Lucy & Felix/David ⊰ Le prix de la rue, et de générosité. [Fini] - Page 2



 
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Lucy & Felix/David ⊰ Le prix de la rue, et de générosité. [Fini]

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David P. A. Williams
David P. A. Williams

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Âge : 34
Emploi : Chirurgien.
Informations : Est né en Écosse. • Vient d'une famille de petits bourgeois. • Son père est pasteur. • A été abusé par sa mère pendant plusieurs années. • Santé fragile. • A passé quelques semaines à l'asile à cause de son homosexualité. • A un très fort caractère. • Arrogant parfois. • Se drogue. • Fume occasionnellement. • A tenté de suicider. • En a conservé les cicatrices sur son avant-bras. • A des marques de piqûre au niveau du coude.
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MessageSujet: Re: Lucy & Felix/David ⊰ Le prix de la rue, et de générosité. [Fini] Lucy & Felix/David ⊰ Le prix de la rue, et de générosité. [Fini] - Page 2 Icon_minitimeVen 28 Avr - 20:06



Le Prix de la Rue et de la Générosité.

« So Never Show Me Your Happiness. »

St Bartholomew's Hospital, 1891.

Felix s’était rapidement éclipsé après avoir donné l’argent aux deux femmes. Il voulait conserver une image aussi intacte que vraie pour sa fidélité à son épouse. Une fois qu’il vit la plus amochée acquiescer pour se rendre à l’hôpital, il fila sans demander son reste, passant ainsi le flambeau à David Williams, chirurgien compétent au caractère assez mal léché. Il n’était pas méchant pour autant mais il pouvait passez pour désagréable assez rapidement. Tout dépendait du type de caractère qu’il avait en face de lui et de comment se passer sa journée. En l’occurrence, elle n’était pas tellement bonne. Il avait pourtant vu Felix, qui était celui dont Amy, sa meilleure amie, avait pris le nom. Il aurait dû être réjoui de pouvoir lui redonner l’usage de son bras mais les relations avec l’horloger étaient tendues depuis un certain temps. Il rangea donc les affaires qu’il avait utilisées pour redonner à Felix l’usage de son bras, sans se soucier que ce dernier allait rallonger sa journée de façon indirecte. De toute façon, même s’il était déjà tard, il n’avait personne qui l’attendait chez lui. Il n’était pourtant plus tellement seul, après avoir rencontré ce vétérinaire, qui s’était fait mordre par son chien.

David regarda pensivement par la fenêtre de la chambre de fortune, dont les murs n’étaient que des rideaux blancs, et jeta un coup d’œil à la rue. Il aperçut alors l’horloger et sa chevelure sombre se faire aborder par deux femmes aux cheveux roux. Du moins, c’était la couleur qui ressortait sous les petites flammes de l’éclairage public. Felix semblait fidèle à lui-même : nerveux, mal à l’aise. Bien évidemment, David ne pouvait absolument pas entendre ce qu’ils se disaient. Il ne comprit pas non plus pourquoi il donna de l’argent à ses deux inconnues. Il fronça les sourcils. Vu leurs vêtements, elles semblaient sortir de Whitechapel. Le chirurgien supposa donc qu’elles étaient probablement des prostituées sûrement mal en point, vu qu’une chancelait dangereusement. Felix n’allait quand même pas louer leurs services…? L’horloger cachait globalement bien son jeu mais il savait qu’il n’était pas capable de faire quelque chose comme ceci. On pouvait l’accuser de bien des choses, mais David savait que rien ni personne ne ferait détourner son regard de son épouse. À part peut-être ses horloges, mais c’était une autre histoire. Il vit alors Felix partir dans la direction inverse des deux femmes qui semblaient se diriger vers l’entrée de l’hôpital.

David détourna le regard et réfléchit. Felix avait sûrement conseillé aux deux inconnues de venir chercher des soins ici. Peut-être même avait-il donné son nom. C’était fort possible, même s’il ne comprit toujours pas pourquoi il leur avait donné de l’argent. Il haussa les épaules. Si elles venaient jusqu’à lui, il n’aurait pas à se poser la question plus longtemps. Il finit de ranger ses affaires et descendit vers l’accueil du bâtiment. Peut-être qu’il pourrait intercepter les deux jeunes femmes quand elles se présenteraient. Elles n’auraient ainsi pas à vagabonder dans les couloirs et à subir le regard inquisiteur de tous ces bourgeois hautains. Cela les mettrait peut-être en confiance. Ces filles-là pouvaient être farouches et aussi bornées que les nobles qui se promenaient ici en quête de soins. Et malheureusement, David avait besoin qu’elles se montrent dociles pour mieux diagnostiquer leur mal. Si elles mentaient, il pouvait commettre des erreurs. Cela lui arrivait rarement, mais quand on lui cachait la vérité ainsi que la nature des blessures, il ne pouvait pas y faire grand-chose. Si les gens ne voulaient pas être soignés convenablement, c’était leur problème, pas le sien. Il se posa donc non loin de l’entrée, avec une vue sur le bureau du secrétaire qui s’endormait. Si elles mentionnaient son nom, il s’occuperait d’elles. Dans le cas inverse, il rentrerait chez lui.
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Lucy E. Wood
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MessageSujet: Re: Lucy & Felix/David ⊰ Le prix de la rue, et de générosité. [Fini] Lucy & Felix/David ⊰ Le prix de la rue, et de générosité. [Fini] - Page 2 Icon_minitimeMar 9 Mai - 15:23



Le prix de la rue, et de la générosité

St Bartholomew’s Hospital

Janvier 1891


Entrevoyant à présent l’espoir d’un minimum de soins, d’un bon repas et d’une nuit de sommeil, le peu des forces qu’il restait à Lucy commençait à s’évaporer. Pourtant aguerrie aux frimas de l’hiver, sa fatigue extrême faisait trembler ses membres sous le vent aigre. N’ayant plus rien à attendre de la générosité de l’homme qui les avait chacune gratifiées d’une somme inespérée pour de telles pauvresses, la fille de joie était pressée de le laisser vaquer à ses occupations et à sa famille de Londonien exemplaire. Aussi planta-elle un regard usé dans celui de sa cadette, qui se releva péniblement en s’aidant du bras que la prostituée lui avait présenté. Indianna remercia l’homme avec chaleur et reconnaissance, s’engageant à le rembourser un jour. Lucy ne prit pas le risque de faire une telle promesse. Elle se savait dans l’incapacité de pouvoir rembourser une telle somme un jour, et puis, elle n’était pas vraiment certaine d’en avoir envie. Elle préférait saisir cette chance incroyable qui survenait si rarement dans sa vie ponctuée de malheurs, et, même si elle reconnaissait à l’homme beaucoup de bonté, elle se doutait bien que, si il leur avait fait don aussi facilement de cet argent, cela signifiait qu’il ne lui ferait pas défaut outre mesure.

Ne s’encombrant donc pas trop de scrupules, elle se contenta de remercier l’homme encore une fois et de lui souhaiter le bonsoir, et commença à esquisser un mouvement léger pour prévenir son acolyte d’un soir, qui se soutenait à son bras, qu’il était temps de se diriger vers l’hôpital. Des petits pas fébriles suivirent la marche un peu trop hâtive de Lucy qui, pour un temps, avait oublié l’état dans lequel se trouvait Indianna.

- Oh excuse-moi, je ne veux pas que tu tombes encore.

La prostituée poussa la porte d’entrée et passa son bras autour de la taille de la jeune rousse pour la faire passer avant elle et ainsi qu’elle n’ait pas à tenir la porte, qui se referma avec un grondement sourd derrière elles deux. Lucy plissa les yeux. La lassitude, l’habitude de la nuit noire de Whitechapel, l’absence d’électricité chez elle ; elle avait si peu l’habitude de la lumière artificielle que l’éclairage blanchâtre et austère de l’hôpital l’aveuglait. Il s’agissait d’un immense bâtiment délabré, aux murs blanchis à la chaux, nus, sans décoration aucune. Quelques sièges sans âge étaient épars à gauche de l’entrée, faisant certainement office de salle d’attente. Il n’y avait pas âme qui vive dans ce hall d’entrée désolé, hormis une jeune femme au chignon soigneusement tiré, qui, les traits las, semblait peiner à se tenir alerte derrière son pupitre. Quelques pas derrière elle se trouvait un homme jeune, portant la blouse immaculée des docteurs en médecine. Ignorant à quoi ressemblait le docteur Williams dont leur avait parlé leur généreux bienfaiteur, Lucy préféra directement s’adresser à la jeune personne de l’accueil, qui ouvrit des yeux bleus et écarquillés devant le spectacle désolant qu’offraient ces deux jeunes rousses bras dessus bras dessous, débraillées, ensanglantées et en haillons. La prostituée ne laissa guère le temps à la femme blonde de se remettre de ses émotions et l’interpella vivement ;

- Bonsoir, nous venons pour le docteur Williams.

Quelque peu remise de ses émotions, la surprise l’ayant extirpée de l’engourdissement dans lequel son demi-sommeil l’avait plongé, la secrétaire en robe de taffetas gris souris un peu austère, une machine à écrire posée devant elle, durcit les traits de son visage, l’apparence des deux rousses l’ayant visiblement rendue soupçonneuse :

- Cela me semble compliqué. Le docteur Williams reçoit uniquement sur rendez-vous.

Fatiguée et exaspérée par cette employée trop zélée, Lucy était à deux doigts de répliquer avec humeur, lorsqu’elle se souvint que son impolitesse avait failli leur coûter l’aide de ce Monsieur Adler qui s’était montré serviable avec les deux jeunes filles. Aussi se ravisa-t-elle, et d’un ton placide dans lequel se trahissait néanmoins une certaine impatience, la prostituée répondit :

- Il nous a été recommandé par M. Adler, que nous connaissons et qui est un de ses amis.

Mais l’employée restait visiblement dubitative. Il est vrai qu’il n’y avait guère de chance qu’elle connaisse le nom d’Adler, les médecins ne lui dévoilant certainement pas toutes leurs relations amicales. Aussi, sans doute par une prudence exacerbée par la tenue de ces filles de mauvaise vie, et sans doute effrayée à l’idée de commettre une faute et de subir un sermon, elle répliqua à Lucy :

- Je regrette. Si vous n’avez pas rendez-vous et si vous ne connaissez pas le docteur Williams personnellement, il est impossible qu’il vous reçoive. De plus, j’imagine que vous n’avez pas de quoi payer.

Lucy commençait sérieusement à s’impatienter. De plus, le regard méprisant et réprobateur qui avait accompagné la dernière phrase de la jeune femme ne l’aidait pas à garder le contrôle de ses nerfs déjà sérieusement éprouvés cette nuit. Et puis, Indianna chancelait un peu plus à chaque instant, et Lucy ne pourrait pas la soutenir indéfiniment. Tapant du pied avec agacement, elle fourra sans pudeur sa main libre dans son corsage et en sortit l’argent offert tout à l’heure par le bourgeois londonien. Elle les posa brutalement sur le pupitre de la secrétaire bornée en lui lançant :

- Nous avons de quoi payer, malgré les apparences. On peut voir le docteur Williams maintenant ? Mon amie va vraiment mal.

Ce disant, elle jeta à la blonde un regard de défi, déterminée à ne pas se laisser intimider par cette employée de bureau qui prenait tant son poste au sérieux, et ayant hâte, aussi, de sortir de cet endroit sordide qui lui déplaisait profondément et d’aller se sustenter d’une soupe à l’oignon fumante et d’un morceau de pain bis dans la première taverne qu’elle trouverait en sortant.

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Indianna Peters
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MessageSujet: Re: Lucy & Felix/David ⊰ Le prix de la rue, et de générosité. [Fini] Lucy & Felix/David ⊰ Le prix de la rue, et de générosité. [Fini] - Page 2 Icon_minitimeMar 16 Mai - 15:11


Lucy, Felix & Indianna
Assez rapidement M. Adler laissa les deux jeunes femmes à leur propre sort. Pouvait-on réellement lui en vouloir ? Non, bien au contraire. Il avait déjà beaucoup fait, plus en un sens que ce qu'aurait espéré Indianna. Serrant entre des doigts tremblotant les quelques pièces, qui valaient de l'or, que l'homme lui avait offert. Elle s'accrocha à Lucy qui semblait chanceler elle aussi. Indianna se devait de se reprendre et rapidement. Sinon les quelques pas qui les mènerais jusqu'à l'intérieur et jusqu'au cabinet du docteur Williams seraient un véritable enfer. Si encore les deux ne s’effondraient pas entre-temps. Lucy s'écarta pour ouvrir la porte, Indianna prit sur elle pour franchir l'entrée de l'hôpital. Quel endroit sinistre et austère Indianna n'avait pas pour habitude de se balader dans le quartier, mais les rares fois où elle avait croisé du regard le bâtiment, il lui avait donné froid dans le dos. Entrée à l'intérieur, hormis l'aveuglement causé par cette lumière étrange, trop vive et blanche. Qu'était-ce donc ? De l’électricité ? Elle n'avait jamais eu l'occasion encore de rencontrer un éclairage qui marchait à l'aide de cette innovation révolutionnaire. Et sa première impression n'était pas des meilleurs. Aveuglée, elle manqua de se cogner contre une chaise, manquant de chanceler de nouveau alors, elle fut rassurée par le bras de la prostituée qui se posa sur ses hanches.

Les yeux de la jeune rousse avaient un mal fou à se faire à la lumière. Suivant presque aveuglément les pas de sa partenaire, elle s'appuya sur ce qui semblait être un comptoir. La voix de Lucy lui fit ouvrir un peu les yeux, elle semblait s'adresser à une autre personne qu'Indianna n'avait jusque-là pas remarquée. Sa blouse grisâtre lui donnait un côté autoritaire, si les circonstances avaient été différentes, Indianna aurait bien ri de ce petit chapeau coincé vers son chignon, d'un blanc immaculé. Mais la jeune fille se contenta de refermer les yeux, s'habituant doucement à la lumière. Se soutenant comme elle le pouvait, elle écouta les deux femmes discutées. L'inconnu ne voulait en aucun cas les aider cherchant prétexte pour les faire partir, mais Lucy s'agaçait. Commençant à la connaitre, elle pouvait comprendre au grain de sa voix qu'elle perdait patience. Indianna sursauta alors vivement. Lucy avait tapé du poing sur la table, ou du moins, c'était tout comme. Les quelques pièces qui traînaient sur le comptoir, les yeux ahuris de la femme, le regard surpris de la petite rousse. Elle s'écarta un peu de l'emprise de Lucy comme pour la laisser respirer aussi. Et puis maintenant elle avait le comptoir pour se soutenir. Son souffle encore rapide, Indianna plongea ses yeux clairs dans ceux de l'infirmière.

« Écouter, nous voulons simplement voir le docteur Williams. Nous avons de quoi payer le dérangement et si lui-même juge que nous dévirons partir alors nous quitterons ce lieu. »

La rousse fit une pause fatiguer de parler et de se concentrer, la lumière lui vrillant encore les rétines. Secouant le visage doucement, fermant ses yeux pour mieux les rouvrir, elle termina plus gentiment de s'adresser à la femme toujours droite derrière son pupitre.

« Prévenez-le au moins, s'il vous plaît. »

Un silence se fit alors. Il sembla durée une éternité pour Indianna qui eut le temps de faire le tour du hall d'entrée du regard. Un frisson la parcourut alors. L'endroit était encore plus effrayant à l’intérieur qu'à l'extérieur. L'odeur qui émanait du lieu était presque épouvantable et insoutenable, une odeur de mort, ou du moins, il semblait. Car la jeune femme n'avait jamais eu l'occasion de sentir cela et heureusement pour elle. Reposant son attention sur l'infirmière et réceptionniste qui se leva alors de sa chaise grinçante. Indianna tenta de se redresser également, une grimace sur le visage comme si elle avait un âge avancé et que tout son corps n'était que douleurs. L'infirmière d'un sourire aussi rapide que sa bonne volonté indiqua aux deux jeunes femmes de bien vouloir patienter un instant. Indianna prit alors la main de sa camarade du soir. Dans son observation, elle avait remarqué les chaises dernières elles. Bien que dans un état assez discutable, Indianna ne pouvait s'en plaindre. S'asseoir un instant même bref serait un aperçu de paradis au vu de la douleur qui parcourait son échine et cette envie de vomir qui l'avait prise depuis qu'elle était entrée ici. L'odeur l'avait pris au cœur et la vue du sang sur sa main lui donnait toujours autant la tête qui tournait. Mais la plus jeune rousse avait fait l'effort de franchir les quelques pas qui les séparait de la réception aux chaises sans le soutien de Lucy qui elle aussi était bien amoché. Elle avait simplement serré sa main dans la sienne en simple soutient de ses quelques pas colossales qui la mèneraient au bonheur de s'asseoir. À peine fit-elle poser, le visage bas comme pour se reposer et profiter de cette nouvelle position plus confortable ses yeux se posaient sur des chaussures qui s'étaient approchés. Relevant le regard, elle croisa le regard tout aussi clair que le sien d'un homme imposant. Il n'était pas si grand, mais sa carrure et son air droit lui donnaient une posture et une stature imposante. Un nouveau frisson parcourt la jeune rousse.

« Docteur Williams ? »

Demanda alors Indianna d'une petite voix impressionné.
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David P. A. Williams
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MessageSujet: Re: Lucy & Felix/David ⊰ Le prix de la rue, et de générosité. [Fini] Lucy & Felix/David ⊰ Le prix de la rue, et de générosité. [Fini] - Page 2 Icon_minitimeJeu 1 Juin - 13:19



Le Prix de la Rue et de la Générosité.

« So Never Show Me Your Happiness. »

St Bartholomew's Hospital, 1891.

David regarda les deux femmes à la réception, se tenant toujours à l’écart, dans l’ombre, malgré sa blouse blanche. La secrétaire était fidèle à elle-même : froide, désagréable, pimbêche. Parce qu’elle filtrait ceux et celles qui rentraient, elle avait l’impression de jouer un rôle important dans la hiérarchie de l’hôpital. Non pas que David trouvait son métier parfaitement inutile… mais presque. Il en fallait bien, se disait-il. Quoiqu’il en soit, il continua de regarder ce qu’il se disait. D’ailleurs, après que la jeune fille, qui était dans le meilleur état, ait dit qu’elles venaient pour le voir, la secrétaire décréta qu’il ne recevait que sur rendez-vous. Ah. Bon. David venait d’apprendre quelque chose sur lui-même. Mais qu’importe, la secrétaire était une nouvelle fois, fidèle à elle-même, ne voulant pas s’embêter avec deux femmes dans le besoin. Bien entendu, elle n’avait pas vu qu’il se trouvait dans son dos. Mais qu’importe, il se garda le silence et regarda la première rouquine poser l’argent de Felix sur le bureau. Les voix s’échauffèrent, le ton monta presque tandis que la secrétaire s’entêtait dans son mensonge. Il soupira et se dit qu’il était peut-être temps d’intervenir, regardant la deuxième jeune fille chanceler dangereusement sur place. Il s’avança un peu et posa sa main sur l’épaule de la secrétaire.

— Merci Mrs Grant, ça ira. J’ignorais que mes patients devaient me connaître personnellement et avoir un rendez-vous, mais c’est gentil de voir où sont vos priorités.

Il prit l’argent qui avait été déposé sur la table et le tendit à celle qui l’avait posé. Celle qui saignait s’était assise et avait prononcé son nom, comme pour confirmer son identité. Il lui lança un regard impassible et lui dit sur un ton très simple, presque froid :

— Tout juste. Suivez-moi maintenant, toutes les deux.

Il esquissa un bref sourire mais il était trop fatigué de sa journée pour essayer de prétendre d’être sympathique. Ajouté à cela un ras-le-bol complet de certaines choses dans sa vie personnelle… Il les conduisit un peu plus loin, dans une sorte de chambre de fortune dont les murs n’étaient que des draps blancs afin de protéger un minimum l’intimité des patients. Il aida la rousse mal en point à s’asseoir sur le lit et prit son bras pour commencer à l’ausculter. Il soupira doucement et grimaça légèrement. L’hygiène de ces pauvres femmes laissait à désirer mais c’était compréhensible. Si elles venaient de Whitechapel, elles n’évoluaient pas dans de bonnes conditions. Pendant qu’il regardait le bras de la jeune femme, il se tourna vers l’autre.

— Que s’est-il passé pour qu’elle saigne comme ça ? On dirait une chute mais… Cela semble plus complexe que cela. Vous allez bien vous ?

Il posa alors un masque sur sa bouche et son nez avant de prendre un coton qu’il humidifia pour nettoyer doucement la plaie de sa patiente principale. Il tamponna doucement, retirant le sang qui avait déjà un peu séché. La blessure n’était pas encore assez propre pour laisser coaguler. Il changea de coton et continua son travail, le regard braqué sur ce qu’il faisait. Ses mains ne tremblaient absolument pas, essayant de voir s’il n’y avait pas des saletés comme des petits graviers qui s’étaient glissés sous la peau. Il prit alors une petite pince et retira les corps étrangers qu’il pouvait voir. Une fois que la plaie fut d’une propreté exemplaire, il regarda la blessée et lui dit :

— Il faudrait désinfecter. Cela risque de piquer un peu mais c’est obligatoire. Voulez-vous un peu de laudanum, en guise d’antidouleur ?

Se disant qu’elle n’avait sûrement pas les moyens de s’en offrir, elle devait aussi ignorer ce que c’était :

— C’est fait à partir d’opium et un peu d’alcool. Cela vous rend un peu groggy mais atténue la douleur.

David ne précisa pas les effets secondaires qui pouvaient être l’addiction pure et dure, dont il était l’exemple parfait. Mais il se dit que c’était une consommation sur le long terme qui pouvait entraîner la dépendance. Ce n’était pas la première fois qu’il en donnait et personne ne lui en a jamais redemandé, même si c’était un médicament parfaitement légal.
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Lucy E. Wood
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MessageSujet: Re: Lucy & Felix/David ⊰ Le prix de la rue, et de générosité. [Fini] Lucy & Felix/David ⊰ Le prix de la rue, et de générosité. [Fini] - Page 2 Icon_minitimeLun 5 Juin - 14:26



Le prix de la rue, et de la générosité

« St Bartholomew’s Hospital»

1891

Il ne faisait aucun doute qu’Indianna maîtrisait la diplomatie bien mieux que Lucy, que les échanges verbaux stériles avaient tendance à exaspérer assez vite.  Le petit despote sans pouvoir qui s’acharnait à leur refuser l’accès aux soins malgré la jolie somme d’argent dont elles disposaient commençait sérieusement à énerver Lucy, dont les nerfs avaient été déjà éprouvés plus que de raison au cours de la nuit. Une perte de temps aussi stupide alors que son acolyte était au bord de l’évanouissement semblait tellement absurde que c’en était rageant. Heureusement, elle eut assez de forces pour appuyer la requête de la prostituée, la faiblesse de son état transformant ses paroles presque en supplications. C’est sans doute cette fragilité dans la voix, ce ton implorant qui devait flatter l’égo de la secrétaire narcissique, qui la décida à enfin lever son séant de son siège dans le but d’informer le Docteur Williams de la présence de deux rousses débraillées et mal en point qui le réclamait. Ayant réglé le problème avec bien plus de brio que la sauvage Lucy, Indy, qui semblait y avoir puisé ses dernières forces, jeta un regard éperdu aux sièges qui se trouvaient derrière elle. Agrippant la main de la fille de joie, elle traversa péniblement les quelques mètres qui les séparaient des chaises salvatrices. Lorsqu’elle fut assise, son visage exprima avec une limpide clarté un soulagement sans nom, qui fut néanmoins de courte durée.

L’homme en blouse blanche qui se tenait au fond de la pièce s’approcha, et dans un ton où se mêlaient fermeté et sarcasme, il réprimanda la réceptionniste bornée de son zèle nauséabond. Lucy ressentit une étrange sensation de jubilation devant ce petit roquet méprisant reprise à l’ordre dans l’exercice de ses petites fonctions subalternes dont elle surestimait l’importance. Peu coutumière de ce genre de sadisme, elle qui exécrait la méchanceté, la fille de joie en fut surprise, mais accusa sa fatigue ainsi que toute la tension accumulée. Le médecin s’approcha ensuite des deux pauvresses, rendant à Lucy l’argent qu’elle avait violemment posé sur le comptoir, et répondit à l’affirmative à la question qu’avait posé Indianna. Il s’agissait donc bien du Docteur Williams. Lucy fut soulagée de l’avancée de la situation qui semblait inextricable quelques instants auparavant, et reprit vivement l’argent en le remerciant et sans demander son reste. Si elle pouvait conserver une telle somme dans le but de se sustenter, elle n’allait guère s’en faire prier.

L’homme leur demanda de les suivre, d’un ton ou la placidité pouvait presque sembler glaciale. Au son de sa voix et à sa mine résignée, on pouvait supposer que le Docteur Williams avait également eu à subir une journée exécrable. Les deux femmes le suivirent donc sans mot dire, Lucy soutenant toujours Indianna dont le visage, qui était devenu extraordinairement pâle, contrastait d’une manière effrayante avec le sang qui s’échappait de la plaie de son coude pour maculer sa jupe. Il les mena dans une petite chambre tirée de draps blancs, et porta secours à la plus jeune, qui était aussi la plus mal en point, afin de l’installer sur le lit qui représentait presque à lui seul le mobilier de cette pièce. Lucy le regardait avec intérêt et curiosité s’emparer du bras blanc de son acolyte et en examiner la plaie. Après avoir laissé échapper un soupir et une grimace devant l’état de la blessure, dont la propreté était certainement douteuse, la faute aux pavés crasseux de Whitechapel, il se retourna vers la prostituée en l’interrogeant :

— Que s’est-il passé pour qu’elle saigne comme ça ? On dirait une chute mais… Cela semble plus complexe que cela. Vous allez bien vous ?

Lucy en aurait presque oublié sa propre blessure, dont le sang ne coulait plus. Elle porta la main à son front, et y sentit du sang déjà coagulé, mêlé à ses cheveux. Les évènements lui avaient temporairement fait oublier sa douleur, qui était certes moins vive mais lancinante malgré tout. D’un geste négligent de la main, elle lui fit signe que ce n’était pas grand-chose, avant de lui répondre :

- Elle m’a secouru en s’en prenant à un type violent, et son coude a heurté un pavé en tombant. Mais je crois que c’est la vue du sang qui la rend si malade. Moi ça va, ça fait un peu mal mais je ne saigne plus.

Lucy eut à peine le temps de finir sa phrase qu’elle regarda, complètement hébétée, le médecin poser une sorte de masque sur le visage d’Indianna. La fille de joie n’ayant jamais fréquenté les hôpitaux regardait avec étonnement cet attirail saugrenu. Puis il s’approcha avec un coton qu’il appliqua sur la plaie, s’attelant à en ôter les corps étrangers et à nettoyer le sang séché qui avait maculé le bras de la jeune rousse. Les débris superficiels couvrant l’épiderme étant nettoyés, l’homme s’empara d’une pince et s’approcha de la blessure. Lucy réprima une grimace devant un instrument aussi aiguisé. Inutile d’effrayer plus que de raison la principale intéressée.

Aux petits soins et d’un professionnalisme exemplaire pour deux patientes misérables qui n’avaient encore rien payé, le Docteur Williams informa Indianna qu’il se trouvait contraint à la désinfection de la plaie, qui pouvait se montrer douloureuse. Aussi lui proposait-il un antidouleur, à base d’opium et d’alcool. Une sorte de drogue légale en somme. Peut-être Lucy n’aurait-elle pas accepté ce genre de traitement qui faisait perdre sa maîtrise de soi mais il ne s’agissait ni d’elle, ni de la douleur potentielle qu’elle pourrait s’apprêter à affronter. Aussi d’un geste qui se voulait bienveillant, elle posa sa main sur le bras valide de sa compagne d’un soir, et lui dit d’un ton apaisant :

- Tu préfères quoi ? Ca va tu n’as pas eu trop mal jusqu’ici ?

Lucy n’était guère habile pour réconforter les gens, et avait parfaitement conscience de la stupidité et de l’inutilité de ses paroles. La jeune fille était tout à fait à même de savoir si elle préférait se voir administrer un antidouleur ou non, et la dernière question de la prostituée ne changeait rien à la souffrance qu’elle avait ou non pu endurer.

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Indianna Peters
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MessageSujet: Re: Lucy & Felix/David ⊰ Le prix de la rue, et de générosité. [Fini] Lucy & Felix/David ⊰ Le prix de la rue, et de générosité. [Fini] - Page 2 Icon_minitimeSam 24 Juin - 13:04


Lucy, Felix & Indianna
Son visage se relava, croisant le sourire rapide du médecin alors. Elle se releva avec difficulté, mais Lucy comme toujours depuis qu'elle lui avait porté secours plutôt à peine était venu à son secours. Suivant l'homme sans vraiment savoir où elle allait suivant juste les pas de sa camarade de la nuit. Indianna se retrouva rapidement assise, puis couchée, sur un lit. Son regard porta sur le plafond en premier, blanc, ou du moins, il devait l'être. Crasseux, où vieux, elle ne savait pas trop. La lumière peut-être qui donnait cet aspect-là, elle ne savait pas. Son visage tourna alors que le médecin les questionna sur les événements passés. Il était vrai qu'elle n'était pas la seule blessée et la blessure de Lucy était surement plus sérieuse que celle de la pauvre Indy. Mais le sang, ça vu, son odeur si particulière la rendait si malade. C'était réellement la première fois qu'elle y était confrontée. Des petites coupures, elle en avait déjà eu, mais pas comme ça, non pas de cette façon. Cet afflux de sang, cette odeur qui monte aux narines et qui enivre votre cerveau. Le shootant tellement cette odeur est déplaisante. Tournant son visage vers l'autre rousse, elle voulut contester, dire qu'il était plus important de voir la blessure de Lucy avant la sienne. Elle était au visage, au crâne même, c'était plus important qu'un bras après tout. Mais son cerveau semblait ne plus marché comme il faut, et même si ses pensées se bousculaient, s'agitait, son corps était comme mort. Retournant son visage vers l'homme, qui avait enfiler un masque pour se protéger de leur mal. Ses yeux à demi-clos. À demi-consciente, luttant pour ne pas sombrer totalement, refusant de céder. Indianna écoutait avec attention ce qui se passait autour.

On s'adressa de nouveau à elle, Opium... Le regard d'Indianna s'ouvrir plus en grand alors. Elle était jeune et un peu naïve, mais elle connaissait cela, de nom. Une drogue, elle s'y refusait. Elle ne voulait pas de cela, quand elle voyait certaines filles du bordel... Elle ne pouvait pas imaginer une seule seconde devenir comme elle. Une loque dépendante. Obliger à vendre ses charmes pour juste un peu de drogue, même pas pour manger. Du peu de force dont elle disposait, elle tenta de faire non de la tête. Refusant tout traitement. Quitte à avoir mal, aucun souci, elle supporterait la douleur, elle serrerait des dents, elle hurlerait, qu'importe, tout sauf de la drogue. Alors quelque chose de plus fort... D'addictif... Hors de question. La main du Lucy sur son autre bras était rassurante, cela l'apaisait et c'était vraiment gentil de sa part. Indy ferma les yeux comme prête à accuser le coup alors.

« Je supporterais. Mais Lucy... »

Elle n'eut pas réellement le temps d'en dire plus. Une grimace déforma son visage. Sa tête tournant de nouveau. Elle voyait trouble le docteur, tournant son visage alors vers Lucy elle crut sombrer. Fermant les yeux, elle inspira profondément. Serrant la mâchoire, au moins la douleur la réveillerait de cet état d'inconscience consciente, qu'elle ne supportait plus. Ouvrant de nouveau les yeux, un regard emplit de flamme vers l'homme, le défiant presque. Elle avala sa salive serra sa mâchoire et attendit qu'il se décide. Elle ignorait quelle sensation, quel degré de douleur cela lui procurerait, mais elle était prête aussi prête que possible. Peut-être allait-elle s'évanouir de douleur, peut-être qu'elle allait la supporter, elle ignorait bien des choses à cet instant. Mais elle était sûre qu'elle voulait en finir et que Lucy, enfin, soit également secourue par le médecin.
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PS :: désoler c'est pas génial, mais je voulais pas agir à vos place et je savait pa strop quoi dire du coup...
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MessageSujet: Re: Lucy & Felix/David ⊰ Le prix de la rue, et de générosité. [Fini] Lucy & Felix/David ⊰ Le prix de la rue, et de générosité. [Fini] - Page 2 Icon_minitimeDim 25 Juin - 13:18



Le Prix de la Rue et de la Générosité.

« So Never Show Me Your Happiness. »

St Bartholomew's Hospital, 1891.

David écouta silencieusement ce que la plus âgée avait à dire. Il ne dit rien. Après tout, que pouvait-il dire ? Les gens violents dans Whitechapel étaient légions. Peut-être qu’il y en avait même plus que d’honnêtes citoyens, rien qu’en voyant la taille de la bande à Fergus. Il soupira doucement, soupir qui aurait pu passer pour de la lassitude auprès des deux pauvresses. C’était d’ailleurs un peu le cas. Il était fréquent qu’ils aient à faire des autopsies de femmes défigurées, le crâne explosé par une brute qui n’avait pas su réfréner ses pulsions barbares. Il repensa alors à un détail qui lui faisait penser qu’il n’était pas vierge de toutes critiques à ce sujet-là. Son regard se perdit un instant, se perdant dans des pensées sombres et introspectives. Il n’avait pas tellement le droit de juger qui que ce soit et surtout pas du malheur de ces pauvres femmes. La situation était telle que même les forces de l’ordre ne pouvaient rien faire. Ou ne voulaient rien faire. Il ne savait pas quelle influence avait Fergus sur Whitechapel mais ce quartier empirait. Londres en général, avec la menace constante de Jack l’Éventreur qui planait de façon complètement aléatoire, sûrement en fonction de l’humeur du meurtrier…

La voix de la plus âgée le tira de ses pensées et il se reconcentra rapidement sur sa patiente. Il n’aimait pas ces moments d’absences qui lui arrivaient plus ou moins fréquemment. Il regarda donc la jeune femme allongée sur le lit, attendant sa réponse concernant le laudanum. Il arqua un sourcil quand elle répondit négativement. C’était son choix. Il devrait recoudre sa plaie sans qu’elle soit anesthésiée, il espérait juste qu’elle ne se débatte pas durant l’opération. Il haussa alors les épaules et s’empara de la bouteille d’alcool pur pour désinfecter. Il estompa doucement un coton sur le goulot de la petite fiole qu’il renversait rapidement pour que le tissu s’imbibe légèrement sans être noyé. David avait un geste vif et précis, presque mécanique, sachant parfaitement ce qu’il faisait et en pleine connaissance de ses capacités. Avant qu’il ne commence, la plus jeune essaye de reporter son attention sur l’autre fille, une dénommée Lucy, apparemment. David se tourna vers elle, la regarda un instant. Il avait bien vu qu’elle saignait à la tête mais cela ne semblait pas si grave que cela puisqu’elle tenait très bien sur ses jambes. Si elle avait eu un traumatisme quelconque, elle n’aurait jamais pu arriver à l’hôpital dans un si bon état.

— Lucy n’est pas sur le point de tourner de l’œil. Si elle ne se sent pas bien, elle peut toujours s’asseoir sur le pied du lit ou même sur le fauteuil. Après, si vous tenez absolument à ce que je ne m’occupe pas de votre bras, c’est votre choix. Mais mon métier, c’est de soigner des gens. Donc je fais par ordre de priorité. J’ai beau avoir enlevé les corps étrangers de votre plaie, cela n’a en rien tué les poussières qui ont pu y rentrer. Et, excusez-moi, mais je doute que vous ayez une hygiène irréprochable, ce qui accélère le processus d’infection. Et donc de possible gangrène, même après avoir « soigné » la plaie.

Bien sûr, ce n’était pas totalement vrai. Elle ne pouvait pas se mettre à pourrir en quelques heures mais il voulait être bien clair sur les risques qu’elle courait à laisser traîner une blessure. Sans plus attendre, il posa le coton sur la plaie sur laquelle il tamponna doucement. Il se moqua bien de savoir si ça lui piquait ou la brûler, ou pas. Il lui avait proposé un anesthésiant qu’elle avait refusé, il n’allait pas s’y opposer. Cela restait son choix. Il sortit alors d’un petit meuble un fil et une aiguille. Il regarda sa patiente. Et dit d’un ton plat et complètement indifférent :

— Je vais devoir recoudre, je vous suggère de regarder ailleurs.

Il se tourna vers ladite Lucy et lui montra une bassine d’eau posée sur le meuble.

— Quant à vous, vous pouvez vous rincer avec ceci en attendant, je m’occuperai de vous après.

Il passa l’aiguille au-dessus d’une flamme d’une lampe non loin, attendant qu’elle soit suffisamment chaude pour brûler les possibles saletés dessus. Il regarda le feu avec un air pensif et la retira au bout de quelques dizaines de secondes. Il la garda en main et se tourna vers celle dans le lit.

— En attendant qu’elle refroidisse un peu, quels sont vos noms – complets, à toutes les deux ?
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MessageSujet: Re: Lucy & Felix/David ⊰ Le prix de la rue, et de générosité. [Fini] Lucy & Felix/David ⊰ Le prix de la rue, et de générosité. [Fini] - Page 2 Icon_minitimeLun 24 Juil - 9:46



Le prix de la rue, et de la générosité

« St Bartholomew’s Hospital »

1891

D’où sortait donc cette adolescente qui semblait être tombée du ciel au moment opportun ? Au seuil de l’évanouissement, devant le cruel dilemme qu’on lui imposait –se droguer ou affronter hardiment une douleur inconnue-, la jeune rousse se souciait encore de Lucy, debout sur ses deux jambes, la plaie déjà coagulée. A dire vrai, une migraine commençait à poindre insidieusement sous son front, menaçant de terrasser violemment le peu de forces qu’il restait à le prostituée exténuée, secouée et affamée. Seule l’adrénaline due au choc émotionnel encore récent lui permettait de tenir encore, éveillée et alerte,  mais nul doute que succèderait à cet état de nerfs un lourd abattement qui la plongerait dans un sommeil sans rêves pour de longues heures. Ces mésaventures lui avaient donné très faim, et son dernier repas, qui avait été bien frugal, lui paraissait atrocement lointain.

Afin d’éviter de perdre pied, Lucy se concentra sur le médecin, sur le visage duquel une moue légèrement sceptique, presque désapprobatrice, se dessina devant la ferme décision d’Indianna de supporter les soins sans anesthésiant, antidouleur ou quelconque drogue que ce soit. Peut-être jugeait-il cette bravade comme de l’inconscience, peut-être ne s’attendait-il pas à voir un tel courage chez une fille si jeune, ou peut-être simplement que ses patients ne laissaient en règle générale jamais passer l’occasion de voir leurs souffrances s’atténuer. Ou bien peut-être lui reprochait-il son surplus d’empathie, car il lui expliqua assez fermement que le cas de la prostituée était bien moins urgent que le sien, et que c’était d’elle-même qu’elle devait se préoccuper. La tirade s’accompagna d’une réflexion du médecin plutôt déplacée sur la prétendue hygiène douteuse de l’adolescente, qui paraissait pourtant très propre. Il était indéniable, à sa chevelure démêlée, à ses habits de toile pauvre mais en bon état, à l’absence d’odeur corporelle agressive, que la jeune fille avait un toit sur la tête et de l’eau à disposition. Quant à Lucy, elle se faisait violence pour s’imposer un minimum de toilette quotidienne. Tâche plutôt ardue que de s’imbiber de l’eau froide de la petite cuvette de sa chambre en plein hiver, mais la prostituée ne tenait pas à négliger son outil de travail. C’est son corps qui lui permettait de survivre, elle ne pouvait donc risquer de l’abandonner à la crasse et à la puanteur.

Mais il était plutôt logique qu’un docteur, donc bourgeois londonien, tirent des conclusions si hâtives en voyant les deux énergumènes ainsi débraillées débarquer ainsi dans son hôpital. Comment aurait-il pu deviner que leur saleté provenait uniquement de leur rixe ? Car Lucy s’était bel et bien débarbouillée avant de sortir débuter sa nuit de labeur et rencontrer l’imbécile d’ivrogne qui était la cause de leur présence dans ce lieu froide et sordide. Mais sans doute le médecin avait-il exagéré la prétendue saleté d’Indianna dans le but de l’effrayer en lui parlant d’une potentielle infection. Ainsi, elle cesserait peut-être enfin de songer à Lucy et à son égratignure crânienne, et finirait par s’abandonner docilement aux soins médicaux qui lui étaient gracieusement offerts. Puis, l’homme s’approcha de la plaie de la cadette, y appliquant le morceau de coton qu’il avait au préalable imbibé d’une solution désinfectante. Lucy réprima une grimace. Elle n’avait jamais reçu ce genre de soins, mais son instinct lui disait que ce devait être douloureux. Le liquide sentait fort et ses effluves lui brûlaient les narines. Qu’en devait-il être pour Indianna, dont la plaie ouverte était en contact direct avec la solution alcoolisée ?

Mais le pire était à venir. Lorsque l’homme sortit d’un air calme ce qui ressemblait plus à un nécessaire de couture qu’à un attirail médicinal, et qu’il expliqua d’un ton toujours aussi placide qu’il allait s’en servir pour recoudre les chairs de l’adolescente, Lucy déglutit avec peine ; Indianna resterait-elle persuadée que la douleur valait mieux qu’une solution anesthésiante ? La prostituée se demandait même si, sous la menace de l’aiguille, elle n’aurait pas cédé aux doux appels de la drogue. La fille de joie fit néanmoins son possible pour masquer son appréhension et ne pas effrayer sa jeune sauveuse plus que de raison, et le regard du docteur se tournant vers elle l’y aida. Il lui conseillait de débuter ses soins seule en rinçant sa blessure à l’aide de la bassine d’eau posée non loin d’elle. Lorsqu’elle vit le docteur se détourner ensuite d’elle pour chauffer l’extrémité de l’aiguille qui allait recoudre la plaie d’Indianna sur une flamme, Lucy, affamée, exténuée, secouée, se sentit sur le point de défaillir. Elle préféra donc poser son regard sur la bassine d’eau froide, et, d’un mouvement précautionneux, ses deux mains réunies en forme de coupe, elle s’en versa un grand jet sur le front, inondant son visage tout entier.

La fraîcheur de l’eau lui remit les idées en place. Elle se sentit soudain mieux, mais préféra, par précaution, garder les yeux hors d’atteinte de l’aiguille, du fil, de la flamme et du médecin. Mais l’homme, soudain, voulant sans doute meubler le silence, leur demanda leurs noms. Pour la silencieuse Lucy, qui ne se sentait pas le besoin de faire la conversation, elle se serait contentée de trouver cette requête inutile s’il n’avait pas précisé qu’il souhaitait les connaître dans leur intégralité. La méfiance extrême que la fille de joie avait développé au cœur de la rue, en exerçant une profession illégale, traquée des agents de la Reine, se réveilla dans un sursaut. Il fallait bien que cet altruisme gratuit ait un prix. Toute cette sollicitude était bien trop belle pour ne pas avoir de contrepartie.

Virevoltant soudainement, pour faire face au médecin, et pour devancer Indianna qui, dans un état pareil, pouvait dangereusement dévoiler son nom à celui qui pourrait les dénoncer et les empêcher de sortir de son hôpital avant l’arrivée d’une patrouille de police, Lucy répondit d’un ton froid, presque agressif :

- Moi c’est Lucy, elle Indianna. Pourquoi savoir nos noms ?

La fille de joie étant certaine que sa cadette était également une prostituée, elle ne s’imaginait que trop aisément le danger qu’elles couraient toutes deux si une d’elles se montrait trop bavarde envers ce médecin qu’elles connaissaient depuis une dizaine de minutes. Elle jeta donc un regard inquiet à Indianna, espérant qu’elle comprendrait qu’il ne fallait pas parler, et que, malgré l’apparente bonté de l’homme, on ne pouvait pas s’accorder le luxe de la confiance.

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Indianna Peters
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Informations : Se pense orpheline ➸ Es servante pour Miss Bolton au bordel depuis toujours ➸ Est en réalité la fille illégitime de M. Harrington. Mais ignore tout, évidement ➸ Est sous la protection de Miss Bolton pour une obscure raison, mais la considère comme une mère. Même si cette amour n'est pas réellement réciproque ➸ Travail très dure chaque jour, mais ne s'en plein jamais ➸ Ne sais pas lire mais tente d'apprendre seule ➸ Parle assez peu, mais écoute beaucoup ➸ Peu avoir un tempérament de feu. Pourtant la plupart du temps elle sera douce, agréable et serviable ➸ Malgré son corps de femme c'est une enfant qui à grandi trop vite ➸ Son plus grand plaisir, courrir dans les champs sous la pluie. Ce sentir libre et sans attache ➸ Est "amoureuse" d'un homme qu'elle ne connais pas an réalité ➸ Dessine parfois le soir à la lumière d'une bougie, quand Morphée lui refuse ses bras.
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MessageSujet: Re: Lucy & Felix/David ⊰ Le prix de la rue, et de générosité. [Fini] Lucy & Felix/David ⊰ Le prix de la rue, et de générosité. [Fini] - Page 2 Icon_minitimeDim 6 Aoû - 16:32


Lucy, Felix/David & Indianna
Indianna avait toujours eu cette sale habitude de se préoccuper des autres avant elle. Elle avait toujours été ainsi . Sa vie, loin d'être trépidante au bordel Bolton, lui avait toujours donné comme une raison supplémentaire de se préoccuper des autres plus que d'elle-même. Car oui, sa vie était morose, et mécanique. Elle se levait avec le soleil, voir avant en été, se débarbouillait et prenait le temps de manger un bout de pain avec un peu de lait quand il y en avait, puis elle se mettait à la tâche jusqu'au soir. S'arrêtant de frotter pour faire le repas du midi quand il n'était pas déjà fait la veille. Le soir, une fois le gros des filles au travail dans la maisonnée, elle restait dans sa modeste mais agréable chambre, dessinant essayant de lire ou simplement rêvant assise sur le rebord de sa fenêtre. Son regard se perdant sur les toits du quartier. Elle dormait le plus souvent assez peu, depuis toujours. Alors oui quand l'occasion de casser sa routine se présentait elle n'hésitait que très rarement. Elle se tue un regard presque terrifié vers le docteur, son masque toujours sr le nez. Il parlait d'infection, elle avait déjà eu l'occasion lors de promenades nocturnes surtout de voir des gens malade, atteint d'infection, elle refusait cela. De gestes vifs de la tête, bien que peu amble au vu de son état, elle acquiesça à une question inexistante et pourtant suggérer. Elle cesserait de vouloir qu'il s'occupe de Lucy et accepterait son sors alors. Son regard à moitié clos accompagnant le coton imbiber d'un liquide odorant jusqu’à sa plaie, elle grimaça. Serra des dents, cela été vivent douloureux, cela brûlait, piquait, mais la douleur devenue assez rapidement presque inexistante, comme trop importante, son corps semblait essayer d'en faire abstraction. Serrant de sa main libre les draps du lit, elle accepta sans un mot le sors qu'elle s'était donc choisi. Essayant de penser à autre chose, elle releva seulement les mots douteux sur son hygiène du médecin. Ses pensées vaguèrent un instant sur son rituel de toilette quotidienne, bien que sommaire elle restait correcte. Du moins, elle se l'imaginait, elle n'avait pas la chance d'avoir de bain à sa disposition pour s'y tremper totalement.

L'homme sortit alors une aiguille. Les yeux de la plus jeune rousse devenus alors ronds. Fuir maintenant . Et laisser son bras pourrir, elle y pensa une fraction de seconde. Elle n'avait jamais aimé cela, les aiguilles. Mais elle ne bougea pas, il fallait qu'il la recouse et elle avait précédemment accepté qu'il la soigne sans anesthésiant, elle refusait d'ailleurs toujours ce dernier point. Elle allait avoir mal, mais elle ne devait pas bouger, non, elle ne devait pas y penser ou cela serait pire encore. L'homme demanda à Lucy de se rincer, comme pour qu'elle détourne elle aussi le regard. Indianna suivait du regard alors l'évolution de l'aiguille. Le médecin était précautionneux, il la chauffait au-dessus d'une flamme. Malgré la panique qui gagnait son cœur qui battait la chamade, elle tenta d'essayer d'apprendre. Retenir dans son esprit qui se voulait curieux et vif que si un jour elle avait besoin de se recoudre une petite plaie, il faudrait faire chauffer l'aiguille, sûrement pour la stériliser. Indianna n'était pas très cultivée, pas très intelligente comparer à certain, mais celle qui l'avait élevée, elle l'avait été et elle lui avait transmis bien des idées. Peut-être un peu trop d'ailleurs. Vive d'esprit elle pouvait parfois passer pour ce qu'elle n'était pourtant pas. L'aiguille se retira de la flamme et le médecin posa une question. La jeune rousse l'avait alors presque oublié dans le silence qui s'était imposé, ses yeux et son esprit river sur cette aiguille qui bientôt transpercerait sa chair. Elle n'eut guère le temps de répondre et de toute façon elle n'avait pas réellement compris, trop absorber par d'autres pensées plus douloureuses sur le futur plus que proche qui l'attendait. Mais la réponse agressive de Lucy la sortie alors de ses pensées. Pourquoi tant de méfiance ? Il était vrai qu'Indiana ne courait pas grand danger, elle n'était pas une fille de joie et si elle indiquait son nom Bolton viendrait la chercher une réprimande au creux des lèvres, mais telle une bonne mère qu'elle voyait en elle, elle viendrait. Mais pour Lucy... C'était différent. Alors Indianna resta silencieuse, patiente quant à son sors plus que proche.

« Je suis prête. »

Dit la servante alors, comme pour détourner l'attention comprenant la position de Lucy et son regard féroce à son égard si jamais elle osait l'ouvrir. Mais le masque toujours sur sa bouche entravait quelque peu de toute manière ses paroles. Serrant le drap de ses deux mains, son regard se détournant alors de Lucy pour trouver refuge dans la danse légère de la flamme qui virevoltait légèrement dû à leur souffle et à l'air fin qui passait ici. Elle chercha à se perdre dans un autre monde afin d'oublier la douleur qui déchirerait sa peau trop rapidement alors.
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MessageSujet: Re: Lucy & Felix/David ⊰ Le prix de la rue, et de générosité. [Fini] Lucy & Felix/David ⊰ Le prix de la rue, et de générosité. [Fini] - Page 2 Icon_minitimeMar 8 Aoû - 11:46



Le Prix de la Rue et de la Générosité.

« So Never Show Me Your Happiness. »

St Bartholomew's Hospital, 1891.

David faisait ce qu’il avait à faire sans demander à ce qu’on vienne le déranger, chose dont il avait horreur. Il avait toujours été quelqu’un de solitaire et c’était le cas quand il travaillait. Certains chirurgiens avaient besoin d’assistants, lui était un fervent défenseur de l’expression « on n’est jamais mieux servi que par soi-même ». S’il y avait une erreur de commise, ce serait de sa faute et celle de personne d’autre. Et jusque-là, les erreurs qu’il avait pu commettre se comptaient sur les doigts d’une main. Mais suite à sa question pour combler le silence, la fille la plus en forme lui répondit de manière relativement agressive, ce qui n’était pas la meilleure chose à faire quand on voulait s’attirer les bonnes grâces d’un médecin qui avait accepté de les soigner gratuitement. Mais certaines personnes étaient bien ingrates envers celles qui montraient parfois de la bonté et de la générosité sans raison mais à quoi bon. Le monde était ainsi fait et David ne pouvait pas le contredire. Après tout, il avait soigné des hommes qui méritaient autant de mourir que lui. Mais la vie était injuste, c’était un fait et il n’y pouvait rien, même si, de par sa position de médecin, il avait un certain droit de vie et de mort sur les gens les plus touchés.

— À ta place, je ne répondrais pas si sèchement à celui qui accepte de vous soigner gratuitement au milieu de la nuit alors qu’il avait sûrement autre chose à faire. De plus, j’espère que tu n’as pas parlé ainsi à Mr. Adler dans la rue. J’ai peut-être certes mis en doute votre hygiène à vous deux, mais toi, je mets sérieusement en doute ton éducation.

Il s’arrêta un instant pour la regarder droit dans ses yeux. Son regard bleu azurin était froid, inexpressif, presque mauvais. Sa main se ferma plus fermement sur son aiguille, restant parfaitement immobile, comme pour obliger Lucy à baisser le regard et à s’écraser. David n’était pas le plus intimidant des hommes, mais il était actuellement en position de force, là maintenant, pouvant décider de sauver le bras ou non d’Indianna. Bon, normalement, la blessure pouvait soigner toute seule, même si le reste d’infection était élevée, surtout dans les conditions de la demoiselle, prostituée ou pas. Whitechapel restait malfamée à tous les coins de rues et il ne voulait pas prendre le risque qu’elle soit terrassée inutilement par une fièvre qui pouvait lui coûter son bras. Il se tourna vers elle quand elle murmura qu’elle était prête. David eut un regard plus rassurant et hocha la tête pour lui dire que lui-aussi.

— Je vais essayer d’être le plus rapide et le plus précis possible… Évitez de regarder et de bouger et essayez de penser à autre chose… Je sais que c’est plus facile à dire qu’à faire mais… Courage… Après ce sera terminé.

Il posa sa main libre sur l’une des mains d’Indianna pour tenter de la rassurer. L’usage de tutoiement pour Lucy et du vouvoiement pour son amie était purement volontaire de la part du chirurgien. L’une se montait après tout respectueuse et déterminée tandis que l’autre n’était que méfiance et agressivité. Inutile de se poser la question qui méritait le respect du chirurgien et qui méritait qu’il s’abaisse à son niveau. Il commença alors sa besogne, le geste précis et rapide. La plaie fut recousue en moins de deux minutes et David posa ses instruments dans une petite bassine à côté. Il retira alors son masque et dit d’un ton doux :

— Et voilà, c’est fini. Pensez à nettoyer régulièrement avec de l’eau propre, bien évidemment… Et ne frottez pas, surtout, rincez juste. Cela devrait avoir cicatrisé d’ici une semaine, peut-être dix jours.

Il lui sourit doucement puis se tourna vers Lucy, n’ayant guère envie de s’attarder sur elle. Il se releva pourtant et la regarda droit dans les yeux, réfléchissant. Puis, il finit par utiliser un autre coton qu’il imbiba d’alcool à son tour et qu’il tendit à la rouquine rebelle.

— À défaut d’avoir eu le nom complet de toutes les deux pour des raisons purement médicales, d’ailleurs, tu veux bien mettre ça sur ta blessure ? C’est pour désinfecter. Et non ce n’est pas du poison. Je n’ai aucun intérêt à vous tuer.

Il lui tourna le dos et commença à ranger.

— Et si je devais le faire, je ne le ferai sûrement pas comme ça ni ici.

Il se tourna vers Indianna et lui sourit plus gentiment, tout en regardant le bras de celle-ci. Il était plutôt satisfait de son travail. Il prit alors son pouls et sa température. Voyant bien qu’elle n’était sûrement pas en état de retourner chez elle, si chez-elle elle avait, il dit alors :

— Vous resterez ici ce soir. Je passerai la nuit aussi ici. J’irai vous chercher à manger demain matin. À toutes les deux.

Il jeta un bref regard à Lucy avant de dire plus doucement à Indianna :

— Allongez-vous et dormez. Le repos est essentiel.

Il se tourna de nouveau vers la rebelle.

— Tu as désinfecté ?

Il n’avait aucune honte à la tutoyer, se disant qu’il en faisait déjà beaucoup trop pour elle sans qu’elle ne le mérite.
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