Take What You Can. [PV Ambrosine L. Bellamy & John Wicker]



 
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Take What You Can. [PV Ambrosine L. Bellamy & John Wicker]

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Erwan A. P. Daugherty
Erwan A. P. Daugherty

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MessageSujet: Take What You Can. [PV Ambrosine L. Bellamy & John Wicker] Take What You Can. [PV Ambrosine L. Bellamy & John Wicker] Icon_minitimeMer 3 Oct - 10:43



TAKE WHAT YOU CAN

« GIVE NOTHING BACK. »

Automne 1892, Théâtre Alhambra.

Erwan s’était bien préparé pour cette journée un peu spéciale. Encore une fois, il avait fait attention à son apparence, taillé sa moustache avait soigné ses vêtements. Tel était son petit rituel avant de faire une apparition en public. Ce jour-là, il ne vendrait pas de produits aussi inefficaces qu’inutiles mais dont il louait pourtant les vertus. Le Gallois savait se montrait persuasif quand il le voulait et pour l’instant, personne n’était venu se plaindre de ses lotions contre la perte de cheveux ou, pour ses messieurs, une vigueur plus importante dans la chambre maritale, en prenant en compte le fait que cela ne fonctionne pas sur tout le monde, même si les immunisés sont une minorité risible dont il ne faut pas tenir compte. Cependant, cette fois-ci, il n’était guère destiné à passer sa journée à côté d’un petit marché de Southwark. Il se rendait au théâtre de l’Alhambra, aménagé pour la journée pour y accueillir un salon du livre pour auteurs incontournables en devenir. Suite à ces récentes magouilles sur le dos d’une jeune noble, qui avait un talent certain mais une certaine naïveté pour accorder de la confiance à Erwan, l’escroc avait pu publier trois livres dont la réussite était particulièrement satisfaisante.

Bien évidemment, pour la jeune auteur véritable dont il s’était attribué lui-même le mérite, il lui avait donné un faux nom. Subterfuge qu’il avait de nouveau utilisé au moment de publier ses livres. Collectionner les identités falsifiées ne faisaient pas peur à Erwan, dont rares étaient les personnes à connaître le véritable patronyme. Il était toujours plus facile d’avoir un coup d’avance sur ses victimes et une fausse identité était un moyen impeccable pour embrouiller le cerveau de ces pauvres gens déjà doublés et plumés. De plus, cela permettait de s’évanouir plus facilement dans la nature. Londres était une grande ville avec plusieurs millions d’habitants, il n’était donc guère difficile de disparaître parmi cette population, cosmopolite qui plus est. Après tout, un meurtrier en série comme Jack l’Éventreur n’avait toujours pas été retrouvé, alors qu’il avait fait trembler la ville le temps d’un automne. Oh Erwan ne se comparait pas à ce barbare, mais il prouvait bien qu’il était facile de se mêler parmi la foule pour se faire oublier rapidement. Il finit donc de se préparer tranquillement et finit par sortir de chez lui, légèrement en avance pour ne pas avoir l’angoisse d’un possible retard, même si le stress et la nervosité étaient des humeurs que l’escroc ressentait assez rarement.

Il se rendit donc au théâtre, se présenta sous le nom de Donovan Goldberg, nom qu’il avait donc utilisé pour publier les manuscrits volés à Miss Bellamy. On lui indiqua alors sa place, petite table placée d’autres auteurs, où reposaient plusieurs exemplaires de ses écrits. Il s’y assit docilement, avec le sourire, salua ses confrères et attendit les premiers curieux venus demander des signatures. Erwan se prêta au jeu pendant toute la matinée, posant sa dédicace (falsifiée elle-aussi), sur la première page. Son grand sourire aura pu traduire de la fierté si la raison de sa présence n’avait pas été si honteuse. Mais en réalité, l’escroc s’amusait énormément à ce petit jeu. Il n’était d’ailleurs plus en contact avec Miss Bellamy qui avait dû se rendre compte qu’elle avait été dupée et qui devait courir après un certain James Sullivan. Cela avait été plus prudent pour lui que de forcer la supercherie et prendre des risques inutiles. Pour l’instant, les revenus de ces trois livres lui permettaient d’avoir des revenus constants, l’aidant de manière non-négligeable dans sa vie de tous les jours. Il fit une pause en milieu de journée pour manger un morceau avant de retourner s’asseoir à sa place, continuant à se prêter au jeu des signatures, regardant les plusieurs dizaines de Londoniens se déplaçant de stands en stands.
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Ambrosine L. Bellamy
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MessageSujet: Re: Take What You Can. [PV Ambrosine L. Bellamy & John Wicker] Take What You Can. [PV Ambrosine L. Bellamy & John Wicker] Icon_minitimeMar 23 Oct - 0:03



Take what you can

« You know that there's no denying

I won't show mercy on you now»

Automne 1892, Théâtre Alhambra

De toute ma vie je n’avais juré que par l’écriture. Bien que mes parents aient toujours désapprouvé mon inclination pour cet art, je n’avais cessé de le perfectionner dans l’espoir d’être un jour publiée comme les grands auteurs du continent. J’avais cru quelques temps que ma passion fanerait une fois mon rêve réalisé, tel un caprice auquel on aurait cédé ; mais l’euphorie qu’avait provoqué en moi la vision surréelle de mon œuvre dans la vitrine de célèbres boutiques ne m’avait qu’incitée à continuer et persévérer dans le but de gagner assez de notoriété pour devenir une écrivaine légitime aux yeux des maisons d’édition, pour qui la signature d’un homme en guise de garantie était encore de mise. Certaines demandaient à leur père, leur frère ou leur mari. Ne me faisant pas d’illusion quant à la réponse du premier et n’étant dotée d’aucun des deux autres, obtenir cette signature n’avait pas été de tout repos ; et sans doute n’aurais-je pas eu la chance de faire mes preuves dans le monde du livre si James Sullivan ne m’avait pas apporté son aide. En cela, je lui étais éternellement reconnaissante. Les hommes bons se faisaient rares dans notre société, et j’avais été ravie de découvrir qu’il en faisait partie lorsqu’il avait accepté de me prêter son nom le temps d’une publication. Cela n’avait été rien de plus qu’un service rendu par pure bonté, songeais-je alors, pour lequel j’avais voulu offrir une récompense sous la forme la plus aisée pour la jeune aristocrate que j’étais : une compensation monétaire sur les revenus qui découleraient de mes romans – si tant est qu’il y en ait. J’avais depuis longtemps le désir d’en verser la somme aux plus précaires, qui en avaient plus besoin sûrement que le gentilhomme que semblait être cet homme ; mais c’était bien là la moindre des choses pour un tel service et j’avais pour habitude de régler mes dettes.

Ce salon du livre, j’en avais entendu parler depuis des mois lors des soirées mondaines auxquelles je participais en compagnie des artistes dont j’appréciais la plume. Chacun en parlait avec les yeux brillants et la voix animée d’un enthousiasme que je partageais volontiers, malgré la certitude qu’il me serait impossible de m’y rendre sans prendre le risque d’être démasquée : si Monsieur Sullivan pouvait me céder son nom, il n’était malheureusement pas en mesure de me transformer en l’homme que le public s’attendrait à voir derrière le livre que j’avais écrit. Je me contentais d’aider mes amis à préparer leurs discours et débats littéraires en prenant plaisir aux festivités depuis ma prison dorée, en me satisfaisant du plaisir simple d’être appréciée pour mes mots uniquement plutôt que pour ma position ou mon statut de jeune lady – et loin de moi l’envie que l’on s’approprie mes œuvres au travers d’un mariage intéressé et dénué de sincérité. Si l’idée de ma future union avec John me rassurait sans aucun doute au sujet de cette peur bien trop fondée à mon goût, elle n’en restait pas moins une possibilité tant que le mariage et la consommation de celui-ci n’avait pas lieu – et quand bien même, les romances adultères risquaient de leur effleurer l’esprit. Les écrivaines n’avaient jamais eu une excellente réputation dans le monde d’hommes au sein duquel nous évoluions.

Ces préoccupations s’appropriaient une grande place dans mon esprit depuis que j’avais accepté la proposition de John Wicker, je devais l’admettre. Au fond de moi, la culpabilité me rongeait alors que je m’évertuais à ne rien révéler de mes occupations en dehors de nos rendez-vous. Bien entendu, je lui avais fait part de mon amour pour les romans et la lecture, mais jamais je n’avais laissé entendre que j’en étais parfois moi-même à l’origine, ignorant quelle pourrait être sa réaction en l’apprenant. Mettrait-il fin à notre relation ? Souhaiterait-il annuler notre mariage avant même que celui-ci ait lieu ? Et plus encore : cela ne serait-il pas mieux pour nous deux ? Je ne regrettais pas ma décision, loin de là, mais je ne pouvais m’empêcher de m’interroger sur la sagesse de cette décision : cela avait-il été bien raisonnable ? L’écriture était la raison qui m’avait toujours empêchée de me lancer dans quelque entreprise amoureuse depuis mes quatorze ans ; et je venais de l’effacer sous les compliments et les mots doux d’un homme que je ne connaissais que depuis quelques jours, mais qui était parvenu à m’intriguer au point de me faire oublier la crainte de devenir une épouse au joug de son mari – mais certainement pas celle de la découverte de mon secret. Sans doute avais-je eu tort de penser que je serais capable de le lui cacher encore longtemps.

J’étais en train de disposer les derniers exemplaires de la nouvelle d’un bon ami à moi lorsque je l’avais aperçu au loin, son chapeau enfoncé sur la tête. A son expression enjouée, je devinais qu’il passait un bon moment parmi les auteurs que j’accompagnais en tant qu’invitée, à tel point que je n’osais le déranger pour lui adresser mes salutations – je me rassurais dans l’idée que nous nous croiserions de nouveau lorsque j’aurais l’occasion de faire moi même le tour du salon, ce qui me permettrait de discuter avec lui des soucis que j’avais pu rencontrer auprès de la maison d’édition.
Ce ne fut que lorsque je croisais l’écrivaine qui s’était chargée de la relecture de la plupart de mes œuvres que je remarquais que quelque chose se tramait ce jour-ci.

- J’ignorais que vous participiez au salon aujourd’hui Lady Bellamy. Je suis heureuse de voir que vous êtes parvenue à convaincre votre éditeur !

- Malheureusement, je ne suis ici que pour soutenir un auteur apprécié dans mes salons, lui avais-je indiqué.

Elle m’avait alors lancé un regard étonné, m’expliquant qu’elle avait du confondre les romans qu’elle avait vus sur une table en parcourant la salle de théâtre et qu’elle pensait être les miens. Je confirmais son hypothèse la boule au ventre, décidée dissiper l’inquiétude qu’elle avait su raviver au plus vite en rejoignant l’étal en question : s’il lui semblait suspect, autant que j’aille l’inspecter moi même afin d’en avoir le coeur net. J’avais tourné plusieurs fois avant d’enfin remarquer au loin la couverture en cuir reliée du fruit de mon travail, dont le titre était stratégiquement rappelé en gros sur une affiche en vantant les mérites, que je n’avais jamais approuvé et pire encore, que je n’avais jamais vue de ma vie.

D’un pas furieux, je me dirigeai le visage rouge et brûlant de rage vers la personne qui s’était appropriée mes œuvres, pour y découvrir nul autre que mon cher ami James qui signait mes romans le sourire au lèvres à qui le voulait bien. Patiente, et ne désirant pas faire d’esclandre en public, je me contentais de rejoindre la file de lecteurs et d’attendre mon tour.

- Monsieur, sachez que je suis une grande admiratrice.

Autour de moi, les auteurs ne se doutaient de rien, et le public ne nous accordait aucune attention, occupé comme il l’était à vagabonder à travers la bibliothèque en laquelle s’était transformé le salon. Ce calme relatif me rassurait : j’espérais que tout cela ne serait qu’un malentendu, et que l’affaire serait réglée discrètement afin que je puisse retourner à mon ancien poste auprès de mes camarades d’écriture.  

Dans mon esprit, plusieurs solutions que la colère avait oblitérées défilaient, alors que j’attendais une quelconque réaction de ma part. S’il était innocent comme je l’espérais, sans doute serait-il ravi de me revoir. Je guettais la peur et l’incompréhension, qui seraient pour moi telles un aveu de sa culpabilité.

Calme toi donc Ambrosine, le salon a du l’inviter, tentais-je de me convaincre. Il a du être contacté et ne pas vouloir m’inquiéter. Avoir pris l’initiative de s’y rendre pour faire la promotion de mes romans. C’était l’unique solution, conclus-je avant que mes yeux ne se posent sur le panneau qui tronait près de sa chaise.

Donovan Goldberg.

S’il n’était venu que pour me représenter, pourquoi donc le nom qui y était imprimé m’était parfaitement inconnu ?
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John Wicker
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MessageSujet: Re: Take What You Can. [PV Ambrosine L. Bellamy & John Wicker] Take What You Can. [PV Ambrosine L. Bellamy & John Wicker] Icon_minitimeMar 23 Oct - 20:14

Take What You Can. [PV Ambrosine L. Bellamy & John Wicker] Tumblr_inline_oxnr6h4jwc1rifr4k_540Take What You Can. [PV Ambrosine L. Bellamy & John Wicker] Tumblr_inline_oxnr6dzJuq1rifr4k_540

Si John avait appris à lire bien avant que son père ne soit défait de ses titres et de ses biens, le Wicker n'avait guère eu le temps d'en profiter. A l'âge où la bibliothèque de leur foyer avait été encore bien remplie, ses préoccupations se portaient sur d'autres apprentissages plus physiques, chose qu'il avait parfois regretté par la suite, quand sa condition ne lui avait plus autorisé l'accès aux livres. Par la force des évènements, et maintenant qu'il pouvait de nouveau se plaire à cette distraction, John s'intéressait donc à compléter les rayons de ses étagères avec des ouvrages qui satisferaient non seulement ses goûts mais ceux de Rosaline, bien différents, mais néanmoins créant des débats appréciables à leur table. L'ainé des Wicker n'était pas aussi obtus sur ce genre de sujets qu'il pouvait le paraitre pour d'autres.
C'était ainsi qu'il s'était retrouvé embarqué plus ou moins volontairement au salon du livre par une jeune blonde plus excitée que jamais, et menant son frère par le bout du nez, déterminée à lui faire dépensé un peu de sa fortune nouvellement acquise pour meubler ses longues soirées solitaires - c'était une façon peu subtile de lui faire du chantage, quand à son célibat. En vérité, il n'était pas sans cacher une autre raison à cette expédition : Ambrosine avait laissé entendre qu'elle aimait errer dans les pages poussiéreuses, et il espérait croiser sa future femme dans un contexte qui la rendrait surement heureuse.

Laissant sa cadette vagabonder à sa guise entre les stands, surveillée plus ou moins discrètement par l'un de ses hommes de main, John commença à explorer les présentoirs. Il salua avec malice quelques uns de ces clients, qui venaient rejoindre son terrain de nuit, pour parier sur les combattants, et avec plus de malice encore aux anciens amis de son père, qui lui avaient tourné le dos à sa chute, et se pavanaient maintenant avec moins de panache que lui.
En effet, le Wicker s'habillait pour sortir avec la prestance que pouvait lui conférer sa bourse, par provocation plus que par goût de l'opulence.
Sur lui, les atours de la noblesse paraissaient presque trop bien taillé pour souligner sa silhouette qui n'avait rien des membres grassouillets ou gringalets qui se complaisaient généralement dans ce rang. Sa carrure surprenait souvent les tailleurs, qui se vexaient plus encore de son refus à exposer sa peau nue pour les mesures.
Le Wicker n'en avait que faire : il était habitué à ne pas faire l'unanimité, et à obtenir néanmoins le beau rôle, celui de l'homme qui a ce qu'il veut, à la fin.

Alors qu'il cherchait malgré lui, probablement inconsciemment, la chevelure rousse qu'il espérait trouver dans la foule, il reconnut la Bellamy faisant la queue devant un écrivain moustachu, dont plusieurs couvertures ne lui étaient pas totalement inconnues.
Piqué par la curiosité, et nullement effrayé de se montrer intéressé, John s'avança vers la jeune femme, faisant savoir sa présence par une sèche révérence, tout juste assez virile et polie pour ne pas paraitre ostentatoire.

    - Mon amie... Commença-t-il, fronçant les sourcils en percevant dans l'expression de son visage quelque sentiment qu'il ne lui connaissait pas. Mes salutations monsieur Goldberg, formula-t-il en s'adressant à l'interlocuteur qui performait quelques signatures, avant de se retourner vers le visage plus agréable à regarder de sa future épouse. Serait-ce l'un de vos auteurs favoris ?


Bien décidé à apprendre l'origine de l'émotion qui la submergeait, le jeune homme attrapa l'un des volumes, dont il parcourut rapidement les pages. Il se remémorait maintenant la lecture de cette aventure, et reposa son regard sur celui qui avait rédigé ces lignes, légèrement perplexe.
En vérité, il ne s'était pas figuré quelqu'un de si grossièrement banal derrière les mots de cette intrigue. Il avait imaginé un personnage plus raffiné définissant les scènes dans lesquelles se plongeait le roman... A vrai dire, l'histoire avait été presque troublante, de par cette façon délicate à la narrer qui faisait toute sa spécificité.

    - Etiez-vous venue chercher un exemplaire dédicacé ? Demanda-t-il à la jeune femme, entourant sa taille d'un bras protecteur. Il se moquait pas mal de savoir si cela déplairait aux alentours, ou même si elle apprécierait... Ses intentions étaient bonnes, et instinctives : il la sentait troublée, et lui promulguait son soutien inconditionnel. Il me semble que Rosaline possède déjà ces tomes et les a dévoré en une nuit comme beaucoup d'autres, elle sera surement ravie de vous les prêter.


C'était sa façon de lui dire qu'elle ne devait pas souffrir l'impolitesse d'un littéraire qui ne satisfaisait pas bien la demande de ses lecteurs. Il l'interrogea du regard, cherchant encore une fois la requête d'une violence à laquelle il était trop habitué pour croire qu'une femme agacée ne la réclamait pas. D'un seul hochement de tête, il pourrait se permettre, et ce en évitant le scandale, de faire regretter à cet opposant son irrespect, sur le champ ou plus tard, si elle le jugeait nécessaire.
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Erwan A. P. Daugherty
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MessageSujet: Re: Take What You Can. [PV Ambrosine L. Bellamy & John Wicker] Take What You Can. [PV Ambrosine L. Bellamy & John Wicker] Icon_minitimeMar 6 Nov - 19:36



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Automne 1892, Théâtre Alhambra.

Erwan était resté assis pendant plusieurs heures, à signer des livres qu’il n’avait point écrits et dont il s’attribuait pourtant le mérite. Malheureusement, le passé de l’escroc ne lui permettait pas d’avoir des remords concernant cette magouille sans honneur. Après tout, il avait bien témoigné contre son frère afin que celui-ci se retrouve en prison et pas lui. Le Gallois était en effet du genre à ne réfléchir que pour lui et à ne guère s’embêter avec les sentiments des autres. On pouvait le qualifier de bien des mots : égoïste, avare, lâche… Mais il était malin. Même si cette fois-ci, il se présentait à visage découvert, il avait camouflé son identité sous un faux patronyme. Il ne comptait même plus les différentes identités dont il s’était affublé pour de ne pas être retrouvé dans la Grande-Bretagne. Mais visiblement, les forces de l’ordre étaient bien plus occupées à retrouver les criminels violents que de simples escrocs inoffensifs. Après tout, Erwan pouvait se vanter de ne jamais avoir blessé personne… depuis que son frère était en prison. En effet, leur dernier larcin s’était soldé par le décès accidentel de leur victime et depuis ce jour, le voleur faisait tout pour éviter toute forme de violence physique. C’était à cause de cela que, malgré son âge, il courrait assez vite pour ne pas se faire rattraper.

Mais, à l’heure actuelle, il n’avait guère besoin de courir, les fesses confortablement vissées sur sa chaise aux coussins en velours. Il continuait de signer, offrant son plus beau sourire à ces gens qui appréciaient son œuvre ou juste des curieux intrigués. Il se demandait s’il ferait une bonne recette avec ce salon. Il l’espérait en tout cas. Il devait avouer que l’écriture pouvait être un gagne-pain assez lucratif quand on avait un minimum de talent et une belle plume. Ce qui n’était pas son cas, en vérité. Bien évidemment qu’il se faisait de l’argent sur le dos de Miss Bellamy et demander un pourcentage pour l’emprunt de son nom (qui était un faux) était trop facile et n’était guère dans la mentalité ni dans les principes de l’escroc. Soit il avait tout, soit il n’avait rien. La malhonnêteté le qualifiait peut-être le mieux, au grand désespoir des gens qui croisaient sa route. Cette pauvre Miss Bellamy s’était faite avoir et irait sûrement colporter à tout son entourage de petite noblesse à quel point James Sullivan était un vil voleur sauf qu’elle calomniait sur un fantôme, un spectre, une entité qui n’existait pas.

Fort satisfait de sa situation, il tendit un livre signé à une femme d’un certain âge avec un sourire quand son regard se posa sur un visage familier dans la foule. La fameuse Miss Bellamy se tenait au milieu des autres, attendant certainement de s’expliquer avec lui. Le sourire d’Erwan ne s’effaça pas, ne voulant pas paraître suspect à la réelle auteure des livres qu’il était en train de signer. Ce qui l’inquiéta un peu plus était qu’elle venait accompagnée, visiblement. Et d’un homme d’un certain gabarit, qui plus est. Il n’avait pourtant pas le souvenir qu’elle fusse mariée car, dans ce cas, elle n’aurait guère eu besoin de ses services pour faire publier ses livres. Il resta pourtant calme et devait vite trouver une excuse pour le changement de nom et ainsi la mettre en confiance. Il n’avait pas tant peur d’elle mais plus de lui. Erwan était tout sauf violent et détestait se battre. De toute façon, dès qu’un combat à mains nues s’était engagé dans ses jeunes, il perdait constamment, sans qu’il comprenne ni le comment ni le pourquoi. Depuis, il fuyait. Mais hors de question de paraître nerveux. Ce serait être suspect. Alors, d’un geste détendu et d’un sourire poli, il fit un signe de la main à Miss Bellamy et son compagnon pour les saluer.
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MessageSujet: Re: Take What You Can. [PV Ambrosine L. Bellamy & John Wicker] Take What You Can. [PV Ambrosine L. Bellamy & John Wicker] Icon_minitimeMer 2 Oct - 10:17



Take what you can

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Automne 1892, Théâtre Alhambra

Le geste de Monsieur Sullivan me parut aussi hypocrite que son sourire gêné. N’avait-il même pas la décence de m’accorder quelques mots ? Etait-il trop occupé à signer les romans sur lesquels j’avais tant travaillé ? J’avais beau contrôler mes paroles, je n’avais pas l’ascendant sur mes pensées , bien moins cordiales à son égard. Certes, le doute restait présent, mais plus j’observais la réaction de mon collaborateur, plus je devinais ce qui se tramait aujourd’hui -et depuis des années pour ce que j’en savais. Les joues rouges de colère et le regard brûlant, je forçais un sourire sur mes lèvres tendues. Si n’est l’apparition de John, sans doute n’aurais-je pas témoigné de la même patience envers le vieil homme, confortablement assis sur la chaise qui aurait du m’être attribuée.

- John...Je ne m’attendais pas à vous trouver ici, le saluai-je à mon tour, confuse. J’avais conscience que ma frustration était visible sur mon visage ; et Dieu sait que je n’aurais souhaité pour rien au monde paraître ainsi devant mon futur mari. C’était là un trait de caractère que la gente masculine souhaitait à tout prix éviter dans le choix de leur épouse, et je m’étais jusqu’ici efforcée de sécuriser notre union, au plus grand plaisir de Mère, qui m’encourageait avec un enthousiasme que je me surprenais à partager.

L’esprit de nouveau préoccupé par cette idée majeure, je ne cherchais pas à m’éloigner lorsque son bras entoura ma taille d’un geste protecteur, que j’appréciais. Le temps de quelques secondes, je restais appuyée contre mon fiancé, dont le soutien m’était aussi agréable que précieux. J’avais conscience de ne pas faire le poids face à un « auteur »  connu comme l’était ce fameux Goldberg, de n’être rien comparée à cet homme entouré d’admirateurs ; mais j’étais bien placée pour savoir que mon fiancé pouvait se montrer véritablement intimidant par moment  – d’autant plus qu’il n’avait jamais encore été présenté à mon collègue. Je comptais bien user de cette aptitude à mon avantage.

- A dire vrai, je possède déjà tous les romans proposés sur cette table, et même plus encore. Je suis déjà au courant du prochain tome, Monsieur Goldberg et moi-même en avons longuement discuté, expliquai-je à John en prenant bien garde à me faire entendre également par Sullivan, qui comprendrait sans aucun mal le sens caché de mon message, qui lui était directement adressé. N’est-ce pas monsieur ? Ajoutai-je cette fois-ci à son attention.

- Je n’attends aucune dédicace de cet homme, continuai-je sur ma lancée, en feuilletant nonchalamment les romans disposés face à moi, à cet usage. Je m’intéresse uniquement à la progression impressionnante de sa carrière. Sincèrement, je ne m’attendais pas à un tel succès, j’en suis toute émue. Vous voyez, je suis cet auteur depuis des années et j’aurais cru que l’on m’en avertirait. Monsieur est un homme plein de mystères.

J’avais volontairement insisté sur ce dernier mot dans l’espoir que l’homme face à moi accepte de me livrer quelque explication concernant ce revirement de situation, ou ne serait-ce que sur sa présence ici, qui ne faisait absolument pas parti de notre contrat. Ne pas pouvoir participer à ce type d’évènement, pourtant d’une importance non négligeable pour un jeune auteur, me faisait déjà assez de peine pour qu’il n’ajoute à ma souffrance. Je ne comptais pas me montrer tendre avec lui tant que je ne saurais pas exactement de quoi la situation retournait.

- Alors racontez moi donc Goldberg. Mon ami et moi-même sommes très curieux d’apprendre comment vous en êtes arrivés là.

J’avais pris parti d’adopter un ton sec et pressant. Je n’avais pas la moindre envie de perdre mon temps auprès de cet escroc alors que j’aurais pu le passer en compagnie de mon futur mari – je n’en avais pas non plus la patience, pour tout avouer. J’avais besoin de réponses, immédiatement.

- La plume de monsieur est si belle, si féminine que l’on penserait ses romans écrits par une demoiselle. Rosaline n’est-elle pas de cet avis ?

C’était un pari risqué que d’impliquer John dans cette conversation : dans un accès de colère, rien  ne pourrait empêcher notre interlocuteur de révéler mon secret. Certes, ce serait une confession plutôt improbable, que j’aurais tout à fait pu nier, faute de meilleure solution. Mais souhaitais-je vraiment débuter notre relation par un mensonge ? Cela serait bien égoïste de ma part, mon fiancé ayant lui-même accepté de me livrer ses secrets et ses inquiétudes. Non, je ne voulais pas lui cacher cela, mais le moment était bien mal tombé pour une telle révélation – nous étions trop entourés, au sein de ce salon plus que bondé. Je souhaitais autant que je redoutais que mon fiancé ne devine la raison de mon insolence envers l’auteur. A défaut, j’étais presque sure qu’il avait discerné notre rivalité sous-jacente. Il était loin d’être sot – je n’aurais pu me contenter d’un ignorant - et comprenait probablement sans mal que mon agacement n’était pas lié à quelque question stylistique.

- Ne vous en a-ton jamais adressé la remarque Goldberg ? Pour peu que je ne vous connaisse, je pourrais bien croire qu’ils ne sont pas de vous, lui indiquai-je sarcastiquement.

J’étais curieuse de savoir jusqu’où son mensonge le mènerait. Sans doute n’avait-il jamais prévu une telle conversation. C’était la seule manière à laquelle j’avais songé pour lui soutirer la vérité. S’il était vraiment aussi sincère qu’il le prétendait, il n’aurait aucun problème à argumenter sur pourquoi et comment il s’était trouvé dans une telle situation. L’opportunité qui lui avait été offerte était mienne, et je ne comptais pas la lui céder sans riposter.
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John Wicker
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MessageSujet: Re: Take What You Can. [PV Ambrosine L. Bellamy & John Wicker] Take What You Can. [PV Ambrosine L. Bellamy & John Wicker] Icon_minitimeVen 11 Oct - 6:20


Take What You Can. [PV Ambrosine L. Bellamy & John Wicker] Tumblr_inline_oxnr6h4jwc1rifr4k_540Take What You Can. [PV Ambrosine L. Bellamy & John Wicker] Tumblr_inline_oxnr6dzJuq1rifr4k_540

Si John avait senti la jeune femme tendue en arrivant à ses côtés, il ne s'était néanmoins pas préparé à une telle réaction, et il la dévisagea un instant avec perplexité, avant de s'intéresser de plus près aux livres posés devant lui. Puisqu'elle semblait vouloir parler pour eux deux, le Wicker releva les yeux pour les poser sur l'inconnu avec un rictus moqueur.
Il ne comprenait pas encore ce qui se tramait là, mais se voir inclus dans l'intrigue par la rousse lui plaisait, parce qu'il voulait qu'elle le considère comme faisait partie de son équipe, pour toujours. Et ils n'étaient certes pas encore mariés, mais il tenait à ce qu'elle se sente épaulée dans ses combats, quels qu'ils soient. Il lui avait promis. Et visiblement, c'était l'occasion de lui prouver.

    - Très curieux, en effet, confirma donc John, qui n'en pensait pas un mot. Il se moquait totalement de la manière dont cet écrivain était arrivé là, ni même s'il lui arrivait de posséder une fortune à laquelle il vaille de s'intéresser, grâce à eux. Mais si Ambrosine cherchait des informations, il s'assurait qu'elle les obtienne. Je n'ai guère de comparaison à vrai dire, mais maintenant que vous le souligner, certaines tournures me semblent en effet peu viriles...


L'homme avait saisis un des ouvrages, qu'il feuilletait désormais avec plus de concentration, pour essayer de voir les détails qu'évoquait ainsi la demoiselle, par ses accusations subtiles. Les prunelles sombres de l'homme se faisaient inquisitrices, tandis qu'il tournait les pages, à la recherche de réponses. La Bellamy jugeait-elle l'écrivain d'avoir des tendances homosexuelles ?
A cette pensée, une grimace de dégout s'étala sur le visage de John. Il avait horreur de ces déviants, ces malades mentaux, indubitablement, qu'il fallait enfermer au moindre écart. En vérité, tant qu'ils ne l'ennuyaient pas personnellement avec leurs tendances détraquées, John n'allait pas soupçonner le vice, ou l'imaginer chez tout un chacun... Il préférait au contraire oublier, et éviter de constater, l'évidence quand elle apparaissait chez un autre. Mais pour l'affaire du jour, il était clair que cet état dérangeait Ambrosine autant que lui, et qu'il ne pouvait donc le tolérer.

    - Il vaudrait probablement mieux qu'ils ne soient pas de vous, peut-être, si vous ne tenez pas à voir les services spéciaux enquêter sur vos moeurs, finit par suggérer John, tout bas, d'une apparence amicale et amusée pour que personne ne puisse s'inquiéter de ce rapprochement, mais la voix assez menaçante pour que les concernés l'entendent. J'ai quelques contacts qui seraient sans doute fascinés par ce genre de lecture, et je serais ravi de leur faire un si plaisant cadeau, si l'occasion se présente. Dédicacé, évidemment, il ne faudrait pas que votre talent passe anonyme.


Il jeta un regard en coin à sa compagne. Etait-ce cela qu'elle avait espéré de lui, ou un autre genre d'intervention ?
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Erwan A. P. Daugherty
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MessageSujet: Re: Take What You Can. [PV Ambrosine L. Bellamy & John Wicker] Take What You Can. [PV Ambrosine L. Bellamy & John Wicker] Icon_minitimeLun 14 Oct - 21:00



TAKE WHAT YOU CAN

« GIVE NOTHING BACK. »

Automne 1892, Théâtre Alhambra.

Dire qu’Erwan se trouvait dans une situation délicate était peu dire. En réalité, pour parler vulgairement, il se trouvait dans une merde sans nom. Cependant, il lui fallait vite trouver une excuse crédible afin de ne pas s’afficher devant tous les badauds présents dans la salle. Sinon, sa petite affaire deviendrait très vite infructueuse. Le plus simple aurait sûrement été d’avoir un travail honnête depuis le début mais Erwan n’avait pour seul talent que de mentir effrontément et de disparaître rapidement dans la foule. Le seul problème avec son plan jusqu’ici parfait était qu’il s’était exposé. Escroc de l’ombre usant de nombreuses identités plus falsifiées les unes que les autres, cela faisait sûrement des années qu’on ne l’avait pas appelé par son vrai prénom. Et vu la situation, cela n’était toujours pas près d’arriver. En revanche, ce qui se rapprochait dangereusement de lui était l’auteure de manuscrits volés à qui il n’avait donné aucun bénéfice. Un homme plutôt bien bâti l’avait rejoint et les deux semblaient se connaître étroitement. Cela n’arrangeait pas ses affaires. Ne se dégonflant pas, il offrit son plus beau sourire à Bellamy. Les critiques ne tardèrent pas à fondre, mais elles étaient prévisibles et surtout, méritées.

Cependant, l’argument que la plume était féminine vint sur le tapis. L’escroc jeta un coup d’œil à l’inconnu accompagnant Bellamy, ce dernier ne sembla pas comprendre le sous-entendu qu’était en train de faire son amie. Erwan vit là une opportunité à saisir. Toujours silencieux et très souriant, il les regarda converser dans le vide, feuilleter les livres comme s’il s’agissait de mauvaise marchandise, pendant que le voleur échafaudait son plan dans l’ombre. Pour pouvoir s’en sortir, il allait devoir user de ses meilleures ruses. L’avantage principal qu’il avait était que Bellamy était une femme et Erwan un homme. Malheureusement, ils vivaient dans une époque où il n’était pas si difficile de faire pression avec cette différence biologique. C’était lâche, oui. Mais c’était un adjectif qualificatif qui convenait parfaitement à l’escroc, pourquoi assumer alors ? S’il parvenait à repousser l’homme, il n’aurait plus qu’à accuser la femme d’hystérie. C’était un trouble que beaucoup aimait déclarer à tort et à travers dès qu’une femme osait hausser le ton. Toujours plus lâche, il ne changerait jamais. Ne perdant pas l’ombre de son sourire, Erwan continua d’épier les réactions de l’homme, celui qui semblait ignorant sur toute la situation. Jouer celui qui ne les connaissait ni d’Ève ni d’Adam allait être risqué mais peu d’autres solutions s’ouvraient à lui.

— Je serai ravi de vous les dédicacer mon bon monsieur.

Les allusions sur la virilité de la plume étaient ce dont il allait profiter pour se sortir de ce bourbier. Pour cela, il fallait que les accusations de l’homme soient fondées et Erwan devrait jouer à un jeu risqué. Il allait devoir doser ses actions, les rendre crédibles et ne pas forcer. Peut-être allait-il se faire remarquer par les gens présents aux alentours, c’était le risque. Mais de toute façon, il ne vivait pas une vie paisible et sans danger. Cela ne l’intéressait pas. Il sourit et d’un geste presque féminin, prit le livre que feuilletait l’homme avec un sourire pour l’ouvrir à la première page. Toujours dans une délicatesse contrôlée, il prit une plume qu’il trempa dans son encrier et commença à dessiner quelques lettres finement écrites. Il releva la tête l’ami de Bellamy.

— Ce sera à quel nom, sir ?

Son sourire se renforça alors pour avoir un côté espiègle et joueur, ses yeux se plantant dans ceux du gaillard, une lueur de défi dans les iris.

— Vous savez, je me moque bien de ce que les gens peuvent penser de mes mœurs, je n’ai pas envie de vivre cacher aux yeux de tous. Si on me condamne pour ce que je suis, ainsi soit-il, j’aurai été honnête avec moi-même.

Ignorant délibérément Bellamy dont il s’occuperait plus tard, il eut alors une moue gênée.

— Je suis conscient que cela peut déranger mais je puise dans ma… différence, ma déviance pour trouver mon inspiration… Pour l’instant, cela me porte, me permet de réussir et je ne vais pas m’en plaindre, alors soit.

Il marqua une pause, la plume toujours à la main, il eut une mine triste parfaitement sincère.

— Je ne voudrais pas me comparer à ces personnes, je n’oserai d’ailleurs pas mais… regardez Leonardo da Vinci, par exemple, lui aussi était… « déviant »… Pourtant, cela n’empêche pas de contempler ses œuvres, non…?

Son sourire revint, plein d’espoir et d’une franchise savamment simulée.

— Alors si, ils sont de moi, que cela vous déplaise ou non.

Le mensonge était effronté et franc. Il se doutait que Bellamy allait rouspéter mais si elle sortait de ses gonds, cela allait jouer en sa faveur. Il devrait jouer son rôle jusqu’au bout et sur le bout des doigts. Ainsi, il fit brièvement tomber ses yeux sur le torse impressionnant de l’ami de la jeune femme avant de reposer son regard dans ses iris, son sourire franc ne tremblant pas.
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Ambrosine L. Bellamy
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MessageSujet: Re: Take What You Can. [PV Ambrosine L. Bellamy & John Wicker] Take What You Can. [PV Ambrosine L. Bellamy & John Wicker] Icon_minitimeDim 24 Nov - 20:31



Take what you can

« You know that there's no denying

I won't show mercy on you now»

Automne 1892, Théâtre Alhambra

Tout se déroulait affreusement mal, tellement que je craignais de perdre mon calme tandis que John faisait tout son possible pour m’aider et Monsieur Sullivan pour me froisser. Ma mauvaise conscience me soufflait qu’une situation pareille n’aurait pas pu se produire si j’avais immédiatement avoué à mon fiancé le secret que j’avais jusque là toujours gardé pour moi. Si je le lui avais confié comme toute femme honnête l’aurait fait à ma place, il aurait pris ma défense contre ce vil escroc et sans doute serais-je rentrée chez moi plus sereine.

Mais sans doute t’aurait-il interdit d’écrire, me susurra ma raison.

Plus j’apprenais à connaitre le jeune homme, plus j’arrivais à me faire à l’idée de lui en parler : il m’avait paru assez tolérant pour accepter la perspective de vivre aux côtés d’une femme écrivain sans tenter de faire obstacle à sa passion. Mais si je me leurrais, qu’adviendrait-il de moi ? Je ne saurais vivre dans un ménage malheureux, auprès d’un époux qui aurait le dernier mot sur mes publications ; et pourtant, Monsieur Sullivan n’était-il pas précisément sur le point de commettre ce que j’avais toujours redouté d’un mari ? S’en était trop.

Je me tournais vers John pour serrer nerveusement sa main entre les miennes. Je savais que je ne devais pas céder à la panique ni à la colère, et prendre mon mal en patience. Une fois que cet évènement ridicule serait terminé, je lui dirais tout ; tout ce qu’il aurait dû savoir depuis bien longtemps déjà ; et je subirais les conséquences de cette faute inavouée, quelles qu’elles soient. Mais à l’instant présent, je cherchais son réconfort plus que son aide, car j’étais alors persuadée que je m’étais fait avoir par les beaux discours de l’homme qui se tenait devant nous un grand sourire aux lèvres ; et il ne pourrait rien y faire : pas tant qu’il ignorait les tenants de cette affaire. Que le diable m’emporte ! J’avais été bien sotte de croire à ses mensonges. Tout ce que j’espérais maintenant, c’était que mon fiancé ne se laisse pas convaincre également.

Le brigand était un menteur hors pair, je devais bien le lui accorder. Si je n’avais pas su précisément ce qu’il tentait de dissimuler, j’étais certaine que j’aurais cru à son explication pour le moins osée ; car aucun homme sensé n’aurait admis ses penchants interdits en public, qui plus est devant une foule d’admirateurs. Le fait est qu’ils n’étaient pas les siens. Ces personnes qui étaient venues ce jour-là n’étaient pas venus obtenir sa signature mais la mienne : il avait compris que la seule réputation à entacher était celle de la véritable détentrice de ses romans ; leur créatrice. Comment pourrais-je m’attribuer la paternité d’un roman prétendument rédigé par un homme attiré par les charmes de ses semblables masculins ? Et comment mes lecteurs pourraient-ils lire de tels livres ? J’avais beau moi-même ne pas prêter garde à ces détails qui me semblaient plus que dérisoires dans le processus d’écriture -que Dieu me pardonne- je n’ignorais pas que de tels personnages déviants étaient rayés des listes de bals et réceptions mondaines et qu’ils étaient avant toute chose rejetés, au sein de notre société intègre.

En quelques mots, il avait réussi à donner naissance à mon pire cauchemar ; j’étais alors persuadée que ma carrière était terminée si je n’intervenais pas au plus vite ; alors c’est ce que je fis, aussi calmement que me le permettait mon état d’esprit actuel.

- Loin de nous l’intention de nous immiscer dans votre vie privée, dont vous n’avez à répondre que devant notre Seigneur Dieu qui nous observe.

Cette simple phrase m’avait demandé un courage dont je ne me pensais pas capable. Je lui avais accordé une victoire au cours de cette bataille, que je n’étais pas près d’abandonner sans me défendre. Cela avait été un sacrifice nécessaire si je voulais pouvoir riposter ; cette fois-ci je l’espérais, avec un nouvel allié considérable.

Je profitais que l’attention du soi-disant auteur soit détournée brièvement par les réactions de son public derrière nous pour me pencher vers John, comme une demoiselle l’aurait fait pour murmurer des mots d’amour à son cher et tendre. Ce n’était pourtant pas de douces paroles que je lui chuchotais à l’oreille, mais une prière désespérée.

- Me croiriez-vous John, si je vous disais que ces romans n’étaient pas de lui ?

Il n’avait aucune raison de le faire, et encore moins de m’aider à régler un problème dont il ignorait l’existence. Je feignais de rire pour notre propre audience, et repris d’un ton plus bas, sans me départir du sourire que je maintenais pour conserver les apparences :

- Il s’en est attribué les droits, je ne peux le laisser agir de la sorte.

Mon temps était malheureusement écoulé, et je n’aurais pu lui en dire plus, entouré que nous étions par une bonne trentaine de lecteurs qui attendaient patiemment leur tour. J’avais conscience que nous monopolisions la personnalité qu’ils essayaient tant bien que mal d’atteindre ; mais j’avais du mal à m’en vouloir pour cela ; car aussi bien-intentionnés qu’ils étaient probablement, l’homme assis face à nous ne l’était pas. Je m’excusais tout de même du dérangement comme le voulait la bienséance, de façon à ne pas trop attirer l’attention sur nous – c’est exactement ce que l’escroc désirait, et je refusais de lui offrir sur un plateau d’argent.  

- Signez-donc cet exemplaire au nom de Wicker, c’est un nom que je vous suggère de ne pas oublier puisque vous pouvez être certain de nous revoir dans les plus brefs délais, cher ami.

L’avertissement était à mes yeux aussi clair et limpide que ses propres menaces l’avaient été ; j’espérais qu’il y réfléchirait à deux fois à présent avant de proférer de tels inepties devant moi, ma compagnie et mes lecteurs. J’avais répondu à cet affront de la seule manière dont je le pouvais ; tout reposait maintenant sur les épaules de mon fiancé. Trouverait-il la force de m’accorder ainsi sa confiance ? Comprendrait-il par lui-même et avant toute chose, accepterait-il d’intercéder en ma faveur lorsqu’il apprendrait la vérité sur sa future épouse ? L’angoisse me tiraillait tant que je me sentais faiblir sur mes jambes, alors je pressais un peu plus fort encore mes gants contre la peau rassurante de mon fiancé.
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John Wicker
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MessageSujet: Re: Take What You Can. [PV Ambrosine L. Bellamy & John Wicker] Take What You Can. [PV Ambrosine L. Bellamy & John Wicker] Icon_minitimeMer 27 Nov - 16:13


Take What You Can. [PV Ambrosine L. Bellamy & John Wicker] Tumblr_inline_oxnr6h4jwc1rifr4k_540Take What You Can. [PV Ambrosine L. Bellamy & John Wicker] Tumblr_inline_oxnr6dzJuq1rifr4k_540

Pour avoir longtemps été mêlé à des affaires louches, de près ou de loin, et à des manipulateurs de plus ou moins grande envergure, John sentait que quelque chose de sournois et faux se cachait derrière les paroles de son interlocuteur… Dont il n’aimait pas du tout le ton provocateur. Il serra les poings, prêt à en découdre comme il l’aurait fait dans d’autres circonstances, ne se retenant que parce qu’il devait conserver une certaine réputation, au milieu de ce salon assez bien fréquenté. Son regard noir, néanmoins, qui ne quittait pas l’homme qui le narguait, en disait long sur ses sentiments.

    - Léonard de Vinci était probablement un pédophile et un copieur, d'après certaines sources, maugréa le Wicker en se penchant vers lui, feignant moins bien que son interlocuteur un ton cordial ou amusé. Vous feriez mieux de trouver de meilleurs modèles de comparaison, si vous ne voulez pas finir votre vie dans les cachots de la reine.


Si John avait eu du mal à se procurer autant d’instruction que d’autres aristocrates, il n’en restait pas moins informé par d’autres cercles, peut-être finalement plus vrais, que les bourgeois puristes, qui s’inventaient philosophes, ou experts dans les sciences des arts. Dans les bas-fonds, beaucoup connaissaient sans honte les véritables secrets des plus illustres, cachés là par nécessité, ou perversité. Ce qui était dissimulé à la face du monde bien-pensant était exposé et disséqué là où John s’était retrouvé jeté malgré lui.
Il aurait d’ailleurs sans doute préféré ignorer bien des choses, auxquelles il avait été confronté, et pour lesquelles il avait essayé d’épargner sa jeune sœur, tant bien que mal. L’auteur sournois n’avait jamais éveillé son intérêt auparavant, mais s’il y avait quelques salissures à connaitre sur son nom et ses habitudes, il aurait vite fait de le savoir, monnayant l’information à mesure de son importance.

Seule la pression des mains d’Ambrosine, autour des siennes, contenue John de ne pas lui exposer cette piste devant cette foule d’admirateurs, et de ruiner sa séance de dédicace. Car il était clair que formulée officiellement et clairement, cet aveu lui causerait bien plus de soucis qu’il n’avait l’air de le croire, et lui ferait perdre un grand nombre de lecteurs de cette époque puritaine.
John lui-même trouvait cette tendance absolument répugnante, et punissable. A vrai dire, il l’aurait volontiers dénoncé aux autorités, s’il n’avait pas eu l’espoir de pouvoir lui faire bien pire par ses propres moyens. Les mots de la rousse ne trouvèrent aucune forme d’écho ni de grâce en lui : Dieu lui était étranger, et il ne croyait pas l’homosexualité bien vue par l’Eglise, qui avait de nombreux disciples pour juger les pêcheurs, sans attendre l’aval de leur Saint Maitre.

    - Puisque nous nous appliquons à être honnêtes, cela me déplait de plus en plus en effet, avoua le Wicker qui, devant l’impatience de sa fiancée à s’éloigner de cet homme, avait retrouvé un calme menaçant. Ou peut-être nous ne nous reverrons plus jamais, en vérité, si je puis me permettre un premier désaccord avec ma future femme, assura le brun, qui avait bien entendu les messes basses de la demoiselle, mais n’avait pas eu le temps d’y répondre. J’obtiendrai une dédicace à une autre occasion, conclut-il, contredisant en apparence sa déclaration précédente, mais signifiant clairement à l’auteur qu’il n’était plus dupe de ses mensonges.


Il adressa un signe de tête très bref à l’inconnu, dont il doutait à présent même de la véritable identité, et suivit sa compagne un peu plus loin, ou il pourrait lui permettre d’exprimer véritablement ses soupçons et accusations. Il ne remettait pas une seule seconde en question son jugement, à elle, mais tenait à comprendre d’où lui venait cet agacement tout particulier pour ce cas : il y avait certainement des dizaines d’écrivains qui usaient de nègres, et si ce moustachu-là était particulièrement insupportable, il devait y avoir néanmoins plus que cela derrière l’exaspération sensible de la Bellamy.
L’entrainant dans un endroit plus isolé, John se tourna enfin vers la demoiselle, plongeant ses prunelles sombres dans les siennes avec un grand sérieux, et une intensité autoritaire.

    - Dites moi ce qu’il en est vraiment de cet homme et de ces livres à présent, ordonna-t-il, néanmoins sans aucune méchanceté ni menace, mais d’une façon qui ne souffrait pas d’être contrariée. Et surtout, quelle est votre implication exacte dans cette affaire, exigea-t-il, avec toute la douceur dont il était encore capable, après cette tension.


Bien entendu, il ne comptait la blâmer d’aucune sorte, mais au contraire, juste prévenir d’une manière de la protéger, si elle s’était engagée dans une voie dangereuse, qu’elle ne pouvait visiblement pas révéler publiquement. Et il était bien curieux, et aussi légèrement inquiet, de savoir de quoi il s’agissait, pour qu’elle réagisse ainsi.
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