Cependant, ce doux et reposant silence fut rompu avec la voix d’Amy qui lui annonça que son bureau avait été remis en ordre. Felix, le nez toujours contre la clavicule de sa chérie, se recroquevilla légèrement sur lui-même, serrant un peu plus Amy dans ses bras. Bien évidemment qu’il s’en voulait de cet élan de colère injustifiée envers son épouse et son matériel qu’elle avait mis des semaines voire des mois à mettre en place. Elle et ses employés lui avaient d’ailleurs coupé l’herbe sous le pied. Bien évidemment qu’il se serait proposé pour tout remettre en ordre et réparer ses erreurs mais Amy ne le lui avait pas laissé l’occasion. Ce n’était peut-être pas plus mal au final, se disait-il pour éviter de s’accabler davantage. Cependant, quelque chose le dérangea un peu plus tandis que la couturière continuait de parler. Elle voulait aller le chercher directement à Scotland Yard pour ensuite parler de son contrat avec Andrew Downcry. Felix fit une moue gênée tout en redressant la tête, ne sachant pas trop quoi penser. Il regarda le vide tandis que la dernière phrase d’Amy le fit sourire un peu tristement.

— Je… Je ne vois pas en quoi tu pourrais être fier de moi… Je suis qu’un horloger bizarre maladivement anxieux dès qu’il met un pied dehors… Et puis… Après le cirque que je t’ai fait hier soir… Non, toi, tu as gardé ton sang-froid, tu as monté ton établissement de toutes pièces… J’ai juste récupéré l’atelier de mon mentor, je n’ai rien créé…

Il se redressa pour la regarder dans les yeux avec une moue triste avec de baisser ses iris blanches avec culpabilité. Il soupira doucement avant de faire une moue gênée de ses petites lèvres tout en dodelinant de la tête, extrêmement mal à l’aise. Il chercha ses mots quelques instants avant de dire prudemment :

— Je ne veux pas que tu ailles voir Madelyne. J’ai fauté, c’est ainsi… Je… J’irai à Scotland Yard, on verra ce que Downcry me dira… Et puis si j’ai un procès…

Il haussa les épaules.

— Et bien tant pis, écoute. J’aurai dû me contrôler et arrêter d’agir ainsi impulsivement sans arrêt. J’en paie maintenant les frais.

Il tenta de lui sourire avant de reprendre doucement :

— Et je m’occupe de ton contrat, tu n’as pas à t’inquiéter.

Il lui prit la main et embrassa alors tendrement bien que très timidement son épouse. Elle aurait pu le repousser qu’elle aurait raison. Mais il avait besoin de lui témoigner son amour. Cette nuit passée si loin d’elle l’avait déchiré. Il passa ses doigts entre ceux d’Amy avant de coller son front contre le sien. Il semblait bien impossible pour l’horloger de se voir autrement que comme un fardeau. Après tout, c’était des séquelles immuables de son enfance, incapables de cicatriser convenablement malgré toutes les caresses de son aimée. Peut-être était-ce cette sorte de flagellation mentale qui l’empêchait de s’ouvrir aux autres, même à Amy ? Une peur du jugement et des qu’en-dira-t-on ? Cependant, à agir comme il le faisait, il savait bien qu’il paraissait tout sauf normal. C’était comme si une autre partie de lui plus enfouie l’assaillait constamment pour lui rappeler où était sa place. Comme s’il avait ramené un morceau de ses parents avec lui, à Londres. Il soupira tristement, ne sachant pas trop s’il devait se confier à sa femme ou pas, histoire de crever l’abcès. Bien sûr qu’il devrait le faire. Le manque de communication orale était le gros problème de leur couple. Cependant, il préféra demeurer silencieux et simplement sourire à son épouse qu’il aimait tant. Avec un peu plus de confiance, il l’embrassa de nouveau, posant une main sur sa joue avec tendresse.
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MessageSujet: Re: I am not Afraid - Felix & Amy [Fini] I am not Afraid - Felix & Amy [Fini] Icon_minitimeDim 11 Fév - 14:37



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Juin 1891

Plus que tout ce qui pouvait exister en ce monde, ce qui apportait paix et sérénité à Amy, c'était d'être dans les bras de son mari. Quand celui-ci ne s'agaçait pas et qu'il était tout aussi doux et agréable que tout amoureux qu'il était. Elle pouvait rester ici pendant des heures, sans bouger plus que nécessaire pour se blottir un peu plus. Rien d'autre ne comptait à cette seconde précise, alors qu'elle venait de lui dire qu'elle était fière et heureuse de lui. Elle espérait, bien naïvement, que cela pouvait lui suffir et qu'il n'essaierait plus de se descendre, au moins pour aujourd'hui. Mais voilà qu'il recommençait, à se demander pourquoi elle pouvait bien être heureuse d'être avec lui. Comme quoi il n'était qu'un simple horloger bizarre qui ne supportait pas l'extérieur. Qu'il n'avait rien crée de toutes pièces, comme elle avec son établissement pour sauver des vies, mais que lui n'avait fait que récupérer une affaire. Amy ne sut quoi répondre. C'était peut-être la vérité, oui. Que la couturière était plus méritante à ce sujet. Mais si elle avait fait tout cela, c'était également pour rendre fier son mari, il n'était pas non plus innocent dans cette réussite. Il était celui qui poussait la jeune femme à toujours être meilleure que la veille, en tout cas autant qu'elle le pouvait. Sans lui, que serait-elle devenue ? Sans lui, aurait-elle pu avoir l'indépendance nécessaire pour créer toute cette affaire ? Absolument pas. Elle ne serait restée que tout ce qu'elle détestait, à savoir une mère au foyer couturière, qui n'aurait eu aucun autre intérêt que pondre et coudre; bien que la couture fut une passion pour elle. Se blottissant un peu plus contre Felix après que celui-ci l'ait regardé avec une moue coupable, Amy garda le silence. Elle préférait, ne sachant pas quoi dire sur le moment.

Quand il déclara qu'elle n'avait pas à aller voir Madelyne, que c'était ses actes qui méritaient conséquence et qu'il serait assez digne pour faire face à un procès, Amy eut envie de le secouer de toutes ces forces. Au final peut-être qu'il avait raison, comment faisait-il pour être aussi stupide ?! Elle resta immobile, se mordant la lèvre pour se retenir de dire quelque chose qu'elle aurait pu également regretter sous le coup de l'impulsion. Puis il prit sa main pour l'embrasser tout en annonçant qu'il n'y aurait aucun problème avec son contrat. Amy ne souhaitait pas ne pas avoir confiance en son mari, loin de là. Elle voulait vraiment pouvoir lui laisser tous ses problèmes entre ses mains, le laisser gérer son propre problème judiciaire et tous les problèmes qu'il avait pu potentiellement causé à Amy. Mais cette dernière voulait également être sûre qu'il n'en ressortirait rien de trop grave. Elle voulait qu'il gagne cette accusation, et que son contrat se maintienne, et bien qu'elle estimait son mari, la couturière songeait avoir plus de maîtrise en la matière. Elle possédait la preuve que le Directeur de Scotland Yard était inscrit à son bordel en incognito, et pouvait ainsi avoir élément de pression si jamais les choses tournaient mal. Madelyne était également sa meilleure amie, et son mari un très proche ami. Il lui suffirait d'apparaître et d'étaler ses cartes sur la table pour que tout se terminer rapidement et sûrement. Laisser son mari s'en occuper, c'était laisser au hasard une part de jeu dans l'histoire. Et cela la terrifiait intérieurement. Timidement, elle fit doucement:

- Pas... même une petite lettre à Maddie...?

Avant de reprendre un peu plus fièrement, agacée par ses paroles un peu plus tôt et ne parvenant plus à se contenir:

- Parce qu'en vérité, je te trouve un peu gonflée de vouloir assumer un potentiel procès, alors que tu as une famille à nourrir et une femme à la maison qui... qui ne pourrait plus vivre si jamais tu partais loin d'elle, même pour quelques jours... même si je pense que même sans mon intervention, elle n'ira pas aussi loin, parce qu'elle sait que tu es mon mari... mais j'ai peur quand même... cela pourrait tellement régler plus rapidement et plus facilement...

Elle répondit à son baiser, tout aussi amoureusement par deux fois, ne sachant trop quoi faire. Devait-elle juste se reposer pour la journée à la maison, vu qu'elle avait pris sa journée ? Ou accompagner son mari  ? Elle ne savait pas trop, toutes les révélations de la soirée avaient été forte, elle n'avait quasiment pas dormi de la nuit et faisait peur à voir. Elle serra très fort son mari contre elle et poussa un long bâillement par dessus son épaule:

- Bon... mais je vais te faire confiance... ne fais juste plus de bêtises, je veux que tu rentres à la maison ce soir, c'est ta mission, compris ?

La madame Adler se décala pour lui dire cette phrase, le regardant dans ses merveilleux yeux, son merveilleux visage. Elle perdait pied face à un tel regard, face à un tel visage. C'était pour cette raison qu'elle n'arrivait pas à décrire correctement son amour pour lui, les années passaient et elle avait l'impression qu'il ne vieillissait pas, qu'il gardait ce même magnétisme. Si puissant qu'elle avait l'impression que toute la ville tomberait pour lui en le regardant. Avec les années, elle avait compris être l'une des rares à ne pas être terrifié par l'apparence de Felix, et que cette beauté fatale qu'elle voyait était une monstruosité pour d'autres. Mais comme dire à son mari qu'elle l'aimait parce qu'elle le trouvait beau au delà de ce qui était possible pour un être humain, est-ce qu'elle ne serait pas perçu comme beaucoup trop superficielle, même si c'était la vérité ? Si elle préférait ne rien dire, est-ce que cela serait mieux ? Mais il lui fallait répondre à son interrogation du début, il s'était beaucoup trop descendu pour qu'elle le regarde juste se noyer.

- Tu sais... moi je t'aime, c'est pas tout ce dont tu as besoin ? Est-ce que c'est vraiment important de savoir pourquoi ou comment ? Moi c'est ce qui me plait, que tu sois différent des autres, c'est pour être digne de toi et te rendre fier que j'ai fait tout ça... tu as ta part de mérite dans mes actes...

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MessageSujet: Re: I am not Afraid - Felix & Amy [Fini] I am not Afraid - Felix & Amy [Fini] Icon_minitimeMar 13 Fév - 0:49



I Am Not Afraid

« Just let you know that, you're not alone »

Maison Adler, Lambeth, Juin 1891.

Felix tenait toujours son épouse dans ses bras, tout contre lui. Il commençait à se sentir plus calme, plus apaisé de toute cette situation. Étrangement, l’angoisse s’était endormie pour le moment, lui laissant quelques minutes de répit pour profiter de la présence d’Amy dont il caressait ses longs cheveux noirs d’un air pensif, son regard gris dans le vide. Puis, son aimée sembla éprouver quelques réticences au fait que Felix endure tout seul comme un grand en indiquant qu’une lettre destinée à Miss Errington serait la bienvenue. Il ne dit rien sur le moment et son épouse reprit la parole avec un ton quelque peu agacé. Elle commença à lui reprocher d’être un peu trop téméraire et d’assumer un peu trop ses actes, risquant la vie de sa famille alors que tout pouvait être réglé beaucoup plus facilement. L’horloger se renfrogna légèrement sur lui-même tandis qu’il répondait avec une certaine distance au baiser d’Amy. Il était perdu avec tout ceci, ayant l’impression qu’il n’avait, au final, pas tellement de volonté propre. De plus, il était suffisamment confiant pour savoir qu’il n’y aurait probablement pas de procès. Peut-être une lettre d’excuses et un dédommagement financier à l’égard de la future Lady mais rien qui requiert les services d’un avocat.

Il soupira doucement tandis qu’il écouta d’une oreille distraite Amy qui lui disait qu’elle allait bien gentiment lui accorder sa confiance. Elle lui demanda de ne pas déraper et d’être sage, de rentrer à la maison, comme s’il était un adolescent turbulent et instable. Froissé et surtout vexé, Felix ne répondit même pas à la question de son épouse. Il regardait le canapé, une moue boudeuse et contrariée sur ses lèvres. Cependant, il fut obligé de croiser le regard d’Amy et son visage se détendit légèrement. Elle parvenait à le faire céder si facilement qu’il s’en voulait parfois d’être aussi faible en face d’elle. Néanmoins, s’il continuait à se laisser marcher sur les pieds, il ne pourrait faire ses preuves aux yeux de tous. Il était certes Horloger Royal, il voulait avant tout être un père de famille convenable. Or, avec tout ceci, il n’avait pas l’impression que cela était vraiment le cas. Il s’énervait rapidement et violemment pour pas grand-chose, semblait prendre des risques inconsidérés devant les accusations contre lui, détruisait les affaires de son épouse. Quelque part, il avait envie de faire ses preuves. Qu’à bientôt trente-trois ans, il était capable de survivre tout seul dans la jungle londonienne sans mettre personne en danger.

Ainsi, il soupira de nouveau tandis qu’il écoutait Amy lui dire qu’elle l’aimait et que c’était pour le rendre fier qu’elle faisait tout ceci. Mais Felix n’était guère convaincu de tout ceci. À quoi bon vouloir être la fierté d’un homme qui ne pouvait pas assumer ses actes sans que son épouse vienne rediscuter derrière car cela n’allait pas ? Il avait parfois l’impression d’être un enfant, même aux yeux d’Amy et cela commençait à l’agacer. Toute sa vie, il avait été traité comme s’il était attardé et/ou demeuré. Toute sa vie, on lui avait répété qu’il était « différent ». Qu’est-ce que cela voulait dire de toute façon ? Qu’il n’était pas comme les autres ? Parce qu’il était justement trop stupide. Sa mâchoire se crispa doucement et il écarta doucement Amy de ses cuisses. Il n’était pas en colère contre elle, il était juste un peu agacé par à peu près tout. Pour une fois qu’il faisait preuve de bonne volonté quand il s’agissait de parler à des inconnus. Il se leva tout en essayant de se réchauffer les mains, regardant Amy, les sourcils légèrement froncés et sa bouche faisant toujours une petite moue contrariée.

— Tu sais, Amy, je suis assez grand pour savoir ce qui est bon pour la famille ou pas. Je n’ai pas eu l’impression d’être gonflé. Excuse-moi de vouloir répondre de mes actes sans que mon épouse vienne tout arranger derrière, comme si j’étais un enfant qui était encore aux balbutiements de ses premiers pas.

Il la regarda un instant, dans les yeux, avant de dire :

— Je sais que tu ne me fais pas confiance et que tu iras quand même chez Errington tout à l’heure. Que tu vas angoisser toute l’après-midi de peur que je dise quelque chose de travers à Downcry et que je ne fasse qu’aggraver les choses pour ton bordel, toi, nous.

Il soupira avant de baisser la tête. Il regarda ses pieds quelques instants et finit par dire d’une voix assez faible :

— Si pour toi, « différent » veut dire que j’ai besoin d’être assisté constamment… On me le dit sans arrêt que je suis différent. Je suis aussi assez grand pour le remarquer de moi-même, hein. Mais je ne veux pas être différent. Je ne veux pas être une sorte d’Harry qui cherche constamment à se démarquer. Au contraire, je ne veux pas me faire remarquer. Mais apparemment, c’est raté et j’ai donc besoin de quelqu’un qui vienne m’assister et me tenir la main pour éviter que je ne fasse n’importe quoi.

Il la regarda avec une certaine lassitude dans les yeux. Il n’y avait cependant aucune colère ni sur son visage, ni dans sa voix. Non, il était calme, étrangement d’ailleurs. Il soupira une nouvelle fois avant de commencer à retirer sa cravate en disant :

— Je vais prendre une douche, afin d’être présentable pour tout à l’heure.

Cependant, il ne bougea pas pendant quelques secondes avant de finalement prendre la direction de l’escalier, le moral assez bas. Tout ce qu’on lui répétait, il le savait déjà. Durant son enfance, on l’avait déjà affublé de bien des noms, pas forcément tous agréables et il avait appris par la force des choses qu’il n’était pas comme ces homologues humanoïdes et qu’il avait une façon de voir les choses différent de la leur. Cependant, Amy, faisait-elle partie des gens « normaux » ? Elle était pourtant la seule à le comprendre réellement et encore, elle le mettait pourtant dans la case du « tu n’es pas comme les autres Felix ». La tête un peu basse, toujours aussi vexé, l’horloger se rendit compte qu’il faisait des efforts monstrueux pour essayer d’entrer dans le moule alors qu’il ne pouvait pas ni physiquement, ni mentalement. Cependant, il s’arrêta au milieu des marches avant de lancer à l’intention d’Amy :

— Tu veux venir ?

Il culpabilisait un peu de la laisser dans le canapé une fois de plus. Et bien entendu il faisait référence à la douche, bien que cela paraissait une nouvelle fois un peu brusque. Mais à l’instant, il s’en moquait, il n’avait pas la force d’essayer.
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Amy est très douée dans son domaine, la couture. ⊹ Ressentais une profonde frustration envers son mari durant les cinq précédentes années, ce qui l'incitait à accepter plus facilement les avances d'autrui. ⊹ A des tendances névrosées et borderline. ⊹ Ne supporte pas/ou difficilement les enfants en bas âge. ⊹ Apprécie la compagnie de l'alcool et du tabac bon marché. ⊹ Est d'une grande immaturité. ⊹ Très facilement morte de jalousie en compagnie d'autres femmes. ⊹ Manque de confiance en elle-même et a souvent besoin qu'on la rassure sur son apparence. ⊹ Passe beaucoup trop de temps devant le miroir à peigner ses très longs cheveux noirs. ⊹ Femme de Felix J. Adler. ⊹ A ouvert récemment un bordel de luxe dans un vieil hôtel rénové de Whitechapel.
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MessageSujet: Re: I am not Afraid - Felix & Amy [Fini] I am not Afraid - Felix & Amy [Fini] Icon_minitimeMer 14 Fév - 16:04



I am not Afraid.

«The shadows are falling they’re falling, they’re falling around me»

Juin 1891

Amy respirait l'odeur reposante de son mari, le nez dans le creux de son cou et de sa douce peau. Mais à cet emplacement, elle ne pouvait être sourde des soupirs qu'il proférait par moment, presque après chacune de ses paroles. Comme si la couturière était incapable de trouver les mots justes pour lui parler. Ce qui était probablement le cas. Mais ce fut un déchirement pour elle que de le voir lentement repartir, l'écartant de ses cuisses pour pouvoir reprendre le contrôle de son corps. Il se leva, laissant sa pauvre sur le canapé, sans sa source de chaleur principale. Amy reprit alors les pans de sa couverture pour en rassurer la prise autour de ses épaules. Il n'y avait peu de choses à dire de plus; lorsqu'elle leva la tête pour le regarder, elle voyait bien ses sourcils froncés. Monsieur était encore en colère, ou tout au mieux, agacé. Cela suffisait à rendre Amy mal à l'aise, lui faisant baisser la tête vers le chocolat chaud dont aucun n'avait pris une gorgée malgré qu'il l'avait réchauffé. Mais elle n'avait ni faim ni soif. Encore et toujours, la jeune femme n'avait eu besoin que d'ouvrir la bouche et de dire ce qui lui tenait à coeur, ce qu'elle pensait, pour avoir mis le feu au poudre. De sa moue contrariée qu'elle finissait par bien trop connaître, Felix continuait de lui expliquer à quel point il n'en pouvait plus d'être un assisté. Amy resta parfaitement silencieuse, ne voyant pas le mal qu'il y avait à régler les problèmes le plus simplement possible, même si c'était par l'entremise de sa femme. Elle ne voyait qu'une fierté mal placée qui finirait par leur causer des gros problèmes. Il ne pouvait pas juste faire sonner la cloche de sa virilité et de son besoin d'indépendance juste maintenant, à l'heure où les choses devaient être réglé simplement.

Il déclara tout savoir de ce qu'elle allait faire, même penser. Amy se savait être quelqu'un de prévisible. Après tout, elle ne faisait pas un point d'honneur dans sa vie à être imprévisible. Mais que pouvait-elle bien dire, à part une nouvelle fois faire preuve de silence. Il avait raison. Elle aurait envoyé une lettre à Madelyne, afin de prendre de ses nouvelles et adoucir les fautes de son mari à son égard. Elle serait restée à la maison à coudre, ne pouvant que se passer en boucle comment cette conversation se serait passée. Car elle savait qu'il n'y avait pas que son propre contrat, ni même le possible procès de Felix. Andrew pourrait vouloir lui parler de cette révélation qui semblait s'être fait à eux. Et elle, à la fois au centre et très éloigné de tout ça, n'avait le droit que de rester dans son coin et laisser son mari faire les choses. Pour s'occuper les mains face à ces ultimes reproches, Amy prit la tasse de chocolat chaud entre ses mains, souhaitant se réchauffer à quelque chose, ne serait-ce qu'un simple objet. Il dégageait de toute façon plus de chaleur humaine que n'avait pu rendre la chaleur corporelle de Felix. Ce dernier continuait à se plaindre, à parler en rond. Si la jeune femme avait pu accepter ses excuses quant à son accès de colère au bordel, elle supportait vraiment mal cet accès de lassitude, se demandant si elle n'aurait pas préféré qu'il le crie tout en remuant le salon sans dessus dessous. Mais il se comparait à Harry, mettait à l'honneur son envie de rester tranquille et sans faire de vague, mais qu'il en était incapable. Et une nouvelle fois, Amy entendit qu'il voulait penser à sa place, ce qu'elle même voyait en son mari. Comme quoi être différent, c'était être assisté. Elle poussa un très lourd soupir durant le silence qui les sépara, ne voulant pas se battre là tout de suite à essayer de rabâcher les mêmes phrases. Il n'entendrait rien, et elle n'avait pas dormi de la nuit.

Quand il partit, déclarant qu'il devait prendre sa douche, Amy ne répondit rien. Elle n'avait pas à répondre. Elle n'avait pas non plus envie de répondre. Finalement, la couturière se dit que ce fut une erreur de prendre sa journée de repos. Car ce n'était pas du repos qu'un long silence sans intérêt, à se morfondre dans une pièce vide, avec un peu de travail personnel à arranger. Certainement allait-elle passer sa journée à nettoyer la cuisine pour s'occuper, ranger la chambre des enfants en leur absences ainsi que le salon. Cela serait au moins prendre cette journée à faire quelque chose de constructif, plutôt qu'à regarder la surface de sa tasse au chocolat. Elle en but d'ailleurs une gorgée pendant que son mari revint sur ses pas pour lui proposer de l'accompagner sous la douche. En autres situations, ou tout simplement il y a quelques minutes, Amy lui aurait sauter au cou pour le suivre avec joie et bonheur. Mais, chose exceptionnellement rare, elle n'en avait plus envie. Prenant une nouvelle gorgée de chocolat chaud, elle réprimanda un frisson:

- Non. Si je ne prends pas ma douche, je ne sortirais pas. Si je ne sors pas, je n'irais pas voir Miss Errington.

Tout était dit. Que pouvait-elle bien rajouter de plus. Ils avaient beau être en juin, son pauvre corps tremblait d'un froid insurmontable. Elle ne le connaissait que trop bien, ce sentiment empoisonné dans son coeur, la peur du fil au dessus du vide, cet impression que rien ne pourrait s'arranger et qu'ils vivaient en chute libre au milieu de l'aveugle obscurité. Pourquoi avait-elle tenté de faire des choses, pensant que tout allait bien à présent ? Elle aurait du simplement continuer à faire tourner son entreprise familiale. Bien que la présence de son bordel n'avait apparemment rien à voir avec tout cela, Amy soupçonnait le contraire. N'avait-elle pas elle-même gagné en assurance et en confiance avec cet établissement ? S'épanouissant dans une justice sociale, elle avait fini par prendre habitude à contrôler et à faire en sorte que tout se passe pour le mieux, et ce pour tout le monde. C'était une bonne chose pour elle, mais était-ce une bonne chose pour son couple ? Etait-ce bien mieux que lorsqu'elle se tordait d'effroi à l'idée même d'exister, sans réelle autre but dans sa vie qu'un jour réussir à se faire aimer par son mari ? Blottit contre sa tasse chaude, Amy se demandait quel équilibre elle pouvait trouver, entre tous ses enjeux qui la dépassait. C'était donc trop demander que de vouloir rester dans son petit monde, et à vouloir tout régler au plus vite dès que quelque chose dépasser du paradis ?
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MessageSujet: Re: I am not Afraid - Felix & Amy [Fini] I am not Afraid - Felix & Amy [Fini] Icon_minitimeJeu 15 Fév - 0:13



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« Just let you know that, you're not alone »

Maison Adler, Lambeth, Juin 1891.

Felix se sentit soudainement mal, dans son escalier. Il se rendit compte que depuis la veille, il n’était guère tendre avec son épouse, faisant comme une sorte de crise d’adolescence à retardement qui devait être particulièrement éprouvante pour Amy qui n’avait rien demandé. Lui qui espérait une réponse positive à sa question qui semblait pourtant sortir de n’importe où, il fut déçu quand elle préféra rester dans le canapé, ce qu’il pouvait comprendre quelque part. C’était même logique, au final. Il avait été exécrable, il était normal qu’elle refuse. Il soupira donc simplement et n’insista pas. Il monta les dernières marches et prit des vêtements propres dans leur chambre avant de se rendre dans la salle de bain afin de se nettoyer et de se réchauffer après cette nuit passée dans le parc. Après tout, il n’avait pas dormi depuis presque 48h et, même si ce n’était pas la première fois, la fatigue commençait à sérieusement lui jouer des tours, le rendant plus irritable et susceptible. Et la seule personne à en faire les frais, c’était la seule personne qui, au fond, l’aimait peut-être simplement et réellement pour ce qu’il était. Il savait pertinemment qu’il devait faire un effort, mais certaines blessures se ravivaient avec certaines tournures de phrases familières.

Tandis que l’eau chaude coulait sur son visage, il réfléchissait à là où il en était. Ses problèmes actuels, il se les était attirés tout seul. Il n’avait pas eu besoin d’Amy pour qu’on plainte contre lui. Ou plutôt, peut-être parce qu’elle n’était pas là, il avait dérapé. Contre-exemple : le jour où il avait osé frapper Bartholomew Collins, devant les yeux de la jeune couturière. Elle n’était pas parvenue à le ramener à la raison à temps, parce qu’il avait été assourdi par sa colère, renfermé sur lui-même, comme d’habitude, oubliant le monde autour de lui. Il savait qu’il devait mettre de l’eau dans son vin et il savait qu’il ne pourrait y arriver seul. D’ailleurs, il se posa la question de là où il en aurait été sans Amy. Sûrement vieux garçon, seul à vivre à l’étage de son atelier. Quelque part, il n’aurait eu aucun problème, mais il n’aurait pas eu de but dans sa vie. La jeune couturière lui avait offert l’opportunité d’avoir un sens dans son existence mécanisée, presque cachée de sa famille de Liverpool. Elle lui avait permis de créer un autre foyer, un endroit où la paix régnait ainsi que l’amour, même si cela avait mis quelques années à s’installer.

Il sortit de la baignoire et se regarda dans la glace. Il avait l’impression que ses cernes gagnaient du terrain de jour en jour. Peut-être que ses nuits auraient été plus longues et son sommeil moins agité s’il était dans son atelier ? Mais est-ce que vivre dans la solitude en valait-elle la peine ? Le sourire d’Amy quand il rentrait valait, après tout, tout l’or du monde. Il était heureux avec son épouse, mais il ne pouvait s’empêcher de mal réagir dès que quelque chose le contrariait. Surtout qu’il s’agissait de sujets que lesquels Felix ne pouvait lutter. Des problèmes sociaux qui impliquaient logiquement des gens, des inconnus, des êtres humains, des semblables. Des individus auxquels Felix n’aimait pas être confronté. Encore moins seul. Et il n’avait pas suffisamment « d’alliés » pour faire une crise indépendantiste si puérile. Pourtant, tandis qu’il était perdu dans ses pensées, il s’étala machinalement la mousse à raser sur son visage. Il se devait d’être parfait pour aller à Scotland Yard afin de faire bonne impression. Cependant, c’était quelque chose qu’il ne faisait pas non plus seul. Bien évidemment, avant de rencontrer Amy, il ne se souciait guère de son apparence et préférait enlever toute forme de pilosité. Mais maintenant qu'elle préférait une forme plus précise…

Il se regarda un instant, se sentant bien stupide. Ses cheveux noirs étaient plaqués sur son crâne, faisant ressortir quelque part ses yeux mais aussi la mousse qui lui faisait une sorte de barbe loufoque. De plus, la serviette autour de la hanche cachait pudiquement quelque chose qu'Amy avait pourtant vu et revu. Cependant, dans sa fierté qui l’animait depuis quelques jours, il voulut essayait de se raser précisément sans l'aide d'Amy. Les premiers coups de rasoir se passèrent sans problème, l'ayant déjà fait. Cependant, quand il fallut plus de dextérité du poignet, il ripa, échoua et se coupa. Un léger filet d sang apparu sur son menton, lui provoquant un soupir las. Il était désormais encore moins crédible, avec son visage plus que couvert de mousse que d'un côté. Agacé par lui-même, il finit par jeter le rasoir dans le lavabo et sortir de la salle de bain avant de descendre les escaliers bien que timidement. Il ne voulait pas contrarier son épouse davantage, c’était pourquoi il essayait de répéter des phrases pour l’adoucir mais, arriver à l’entrée du salon avec son apparence ridicule, il commença à bafouiller :

— D… dis… je… euh… Je voulais m’excuser pour tout à l’heure… J’ai réfléchi et tu as raison… Je ne peux pas faire certaines choses. Pas tout seul, j'en suis incapable, même si je le voulais. Regarde je me suis même coupé en me rasant.

Il rit nerveusement en essayant de faire de l'humour avant de se trouver parfaitement ridicule et de regarder ses pieds nus en soupirant. Rapidement, il se mit à se tordre les doigts, comme à son habitude quand il était nerveux. Un tic dont les occasions pour le remarquer ne manquaient pas à Amy. Il resta donc silencieux, comme un enfant qui attendrait de se faire gronder par sa mère après avoir fait une bêtise. Après tout, tout le monde lui disait qu'il était différent et il avait toujours pris ce commentaire aussi neutre que véridique comme une critique. Felix n’entrerait pas dans le moule et il ne le ferait jamais. Mais socialement, il était encore incapable de tirer son épingle du jeu. Et ce n’était peut-être pas plus mal, au final, de laisser un peu plus d’indépendance à son épouse. Il ne voulait pas passer pour un mari tortionnaire qui voulait avoir la main mise sur sa « propriété ».
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