Sujet: EVENT N°4 - BEHIND CLOSED DOORS Dim 17 Nov - 11:47
Event n°4 - Behind Closed Doors
« Guilty Until Proven Guilty »
Octobre 1892.
Un crépuscule des plus banals descendaient sur une capitale britannique éreintée. Seulement, le Soleil qui descendait était pudiquement dissimulé par des lourds nuages chargés de pluie froide, faisant briller les pavés crasseux de Whitechapel. Tandis que certains se précipitaient pour se protéger des abats d’eau, pataugeant dans les flaques présentes depuis plusieurs jours déjà, d’autres n’avaient d’autre choix que de se rendre quelque part. C’était le cas pour cette jeune fille de joie, le pas vif et inquiet, n’ayant rien pour se protéger la tête des épaisses gouttes qui lui tombaient dessus. Nul ne savait vraiment où elle se dirigeait : vers son bordel, vers un client fidèle qui avait un appartement en direction de la City… Elle semblait cependant connaître le quartier comme sa poche, empruntant ruelles sombres sur chemins de traverse lugubres. Peut-être n’aurait-elle pas dû. Tandis que la rue principale du coin était à seulement quelques mètres, son sang vint rapidement se mêler à l’eau sur les pavés ruisselants de la ruelle. Elle n’avait pas eu le temps de voir son agresseur ni ses motivations au fond de ses iris probablement sans vie. Elle fut tuée sur le coup, dans cette pénombre nocturne artificielle d’une fin journée pluvieuse.
Dans les instants qui suivirent, on la trouva, les rondes de police ayant été renforcées ces derniers mois. C’était la scène d’un meurtre violent et brutal, le corps de la victime n’ayant été que peu respectée. Les renforts des forces de l’ordre arrivèrent rapidement. Le corps était toujours chaud, le sang également. Une certaine frustration monta dans les rangs des policiers : comment avait-elle pu être à ce point saccagée sans que personne n’ait rien vu ? Elle était morte seulement trois, quatre minutes auparavant. Le tueur était probablement toujours dans les parages. Le chef de brigade prit alors la décision de boucler le périmètre et d’intercepter toutes les personnes encore présentes aux alentours. C’était une manière de raisonner impulsive mais les ordres étaient les ordres. Une première équipe réquisitionna une clinique insalubre où étaient entreposés des tuberculeux et autres estropiés tandis qu’une autre partie de la brigade se jetait sur les pauvres passants qui avaient eu le malheur de passer par-là. Cependant, les esprits étaient chauffés, nerveux. Certains mots raisonnaient plus que d’autres sur les murs noirs de Whitechapel : « Jack l’Éventreur », « Home Secretary », « meurtre », « éventrée »… Les policiers commençaient également à vociférer sur les badauds curieux qui regardaient depuis leurs fenêtres.
Vous faites cependant partie des gens qui vous trouviez-là, dans ce petit coin de Whitechapel, à quelques rues seulement de la City. Le sentiment d’insécurité était fort pour certains mais peut-être que vous, au contraire, vous sentiez confiant. Docile ou non, vous avez été trainé par force ou simplement en étant brusqué dans cette clinique qui ne respirait rien de bon si ce n’était la maladie et la mort. On vous enferma là, au milieu d’autres gens valides et suspects dans cette affaire, comme vous. Peut-être que le meurtrier était effectivement parmi vous. Ou alors, vous n’étiez tous que des innocents. La police avait eu le mérite d’agir très vite. Le fait que le coupable soit là était probable. Mais les esprits étaient échauffés et le moindre concours de circonstances pouvait entraîner des conséquences irréversibles sur votre petite vie banale. Sans plus de cérémonie, la porte de la clinique se refermait avec le même bruit de grincement à chaque fois que la police ramenait un potentiel suspect, tout ceci dans un mutisme nerveux. Vous n’en saviez pas plus mais n’en sauriez pas plus. Au final, vous étiez seul au milieu d’inconnus, le silence brisé par la pluie battante et les respirations sifflantes des agonisants.
- Déroulement de l'Event -
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Sujet: Re: EVENT N°4 - BEHIND CLOSED DOORS Dim 17 Nov - 17:27
Event n°4 - Behind Closed Doors
« in the wrong place at the wrong time »
Octobre 1892
« Madame, veuillez me suivre s’il vous plaît, ordre du Home Secretary. »
Clara Hamilton, peu habituée aux pluies londoniennes, s’était fait avoir par l’une d’entre elles à sa sortie d’une église. Complètement trempée, l’Américaine était en train de courir, espérant trouver une voiture qui accepterait de la conduire jusqu’à chez elle, dans Lambeth, lorsqu’elle fut interceptée par des policiers.
Croyant à de l’aide, elle n’hésita pas une seule seconde à suivre le policier, mais lorsque l’un de ses collègues la saisi par le bras fermement, Clara comprit qu’elle était en état d’arrestation et fut prise de panique : « Mais lâchez-moi! Vous me faites mal! ». Peu sensibles aux plaintes de la jeune femme, un autre policier vint se saisir de son autre bras lorsqu’il comprit qu’elle leur offrirait de la résistance.
À l’approche de la clinique insalubre qui servait de prison de fortune, Clara s’agita de plus en plus : « Je n’entrerai pas là-dedans! Non! Vous faites erreur! Je suis innocente! ». Innocente de quoi? Elle l’ignorait, mais à l’approche du bâtiment peu sécurisant, des curieux lui lancèrent des regards haineux et elle entendit même une vieille dame la traiter de meurtrière… Meurtrière? La soupçonnait-on de meurtre?
Clara cessa de respirer; était-ce quelqu’un qu’elle connaissait qui était mort? Richard ou… Ewen? C’était la seule explication logique en l’absence de toute autre information pour justifier son arrestation; Clara Hamilton était suspectée du meurtre de l’un des deux hommes… Mais alors, pour quelle raison l’amenait-on dans cette clinique?
Au moment où on la poussa à l’intérieur, refermant à clé la porte de cette prison de fortune, Clara fut surprise de se retrouver au milieu d’inconnus… De plusieurs inconnus… Certains paraissaient plutôt mal en point, mais d’autres, comme elle, semblaient se questionner également quant à leur propre arrestation.
Une respiration sifflante et difficile attira son attention et lorsque son regard se porta sur un vieil homme, visiblement tuberculeux, madame Hamilton se retourna vers la porte close et la martela frénétiquement de ses poings en criant des supplications inutiles, croyant peut-être qu'elle s'ouvrirait sous ses coups; la tuberculose était une maladie très contagieuse…
plumyts 2016
Allan Quaid
Âge : 29 Emploi : Il en a beaucoup: Voleur, chasseur, guide d'expéditions en Afrique. Aujourd'hui, il tient une librairie à Southwark, non loin de la limite avec Whitechapel Informations : 1m83, 80kg
Droitier. Fumeur. Voix claire. Avatar : Leonardo Dicaprio Quartier Résidentiel : Southwark Messages : 265Date d'inscription : 03/01/2018
Sujet: Re: EVENT N°4 - BEHIND CLOSED DOORS Dim 17 Nov - 21:46
Event 4 : Behind Closed Doors.
« Certaines nuits, mieux vaut rester chez soi! »
Quèk’part dans Londres.. euh.. date ?... Pfff-sais-pas !
Oh que ça avait été dur ! Nuit terrible ! Concours d’alcool avec Jenny… et cette petite garce a plus de descente qu’elle en a l’air. Le sol tangue, les murs dansent…
Il l’avait escortée jusqu’à sa loge chez la Tribu, vu qu’elle était bien raide elle aussi… ou alors elle faisait semblant juste pour qu'il la porte… elle serait assez perfide pour le faire, c'tte feignasse profiteuse… puis il entreprit de rentrer chez lui. Il aurait bien accepté l’offre à moitié généreuse de pioncer sur place, mais Inkanyezi devenait intenable quand elle était seule trop longtemps… et les gars de ce gang, il avait rien contre eux, mais sa situation de libraire ouvert à tous ceux qui ont soif de culture l’obligeait à une certaine neu…. Neutrilaté ? Non… enfin, pas de … trucs aux uns plus qu’aux autres, quoi !
M’enfin ! Allan devait rentrer chez lui… en plus la pluie s’était invitée depuis un bout d’temps, sale saloperie qui avait sa résidence principale ici.
Déjà qu’il faisait froid dans ce pays ! Ca n’arrangeait rien! Bref, il tourna à droite bien trop tôt. Sûrement à cause du mur contre lequel il s’était soulagé. La pluie continuait à l’attaquer sans relâche ! Un coup à attraper la mort, ce temps !
Enfin, il finit par réaliser qu’il se rapprochait trop de… de où, au fait ? Puis 2 hommes s’approchèrent ! Il prépara à décocher la droite qui recadre mais il reconnu, au dernier moment, des membres des forces de l’ordre. A ne pas taper! Sinon, les emmerdes se succèderaient comme poiscaille sur les docks un jour de marché.
-LONGUE VIE… A LA REINE ! Beugla-t-il tandis que les gars l’emmenaient vers un édifice qu’il aurait facilement identifié s’il avait été à jeun, mais dans les circonstances actuelles… C’était un édifice, quoi. Néanmoins, les policiers l’y emmenaient après lui avoir signifié qu’il était en état d’arrestation au nom du Home Secretary. L’emmener… plus le trainer, en fait.
Le pire était que la pluie et ces émotions étaient en train de le dégriser. Foutue pluie ! Foutue flicaille ! C’est criminel de faire ça !
-Toi aussi, dis-le ! "Longue vie à la Reine" ! Allez ! Dis-le ! Fit-il joyeusement à l'adresse d'un de ses porteurs en uniforme quand on ouvrit une porte qui faisait du boucan et qui parlait avec une voix de femme. Ou alors y’avait une femme derrière. On le jeta sans ménagement dans une pièce où il n’était pas seul, mais il s’en moquait. Il entendit la porte se fermer et il consacra ses forces à se relever, non sans mal, en grommelant : -Même pas de longue vie à la Reine ! J’parie qu’il est d’Belfast, c’cochon d’catholique !
Allons bon ! Il avait sûrement été arrêté pour ivresse sur la voie publique. Une nuit de dégrisement, une amende qu’il ne payerait pas grâce à de fausses informations qu’il ne manquerait pas de donner et ça serait réglé ! A moins que ce soit à cause de ses cheveux longs. On aimait pas les cheveux longs, à Londres. Pas chez les hommes! Ça se voyait qu'ils n'avait traversé le désert du Kalahari, ces idiots. Les cheveux longs n'y servaient pas à grand chose, mais ça avait un impact psychologique. Ou ils aimaient pas les blonds! C'est cela: c'était de la ségrégation anti-blonds!
Pour l’instant, il lui fallait… un banc ! Ô joie ! Ô ami de toujours ! le banc salvateur trônait le long d’un mur de la pièce où il était. Il effectua la fusion tendre avec l’appareil délicat venu de loin pour le sauver et sorti l’une de ses 2 plus belles possessions : une flasque que Jenny n’avait heureusement pas repérée, encore pleine du terrible breuvage frelaté de McLoyd, bouilleur de cru clandestin qui opérait à Whitechapel et qui payait des bouquins en bouteilles de ses meilleurs crus.. ceux qui n’avaient tué personne… y’en avait pas tant que ça.
Il s’assit, retrouvant une dignité, et but une lampée. Hélas, il avait perdu une bonne portion de son ébriété. Il commença à regarder autour de lui.
-C’est pas l’commissariat, ici.
Il parlait sans panique, sans crainte. Rien de bien grave, au fond. Il distingua, dans son regard flou, la silhouette d’une femme.
-Décidément, je suis pas l’seul à avoir fait la fête. Z’en voulez ? Demanda-t-il en tendant sa flasque chromée.
plumyts 2016
David P. A. Williams
Admin
Âge : 35 Emploi : Chirurgien. Informations : Est né en Écosse. • Vient d'une famille de petits bourgeois. • Son père est pasteur. • A été abusé par sa mère pendant plusieurs années. • Santé fragile. • A passé quelques semaines à l'asile à cause de son homosexualité. • A un très fort caractère. • Arrogant parfois. • Se drogue. • Fume occasionnellement. • A tenté de suicider. • En a conservé les cicatrices sur son avant-bras. • A des marques de piqûre au niveau du coude. Avatar : James McAvoy Quartier Résidentiel : City of London. Messages : 84Date d'inscription : 27/09/2016
Sujet: Re: EVENT N°4 - BEHIND CLOSED DOORS Dim 17 Nov - 23:39
Event n°4 - Behind Closed Doors
« Guilty Until Proven Guilty »
Octobre 1892.
C’était un début de soirée classique pour un automne londonien. L’humidité, la fraicheur, les trombes d’eau que déversait un ciel obscur… Un temps à rester chez soi. Malheureusement, pour une fois, David avait prévu de sortir et de retrouver Harry. Les deux hommes s’étaient donnés rendez-vous à mi-chemin de leur appartement respectif à l’orée de Whitechapel. Cependant, la pluie battante sur les carreaux du logement du chirurgien entachait quelque peu sa motivation. Mais poser un lapin à Harry était bien entendu hors-de-question. Néanmoins, avec un tel temps, il serait sûrement facile de convaincre le vétérinaire de retourner se mettre à l’abri. Attrapant alors un parapluie, il partit s’aventurer sous la pluie battante et épaisse de cette fin d’après-midi. En quelques secondes, l’humidité vint s’agripper à la peau de son visage, rentra dans ses poumons, imbiba légèrement ses vêtements. Refroidi mais pas trempé non plus, il rafferma sa prise sur le manche de son parapluie où les gouttes venaient mourir sur la toile dans un bruit feutré. Fort heureusement, il devait avoir une vingtaine de minutes de marche seulement. Oh il aurait pu prendre un fiacre, certes. Mais il n’avait tout bonnement pas l’envie d’être balloté dans une hippomobile dont les roues s’entrechoqueraient avec les pavés. Et puis, avec une telle pluie, rares ceux qui étaient de sortie.
Ainsi se rendit-il jusqu’au quartier malfamé de Londres. Son envie de s’y attarder était inexistante, même s’il n’avait jamais eu de problèmes jusque-là à chaque fois qu’il devait rendre visite à Harry ou Jonathan. Cependant, avec une telle pluie, un crime pouvait rapidement être commis sans trop se soucier des conséquences, l’eau et l’humidité abimant et emportant à une vitesse folle tout indice nécessitant précision. Néanmoins, au détour d’une rue, David comprit qu’il n’avait pas été le seul à penser que c’était une bonne météo pour tuer quelqu’un. Sauf que, contrairement au chirurgien dont les pensées étaient seulement celles d’un badaud à l’imagination un peu morbide, son homologue d’idées était allé au bout de ses projets. David n’eut que le temps que de voir une troupe de policiers affairés autour d’une femme gisante sur le sol, la peau trop pâle pour être vivante. Curieux, le chirurgien arrêta sa marche quelques secondes afin d’essayer d’en apercevoir un peu plus, malgré la vingtaine de mètres qui le séparait du meurtre. Malheureusement, au moment où il voulut tourner les talons, il se retrouva nez-à-nez avec deux policiers aux airs nerveux et fermés.
— Écoutez, je suis chirurgien, je peux aid…
Avant que David n’ait pu terminer sa phrase pour essayer de justifier sa présence si proche du meurtre, les deux représentants de l’ordre le prit par les bras et l’entraînèrent de force jusqu’à ce qu’il semblât être une clinique. Le benjamin des Williams regretta alors d’avoir ouvert la bouche, même s’il coopérait de manière docile, malgré la poigne des deux officiers. À quoi pouvait bien servir un chirurgien sur une personne déjà décédée…? Soupirant de sa bêtise, il grimaça en voyant l’état de la bâtisse. Une clinique de Whitechapel ne lui inspirait rien qui vaille, sachant que le Saint-Bartholomew’s Hospital n’était pas non plus dans des conditions parfaites d’hygiène et de propreté… On ouvrit la porte et on le força à rentrer à l’intérieur. Ne disant rien mais un air agacé, il secoua son parapluie qui n’avait servi à rien pendant ces quelques dizaines de mètres d’escorte, en faisant tomber le maximum d’eau. Quant à lui, il était trempé et ne pourrait sûrement pas aller au rendez-vous avec Harry. Lui qui n’avait jamais voulu lui poser un lapin… Il soupira et regarda les gens autour de lui qui semblaient être dans le même état que lui. La jeune femme lui disait vaguement quelque chose sans qu’il ne sache vraiment d’où, même s’il la reliait il ne savait trop comment aux Adler. L’homme, visiblement éméché, ne lui disait rien.
Détournant son regard avec un dédain certain, son attention se détourna alors sur les lits de fortune entreposés çà et là dans la clinique. Sur la dizaine de brancards, quelques-uns comportaient des mourants ou des malades plus que mal en point. David se demanda alors s’il s’agissait réellement d’un lieu pour soigner les gens ou, au contraire, attraper toutes les maladies possibles et imaginables présentes dans Whitechapel. Le contact avec les malades ne le dérangeait pas plus que cela, mais vu la couleur de certains patients, leurs jours étaient très certainement condamnés. Ce qui était sûr en revanche, c’était qu’ils n’étaient pas parqués ici comme des criminels. Soupirant et n’ayant guère envie de faire des présentations hypocrites avec ces deux camarades de fortune, il s’assit sur un banc non loin de l’ivrogne. Il se demanda alors si Harry, malgré l’esprit plus qu’ouvert de celui-ci, croirait cette histoire invraisemblable. Il espérait juste qu’il ne pensât pas qu’il s’agisse d’une excuse étrange pour dissimuler un lapin qu’il n’avait jamais eu l’intention de poser.
Habituellement, il n’y a pas tant d’agitation à cette heure là, me fis-je la remarque en essayant tant bien que mal de rejoindre l’un des quartiers dans lesquels j’avais l’habitude de travailler. Je faisais en sorte de changer régulièrement, de façon à ne pas trop attirer l’attention des autorités, mais ce soir, elles me semblaient se cacher à chaque coin de rue. M’avaient-ils démasquée ? Serait-ce ma dernière soirée en compagnie d’un client ? A la quantité d’officiers à l’extérieur, j’étais persuadée que je n’allais pas pouvoir échapper à l’arrestation qui me serait probablement réservée. Mais un contrat restait un contrat, et je ne pouvais décemment pas m’attendre à conserver mes clients si je leur faisais faux bon à la moindre inquiétude. J’étais attendue ce soir.
C’est alors discrètement que je me faufilais parmi les passants. Certains me laissèrent avancer en grommelant, d’autres me dirent de patienter « comme tout le monde ». Ce ne fut qu’après avoir remarqué une demoiselle évanouie et une vieille femme en pleurs que je compris que quelque chose n’allait pas ce soir-là ; en revanche, j’ignorais quoi. Si j’avais eu le temps de m’atteler à la question, sans doute me serais-je attardée un peu plus longtemps dans les parages, mais j’avais à faire, alors je me pressais du mieux que je le pouvais. A ce moment là, j’ignorais encore que mon client ne se trouverait pas plus au point de rendez vous que je ne m’y rendrait aujourd’hui, car je ne savais rien du crime qui s’était produit à quelques rues seulement de mon chemin de tous les jours.
- Que se passe-t-il ? J’aimerais bien passer ! M’exclamais-je auprès des gens qui m’entouraient, persuadée que l’un d’entre eux au moins détenait la réponse à la question que nous nous posions tous : pourquoi les rues étaient-elles si bondées à cette heure-ci ?
L’explication n’avait pas l’intention de se faire désirer ; et ne tarda pas à apparaître en la personne d’un policier, qui nous demanda, à mes compagnons d’infortune et moi-même, de le suivre sans faire d’esclandre. Comme si j’avais eu l’intention de hurler et me débattre ; c’était pour les coupables ça ! Et je n’avais rien fait de mal – tout du moins était-ce ce que je comptais leur faire croire. Je ne pipais mot durant notre trajet, me contentant de jeter des coups d’œils inquiets derrière moi – jusqu’à ce que l’une de nos escortes ne me demande d’arrêter.
Lorsque nous passâmes la porte de la clinique en piteux état, je sentis mon estomac se nouer et mon coeur vouloir sortir de ma poitrine. Je le sentais battre plus fort que d’ordinaire, menaçant de s’arrêter à tout moment sous l’angoisse de la situation. Là-bas, d’autres personnes s’étaient déjà installées sur des bancs de fortune, et je tentais de me rassurer par leur présence. Deux hommes, une autre femme ; étaient-ils ses clients ? Avions nous tous ici été arrêté pour prostitution ? Dans le doute, je n’osais aborder le sujet. Je me contentais plutôt de m’appuyer contre l’un des murs en soupirant. Inutile de s’asseoir près du pauvre ivrogne, qui rendrait bientôt son repas ; quand aux autres personnes, je les trouvais bien trop proches des malades à mon goût. Mais la salle n’était pas bien grande, et je supposais qu’ils pensaient la même chose de moi. Cette pensée ne fit que raviver mon angoisse. Étaient-ils contagieux ? Si j’avais eu la chance de ne jamais avoir attrapé la grande vérole ce n’était pas pour être contaminée bêtement par la tuberculose aujourd’hui.
Un soir humide, où les chaussures s'enfoncent dans les flaques des trottoires défoncés et des routes courbées par le passage continuel des cabs. Par chance, Harry aimait bien ce genre de temps; cela changeait totalement le paysage et le rendait à chaque fois différents. La pluie ne tombe jamais deux fois de la même façon. Les nuages ne se mettaient jamais deux fois de la même manière devant le soleil, découpant sa lumière d'une manière si particulière et changeant ses couleurs parfaites de multiples façons. A cette instant, le vétérinaire se dirigeait vers le point de rendez-vous dont il avait convenu avec David. Pour une fois, il n'avait apporté aucun animal avec lui. Il avait prévu de les inviter au restaurant, et ceux-ci étaient rares à accepter les animaux; peut-être qu'un jour, il en trouverait un aux frontières de la capitale, où les maisons se confondent avec les forêts. Ce serait terriblement romantique, songeait-il hagard le long des rues. Un temps comme ceux-ci où personne ne sort de chez lui, voilà le parfait moment pour les gens comme lui. Ceux-là ou la tendre pénombre d'une nuit d'été entre chiens et loups.
Mais voilà qu'au détour d'une ruelle se déroulait une scène sordide: un attroupement autour d'un meurtre. Quelque chose de terriblement commun à Whitechapel. Mué d'une délicieuse curiosité morbide, Harry se rapprocha et usa de sa haute taille pour voir au-dessus de tous les autres. Déjà les badauds se murmuraient entre eux que Jack l'Éventreur s'était remis au travail. D'abord inquiet, Harry plissa les yeux pour mieux voir le cadavre – il regretta alors de ne pas avoir pris ses lunettes, dans son idiote arrogance. Mais de ce qu'il pouvait en voir, le vétérinaire fut persuadé de voir l'oeuvre d'un faussaire. C'était toujours ça de pris. Avec une moue, Harry voulut s'écarter de la foule, souhaitant reprendre son chemin. Après, c'était un très bon faussaire. La plaie n'avait pourtant pas cette exacte excellence dans le trait, mais ne pouvant pas y regarder de plus près, impossible de dire quel couteau avait été utilisé. Peut-être quelque chose de moins précis. Mais c'était tout bonnement impossible, Harry ne voulait pas y croire. Une pénible douleur lui prit le coeur, un mal à l'âme empoisonné qui se discernait mal d'un coup de froid. Il s'écarta de la foule et observa tout autour de lui, pas une trace de David. Voilà qui tombait très mal, Harry ne souhaitait pas rester là plus longtemps. Il commençait à marcher en direction d'un banc plus loin tandis qu'une main l'arrêta. Certainement devait-il avoir l'air nerveux, car cette main était celle d'un policier qui fixait profondément dans ses yeux jaunes. Mais d'un sourire, Harry tapota la main de ce policier en souriant:
— Allons, Monsieur, vous me reconnaissez ? Je suis le fils de … — Pas de traitement de faveur, vous me paraissez suspect. — Susp... quoi ?! Hey !
Sans ménagement, Harry fut attrapé par le bras et ramené dans une clinique de Whitechapel qu'il connaissait plutôt bien. C'était aussi la seule du quartier, un endroit mal famé que même les pires êtres de la ville évitaient tant la maladie était présente et transpirait des murs. Harry grogna d'abord, puis se laissa faire en levant la tête comme un con. Une fois qu'on l'eut jeté avec d'autres individus dans cette endroit, refermant la porte derrière lui, le vétérinaire se rendit compte qu'il avait laissé tombé son parapluie dans l'altercation et qu'il était aussi trempé qu'un chien errant. Cela ne le dérangeait pas. Il s'ébroua, éclaboussant une jeune blonde à l'allure trop pimpante. C'était le cadet de ses soucis. Quand il eut terminé d'essorer comme il pouvait les pans de sa chemise, il jeta un coup d'oeil à l'assemblé; peu de gens qu'il connaissait, cela lui laissait un arrière-goût dans la bouche. Après tout Londres était si grand.
Mais même s'il n'avait pas pris ses lunettes, Harry gardait un regard perçant qui avait cette qualité de chasseur: aussi finit-il par reconnaître le dos de David sur un banc, à côté d'un homme titubant surement ici pour dégrisement. Il se sentit profondément rassuré et d'un sourire confiant, se rapprocha de lui par derrière. Ne pas paraître trop intime, Harry savait que le chirurgien détestait ça en public. Mais rien ne l'empêchait d'être un peu taquin. Le vétérinaire se pencha vers l'oreille de David et dit:
— Alors comme ça on est également suspect ?
A côté d'eux, l'homme totalement ivre se plaignait de ne pas être dans un commissariat. Agacé de son odeur misérable et peu élégante – disait celui qui puait le chien mouillé à des kilomètres – Harry répliqua:
— Monsieur, cela pourrait s'arranger si vous vous déclariez coupable du meurtre pour lequel on est parqué comme des poules au milieu de la peste ! Sans offense, rajouta-t-il au lit d'à côté où se trouvait une femme toussant ses tripes.
plumyts 2016
Diana O'Farrell
Âge : 27 Emploi : Dresseuse de lion au Cirque d'O'Farrell Avatar : Krysten Ritter Quartier Résidentiel : The Strand Messages : 58Date d'inscription : 31/07/2018
Dans les plus beaux jours d’une saison d’automne londonienne, une température froide persistait. Dans les plus beaux jours d’une saison d’automne londonienne, il y avait souvent de la pluie par ailleurs, ce qui imprimais davantage l’ambiance glaciale des rues.
Diana s’était faite à l’idée que cela ne changerais jamais. Ses obligations au Cirque étaient présente en tout temps, à toute heure, peu importe qu’il vente, pleuve ou fasse caniculaire. En cette journée nuageuse, elle avait pour devoir d’aller passer commande en fourrage et autre type de nourriture pour les animaux. En temps normale, elle aurait pu déléguer cette tâche à un subordonné mais il a fallu que son père lui demande d’aller lui acheter de quoi trouver l’inspiration pour de nouvelles idées de représentation de cirque. Entendez par la : de l’alcool. De préférence de basse qualité financière avec cependant un fort degré d’alcool dans les bouteilles. Radin jusque dans ses vices, ce bougre. Mais c’était lui qui commandais par-dessus tout dans l’entreprise, ça aussi Diana s’était faites à l’idée.
Il était grand temps de se mettre en route pour ne pas perdre la moindre précieuse seconde. La jeune O’Farrell visualisais déjà chaque rue à emprunter afin d’optimiser son parcours et ainsi rentabiliser autant que possible le temps qu’elle perdait par cet ordre paternel ingrat. Cela impliquait de pénétrer dans quelques raccourci obscure de Londres sentant des odeurs piquante pour le nez mais cela n’effrayait pas pour autant Diana. Tant que cela ne fais pas perdre d’argent ni de sang, et encore moins du temps, cette information odorante était tolérable le temps du chemin.
Et malgré cela, quel perte de temps annonçait cette journée. En deux temps, trois mouvement, un léger attroupement de personnes s’était formé. Il était déjà pénible de se frayer un chemin parmi tout ce peuple de Londres qui ralentissait la marche droite et directe de Diana, écouter leur mélange de cris et d’haleine peu appréciable. Comme si cela ne suffisait pas, voila que quelqu’un l’empoignait probablement pour la détrousser. La O’Farrell apprêtais à offrir un regard sombre au voleur avant de tomber face à face à un agent de la loi. Sans chercher à s’expliquer, l’homme l’entraîna à l’intérieur d’un bâtiment grisatre. L’effet de surprise de pair avec la précipitation, Diana n’avais pas sortie le moindre mot plaintif sans pour autant ne pas essayer de s’échapper à l’emprise du policier.
Elle resta silencieuse lors de la traversée de quelques pièces peu éclairée avant d’enfin atterrir d ans une salle au milieu d’autre civils, eux-même entouré d’agent de police. Au moins, la pluie n’était plus présente. La femme arracha enfin son poignet de la main du policier et laissa s’enfuir un soupir de soulagement. Diana s’adressa froidement à lui.
-C’est ma foi fort… agréable de vouloir me donner un raccourci au travers de ce bâtiment sinistre mais il s’agirait de m’emmener de l’autre côté cette fois, à une sortie. Rendez vous utile plutôt que de violenter d’innocentes jeunes demoiselles.
Aucune réponse ne lui parvenait. L’agent se contentais de s’éloigner de Diana dans la plus insolente des ignorances. Elle le regarda s’en aller, toisant par la même occasion les personnes présente ici. C’est ainsi qu’elle aperçue un homme de belle stature discuter avec un certain vétérinaire qu’elle connaissais depuis peu.
Sujet: Re: EVENT N°4 - BEHIND CLOSED DOORS Mar 19 Nov - 5:01
Event n°4 – Behind Closed Doors.
J'ai rien fait, c'te fois !
Octobre 1892 – Clinique de Whitechapel
Occupé à ranger quelques livres, dont il ne comprenait pas un mot, mais que Richard voulait voir disposé par couleur, sur une étagère du salon, Ewen se rendit très vite compte qu'il commençait à pleurer, avec les gouttes claquant sur les carreaux des fenêtres donnant sur la rue. Immédiatement, ses pensées allèrent à sa maitresse de maison, qui s'était rendue à l'église, et allait surement se retrouver trempée avant de rentrer. L'irlandais ne savait pas lire l'heure, mais il avait une évaluation assez précise du temps, qui lui signifiait qu'il lui fallait se presser, s'il voulait retrouver la Hamilton avant qu'elle n'attrape une de ces maladies des poumons qui faisaient rage à Londres, tous les hivers.
- J'vais apporter à m'dame Hamilton d'quoi s'couvrir pour rentrer, annonça-t-il à Richard Hamilton, paresseusement enfoncé dans l'un de ses fauteuils, et qui lui avait laissé la liberté de ses initiatives, même si celle-ci lui fit lever un sourcil interrogateur. Il pleut, ajouta l'ancien taulard, comme pour justifier ce geste, s'il avait pu paraitre ainsi suspect.
Et il y aurait sans doute eu de quoi éveiller les soupçons sur le rapprochement si prévenant des deux jeunes gens, si l'époux avait été plus attentif ou jaloux... Ce que Richard n'était probablement pas, ou trop absorbé par ses propres soucis pour s'en formaliser. Ewen, estimant ainsi avoir obtenu son accord, se précipita dans le couloir pour prendre de quoi protéger la bourgeoise de l'averse, et sortit en claquant la porte. Lui même ne s'inquiétait pas trop d'être mouillé, aillant affronté des situations pires qu'un orage, sans que son métabolisme en soit trop affecté : depuis l'enfance, il était habitué à subir des traitements qui l'avait renforcé. Il s'élança donc dans les rues, retrouvant avec quelques hésitations les chemins de la ville, pour parvenir au plus vite à sa destination. Malheureusement, en se rapprochant, Ewen eut la désagréable sensation qu'un piège se refermait sur lui, à la manière de cette fois où... Non ! Aperçu par les policiers qui semblaient chercher quelqu'un, et le hélèrent, l'ancien prisonnier fut pris de panique, et se mit à fuir en sens inverse, dans l'espoir d'une issue. Il ne flairait que trop bien les ennuis, les questions rhétoriques, les verdicts déjà établis avant même les procès - la justice anglaise lui était bien trop familière, pour qu'il tienne à avoir faire à celle-ci encore une fois.
Ainsi, ce ne fut qu'à moitié assommé qu'Ewen finit suivre les autorités, se faisant entrainer malgré lui dans une clinique dont il avait entendu la réputation peu recommandable. Le O'Hara avait bien essayé encore de se dégager, lorsque l'un des officiers avait finalement mis la main sur lui, mais il avait vite réalisé que quelque chose de très grave avait du se produire, pour qu'on l'emmène ainsi sans ménagement, en compagnie de plusieurs autres suspects. La surprise terreur sur son visage avait du convaincre certains policiers qu'il y avait des doutes sur sa culpabilité, en dépit de son échappée spontanée devant eux, et ils n'avaient même pas pris le temps de lui expliquer exactement de quoi on pouvait l'accuser, ce qui rendait sa confusion plus grand encore, et clairement visible.
- C'pas moi ! Grogna-t-il, toujours un peu étourdi du coup qu'il avait reçu pour l'arrêter. J'ai rien fait c'te fois, j'vous jure ! Ajouta-t-il encore, en vain. Demandez à Richard Hamilton, j'travaille pour lui !
Les portes s'étaient déjà refermées, l'enfermant avec d'autres inconnus, visiblement aussi étonné que lui de se trouver là... Parqué comme des bêtes de foire, en attendant la sentence. Ewen avait des sueurs froides en regardant le verrou qui venait de le priver de sa liberté, encore : des souvenirs de sa première incarcération lui revenaient en mémoire, terrifiants. S'il devait finir de nouveau derrière les barreaux... Il craignait d'y préférer encore la mort, lui qui était pourtant si jovial, au quotidien. L'isolement dans une cellule humide avait une façon toute particulière et sournoise d'aspirer tout sentiment de bonheur hors des détenus, les privant du moindre espoir, du plus petit plaisir... Le O'Hara ne pourrait plus supporter de se réveiller dans ses conditions, sans même être vraiment parvenu à s'endormir. Plusieurs conversations, plus ou moins animés, lui rappelèrent qu'il n'était pas seul à subir ce traitement inexplicable, et il se retourna pour faire face à ses nouveaux compagnons de misère.
- Clara ? Murmura-t-il, à peine audible, tant la découverte de la jeune femme en ce lieu lui coupait le souffle. Il avait senti sa présence, sans se l'avouer, parce qu'il lui semblait impossible d'avoir pu apercevoir sa silhouette parmi les accusés, en arrivant là. Maintenant qu'il posait vraiment les yeux sur elle, avec assez d'insistance pour en être sûr, son coeur se serrait d'effroi, de savoir ce qu'elle risquait peut-être à cause de lui. M'dame Hamilton, vous allez bien ? Personne vous a fait d'mal ? S'empressa-t-il de lui demander, en la rejoignant, repressant l'envie de l'enlacer, pour se contenter de lui serrer ses mains dans les siennes.
Il ne comprenait plus du tout : que se passait-il là ? Il était absolument impossible que la brune soit mêlé à un quelconque acte criminel... A moins que... Etait-il là à cause d'elle ? L'une de ces inventions avait-elle causé un accident ? Les mots d'un gentilhomme, qui lui aussi semblait complètement décalé dans cette atmosphère, le frappèrent violemment : un meurtre ?
plumyts 2016
Lucy E. Wood
Âge : 30 Emploi : Fille de joie Avatar : Eleanor Tomlinson Messages : 512Date d'inscription : 15/02/2017
Sujet: Re: EVENT N°4 - BEHIND CLOSED DOORS Mar 19 Nov - 14:32
Event n°4 – Behind Closed Doors.
« Whitechapel »
Octobre 1892
Il pleuvait sur Whitechapel. La fange se noyait sous les trombes d’eau qui battaient le pavé, rendant l’asphalte glissante d’une ordure humide et froide. Ce n’était rien d’autre qu’une averse de plus qui s’abattait sur la capitale, avec cette cruauté qui gelait les os et cinglait les visages, tant et si bien que les mains blanches de Lucy rougissaient déjà, et que ses petits pas pressés claquaient sur la pierre suintante de boue et de pluie qui recouvrait les ruelles crasses. Mais la bise aigre pouvait bien gifler ses joues pâles, les rigoles d’eau gelée pouvaient bien dégoutter de ses doigts roides, plus jamais Lucy n’aurait froid, à présent que ses pieds menus s’étaient nichés dans l’écrin de velours et de nuage qu’étaient les sublimes souliers que Jonathan lui avait offerts. Et il lui semblait qu’elle pourrait tout affronter, à présent que ses bottines triomphaient de l’ordure du quartier qui avait abrité son déclin et son infâmie, et que ses pas de conquérante la menaient jusqu’à l’Eglise, dont elle ne redoutait plus les lourdes portes battantes, à présent qu’elles s’ouvraient sur le visage céleste de Jonathan.
Les réminiscences de ces sourires tremblotants d’émoi et de ces yeux d’azur hâtèrent le pas de Lucy, bien plus encore que la pluie dont elle n’avait pas peur, son épaisse chevelure rousse recouverte de ce joli châle de satin noir qui complétait la tenue que l’angélique pasteur lui avait laissé choisir au fond des placards excentriques de son ancienne épouse. Lucy avait beau fermer les yeux des heures durant, et fouiller aussi loin que possible dans les méandres de ses pensées brumeuses, jamais, pas même dans sa plus tendre enfance, elle ne paraissait avoir ressenti un bonheur pareil. Ce n’était pas grand-chose, au fond. Elle avait chaud, elle n’avait plus faim, elle n’avait plus peur. Elle était aimée. Aimée. Ce mot étrange, qui n’avait aucune signification précise à ses yeux, qui n’avait été qu’une idée abstraite, confuse et éthérée et qu’elle avait renoncé à comprendre, elle l’avait soudain compris avec une force qui l’estomaquait. L’amour s’était révélé à ses yeux qu’elle avait cru aguerris et désabusés en la personne de cet immense et chaste pasteur qui parvenait à faire bégayer et rougir la prostituée impie qui avait battu le pavé miteux de Whitechapel durant tant d’années.
Et les quelques personnes amassées là, dans la pénombre, sonnaient le glas funeste de cette joie indécente, inattendue, inespérée, et c’est avec ce pressentiment sordide qui lui glaçait soudain le cœur, dont l’écrin avait à peine eu le temps de fondre, qu’il se gelait de nouveau d’effroi, devant la scène que son pessimisme n’imaginait que trop. Et ses genoux trop maigres s’entrechoquaient déjà sous ses jupes de satin d’encre, tandis qu’elle s’approchait en tremblant, et que la faible lueur du soleil à l’agonie éclaira la scène, terrible, qu’enfin Lucy était parvenue à chasser des sempiternels cauchemars qui l’avaient tourmentée des mois durant.
Le corps supplicié gisait dans une mare de sang, affreusement mutilé. Le visage de la prostituée semblait défait par l’horreur et la brutalité du calvaire qu’elle avait subi. Et l’ignominieux tableau des tortures qui avaient déchiré le corps juvénile était si affreux que les plus terribles cauchemars de Lucy n’auraient pu soutenir la comparaison avec cet abominable portrait qui lui soulevait le cœur et l’estomac. Et la jeune rousse, devant le destin de martyr que l’on avait infligé à l’une de ses comparses d’infortune, eut un hoquet terrible, et elle dut s’appuyer au mur de la ruelle, tandis que ses genoux fléchissaient et qu’elle ajoutait aux pavés fangeux de Whitechapel les vomissures de son maigre repas. Et elle se redressait à peine, les embruns âcre d’un sang trop versé, du vomi aigre et de la boue du quartier exacerbant sa nausée, qu’elle se sentit presque soulevée par sa taille frêle. Il lui fallut quelques secondes pour comprendre que l’agresseur portait cet uniforme honni que Lucy avait fui comme la peste, des années durant. Et c’est dans un sursaut de révolte effrayée que la jeune femme se débattit inutilement contre la poigne de fer qui lui enserrait les deux bras et qui la traînait vers un bâtiment sordide qui avait vaguement des allures d’hôpital désaffecté. Et sa résistance ne menait à rien, parce que l’agent de police ne semblait même pas incommodé par cette agitation qui ne faisait pas même vaciller sa poigne un instant. Alors Lucy, las de s’humilier, se laissa enfermer entre ces quatre murs désaffectés, au beau milieu d’une tribu hétéroclite de passants dont le seul point commun était d’avoir été témoin de l’abominable scène que tous auraient préféré oublier. La réunion était complètement improbable, et semblait réunir chaque spécimen de la capitale, de la jolie dame en détresse qui tambourinait aveuglément la porte de ses faibles poings, à l’homme dans un état d’ébriété manifeste, en passant par une très jeune fille à la blondeur polaire, que Lucy aurait juré prostituée. Et il y’avait aussi cet homme qu’elle aurait reconnu entre mille, cet homme avec lequel elle s’était querellé ce fameux soir où elle et Indianna avaient eu affreusement peur, et qui pourtant les avaient soignées et hébergées toutes deux, gratuitement. Vaguement honteuse d’un comportement qu’elle avait mis sur le compte de la paranoïa qui régissait son quotidien à cette époque, la jeune rousse détourna les yeux du médecin taciturne, balayant d’un regard inquiet l’étrange assemblée, peu remise encore de ses émotions, le policier n’ayant eu qu’à la traîner pour la jeter ici, au beau milieu de ces inconnus. Alors Lucy se fit toute petite, ses jambes tremblant encore du choc reçu en pleines tripes et du maigre repas qu’elle avait rendu, et s’assit contre un de ces murs sordides, se contentant de se recroqueviller dans un coin, et de ne pas céder à la panique et à l’esprit de suspicion qui commençait à échauffer les esprits.
Sujet: Re: EVENT N°4 - BEHIND CLOSED DOORS Jeu 21 Nov - 13:54
Event n°4 - Behind Closed Doors
« in the wrong place at the wrong time »
Octobre 1892
Une condamnation à mort… Une mort lente, douloureuse et terriblement contagieuse… Voilà ce à quoi étaient condamnés tous ces gens qui, comme Clara Hamilton, étaient suspectés d’un crime qu’ils n’avaient probablement pas commis… Mais il n’y avait jamais de fumée sans feu; l’un de ces individus devait forcément être coupable…
Alors qu’elle martelait la lourde porte de ses poings, ne se souciant guère à cet instant de les blesser, complètement paniquée à l’idée d’être soupçonnée de meurtre tout comme celle d’être enfermées dans cette clinique à l’air vicié par la maladie et la mort, la porte s’ouvrit soudain. Si pendant un court instant, Clara cru qu’on venait la libérer, elle se trompait. Un homme de grande taille fut immédiatement poussé à l’intérieur de cette salle sombre, ne lui laissant aucune chance de se faufiler par l’ouverture de la porte… Au moment où celle-ci se referma, elle comprit qu’elle ne pourrait fuir… Ni maintenant ni plus tard…
Madame Hamilton suivit du regard son nouveau compagnon d’infortune, titubant et parlant fort; l’homme était fortement intoxiqué par l’alcool. Instinctivement, elle croisa les bras sur sa poitrine, comme si ce simple geste pouvait la protéger, d’une manière ou d’une autre.
Après s’être laissé tomber sur un banc, le jeune homme sortit de sa poche une flasque qu’il lui tendit aussitôt, croyant qu’elle avait également été arrêtée pour ivresse sur la voie publique… Était-ce la raison pour laquelle il était là? Il avait seulement abusé de la bouteille alors qu’elle, Clara Hamilton, avait été interceptée pour meurtre?
Elle eut un haut-le-cœur. Se pouvait-il que quelqu’un soit réellement mort par sa faute? L’une de ses inventions avait-elle explosé? Causée un incendie? Tuée un ou même plusieurs innocents?
La proposition de l’ivrogne, de partager sa boisson alcoolisée, était tentante. Ne serait-ce que pour engourdir son esprit qui n’arrivait plus à rationaliser… Pour calmer ses nerfs qui la faisaient trembler bien plus que ses vêtements trempés…
Clara s’approcha donc du banc sur lequel l’homme était assis et étira le bras vers la flasque qu’il lui tendait toujours. Au moment où ses doigts allaient se refermer sur celle-ci, la porte de leur cellule de fortune s’ouvrit à nouveau, laissant entrer, cette fois, un homme de belle allure. Ce dernier leur jeta à tous les deux un regard bref et se dirigea vers un second banc, non loin d’eux.
Le sang de la jeune femme sembla se glacer dans ses veines; ils étaient maintenant trois à avoir été arrêtés en très peu de temps… Que se passait-il?
Soudain, l’idée que tous les trois soient suspectés du même meurtre se matérialisa dans l’esprit de la jeune femme et cette dernière prit peur; si Clara se savait innocente (du moins, pas volontairement meurtrière si c’était l’une de ses inventions qui était responsable de son arrestation), elle ignorait tout de ses nouveaux compagnons.
Madame Hamilton se détourna aussitôt du jeune homme, évitant le regard du second et se dirigea vers la porte d’un pas rapide. Elle allait frapper à nouveau contre celle-ci, mais d’autres policiers apparurent, conduisant une très jeune femme blonde dans la clinique. Elle était très jolie, mais Clara devina immédiatement que la belle devait vendre ses charmes pour vivre. Son regard la détailla un instant jusqu’à ce qu’elle s’adosse à un mur, la regardant à son tour.
Probablement rassurée par cette présence féminine, Clara lui adressa un faible sourire. Sourire qui s’effaça néanmoins en repensant que tout comme les deux hommes, cette jeune fille pouvait s’être rendue coupable d’un acte terrible ce soir…
Clara décida de s’éloigner de la porte; mettant une certaine distance entre elle et tous ces gens, sans toutefois approcher les malades. Imitant la jeune femme blonde, elle se mit dos au mur, mais ses jambes tremblotantes ne purent la supporter plus longtemps et elle se laissa glisser contre celui-ci pour s’assoir au sol, ramenant ses genoux contre son corps.
La porte s’ouvrit… Encore et encore…
Clara, serrant ses jambes contre elle, tentait de résoudre un casse-tête dont elle ne possédait que quelques pièces… Son regard allait sans cesse d’une personne à une autre, analysant leur manière de s’exprimer et de bouger, cherchant le moindre signe qui pouvait trahir la meurtrière ou le meurtrier… Et par le fait même, l’innocenter…
Les bruits d’une arrestation musclée, derrière la porte close qui s’ouvrirait très bientôt, attirèrent l’attention de la jeune femme. Qui que soit ce nouveau suspect, il semblait résister et lorsque la porte s’ouvrit, ses protestations nouèrent l’estomac de Clara qui vit aussitôt Ewen O’Hara être jeté brusquement parmi eux.
Tétanisée par le surprise de voir son domestique en ce lieu et à la fois soulagée de le savoir en vie, Clara l’observa un moment en se redressant, refoulant l’envie de courir jusqu’à lui et le serrer dans ses bras.
Ewen se tourna pour faire face à tous les gens qui, comme lui, avaient été privés de leur liberté et au moment où ses yeux s’arrêtèrent sur elle, le cœur de Clara s’emballa et elle ne put résister plus longtemps à se précipiter vers le jeune homme qui s’approchait également d’elle.
« Je vais bien… », répondit-elle aussitôt et machinalement, au moment où elle glissa ses mains dans celles du jeune homme. S’inquiétant elle-même de l’état dans lequel se trouvait Ewen, ses yeux balayèrent rapidement son visage à la recherche d’un signe de blessure qu’elle trouva malheureusement à la naissance de ses cheveux, au niveau son front. « Ils vous ont frappés? », s’exclama Clara, son regard se voilant de larmes qui menaçaient déjà depuis un moment d’inonder ses joues blanches. « Ils vous ont frappés… », répéta la jeune femme comme si, à cet instant, les conditions dans lesquelles se retrouvaient les deux jeunes gens (et tous les autres) n’avaient plus aucune importance. Ewen n’était pourtant pas le seul à avoir été conduit dans cette clinique brusquement… Mais il était le seul qui comptait vraiment aux yeux de madame Hamilton.
« Monsieur, cela pourrait s'arranger si vous vous déclariez coupable du meurtre pour lequel on est parqué comme des poules au milieu de la peste ! »
Clara frissonna alors que ces paroles de l’un des hommes la ramenaient à cette dure réalité et elle serra avec plus de force les mains de l’Irlandais. « Je n’ai tué personne… », se défendit-elle aussitôt, craignant qu’Ewen ne la croit coupable d’un crime qu’elle n’avait pas commis. « C’est la vérité… », ajouta-elle, sa voix se brisant alors par des sanglots.
Pour quelle raison Ewen se trouvait-il là? Avait-il été arrêté, comme elle, parce qu’il se trouvait au mauvais endroit au mauvais moment alors que sa place était dans la maison des Hamilton, auprès de Richard? Était-il partie à sa recherche? Ou alors… Avait-il commis l’irréparable ce soir?
Ne pouvant concevoir cette dernière pensée et comme pour s’en excuser, Clara baissa aussitôt les yeux sur leurs mains entrelacées.