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As if we were God blessed. ⋆ ft. Gerald & Loban [Fini]

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Lydess Hentswig
Lydess Hentswig

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MessageSujet: Re: As if we were God blessed. ⋆ ft. Gerald & Loban [Fini] As if we were God blessed. ⋆ ft. Gerald & Loban [Fini] - Page 3 Icon_minitimeMar 24 Avr - 9:07



As if we were God blessed

« I’m sorry that I can’t be any help to you »


Whitechapel, Novembre 1891

Il n'y avait plus de temps à perdre, maintenant que son amour avait abaissé ses barrières -mais certainement pas sa rancune, elle en était tristement convaincue- Lydess parvint à le mener sur quelques mètres en avant, juste assez pour atteindre la sortie de la petite ruelle. C'était dans cette plus grande avenue que la cartomancienne aurait pu passer son chemin, sans se soucier des éclats de voix à côté. Plus elle y réfléchissait, plus elle était persuadée que c'était un cadeau du Destin, qu'elle fut passer si près de là, à ce moment précis. Le malheur aurait voulu qu'elle ne le découvrit jamais, laissé pour mort dans une ruelle annexe, à jamais perdu. Aurait-elle finit par apprendre sa mort dans les journaux ? Où par elle-même, prenant ce chemin pour le retour ? Comme tout aurait pu être si dramatique. Mais la voyante était bien décidé à prendre sa chance au vol et à faire de son mieux pour réparer ses erreurs, une dernière fois. Plus jamais elle ne commettrait pareil exaction, ne se tairait face à la peur. Les larmes de son amour la transpercèrent au plus profond de son cœur, lui donnant tant de courage à le soigner, contre vents et marées. Elle caressait son visage, réprimant elle-même un sanglot d'inquiétude. Cela aurait également été des larmes de joies, car cela faisait à présent comme une éternité qu'elle n'avait vu son sourire. Mais il ne pouvait plus avancé, chacun de ses pas étaient beaucoup trop douloureux. Quant à elle, Lydess se rongeait les sangs; incapable de garder son calme, elle aida Loban à se poser contre le mur et à s'asseoir une nouvelle fois pour qu'il se repose un peu. A ce rythme là, ils n'atteindraient jamais Southwark. Il eut fallu un miracle pour que le Home Secretary parvienne à surmonter la douleur de son corps brisé.

Ses paroles eurent l'effet d'un baume au cœur de la jeune femme, quant bien même ce n'était que parole en l'air pour la rassurer. Il était vrai que son sang n'avait pas l'air de véritablement couler, mais des côtes brisés restaient quelque chose de sérieux qu'il fallait ausculter. Pourquoi ne l'emmenait-elle pas à l'hôpital ? C'était à la fois une courte et une longue histoire. Car au delà de penser à la survie de son âme sœur, Lydess s'évertuait à penser au futur. Donner son chéri en pâture aux médecins, cela revenait à faire trainer la rumeur de son agression. Son odeur d'alcool n'arrangerait rien. Que le secret médical le veuille ou non, la trainée de poudre en viendrait à ruiner la réputation de Loban. Elle ne voulait pas être une nouvelle fois la coupable d'un terrible coup dur pour son frère de cœur. Cela mis de côté, il y avait une raison un peu plus égoïste à cet acte: Lydess était celle qui avait porté un coup fatal sur son âme, c'était alors tout naturel -et presque obligatoire- pour elle d'être celle qui le soignerait, qui le sauverait. Il le fallait, c'était essentiel pour recommencer à zéro. Cela ne serait pas la première fois qu'elle le sauverait de la mort -mais plutôt la troisième fois, à bien y réfléchir. Lorsqu'il l'invita à aller à ses côtés, la jeune femme était littéralement en train de tourner en rond comme un lion en cage. Ce n'était pas le moment pour de la tendresse, il fallait à tout prix trouver une solution pour qu'il arrive à Southwark sans trop de dommages supplémentaires. Marcher jusque là-bas, même porter par dix gaillards, se révèleraient tout aussi inefficace. Pour apaiser les battements de son cœur, Lydess s'agenouilla auprès de lui, reprenant sa main et la caressant de son pouce. De son autre main, elle continua de brasser les cheveux de Loban, descendant jusqu'à sa joue pour apprécier sa peau; pour finalement l'encercler de ses bras, sans appuyer. Ce n'était pas un véritable câlin, mais elle ne pouvait pas faire plus sans le blesser. Au moins profiterait-il de la chaleur de son corps si cela pouvait l'aider à garder la tête haute. Posant la tête de Loban dans le creux de son omoplate, Lydess murmura:

- Je vais m'occuper de tout, ne t'en fais pas... repose-toi, je vais chercher de l'aide à côté...

Sur ces mots, elle l'embrassa sur le front à nouveau, ainsi que sur ses cheveux et sur sa joue, le tout avec une tendresse extrême. Se relevant, titubant quelque peu, la jeune femme se précipita dans l'entrée de la ruelle et se mit à crier à un cab. Pendant qu'elle câlinait l'homme de sa vie, cette solution apparut comme une évidence. Bien que n'ayant pas beaucoup d'argent, la cartomancienne était prête à tout pour sauver Loban. Ainsi, au bout de quelques minutes où Lydess déchira le peu qu'il lui resta de voix, un chauffeur agacé -également prêt à tout pour quelques piécettes en cette pauvre journée- parvint jusqu'à l'entrée de la ruelle :

- Qu'est-ce que vous avez à gueuler comme ça, espèce d'hystérique ?!

Lydess ne fit pas dans la dentelle, et déclara rapidement d'une voix -certes éraillée- mais toujours autoritaire, qu'un homme avait besoin d'aide et qu'il fallait à tout prix l'emmener, elle et lui, à Southwark. Le cocher ne comprit pas véritablement en quoi il fallut convier un homme là-bas plutôt qu'à un hôpital, mais la voyante ne lui laissa que peu de choix. Glissant tout ce qu'elle possédait comme argent dans sa main, l'individu plutôt hautain finit par accéder à sa demande. Cela ne serait au final qu'une toute petite course trop bien payée, il n'allait pas cracher dessus. Cela dit, il se serait bien passer de devoir aider la jeune hystérique à transporter un corps qui faisait plus du double de son propre poids. Une fois que ce fut fait, les chevaux commencèrent leurs cahots à travers Londres. Lydess maintenait tant qu'elle pouvait le corps de son amour, afin d'éviter que les sursauts ne fassent trop de mal à ses blessures. Le trajet lui sembla durer une éternité, tandis qu'elle regardait tantôt les paysages qui défilaient, tantôt le visage de Loban, qu'elle ne cessait de caresser comme si elle ne avait été affamé pendant plusieurs mois -ce qui avait effectivement été le cas. Elle se moquait de tout ce que l'on pouvait lui dire, et s'il était du goût de son cocher de l'insulter de tous les noms possibles et inimaginables durant la traverser de la Tamise, alors que bien lui fasse. Lorsqu'ils arrivèrent au quartier, Lydess dénicha quelques pièces dans les poches de Loban et demanda à modeste travailleur d'aller jusqu'à l'adresse de Gerald. De ces belles et mêmes pièces bien brillantes, elle demanda également son silence quant à ce qu'il venait de se passer. Quant bien même il ne serait pas un ferveur lecteur de journal, Lydess ne pouvait se permettre ne serait-ce qu'une seconde de laisser une rumeur tourner dans les bas-quartiers de la Capitale. Elle protégerait son amour à tous les prix. A voir le reflet des pièces dans le regard du cocher, la cartomancienne comprit rapidement qu'il ne serait pas un problème à leur progression, bien au contraire. Ils arrivèrent rapidement et sans encombre jusque chez Gerald.

Le cocher eut même la bonté d'aider Lydess à descendre Loban de son carosse. Courant jusqu'à la porte de la «boutique» de son père, elle entra en trombe et quand bien même elle l'interrompit pour quelque chose d'important -comme par exemple une coupe difficile, elle s'en fichait. Décidément, peu de choses lui passait par la tête à part la survie de Loban.

- Papa ! Ai...aide-moi s'il te plait, c'est urgent, j'ai besoin de toi ! Quelqu'un est blessé, je dois l'emmener en haut !

Tête de mule fille d'une tête brûlée, toujours était-il qu'elle exigea en peu de mots à faire monter le Home Secretary jusqu'à leur maison -sans emprunter bien évidemment ses termes, au cas où quelques langues pendantes se trouveraient dans la pièce. Elle espérait que Loban l'ait entendu dire « Papa », ce qui serait un bienfait considérable s'il était aussi jaloux que cela et ne voulait pas la croire quant à ce fait. Ses membres tremblaient au fur et à mesure qu'il semblait que le plus gros restait à venir. En effet, il lui faudrait s'assurer que le feu fonctionne toujours, même si elle avait pu voir à la cheminée du dessus que c'était toujours le cas. Ensuite, elle faudrait qu'elle fasse chauffer de l'eau pour soigner ses plaies, qu'elle l'allonge pour qu'il ne bouge plus. Comment on soignait des côtes cassées ? Gerald devait bien le savoir, vu qu'il participait depuis bien plus longtemps qu'elle au combat amicaux. Après cela restait ce que c'était : des combats amicaux.  

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Loban V. Renfield
Loban V. Renfield

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MessageSujet: Re: As if we were God blessed. ⋆ ft. Gerald & Loban [Fini] As if we were God blessed. ⋆ ft. Gerald & Loban [Fini] - Page 3 Icon_minitimeMar 24 Avr - 13:06



As if We Were God Blessed.

« I'D KILL MYSELF TO MAKE EVERYBODY PAY. »

Whitechapel, Novembre 1891.

Loban avait fermé les yeux, pour pouvoir garder le peu de forces qui lui restaient. Il n’avait plus le courage d’aller plus loin et ce n’était pas ses jambes qui allaient dire le contraire. Il sous-estimait sûrement ses blessures, lui qui pensait n’avoir pris que quelques mauvais coups. Dans le pire des cas, il avait sûrement une côte fêlée et avait pris on lui avait méchamment cogné la tête mais rien de bien sérieux. C’était ce qu’il pensait cela dit. À l’intérieur, c’était déjà un peu plus chaotique. Un os brisé venait appuyer sur son poumon, rendant sa respiration difficile et la douleur difficilement supportable. Et pourtant, il en avait vu d’autres, il était presque dégoûté d’être autant à genoux pour si peu. Mais la fatigue accumulée de ces derniers mois ainsi que l’alcool qu’il avait encore un peu dans le sang jouaient un très mauvais rôle dans toute cette histoire. Il poussa une sorte de râle, rêvant d’un lit ou il pourrait fermer les yeux définitivement et partir en paix. Néanmoins, ce qui ressemblait à un vague câlin de Lydess, fait prudemment, lui redonna un minimum de volonté. Cependant, une sorte de crainte d’un nouvel abandon le tirailla. Tandis qu’elle se levait pour aller chercher de l’aide, il se saisit de son bras.

— Juste… Promets-moi… Que tu ne me laisseras plus jamais… Sinon, je viendrai moi-même te trouver.

Il n’y avait plus l’ombre d’un sourire sur son visage exténué et blessé. Ses pupilles noires brillaient d’une lueur de menace. Cette phrase, il ne l’avait pas prononcée par romantisme. Mais une part plus sombre était réellement fatiguée de passer l’éponge sur toutes les douleurs que les êtres les plus proches de lui pouvaient lui infliger. Il était las de toute cette mascarade, c’était la deuxième fois, quelque part, que Lydess lui prouvait qu’elle était difficilement digne de confiance après toutes ces années, même si elle faisait le nécessaire pour se faire pardonner. Il était las de fermer les yeux, aveuglé par un amour sincère qui l’obligeait à souffrir pour elle. Il devait prendre le dessus de ses émotions, chose qu’il n’était jamais réellement parvenu à faire jusqu’alors. Il devait grandir et prendre en maturité, cesser de se faire marcher sur les pieds par ceux qu’il estimait « plus anciens » que lui. Il continua de lui tenir fermement l’avant-bras, ne la laissant pas partir si facilement. Il voulait que son message soit bien clair, histoire qu’elle ne se fourvoie pas sur ce qu’elle avait créé elle-même. Finalement, il la lâcha, détournant son regard avant de dire simplement :

— La prochaine fois… je t’emporte avec moi.

Là encore, il n’y avait aucune connotation romantique. C’était très clairement une menace de mort mais il était arrivé à un point où il allait encore permettre à Lydess de revenir telle une fleur dans sa vie après y avoir semé le chaos. Il soupira profondément et ferma les yeux, tombant à moitié dans les limbes, se sentant soulever. À moitié conscient, il sentait ses pieds se traînaient machinalement tout en essayant vainement de faire avancer sa carcasse, aider par deux paires de bras. Il se retrouva assis, ses yeux entrouverts ne voyant que des masses informes et sombres danser devant lui. Il ferma les yeux définitivement avant d’être de nouveau trimballé comme un objet encombrant. Il eut un râle agacé mais n’eut pas la force de bouger autre chose que ses jambes. Il y eut encore de l’agitation autour de lui monta des escaliers, son torse le faisant atrocement. Il avait presque la sensation de sentir ses os brisés bouger sous sa peau. Il ne pouvait quelques gémissements de douleur et presque suppliants pour que cela cesse et qu’on le laisse dans un coin. Cependant, même si son supplice dura quelques secondes supplémentaires, il se retrouva dans un lit. Une fois allongé, il ne chercha pas à lutter plus longtemps et se laisser emporter dans les songes, s’étant battu contre lui-même trop longtemps lors de son dernier voyage.
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Gerald T. Fogg
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MessageSujet: Re: As if we were God blessed. ⋆ ft. Gerald & Loban [Fini] As if we were God blessed. ⋆ ft. Gerald & Loban [Fini] - Page 3 Icon_minitimeMar 24 Avr - 22:56



As if we were God blessed.

« HEARTACHE. »

Southwark, novembre 1891.

En cette douce matinée des plus banales, Gerald dormait encore. Le marin aimait commencer certaines de ses journées tardivement. Généralement quand il n’avait pas prévu d’aller aider la Tribu. Il préférait avoir des horaires de travail variables, lui permettant de prévoir chaque imprévu. Jusque ici, cette technique fonctionnait relativement bien, hormis le fait que sa grasse matinée fut brutalement interrompue par un vacarme assourdissant au rez-de-chaussée de son échoppe. Ouvrant un œil, il fut relativement inquiet de ce qu’il était en train de se passer à l’étage inférieur avant de reconnaître la voix paniquée de sa fille. Inquiet, il sortit de son lit et prit le temps d’enfiler rapidement une chemise afin de ne pas sortir à moitié nu. Il évita soigneusement le lit vide de Lydess qu’ils avaient installé là depuis plusieurs mois afin que chacun puisse le plus confortablement possible vivre sa vie. Il n’avait d’ailleurs même pas entendu sa fille se lever, plus tôt le matin. N’étant guère du matin, il descendit rapidement les marches en grommelant, se demandant bien qui elle avait pu ramener à une heure si matinale. Elle avait prétendu que la personne avec elle était blessée et il se demandait bien pourquoi elle ne l’avait pas emmenée directement à l’hôpital si c’est urgent.

Cependant, il s’arrêta net en reconnaissant le jeune homme qu’elle et ce qui semblait être un cocher tentaient vainement de faire tenir debout. Gerald s’empressa de congédier le coursier. Le barbier se rendit bien vite compte que le Home Secretary luttait pour rester un minimum conscient et, complètement pris de cours par cet homme qu’il ne s’attendait absolument à revoir un jour dans sa vie, lança un regard paniqué à sa fille qui était la première concernée par cette affaire. Néanmoins le temps pressait. Tant que le Lord était conscient, il était plus facile pour tout le monde de le transporter à l’étage. Sans plus attendre, Gerald passa un bras du blessé autour de ses épaules et l’aida à monter les marches avant de le déposer sur le lit de Lydess. Il repositionna la tête contusionnée du jeune homme sur le traversin avant de soupirer, savoir où il devait commencer. Il n’était clairement pas médecin mais son expérience de vie et des coups pouvaient amener un diagnostic plutôt précis. Car le corps blessé semblait surtout s’être retrouvé au milieu d’une mauvaise et violente bagarre de rues ou de gangs. Pensif et ennuyé, il se gratta la tête.

— Mais comment t’as fait pour le trouver… Je croyais que tu… Enfin c’est pas grave. Je sais pas dans quelle merde il s’est fourré, mais il n’a pas fait les choses à moitié.

Gerald soupira profondément. Il ouvrit la chemise du Home Secretary, n’arrivant pas à croire qu’il déshabillait impunément un si haut membre de la société et du gouvernement, mais cela était nécessaire si le jeune homme voulait rester en vie. Le déshabillage révéla un torse déjà couvert d’hématomes sérieux par endroit. Cependant le marin fut surtout surpris de la quantité de vilaines cicatrices que le politicien avait sur lui. C’était un détail relativement insolite pour quelqu’un de son rang et, curieux, il se tourna vers sa fille.

— Sans déconner, il lui est arrivé quoi ? Il se bat souvent comme ça ?

Il passa rapidement ses doigts sur les endroits un peu plus abîmés qu’ailleurs, pensif.

— Je pense qu’il a quelques côtes cassées. J’ai déjà vu ça chez des gars de la Tribu, mais tu sais, il devrait sérieusement voir un vrai médecin…

Il soupira.

— J’espère pour lui qu’il avait pris de vacances, parce qu’il arrivera sûrement en retard au travail aujourd’hui…

Il regarda sa fille un instant avant de sourire avec un petit air amusé, histoire de défendre l’atmosphère.

— Il aurait au moins pu choisir un meilleur alcool pour se bourrer la gueule.

Il eut un petit ricanement nerveux, même s’il se doutait que sa petite blague n’allait pas tellement faire rire Lydess. Il reprit un minimum de sérieux avant de faire doucement :

— Après, je peux pas faire grand-chose de plus pour l’instant… Il doit surtout rester le plus immobile possible…

Il posa une main sur l’épaule de sa fille pour tenter de la réconforter, mais il doutait sérieusement de son efficacité jusqu’à présent.
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MessageSujet: Re: As if we were God blessed. ⋆ ft. Gerald & Loban [Fini] As if we were God blessed. ⋆ ft. Gerald & Loban [Fini] - Page 3 Icon_minitimeDim 29 Avr - 9:51



As if we were God blessed

« I’m sorry that I can’t be any help to you »


Whitechapel, Novembre 1891

Les paroles de Loban continuaient à tourner dans le creux de son esprit. C'était pour la première fois depuis des mois maintenant que ce n'était pas ses propres pensées qui la tourmentaient. Ces mots avaient été rempli de colère, tenant fermement son poignet de ses dernières forces. Lydess avait été trop pressé par la quête d'aide pour lui répondre, de toute façon, aurait-il pu l'entendre ? Tout son trajet, elle n'avait passé à lui tenir la main et à caresser ses cheveux, pour qu'il ne s'endorme pas plus qu'il ne s'apaise de son mal. Son père n'était finalement pas avec un client, et la cartomancienne en fut largement soulagée: le déranger pendant qu'il gagnait durement sa vie aurait été une erreur de plus. Elle aurait fini par se croire maudite. Mais il l'aida, bien que n'ayant absolument aucune idée du comment ni du pourquoi il se retrouvait là. C'était pourtant bien évidemment, il suffisait de voir le jeune homme pour comprendre la tragédie de leurs existences, et ce que la stupidité de la voyante aurait pu provoquer. Debout derrière son père qui auscultait Loban, Lydess se mordait les peaux des doigts, la peur s'amplifiant à présent qu'ils étaient tous posés. Le plus dur semblait avoir été fait, mais pour elle, il restait à accomplir. Il fallait le soigner, qu'il reste en vie. Elle avait l'impression de retourner des mois en arrière, à cette seconde où elle avait du lutter contre des forces surnaturelles pour le sauver du Mal. Mais cette fois-ci, ce n'était pas d'un quelconque vampire qu'elle devait le sauver, mais bien d'elle-même. Toutes les analogies que Lydess pouvait faire dans sa tête lui donnait mal au coeur, et faisait venir des larmes dans ses yeux. S'en voudrait-elle pour toujours ? Très probablement, l'erreur qu'elle avait commise dépassait de loin tout les crimes qu'elle avait pu commettre dans son existence.

La cartomancienne était si tétanisée de l'observation de Gerald qu'elle n'osa même pas prononcer la moindre parole, n'ayant pas même le temps de répondre à sa question. Elle eut néanmoins un petit sourire. Revoir ses cicatrices dont elle aimait tant passer le doigt, le long de leurs vallées. Mais lorsque le verdict tomba, le sourire de Lydess tomba aussitôt sans aucun préambule. Alors c'était donc bien cela, des côtes cassées. Aussitôt dans sa tête vinrent des milliers de réflexions sur comment pouvait-elle le soigner, faudrait-il trouver des glaçons pour calmer la douleur ou pouvait-elle créer un nouvel onguent pour apaiser les gonflements ? Gerald tenta de réchauffer l'atmosphère qui semblait s'être éteint dans le temps, mais tout ce qu'il put dire n'eut pas l'effet escompté. Lydess savait déjà tout ce qu'elle avait à faire, et cela ne relevait pas de l'humour. Se rendre chez lui, là d'où elle s'était enfuie, se confronter avec Alan qui avait du faire face à la longue descente aux enfers de Loban -tant de choses qu'elle ne se sentait pas prête à affronter. Elle lui demanderait de faire aller un coursier au Parlement, qui expliquerait que le Home Secretary ne serait pas prêt à venir avant un prompt rétablissement. Pour une fois que cela ne serait pas elle qui devait se faire pimpante et rutilante pour aller lever le nez face au Premier Ministre, Lydess ne s'en plaindrait pas -elle avait surtout bien d'autres choses plus importantes à faire. Dehors, l'aube terminait de se lever, aussi aurait-elle toute la journée pour effectuer ses tâches. Trouver les bonnes plantes au retour de Westminster, revenir, les malaxer et en appliquer les effets sur la peau tuméfiée de son amour, sans le blesser davantage. Au moins pourraient-ils se servir de ce temps pour tenter de parler à nouveau, mais Lydess en avait déjà peur. Elle craignait qu'il ne lui pardonne jamais totalement, ce qu'elle comprendrait que trop bien. C'était justement parce qu'elle le comprenait et ne se pardonnait pas elle-même, qu'elle savait que Loban le pourrait aussi. Gerald posa une main sur l'épaule de sa fille, et cette dernière renifla une nouvelle fois. Elle aurait voulu le prendre dans ses bras et pleurer une nouvelle fois tout son saoul, comme toutes ces autres fois en ces trois mois. Mais la cartomancienne savait que Loban pourrait les voir et ne pas comprendre. Il pourrait même tout aussi bien se mettre en colère et aggravé ses blessures. Aussi Lydess sourit à son père, et tapota la main sur son épaule.

- Merci papa...

Mais il était temps pour elle d'être à nouveau cette force de la nature inébranlable. D'affronter les forces de la vie et de la mort pour arriver à ses fins, de convier les éléments à lui apporter son aide. Le Destin lui avait offert une chance de repartir sur de nouvelles bases, et cela commencer avec la même chose que toutes les autres fois: sauver la vie de Loban. Que ce fut lors de leur première rencontre, il y a maintenant plus de vingt-quatre ans, ou tout simplement après la Tour de Londres. Elle était même étonnée de ne pas avoir eu besoin de lui sauver la vie lors de leur retrouvaille, au Cirque, à ce moment là, c'était lui qui avait tenté de sauver sa vie d'un lion innofensif. Cette idée la fit doucement rire, alors qu'elle s'agenouillait auprès de Loban pour lui prendre la main. Elle en caressa toutes les aspérités, tous les doigts et tous les creux, les lignes de sa main comme le dessus de sa paume. Le bonheur de le retrouver allait au dessus de tout. Elle caressa également sa joue, et vint lui murmurer doucement:

- Je vais m'occuper de tout, et... pour ce que tu m'as dit tout à l'heure... je te le promets. Là... je vais devoir aller chercher des plantes pour te soigner, et envoyer un coursier pour prévenir de ta convalescence. Tu n'as rien à craindre, tout va ira bien maintenant...

Lydess aurait également voulu lui dire "fait moi confiance"... mais elle savait que cela serait hypocrite, avec ce qu'elle venait de faire. Il était dans cet état car il lui avait fait confiance, avait mis sa vie entre ses mains, et que son existence n'avait plus de sens avec elle partie. Elle avala sa salive, reprit une profonde respiration et embrassa sa joue avec une immense tendresse. Plus rien n'existait autour d'elle, quand il fallait s'occuper de son Loban. Les battements de son coeur soufflaient une intime charade, ne voulant pas se calmer à la simple idée qu'il était à présent en sécurité. Tout pouvait encore se jouer durant cette journée, peut-être que demain, enfin, elle pourrait fermer les yeux.

- Je te fais confiance...

Au moins pouvait-elle lui dire cela. Se relevant après un dernier baiser sur son front, Lydess revint voir son père et fit d'un ton déterminé. Il y avait longtemps maintenant qu'il ne l'avait revu avec un tel visage, et cela ne pouvait faire que du bien. Elle avait beaucoup appris d'elle-même, durant cette fuite, et espérait pouvoir un jour en parler à Loban pour évoluer dans son coeur et son esprit. Mais tout cela se ferait plus tard. Pour le moment, des choses rapides devaient être faite. Elle croisa les bras devant Gerald et s'exclama:

- Il faut agir vite. Je vais me rendre à la demeure Renfield pour dire son majordome de prévenir à son tour le Parlement, il ne sera effectivement pas à l'heure pour le travail. En revenant, je vais devoir chercher certaines plantes, à moins que tu puisses les trouver pour moi...? Ce serait de la lavande officinale et du miel... c'est pas grand chose mais ça devrait suffir pour que ça arrête de gonfler et que ça calme la douleur. Quoique non, je vais le faire moi-même. Je souhaiterai aussi lui trouver de quoi lui faire des tisanes, même si ça, on en a encore à la maison. Est-ce que tu crois que tu peux lui faire une infusion de gingembre ? C'est le pot que je prends quand tu as mal au dos. J'irai en chercher d'autres aujourd'hui, ça ne devrait pas prendre très longtemps, je serai de retour pour ce midi.

Durant ses trois mois de convalescences psychologiques, Lydess avait effectivement bien rempli le placard de Gerald, aussi bien en nourriture qu'en petites choses qu'il n'aurait absolument pas penser. Il y avait désormais du café, de jolies tasses, de la viande séchée, des patates et des légumes. Avec le salaire de Gerald et les vols de Lydess, il faisait bon vivre chez les Fogg. Aussi la petite sorcière n'avait pas hésité à remplir son propre placard de plantes diverses et variées, dont son père ne s'était jamais plaint de l'acquisition, tant on pouvait aisément reconnaitre les vertus médicinales de son savoir d'herbologiste du dimanche. Après avoir mis une petite laine sur ses épaules -cachant un peu la misère de son habillement, Lydess partit pour héler un nouveau cab et se diriger vers la demeure Renfield. Même si le regard du cocher était circonspect, sa cliente avait de l'argent et quand bien même ses paroles et ses vêtements n'allaient pas ensemble, on ne refuse pas de l'argent. On ne commentera pas la réaction d'Alan, car ce n'était pas la chose qui prit le plus de temps à se faire. Lydess ne lui laissa presque pas le temps de parler, et résuma la situation entre de très brèves phrases qui annonçaient la gravité de la situation. Un coursier fut envoyé, et en mois d'une demi-heure d'explications, la voyante était repartie sur les routes, direction les marchés alternatifs de Southwark, lieu de traffic parmis les trafics. Elle ignorait si son père avait réussi à trouver tout ce qu'elle demandait et dans le doute, en prit également. Son petit panier d'osier fut rapidement rempli de cette fameuse lavande, de miel, de gimgembre, mais également de feuilles de bambou, de paquerettes et de saule blanc. Elle n'avait eu aucune honte à prendre le peu d'argent que Loban possédait sur lui, prête à tout pour le soigner. Elle avait également demandé à Alan de remplir ce même panier de toutes les plantes qu'il restait de chez elle -si Loban les avait garder. Revoir le grand hall lui fit comme un écho dans le coeur, ce dernier se serrant de douleur. Mais elle devait être forte, aussi ne montra-t-elle pas sa peine au majordome.

Elle revint en moins de trois heures chez Gerald, et fit chauffer de l'eau, jusqu'à ce que celle-ci soit bouillante. Cette eau fut informée par des feuilles de bambou, et Lydess entreprit de laver le torse de Loban, son front, son cou -avant de le sécher. Cela lui permettrait d'avoir une bonne base pour travailler. Avec le miel et la lavande, elle créa un onguent qu'elle posa sur toutes les zones de son torse qui commençaient à avoir une étrange couleur. A côté de lui, une petite tasse de tisane au gimgembre à moitié entamée. Elle était devenue froide avec les heures. Aussi Lydess jeta le reste. Après plusieurs minutes d'un massage doux -et qui sentait bon, Lydess se nettoya les mains dans l'eau chaude et bisouta une nouvelle fois le front de Loban. Il était l'heure de faire à manger, et elle avait de quoi faire pour trois personnes à présent. Prenant un bon gigôt dans le placard, elle s'attela à faire un bon ragoût avec des pommes de terre. La cartomancienne avait fini par s'y plaire, chez son père. Ce côté rustique qui donnait la sensation de toucher les choses vraies de la vie, de faire sa propre nourriture avec les choses de la terre, ce petite endroit cosy avec une seule pièce, où ils étaient forcés de cohabiter et d'avoir une bonne entente. Elle songea au fait que ses retrouvailles avec Loban ferait certainement comme au Cirque, qu'il allait vouloir la ramener chez lui. Comment réagirait Gerald ? Lydess allait se sentir tellement triste de le renvoyer à sa solitude. Est-ce qu'il penserait toujours à bien s'alimenter ? Elle se souviendrait toujours de l'oeuf et de la soupe qu'elle avait mangé à son premier soir. Quoiqu'il en soit, ils vivraient assez proche pour que Lydess surveille encore son père. Elle termina la nourriture et installa les couverts, appela son père qui se trouvait où Dieu seul savait, et s'agenouilla auprès de Loban pour lui s'asseoir à côté de lui, ses couverts sur sa chaise et l'assiette de Loban à la main. Elle lui chatouilla le nez et lui dit:

- Est-ce que tu as faim ? J'ai fait à manger.

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Loban V. Renfield
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Informations : Comte de Warwick. • A été adopté à l'âge de sept ans. • A hérité d'une fortune incommensurable à la mort de son père adoptif, mais aussi des titres honorifiques. • Possède une grande force physique, ayant subi un entraînement militaire intensif pendant plusieurs années. • A passé plusieurs années en Inde, Chine et Japon. • Connait quelques arts martiaux. • Est connu pour ses fêtes mondaines où il n'apparaît jamais, se tenant à l'écart. • A un comportement et un caractère assez puéril. • Fait parfois preuve d'une grande naïveté. • Se met rarement en colère. • Passe certains de ses soirs dans Whitechapel, au sein de la Tribu de Fergus Lynch. • Est considéré comme un excentrique de par ses idées. • Son prénom vient d'un prénom juif mal orthographié. • A une petite cicatrice sous l'œil gauche et ailleurs sur le corps. • Origine sino-écossaises.
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MessageSujet: Re: As if we were God blessed. ⋆ ft. Gerald & Loban [Fini] As if we were God blessed. ⋆ ft. Gerald & Loban [Fini] - Page 3 Icon_minitimeDim 29 Avr - 22:54



As if We Were God Blessed.

« I'D KILL MYSELF TO MAKE EVERYBODY PAY. »

Whitechapel, Novembre 1891.

Ce fut du bruit autour de lui qui sortit Loban de son bref coma. Une sorte de long repos mérité et réparateur dont son corps avait eu grandement besoin. Cela lui avait permis de reprendre un minimum de forces. Quelque part, il avait été déçu de lui-même, de savoir si faible, si proche de la mort pour quelques coups. Il avait pourtant connu bien pire. Ses cicatrices en étaient la preuve réelle. Et pourtant, le jour, ou plutôt la nuit, où elles avaient été faites, il n’avait pas bronché. Il n’avait rien senti. Là non plus, il avait été insensible à la douleur mais l’état de son corps prenait en compte un facteur qui divergeait réellement entre les deux situations : la volonté. La plus ancienne, cette volonté avait été inébranlable. Il avait fait des choses affreuses parce qu’il l’avait souhaité. Il s’était donné les moyens d’y parvenir et avait su repousser ses limites pour aller au-delà de la volonté de ses opposants. Dans le cas de la veille… Et bien il n’avait plus aucune volonté à vivre, mais il avait eu celle de mettre un terme à tout. Cela expliquait peut-être pourquoi son corps avait été dans un si piteux état. À moins que cela ne fusse dû uniquement à l’alcool.

Il sentait déjà beaucoup mieux et alerte, presque capable de se redresser. Il eut cependant la lucidité de rester allongé. Il jeta un coup d’œil aux alentours et se demanda bien où il se trouvait. Après tout, il avait oublié une bonne partie de la soirée et son dernier souvenir se trouvait être Lydess et un autre homme qui l’aidait à s’installer. L’autre homme semblait s’agiter à ranger mais la vision du ministre était encore trop trouble pour reconnaître quoique ce soit. Il eut alors la crainte d’avoir été transporté ailleurs que chez lui ou à l’hôpital et se redressa sur ses coudes en grimaçant, forçant sur ses côtes cassées. Il fronça les sourcils et tenta alors d’obtenir le plus d’informations possibles sur là où il se trouvait réellement. La pièce semblait être assez petite et relativement modeste. Il était sans nul doute vers Southwark ou Whitechapel, peut-être même Lambeth. Il eut alors une sorte de crainte, se demandant si les brigands ne l’avaient pas emporté quelque part pour obtenir une quelconque rançon. Qu’en était-il de Lydess ? Soit il l’avait complètement hallucinée… Soit elle faisait partie d’eux. Il grinça des dents, sentant une colère noire lui monter.

— Recouchez-vous, Milord, vous n’êtes clairement pas en état de faire des prouesses physiques.

La voix lui était familière et il se tourna vers sa provenance. Il vit une silhouette assez grande et surtout très large. Petit à petit, ses traits reconnurent Gerald Fogg, membre assez important de la Tribu et qu’il avait croisé six mois auparavant. Lors de cette fameuse soirée de mai à la Tour de Londres. Il se souvenait parfaitement du côté protecteur qu’il avait eu avec Lydess et cela avait grandement déplu au Home Secretary. Cela tombait désormais sous le sens que la cartomancienne soit allée chez lui. Dire que le ministre pensait que son amant était Devlin ou Fergus… Il en était presque déçu. Cependant, il fit docilement ce que le petit bandit lui disait et il se rallongea. Fogg s’approcha pour lui tendre un verre d’eau que Loban regarda avec méfiance malgré son air toujours fatigué et abîmé.

— Vous en faites pas, je l’ai pas empoisonnée.

Un sourire amusé et taquin se dessina sur le visage du barbier, ce qui provoqua un léger soupir agacé chez Loban qui prend néanmoins le verre pour le boire. Il en avait assez de tout le monde qui se moquait de lui mais il semblait cependant qu’il devait être la risée de tout Londres. Il redonna le gobelet à son hôte et regarda le plafond, restant toujours silencieux. Ce fut une nouvelle fois Fogg qui brisa le silence tout en enfilant un vieux manteau poussiéreux de mauvaise fabrique.

— Bon, comme vous semblez hors de danger, vous m’excuserez mais je dois faire des courses pour Lydess. Elle sera sûrement rentrée avant moi.

Fogg semblait être sur le point de partir quand il revint brusquement dans le champ de vision de Loban, comme s’il avait oublié quelque chose.

— Au fait, elle est juste partie signaler à votre majordome que vous êtes indisposé pour quelques jours pour votre… travail. Ne vous inquiétez donc pas, Milord.

Le ministre pouvait sentir une certaine ironie et un certain mépris dans la voix de Fogg mais il préféra ne rien dire et continua donc de faire la sourde oreille. Cependant, il fut tout de même un minimum soulagé de savoir que le Parlement avait été prévenu et que la présence de Lydess n’était pas une hallucination. Néanmoins, pouvait-il encore lui faire confiance après tout ce qu’il s’était passé ? Préférant ne pas trop s’obscurcir l’esprit, il préféra se rendormir.

Il fut réveillé que plus tard par la voix de sa sœur qui semblait appeler quelqu’un d’autre. Peut-être Fogg. Après tout, il ne l’entendait pas encore très bien. Son nez qui fut alors comme stimulé par un bout de doigt repéra alors de la nourriture à proximité. Il ouvrit péniblement les yeux et regarda alors le visage tiré de celle qui l’avait accompagné dans une si infime partie de sa vie au final. Il avait passé moins d’un tiers de ses jours à ses côtés, comment pouvait-il être autant attaché à elle ? Visiblement, elle avait bien tenté de tourner la page, peut-être était-ce qu’elle avait maladroitement voulu lui faire comprendre ? Que cette époque de leurs vies était révolue et qu’ils étaient juste des amis lointains qui ne faisaient plus partie du même monde ? Était-ce pour cela qu’elle avait préféré les bras d’un homme beaucoup plus mature qu’elle et plus proche de son statut social ? Car Loban était immature et puéril parfois. Il le savait parfaitement. Était-ce cela qu’il lui avait fait défaut ? Il détourna rapidement le regard.

— J’ai pas faim.

Le cœur autant brisé que ses côtes, il ne parvenait à avoir des souvenirs concrets de ce que lui et elle avaient échangé. Son regard se fit plus triste et il tourna son visage vers le mur, essayant de se cacher le plus possible de Lydess.

— Et Fogg a dit qu’il était parti faire des courses, si tu t’inquiètes pour lui.

Son ton avait été froid avec une part de déception quelque part. Si son corps reprenait des forces lentement, son morale, lui, ne cessait de couler, malgré le retour une fois de plus de Lydess dans sa vie qu’il aurait souhaité être bien autrement. Parfois, il regrettait même d’avoir été si chaste pour elle. Qu’il s’était gardé en intégrité pour elle, même s’il se rendait compte qu’elle ne l’avait nullement mérité. Il avait cette douloureuse impression d’être passé à côté de quelque chose. Il aurait pu épouser une femme qui l’aurait peut-être trompé au bout d’une dizaine d’années de mariage infructueux ou alors il aurait définitivement tourné le chapitre « Lydess » et aurait été un minimum heureux. Il n’aurait pas été ministre et aurait pu faire ce dont il rêvait. Il avait la fortune pour, après tout. Quelque part, elle avait monopolisé sa vie. Mais il ne lui en voulait même pas, il se doutait qu’elle n’ait même pas fait cela volontairement. Elle, avait préféré regardé devant, ainsi que l’avenir. Lui, continuait toujours à regarder naïvement et candidement derrière lui, se demandant constamment si elle l’attendrait comme lui l’avait attendue mais non. Mais il ne pouvait nullement la blâmer pour cela. Il se trouvait bien ridicule avec son vœu de chasteté chevaleresque et obsolète qu’il avait fait qu’elle seule pouvait conjurer dès qu’il avait su ce que « chasteté » signifiait. Il était tout simplement pitoyable et pathétique. Il se demandait seulement si l’épave était réparable ou qu’elle n’était destinée qu’à sombrer, gangrénée par le souvenir d’une grande sœur maternelle à qui il avait offert aveuglément son corps dans une roulotte, après plus de quinze ans sans se voir ni se parler, souvenir brisé par une tentative aussi sincère que vaine de fiançailles. Ainsi resta-t-il silencieux.
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MessageSujet: Re: As if we were God blessed. ⋆ ft. Gerald & Loban [Fini] As if we were God blessed. ⋆ ft. Gerald & Loban [Fini] - Page 3 Icon_minitimeLun 30 Avr - 22:34



As if we were God blessed

« I’m sorry that I can’t be any help to you »


Southwark, Novembre 1891

Il semblait à la jeune cartomancienne qu'une éternité, non, qu'une vie entière avait séparé leurs deux âmes. Qu'il aurait fallu compter des millions d'années entre le dernier moment où sa paume avait pu caresser le merveilleux visage de Loban et cet instant précis. Malgré la tuméfaction de ses plaies, elle pouvait ressentir toute la douceur de son visage quasiment imberbe, et en savourer tous les contours comme jamais. Le voir si assoupi dans la pénombre délicate et chaleureuse de cette petite maison d'ouvrier, le bonheur de le savoir protéger, sous son aile. Comment avait-elle fait pour survivre, dans cette peur constante de ne pas savoir comment il allait, s'il se nourrissait bien, s'il dormait bien. Des questions qu'elle s'était tant posée alors qu'il l'avait quitté à ses sept années.

Mais Lydess était décidée à ne plus se laisser tourmenter par le Destin, à ne plus le fuir. C'était de par sa bêtise que tout était arrivé, par l'ignorance même des règles les plus tangibles qui rédigent la vie de chacun. Désormais, elle voulait voir pour toujours un sourire sur son visage, et accepter la vie qu'elle mènerait à travers lui. Mais alors que ce dernier ouvrit les yeux, leurs regards se croisèrent l'espace d'une seconde et Loban détourna aussitôt le regard. Il déclara ne pas avoir faim, ce que la jeune femme ne pouvait pas croire. Le ton de sa voix était si rêche, si cruel. Le coeur de Lydess en prit un coup, tant et si bien qu'elle eut un léger recul, se laissant tomber les fesses sur ses mollets. Son âme soeur semblait le fuir, essayant de lui tourner la tête -tant qu'il ne pouvait pas lui tourner le dos. Une boule commença à se former dans la gorge de la voyante. Comment avait-elle pu être aussi stupide pour penser que les choses auraient pu être si simple ? Qu'il ne suffisait pas de mettre des onguents sur une plaie pour que le coeur se panse. Lydess baissa alors très modestement la tête, tandis que Loban poursuit sa phrase. Il parlait de Fogg avec un ton si froid, appuyant sur l'inquiétude que pourrait en ressentir la cartomancienne. Cette dernière fut alors éclairé par la détresse de son frère de coeur.

- Oh... merci... mais je ne m’inquiète pas... il peut bien s'occuper de lui tout seul...

Cela faisait maintenant cinq mois qu'il s'occupait d'elle comme de sa petite fille chérie, et qu'ils avaient pu essayé de construire des ponts entre l'un et l'autre. Lydess avait même réussi à naturellement l'appeler papa, grande amélioration. Au final, leur relation n'avait pas tant changé que cela. A ceci près que Gerald se montrait désormais encore plus protecteur qu'avant, ce qui n'était pas pour déplaire à la jeune enfant qui désespérer d'un contact rassurant avec un monde dont elle ne se sentait plus faire part. Mais ce contact si proche avait effrayé l'enfant jaloux qu'était Loban. Certainement avait-il été trop souffrant pour l'entendre appeler Gerald son père. Cela pouvait être compréhensible, même si cela n'était certainement pas accommodant pour la jeune femme. Prenant une profonde respiration, elle s'empara de la main de Loban pour la serrer très tendrement, refusant à ce qu'il s'éloigne à nouveau:

- Je vois ta tête Loban, tu ne peux pas te cacher... je sais que tu crois que je suis avec lui mais c'est faux. Je peux tout t'expliquer, vraiment... mmh, attends deux secondes.

Se levant, Lydess partit en direction d'un des murs proche des lits et détacha de celui-ci la fameuse carte de l'Impératrice. Elle en avait décidément fait, du chemin, avant de se retrouver au centre de ce qui semblait être son but premier: permettre l'identification de la fille. Intérieurement, elle priait pour que son discours soit cohérent, et que Loban n’interpréta pas son hésitation et sa peur comme un mensonge. Dans l'état actuel des choses, Lydess avait peur de tout ce qui avait un lien avec lui. Jusqu'à sa réaction pour une chose aussi importante et grave. Après tout, n'avaient-ils pas vécu l'un pour l'autre pendant des années ? N'était ce pas la base de leur relation qu'ils n'avaient aucune attache autre que celle qu'ils s'étaient créer ensemble pendant sept ans ?

Lydess priait tant, mais espérait si peu, ayant trop peu de confiance en sa propre chance. Sur le chemin du retour, elle prit le verre d'eau et en donna à Loban, l'intimant silencieusement de boire. C'était essentiel pour sa guérison -et qu'avait-il pu boire depuis la tisane rapide que lui avait fait Gerald ? Rien n'était plus bon au final que l'eau, surtout au vu de l'alcool qu'il avait entamé. Ne disait-on pas que le thé était un meilleur remède ? Difficile de dire à quel point Lydess s'en moquait pour le moment. Assise en amazone sur un coussin pour être mieux installée auprès de son amour, elle laissait la nourriture refroidir impunément. Ce n'était pas la priorité du moment. Le coeur de Lydess se déchirait à l'idée que Loban puisse croire un mensonge de sa part. Elle avait fait beaucoup d'erreurs dans sa vie, mais le trahir n'en était pas une. A nouveau, elle s'empara de sa main, du bout de ses dix doigts. Le caressant avec amour, même s'il ne voulait pas la voir, le regard bleu de la cartomancienne l'observait avec tristesse et tendresse. Néanmoins, il fallait bien se lancer un jour, et bien que chaque parcelle de son corps paraissait se boquer par peur, elle finit par dire:

- Tu te rappelles de cette carte ...? C'est celle avec laquelle on m'a déposé à l'Orphelinat... je l'ai toujours eu avec moi, c'était... une protection, un porte-chance. Et je l'avais avec moi également quand je suis... partie. J'ai erré pendant plusieurs heures à Whitechapel, je ne savais pas où aller. J'ai hésité entre la honte de me présenter à Fergus, et la mort en retournant chez O'Farrell. J'ai failli... je commençais à me diriger vers Southwark... et je me suis dirigée chez Gerald pour avoir un toit pour la nuit, me disant qu'elle m'aiderait à choisir. Je savais qu'il ne me jugerait pas comme aurait pu peut-être le faire le reste des membres de la Tribu... et il a vu ma carte. C'est... c'est mon père Loban. Nous nous sommes connu pendant des années à travers la Tribu, mais il n'a jamais eu un seul indice pour me relier comme sa fille. C'est uniquement quand il a vu cette carte-... qu'il a compris, parce qu'il avait déjà vu cette carte il y a bientôt vingt-huit ans. Il pourra te le confirmer si jamais tu as le moindre doute. Et... ça m'a aidé à ne pas aller voir O'Farrell... je peux te promettre sur tout ce qu'il me reste de ma vie, que c'est la vérité. Je ne gagne rien à te mentir, je veux juste... que tu ne crois pas que j'ai pu te trahir... je voulais juste que tu vives, je ne suis plus capable de connaître le moindre homme, depuis que je t'avais retrouvé toi, je n'en ai même pas eu le goût d'essayer.

La boule dans sa gorge s'intensifia, laissant perler quelques larmes sur ses joues. Celles-ci ne cesseraient-elles donc jamais ? Elle n'en pouvait plus de sentir ses yeux rouges bruler par le sel. De sentir son coeur se déchirer aux moindres mouvements de Loban, à chaque effleurement de son esprit brisé. Essayant de lutter contre sa voix qu'elle ne contrôlait plus, Lydess eut alors un petit sourire -qui était parti depuis le début de son monologue, et lâcha les mains de son amour pour prendre une fourchette de pomme de terre qu'elle avait préalablement écrasé pour qu'il ne fasse pas trop d'efforts.

- S'il te plait... il faut que tu manges pour reprendre des forces...

A chaque seconde que l'on lui rappelait son erreur, elle ressentait comme une dague dans le creux de son corps, qui l'empoisonner petit à petit, pour bien lui faire comprendre qu'elle n'était au final qu'une stupide personne comme les autres. Il n'y avait pas de grande-sœur Lydess, de grande matrone puissante qui avait le contrôle d'elle-même et de tout autour. Il n'y avait qu'elle, dans toute son humanité, qui avait fait un mauvais choix pour tenter de sauver la personne qu'elle aimait le plus au monde. Loban avait entièrement raison de lui en vouloir de cet acte. Mais elle se refusait à laisser courir l'idée qu'elle ait pu lui être infidèle, dans sa fuite qui aurait pu être éternelle.

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Loban V. Renfield
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MessageSujet: Re: As if we were God blessed. ⋆ ft. Gerald & Loban [Fini] As if we were God blessed. ⋆ ft. Gerald & Loban [Fini] - Page 3 Icon_minitimeMar 1 Mai - 12:48



As if We Were God Blessed.

« I'D KILL MYSELF TO MAKE EVERYBODY PAY. »

Appartement Fogg, Southwark, Novembre 1891.

Loban était toujours péniblement immobile dans ce lit. Ce lit dont les draps portaient indéniablement le parfum de Lydess qu’il ne connaissait que trop bien. Sans nul doute qu’elle y avait dormi ces derniers mois. Et la présence de deux lits simples séparés vint appuyer le monologue qui allait s’ensuivre. Le jeune Lord ne savait pas tellement s’il avait réellement besoin de cela dans l’immédiat. Il avait encore une forte envie de se rendormir, peut-être pour ne pas affronter Lydess plus longtemps. Il était mitigé sur sa présence à ses côtés. Quelque part, le gosse en lui pleurait de bonheur d’avoir retrouvé la seule personne qui importait réellement. De l’autre, sa fierté, son orgueil, blessés au plus profond de son âme, lui en voudraient à jamais. Lui qui avait mis tant de temps à se construire après son adoption, qui était de nouveau devenu instable à son adolescence suite à ce manque flagrant de Lydess dans sa vie. Il en était venu à reprocher à ses parents adoptifs ne pas les avoir adoptés tous les deux. Oh il se souvenait parfaitement de ses excès de colère en leur hurlant au visage qu’ils n’avaient été que des égoïstes qui se complaisaient à le torturer pour l’avoir arraché à son seul repère stable.

Repère qui s’était de nouveau arraché à lui quelques mois seulement après l’avoir retrouvé. Loban n’avait pas été le fils parfait que les Renfield rêvaient malgré tout l’amour dont ceux-ci avaient fait preuve à son égard. Ils avaient toujours été patients, quelles que fussent les circonstances. Il s’en voulait désormais. Il s’en voulait de n’avoir pu profiter d’une complicité avec son père adoptif qui avait pourtant été à l’écoute. Viktor et Brigitte avaient tenté de donner ce dont Loban manquait : une véritable famille. Leur erreur avait été de n’avoir pu adopter sa sœur de cœur avec lui. Longtemps, les Renfield s’en étaient voulus et regretter ce choix naïf qu’ils avaient fait. Longtemps, ils en avaient discuté le soir, préoccupé par la tournure que prenait Loban, garçon solitaire et globalement peu souriant. Viktor avait voulu l’encadrer dans la politique, lui montrait la voix, le rôder aux aléas de la vie, lui inculquer la patience et la sagesse mais son décès prématuré n’avait fait qu’empirer les choses, sous le regard impuissant de Brigitte, même si Loban était désormais un fils responsable et respectueux, ayant trouvé d’autres cibles, justifiées cette fois-ci, pour sa colère, sa haine et sa rancœur.

Et Lydess, quelque part, en faisait partie. Elle avait été le pilier de sa vie. Celle qui avait tout fait graviter autour d’elle, même séparée de Loban. Elle était indirectement liée à l’adolescence perturbée du jeune loup, à son isolement, son insubordination. Cependant, il avait au moins la lucidité de savoir qu’elle n’y était pour rien. Mais il lui reprochait d’avoir détruit ses fondations déjà fragiles. Elle lui disait qu’elle ne l’avait guère trahi durant ces mois de fuite, qu’elle avait retrouvé son père biologique grâce à cette fameuse carte qui n’avait pas pris un pli depuis que Loban l’avait vue pour la première fois… Magnanime, il la crut et lui fit confiance, quelque part soulagé de sa fidélité. Néanmoins, un terme lui laissa un arrière-goût désagréable dans la bouche. Celui de trahir. Elle ne l’avait peut-être pas trahi comme elle le pensait, mais pour Loban, c’était tout comme. Il n’avait même pas remarqué qu’elle lui avait pris la main entre temps mais avant qu’il n’ait pu se dégager, elle la retirer pour reprendre assiette et couvert, insistant pour qu’il s’alimente. Le Lord regarda la nourriture presque avec ennui et soupira profondément en regardant le plafond craquelé de l’appartement modeste de Gerald Fogg.

— Tu m’as trahi, Lydess. Pas de la façon dont tu penses mais tu l’as fait. Tu l’as fait pour la Tour de Londres. Tu l’as fait en fuyant sans rien dire en pensant que je me relèverai. Cependant, je te crois concernant l’histoire avec Fogg… Je suis content pour toi que tu aies pu retrouver ton père…

Il détourna le regard, portant ses yeux vers le mur à l’opposé de Lydess. C’était son seul moyen de se donner un minimum d’intimité. Il repensa alors au présage des cartes qu’avait lu la cartomancienne. Que la mort le frapperait s’ils venaient à se marier tous les deux. Un air triste s’installa alors sur son visage après une courte réflexion.

— Cependant, si on suit ta logique… Tu préfères me savoir détruit mais vivant qu’heureux mais mort…? Quelque part, ça revient au même, ça ne change rien. Dans tous les cas, je suis mort. De l’intérieur, ou physiquement.

Il se tourna vers elle et la regarda droit dans les yeux avec une ombre lasse dans ses iris.

— Tu sais que je ne vivrai pas vieux. Tout le monde le sait. Repousser l’échéance ne changera rien au final.

Il haussa cependant les épaules, comme résolu.

— Cependant, si tu tiens tant que ça à faire partir du peu de vie qu’il me reste, c’est ton choix. Elle a déjà beaucoup trop tourné autour de toi et il n’y a plus que des ruines désormais.

Son regard se fit alors vague, comme perdu dans ses propres pensées qu’il exprimait à voix haute :

— Comme une sorte de… de parasite qui a pris une place incommensurable et dont il est désormais trop tard pour s’en débarrasser. Quelque chose qui est devenu vital mais qui n’avait rien à faire là avant. Comme une lame dans le cœur qu’on ne peut retirer pour ne pas aggraver l’hémorragie et gagner quelques minutes de vie en plus, même avec ce corps étranger en nous.

La fatigue et la faim le faisaient délirer un minimum. Dans un soupir et un effort visible, il se redressa légèrement avant de s’appuyer contre le mur.

— Donne-moi l’assiette s’il te plaît…

Résolu à manger tout seul, il tendit la main pour récupérer la nourriture et les couverts. Toujours aussi songeur, il marmonna pour lui-même :

— Penser qu’on aurait pu être autre chose qu’un frère et une sœur était une erreur… On ne doit pas être autre chose que des amis maintenant…

Bien évidemment que cela lui fendait le cœur de dire cela, mais les événements s’affichaient comme une réalité : il s’était préservé pour elle, créant une sorte de mythe autour d’elle et cela n’avait qu’engendré des problèmes étendus sur plusieurs années. Des problèmes cachés et difficilement discernables, visibles que maintenant, après que le mal eut été fait. Aucune histoire d’amour n’était parfaite. Même les Adler pouvaient en témoigner. Il avait été naïf de penser que tout aurait été blanc et lumineux, mais il baignait toujours à moitié dans les ténèbres qui le rappelaient constamment à l’ordre. Il soupira une fois de plus, voyant les larmes de Lydess, chose pourtant rarissime. Il se doutait que cette situation la touchait beaucoup et qu’il n’avait pas été complètement sincère aussi sombre soit-il devenu.

— Mais… ce n’est pas de ta faute, quelque part… Je t’ai accordé beaucoup trop d’importance… Tu le mérites, quelque part… Tu es une femme extraordinaire et incroyablement courageuse… Tu l’es bien plus que moi – après tout, ce n’est pas très difficile, d’être plus courageux que moi.

Il eut un petit sourire amusé.

— C’est peut-être moi qui ne te mérite pas. Enfin je veux dire… Je regarde constamment en arrière, comme le reproche Stanton, je n’avance pas, je me focalise trop sur le négatif que sur le positif… Je n’arrive pas à te sortir de ma tête et toutes mes actions sont faites en fonction de ce que tu en dirais ou alors ce que je pourrais faire pour me rapprocher de toi… Et quand tu n’es pas là, je bloque, je n’avance plus… Alors… Si tu veux vivre avec quelqu’un d’autre, je comprendrai. Si tu ne veux pas de la noblesse, je le comprends aussi… Mais je t’aime trop pour vivre sans toi…

Il soupira encore une fois, lui aussi ému aux larmes. Il se frotta les yeux du poignet tout en regardant ses genoux.

— S’il te plaît… Juste… Dis-moi les choses sincèrement la prochaine fois…

Il eut une moue triste et resta silencieux quelques instants. Il aurait souhaité avoir un câlin mais c’était peut-être trop tôt, même si ses yeux le demandaient timidement. Il marmonna cependant :

— La plupart des gens diront que ma façon dont je t’aime n’est pas saine mais je m’en tape de ce qu’ils racontent…

Il redressa légèrement la tête et la regarda avec ses yeux humides.

— Malgré tout ça, je t’aime toujours autant… Je veux juste… qu’on rentre à la maison…

Au final, Loban n’avait pas grandi. Il ne l’avait jamais fait. Il était toujours un gosse un peu paumé et qui recherchait toujours un contact maternel et protecteur. Il avait été comme un gosse égaré s’étant éloigné de sa mère dans la foule et qui finissait par paniquer de peur. C’était le genre d’incident qui durait dix minutes, un quart d’heure à tout casser, mais lui, cette sensation avait duré quinze ans puis une seconde fois pendant sept mois. Maintenant, il ne voulait pas la quitter des yeux, de crainte qu’elle ne s’évanouisse de nouveau dans la nature londonienne.
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MessageSujet: Re: As if we were God blessed. ⋆ ft. Gerald & Loban [Fini] As if we were God blessed. ⋆ ft. Gerald & Loban [Fini] - Page 3 Icon_minitimeMar 1 Mai - 19:04



As if we were God blessed

« I’m sorry that I can’t be any help to you »


Southwark, Novembre 1891

Il suffit d'un rien, d'un regard porté par la lassitude et l'ennui, pour que le sourire tendre de Lydess ne s'effondre en un instant. Elle y avait mis pourtant tant d'énergie à lui faire quelque chose de bon. Mais il semblait s'en moquer, comme de tout ce qui pouvait lui arriver maintenant. Il faisait preuve d'un manque constant de réactivité, si ce n'était pour lui affliger le visage de la déception éternelle. Lydess se sentait profondément impuissante, incapable même de changer son propre destin alors qu'elle le souhaiterait si fort et y mettait tant du sien. Mais Loban se refusait à toutes ses avances et n'offrait que rejet à sa bienveillance. Mais la réponse qu'il eut à son long monologue venant du fond du coeur, ne voulant pas lui faire croire qu'elle ait pu trompé son coeur, brisa celui-ci de mille pièces. Il n'avait aucune pitié pour la jeune femme, aucune once d'un souvenir aimable. Il lui paraissait même qu'il s'amusait à lui rappeler son erreur, et à la mettre devant ses responsabilités. Il massacrait à chaque secondes où elle se montrait douce, pour la remettre plus bas que terre, encore, encore et encore. Insensible, avec l'extrême amabilité de croire à son histoire, son prétendu contentement à l'idée d'avoir retrouver son père. Tout sonnait absolument faux et la seule chose qui parvenait à attendre le coeur de la cartomancienne, c'était les coups de poignard auquel Loban n'infligeait aucun répit. Les larmes vinrent rapidement à ses yeux, alors qu'il poursuivait. Elle n'eut pas même la force de répondre, se sachant indéfendable. Elle n'y aurait perdu qu'énergie et salive, voyant pertinemment que Loban ne lui laisserait aucune chance.

Il opposa sa stupide logique, qu'elle avait eu en un instant de peur et d'égarement. Quand le mal fut fait, avait-elle resongé au bienfondé de sa théorie ? Même si elle l'avait voulu, la honte la tenait désormais enchainée à sa décision. Mise au pied du mur, toutes les possibilités semblaient englué dans une boue insurmontable. Alors elle avait continué à s'aveugler de terreur, à prier pour lui. Personne n'est blanc ou noir, tout le monde est gris. Avec ces peurs, ces doutes, ces espoirs, ces mensonges et ces véritables pensées. Au fond d'elle, pas une seconde la voyante n'avait voulu le quitter, dans un égoïsme profond qui aurait voulu l'accompagner dans la tombe. Mais elle n'avait pas voulu croire que Loban ne serait pas capable de vivre sans elle et l'avait ainsi précipité dans sa chute. Alors non, elle n'expliqua pas la moindre chose de tout ceci. Piteusement, Lydess baissait la tête et regardait ses mains tremblantes posées sur ses genoux. La seule fois où elle redressa la tête pour croiser son regard, celui-ci fut amère, sombre, elle n'y voyait aucun amour et détourna la tête. Il continua sa tirade, et la cartomancienne ne put faire autre chose que se mordre les lèvres pour retenir un sanglot, la respiration sifflante. A quoi bon tous ces drames, quand la vie au final est aussi courte pour chacun. Elle haïssait ses propres larmes comme elle se haïssait elle-même. Quand Loban prononça le choix qu'elle avait de faire partie du reste de sa vie, Lydess acquiesça la tête rapidement. Mais la suite de sa phrase la tétanisa dans son mouvement, pétrifiant son corps en une seule seconde.

Un parasite. Elle n'avait donc été que cela: c'était ainsi que Loban avait fait le résumé de sa vie auprès de lui. Visqueuse et sale, répugnante comme une sorcière des contes ordinaires. Juste quelqu'un qui avait toujours fait le mal auprès de lui, comme une vile tentatrice. Elle l'avait ramené à la vie, pour le confronter aux horreurs de celle-ci. Pourquoi l'avait-elle récupéré, en cette nuit d'hiver ? Avait-ce juste été un caprice de petite enfant qui désirait tant une poupée ? Si cela n'avait été que pour lui faire subir une horrible existence, et une prompt mort, alors à quoi bon ? Assise sur le sol, les yeux vides et embrumés de larmes, elle aurait voulu crier à nouveau face au trop-plein auquel son cerveau faisait face. Juste un amas d'ombres qui s'agrippaient à son regard, à son esprit et à son âme. Amorphe, Lydess eut juste l'énergie de mettre son menton sur ses genoux, ramenant ceux-ci près de son corps tremblant. Elle était une horrible personne, une enfant capricieuse qui avait sauvé une vie humaine pour la détruire par la suite, une stupide idiote qui avait cédé à la peur et avait été trop bête pour bien lire ce qu'elle était censée faire de son métier. Toute son identité s'effondrait comme château de cartes, maintenant qu'elle savait ce que pensait réellement celui qu'elle avait son fils, son frère et son amant. Si quelques sens elle avait réussi à construire pour sa vie durant ces cinq mois, ceux-ci venaient tout aussi bien d'être détruit en quelques mots. Tout cela pour avoir sauver un bébé d'une mort hivernale. Les délires de Loban, qui paraissaient pourtant si vrai et si douloureux, la firent se défaire de ses barrières mentales; et les sanglots coulèrent sans plus de limites, se déversant sur ses joues et ses lèvres sèches. Presque jamais elle n'avait pleuré de son existence, et il avait pourtant fallu qu'en cette journée, elle ait pleurée toute la matinée, le souvenir sans valeur de sa vie passée.

Quand Loban lui demanda l'assiette, afin de se nourrir seul, Lydess la lui tendit sans grande conviction, presque apeurée. La sombre parole qu'il eut par la suite finit de lui arracher un nouveau sanglot sans qu'elle n'ait pu formuler la moindre parole. Sa voix s'enraillait dans ses larmes et si paroles il y aurait eu, elles auraient été quasi incompréhensibles à travers la voix rocailleuse d'une gorge défaite, d'un nez bouché et d'une bouche déformée par la douleur. Mais son bourreau ne semblait pas vouloir s'en arrêter là, ne l'ayant peut-être pas vu suffisamment au fond du trou pour se sentir venger. Il poursuivit, déclarant que ce n'était pas de sa faute à elle, s'il lui avait donné trop d'importance. Elle commençait à le comprendre, cela, qu'elle n'avait jamais mérité tout l'amour qu'il avait placé en elle. Mais il reprit par la suite, pour appuyer qu'elle était une femme merveilleuse et courageuse. Quelles stupides paroles. Fallut-il à présent qu'il se sente coupable et qu'il essayat de la rassurer avec les moyens du bord ? Ou qu'il se joue d'ironie, seule arme qu'il n'avait pas encore utiliser à ce jour ? S'il ne parlait pas si vite, s'il ne lui avait laissé le temps de s'exprimer, de prendre une profonde respiration et de calmer les mouvements insupportables de son coeur qui ne parvenait à suivre le rythme de ses larmes, alors peut-être se serait-elle mise en colère, elle aussi. Aurait-elle crier que ce n'était que des mensonges, qu'elle n'était pas une femme courageuse, mais une stupide idiote qui avait passé sa vie dans une roulotte sans regarder au delà de la porte, en rêvant à un prince charmant qui la sauverait, à lui. Avoir une grande gueule, être capable de voler pour survivre, et trahir son amour pour aller défaire le Mal dans une Tour d'ivoire, ce n'est pas du courage. Ce qu'elle avait fait il y avait maintenant cinq mois ne relevait pas plus du courage, aussi hocha-t-elle violemment la tête aux paroles de Loban. Qu'il était cruel, de la remettre ainsi face au mensonge de son existence.

Ses paroles pourtant semblèrent s'adoucir, même s'il paraissait plutôt que sa haine s'était lentement transformé en lassitude, pour finir à présent par une langueur monotone où il se laissait aller à sa drogue, à son parasite. Profondément vexée, Lydess, bien qu'également amoureuse plus que tout, ne savait plus ce qu'elle devait faire. Il était aussi le point centrale de sa vie, et avait gangréné son existence et ses rêves. Le lui avait-elle pourtant cracher au visage, avec cette rancoeur ? Mais c'était elle la fautive dans tout cela, elle n'avait aucun coup à rendre. Elle aurait temps aimé parler, s'expliquer, en dire plus. Mais allait-il de toute façon la croire ? Si elle commençait à lui dire qu'il était également son parasite, qu'elle n'avait également vécu qu'à travers lui. Certainement se ferait-elle à nouveau cracher dessus comme une mal-propre, car elle n'aurait évidemment jamais souffert autant que Loban avait souffert. Lydess songea naïvement que ce n'était finalement pas bien grave. Toute sa vie, elle l'avait mise en parenthèses pour s'occuper des autres, à faire figure d'autorité pour empêcher les enfants de s'amuser à faire des bêtises, n'en ayant jamais faite elle-même. Elle s'occupait de cacher les oeufs de Pâques plutôt que d'aller les chercher. Elle avait vécu dans le rêve de retrouver Loban, se perdant dans une courte relation qui lui avait bien fait comprendre que la façon d'aimer qu'elle recherchait n'était pas non plus "saine", comme Loban lui disait. Cela ne serait donc pas la première fois qu'elle s'oublierait. S'il ne fallait que cela pour récupérer son amour, alors elle le ferait. Cela n'avait aucune importance, ce qu'elle pensait.

Pleurant toujours, mais ayant calmer ses sanglots bruyants, Lydess plongea son regard dans celui de Loban. Rentrer à la maison. Elle le voulait aussi, terriblement. Mais c'était lui, sa maison. La cartomancienne se rapprocha de lui et le prit dans ses bras, dans un câlin tendre mais léger -afin de ne pas lui faire de mal. Elle savoura la chaleur de son corps, qu'il avait retrouvé depuis qu'elle lui avait procuré les onguents.

- ....je t'aime aussi... je t'aime tellement... plus que tout au monde... je ne veux pas vivre avec quelqu'un d'autre... je ne  suis pas à la recherche de la noblesse... mais je te veux toi, et je suis prête à tout pour toi... je... demande-moi n'importe quoi, plus jamais je ne partirais... c'est toi ma maison...

Reprenant lentement sa respiration dans le creux du cou de Loban, se nourrissant de son odeur, Lydess resta silencieuse. Comment répondre à son monologue sans risquer de passer pour celle qui tenait à être une victime ? Après une telle déclaration d'amour, qu'elle avait prier depuis leur retrouvaille, Lydess ne voulut plus se dévaloriser. Elle le ferait plus tard. Mais pas à une seconde pareille de maigre bonheur retrouver. Elle ne songea pas même à lui demander s'il était sûr de son choix, s'il était vraiment persuadé d'aimer le "parasite" qu'elle aimait, et que ce n'était pas juste une drogue qu'ils prenaient tout deux et qu'ils étaient incapable de lâcher. A moins que cela ne fut une nouvelle définition aigre du mot "âme soeur". Quoiqu'il en soit, Lydess ne se sentait pas de les confronter à cet état de fait tout de suite. Loban avait déjà bien trop parler pour sa santé, et tant qu'il parlait, il ne se nourrissait plus. Les lèvres de la cartomancienne venaient déposer un baiser amoureux sur sa joue, pour reprendre la fourchette et tenter de nourrir son fils chéri.

- Il faut vraiment que tu manges... sinon ça va refroidir... dès que tu iras mieux, je te promets que nous retournerons chez toi. En attendant, tu es obligé de manger ma piètre nourriture, mon Lobanou.

Reniflant avec un sourire tendre, elle tenta d'aller au delà de ses craintes et de sa peur apparente. Après tout, il lui avait demandé de parler sincèrement, sans plus aucune langue de bois. Si elle se refusait à se confier à lui, alors ce serait peut-être le début d'une relation gangrénée par la rancoeur ? Lydess ne voulait pas qu'il l'engueule à nouveau, la blessant au plus profond d'elle-même une nouvelle fois, redéfinissant son identité de la plus noire des façons. Elle était bien trop fragile pour supporter cela, surtout si elle venait à tenter une confession. Alors, nourrissant toujours son chéri, elle finit par murmurer un petit début de phrase, qui lentement se transformer en une voix plaignante, suppliante. Les larmes venant trop facilement à nouveau sur ses joues, plus douces et moins désespérés:

- Tu... tu me vois véritablement comme un vulgaire parasite...? C'est tout ce que je suis pour toi...? Je... moi aussi... j'ai vécu toute ma vie à travers toi... je t'ai... élevé... j'ai... toujours rêvé de toi... comme un Prince Charmant qui viendrait me sauver... chacun de mes choix, bons comme mauvais, ont toujours tourné autour de toi. Je suis désolée d'être si horrible... je n'ai jamais voulu être un... parasite... une drogue... une maladie... qu'en sais-je... moi je sais juste que... que je t'aime et que j'avais peur de... peur de ta mort... ça n'excuse rien... mais... pour moi tu n'as jamais été un parasite... tu étais mon petit bébé à qui j'ai appris à marcher... mon petit frère que j'empêchais de monter aux arbres... et l'homme de ma vie... je n'existe pas sans toi... je suis née pour m'occuper de mon Prince Charmant, et j'ai commis une grave... très grave erreur... qui aurait pu nous coûter si chère... mais est-ce que cela fait de moi l'erreur de ta vie..?

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Loban V. Renfield
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MessageSujet: Re: As if we were God blessed. ⋆ ft. Gerald & Loban [Fini] As if we were God blessed. ⋆ ft. Gerald & Loban [Fini] - Page 3 Icon_minitimeMar 1 Mai - 20:30



As if We Were God Blessed.

« I'D KILL MYSELF TO MAKE EVERYBODY PAY. »

Appartement Fogg, Southwark, Novembre 1891.

Les sanglots incontrôlés de Lydess lui brisèrent le cœur. Mais tout ceci était, quelque part, de sa faute. Une partie de lui avait parlé sans se soucier de ses mots, sans le poids que ses accusations que cela pouvait avoir. Après tout, la cartomancienne avait toujours été forte et inspirait une droiture indéniable ainsi qu’une abnégation sans faille. Mais il semblerait que lui, petit gamin insolent et ingrat, ait de nouveau réussi à faire pleurer quelqu’un qui l’aimait juste avec des mots. Il n’était qu’un amas de rancœur et de haine, de colère qui ne demandait qu’à se déverser sur le premier venu même si ce dernier n’avait rien fait. Il s’avérait que sa victime, ce jour-là, avait été Lydess. Elle qui n’avait pourtant commis quasiment aucune erreur dans sa façon d’élever Loban. Aucune faille, aucun défaut. Elle avait été juste avec lui, sévissant quand il faisait des bêtises de gamin de son âge ou le félicitant parce qu’il avait bien travaillé. Maintenant qu’il y repensait, jamais elle n’avait joué comme lui avait pu jouer avec les autres orphelins. Jamais il n’avait l’insouciance de l’enfance sur son visage. Quelque part, jamais Lydess n’avait été une enfant dans son regard. Et le voilà, lui reprochant quelque chose qu’elle regrettait.

Honteux, il se mordit la lèvre et continua de regarder ses cuisses qu’il ne parvenait pas encore à bouger correctement. Il sentit alors les bras de Lydess contre lui ainsi que son visage dans son cou tandis qu’elle lui répondait qu’elle l’aimait aussi. Loban ferma les yeux et tenta de lutter contre les larmes qui lui montaient. Il aurait voulu être fort et brave comme elle l’était mais lui pleurait beaucoup plus souvent qu’elle. Encore une fois, il aurait voulu se montrer solide et digne mais il sanglotait une nouvelle fois comme un enfant dans les bras de sa mère. Rien n’avait changé au final. Ou plutôt, tout semblait être revenu comme avant. Loban passa le bras qui lui faisait le moins mal autour de sa sœur et ne bougea pas, essayant de retenir ses sanglots malgré tout. Il avait envie de gagner en maturité mais il ne comprenait tout simplement pas que cela n’était pas synonyme de froideur et de cruauté. Il caressa alors les cheveux roux de la cartomancienne qu’il avait sous les nez et profita de ce contact pour tenter de se calmer un petit peu. Il aurait cependant beaucoup donné pour qu’un tel câlin ait lieu en d’autres circonstances.

Elle finit alors par se redresser et tenta de le faire manger. Loban finit alors par baisser les armes, se doutant bien que le simple mouvement pour manger serait trop fatigant pour lui. Il avait par ailleurs la tête qui bougeait déjà à moitié. Il resta donc docilement immobile et laissa Lydess le nourrir, sûrement comme elle l’avait déjà fait plusieurs fois depuis vingt-quatre ans. Cela vida cependant l’esprit de Loban, le laissant flotter dans une sorte de léthargie où il ne pensait plus à rien hormis aux jours passés. Il savait que la cartomancienne n’affectionnait pas tant que cela la noblesse ni ce monde de bourgeois et il pouvait la comprendre, il ressentait la même chose. Il craignait néanmoins qu’elle ne s’ennuie de nouveau au manoir, comme il avait pu le lire sur son visage de nombreuses fois. Il n’avait pas envie de la retenir prisonnière, même au nom de leur amour. Lydess pouvait devenir une véritable lionne le protégeant parfois, mais tout le monde savait que les lionnes n’étaient pas faites pour rester en cage. Il ne voulait pas non plus l’obliger à être quelqu’un qu’elle n’était pas. Et elle n’avait pas à porter ce fardeau avec lui…

Cependant, tandis qu’elle continuait de lui donner à manger, elle finit par briser le silence qui s’était installé. Elle se lança dans un monologue qui lui fit comprendre l’horreur des mots qu’il avait pu prononcer à son réveil. Culpabilisant, il finit par écarter sa tête de la fourchette qu’elle lui proposait pour baisser piteusement la tête, ses joues toujours couvertes du sel de ses larmes. Il joua nerveusement avec les draps, tel un enfant qu’on grondait alors que le ton de Lydess n’avait rien d’agressif. Mais il se tenait là, silencieux, acceptant cette preuve d’amour et d’affection malgré tout ce qu’il avait pu lui dire, conscient qu’il s’était mal exprimé à un moment. La nuance n’avait jamais été son fort. Tout était toujours noir ou blanc avec lui. C’était un grave défaut et il le savait pertinemment. Aussi resta-t-il encore silencieux quelques secondes, même après la fin du monologue de Lydess. Il n’avait pas été très sincère lorsqu’il s’était exprimé, ayant été un peu hypocrite ou juste terriblement amer. Après tout, le départ de sa sœur n’avait pas été le seul de ses soucis mais elle ne devait en aucun cas en payer les pots cassés. Ce n’était pas juste pour elle.

— Je… Je me suis mal exprimé… Ce n’était pas parasite que j’aurai dû dire mais plus… symbiose… Enfin… Je sais pas… Le fait est que je ne peux plus vivre sans toi, désormais... Même si tu ne fais pas partie de moi… Enfin physiquement… Parce qu’à l’intérieur…

Il eut un petit sourire timide, n’osant toujours pas la regarder dans les yeux. Il s’autorisa même une petite blague :

— Va pas croire que je suis enceinte, hein, c’est faux !

Il eut un petit rire rapidement suivi d’un petit soupir triste.

— Cependant, je ne veux pas que tu dises que je suis un Prince Charmant, s’il te plaît… Je ne suis ni un prince et encore moins charmant… Je… Je t’ai mal traité, tu ne méritais pas ma colère… Tu as toujours agi en pensant ce qui pouvait être le meilleur pour moi… Tu n’as jamais cherché à me nuire…

Il marqua une pause avant de reprendre :

— Il est vrai que je ne me rends pas compte de ce que peut engendrer la vision de ma mort… Tu m’as vu grandir, tu es là depuis le début, je…

Il se mordit la lèvre inférieure, ne la regardant toujours pas dans les yeux.

— Ce n’était pas une erreur… Enfin si, objectivement mais… Puis j'en fais aussi, des erreurs, énormément même... Mais non tu n’es pas l’erreur de ma vie… Sans toi, je serai sûrement mort depuis plusieurs années… Je n’aurai même pas passé mon premier hiver…

Il marqua une nouvelle pause, cherchant visiblement ses mots. Il prit une profonde inspiration avant de reprendre.

— Je veux grandir, Lydess… Je suis toujours qu’un gamin, je le sais… Je suis toujours naïf devant la prétendue bienveillance des gens, tout le monde me marche dessus et ça me rend mauvais et aigri parce que j’ai de la rancœur que je ne parviens pas à expulser… Toute ma vie, j’ai eu le sentiment de passer à côté de quelque chose… Si toi, tu as réussi à me mettre de côté pendant les quinze où nous étions séparés, où tu me conservais précieusement en tant que souvenir et que songe… Pour moi, tu étais devenue un objectif et une focalisation… Peut-être… que si j’avais grandi avec toi… sous ton regard… j’aurai été quelqu’un de différent… De plus sûr de lui… De plus patient… Tu m’aurais appris ce qui était bon ou mauvais… J’aurai fait… j’aurai tout fait pour voir la fierté dans ton regard… Les Renfield… je les trouvais pas légitimes… Ce n’était pas eux, mes parents… Lydess, j’étais été affreux avec eux aussi… Je… Je m’excuse pour tout ceci… Si je n’étais pas aussi agressif, peut-être que tu m’aurais parlé de ce que tu avais vu… On en aurait parlé ensemble… Trouvé une solution ensemble…

Il soupira profondément et s’humidifia les lèvres dont l’eau semblait avoir été réquisitionnée par ses yeux pour les transformer en larmes. Il regarda l’assiette et eut un sourire triste.

— C’est très bon en tout cas… Tu devrais goûter toi aussi, tu n’as guère meilleur que mine que moi et c’est entièrement de ma faute…

Il posa sa main là où il le pouvait, c’est-à-dire, sur la cuisse de Lydess. Il la caressa du pouce avant de songer à un détail assez important dans l’équation : Lydess avait un père. Une autre personne dans sa famille. Il n’en était pas jaloux (vu qu’il n’avait jamais été une figure paternelle pour elle), mais cela bouleversait quelque peu les plans radieux qu’il semblait déjà avoir planifiés : rentrer chez lui. Il dit alors timidement :

— Au… Au fait… Comment on fait pour ton père… Je veux dire… euh… le Manoir est assez grand pour l’accueillir mais… si on apprend que le Home Secretary héberge Gerald Fogg… Enfin… Je… Puis je peux pas vraiment venir vivre ici, c’est tout juste si on passe la porte lui et moi…

Il eut un petit sourire aussi amusé qu’embêté, la regardant enfin dans les yeux avec un air timide.
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As if we were God blessed

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Southwark, Novembre 1891

Affublée de ses larmes ridicules, Lydess attendait la sentence de son aimé, quant à la triste étiquette dont il l'avait pourvu. Celle-ci l'avait entièrement détruite, jusqu'au plus profond de son être. Voir ainsi le but de sa vie détruite en un seul mot, en une seule tirade lyrique et à moitié délirante d'un blessé, était une expérience qu'elle ne souhaitait à personne. Même si sa déclaration d'amour l'avait calmé, et que ses larmes n'étaient plus qu'un long désespoir latent, Lydess savait qu'il lui était essentiel d'avoir poser cette question. Elle ne pouvait pas juste faire comme si tout allait bien, l'embrasser avec amour et le nourrir comme un enfant, pour tout simplement ressasser dans son esprit toutes les choses qu'il lui avait dit en cette matinée. Elle était consciente d'être dans l'erreur, mais elle n'était pas un bouc-émissaire à qui il fallait tout renvoyer. Même dans la logique de mère qu'elle avait emprunté toute sa vie, ce n'était pas productif. On ne martyrisait pas un enfant qui faisait une erreur, même gravissime fut-elle. La cartomancienne ne se comparaissait absolument pas avec une enfant, loin de là. Mais l'idée était la même. Oh, comme elle aurait préféré se montrer à O'Farrell, recevoir le châtiment suprême de la honte, peut-être même la mort -c'était tout comme, plutôt que d'avoir à faire face à cette simple réalité que son âme soeur ne la voyait plus que comme un parasite. Cependant, Lydess revint rapidement sur cette dernière pensée, car rien n'était plus beau que de revoir son Loban, quand bien même il la massacrait d'une douloureuse lame. Même pour se faire réprimander des mots les plus sales, elle n'aurait donné sa chance pour rien au monde, rien que parce qu'il s'agissait de lui. A quel point de folie ou d'amour était-elle tombée pour se repaître d'un tel masochisme ? Avait-elle perdu l'esprit, elle, la force vivante de la nature ? La rage irlandaise de vivre, le culot d'une femme du peuple ? Voici donc que ses retrouvailles avec Loban l'avaient transformé en une mièvre femme dépourvue de sang, ne vivant que par le regard de cet homme, fut-il rempli de haine et de mépris. Il lui suffisait de sentir ses doigts caresser ses cheveux pour qu'elle puisse tout oublier et sourire à nouveau, adoucie par l'intense fatigue et par le silence de ce nouvel instant.

Après quelques minutes, la main de Loban se leva pour l'empêcher de le nourrir davantage. Inquiète, elle ne put se permettre de prononcer le moindre questionnement, trop effrayée de ce qu'elle pourrait recevoir en retour. Le silence qui avait suivi son long monologue avait été si reposant, mais était-ce à présent l'instant du retour de flamme ? N'allait-il pas supporter ses plaintes de bécasse ? Mais finalement, ce fut un regard triste et presque désolée qu'elle eut l'impression de lire dans ses yeux. Il déclara ne pas avoir choisi le bon mot, qu'il aurait du parler d'une symbiose entre eux, malgré qu'ils furent deux entités physiques propres. Le petit sourire qu'il eut à la fin, si timide et délicat, si proche de ce qu'elle connaissait de son merveilleux Loban, calma les battements incessants de son coeur apeurée. Son propre sourire revint, alors qu'elle lui jetait également des petits coups d'oeil timide, chose qu'elle n'avait encore jamais fait. La plaisanterie qu'il fit après l'acheva de faire retomber la pression. Elle éclara de son rire bruyant si caractéristique, la faisant aller jusqu'à des larmes de joie, tant elle ne pouvait croire qu'il fasse preuve d'un humour si peu spirituel à un moment si grave. Elle riait de bon coeur, comme un pansement qui soignait ses états d'âmes. En comparaison du petit rire gêné de Loban, le sien pouvait paraître exagéré, mais il lui faisait tellement de bien. Comme si toutes les tensions de son corps se relâcher, d'un coup, que tous les nerfs se détendaient jusqu'à l'apaisement totale de l'âme.

Il poursuivit sur un ton plus sérieux, et Lydess redevint plus sérieuse à son tour. Elle lui souriait avec amour, afin de l'encourager à poursuivre dans sa réponse. L'entendre parler avec cette voix plus douce, ce regard plus lumineux, la transportait dans une joie sans pareille après les ténèbres qu'ils venaient de traverser. Le plus dur était-il enfin passé ? Quand il mit le doigt sur la notion de Prince Charmant, le rire de Lydess se fit plus discret et mignon. Elle se mit à caresser sa cuisse de la main qui n'était pas autour de la taille de Loban. Ce n'était pas parce qu'il lui disait qu'il n'était pas prince, ni charmant, qu'elle allait allait dans son sens. Ce n'était pas à prendre au premier degrès, car elle savait pertinemment qu'être un noble ne voulait pas forcément dire qu'il était prince. Quant à être charmant, aux yeux de Lydess, il représentait bien plus que cela, la perfection physique même. Mais la cartomancienne ne mit pas le doigt sur le fait énoncé, ce n'était pas le plus important. Pour elle, il serait toujours son Prince Charmant. L'homme de ses rêves venant à la rescousse de son monde gris et terne. Elle garda cette image radieuse en tête, caressant toujours de son pouce la cuisse musclé de son âme soeur, quand ce dernier reprit la parole pour évoquer l'idée de sa mort. Le mouvement de Lydess se fit plus saccadé, pour finalement s'arrêter. Elle prit une profonde respiration, et soupira lourdement dans l'expiration qui s'en suivit. Il était vrai que lorsque la menace venait pour soi-même, on peut avoir tendance à se dire que ce n'est pas si grave, que la vie continue que sa propre présence n'est pas essentielle à qui que ce soit. C'était au final presque sain, de ce dire des choses pareilles, car le contraire aurait été une preuve particulièrement flagrante d'égocentrisme surdimmensionnée.

Il la rassura ensuite sur le fait qu'elle n'était pas l'erreur de sa vie, ultime question de son monologue du désespoir. Qu'elle avait été celle qui lui avait sauver la vie dès sa naissance. Son discours par la suite, de sa voix si douce qu'avaient quitté les ténèbres, attendrie Lydess qui lui successivement le cou, lui tenant la main, ou bien remettait une mèche de cheveux à sa place sur son beau visage défait. Elle comprenait alors le manque de construction de son amour, qu'il avait peut-être à présent plus de la vingtaine, mais que son esprit était resté encore à l'adolescence qu'il n'avait su affronté, sans les bons regards, sans les bons conseils. Elle s'en voulait tellement de ne pas avoir été présente durant ces moments là. Mais elle ne pouvait pas être objective dans son ressenti, car après tout, ce n'était pas comme si elle avait eu le choix. Comme elle aurait aimé pouvoir le guider durant toute sa vie, qu'il ne ressente pas ce profond vide de frustration intense, qui le rendait apparamment si agressif envers tout et tous. Elle l'avait senti, mais n'en avait encore jamais parlé. Elle ne pensait pas que c'était quelque chose de si grave, un véritable gouffre émotionnel. Encore une fois, sa lecture -de l'âme de son amour cette-fois, aurait pu tout changer. Si elle avait su être à son écoute et changer les choses, plutôt que de se plaindre de ses éloignements, de tout ce que sa vie pouvait compter. Elle s'était comportée en enfant capricieuse ne sachant que faire à présent qu'elle avait tout ce que l'argent pouvait offrir. Mais désormais, la voyante ne s'ennuierait plus. Elle comprenait désormais les responsabilités qui lui incombaient. Qu'elle n'était pas qu'un parasite, qu'une plante verte que l'on arrose pour faire jolie sur le balcon d'une immense demeure.

L'assiette toujours dans la main de Lydess, Loban la complimenta sur son ragoût, ce à quoi la jeune femme fit un petit merci amoureux. Ses yeux étaient remplis de pailettes, si heureuse elle était d'avoir reçu cette confession en retour de la sienne. Elle avait eu si peur qu'il ne la fâche à nouveau de sa faiblesse. Mais il avait compris, et elle aussi. Quand bien même tout redevait comme avant, ils avaient tous les deux fait un pas en avant essentiel pour leurs vies. Lydess sourit en posant la fourchette dans l'assiette de Loban, à présent sur ses genoux. Elle prit alors sa propre assiette et sa fourchette et commença à manger. C'était effectivement bon, bien qu'un peu tiède à présent. La jeune femme savourait sa propre cuisine comme une renaissance, tant elle avait désormais la gorge sèche d'avoir tant pleurer. Quand Loban parla de vivre chez Gerald, ou de le faire vivre chez eux à la grande demeure Renfield, Lydess faillit s'étouffer avec la nourriture et rit un bon coup avant de boire de l'eau et faire passer tout cela.

- Oh.. mon chou... j'ai bientôt la trentaine tu sais, j'ai passé l'âge de devoir vivre avec mon père ! Ces... cinq mois auront été l'occasion de se retrouver et de recréer des liens... mais bon. En plus, pour être honnête, je pense qu'il détesterait vivre chez toi. Tu sais, lui et la bourgeoiserie... bah il est pas de la Tribu pour rien ! Après, je pense que ça peut lui faire plaisir que tu lui proposes, mais voilà. Quant à vivre ici... tu penses sérieusement qu'on se supporterait à trois dans un si petit endroit ? Je veux dire... au moins ça nous a aidé à cohabiter ensemble, mon père et moi mais... je sais pas pourquoi, je sens que vous allez vous mettre sur la gueule en un rien de temps.

Lydess gloussa doucement, le regard malicieux plongé dans celui, légèrement inquiet, de Loban. Avec une profonde tendresse, elle vint chercher ses lèvres pour les embrasser avec douceur. C'était le premier qu'ils échangeaient depuis cinq mois, et la cartomancienne voulait le faire prolonger. Aucune attaque dans ce baiser, rien que la langueur d'un souffle, du contact de leurs lèvres. Il n'y avait pas la passion d'une embrassade langoureuse, mais l'inconcevable amour de deux âmes soeurs se retrouvant après des monts et des tempêtes. Se reculant tout en plongeant ses yeux amoureux dans ceux de Loban, son sourire et sa bouche retrouvèrent rapidement la nourriture d'une bonne sauce à l'ail. Elle prépara également une nouvelle fourchette qu'elle approcha de la machoire de Loban:

- Ne change absolument rien à tes plans... dès que tu seras remis sur pied, nous retournerons tous les deux chez toi... et rien ne m'empêche de retourner voir mon père, cela me fera une belle sortie, de temps en temps.

Telle une bonne petite infirmière, Lydess s'occupait de son patient avec attention et soin. Elle tenait à ce que sa convalescence prenne le moins de temps et que cela se passe au mieux. Rentrer chez eux, et vivre leurs vies là où ils l'avaient arrêté. Lui referait-il une demande en mariage ? Qu'importe, elle ne préparerait une. Plus jamais elle ne voulait qu'ils soient séparé. Elle voulait qu'il l'épouse et lui fasse des enfants, beaucoup d'enfants.

- Mais pour le moment, je veux que tu te rétablisses, que tu manges, et après je t'allongerai pour te faire un nouveau cataplasme pour l'après-midi. Si tu as la moindre demande, n'hésite pas, je ferai tout. Tout ira bien... je t'aime...

Cependant, elle commençait à se demander comment aller se passer ce repos, avec son père à côté. Certes, il travaillait durant la journée, mais pas toujours. Elle commençait à se demander comment aller véritablement se passer la confrontation entre un Loban réveillé et un Gerald... comme à son habitude ? Officiellement, ils étaient des ennemis, que ce fut par le rang social ou part leurs actions respectifs. Et même s'il avait fini par la comprendre, Lydess était assez inquiète de voir comment Gerald allait reconnaître leurs relations si "peu saines" pour beaucoup. Elle essaya de ne pas trop y penser, songeant que ses joues allaient devenir aussi rouge que ses yeux actuellement, et préféra passer une main dans ceux de Loban, tout en lui demandant d'une douce voix:

- Dis... tu seras gentil avec Gerald en attendant de rentrer..? Je sais qu'il est de la Tribu et tout mais... c'est juste pour le temps que tu ailles mieux, je n'ai pas trop envie qu'il y ait une mauvaise ambiance sous ce toit. Je reprendrais mon père si jamais il te taquine de trop près.

Avec un sourire mutin, elle lui chatouilla le bout du nez et vint l'embrasser sur le font tout en lui déclamant à nouveau combien elle aimait son petit bout de chou, son adorable chéri, son Lobanou d'amour. Prononcer ces mots lui avaient terriblement manqué. Elle l'infantilisait peut-être un peu trop, mais si elle devait revenir aux bases pour lui apprendre à grandir et repasser par son adolescence -quand bien même cela ne marchait pas vraiment comme ça, elle était prête à essayer.

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