Event: Howling Night

 Dans les cieux… l'astre luit…

Cimetière Highgate, 1892

La pleine lune éclairait le cimetière de Highgate, dardant son éclat argenté sur ce lieu qui, comme tant de ses frères, avait la sérénité du repos paisible des défunts le jour et la lugubre aura des ténèbres au sol jonchés de cadavres la nuit.
C'était fou comme les gens pouvaient se révéler apeurés par pas grand-chose, fuyant les cimetières comme si les morts, profitant de l'obscurité et appelés par le hurlement des chiens, surgissaient pour s'offrir un macabre sabbat fait de danses impies.
Les cimetières étaient aussi calmes la nuit que le jour, voir plus encore.

Enfin, ceux qui n'avaient de loup-garou en balade e leur sein, accompagné comme il se doit par des repas potentiels qui prenaient malin plaisir à essayer de se dérober, ce qui donnait un bon prétexte à la chasse!

Harper était partit aux trousses de Harry, franchissant les distances à grande vitesse, un Devlin déterminé à ne pas le laisser faire le prenant lui-même en chasse.
Par le Diable! Harry courait à une vitesse prodigieuse! Pas assez pour espérer échapper longtemps à la bête aux crocs luisants, mais suffisamment pour se faire proie qu'il faudra vraiment mériter.
Malgré ses blessures, le monstre était rapide, mais Devlin, lui, ayant subit peu de temps auparavant une attaque plutôt douloureuse avait de grandes difficultés à suivre le tempo infernal imprimé par son ami.
Il sentait que cela ne serait pas possible!
Il fallait ruser, anticiper. comprendre certaines trajectoires et couper le fromage, acte qui aurait assurément attiré la jeune Jenny, rencontrée quelques temps auparavant et qui aurait assurément frappé d'hérésie quiconque aurait osé rechigner à un bon repas.
Ne pouvant s'arrêter, ne serait-ce que quelques secondes, pour reprendre son souffle, il écouta les bruits que faisaient le vétérinaire et son inimaginable prédateur. entendant le rugissement de frustration de la bête et son changement de direction, passant près d'arbres trop proches pour qu'un monstre de cette taille puisse passer facilement.
"Malin!"
Pensa-t-il. Il aurait sourit avec sincérité s'il n'était pas occupé à  trouver la bonne respiration pour tirer le maximum d'énergie.

Ses muscles le lançaient, ses poumons brulaient, pourtant il était toujours trop lent, la douleur des précédentes contusions ayant du mal à s'effacer.
Oublier! Faire de sa peur une force! Il avait tenté de l'enseigner à sa pupille avec bien peu de succès, mais l'homme, lui, était coutumier de l'exercice.
Malgré son envie de s'arrêter et de se reposer, il continua à travers la végétation, se mettant à la limite des crampes, plus lent que les 2 autres coureurs nocturnes, mais déterminé à ne pas céder trop de terrain.
A chaque fois que la créature frustrée s'arrêtait, trop gênée, le détective faisait de même.
Il parait que la chance sourit aux audacieux. Cela était particulièrement vrai en cette nuit car une légère brise soufflait en cette nuit, mais Devlin n'était pas sous le vent par rapport celui qui fut Harper: il ne pouvait sentir son odeur et, trop occupé à faire haro sur le vétérinaire, ne réalisait pas qu'il était lui-même pris en chasse.

La course cessa. Devlin fit arrêt, écoutant.
Plus de bruit de pas martelant le sol à une cadence rapide: Harry et le monstre s'étaient arrêtés. Pas de cris, pas de combat. La chasse avait changé de forme: de fuite, elle devenait une sorte de cache-cache.
Mère Nature s'offusqua: en temps normal, c'était l'inverse: le jeu d'embuscade se faisait avant la poursuite.
Devlin regarda autour de lui pour essayer de comprendre où il était: ça ressemblait à un aménagement de tombes oubliées des vivants depuis pas mal de temps.
Appuyé contre un arbre, il tentait presque de se faire dryade tandis qu'il reprenait sa respiration et le contrôle de ses jambes flageolantes. Il ne voyait pas Harry, n'entendait rien des bruits habituels de la nuit sauf… la Bête!
Sa forme colossale se découpait dans la clairière, marchant entre les tombes, sa tête monstrueuse cherchant sa proie qui osait encore lui échapper et refusait de se livrer au festin dont elle était le plat!
Caché derrière un arbre à l'orée de ce parterre de tombes, Devlin cherchait discrètement le fils du Chef de Scotland Yard. Hélas, trop clair et trop sombre pour le repérer.
Sa seule consolation était que le loup-garou avait la même difficulté malgré ses sens plus pointus.

La bête était encore blessée, mais ses blessures semblaient moins graves! Il régénérait bien. Devlin pu entrevoir lors d'un retournement brusque que celle qu'il avait fait au cœur était toujours là. Il soupira de contentement: il avait eu de l'instinct de s'être acharné à la faire la plus grande possible! Elle avait réduit, certes, mais était encore bien ouverte.
La peur au ventre, il sera plus encore son fourreau où était fixé les pièces d'argent, attendant l'intervalle idéale pour de nouveau attaquer.

Cet intervalle, ce fut Harry qui la lui offrit sur un plateau d'argent encore une fois!
La bête s'était recroquevillée, comme prédateur repérant sa proie embusquée lorsque Harry surgit de derrière une tombe, braquant le pistolet vers celui qui tenta de se jeter sur lui, et fit feu.
Le monstre hurla, se tenant la tête et titubant vers l'arrière.
Devlin se demanda pourquoi la bête semblait incroyablement souffrir cette fois-ci. Le point faible des loups-garous serait-il finalement leur cerveau?
Non, elle n'était pas morte! Mais cette fois-ci, Harry avait fait quelque chose… à moins que ce ne soit le lieu… Ah! Baste!
Il se rua, couvrant le plus rapidement possible la vingtaine de mètres le séparant des 2 protagonistes. En d'autres lieux, en d'autres temps, peut-être aurait-il été gamin se ruant à l'assaut en franchissant d'étranges portails lui permettant de gagner en vitesse, profitant d'une couverture d'une sorte d'elfe tirant des flèches de lumière mais ici, pas de portail, juste des jambes qui avaient retrouvé un peu de tonus et la peur devenue rage de vivre.
Il s'en contentait, se ruant sur un Harper désemparé de douleur et saignant abondamment cette fois-ci.
Il ne pensait à rien, ni à Alyson qu'il avait entrainé dans ce piège monstrueux à cause de son manque de prudence, ni à Loban, surement encore inanimé et qu'il serait difficile à évacuer, ni aux autres, venus ici pour des raisons peut-être pieuses ou simple souvenir des défunts. Il ne pensait pas à Harry qui serait en grand danger s'il se loupait. Il ne pensait à rien!
Il ne voyait que la Bête! La blessure ouverte au cœur! La tuer! L'arrêter! Non pour protéger des innocents, il en était à un stade où l'esprit lui-même décidait, poussé par l'adrénaline, à ne penser à rien. Il fallait la tuer parce qu'il fallait qu'elle meure et rien d'autre!
Silencieux, un rictus de colère déterminée à en finir, il détendit son bras de toutes les forces qu'il lui restait, frappant d'estoc la blessure au poitrail et le cœur qu'elle mettait à portée!

(Jet 65 - 10 à cause de la douleur et des contusions, 55, succès)

 

Cimetière de Highgate, 16 avril 1892.

La terre était un monde emplie d’injustice en tout genre. Des femmes qui luttaient dans la rue pour leurs éternelles survies, des hommes qui trimaient de toute leur sueur pour leurs familles. Des enfants qui vivaient parfois à même la rue, sans éducation ni espoir pour le restant de leurs existences. Dans sa vie de pasteur, Jonathan avait connu tant d’êtres fragiles, de personnes qui avaient abandonnés, des gens si lucides sur ce que sera le reste de leur vie, à n’être que des pions dans les mains de ces privilégiés… comme celui qui se trouvait actuellement en face de lui, lâchant pitoyablement ses tripes sur le sol. Le révérend avait toujours fait preuve d’obéissance envers ce qu’il considérait être comme des garants d’autorités, en Dieu comme envers les puissances terrestres. Mais il y avait des choses qu’il ne fallait pas dire, sous peine que les deuxièmes n’outragent le premier. Néanmoins, cela aurait été lui prêter bien trop de bons sentiments que de dire qu’il ne faisait que son métier de défenseur des opprimés. Le Home Secretary l’avait chatouillé jusque dans sa fierté, allant jusqu’à son honneur et sa vertu. C’était un ensemble de choses au final, dont le déclencheur était bien caché sous les couches de bienséances.

Le voir ainsi misérable à ses pieds ne lui donna pas un sentiment de puissance qu’il appréciait particulièrement. Il n’aimait pas faire du mal, laisser libre cours à son tempérament de feu bien caché sous les cendres.  Il ne possédait pas ce vide intérieur et incontrôlable, qui exigeait une prise de contrôle parfaite, un réveil depuis les abysses. Ainsi, à genoux devant son agresseur, Loban lui renvoyait une terrible image de lui-même. Jonathan s’en voulut, se mordant la lèvre pour ne pas revenir sur ses paroles et sur sa colère. Le Home Secretary se releva, se faisant tout contrit face à la colère d’un simple homme. Ses excuses vinrent en premier, faisant fis de toute tentative pour orgueilleusement se défendre. Le pasteur n’allait pas se plaindre, loin de là, car il avait obtenu réparations pour les torts dont s’était paré la langue du noble. Un statut dont il se défendit pourtant, faisant froncer les sourcils du religieux. Pas un noble, mais qu’est-ce qu’il se mettait à raconter comme mensonge? Ce n’était même pas crédible, et Renfield s’en rendit bien assez vite compte en regardant les vêtements qu’il incriminait. Le laissant dans sa confusion, Jonathan poussa un profond soupir et porta une main à son front. Lui-même était déjà bien confus par la situation, ne sachant même plus sur quel pied danser et quel aide apporter à quiconque.

Un homme méprisant qui fait une tentative de meurtre pour finalement se faire mettre dans le coma par une créature inhumaine, cette même créature étant en liberté dans un cimetière, et certainement à la poursuite d’une nouvelle victime, tandis que cet homme se réveiller en insultant et en se moquant de ce que leurs yeux pouvaient voir. Des femmes autour d’eux, sans défense, se faisant menacer par des chiens, pendant que des cris résonnaient de toute part. Que répondre, que faire ? Finalement, Callisto vint les arrêter, pour s’occuper d’un des chiens. Jonathan, qui avait de toute façon perdu tout accès belliqueux depuis les excuses de Loban, fit par se détourner du Lord. Un homme appelait à l’aide, d’une voix qui se faisait de plus en plus près. Il porta finalement attention à ce son, plus important que de réconforter les petites inquiétudes d’un riche à l’esprit ailleurs. Quand il reconnut Felix, son pas se fit plus rapide, laissant littéralement tomber le groupe pour prendre les épaules de son ami :

- Oh, Seigneur, que t’est-il arrivé ?! Attends, on va te mettre à l’abri… je vais vous aider Sir.

Jonathan s’empressa alors de prendre le relais de l’affaire, soutenant Felix de sa force légendaire bien cachée ; afin de l’emmener au plus vite près de l’arbre où se trouvait Lucy. Il n’y avait pas de jalousie à avoir à cet instant, Felix était l’un de ses amis les plus proches. Un être que Jonathan savait être parfaitement amoureux de sa femme. Le pasteur lui aurait donné sans hésiter le bon dieu sans confession. Comment pouvait-on imaginer le moindre mal derrière un silence humble, une passion sans limite pour l’horlogerie, un sens du devoir envers sa femme et sa famille. Jonathan l’installa avec grande précaution près d’un arbre mousseux, pour l’inspecter aussitôt : il semblait y avoir un bandage simple effectué autour du mollet, ceci pouvait être laisser tel quel. Mais il remarqua bien vite que Felix ne saignait pas que de cet endroit là. Toussotant un peu, il lui sourit amicalement et fit d’une petite voix :

- Felix, je sais que tu n’es pas tactile mais ne t’inquiète pas, je vais juste vérifier où tu es blessé exactement.

Il n’avait pas un frère chirurgien pour rien. Au moins était-il plus avenant et agréable à la discussion que ce dernier. Aussi commença-t-il son enquête, palpant très légèrement certains endroit du bas de sa hanche jusqu’à son épaule, là où le sang semblait lentement tremper sa chemise. Finalement, il trouva l’endroit incriminé et retira une partie du vêtement pour voir le massacre. La créature n’y était pas allée de main morte, et le pasteur n’osera jamais demander comment cela s’était passé. Trop d’image à cauchemar dans sa tête. Plus simplement et en cessant de tergiverser, Jonathan arracha une nouvelle partie de sa soutane pour bander le torse de l’horloger après l’avoir soigneusement mais doucement nettoyer, faisant bien attention à ne pas réveiller de nouvelles douleurs. Qui pouvait bien savoir ce que cachait la blessure d’un monstre pareil… ? Il serait de bon ton de l’envoyer à l’hôpital après cette horrible épreuve. Jonathan termina son mince office et posa une main sur l’épaule de Felix, souhaitant lui offrir tout son soutien :

- Ne t’en fais pas, tu vas t’en sortir. Je ne te laisserai pas manquer à ta famille ou Amy nous tuera tous les deux, d’accord ? Je sais que tu es fort, ça va aller.

Cimetière de Highgate, Avril 1892

Pour une jeune femme vivant dans les rues de Southwark depuis son enfance, quelle était la probabilité qu’elle succombe d’une bête surnaturelle plutôt que de ses conditions de vie ?
Elle avait la réponse : aucune.
A quel moment sa vie avait-elle pris un si grand virage ?
La réponse : Devlin Stanton.
S’il s’en sortaient vivant, elle jura de le tuer. Quelle idée avait-elle eu de l’accompagner au cimetière ? Dans l’optique de lui prouver que ses histoires resteraient de l’ordre des élucubrations ? Sans aucun doute. Son désir de remettre Devlin à sa place lui aurait-elle porté préjudice ? Jamais elle ne l’admettrait devant lui, plutôt mourir.
Au fond, elle cherchait simplement un coupable à cette situation hallucinante. L’existence d’une telle créature n’était nullement la faute du détective, du moins, elle l’espérait.
Alyson connaissait la religion de part la foi de ses parents, mais elle-même n’y avait jamais adhéré. Elle avait souvent observer ses parents prier. Quand elle était très petite, elle y prenait par, avec eux, sans jamais réellement comprendre de quoi il s’agissait. Se pourrait-il qu’elle se soit trompée depuis tout ce temps ? Et que cette créature soit le fruit d’une volonté divine ?
La douleur parcourant son bras semblait lui rappeler chaque seconde que le moment présent était bel et bien réel. Cette sensation, si intense, rendait difficile sa concentration sur ce qui se passait devant elle. Elle ne pouvait empêcher son esprit d’élaborer des hypothèses, suppositions. Chercher à comprendre tout ce qui l’entourait avait toujours été une partie essentielle de son fonctionnement, une sorte de base de survie. Ses parents gardaient la foi, elle pourchassait les  explications.

Loban Renfield s’excusa alors de son impolitesse, et fut victime d’une violente réaction. Cette action si soudaine sembla la ramener à la réalité. Il finit par demander qu’on l’appelle par son vrai nom « Wolfgang ». Il prétendit ne pas être Lord. Dans le but d’appuyer son propos, il désigna sa tenue, qui bien sûr le trahit. Ce discours, bien qu’invraissemblable d’apparence, toucha la jeune comédienne de part la sincérité qu’elle décelait dans la voix de cet homme, peu importait le nom qu’il se donnât. Ce qu’Alyson avait d’abord pris pour une fuite de ses responsabilités, paraissait à présent différent. L’empathie ressentie à son égard s’intensifia quelque peu. Pouvait-il réellement se prendre pour quelqu’un d’autre ? Alyson, s’approchant, lui tendit son mouchoir, et tenta de lui offrir un regard aussi rassurant que possible. Décidément, la lueur de son regard n’était pas la même que tout à l’heure, quand il avait sauvagemment poignardé Jonas Harper.

Un cri, puis Alyson vit apparaître l’homme qui s’était sacrifié tout à l’heure, portant à bout de bras celui qu’elle avait rencontré tout à l’heure comme étant Felix Adler. Il semblait grièvement atteint. Le nombre de blessés semblaint s’accroître de secondes en secondes. Il fallait à tout prix trouver un moyen de s’enfuir avant que tout le monde finisse par y passer. Le pasteur s’occupa aussitôt de l’état du jeune homme. La jeune femme s’approcha à son tour, une fois que toutes ses manipulations pour tenter de limiter le pire prenaient fin.

« Il faut qu’on essaie de sortir sans nous faire repérer par… cette chose. Si l’on se déplace en un seul grand groupe, nous avons plus de chances de nous faire repérer, peut-être devrions-nous nous séparer, qu’en dites vous ? »

Il était vrai que dans cet état, ses idées n’étaient pas les plus claires ou les meilleures. Mais c’était toujours mieux que rien.

Cimetière de Highgate, 1892

Cette espèce de sale bête était tombée.
Callisto lui aurait bien flanqué un coup de pied en cadeau, mais c'était aussi inutile que cruel. Visiblement, l'animal ne savait même pas ce qu'il faisait.
Sa seule vraie inquiétude qu'elle avait pour l'instant, outre le fait que la mort rodait alentour et semblait particulièrement avoir faim de carnage, c'était la santé de son amie qui avait été mordue.
La rage était monnaie courante, surtout parmi les chiens errants. Il fallait lui administrer un traitement des plus forts avant que la maladie prenne de l'ampleur et devienne impossible à soigner.
Fort heureusement, elle savait comment tuer ce mal. Mais plus le traitement commençait tôt, mieux c'était.
Demain, elle pourrait soigner Lucy. Elle ne savait pas si le chien était malade, mais il valait mieux prévoir que ne pas pouvoir guérir.

Elle se perdit dans ses pensées en regardant la bête inanimée : le contrecoup ! Déjà ? Elle ressentait les effets de la somnolence qu'elle avait infligé, mais atténués et bien moins longs, prise dans un monde étrange de crocs luisants, de lune et de hurlements dans le lointain.
Mais cela ne l'effrayait pas mais, au contraire, l'attirait, sans comprendre pourquoi.

Extérieurement, elle restait figée telle une statue d'ébène pendant une bonne minute avant de revenir à elle.
Regardant autour d'elle elle remarqua que le vieil homme était revenu avec Felix-Gentil qui semblait mal en point.
Vieil Homme et Pasteur semblaient s'occuper de lui près de Lucy.
La tension entre le pasteur et Loben-Homme de Lydess semblait s'être apaisée. Tant mieux! On n'avait pas besoin de ça en plus dans la charrette des ennuis!

OK ! Se secouant la tête pour se remettre en place les idées, elle estima qu'il fallait aider rapidement Alyson pour pouvoir examiner l'horloger.
Elle s'approcha afin de s'occuper du bras de la jeune femme.
La proposition de se séparer de celle-ci fut accueillie par la prêtresse avec des yeux emprunts d'un étonnement inégalable, légèrement teintée de terreur, et une phrase sortant avec tant de vivacité et de réflexe que le traducteur n'eut pas le temps de réagir !
-Hell no !
Comment dire une telle chose ? Se disperser ? C'est courir à la mort à coup sûr ! En groupe, on était plus fort !
Elle lui mis une sorte de boulette d'herbes dans sa main valide.
-Mâche et avale ! Ca évitera de dire bêtises !
Ces herbes étaient un puissant anti douleur. Leur goût, comme celui de quasiment tous les médicaments de Callisto, frisait l'affreux : un goût sucré, mais pas un sucré agréable. Une "saveur" doucereuse, à la limite de l’écœurant !
Tandis qu'elle défit la ceinture de tissus qu'elle avait à la taille, celle ne tenant pas ses potions, dont elle fit une écharpe pour tenir le bras placé contre le torse de la jeune femme.
-Evite de tomber en avant !

La situation la fit soudain hésiter! Aider Félix ou preter main forte à la petite qui se battait avec le chien? Elle ne savait que faire, ne sachant pas mettre de priorité dans l'action.
Elle prit une profonde inspiration et jugea que Loban et la jeune fille pourraient défaire cette bête.

Cimetière de Highgate

Un frisson parcourut l’échine de Lucy. Il faisait froid ; l’air semblait s’être glacé tout à coup, comme par magie, en silence, sans même l’ombre d’une brise. Jonathan avait relâché sa poigne. Le jeune impudent, qui gisait à terre, sembla déployer un effort surhumain pour se relever et tenir debout. Il avait manifestement perdu de sa superbe. A vrai dire il semblait complètement déboussolé. Il bredouilla un flot décousu d’excuses, empêtré dans une incompréhension totale de la situation. Il paraissait avoir oublié jusqu’à son identité. La prostituée aurait pu croire qu’il se moquait une fois encore de la petite assemblée, si son regard n’avait pas l’air si perdu. Le choc qu’il avait reçu à la tête semblait lui avoir fait perdre la raison. Et, tandis qu’il balbutiait avec peine, Lucy voyait le chien qui l’avait agressé, elle et la jeune blonde, tomber raide sous l’effet d’une poudre dont Callisto avait le secret.

La fille de joie sursauta tout à coup. Oubliant l’attitude étrange du jeune amnésique, Lucy fut comme paralysée par la détonation sourde qui avait, avec une rare violence, déchiré le silence glacial qui planait sur le cimetière. Ce tir lointain, qu’on entendait sans pouvoir distinguer, ni son auteur ni sa cible, sonnait le glas d’un nouveau drame. Et c’est encore figée d’épouvante que la prostituée entendit le silence sordide se briser à nouveau sous une voix forte d’homme qui demandait du secours. L’homme à la témérité héroïque de tout à l’heure, celui qui avait crié à l’aide, portait dans ses bras le corps d’un jeune homme sanguinolent, qui semblait bien mal en point. En apercevant le visage agonisant, aux traits blancs tirés par la douleur, qu’encadraient des cheveux noirs qui tombaient dans les yeux, Jonathan se précipita, affolé. Visiblement il connaissait cet homme ; il semblait même être un ami.

Sans perdre une seconde, avec ce brave empressement que mettait le Révérend à sauver son prochain, il enleva Félix des bras de l’homme, aussi courageux, mais plus vieux et moins fort que lui, et le déposa près de l’endroit où se trouvait Lucy, sur un lit de mousse qui accueillerait le pauvre corps avec douceur. Avec la délicatesse qui le caractérisait, le Révérend Williams prévint avec beaucoup de tact son ami grièvement blessé des manipulations qu’il comptait effectuer sur son corps sanguinolent. Jonathan mettait toute la douceur de son âme dans les palpations légères qu’il effectuait de ses larges mains, tâchant de trouver l’origine de ces épanchements de sang qui affaiblissaient la victime et lui donnaient ce teint cireux. Semblant avoir trouvé une plaie, le pasteur, oubliant sa réserve et sa pudeur qui auraient été déplacées dans cette situation dramatique, arracha la chemise de son ami quasiment évanoui. Lucy réprima une grimace d’horreur devant la plaie béante qui trouait le corps mince et blanc. La blessure était profonde et laide, et la fille de joie se demandait comment l’homme, semi-conscient, pouvait être encore en vie. Horrifiée par ce spectacle que Jonathan soutenait sans broncher, arrachant un autre bout de son vêtement sacerdotal pour bander la plaie immonde, Lucy détourna les yeux pour se concentrer sur le visage de l’homme. Dans l’horreur de la situation, elle n’avait pas fait attention, mais cette fois-ci elle fut frappée.

La fille de joie connaissait cet homme. C’était une connaissance d’Indianna. Elles l’avaient croisé après une énième agression que Lucy avait subi de la part d’un homme ivre. La téméraire petite rousse l’avait hardiment sortie du pétrin, non sans subir quelques dommages elle aussi. L’homme était peu avenant, d’autant plus que la fille de joie, exaspérée par la soirée, n’avait pas non plus été des plus courtoises, ils s’étaient échangés quelques mots aigres. Mais l’horloger était naturellement bon, et les avait sorties du pétrin en les dépannant d’une jolie somme d’argent et en leur donnant le nom du Docteur Williams, qui officiait à l’hôpital. Williams ?

Soudain, la jeune blonde, dont les initiatives semblaient avoir agacé Jonathan tout à l’heure, s’approcha de nouveau de lui, conseillant de nouveau la séparation. Cette fois ci, ce fut Lucy qui la fusilla du regard. Allait-elle donc insister encore longtemps, avec cette sotte idée ? Tout le monde était pourtant d’accord. On ne devait pas se séparer. Le Révérend était catégorique. Il était contre. Et la prostituée aussi. Il était hors de question qu’elle le quitte. Callisto, elle aussi, ouvrait des yeux ronds, comme si la jeune fille était soudainement devenue folle. Puis, non sans un certain mépris, elle lui glissa dans le creux de la main une boule suspecte, un de ses abominables remèdes qui fonctionnaient à merveille à condition de ne pas les vomir, lui recommandant de ne plus dire de sottises, tandis qu’elle aussi s’approchait du blessé grave. Ses qualités de guérisseuse complèteraient le sang-froid et la bonne volonté de Jonathan, qui après tout, malgré qu’il s’en sorte incroyablement bien, n’était pas médecin.

Cimetière de Highgate, 16 avril 1892.

Felix avait toujours le nez dans l’herbe, son corps refusant de faire le moindre mouvement supplémentaire, paralysé par la peur et la douleur. Il avait un peu tout oublié ce qu’il se passait autour de lui, même si la réalité était ce qui le clouait au sol. Il ne souhaitait qu’une chose : rentrer chez lui, immédiatement, instantanément. Il ne voulait plus être dans ce cimetière, en danger de mort comme tous les autres. De plus, il avait déjà été sévèrement touché et il avait plus l’impression qu’il traînait sa carcasse déjà agonisante sur la terre, teintant les brins d’herbe de rouge. Il entendit vaguement parler au loin, même si en réalité, la provenance de la voix était beaucoup plus proche qu’il ne l’aurait pensé. Il s’agissait sans nul doute d’Andrew Downcry, le seul qui semblait l’escorter pendant que Harry et Stanton s’occupaient du monstre. Puis, l’inspecteur le hissa au-dessus du sol, lui arrachant une grimace de douleur ainsi qu’un gémissement plaintif. Son côté blessé lui brûlait l’intérieur du torse tandis que son mollet le lançait d’une douleur aiguë à chaque battement de son cœur. Il ne se sentait pas vraiment bien et c’était un euphémisme par rapport à son état.

Il se sentit transporté comme s’il n’était rien qu’un enfant endormi, ce qui était le cas, au final, puisqu’Andrew, tout comme Felix, avait appris que quelques mois auparavant le lien biologique puissant qui les unissait. L’horloger eut l’impression que son esprit partait ailleurs, dans des limbes où tout serait plus chaleureux et agréable. Peut-être qu’Amy se trouverait dans ce beau rêve ? Inéluctablement, il était traîné vers l’inconscience. Il n’eut même pas le souvenir d’être déposé au sol. On le déshabilla et il reconnut une autre voix familière et qui était toujours synonyme de bonnes nouvelles, de bons présages et de positivité : celle de Jonathan. Il savait pourtant que le pasteur avait traversé des heures sombres et que, même s’il tentait de voir le bien dans chacun des personnes, il aurait les tripes d’aller jusqu’au bout pour sauver des inconnus. Il sentit alors l’air frais caresser la peau de son torse lacéré et il ouvrit un œil, un mauvais pressentiment dans l’esprit. Il craignit que Jonathan soit capable d’éventuellement donner sa vie pour le sauver lui, pour la seule et unique raison qu’il avait une famille. C’était peut-être un peu extrême et égoïste comme façon de penser, mais il savait que son ami pouvait avoir aucune limite à son courage qu’il dissimulait bien pourtant.

Felix jeta un coup d’œil à côté de lui et vit une jeune femme rousse qu’il reconnut. C’était la prostituée qui lui avait proposé ses services alors qu’il sortait du St Barth Hospital. Il leur avait donné de l’argent à elle et son amie pour qu’elles puissent se faire soigner leurs blessures et qu’elles le laissent tranquille. Cela l’étonna presque de la voir ici mais c’était loin d’être sa priorité à l’instant, bien au contraire. Il fallait mettre en garde tous ces gens-là du monstre qui avait peut-être déjà dévoré Harry et Stanton. Cette pensée lui rajouta un stress supplémentaire auquel il essaya de ne pas y penser. Il avait déjà perdu trop de sang, devait être encore plus pâle que d’habitude. La nervosité le fit claquer légèrement des dents, comme s’il avait froid, l’image d’un Harry mort traînant désagréablement dans son esprit. Il ne devait pas y penser. Son jumeau courait vite et était malin, il avait sûrement réussi à se mettre en sécurité. Cependant, il y avait trop de personne ici. Si la créature débarquait ici, elle ferait sûrement un carnage alors même que certains et certaines semblaient déjà bien mal en point. De son bras valide, il saisit alors le col de la soutane de Jonathan pour le regarder dans les yeux.

— Jo… Jonathan, tu dois les emmener ailleurs… Les faire sortir, c’est trop dangereux ici… C’est pas un humain, cette chose… Ce n’en est plus un…

Sa respiration était saccadée, son corps cherchant à respirer sans que cela ne fasse trop bouger ses plaies. Il ferma les yeux et souffla profondément et longuement. Il ne devait pas paniquer comme cela lui arrivait fréquemment. Il devait se calmer absolument même si sa plus grande crainte était de voir la créature de nouveau et d’affronter ses crocs. Lydess lui avait vaguement parlé de la morsure de Loban après l’épisode de la Tour de Londres et il craignait que les dents de ce monstre eussent les mêmes caractéristiques empoisonnées que celles d’Adkins. Mais pour l’instant, il n’avait pas été mordu. De toute façon, les canines de la bête pouvaient aisément déchirer un membre. Alors de fièvre, d’infection ou d’hémorragie, la mort était inévitable. Cependant, il ne pouvait s’empêcher de penser à la sienne de mort. L’éventualité d’abandonner Amy, Emma et Benjamin. Et où avait été son erreur ? Celle d’être allé au cimetière pour déposer des fleurs sur le tombe de son feu mentor ? Non, se recueillir ne devrait jamais entraîner ce genre de situation. En revanche, courir après un monstre et attiré son attention pour sauver un inspecteur, même s’il était son père biologique, là était sans doute son erreur. Lui qui avait trop orgueil pour qu’on fasse de sa sécurité une priorité parce qu’il était père de famille. Voilà où cela l’avait mené.

Il s’en voulait d’avoir été si stupide, bien évidemment. Il aurait dû écouter ses premières pensées égoïstes et lâches dès qu’il avait vu Harper. Et Harry aurait dû le suivre. Il regrettait que le Lord Renfield n’ait pas achevé plus brutalement cet individu, même s’il semblait que la lame ne lui ait absolument rien fait. Felix eut alors la crainte de ne pas sortir vivant de ce cimetière. Ce serait d’une triste ironie de mourir dans un lieu où les défunts passaient l’éternité. Il eut comme la sensation d’être appelé sous terre, de sentir leurs mains décomposées se saisir de son corps écorché pour le traîner parmi eux. Ou peut-être n’était-ce qu’une pensée pessimiste et macabre parmi tant d’autres. Qu’il avait perdu certes beaucoup de sang et que c’était cela qui lui faisait tourner la tête. Felix n’avait pas les connaissances en médecine du frère de Jonathan, il n’avait aucun diagnostic à porter sur son état, hormis celui d’un homme paniqué et qui était passé très et peut-être trop près de la mort. Il posa sa main sur l’avant-bras de Jonathan, cependant.

— Si… Si je dois ne pas rentrer ce soir… Tu… Tu veilleras sur eux, n’est-ce pas…? Tu lui diras… que je suis désolé…

Néanmoins, il tenta un sourire de ses lèvres qui ont toujours eu une teinte violacée.

— Hé… Si ça se trouve, je vais m’en sortir… Je prends juste mes précautions…

Il ne voulait pas faire paniquer Jonathan. Cela lui coûtait beaucoup d’être optimiste, ayant la désagréable sensation qu’il mentait.

— Mais il faut se cacher… Ou partir… Tout de suite…

Il ferma les yeux, essayant de contenir sa douleur qui lui dévorait le corps, tandis qu’il resserra son emprise sur la manche de Jonathan. Même s’il revenait vivant chez lui, il ne voulait pas savoir comment réagirait son épouse en le voyant ainsi. Lui qui ne voulait pas l’inquiéter, la trouvant parfois aussi nerveuse que lui, il avait l’impression d’avoir tout réussi pour lui faire avoir une crise de nerfs et de stress bien indispensable.

Cimetière de Highgate, 16 avril 1892.

Andrew vit que le pasteur arrivait à sa rencontre, il fut soulagé de pouvoir, enfin, se défaire de sa lourde charge et il sentait tous ses membres endoloris maintenant qu’il était arrivé et que son cœur avait cessé de s’emballer. Son fils était entre de bonnes mains et il avait confiance qu’un homme de fois, même s’il ne le connaissait pas, allait bien s’occuper de lui. C’est en tremblant qu’il s’installât contre une tombe, s’excusant d’un murmure au défunt d’emprunter sa dernière demeure comme repose-dos, mais il n’avait pas trop le choix. Il ne voulait pas faire un pas de plus. Il était claqué, exténué. Il voulait seulement se reposer avant que la suite des ennuis arrive et rester à surveiller son fils, au cas où il aurait besoin de quoi que ce soit. Franchement, il ne s’attendait pas à ce qu’il remarque sa présence ou demande à lui parler. Ils n’étaient que des inconnus l’un pour l’autre malgré le lien du sang qui les unissait. Il espérait seulement qu’il se remette et que la demande qu’il venait de faire à son ami ne serait pas réalisée.

Il savait qu’au loin, des gens étaient aux prises avec des bêtes féroces, il avait entendu les grognements, mais il ne pouvait plus se lever ni se battre. Il n’avait plus du tout la force. Son corps avait de nouvelles limites et il venait de les imposer au vieil homme même s’il aurait préféré être utile. Aider, c’était dans sa nature et aussi son rôle en tant que chef de Scotland Yard. Heureusement que d’ordinaire, son travail se passait souvent plus fréquemment à son bureau que sur une scène de crime… Il passerait le plus clair de son temps à aller voir des médecins et à dormir lorsqu’il ne travaillerait pas. Dans tous les cas, il devait profiter du peu de répit qu’il pouvait avoir. La nuit n’était pas finie et son instinct lui dictait qu’ils étaient loin d’être sortis de l’auberge.

16 avril 1892.

Les minutes paraissent être des heures, dans les fraiches profondeurs du cimetière. Depuis les sous-bois qui entourent les routes de gravillons clairs, une légère brume s'infiltre, s'étend jusqu'à vos jambes. La condensation de la nuit s'empare des immobiles feuillages. Les crissements de vos pas sur les chemins font écho au coup de feu soudain qui explosa dans le silence. C'est le quatrième que vous entendez. N'y avait-il rien qui puisse faire tomber cette horrible bête ? Vous ne voyez rien, vous ne savez rien, vous qui êtes retranché à l'entrée du cimetière sans pouvoir en franchir les barrières.

Vous ne vous rendez pas même compte de votre propre bête, grognant à n'en plus pouvoir de toutes ses blessures intérieurs; de ses oreilles qui hurlent jusqu'à sa bave qui l'étouffe. Ce deuxième chien, malade, qui avait attaqué l'une d'entre vous pendant que l'autre suppliait pour sa vie après avoir mordu la prostitué. Ce chien que vous avez tous ignoré et pour qui les sifflements de son esprit devenait insupportable. De ses yeux rougis par le sang, il ne voyait plus que des ombres se déplaçant plus ou moins lentement, droite, immense, bien plus grand que lui. Personne ne le regarde. Son collègue dort d'un sommeil trouble, mais sans douleur. Lui n'a pas cette chance. De sa fine et large gueule, il se met à aboier avec force vers vous.

Puis, dans le méandre de ses ombres longilines, se détache un vieil homme qui s'assoit sur le sol. Mais le chien vit cela comme une ouverture, cet proie en position de faiblesse. D'un bond, le canidé traversa les mètres qui le sépara d'Andrew et sauta sur son torse qu'il laboura de ses griffes, amochés par sa triste vie de chien errant.

Pendant ce temps, coincé dans la clairière du Meadow, le loup-garou était en train de subir; pour la première fois depuis sa transformattion, la plus violente attaque. Son oeil suppurait d'un liquide blanchâtre qui s'écoulait le long de sa gueule, perlant de ses dents et se mêlant à sa bave. Il souffre tant, qu'il ne pense même pas à rendre son attaque à sa proie. Il recule, agrippe son corps titubant au tombeau qui servit de cachette, enfonçant ses griffes dans le marbre. De ses grognements proviennent des gargouillis internes. Il ne voit pas arriver de ce côté-ci de sa blessure, l'attaque violente du détective Stanton. Ce dernier enfonce sa bombe à retardement métaphorique dans la plaie. Juste à temps. Car la plaie se résorbe, empêchant toute évacuation de l'argent. Cette petite arme dévore son corps de l'intérieur, s'approchant dangereusement de son coeur. La douleur est insupportable; elle aveugle entièrement la créature. D'un revers d'une patte, Harper rejeta son nouvel agresseur rapidement contre un arbre. De partout, la souffrance revient, elle ne vient plus de l'extérieur, mais de l'intérieur de son corps. S'il était possible de le rendre plus fou encore, c'était fait.

Il ne pouvait plus rester là, entouré par les arbres et les tombes qui entravaient sa progression. La Bête hurla, et s'enfuit de la clairière. Slalomant péniblement entre les arbres, il finit par arriver vers l'entrée du cimetière. Des souvenirs lui revinrent. Violence, vengeance, souffrance. D'un hurlement guttural qui n'avait plus rien à voir avec les hurlements fantasmés des loups, il détendit ses muscles et attrapa la première proie qui pouvait lui permettre de se défouler. La jeune Indianna vit son corps être propulsé contre le sol, la gorge prise entre la patte musclé du loup. Un mélange de sang, de bave et de liquide occulaire descendit jusqu'à la jeune femme. Il est proche, trop proche, il est immobile. Son courroux peut venir à tout instant, imprévisible.

Le chien, toujours sur le directeur de Scotland Yard, s'arrêta soudainement à l'arrivé du loup-garou. Ses pattes se font tremblantes, il a peur. La créature le terrifie, son hurlement le pétrifie. Le canidé s'écarte de sa proie, mais pour mieux la saisir par les vêtements et avec force, le trainer jusque dans les sous-bois pour ne pas se faire voler sa victime.




• Très important : Étant donné que le cimetière de Hightgate est un endroit très boisé et où il est facile de se perdre, nous vous donnons l'opportunité de nous indiquer votre position à travers une carte. En effet, nous conserverons pour le bien de cet Event uniquement la partie Ouest du cimetière. Envoyez-nous un mp avec cette carte pour nous indiquer votre position, si vous avez le moindre doute quant à la position de vos camarades, n'hésitez pas à demander dans le topic de discussion !

• Pour le lancer de dés : le seul site que vous pouvez utiliser et celui proposé par ce lien. Pour en comprendre le score, tenez-vous en au barème suivant.

Entre 75 et 100: Réussite Critique.
Entre 50 et 74: Réussite.
Entre 25 et 49: Échec.
Entre 0 et 24: Échec Critique.

• Si les autres joueurs veulent tenter des jets de dés, sachez que les traumatisés de la Tour de Londres recevront un malus de -10 points dans leurs résultats.

• Il n'y a pas de minimum de mots pour participer, l'important étant que vous confirmiez votre action et que vous donniez du contenu pour les autres joueurs.

• Vous avez deux semaines pour répondre. En cas de non-réponses durant ce laps de temps, votre personnage sera un peu plus malmené que le autres.

• Un Topic de Discussion dédié aux membres de l'Event vous est reservé ICI.

• La prochaine intervention du MJ sera le 20 août.

• Amusez-vous bien, c'est le principal !

Cimetière de Highgate, 16 avril 1892.

Le vieil homme s’était assis, épuisé, mais ne s’était pas attendu que l’une de ces bêtes se détourne et fonce vers lui aussi vite. Le voilà qu’il lui avait sauté dessus avec vigueur et une force évidemment supérieur à la sienne. Il tenta de le repousser de ses mains, s’agrippant à sa fourrure, mais ses membres endoloris ne pouvaient pas l’empêcher d’accomplir le carnage qu’il voulait accomplir. Ses griffes rentrèrent dans sa chaire et l’homme hurla de douleur, pensant qu’il allait mourir dévoré par cette bête. Heureusement, il avait eu une longue vie et il pouvait se trouver chanceux d’avoir vécu aussi longtemps malgré son travail pour les forces de l’ordre. Il avait essayé d’attraper son fusil afin de tirer cette chose en pleine tête, mais la douleur était insoutenable et il s'évanouit très rapidement sous le châtiment que lui prodiguait le loup. Un voile noir d’encre, sans rêves ni pensées, s’était abattu vivement sur lui. Il ignorait qu’une demoiselle rousse avait tenté de l’aider en frappant le loup, en vin et encore moins que le loup-garou était arrivé rapidement après. Cela avait effrayé la bête qui s’en était prise à lui, mais le simple canidé ne voulait pas se débarrasser de sa proie et avait attrapé un bout de son vêtement dans sa gueule afin de traîner le pauvre directeur de Scotland Yard un peu plus loin, fuyant l’hybride mi-homme mi- loup qui s’en prenait maintenant à la demoiselle. Le torse d’Andrew était presque en lambeau et il avait de la chance que la blessure ne lui soit pas fatale, mais il lui faudrait très certainement des soins rapides si cette chose ne le mangeait pas tout cru avant. Si on le sauvait de ce pétrin et qu’il s’en sortait sans être invalide, il serait éternellement reconnaissant à son sauveur, qui qu’il soit!