EVENT N°4 - BEHIND CLOSED DOORS - Page 4



 
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EVENT N°4 - BEHIND CLOSED DOORS

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Jonathan R. A. Williams
Jonathan R. A. Williams

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Emploi : Pasteur à l'Église St Mary Matfelon
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♣️♣️♣️
Je n'aime pas me décrire...mais on me dit quelqu'un de gentil, tolérant envers beaucoup de choses; et il est vrai que le Seigneur m'aide à voir le bien dans le cœur de tous. Cependant, cette même capacité me rends aux yeux des gens très fanatique et naïf. Je n'avais jamais vu les choses sous cette angle, mais il faut croire que les gens ne voient en moi qu'un pasteur de pacotille. S'il y a une facette de moi que j'apprécie particulièrement, c'est le fait que je sois quelqu'un de très romantique ! Même si tout le monde préfère dire que je suis quelqu'un de niais...mais ne croyez pas que je sois stupide, car il m'arrive d'être très fier et impulsif. Je ne suis pas très courageux, mais je ferai toujours de mon mieux pour protéger les gens que j'aime, comme mon petit frère. J'ai aussi une profonde attirance pour les rousses. On me surnomme Quasimodo à cause de mon apparence quelque peu trapu -et certes poilu bien que blond, par opposition à la magnificence de mon frère.
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MessageSujet: Re: EVENT N°4 - BEHIND CLOSED DOORS EVENT N°4 - BEHIND CLOSED DOORS - Page 4 Icon_minitimeVen 6 Mar - 22:46



Event n°4 – Behind Closed Doors.


I’ll fight every circles of Hell to get to you.

Octobre 1892 – Clinique de Whitechapel

La violence des mots de David était le reflet du dégoût dans son regard. Une expression que Jonathan ne lui avait jamais connu, de sa vie entière. Jamais son propre petit frère ne l’avait regardé ainsi, pas une seule fois. Ils s’aimaient profondément, et même si Jonathan avait eu ces propres problèmes, il avait toujours tout fait pour prendre des nouvelles régulières de son frère, savoir s’il allait bien, s’il ne manquait de rien. L’aigreur dans le ton de sa voix glaça le sang de l’innocent pasteur, qui avait fait cette déclaration – certes cavalière car inadéquat à l’urgence de l’instant, mais avec toute la ferveur et la lumière du regard de celui qui avait fini par retrouver le goût de vivre. Il avait finalement trouvé l’amour, le véritable, celui qui ne faisait pas seulement battre son coeur mais qui répondait au parfait écho d’un autre. La question fut un coup de poignard pour Jonathan. Il n’y avait aucun méprise à avoir, David ne mâchait pas ses mots. Chaque syllabes étaient crachés avec la haine au corps, avec le mépris de la moindre voyelle ouverte. Jonathan abaissa immédiatement son sourire, mais ne détourna pas le regard. Il observait son frère s’enliser dans son aigreur, dans la grimace de son visage qui déformait un si joli minois – que tout le monde lui préférait d’ordinaire.

Chacun autour d’eux avait son propre petit spectacle de marionnettes à jouer, et celui auquel ils prenaient part commençait à prendre des allures de drame social. L’oeil si bleu de Jonathan, terni par les nuages gris de la déception, se confrontait, peiné, dans celui de son frère, éclatant d’une rage infâme et d’une phobie viscérale en la personne de Lucy. Sa douce Lucy, sa belle Lucy, sa merveilleuse Lucy. Qu’il rejeta d’une pitoyable pique insinuant qu’il la connaissait et que Felix aussi. Il était incroyable facile et pathétique de faire appel à la jalousie extrême du pasteur pour créer des ennuis. Par chance, Jonathan connaissait la personnalité de son ami et savait qu’il n’avait pu y avoir aucune malice. Mais il était évident que le chirurgien voulait blesser, et que ce n’était que parce qu’il était son frère qu’il n’avait pas encore eu son poing au travers de la mâchoire. Cette simple pensée aurait pu faire rire le pasteur, car son frère n’avait ni la force ni la santé pour un tel acte. En tout cas c’était ce qu’il pensait. Jonathan voyait son frère encore tel un enfant blessé qui n’avait jamais eu la chance de s’épanouir, une fleur brisée dans l’élan du printemps, qui passait volontairement sa haine sur les figures féminines qui entouraient ses proches. Pour lui, David était tel un saint martyr, qui combattait jour après jour d’insupportables démons et qu’il était impossible de gagner. Oui, Jonathan aimait profondément son frère ; mais à cette seconde précise, la déception l’envahissait telle une vague qui le noyait sous un océan de tristesse. Il ne s’attendait pas à ce qu’il accepte la jeune femme avec chaleur, bien entendu, elle restait une ancienne prostituée et n’importe qui de censé les regarderait en haussant un sourcil circonspect. Mais c’était l’épreuve que le pasteur s’était décidé à surmonter. Lui aussi aurait souhaité que sa belle n’eut point une activité si honteuse, qu’elle trouva même la force de s’en sortir pour ses beaux yeux, qu’elle eut envie de se défaire de sa cage de chair trempée pour être digne de rédemption… puis il s’était rendu compte que penser de la sorte faisait de lui un égoïste forcené, un monstre sans pitié et une exécrable ordure qui ne valait pas mieux que les gens qui la montraient du doigt, et des clients qui profitaient d’elle. Certaines situations sont si sombres que nulle lumière ne peut éclairer leurs marécages. Il faut tendre la main, caresser leurs joues et glisser jusqu’à leurs doigts pour s’en saisir et les sortir, leur montrer que la lumière existe au-dessus du puits et les aider à toucher le soleil – eux qui n’ont pas eu de chance. David aurait du le comprendre mieux que personne.

Voilà pourtant qu’il reprenait son monologue, insistant sur le fait que Lucy était la pire engeance de l’humanité ; que son corps se répandait en immonde maladie qui feront moisir ses chairs et pourrir ses os, que l’apathie s’emparerait de son esprit et que son beau visage se couvrirait de ronces et de crevasses. Il parla des victimes de syphilis, dont la mention fit tiquer Jonathan. Bien évidemment qu’il était au courant, avait-il donc oublié qu’il était là lui-aussi, quand ils étaient enfants ? Toujours la dernière roue du carrosse, toujours l’oublié, le boulet que l’on garde parce qu’il était trop benêt et parce qu’il était le frère d’un membre qu’aimait l’unique fille et princesse du groupe. C’était ça, les affaires de mômes. Mais cela ne l’étonnait pas que David ait pu oublié. Il décrivait la peste qu’était cette hideuse infection, puis déclara ô combien ses fidèles seraient atterrés de le voir lui-même en pâtir. En dernier lieu, avec toute la haine qui caractérisait les vibrations de sa voix, David souligna qu’il ne faisait que s’aveugler à nouveau d’un amour qui n’existait pas et que la prostituée ne voulait qu’un toit. Les épaules du doux pasteur s’effondrèrent lentement, ne parvenant à concevoir autant de haine de la part du frère qu’il aimait tant. Il n’y avait aucune retenu, aucun soupçon de bienveillance dans ses paroles. Jonathan avait beau se dire que derrière cette colère, il y avait seulement de l’inquiétude à son égard, c’était extrêmement difficile à supporter. Alors qu’il aurait pu vrombir de rage, rougir jusqu’aux joues de se voir ainsi traiter comme un idiot par son propre sang, rien ne vint. Seule, la triste déception blanchie sa peau.

Jonathan voulut dire quelque chose, s’expliquer, rassurer l’excessive inquiétude de David quant à la santé de son frère. Oui, il était évident que par rapport à leur passif, ces craintes étaient fondées mais… il n’eut pas le temps d’ouvrir la bouche. Lucy lâcha son bras et se posta entre eux.

Ses mots étaient directs, peu recherchés mais tremblant d’une colère sincère qu’elle ne parvenait qu’à grand peine à contrôler. Elle répéta qu’elle n’était pas malade et qu’elle n’avait aucun symptôme ni d’une infection ni même de sa survivance. Le coeur du pasteur bondit dans sa poitrine quand sa fiancée déclara qu’elle ne ferait rien qui puisse le mettre en danger, qu’elle préférait en mourir. Il n’aimait pas qu’elle puisse dire pareil chose, car il était hors de question d’envisager les nouveaux matins sans sa présence. Qui donc, si ce n’était pas elle ? Puis l’ancienne prostituée détailla les détails de l’accusation de David, déclarant qu’elles l’avaient rencontré alors qu’elles ressortaient d’une agression – une nouvelle, visiblement, le sang de Jonathan ne fit qu’un nouveau tour dans le creux brûlant de ses veines. Ainsi Felix leur avait donné de l’argent et le nom du médecin pour être guéries. Jonathan songea qu’il lui faudrait le remercier. Il eut un tendre sourire en fixant sa chevelure de feu, tandis qu’elle terminait sa tirade d’une manière si naïve et délicate, d’une innocence qui soulignait l’horreur de sa condition et en était pourtant l’exact contraire, qu’il vint à ses côtés pour la prendre d’un bras pas la hanche et la ramenait à ses côtés. Hors de question qu’elle puisse disparaître d’une quelconque maladie, et hors de question qu’elle ait à affronter quoique ce soit seule. Désormais, il était avec elle, voulait tout faire pour protéger son sourire et la profondeur si mélancolique de ses grands yeux. Même s’il fallait faire face à son propre frère, Jonathan était prêt, car il n’y avait rien de plus beau et de plus doux que l’amour. Son regard couvrait la petite Lucy d’un sentiment si pur de gratitude et de tendresse que quiconque observait la scène aurait dû se sentir transporté par la scène d’une aussi larmoyante mièvrerie. Enfin, Jonathan tourna la tête vers David pour le regarder dans les yeux, reprenant courage dans le sourire qu’il venait d’offrir à sa bien-aimée, et qu’il offrait à présent à son frère :

Je comprends que tu sois inquiet David… c’est en effet quelque chose auquel j’ai pensé, et la solution est évidente. J’ai envoyé une missive à Amy pour lui demander de me conseiller une médecin des plus qualifiées parmi ceux qu’elle emploie pour son entreprise. Quand nous aurons décidé du rendez-vous, alors tous nos doutes seront enlevés… ou confirmés, et nous pourrons agir en conséquence. J’ai peut-être été trop hâtif et heureux de te l’avoir présenté comme ma future épouse mais sache que j’ai espoir que les choses se passent bien. Je… je n’espère pas que tu puisses… ou plutôt acceptes de comprendre. Mais je l’aime du plus profond de mon coeur, et même si elle ne voulait qu’un toit, je serai heureux de le lui offrir. N’est-ce pas la véritable valeur de l’Amour, de vouloir le bien de la personne que l’on aime, quoique celle-ci puisse en penser ? Simplement vouloir le meilleur pour cette personne, sans se soucier une seule seconde de son propre individu. Voilà pour moi ce qu’est l’Amour. Et même si je dois en souffrir, je ne regretterai jamais d’avoir aimer. En tout cas, saches que je n’ai aucun doute quant à la réciprocité des sentiments de Mlle Wood.

Jonathan espérait par sa diatribe faire appel au bon sens de son frère. Tandis qu’un étrange silence vicié suivit son monologue, la silhouette squelettique d’Harry apparut aux côtés de David. Alors ce dernier ne connaissait-il pas la véritable valeur de l’Amour ? S’il était quelqu’un qui tendait volontiers la deuxième joue, un petit démon maladroit voulut sortir de sa cage. Il était prêt à rendre le coup et d’une terriblement honnête façon :

Même si tu savais qu’il allait mourir, tu l’as aimé. Dis-moi David, est-ce que tu regrettes d’avoir aimé Jack ?

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Harry J. Downcry
Harry J. Downcry

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MessageSujet: Re: EVENT N°4 - BEHIND CLOSED DOORS EVENT N°4 - BEHIND CLOSED DOORS - Page 4 Icon_minitimeVen 6 Mar - 23:28



Event n°4 – Behind Closed Doors.


Well, it's annoying.

Octobre 1892 – Clinique de Whitechapel

L’endroit n’était pas le plus agréable pour discuter, ni pour grand-chose d’ailleurs. Harry attendait sagement sur son banc, papotant rapidement avec la dresseuse de lions qui semblait avoir rapidement d’autres chats à fouette. Bientôt, il fut seul sur ce banc, à côté de ce vieillard qui le regardait avec des yeux vitreux. Leur confrontations se fit dans un âpre silence remué par les toux et les bavardages constants qui les entouraient. Il fallut un moment à Harry pour se rendre compte qu’il jouait à un jeu de regard avec un cadavre. Cela lui arracha un petit rire, avant de pousser un profond soupir. Où était David, cela faisait quelques minutes maintenant et il n’était toujours pas revenu. Le vétérinaire savait que son chaton avait besoin de son indépendance et de ses moments de solitude, surtout quand il était contrarié. Et il l’était très profondément quand leur rendez-vous amoureux se transformer en quarantaine au milieu d’un hospice rempli de malades et de cadavres, ainsi que de personnages haut en couleur et de tout milieu. L’endroit se transformerait bientôt en cabaret s’ils ne sortaient pas tous d’ici tête la première. Il joua avec ses doigts, puis chercha David du regard. Même si ce n’était pas empiété sur son espace privé, Harry voulait au moins savoir si tout allait bien. Il le vit se faire rejoindre par son frère Jonathan, qui était accompagné d’une femme rousse que le vétérinaire ne reconnu que très tardivement comme l’ayant rapidement aperçu au cimetière – durant l’attaque de ce terrible monstre qui l’éveilla de sa dépression. Tout semblait écrit pour les choses aillent le plus cordialement du monde, après tout Jonathan et David s’entendaient à merveille… mais le sixième sens de Harry lui murmura tout autre conte. Il vit le regard de son aimé se transformer imperceptiblement, avec un éclat d’horreur qu’il ne lui avait jamais vu. Il fronça immédiatement les sourcils et se décala sur le banc pour ne pas le perdre de vue.

Jonathan prit la parole, tenant la jeune femme contre lui. Il ne fallait pas être un grand détective pour deviner que le pasteur et la jeune femme étaient en intime connivence. Ce qui ne plut pas du tout à David. L’expression de son visage changea jusqu’à se déformer de rage, sifflant des mots qu’Harry n’entendait pas ou qu’à moitié. Se relevant légèrement de son banc, il parvint à cerner que la conversation tournait autour de la syphilis et des dangers qu’elle présentait pour le couple. Harry comprit alors que la jeune femme en question devait être une prostituée et fit une petite moue ; en effet, la situation était délicate. David aimait son frère et il ne voulait pas qu’il lui arrive un malheur, même par amour. C’était tout à fait compréhensible, mais Harry savait que le chirurgien ne dévoilait jamais ses véritables sentiments et pouvait être d’une froideur et d’une indélicatesse innommable. Les choses s’envenimèrent quand la jeune femme s’interposa entre les deux hommes, alors le vétérinaire crut bon d’intervenir. Il se leva et dépassa les malades et les autres suspects dans l’affaire qui traînait au dehors – car oui, il y avait bien eu un meurtre dehors, mais finalement quel importance qu’une autre prostituée ait perdu à la roulette russe de la vie, et parvint finalement au niveau de son chéri. Ô qu’il aurait voulu faire comme Jonathan, dont le bras était passé autour de la hanche de la demoiselle avec une inconvenance presque provocante. Il s’étonna de voir un pasteur aussi sage que lui, bourgeois de la city, se comporté de la sorte. Harry s’en amusa tout de même, songeant que vivre à Whitechapel changeait son homme – même s’il n’avait aucune leçon à donner sur la chose. Le squelettique jeune homme se posa donc à côté de David, le regardant avec un sourire qui se voulait rassurant mais également interrogateur. Il ne voulait pas faire celui qui interférait dans la conversation ou qui se trouvait de trop dans un drame visiblement familiale. Ce fut alors que Jonathan posa une question.

Une question lourde de sens, terrible et vaine. Un prénom que David aurait aimé par le passé. Quelque chose dont le vétérinaire n’était pas au courant – alors même qu’il avait fini, au bout de trois ans, à connaître le plus grand traumatisme de la vie de son âme sœur. D’abord interdit, Harry eut un sourire désabusé, ne croyant pas à ce qu’il venait d’entendre. Jack ? Un amoureux décédé qui avait eu une importance capitale dans sa vie, c’était évident. Quelque chose qui l’avait transformé, quelque chose qui l’avait construit. Harry se mordit les lèvres, abaissant son faux sourire. Il détourna le regard et rangea ses mains dans ses poches, son dos se courbant, bassin en avant, d’une attitude désinvolte qui criait à quel point il essayait de cacher sa déconvenue. Un âcre goût de moisi traîna dans le fond de sa gorge, il avait envie de vomir. Non qu’il fut jaloux d’un mort, mais cela signifiait tant de choses qu’il eut préféré qu’il soit encore vivant. Harry jeta un rapide coup d’oeil à David, songeant qu’il serait facile pour le fils du directeur de Scotland Yard d’insister sur sa libération. Il pourrait les laisser à leur formidable discussion, tandis qu’il retournerait dans son appartement pour s’occuper des bêtes qui ne l’ont jamais déçu.
Après tout, il avait des choses à brûler.

Je vois que j’arrive au mauvais moment, je devrais peut-être vous laisser...

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David P. A. Williams
David P. A. Williams

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Informations : Est né en Écosse. • Vient d'une famille de petits bourgeois. • Son père est pasteur. • A été abusé par sa mère pendant plusieurs années. • Santé fragile. • A passé quelques semaines à l'asile à cause de son homosexualité. • A un très fort caractère. • Arrogant parfois. • Se drogue. • Fume occasionnellement. • A tenté de suicider. • En a conservé les cicatrices sur son avant-bras. • A des marques de piqûre au niveau du coude.
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MessageSujet: Re: EVENT N°4 - BEHIND CLOSED DOORS EVENT N°4 - BEHIND CLOSED DOORS - Page 4 Icon_minitimeSam 7 Mar - 8:13



Event n°4 - Behind Closed Doors

« Guilty Until Proven Guilty »

Octobre 1892.

David pouvait sentir le sang pulsait dans ses oreilles. La haine vrombissait dans ses tempes tandis qu’il ne voulait rien entendre venant de personne. Il ne voulait pas que Jonathan, dont quelque chose semblait se briser au fond de ses iris bleus, ouvre la bouche pour essayer de se justifier. Non, il n’avait rien à dire et s’il était déçu par le comportement de son benjamin, ce n’était pas à celui-ci de se remettre en question. David s’inquiétait après tout du bien de son frère, de le préserver de la souillure qu’était cette fameuse Mlle Wood qui allait probablement, dans un futur prochain, devenir sa belle-sœur. Cette idée lui donna envie de vomir, la haine lui tordant les boyaux dans une sorte d’insécurité paniquée qui lui donnait la nausée. Peut-être même avait-il pali à vue d’œil. Le regard outré de la catin ne le fit guère sourciller. Il se moquait bien de faire de la peine à une fille de joie et il n’était probablement pas le premier à son montrer haineux envers elle. Seulement lui avait des raisons de détester les femmes dans son genre. Il avait une raison d’exécrer la moindre idée de leur existence, à ces maladies ambulantes.

Elle eut la mauvaise idée d’ouvrir la bouche pour le traiter de menteur, disant qu’il avait bien vu que la syphilis ne l’avait pas contaminé et qu’elle protégerait Jonathan de ceci et s’embarqua une tirade que David n’écouta finalement qu’à moitié. Par cette défense maladroite, Mlle Wood venait de prouver qu’elle n’était rien de plus qu’une ignorante et aurait certainement mieux fait de réfléchir avant de parler. Un large sourire amusé se dessina sur les lèvres dédaigneuses du chirurgien qui détourna le regard en ricanant de manière mauvaise. Il posa ses yeux aussi bleus que ceux de Jonathan sur celle qui venait d’ouvrir sa bouche qui empestait le vice. Cela faisait bien longtemps que les iris azurées du chirurgien avaient perdu de leur innocence et de leur candeur, caractéristiques qui semblaient déborder à outrance dans ceux de son frère. Ce dernier devait comprendre que « tomber amoureux » de la première pauvresse venue n’allait pas forcément le rendre plus heureux et qu’il s’imaginait probablement petit père des pauvres, bon et bienveillant envers les démunis, mais qu’il n’était rien de plus qu’un pasteur obsédé par sa religion mais qui avait le mérite d’offrir le toit et le couvert quand on se montrait assez poli avec lui. Mais avant que Jonathan n’ait pu dire quoique ce soit, David reporta son attention sur la pute :

— « Mlle Wood », vous vous doutez que la syphilis n’est pas la seule maladie qui traine sur les pavés de Whitechapel. Ah, que le monde serait plus beau s’il n’y avait que la vérole qui décimait vos rangs et vos clients !

Un sourire arrogant et hautain était gravé sur les lèvres de David tandis que son regard continuait de pourfendre la prostituée par l’électricité de ses iris. Quand on était ignorante, on se taisait. Jonathan prit alors la parole et s’embarqua dans un monologue, disant qu’il avait prévenu Amy pour qu’elle fasse appelle à une médecin spécialisée ou David ne savait trop quoi. Pour travailler dans le plus important hôpital de Londres, le chirurgien n’avait jamais entendu parler d’une telle chose. Depuis quand les femmes pouvaient pratiquer la médecine ? Encore une qui devait arrondir ses fins de mois en faisant des avortements sauvages au cintre. Par réflexe, David voulut mettre en garde son frère, en oubliant presque son profond dégoût pour la prostituée qui était pourtant la seule concernée. Après un bref regard à celle-ci, il se ravisa et préféra atteindre la fin du discours de Jonathan qui semblait être bien parti dans son élan. Il décréta que cela ne le dérangeait pas de souffrir s’il était amoureux. Que c’était même sa conception de l’amour. David lui aurait volontiers rafraichi la mémoire, lui rappeler qu’il avait aimé Juliette Adler et que celle-ci s’était juste jouée de lui. Et surtout, son jeune frère n’avait pas envie de voir son aîné mourir, rongé par une gangrène intérieure à laquelle il ne pourrait rien faire.

Peu convaincu par le discours aux airs de sermon de son frère, David détourna les yeux. Continué de s’étrangler dans cette haine ne servirait à rien et l’épuiserait pour rien. Il était juste profondément déçu et avait le sentiment d’avoir déjà perdu son frère. L’avantage était qu’il avait désormais du temps pour préparer son deuil. Tandis qu’il allait retourner au côté d’Harry qui s’était déjà rapproché d’eux par ailleurs, Jonathan l’interrompit pour dire quelque chose de très privé. De trop privé. David planta son regard dans celui de son frère avec une colère noire. À cet instant, le visage du chirurgien n’avait peut-être jamais été aussi inexpressif, hormis ses yeux, qui se voilaient d’un linceul humide, due à la haine et ce sentiment de profonde trahison qu’il venait de lui faire. Les vingt premières années de la vie de David avaient laissé des cicatrices qui ne partiraient jamais ni ne se refermeraient. La mâchoire serrée, tout comme son poing, il avait senti une vieille plaie se rouvrir en lui, encouragé par ce souvenir ressassé douloureusement. Il eut du mal à déglutir et passa quelques secondes à regarder son frère sans bouger le moindre cil. Finalement, un rictus mauvais se dessina une nouvelle fois sur les lèvres de David, continuant de soutenir celui de Jonathan.

— Tu ne veux pas parler de Mère, tant que tu y es ? Comment oses-tu le comparer à ta pute...?! Il n’a rien voulu de tout ça et n’a jamais rien fait pour attraper cette merde !

Sous l’émotion de sa colère, David s’était approché de son frère, ne laissant qu’une poignée de centimètres entre eux. Le chirurgien ne tolèrerait pas un tel affront envers la mémoire d’un être qu’il avait profondément aimé. Harry était à côté et avait tout entendu. Il se doutait par ailleurs que cette nouvelle n’allait probablement pas lui plaire, jalousie ou non. Finalement, comme il n’allait tout de même pas frapper son frère et que cela était parfaitement inutile, il baissa les yeux et vint se ranger auprès d’Harry.

— Reste, s’il te plaît…

Sa présence le calmait, malgré tout. Le vétérinaire ignorait tout ce que son aura avait pu faires sur celle brisée de David. Il avait besoin de sa présence à ses côtés et, s’il avait pu, il se serait blotti contre lui, tout comme Jonathan avait passé outrageusement son bras autour de la catin. Mais le chirurgien n’en fit rien, car les gens comme lui étaient encore plus mal vu qu’un pasteur s’acoquinant d’une prostituée. L’envie de menacer cette dernière était forte mais il préféra se concentrer sur la présence d’Harry, son odeur de chien mouillé, pour se calmer. Avec un certain désespoir, exténué d’avoir réfréné une haine qu’il ne serait pas retenu de faire parler dans d’autres circonstances, il murmura pour Harry :

— Je veux rentrer chez nous…

Plainte aux allures d’enfant gâté, David ne parvenait plus à supporter cet endroit et ne pouvait plus voir le propre visage de son frère et de sa future belle-sœur. Il lui faudrait du temps pour digérer cette nouvelle immonde qui lui tordait les entrailles. Pourtant, à moitié caché derrière Harry, il ne pouvait s’empêcher de leur lancer des regards assassins, les derniers mots de Jonathan l’ayant profondément blessé et l’obligeant à adopter machinalement un comportement presque enfantin, comportement qu’il n’avait jamais été autorisé à avoir. Mais à cet instant, il les haïssait tous les deux.
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Lucy E. Wood
Lucy E. Wood

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MessageSujet: Re: EVENT N°4 - BEHIND CLOSED DOORS EVENT N°4 - BEHIND CLOSED DOORS - Page 4 Icon_minitimeJeu 12 Mar - 14:50



Event n°4 – Behind Closed Doors.

« Whitechapel »

Octobre 1892
Cela relevait plus de l’inconscience que du courage, cette colère qui avait animé la petite silhouette roide de Lucy au point de se planter debout, immobile face à l’homme dont les injures pleuvaient de sa bouche acerbe, déformée par la rage. Cela ne ressemblait pas à la prudence coutumière de Lucy, qui pouvait friser la paranoïa, lui faisant raser les murs et baisser la tête à chaque regard d’homme qui la dévisageait en plein jour. Mais Lucy ne se ressemblait plus depuis que ses pas menus et imbibés par la fange de son quotidien avaient croisé le sillage céleste et pavé de lumière de Jonathan. Car c’était pour lui qu’elle se dressait devant la haine farouche du médecin, pas pour ces injures qui glissaient sur un corps imperméable aux tourments désormais, et qui lui laissaient l’âme indifférente, comme morte aux mauvais traitements qui avaient régi sa vie. C’était pour l’azur céleste des prunelles insondables de Jonathan, dont il avait brisé l’angélisme émerveillé par l’aigreur de ses injures qu’elle se levait là, toute petite et toute frêle devant lui, mais animée par l’indignation terrible qui lui donnait des ailes. Lucy restait fixée sur le visage du médecin, dans les sillons duquel elle lisait un mépris et un dédain qu’elle supportait aisément, pour ne les avoir que trop connus. Tout plutôt que de river ses yeux abîmés par l’outrage sur les épaules larges affaissées par la peine, indicible, qui devait se lire dans les yeux de Jonathan qu’il avait trop expressifs, trop béats et trop tendres pour ne pas briser le cœur de Lucy.

Alors la jeune rousse affrontait la haine innommable du chirurgien sans sourciller, et lui-même lui rendait son regard, avec toute la fermeté et la certitude qu’il insufflait à son mépris terrible, et cela, pourtant, demandait bien moins de courage à Lucy que de contempler les ravages de son discours acide sur l’immense silhouette de Jonathan. Elle se défendait comme une idiote, piteuse et indignée qu’elle était, mais ignare et stupide face à l’élite londonienne qui personnifiait son mépris dans les yeux de clairs de l’homme savant, dont le dédain semblait aller en s’exacerbant, à mesure que les paroles décousues de Lucy s’extirpaient de ses lèvres tremblantes. L’injure acerbe, à peine voilée sous un cynisme qu’elle pressentait plus qu’elle ne comprenait, fut vaine. Sans doute avait-il espéré la blesser, de par la cruauté de cet aveu qui s’extirpait sans filtre ; mais Lucy savait depuis trop longtemps que la crème éduquée et civilisée de la capitale considérait les épidémies terribles propagées par l’engeance qu’elle personnifiait ce jour comme un mal nécessaire, un fléau divin destiné à défricher leurs rangs impies qui salissaient les rues de Londres et empoisonnaient la bonne société qui se laissaient aller à l’assouvissement de leurs vices.

- Je m’appelle Lucy…Et je suis pas malade !

Désarçonnée par le sarcasme de ces civilités qui ne seyaient pas à un statut de demoiselle qu’elle avait perdu depuis longtemps, noyé dans la fange d’un stupre à la seconde ou elle avait relevé ses jupes pour la première fois, à l’aube de ses seize ans, Lucy ne savait plus quoi, n’ayant que trop pris l’habitude de courber l’échine face à l’injure, sans jamais avoir le privilège de pouvoir y opposer une quelconque réplique. Aussi céda-t-elle docilement au bras de Jonathan qui l’amenait de nouveau vers lui, et elle se laissa emporter sans rien dire, revigorée par la chaleur du corps immense contre le sien et cette main large qui s’était emparée de la hanche trop frêle. Détacher son regard de la haine insondable des prunelles d’azur du Docteur Williams, pour retrouver le sourire véritable de Jonathan, plein d’une admiration émerveillée, inexplicable et imméritée, fut comme s’arracher aux tréfonds d’un cauchemar très long et très pénible pour enfin retrouver la lueur du jour. Lucy lui rendit un sourire timide, désolée de ces prémisses de bataille qu’il s’infligeait pour sa pauvre âme déchue depuis trop longtemps, et qui ne faisait que commencer. Et lorsque Jonathan parla, le calme pastoral qui émanait de son discours, et qui faisait face à la colère tempétueuse, mesquine et puérile de son jeune frère emplit Lucy d’une telle vénération qu’elle l’écoutait d’un silence religieux, buvant béatement de paroles si adroites, quand elle n’avait su bégayer que de des sottises, consciente une fois de plus de l’ampleur du fossé qui séparait cette âme si grande et si pure, et la catin idiote qu’elle serait toujours. Il avait raison, ce médecin. Apporterait-elle autre chose que désolation, tourments et bataille à l’âme chaste et pure du grand pasteur, elle, sa souillure et son vice innommable qui la reléguait à peine au rang d’être humain ? Lucy le regardait de tout en bas. Il était beau, grand et fort et elle n’était rien quand il parlait, rien d’autre que la plus impie de ses brebis qui s’abreuvaient de ses sermons dominicaux, assoiffées de repentance, d’espoirs et de paroles divines. Il l’aimait sans honte, sans filtre et sans barrières, et ô combien la jeune femme savait ne pas mériter la sincérité du sentiment qui l’animait ce jour, et qui, peut-être, aurait raison de sa douce et tendre vie. En cela au moins, son médecin de frère avait raison.

Une vague honte s’emparait de l’impudeur de Lucy qui n’y comprenait rien, coutumière de voir l’étalage de ses vices exhibés en place publique, mais étrangement réservée soudain, et de manière irraisonnée, face au chaste pasteur qu’elle regardait en vierge effarouchée, et qui exposait là avec un sang-froid à toute épreuve l’idée d’une consultation médicale destinée à évaluer les maladies communes à son engeance. Rendue muette par la vénération pour un discours prononcé avec cette verve de merveilleux orateur que Jonathan devenait sous la passion, Lucy se contenta de se blottir un peu plus contre lui, comme pour le remercier de cette formidable déclaration qu’elle n’égalerait jamais par des mots, et dont elle ne pouvait prouver la réciprocité qu’ainsi. Elle ne vit qu’à peine l’homme très mince qui s’approchait, s’immisçant dans le petit drame égoïste qui se jouait là, ignorants des agonisants qui se déchiraient les bronches autour d’eux, ignorants des témoins hétéroclites de la pathétique scénette, ignorants de cette pauvre comparse de Lucy dont le corps mutilé étalait peut-être encore l’horreur de son crime sur l’asphalte ordurière de Whitechapel. Et tandis que Jonathan évoquait un homme que son frère aurait aimé, et qu’elle vit l’homme mince tressaillir presque imperceptiblement aux côtés du Docteur Williams, Lucy comprit enfin cette allusion subtile à l’asile, qu’elle n’avait pas compris, il y’avait presque un an de cela. La prostituée n’ignorait pas que les amours masculins conduisaient les hommes au même châtiment dont on gratifiait les prostituées. Ce qui ressemblait de plus en plus à un règlement de compte fraternel sembla faire tellement de mal au nouveau venu qui paraissait être venu en paix, comme pour calmer une situation potentiellement amenée à dégénérer, que Lucy lui offrit un pâle sourire, qu’elle voulait encourageant et bienveillant, tandis qu’il exprimait soudain timidement l’éventualité de quitter cette scène au pathétisme douloureux pour lui, parce que l’allusion de Jonathan semblait avoir mis son frère dans une rage terrible, et qu’il se rapprochait beaucoup trop, évoquant une mère dont elle n’avait jamais entendu parler, injuriant plus encore Lucy, de la même rengaine inlassable.

Lucy se serra un peu plus contre Jonathan, prête à faire front avec l’immense corps si un coup devait être décoché. Pourtant son frère ne frappa pas, malgré la lueur d’hésitation avait fait briller l’azur clair de ses yeux une seconde, se rangeant aux côtés de l’homme mince dont la simple présence semblait calme sa colère fougueuse, presque enfantine. Il lui murmura quelque chose que la jeune femme n’entendit pas, mais qui avait des allures de complainte, et elle profita de ce que sa rage indicible soit apaisée par la présence de l’homme mince lever elle-même le regard vers le visage de Jonathan, dont le calme serein et plein de majesté avait dominé de très loin tous les intervenants de la pathétique petite scène :

- Nous devrions y’aller…

Sa main blanche s’était posée sur le bras qui l’enlaçait, et son murmure était presque une supplique, parce qu’elle était certes ignare et inculte, mais qu’elle avait compris qu’ils n’en tireraient rien, de son frère, aujourd’hui. Il était sous le choc, en colère, déçu et écœuré, et rien, rien d’autre que des insultes et des vexations ne s’extirperaient de sa bouche débordante d’écume et d’aigreur. Il lui faudrait du temps et des preuves, même si Lucy semblait avoir oublié qu’ils étaient retenus de force au fond de cette clinique désaffectée et qu’ils restaient soumis, tous, au bon vouloir de ces forces de l’ordre honnies qui n’avaient pas pris la peine de leur donner plus d’indications.



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Clara Hamilton
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MessageSujet: Re: EVENT N°4 - BEHIND CLOSED DOORS EVENT N°4 - BEHIND CLOSED DOORS - Page 4 Icon_minitimeVen 13 Mar - 3:23



Event n°4 - Behind Closed Doors

« in the wrong place at the wrong time »

Octobre 1892

Dans cette clinique où ils étaient tous rassemblés dans l’attente d’un jugement extérieur ou d’une condamnation interne, les esprits ne faisaient plus que s’échauffer et certaines voix s’élevaient maintenant avec colère et haine.

Clara elle-même, malgré la présence rassurante de l’Irlandais, commençait à laisser des émotions plus sombres la gagner. D’abord, pour une raison inexplicable, elle continuait de douter des intentions de l’ivrogne et n’éprouvait pour lui aucune sympathie alors qu’Ewen semblait heureux de le retrouver. Ce dernier point l’agaçait alors qu’elle n’avait aucun droit d’espérer à être l’unique centre d’attention de son domestique. Puisqu’aucun nouveau suspect n’entrait dans la clinique et les autorités semblaient les avoir oubliés à leur sort, Clara s’imaginait mourir entre ces murs contaminés de la maladie ou y abandonner son esprit à la folie.

Ses vêtements, toujours trempés, lui collaient à la peau et elle tremblait, mais personne ne semblait s’en inquiéter… Pas même Ewen… Comme si toutes ces âmes avaient dût s’inquiéter de la santé d’une femme inconnue et possiblement meurtrière…

Elle n’écoutait que d’une oreille la conversation entre les deux amis, dégoutée de la légèreté de leur ton. Lorsque cet Allan demanda à connaître son identité, Clara lui jeta un regard haineux en biais, signifiant probablement qu’il ne saurait rien d’elle, mais Ewen la présenta à son vieil ami. Puisqu’il en était ainsi, la jeune femme ajouta avec exaspération : « Monsieur O’Hara travaille comme domestique pour mon mari, Richard Hamilton, et moi. ». Clara avait remarqué le regard coquin d’Allan et les suppositions qu’il signifiait.

« Faillir à ses obligations? », demanda-t-elle en écho aux excuses du jeune homme qui, ayant été forcé de vivre l’enfermement pendant de nombreuses années, semblait demeurer en parfait contrôle de son esprit. Même si à cet instant cette force de caractère de l’Irlandais était mal interprétée par l’épouse Hamilton, il était heureux qu’elle le fasse réagir ainsi aux présents évènements. Clara, quant à elle, que la peur avait envahie, ne pouvait plus faire semblant que tout irait bien. Elle ne pouvait plus supporter d’être enfermée et pour y mettre un terme, l’un d’entre eux devait être accusé de meurtre…

« Vous savez qui a failli à ses obligations? », dit-elle d’une voix forte qui semblait s’élever à chacun de ses mots. « Je suppose que vous avez le temps d’entendre la réponse… », commença-t-elle rageusement en ouvrant les bras pour désigner l’endroit où ils étaient et la situation à laquelle ils devaient faire face. « … Car j’ai toute une liste d’irresponsables à vous énumérer... ». Clara leva un doigt entre elle et le jeune homme qui ne méritait pas de subir sa crise de nerfs. « Richard Hamilton. Où est-il? Ne devrait-il pas être ici, avec sa femme? Non. L’accompagner à l’église était au-dessus de ses forces! Monsieur devait absolument ranger ses livres! Pardon, faire ranger ses livres, car c’était plus amusant de vous voir le faire, n’est-ce pas? De toute façon, tout le monde sait que c’est sécuritaire pour une femme d’être seule dans ces rues. Ce n’est pas comme si on en assassinait une toutes les semaines… ». Clara fit une pause et leva un second doigt. « Le gouvernement. Que fait-il contre ces meurtres? Rien. Il est bien trop occupé à pourchasser des créatures surnaturelles sorties tout droit de contes… ». La jeune femme leva un troisième doigt, le regard perdu dans ses divagations. « Les policiers. Ceux qui préfèrent arrêter des enfants affamés plutôt que les véritables criminels. Ceux-là mêmes qui nous ont enfermés et visiblement oubliés ici où nous allons tous attraper la mort… ». À cette pensée, de nouvelles larmes inondèrent les yeux foncés de la jeune femme qui baissa le menton sur sa poitrine pour avaler un sanglot avant de lever un quatrième doigt qu’elle rebaissa aussitôt; elle était incapable de prononcer un mot de plus.

De l’autre côté de la pièce, les retrouvailles d’un petit groupe composé de trois hommes et d’une femme à la magnifique chevelure rousse ne se déroulaient pas dans des conditions optimales et tous les autres suspects réunis dans cette clinique pouvaient en être témoin. Clara leur jeta un bref regard et remarqua, malgré sa vision troublée par le chagrin, la tunique de l’un des hommes; un révérend.

Un homme d’Église? Enfermé avec eux? C’était impossible. Non, celui-ci était arrivé en dernier et de manière plus calme que tous les autres. Il serrait contre lui la jeune femme qui ne faisait que s’attirer les foudres de l’un des deux autres hommes. Était-il venu retrouver celle qu’il aimait? Était-il venu la sauver de cet enfer?

Sans réfléchir et parce que cela était devenu difficile pour Clara, elle se détourna de son domestique, le laissant en compagnie de son ancien nouvel ami, et se dirigea d’un pas rapide vers le révérend.

« Mon père… », commença-t-elle d’une voix hésitante alors que son regard se posait brièvement sur l’homme en colère, « Que… que se passe-t-il? Allons-nous sortir bientôt? Il nous faut partir d’ici… Je vous en prie, vous devez faire quelque chose pour mettre fin à ce cauchemar… ».

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Jonathan R. A. Williams
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Je n'aime pas me décrire...mais on me dit quelqu'un de gentil, tolérant envers beaucoup de choses; et il est vrai que le Seigneur m'aide à voir le bien dans le cœur de tous. Cependant, cette même capacité me rends aux yeux des gens très fanatique et naïf. Je n'avais jamais vu les choses sous cette angle, mais il faut croire que les gens ne voient en moi qu'un pasteur de pacotille. S'il y a une facette de moi que j'apprécie particulièrement, c'est le fait que je sois quelqu'un de très romantique ! Même si tout le monde préfère dire que je suis quelqu'un de niais...mais ne croyez pas que je sois stupide, car il m'arrive d'être très fier et impulsif. Je ne suis pas très courageux, mais je ferai toujours de mon mieux pour protéger les gens que j'aime, comme mon petit frère. J'ai aussi une profonde attirance pour les rousses. On me surnomme Quasimodo à cause de mon apparence quelque peu trapu -et certes poilu bien que blond, par opposition à la magnificence de mon frère.
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MessageSujet: Re: EVENT N°4 - BEHIND CLOSED DOORS EVENT N°4 - BEHIND CLOSED DOORS - Page 4 Icon_minitimeVen 20 Mar - 23:22



Event n°4 – Behind Closed Doors.


I’ll fight every circles of Hell to get to you.

Octobre 1892 – Clinique de Whitechapel

Jonathan avait certainement été très dur dans ses paroles, cela ne lui ressemblait pas. Il faisait toujours tout pour prendre des pincettes avec les individus nerveux et rapidement anxiogènes, afin de les apaiser du mieux qu’il pouvait. Le révérend Williams avait toujours été quelqu’un d’extrêmement empathique – trop pour son propre bien, se pliant en quatre pour répondre aux demandes de ses ouailles, en permanence à leur écoute. Il savait combien la vie pouvait être difficile pour chacun, l’avait éprouvé, entendu, jusqu’à tendre la main aux plus nécessiteux. Tout comme il avait sauvé la vie de son frère, dont il chérissait l’existence plus que tout autre chose au monde. Ce frère qu’il avait érigé en martyr merveilleux, dont la vie avait été assez dure comme ça, méritait désormais d’être tranquille. Pourquoi alors avait-il remis le passé sur la table, piqué d’on ne savait quelle fierté ? Il avait honteusement évoqué l’un des épisodes les plus douloureux de la vie de David qu’il s’était juré de protéger en sa qualité de grand frère protecteur. Pourtant, il n’avait pu s’en empêcher. C’était plus fort que lui : l’amour qu’il portait à Lucy, et le bonheur de vivre à ses côtés et de pouvoir enfin mettre fin à toutes ces années de solitude, tout cela avait été échauffé et agacé par la haine crachée sur celle qu’il aimait tant. Cela le mettait hors de lui, et s’il avait tenu un calme stoïque et une prose divine, ce n’était que parce qu’il s’agissait de son frère. Contre personne d’autre, il n’aurait retenu les foudres du Seigneur qui semblait se convier dans ses muscles tendues, dont il convergeait toutes les forces à retenir sa bien-aimée contre lui. Les deux personnes qu’il aimait le plus au monde se jetant des insanités au visage était bien plus qu’il ne pouvait en supporter.

Bientôt, Harry se ramena dans la conversation. Jonathan le connaissait – non pas personnellement, car il n’était pas du genre à fréquenter sa paroisse, mais il avait eu l’occasion de faire appel à ses services de vétérinaire. Ce dernier avait été incroyablement professionnel et démontrait d’un tel amour de ces bestioles que l’on ne pouvait pas ne pas l’aimer. Jonathan était sincèrement et profondément heureux de savoir qu’une personne tel que lui partageait la vie de son frère, car il fallait bien quelqu’un de patient et dont l’esprit allait au-delà des conventions humaines pour comprendre et apprécier la personnalité hors du commun de son frère. Jonathan fit un petit signe pour saluer le nouveau venu, même si celui-ci ne semblait pas très content. Le pasteur sentit ses tripes se tordre ; avait-il fait une grave erreur en dévoilant une partie du passé de son frère que son petit-ami ne semblait pas connaître ? Jonathan se mordit les lèvres, tandis que son frère se rapprochait de lui, le visage écumant d’une rage informe, la haine ne s’étant pas une seule seconde retirée. Pire encore, elle s’était faite sifflante et paroles, lui demandant pourquoi il n’évoquerait pas non plus son passé avec leur mère et que Jack n’avait rien à voir avec « sa pute ». Un frisson parcourut l’échine de Jonathan qui n’avait pas bougé d’un seul centimètre, incapable d’avoir peur de son frère qui pourtant, aurait effrayé bien d’une personne avec sa mine fatiguée et l’inhumaine colère qui dormait d’un feu sourd au plus profond de ses yeux. Il serra davantage Lucy contre lui, plus dans un réflexe de protection plus que par affection, la tenant légèrement en arrière pour lui permettre d’échapper à la tirade vindicative de son frère. Ce dernier s’écarta finalement d’eux pour s’approcher d’Harry et lui murmurer de rester ; toute sa colère semblait alors s’évanouir comme neige au soleil.

Jonathan ne sut comment réagir. Le laisser à sa vaine rage, à sa haine stérile qui ne changerait jamais rien aux convictions et aux sentiments du pasteur ? De son côté, Lucy posa une main sur son bras – alors il s’apaisa quelque peu, baissant les yeux sur son doux visage qu’il aimait tant. Cela le dévastait que son frère qu’il aimait tant ne put voir en ces yeux la même grâce qu’il y voyait, qu’il ne puisse pas être en accord avec ses choix. Le pasteur aurait voulu la prendre dans ses bras une nouvelle fois, embrasser son front où traînait quelques mèches rousses sous son voile noir. Mais les conventions de la société l’en empêchaient, déjà était-il heureux de la tenir à son bras, en toute pudeur. Jonathan posa une main sur celle de sa bien-aimée. Devait-il vraiment y aller et laisser ce malentendu se poursuivre ? Pour répondre à la supplique de sa douce, il commença à faire demi-tour, oubliant le contexte dans lequel ils se trouvaient. Mais avant cela, il tourna la tête une dernière fois vers son frère et lui fit tristement :

Il n’y a que toi qui l’appelle encore « mère »… quant au reste, je ne te permets pas de dire qu’elle a « voulu tout ça ». Nous sommes nés dans une famille où nous n’avons jamais manqué ni d’un toit ni de nourriture, ni d’une éducation correcte et aisée, comment pouvons-nous comprendre ceux qui n’ont jamais eu cette chance ? J’aimerai que tu me le dises David, comment font ceux qui sont au fond du désespoir, sans aucune lumière devant eux, comment font-ils pour ne pas se laisser mourir…

A quoi pensait-il, tandis que ses yeux s’assombrissaient pour regarder le vide autour de lui ? A ce terrible moment où il l’avait secouru des griffes de leur mère ? A toutes ses visites qu’il lui avait faite à l’asile ? Jonathan était peut-être tout simplement fatigué de tout ce stress émotionnel qu’il lui faisait subir. Après tout, il ne comprenait pas la logique derrière le comportement haineux de David, et cela le troublait profondément. Cela le blessait, naturellement.

Pourtant, il était en même temps mal placé pour lui faire des leçons de morale. N’avait-il pas songé la même chose, voyant qu’elle ne s’était toujours pas élevée de sa condition malgré ses cours de lecture ? N’avait-il pas songé que l’animal qui ne voit plus son collier relié par la laisse s’allonge encore immobile par habitude ? Mais il n’avait jamais réagi avec autant de haine, seulement une profonde tristesse… et il avait fini par ouvrir les yeux. Pour la même raison qu’il était allé voir son frère, malgré les interdictions de leur génitrice, il avait tendu la main à Lucy pour l’aider à sortir de la rue, le tout en lui proclamant son amour éternel. Tenant toujours sa douce par la taille, Jonathan termina de faire demi-tour, n’attendant pas la réponse de David. Il n’y avait pas de réponse à attendre, la conversation était finie. Le pasteur comptait bien lui envoyer une lettre pour l’inviter à dîner avec eux, cela ne changeait en rien ses plans. Il espérait juste que le volcan se serait calmé et qu’ils pourraient avoir une conversation d’adulte. C’est alors qu’en seulement quelque pas, une femme s’approcha d’eux : une femme bien apprêtée à tous les égards, mais qui était trempée jusqu’aux os par la pluie qui s’acharnait au dehors. Jonathan compatit bien sincèrement ; lui-même n’avait fait que peu de cas de la pluie qui tombait sur lui, tout concentré sur la recherche de Lucy qu’il fut. Il avait néanmoins eu la chance de ne pas s’être beaucoup trempé. L’inconnue s’approcha donc de lui, lui servant un « mon père » qui aurait eu le don de faire naître un sourire désabusé sur sa figure, si la jeune femme qui s’adressait à lui n’était pas également verte de colère. Était-ce donc le temps qui faisait fleurir autant d’inimité dans l’air ? Jonathan soupira.

C’est Révérend, s’il vous plait.

Cela lui semblait évident, au moins par le simple fait qu’il tenait sa fiancée toute proche de lui, la protégeant du rempart de son corps. Un prêtre n’aurait pas eu le droit de faire cela. Mais il poursuivit bien vite, ne souhaitant pas lui laisser le temps de riposter sur sa méprise :

Quant à la situation, vous savez qu’un meurtre a été commis, c’est quelque chose de très grave qui doit être géré avec calme et sang-froid… mais attendez…

Cette femme mourrait littéralement de froid, et personne ne saurait rester calme et serein dans une situation pareille. Jonathan déboutonna la capeline qui faisait parti de son attirail de pasteur et le passa rapidement et très chastement autour des épaules de la jeune femme.

Ce n’est pas grand-chose, mais il faut que vous vous réchauffiez en attendant la fin de cette observation… il serait regrettable que vous… attrapiez la mort. Je m’apprêtais à parler avec les policiers, donc si jamais je peux faire quelque chose, je vous en ferai part.

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Harry J. Downcry
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MessageSujet: Re: EVENT N°4 - BEHIND CLOSED DOORS EVENT N°4 - BEHIND CLOSED DOORS - Page 4 Icon_minitimeDim 22 Mar - 11:43



Event n°4 – Behind Closed Doors.


Well, it's annoying.

Octobre 1892 – Clinique de Whitechapel

Harry faisait de son mieux pour ne jamais être trop soucieux pour David. Ce dernier était un terrible électron libre qui ne pouvait être enchaîné, qui vaquait à la brutalité de ses émotions. Il savait qu'être beaucoup trop sur son dos, c'était la certitude de le voir se hérisser comme un chat en colère. Que s'inquiéter pour lui en ne sachant que faire pour le soulager était masochiste pour son gentil esprit trop fou. Qu'ils n'étaient pas dans le bon lieu pour se permettre toutes les douceurs qui auraient pu apaiser les troubles illogiques et épuisés du discours du chirurgien. Harry se sentait tout bonnement coincé, coincé au milieu des malades et de leurs relents de morts, des vivants et de leurs agacements électriques qui faisaient vrombir un air vicié et plus irrespirable encore. Un air qui collait à la sueur en la rendant piquante et lourde. Harry regardait autour de lui, à la recherche d'une ouverture, ne serait ce qu'une meurtrière où capturer un peu d'air frais. Mais c'était peine perdu. Il était coincé, lui et les autres, à devoir supporter les disputes infantiles et stériles. Entendre parler de ce Jack n'était certes pas agréable, loin de la même. Quelque chose se tordait dans son ventre, une petite jalousie peiné, qu'il freinait sachant son inutilité (pouvait il en effet se dire mature et être jaloux d'un mort ?), le tout en voulant se cacher dans un coin pour laisser libre cours à cette même peine. En s'approchant de David et du jeune couple, il remarqua le geste accompagné d'un petit sourire de la rousse - qu'il salua au passage de la même manière. Elle n'était pas vilaine, et avait ce je-ne-sais-quoi dans le minois qui donnait irrémédiablement envie de sourire. Harry la trouvait physiquement drôle, mais ce n'était pas un défaut. Beaucoup de belles femmes pouvaient avoir un pareil faciès, sublime à l'excès mais qui parfois, donnait tout simplement envie de rire avec eux. Pourtant David l'a détesté au plus haut point, c'était une prostitué. Une chose qui allait rendre malade son frère adoré. Harry pouvait le comprendre également. A l'écart de la situation, il contemplait celle-ci avec un profond soupir embêté ; dur de pouvoir s'estimer comme l'avocat du diable en plus de partager son lit.

Quand David se retourna vers lui, s'approchant, Harry ne put rien faire d'autre que lui offrir un sourire désolé. Désolé de ne pas pouvoir régler la situation d'un coup de baguette magique, désolé de ne pas pouvoir te permettre d'apprécier cette jeune femme ou même de la faire disparaître de la surface de la terre, désolé encore de ne rien pouvoir faire pour te sortir de cette enfer. Mais il y avait bien des pouvoirs d'un vétérinaire ne possédait pas. Il posa sa main sur l'épaule de David, un geste tout ce qu'il y avait de plus amical; puis de son pouce lui massa la base de la nuque, un geste un peu plus discret, caché dans le revers de son col. Harry voulait lui faire comprendre qu'il serait toujours là pour lui, quoi qu'il arrive. Il comprenait les paroles de Jonathan en ce qui concernait cet amour sublime, incroyable, qui nous donnait envie de ne vouloir que le bien de l'autre, au détriment de sa propre santé -voir de sa propre sécurité. Déjà Jonathan et sa fiancée s'en allaient, mais pas sans que le Pasteur ne se sentit obligé de revenir sur la conversation avec une phrase jetée à la volée, question rhétorique à laquelle il ne semblait même pas vouloir de réponse, trop évidente. Harry fronça les sourcils, se doutant bien qu'il y avait quelque chose là dedans que seul les frères Williams pouvaient comprendre. Mais il s'en fichait: la tout de suite, il était évident que David était en souffrance. En sa qualité de vétérinaire, il devait s'occuper de son petit chaton. Oh, comme il aurait voulu être dans son appartement, son petit nid douillet, afin de pouvoir lui offrir tous les pâtisseries et les chocolats chauds de la terre. Il le mettrait au beau milieu de son petit jardin et le ferait croupir sous les amas de chiots et de chatons enjoués qui ne se préoccuperaient que de lui faire des léchouilles et des bisous.

Il n'y avait rien de mieux contre la tristesse. Mais quelque part, Dieu merci qu'il avait eu l'idée de ce rendez-vous à l'extérieur. Qu'aurait pu faire David, seul dans une pareille situation, confronté à son frère et à sa fiancée, le tout engoncé dans une rage immense ? Harry ne voulait pas y penser. Voyant que plus loin, le Pasteur était pris par son métier de bienfaiteur, il prit son David par les épaules et sourit de cet air de roquet qui lui allait si bien :

Viens ! On va aller parler aux flics nous, enfin moi, pendant que ton frère est occupé ! À moins que...

Il sourit doucement et approcha son visage du sien, comme d'une confidence, bien que d'un air d'eternel gamin. Ainsi il lui murmura:

Tu n'as jamais été obligé de faire des petits passages ici pour ton boulot ? Tu sais pas s'il y aurait une arrière boutique, un entrepôt, une buanderie, quelque chose ? Ce sera forcément l'endroit le moins bien gardé de l'endroit, s'il y a une fenêtre... Bingo!

Il tapa du poing sur sa paume pour appuyer son effet. Faire valoir son statut de fils du directeur de Scotland Yard n'avait pas marché une fois, il ne voyait pas en quoi cela marcherait la deuxième. Mais le grand gaillard commençait à avoir l'habitude de s'infiltrer en douce dans des coins et recoins, et depuis qu'il s'était remis de sa profonde dépression, l'idée lui parvenait à nouveau comme incroyablement excitante. Après tout, il savait pertinemment que lui comme David n'était pas coupable de ce meurtre. Ils disparaîtront comme si de rien n'était et personne ne s'en rendra compte ! Cela devait certainement quelqu'un qui s'était enfui depuis belles lurettes à présent. Pendant ce temps, Harry fit tout pour accaparer l’attention de David, pour le détourner de cette conversation stressante qu’il venait d’avoir, pour faire descendre toute la contrariété de son joli visage. Peut-être n’était-il pas très doué pour ça, mais au moins faisait-il tout son possible.

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