Sujet: And you are...? - ft. Harry Downcry Lun 12 Nov - 23:06
- Je crois que si je gagnais à la loterie, je partirais vivre à Brighton. Et je postulerais pour entrer dans la police là bas, histoire de ne pas me retrouver sans le sous. Il n’y a pas toute cette brume à Brighton. Le ciel n’est pas pollué par les industries comme ici.
- Je n’ai jamais été à Brighton, répondit Tobias. Il observait Londres par la fenêtre des locaux de la police.
- Je n’y suis allé qu’une seule fois. Un ami de mon grand-père nous y avait invités. Il était comptable, comme mon père. C’est superbe, là-bas. Beaucoup plus calme qu’ici et moins gris. Et toi, que faisait ton père dans la vie. ?
- Je vois. Il fit une pause. Je n'ai pas connu mon père.
- Ah, je suis désolé de l'apprendre.
- Ce n'est rien.
En réalité, Tobias ne voyait pas du tout à quoi pouvait ressembler Brighton. Il avait déjà vu des photos des stations balnéaires anglaises, bien sûr. Mais, il avait du mal à imaginer à quoi cela ressemblait vraiment, les couleurs, la netteté, les odeurs et l’atmosphère en plus.
Le jeune homme se demandait parfois aussi à quoi ressemblait Londres, autrefois. Avant les manufactures, les machines qui tournent constamment, enduisant le ciel de la ville d’une épaisse brume industrielle et suffocante. Le jeune homme n’avait jamais rien connu d’autres que Londres. Durant une partie de sa vie, il avait tant travaillé à se faire passer pour un italien qu’il lui arrivait d’imaginer les environs de Naples comme s’il y avait véritablement vécu. En réalité, il n’était jamais sorti d’Angleterre. Alors, l’idée qu’il se faisait de Naples, comment il avait imaginé cette ville…Cela devait être très loin de qu'elle était vraiment. Il se demandait parfois aussi à quoi ressemblaient le reste de Royaume, comme l’Ecosse ou les Cornouailles par exemple. Il savait que les écrivains s’y retiraient parfois pour écrire. Dans une autre vie, peut-être aurait-il été écrivain. Après tout, il aimait lire. Suffit-il d’aimer lire pour écrire ? Sans doute pas. Lui, il ne savait pas écrire comme les écrivains le faisaient. Il n’utilisait l’écriture que de manière utilitaire pour remplir des formulaires et rédiger des lettres. - Alors, tu participes ?
Tobias se retourna pour faire face à son collègue. Celui-ci ignorait à peu près tout de lui. C’était seulement la troisième fois qu’ils se croisaient. Il ignorait qu’il avait grandi dans une workhouse. Sans doute croyait-il qu’il était fils d’artisan et qu’il pouvait avoir quelques idées de ce à quoi ressemble Brighton ou les plages anglaises. - Non, merci Thomas. Bonne chance pour le tirage.
Que lui apporterait plus d’argent ? Il n’avait pas de rêves, pas de projets. Voyager ? Son salaire pouvait lui permettre de prendre le train. Certes, sans aucune sécurité pour la suite, mais il n’avait jamais eu aucune sécurité financière dans sa vie alors s’il voulait vraiment partir, il l’aurait sans doute déjà fait. Londres était parfois laide mais elle était parfois belle aussi.
- D’accord, comme tu veux.
Thomas récupéra son képi, s’apprêtant à sortir. En regardant vers la porte ouverte sur le couloir de l’entrée, Tobias aperçut un grand homme qui entrait avec ses chiens.
- Monsieur ! Monsieur !, l’interpella Tobias. Nous n’acceptons pas les chiens dans nos bâtiments, monsieur. Veuillez attacher votre chien à l'entrée et nous ferons ensuite le nécessaire pour vous aider. Tobias l’ignorait mais c’était au fils de son supérieur hiérarchique qu’il venait de s’adresser.
Sujet: Re: And you are...? - ft. Harry Downcry Lun 26 Nov - 9:53
And you are...?
« just a city boy, eager of green hills »
§cotland Yard – date indéfini
Difficile de savoir exactement quand était la dernière fois qu'Harry s'était rendu au lieu de travail de son père. Lui-même n'en avait aucun souvenir. Cela pouvait tout aussi bien faire plusieurs mois que quelques semaines. Avec tout ce qu'il s'était passé durant cette année, le vétérinaire avait tout fait pour apparaître profil bas. Faire parti des fauteurs de troubles qui avaient pénétré illégalement dans la Tour de Londres, et tout ce qui s'en était suivi. C'était de trop pour le trentenaire qui ne s'était attaqué jusqu'ici qu'à des crimes mineurs, faciles ; des épreuves d'observation et de déductions plus que de véritables énigmes. Harry avait aimé ces enquêtes, se prenant au jeu du chat et de la souris tandis que les collègues de son père le regardait en dessous. Ce n'était qu'un fils à papa excentrique qui se complaisait à couper l'herbe sous le pied des policiers, quand bien même c'était pour mieux les aider à brouter. Il avait bien réussi à résoudre certaines des enquêtes les plus inextricables du service, attirant si ce n'était l'amitié, au moins la tolérance d'une majorité. Mais ce temps était fini. Avaient-ils remarqué son absence ?
Sa visite à Scotland Yard n'avait même pas été prévu. Menant sa petite vie retranchée comme il en avait pris la triste habitude, ce fut en promenant deux jeunes chiots que l'homme se rapprocha de l'immense bâtisse. Il la regarda de haut en bas, dévisageant sa mémoire et toutes les images en filigranes que cela engendrait. Son père était sorti de l’hôpital depuis un moment maintenant et les affaires reprenaient leur cours. C'était aussi simple que cela. Après la tempête, le calme soufflait sa routine ; ses meurtres et ses mystères. Harry soupira. Depuis qu'il avait commencé à reprendre soin de lui, laissant sa nature auto-destructrice mourir dans le cimetière avec le monstre, le vétérinaire ressentait comme un manque. Un manque qu'autrefois le désespoir et les cauchemars remplissaient, durant cette sorte d'année sabbatique. C'était peut-être l'aventure qui lui manquait à présent. Cette soif irrésistible du sang et de l'affrontement, tel un animal affamé cherchant le combat. Pouvait-il revenir dans ses cycles d'avant ? Ses pas le menèrent presque instinctivement vers la porte d'entrée. Les petits chiots n'avaient encore jamais vu le splendide hall en bois lustré. Il ne s'attendait pas à des salutations chaleureuses, comme prévu, des choses changeaient en un an. Il vit de nouvelles têtes, ainsi que des anciennes qui le saluèrent d'un mouvement bienheureux de la main. D'autres furent surpris de le voir après un an, et certains outrés soupiraient en se plaignant que ce ne fut pas assez long. Harry aimait bien déchaîner toutes sortes d'émotions. Beaucoup ne firent pas attention à lui, et c'était tant mieux.
Les chiots se tenaient tranquilles, proches de ses pieds afin de ne pas se perdre. L'un d'entre eux, particulièrement timide, se collait à n'en plus pouvoir contre ses chevilles. Sa présence était rassurante, même pour l'immense vétérinaire. Il erra plus qu'il ne marcha, songeant qu'il devait tout naturellement rendre visite au bureau de son père. Une voix l'arrêta. Un jeune homme, qui semblait en parfaite forme, se mit devant lui avec toute la verve d'un employé zélé. Harry aimait bien ce genre de comportement. Il savait que la ville avait une chance d'être meilleure avec des personnes comme ça. Aussi lui sourit-il bien poliment, même quand il indiqua de laisser ses chiens à l'entrée.
- Malheureusement, je ne peux pas obtempérer, fit-il en s'amusant clairement de la situation. Voyez-vous, ils sont encore tout jeune et fragile ; une présence constante est nécessaire à leur bon développement.
Harry plongea ses yeux jaunes dans le regard du jeune homme. Quelque chose le perturbait. Ce n'était pas sa prévenance. Mais il semblait pas si jeune que cela. Son allure et la force de son visage pouvaient réduire à néant les tentatives de décryptage du vétérinaire. A le regarder, on lui donnait au moins vingt-cinq ans. Non pas qu'il lui eut été utile d'analyser son interlocuteur. Mais il aimait bien, c'était un passe-temps comme un autre. Un de ses deux chiots marcha lentement vers le jeune homme, reniflant ses chaussures en remuant la queue. Son regard lumineux tentait clairement d'amadouer le policier. Mais de là à réussir.
- De plus, je ne fais qu'un aller-retour. Je viens simplement rendre visite à mon père, je n'ai pas besoin d’escorte. Je connais le chemin.
Il sourit avec sa tête de squelette maigrichon, se voulant sincèrement amical. Cela dit, il serait injuste de laisser le policier être ainsi mis de côté. Le vétérinaire ne voulait pas se donner une impression hautaine. Aussi tendit-il la main en direction du jeune homme :
- Je m'appelle Harry Downcry, ravi de faire votre rencontre en tout cas !
Sujet: Re: And you are...? - ft. Harry Downcry Mer 28 Nov - 9:35
- - Malheureusement, je ne peux pas obtempérer, lui avait répondu le propriétaire des animaux. Voyez-vous, ils sont encore tout jeune et fragile ; une présence constante est nécessaire à leur bon développement.
L’inconnu ne semblait ni en hâte de déclarer un vol, ni en colère contre une agression. Etrangement calme pour quelqu’un qui franchissait la porte des bureaux de police, il avait davantage l’attitude d’un touriste visitant calmement un monument historique qui l’intéressait et dans lequel il avait l’habitude de se rendre. Il le regarda dans les yeux. Ce n’était nullement un regard de défi ou de provocation. Il semblait tenter de l’analyser, une chose avec laquelle un jeune homme au passé aussi secret que Tobias ne pouvait être totalement à l’aise. Celui-ci rompit le contact visuel pour poser son regard sur le jeune chiot qui venait se frotter à lui. Voilà qu’un chien tentait la corruption !, pensa-t-il. Tobias n’avait jamais possédé d’animal de compagnie. Il ne provenait de toute évidence pas d’un milieu où l’on désirait s’encombrer d’une bouche supplémentaire à nourrir. Des chiens, il en avait vu combattre parfois. Il avait eu bien de la peine pour eux. Un chien que l’on affamait pour réduire en bouillie un autre chien n’avait pas vraiment le choix ; il devait obtempérer. Il ne pouvait que compatir au sentiment d’impuissance que ces pauvres bêtes devaient ressentir durant ces moments là.
Relevant la tête, il aperçut un collègue, derrière le propriétaire des chiens, se taper silencieusement le front du bout des doigts, haussant les sourcils. « Qu’est ce qui te prend ? Qu’est ce qui te passe par la tête ? », voulait dire ce geste.
- De plus, je ne fais qu'un aller-retour. Je viens simplement rendre visite à mon père, je n'ai pas besoin d’escorte. Je connais le chemin.
Son père ? Réalisant qu’il venait de commettre une erreur, Tobias se sentit ridicule. Son père devait être un supérieur hiérarchique important pour que l’homme soit autorisé à venir se promener dans les bureaux de police avec ses animaux de compagnies.
- Je m'appelle Harry Downcry, ravi de faire votre rencontre en tout cas !
Tobias remarqua son collègue qui secouait la tête négativement, embarrassé. Il s’agissait du fils du directeur de Scotland Yard, Andrew Downcry, un homme à qui Tobias devait en plus en grande partie sa reconversion dans la police. Le dénommé Harry Downcry, en revanche, ne tentait absolument pas de générer chez lui un sentiment de honte et ne semblait pas vexé pour un sou. Au contraire, très avenant, il lui présenta une poignée de main chaleureuse.
- Tobias Wright, enchanté monsieur Downcry. Je suis confus, j’ignorais que vous étiez son fils ; veuillez m’en excuser, dit-il, contrit. Il était tout de même rassurant de constater que le fils du patron n’était pas un de ces hommes plein de morgue.
- Je crains malheureusement que votre père soit actuellement absent. Il a quitté son bureau pour se rendre en personne sur les lieux d’une affaire il y a de cela une quinzaine de minutes. Je peux peut-être lui transmettre un message ?, proposa-t-il.
Soucieux de rattraper son erreur, il se sentit le devoir d’ajouter quelque chose pour ne pas donner au fils Downcry l’impression désagréable d’être chassé du bureau.
- Ou si vous le désirez, vous pouvez l’attendre à mon bureau, suggèra-t-il. Tobias n’avait pas encore le privilège de posséder son propre bureau. Cependant, la pièce dans laquelle se trouvait sa table de travail était occupée par deux collègues qui pour l’heure étaient absents, ayant justement accompagné le père d’Harry dans son déplacement.
Sujet: Re: And you are...? - ft. Harry Downcry Jeu 17 Jan - 18:56
And you are...?
« just a city boy, eager of green hills »
§cotland Yard – début été 1893
Les bruits des machines à écrire dans l’arrière plan étaient toujours aussi agréable à entendre dans cette atmosphère de travail et d’entente contre le crime. En tout cas ponctuaient-ils le silence et les murmures qui se marmonnent entre collègues. S’il n’était pas tant amoureux des bêtes, Harry aurait certainement pu faire une belle carrière dans la police. Sa vie aurait probablement été plus normal, mine de rien. On perdait beaucoup à se couper volontairement de l’humanité, quand bien même c’était dans nos désirs. Le vétérinaire ne regrettait rien, mais ce lieu restait empli d’une douce et mélancolique odeur. Il était content en fouler encore le sol, après tant de temps d’absence. A ses yeux, les policiers étaient des individus forts dont le peuple avait besoin plus que tout afin de cerner l’équilibre de la paix au sein de la société. Fort, lui ne l’était pas assez à l’époque, fils unique choyé plus qu’un prince. Mais de ce qu’il pouvait voir de son interlocuteur, Harry le présumait de ces personnes droites et solides qui faisaient les vrais soldats de notre temps. Peut-être un peu trop même, se fit-il la réflexion intérieur, un peu amusé. Il faisait parfaitement son travail, c’était tout à fait normal -peut-être pourrait-il en glisser quelques mots à son père. Ce dernier qui n’était apparemment pas là, d’après les paroles de Tobias lui serrant la main.
Retourner sur le terrain après avoir été grièvement blessé, surtout à son âge, était plutôt dangereux. Même si ce n’était que la scène d’un crime à évaluer, les rues restaient violentes. Que ce fut malgré les interventions des policiers ou les durcissements des lois, peu de choses parviendraient à réguler le chaos -surtout maintenant que toutes les fondations logiques de notre monde commençaient à s’éteindre. Le peuple en colère s’en prendrait à l’institution la plus proche d’eux, celle qui fait le pont entre elle et les hautes sphères de ce pays : la police. Harry eut une moue embêtée, plus par inquiétude pour son père que pour le fait d’être refoulé à la sortie. S’il n’était plus là, ce n’était pas la peine de rester et de faire perdre son temps à des gens compétents qui avaient bien assez de travail comme cela.
- Ah… c’est bien lui ça, toujours sur le terrain, un vrai homme d’action.
Pouvait-on discerner le compliment sincère d’une certaine tristesse dans sa voix ? Il repensait à la scène dans le cimetière. Son corps pétrifié par la peur, tandis que son père et son frère avaient donné de leur corps pour permettre à tout le monde de s’enfuir. L’événement commençait à dater mais la blessure restait brûlante, lui qui s’en était tiré sans la moindre égratignure. Il poussa un profond soupir et passa une main pensive dans ses cheveux en bataille. Les petits chiots commençaient à ne plus tenir en place, remuant la queue et les pattes pour faire quelque chose -n’importe quoi, mais quelque chose. Le vétérinaire était pourtant bien trop inquiet pour songer poursuivre la balade dans les parcs londoniens.
- Pour être honnête, je n’avais pas vraiment de message à lui faire passer. Je voulais juste savoir comment il allait depuis...
Est-ce qu’Harry pouvait lui parler des événements relatifs au cimetière ? Tout le monde avait du bien apprendre que le directeur avait passé plusieurs jours à l’hôpital, ce ne pouvait être un secret pour personne. Mais dans le doute, il préférait rester vague. Se mettant à genoux, les petits chiots se jetèrent sur ses mains pour les lécher et leur donner des petits coups de pattes, de dents et de tête. Qu’ils étaient adorables et pleins de vie, ces petits bouts de chou parfaitement innocent à tout ce qui les entouraient. Harry les prit dans ses longs bras, comme ces merveilleuses peluches pleine de poils auxquelles ils ressemblaient. Les sentir contre lui, c’était comme une armure. Sans ses animaux, il se sentait nu, fragile. Fallait-il déjà bien l’être pour se sentir protéger avec des bébés. Se redressant, les petites boules de poils se trouvaient toujours dans ses bras, apaisés. Harry offrit un grand sourire reconnaissant à Tobias :
- Je veux bien attendre dans votre bureau. Et ne vous excusez pas, c’est plutôt à moi de vous remercier. Ne vous en faites pas pour eux, si je les tiens comme ça, ils finiront pas s’endormir et n’embêterons plus personne. Mais si jamais une mission se montre, je ne veux pas vous faire perdre votre temps.
Il le suivit alors, bien sagement, jusqu’à l’endroit où il les emmènerait si tel était bien son bon vouloir. Le moment était plutôt mal venu pour être impertinent. De toute façon, il n’en avait pas envie. Tout autour d’eux devaient certainement se presser des regards inquisiteurs, peut-être même inquiet. Le fils du directeur qui ne jouait pas au fin luron et ne se précipitait pas sur tous les bureaux dans l’espoir d’aider à coincer un meurtrier -ses proies préférés. Maintenant qu’on y pensait, cela faisait depuis que Jack l’Éventreur ne faisait plus la Une des journaux qu’on ne le voyait plus trop traîner par ici. Depuis l’épisode de la Tour même, qui avait été un véritable chamboulement dans l’organisation policière. Harry caressa la tête de l’un des chiots, l’expression assez vague mais tout de même préoccupé :
- Tout va bien ici en ce moment ? Quels sont vos principales préoccupations en tant que policiers ?
plumyts 2016
Ps : Désolée du temps de retard, entre les fêtes et mes examens, j’ai du mal à m’y remettre, en espérant que ma réponse te convienne tout de même !